Langue serbe

Langue serbe

Serbe

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la langue serbe. Pour le peuple serbe, voir Serbes.
Serbe
Srpski / Српски
Parlée en Serbie, Monténégro, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Roumanie, Macédoine et d'autres pays
Région Europe du sud
Nombre de locuteurs 10-12 millions
Classement 75
Typologie SVO + ordre libre
Accentuelle
Classification par famille
(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel
Langue officielle de Serbie Serbie
Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Monténégro Monténégro
Flag of Greece.svg Athos, Grèce[1]
Croatie Croatie (Régionale)[2]
Macédoine Macédoine (Régionale)
Roumanie Roumanie (Régionale)[3]
Régi par Odbor za standardizaciju srpskog jezika
Codes de langue
IETF (en) sr
ISO 639-1 sr
ISO 639-2 scc (B), srp (T)
ISO/DIS 639-3 (en) srp
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL SRC/SDD
Échantillon

Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)

Члaн 1.

Cвa људскa бићa рaђajу сe слoбoднa и jeднaкa у дoстojaнству и прaвимa. Oнa су oбдaрeнa рaзумoм и свeшћу и трeбa jeдни прeмa другимa дa пoступajу у духу брaтствa.

Član 1.

Sva ljudska bića rađaju se slobodna i jednaka u dostojanstvu i pravima. Ona su obdarena razumom i svešću i treba jedni prema drugima da postupaju u duhu bratstva.

Serbe (2006)

Le serbe (en serbe cyrillique cрпски, en serbe latin srpski) est une langue slave méridionale du groupe occidental de ces langues, parlée par les Serbes. Du point de vue de la sociolinguistique, cest une langue Ausbau, cest-à-dire une langue à part ayant son propre standard. Celui-ci a pour base le dialecte chtokavien de lentité linguistique appelée « langue serbo-croate » à lépoque de lancienne Yougoslavie. En réalité, du point de vue de la linguistique comparée, le serbe, le croate, le bosnien et le monténégrin sont des variantes standards dune seule et même langue, basées sur le dialecte chtokavien de celle-ci.[4] Comme le déclara l'auteur croate Miroslav Krleža en 1969, « le croate et le serbe sont une seule et même langue, que les Croates appellent le croate et les Serbes, le serbe »[5]

Sommaire

Répartition géographique et statut

Le nombre de locuteurs de serbe est estimé de dix à douze millions. Les données ci-dessous ne reflètent le nombre de locuteurs de serbe que si cest explicitement mentionné, vu que la plupart des statistiques se réfèrent aux personnes dethnie serbe ou provenant de Serbie (parfois y compris du Monténégro). Parmi ceux-ci on ne peut pas savoir combien parlent effectivement le serbe. On ne sait pas non plus, concernant les personnes résidant en dehors de la Serbie, combien sy sont établies définitivement et combien y séjournent provisoirement. De plus, dans certains pays les statistiques ne distinguent pas le serbe du serbo-croate. La distribution de la population serbe dans le monde est la suivante :

Pays Nombre de personnes Statut des personnes Année Source
Serbie[6]
6 620 699
de langue maternelle serbe
2002
Republički Zavod za Statistiku
Bosnie-Herzégovine
37,1% dune population estimée à 4 590 310 habitants
dethnie serbe
2008
The World Factbook de la CIA
Monténégro
393 740
de langue maternelle serbe
2003
Zavod za Statistiku
Allemagne
330 608
citoyens de Serbie et du Monténégro
2007
Statistisches Bundesamt Deutschland
Croatie
201 631
dethnie serbe
2001
CROSTATLa population par ethnies
44 629
de langue maternelle serbe CROSTATLa population par langues maternelles
4 961
de langue maternelle serbo-croate
Autriche
177 320
locuteurs de serbe
2001
Statistik Austria
États-Unis
140 337
dorigine serbe
2000
U.S. Census Bureau
Suisse
111 400
locuteurs de serbo-croate
2000
Office fédéral de la statistique
Australie
68 879
nées en Serbie et au Monténégro
2006
Australian Bureau of Statistics
Italie
58 174
citoyens de Serbie et du Monténégro
2004
Istituto Nazionale di Statistica
Canada
50 110
locuteurs de serbe
2001
Statistics Canada
31 245
locuteurs de serbo-croate
Slovénie
38 964
dethnie serbe
2002
Statistični urad Republike Slovenije
République de Macédoine
35 939
dethnie serbe
2002
Државен завод за статистика
Roumanie
20 377
de langue maternelle serbe
2002
Institutul Naţional de Statistică
Suède
3 800
nées en Serbie
2008
Statistiska Centralbyrån
Hongrie
4 186
parlant serbe en privé
2001
Magyar Központi Statisztikai Hivatal

Le serbe est langue officielle en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, ainsi que dans les localités à population majoritairement serbe du Monténégro[7] et de Croatie [8].

Variantes régionales

Selon certains linguistes, le serbe comporte deux dialectes :

  • Le chtokavien (štokavski) est parlé dans la majeure partie de la Serbie, par les Serbes de Bosnie-Herzégovine et au Monténégro. Le même dialecte est parlé par la plupart des Croates, par les Bosniaques et par les Monténégrins.
  • Le torlakien (torlački) est parlé dans une région relativement restreinte du sud-est de la Serbie. Il nest pas standardisé et sa reconnaissance en tant que dialecte du serbe ne fait pas lunanimité. À cause de ses ressemblances avec le bulgare, il est considéré par les linguistes bulgares comme appartenant à celui-ci.

Il existe aussi une division qui se superpose aux dialectes, à partir de la façon dont a évolué le son ĕ du vieux slave transcrit par la lettre ѣ, appelée « yat ». La prononciation de « yat » détermine dans le serbe :

  • les parlers ékaviens (ekavski) (dans le centre, lest et le sud de la Serbie), « yat » a donné e (prononcé « é »), par exemple dans les mots vetarventet rekarivière
  • les parlers (i)jékaviens ((i)jekavski) (dans louest de la Serbie et dans sa région de Raška, au Monténégro et en Bosnie-Herzégovine), « yat » a évolué en je (prononcé «  ») dans certains mots (vjetar) et en ije (prononcé « iyé ») dans dautres : rijeka.

La langue littéraire serbe est fondée sur le dialecte chtokavien, ses normes admettant les prononciations ékavienne et (i)jékavienne, ainsi que la transcription de celles-ci.

Histoire de la langue littéraire

Évangile de Miroslav (XIIe siècle)

Les premiers documents pouvant être considérés comme de langue serbe sont écrits en alphabet cyrillique et datent des XIe ‑ XIIe siècles. Le plus important est Miroslavljevo jevanđelje (l'Évangile de Miroslav[9]). Il y a deux processus qui commencent : dun côté la langue parlée évolue dune façon spontanée et des dialectes prennent naissance, dun autre côté les lettrés singénient à standardiser la langue. La langue littéraire serbe a en fait été sujette à plusieurs standardisations.

Les premières standardisations

Code de Dušan

La première standardisation a lieu au début du XIIIe siècle, sous le règne du premier roi serbe, Stefan Ier Nemanjić. Elle est effectuée par le frère du roi, Rastko Nemanjić (plus connu sous le nom de Saint Sava, fondateur de léglise orthodoxe serbe autocéphale), autour de lannée 1220. À cette époque-, la langue serbe écrite commence à séloigner du slavon utilisé jusqualors, reflétant les changements phonétiques qui sétaient produits par rapport à cette langue. La variante ainsi créée est appelée langue slavo-serbe, notée en écriture nommée de Raška. Du point de vue langagier, louvrage le plus significatif de Saint Sava est le Karejski tipik (le Typikon de Karyès). Dušanov zakonik (le Code de Dušan), écrit dans les années 1349-1354, utilise la même langue.

La réforme linguistique suivante se produit sous le règne de Stefan Lazarević, autour de lannée 1400. Elle est effectuée au monastère Manasija située au bord de la rivière Resava, sous la direction du lettré bulgare Constantin le Philosophe. La réforme de lécole de Resava est archaïsante et influencée par le grec. En fait elle rapproche le standard serbe du standard bulgare. Des œuvres parues dans cette variante de langue sont, par exemple, Slovo Ljubve (la Parole de lamour) (1409) de Stefan Lazarević et Žitija despota Stefana Lazarevića (Vie du despote Stefan Lazarević) (1433) de Constantin le Philosophe.

Entre les XVIe et XVIIIe siècles, époque la plus dure de la domination ottomane, la littérature serbe décline considérablement. Le seul vestige remarquable de la culture serbe médiévale survit au monastère de Beočin, grâce aux moines copistes de manuscrits qui sy réfugient pour échapper aux Turcs, en venant du monastère de Rača. Parmi eux se distingue Gavril Stefanović Venclović (1680-1749), caractérisé par un curieux bilinguisme. En effet, il écrit les livres religieux selon les normes de lécole de Resava, mais ses sermons dans la langue du peuple.

Entre 1680 et 1690, un grand nombre de Serbes se réfugient de la Serbie sous domination turque dans lEmpire d'Autriche, surtout dans la Voïvodine et le Banat actuels, sous la direction du patriarche Arsenije III Čarnojević (en serbe actuel Crnojević). Les autrichiens essayent de convertir les Serbes au catholicisme et en même temps de leur imposer une langue slave du sud unitaire, basée sur le croate sépanouissant à lépoque en Dalmatie, en Bosnie et en Slavonie. Ils essayent aussi de remplacer lécriture cyrillique utilisée dans les écoles des Serbes par lécriture en alphabet latin. Ces tentatives sont perçues par les Serbes comme des atteintes à leur identité religieuse et nationale et le clergé serbe demande laide du tsar Pierre Ier de Russie, qui leur envoie des livres et des maîtres décole. Pensant, de façon erronée, que la variante russe du slavon est plus ancienne que la variante serbe de la même langue, le clergé adopte la première. Cest de nos jours encore la langue liturgique de léglise orthodoxe serbe. Influencée par la langue liturgique, la langue de la littérature séculière de lépoque est un mélange déléments des dialectes de Voïvodine, de la variante russe du slavon et de la langue russe.

La réforme de Vuk Karadžić

Dans la première moitié du XIXe siècle, avec laide de philologues éminents de lépoque, tels les frères Grimm, et du pouvoir autrichien (représenté par le linguiste slovène Jernej Kopitar), Vuk Stefanović Karadžić entreprend une réforme profonde du standard de la langue serbe. Il jette les bases de la langue littéraire serbe actuelle par son Dictionnaire serbe publié pour la première fois en 1818 (mais largement répandu seulement par lédition de 1852), sa traduction du Nouveau Testament et par dautres ouvrages. La base de ce standard est le dialecte de Karadžić, chtokavien à prononciation ijékavienne de lHerzégovine de lest, parlée également en Serbie du sud-ouest.

Sous linfluence du romantisme dEurope de l'Ouest, Karadžić recommande la poésie populaire pour modèle de la langue littéraire et rejette les normes russifiantes, qui ne correspondent pas au système phonémique et à la structure grammaticale du serbe. Dans le même temps, il simplifie lorthographe le plus possible, en lui appliquant le principe phonémique.

La réforme de Karadžić est influencée par la littérature croate aussi. Dailleurs, son activité est approximativement contemporaine de la standardisation du croate, effectuée toujours à partir du dialecte chtokavien à prononciation ijékavienne. Plus encore, il y a des mises en commun entre les élaborateurs des deux standards, par exemple par le biais de l’« Accord de Vienne » signé en 1850 par sept intellectuels croates et serbes (parmi lesquels Vuk Karadžić), à linitiative du linguiste slovène Franc Miklošič.

Par la suite, la prononciation ékavienne de la bourgeoisie de Voïvodine et de Serbie est aussi incluse dans le standard, devenant prédominante mais nexcluant pas la prononciation ijékavienne. En 1868, le standard de Karadžić devient officiel en Serbie.

Le Dictionnaire serbe de Vuk Karadžić (1818)

De la standardisation à nos jours

À partir de cette époque, le domaine linguistique interfère avec le domaine politique, et ce jusquà nos jours, la relation entre serbe et croate oscillant dune époque à lautre entre lidée dune langue unique et celle de deux langues à part, en fonction des événements historiques que leurs locuteurs traversent.

Au milieu du XIXe siècle, les Serbes commencent à utiliser lalphabet latin croate à côté de lalphabet cyrillique. Đura Daničić commence à rédiger dans cet alphabet légèrement modifié ce que sera le Dictionnaire de lAcadémie yougoslave des sciences et des arts, achevé seulement dans les années70 du XXe siècle.

Le rapprochement entre serbe et croate continue après la Première Guerre mondiale, cette fois dans le cadre du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, devenu plus tard le Royaume de Yougoslavie, sous légide de la Serbie, pays vainqueur dans la guerre. Lidée de la langue serbo-croate est de plus en plus soutenue par les autorités de Belgrade.

Dans la Yougoslavie communiste daprès la Seconde Guerre mondiale, la promotion de la langue serbo-croate et les tentatives destomper les différences entre le serbe et le croate deviennent les composantes dune politique linguistique officielle, ce qui ressort de l’« Accord de Novi Sad » de 1954, signé par vingt-cinq linguistes et écrivains, dix-huit serbes et sept croates. On y stipule que la langue commune des Serbes, des Croates, des Monténégrins et des Bosniaques est le serbo-croate, que lon peut aussi appeler croato-serbe, ayant deux variantes littéraires, le serbe et le croate. Par le même accord, on décide de publier un dictionnaire commun.

Dans cette période, le serbe séloigne en partie de la langue devenue « rurale » de Karadžić. À la suite du processus durbanisation il se répand ce quon appelle le « style de Belgrade ».

À la suite de la désintégration de la Yougoslavie, le serbe et le croate séloignent de nouveau lun de lautre. Les tendances puristes se manifestent en moindre mesure quen Croatie. Cependant, certains éléments de la langue de léglise ont tendance à revenir dans la langue littéraire et la constitution stipule que la langue officielle de lÉtat est le serbe écrit avec lalphabet cyrillique[10], lalphabet latin restant dusage courant.

Phonétique

La correspondance graphieprononciation

Lettre n° Alphabet cyrillique Alphabet latin Transcription phonétique Prononcée à peu près comme dans
1
A, a
A, a
[a], []
arc, âme
2
Б, б
B, b
[b]
bon
3
В, в
V, v
[ʋ]
voix
4
Г, г
G, g
[g]
gare
5
Д, д
D, d
[d]
donner
6
Ђ, ђ
Đ, đ
[d͡ʑ]
diable, mouillé
7
E, e
E, e
[e], []
examen, être
8
Ж, ж
Ž, ž
ʒ
jour
9
З, з
Z, z
[z]
zèle
10
И, и
I, i
[i], []
ilôt, île
11
J, j
J, j
[j]
yeux
12
К, к
K, k
[k]
kilo
13
Л, л
L, l
[l]
lac, plus dur
14
Љ, љ
Lj, lj
[ʎ]
lien, mouillé
15
М, м
M, m
[m]
mal
16
Н, н
N, n
[n]
nage
17
Њ, њ
Nj, nj
[ɲ]
indigné
18
O, o
O, o
[o], []
orange, aube
19
П, п
P, p
[p]
pas
20
Р, p
R, r
[r]
rare, roulé
21
C, c
S, s
[s]
sac
22
T, т
T, t
[t]
tour
23
Ћ, ћ
Ć, ć
[t͡ɕ]
tien, mouillé
24
У, y
U, u
[u], []
cour, ourlet
25
Ф, ф
F, f
[f]
film
26
X, x
H, h
[x]
hahaha !, aspiré
27
Ц, ц
C, c
[t͡s]
tsigane
28
Ч, ч
Č, č
[t͡ʃ]
tchèque
29
Џ, џ
,
[d͡ʒ]
langlais gin
30
Ш, ш
Š, š
[ʃ]
chat

Remarques:

  1. R entre deux consonnes ou en début de mot peut constituer un sommet de syllabe, comme les voyelles, par exemple dans prstdoigtet rvanjecombat’.
  2. Le serbe sécrit traditionnellement avec lalphabet cyrillique serbe (alphabet cyrillique adapté de façon que chaque lettre corresponde à un seul son). Cet alphabet est utilisé dans tous les documents officiels de Serbie et de la République serbe de Bosnie. On utilise également lalphabet latin avec des diacritiques, qui rend certains sons par des groupes de deux lettres. Son emploi est majoritaire dans lusage commercial en Serbie.
  3. Lorthographe serbe est fondée sur le principe phonémique, qui va jusquà transcrire les noms propres étrangers, non seulement en cyrillique, mais aussi en alphabet latin, tels quils se prononcent en serbe. Par exemple, ’Gérard Depardieudevient Žerar Depardie. Ce principe phonémique est à Vuk Stefanović Karadžić. Il y a cependant quelques exceptions à ce principe:
  • Les assimilations entre consonnes (voir plus bas) ne sont pas rendues par écrit en fin de mot : Šef [ˈʃeːv] bi voleo da radimo.Le chef aimerait que nous travaillions.’, Ostao je bez [bes] kaputa.Il est resté sans manteau.’
  • Devant une consonne palatale ou alvéolo-palatale, š et ž sont mouillées : ruž Đine [ˈruːʒʲ ˈʥine]le rouge à lèvres de Đina’. Ce nest pas non plus rendu par écrit.

Changements phonétiques rendus par écrit

Alternance a ~ (appelée nepostojano aa labile’)

Dans certaines formes de certains noms et adjectifs il y a un a pour éviter que certaines consonnes soient voisines, mais cet a disparaît à dautres formes. Par exemple, le radical du mot signifiantmatouest mačk-, son nominatif singulier étant mačak, mais au cours de la déclinaison le a chute : sa mačkomavec le matou’. Dans le cas des radicaux féminins terminés en deux consonnes, ce a mobile apparaît au génitif pluriel entre les deux consonnes : radical sestr-, nominatif singulier sestrasœur’, génitif pluriel sestarades sœurs’.

Alternance l ~ o

Les noms et les adjectifs terminés en -ao ou -eo (posaotravail’, veseogai’) étaient à une époque de lhistoire de la langue terminés en l dur (posal, vesel) qui a évolué en o, mais seulement en fin de mot. Cet o redevient l sil nest plus en position finale, mais suivi dune désinence (posladu travail’, le génitif du nom ; veselagaie’, le féminin de ladjectif).

Assimilation des consonnes

Lorsque deux consonnes, lune sourde et lautre sonore arrivent en contact par ajout dune désinence ou dun suffixe à un mot, la première consonne est assimilée par la seconde (assimilation régressive: assourdie si cette seconde consonne est sourde, sonorisée si elle est sonore. Ainsi,

les consonnes sonores b, g, d, đ, z, ž, deviennent
les consonnes sourdes p, k, t, ć, s, š, č, et vice-versa.

Par exemple, de robesclave’, on forme, en y ajoutant le suffixe -stvo, le nom ropstvoesclavage’, ou b se transforme en p sous linfluence de la première consonne du suffixe, s, qui est sourde.

Palatalisation

Certaines consonnes terminant la forme du cas nominatif dun nom ou se trouvant à la fin du radical dun verbe, peuvent changer de nature sous linfluence dune voyelle commençant une désinence ou un suffixe. Les cas les plus fréquents :

  • K, g et h devant e deviennent post-alvéolaires :
    • k > čradnikouvrier’ > radniče! (cas vocatif) ’(Eh !) louvrier !’
    • g > žvragdiable’ > vraže!
    • h > šduhâme’ > duše!
  • Les mêmes consonnes deviennent alvéolaires devant un i (nominatif des masculins pluriels):
    • k > cvojniksoldat’ > vojnicisoldats
    • g > zpredlogproposition’ > predlozi
    • h > sorahnoix’ > orasi
  • La palatalisation devant j (prononcé commeydansyeux’) sappelle aussi mouillure. Elle fait que :
    • d et t deviennent alvéolo-palatales : d > đ, t > ć
    • l et n changent en palatales : l > lj, n > nj
    • z et š se transforment en post-alvéolaires : z > ž, s > š

Quelques exemples de mouillure : mladjeune’ > mlađiplus jeune’, lju'tfurieux’ > ljućiplus furieux’, brzrapide’ > bržiplus rapide’.

Accentuation

Laccent qui frappe lune des voyelles dun mot a un double caractère en serbe. Cest un accent dintensité, cest-à-dire la voyelle en cause est prononcée avec plus de force que les autres (comme en français), mais aussi tonique (ou musical), la voyelle accentuée étant prononcée un ton plus haut ou plus bas que les autres. Il y a quatre sortes daccent, des combinaisons entre le caractère descendant ou ascendant et la durée de la voyelle (longue ou courte). Laccent nest noté que dans les ouvrages de linguistique, les manuels de langue et les dictionnaires. Leurs signes conventionnels sont ceux des exemples ci-dessous.

  • accent long descendant : pîvobière
  • accent long montant : písatiécrire
  • accent court descendant : vȅtarvent
  • accent court montant : òtacpère

Dans les mots à plusieurs syllabes, laccent descendant ne peut frapper que la première syllabe. Les mots dune seule syllabe ne peuvent avoir quun accent descendant.

Les voyelles non accentuées peuvent également être longues ou brèves. Les longues sont notées, sauf dans les écrits ordinaires, par un macron ¯ (žènafemme’ / žénādes femmes’, le génitif pluriel du nom). Une syllabe longue atone ne peut se trouver quaprès une syllabe accentuée.

Comme on peut le voir dans cet exemple, le caractère de laccent et la durée des voyelles ont une valeur fonctionnelle. Ici ils marquent deux cas différents dans la déclinaison. La place de laccent a également une valeur fonctionnelle, par exemple dans la déclinaison des adjectifs à forme brève (voir Déclinaison des adjectifs).

En serbe, laccent est mobile, avec une seule limitation. Dans le cas des mots ayant plus dune syllabe, laccent peut frapper nimporte quelle voyelle, sauf la dernière, règle qui sapplique aux mots étrangers également, ce qui fait, par exemple, prononcer tous les mots français avec laccent sur lavant-dernière syllabe au lieu de la dernière. Ainsi, dans Marseille (transcrit en serbe Marsej), laccent est sur la première syllabe.

Grammaire

Type morphologique

Du point de vue de la typologie morphologique, le serbe est une langue flexionnelle et ce à un degré relativement élevé, par exemple par rapport au français, cest-à-dire que le nom, ladjectif et les pronoms se déclinent, ayant des formes distinctes pour remplir telle ou telle fonction syntaxique dans la proposition, et les verbes se conjuguent, les formes personnelles se distinguant également.

Le nom

Genre des noms

Les noms serbes peuvent être de trois genres :

  • masculins, dhabitude reconnaissables daprès leur terminaison en consonne au nominatif singulier : gradville’. Les noms terminés en -ao et -eo sont toujours masculins et font partie de la même classe de déclinaison que ceux en consonne. Il y a aussi des noms masculins terminés en -a : des prénoms masculins (Nikola), des noms de professions (sudijajuge’), etc., qui se déclinent comme les féminins.
  • féminins, généralement terminés en -a au nominatif singulier : rukamain’. Il y a également des noms féminins terminés en consonne : radostjoie’, stvarchose’, qui constituent une classe de déclinaison à part.
  • neutres, terminés en -o ou en -e au nominatif singulier : kolocercle’, poljechamp’, déclinés comme les masculins en consonne.

Déclinaison des noms

En serbe, la déclinaison se caractérise par sept cas, les noms étant groupés en quatre classes de déclinaison, daprès leur désinence au nominatif singulier. Il y a de nombreuses formes irrégulières. Voici la déclinaison régulière de quatre noms de deux classes de déclinaison comportant le plus grand nombre de noms :

Cas Masculin Neutre Féminin
animé inanimé singulier pluriel singulier pluriel
singulier pluriel singulier pluriel
Nominatif jelencerf jeleni izvorsource izvori selovillage sela ženafemme žene
Génitif jelena jelēnā izvora izvōrā sela selā ženē žénā
Datif jelenu jelenima izvoru izvorima selu selima ženi ženama
Accusatif jelena jelene izvor izvore selo sela ženu žene
Vocatif jelene! jeleni! izvore! izvori! selo! sela! ženo! žene!
Instrumental jelenom jelenima izvorom izvorima selom selima ženom ženama
Locatif o jelenu o jelenima o izvoru o izvorima o selu o selima o ženi o ženama

Remarques :

  • Laccusatif singulier des noms masculins animés est identique à leur génitif singulier, alors que laccusatif singulier des noms masculins inanimés est pareil à leur nominatif singulier.
  • La désinence du génitif pluriel est -a long. Cest ce qui différencie principalement le génitif pluriel du génitif singulier des noms masculins et neutres, et le génitif pluriel des féminins de leur nominatif singulier.
Fonctions des cas
Cas Fonction(s) principale(s) Exemple
Nominatif sujet Ovaj učenik je dobar.Cet élève est bon.’
attribut On je učenik.Il est élève.’
Génitif complément du nom exprimant le possesseur knjiga učenikale livre de l'élève
Datif complément dobjet indirect Dajte učeniku dobru ocenu.Donnez une bonne note à lélève.’
Accusatif complément dobjet direct Vidim učenika. ’Je vois lélève.’
complément circonstanciel de lieu dun verbe exprimant le déplacement Idem u grad.Je vais en ville.’
Vocatif pour appeler, sadresser à quelquun Učeniče! ! Lélève !’
Instrumental complément dinstrument (inanimé) Režem hleb ovim nožem. ’Je coupe le pain avec ce couteau.’
complément daccompagnement (animé) Idem u grad sa učenikom. ’Je vais en ville avec lélève.’
Locatif complément de lieu dun verbe nexprimant pas le déplacement On živi u gradu. ’Il habite en ville.’
complément dont on parle Reci mi nešto o tom učeniku. ’Dis-moi quelque chose au sujet de cet élève.’

Ladjectif

Catégories dadjectifs

  • qualificatifs : dobarbon’, jutarnjidu matin
  • de matière : drvenien bois
  • dappartenance : čovekov, -a, -ode lhomme’, babin, -a, -ode (la) grand-mère’. Ces adjectifs sont formés à partir de noms, par ajout du suffixe -ov ou -ev aux masculins, et -in aux féminins.

Forme brève et forme longue

Les adjectifs peuvent avoir deux formes, brève et longue. La forme brève se caractérise par une terminaison en consonne au nominatif masculin singulier, et la forme longuepar la terminaison -i au même cas :

  • bratovdu frère’ – adjectif à forme brève
  • beogradskibelgradois’ – adjectif à forme longue

Presque tous les adjectifs qualificatifs ont les deux formes, la forme longue étant obtenue en ajoutant -i à la forme brève : bogat > bogatiriche’. Dans leur cas, la forme brève est aussi appelée indéterminée (ou indéfinie), et la forme longuedéterminée (ou définie). Celle-ci correspond en français à ladjectif utilisé en tant que nom. Exemple : Bila su dva čoveka; jedan je bio siromašan, a drugibogat; siromašni je ćutao, dok je bogati mnogo pričao.Il y avait deux hommes ; lun était riche, lautrepauvre. Le pauvre se taisait, alors que le riche parlait beaucoup.’

Les adjectifs qui nont quune seule forme sont utilisés aussi bien comme indéterminés que comme déterminés. Les adjectifs dappartenance nont quune forme brève, alors que ceux terminés en -ski, -nji et -ji, ainsi que les adjectifs au comparatif et au superlatif relatif (voir ci-dessous) – une forme longue.

Degrés de comparaison des adjectifs

Le comparatif de supériorité est formé avec des suffixes :

  • -ji, -ja, -je, qui provoque la mouillure de la consonne finale de ladjectif :
    • pour les adjectifs monosyllabiques à voyelle longue : mladjeune’ > mlađiplus jeune
    • pour les adjectifs bisyllabiques terminés au masculin singulier en -ak, -ek ou -ok : kratakcourt’ > kraći
  • -iji, -ija, - ije :
    • pour les adjectifs monosyllabiques à voyelle brève : starvieux’ > stariji
    • pour les adjectifs bi- et polysyllabiques : hrabarcourageux’ > hrabriji, jednostavansimple’ > jednostavniji

La comparaison se construit avec la préposition od régissant le génitif : Nikola je mlađi od Dušana.Nikola est plus jeune que Dušan.’

Le superlatif relatif de supériorité sobtient du comparatif avec le préfixe naj- : hrabrijiplus courageux’ > najhrabrijile plus courageux’.

Déclinaison des adjectifs

Forme longue
Cas Masculin Neutre Féminin
singulier pluriel singulier pluriel singulier pluriel
N.
zèlenīle vert zèlenī zèlenō zèlenā zèlenā zèlenē
G.
zèlenōg(a) zèlenīh zèlenōg(a) zèlenīh zèlenē zèlenīh
D.
zèlenōm(e) zèlenīm(a) zèlenōm(e) zèlenīm(a) zèlenōj zèlenīma
A.
zèlenōg(a) (animé), zèlenī (inanimé) zèlenē zèlenō zèlenā zèlenū zèlenē
V.
zèlenī zèlenī zèlenō zèlenā zèlenā zèlenē
I.
zèlenīm zèlenīm(a) zèlenīm zèlenīm(a) zèlenōm zèlenīm(a)
L.
o zèlenōm(e) o zèlenīm(a) o zèlenōm(e) o zèlenīm(a) o zèlenōj o zèlenīm(a)
Forme brève
Cas Masculin Neutre Féminin
singulier pluriel singulier pluriel singulier pluriel
N.
zèlenvert zelènī zelèno zelèna zelèna zelène
G.
zelèna zelènīh zelèna zelènīh zelènē zelènīh
D.
zelènu zelènīm(a) zelènu zelènīm(a) zelènōj zelènīma
A.
zelèna (animé), zèlen (inanimé) zelène zelèno zelènā zelènu zelène
V.
zèlenī zelènī zelèno zelènā zèlenā zèlenē
I.
zelènīm zelènīm(a) zelènīm zelènīm(a) zelènōm zelènīm(a)
L.
o zelènu o zelènīm(a) o zelènu o zelènīm(a) o zelènōj o zelènīm(a)

À noter quau pluriel la forme brève ne diffère de la forme longue que par la place de laccent : sur la première syllabe à la forme longue, sur la deuxième à la forme brève.

Les pronoms

Les pronoms personnels

N. jaje/moi titu/toi onil/lui’, ononeutre onaelle minous vivous oniils/eux’, oneelles’, onaneutre
G. mene, me tebe, te njega, ga nje, je nâs, nas vâs, vas njih, ih sebe
D. meni, mi tebi, ti njemu, mu njoj, joj nama, nam vama, vam njima, im sebi
A. mene, me tebe, te njega, ga nju, je nâs, nas vâs, vas njih, ih sebe, se
V.
ti!
vi!
I. mnom tobom njim njom nama vama njima sobom
L. o meni o tebi o njemu o njoj o nama o vama o njima o sebi

Remarques:

  1. Aux cas génitif, datif et accusatif, les pronoms personnels ont une forme brève et une forme longue. Les formes brèves sont les plus fréquentes et elles sont atones (elles se prononcent liées au mot les suivant ou les précédant, comme sil en résultait un seul mot). Les formes longues sont accentuées, étant utilisées après les prépositions et les conjonctions, ainsi que pour insister sur la personne.
  2. Le pronom de politesse est Vi (écrit avec initiale majuscule).
  3. Le génitif est utilisé seulement avec des prépositions qui régissent ce cas : On je došao posle mene.Il est arrivé après moi.’
  4. Le pronom sebe est réfléchi. Il na quune seule personne et se réfère toujours au sujet de la proposition, de quelque personne quil soit : Ona govori za sebe i ja govorim za sebe. Zašto ti ne govoriš za sebe?Elle, elle parle pour soi et moi, je parle pour moi. Toi, pourquoi tu ne parles pas pour toi ?’ Il a une forme brève uniquement à laccusatif. Cest cette forme quon utilise avec les verbes pronominaux : On ide da se šeta. Ja idem da se šetam s njim. Hoćes li da se šetaš sa nama?Il va se promener. Je vais me promener avec lui. Tu veux te promener avec nous?’

Pronoms interrogatifs

Nominatif koqui štaquoi
Génitif koga čega
Datif kome čemu
Accusatif koga šta
Instrumental kim čime
Locatif o kome o čemu

Pronoms-adjectifs interrogatifs-relatifs

  • čiji, -a, -e, -i, -e, -a : Čije su ove naočare?À qui sont ces lunettes ?’, Bio je tamo sto, čije su noge bile zabijene u zemlju.Il y avait une table dont les pieds étaient enfoncés dans le sol.’
  • koji, koja, koje, koji, koje, koja : Koju košulju hoćeš?Quelle chemise veux-tu ? (parmi plusieurs)’, Koju hoćeš?Laquelle veux-tu ?’, Imam muža koji me voli.Jai un mari qui maime.’
  • kakav, kakva, kakvo, kakvi, kakve, kakva : Kakvu košulju hoćeš?Quelle chemise veux-tu ? (de quel genre)’, Kakvu hoćeš?De quel genre en veux-tu ?’

Leur déclinaison :

Cas Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin Neutre
N.
čiji čija čije koji koja koje kakav kakva kakvo
G.
čijeg(a) čije čijeg(a) kojeg(a) / kog(a) koje kojeg(a) / kog(a) kakva / kakvog(a) kakva kakva, kakvog(a)
D.
čijem(u) čijoj čijem(u) kojem(u) / kom(e) kojoj kojem(u) / kom(e) kakvu / kakvom(e) kakve kakvu / kakvom(e)
A.
čiji (inanimé), čijeg(a) (animé) čiju čije koji (élettelen), koga / kojeg(a) (élő) koju koje kakav kakvu kakvo
I.
čijim čijom čijim kojim kojom kojim kakvim kakvom kakvim
L.
čijem(u) čijoj čijem(u) kojem(u) / kom(e) kojoj kojem(u) / kom(e) kakvu / kakvom(e) kakvoj kakvu / kakvom(e)

Les pronoms-adjectifs possessifs

Ces mots sutilisent aussi bien comme pronoms possessifs, que comme adjectifs possessifs, sans changer de forme.

  • mojmien’, mojamienne’, moje (neutre singulier), mojimiens’, mojemiennes’, moja (neutre pluriel)
  • tvojtien’, tvojatienne’, tvoje (neutre singulier), tvojitiens’, tvojetiennes’, tvoja (neutre pluriel)
  • njegovsien, à lui’, njegovasienne, à lui’, njegovo (neutre singulier), njegovisiens, à lui’, njegovesiennes, à lui’, njegova (neutre pluriel)
  • nje(zi)nsien, à elle’, nje(zi)nasienne, à elle’, nje(zi)no (neutre singulier), nje(zi)nisiens, à elle’, nje(zi)nesiennes, à elle’, nje(zi)na (neutre pluriel)
  • našnôtremasc., našanôtrefém., naše (neutre singulier), našinôtresmasc., našenôtresfém., naša (neutre pluriel)
  • vašvôtremasc., vašavôtrefém., vaše (neutre singulier), vašivôtresmasc., vaševôtresfém., vaša (neutre pluriel)
  • njihovleurmasc., njihovaleur’, fém. njihovoneutre singulier, njihovileursmasc., njihoveleursfém., njihova (neutre pluriel)
  • svoj, svoja, svoje (neutre singulier), svoji, svoje, svoja (neutre pluriel) – déterminent (en tant quadjectifs) ou représentent (en tant que pronoms) lobjet (les objets) possédé(s) par le sujet de la proposition, de quelque personne quil soit. Exemples : Ja jedem svoj hleb, a ti jedeš svoj.Moi, je mange mon pain et toi, tu manges le tien.’ Les autres possessifs déterminent/représentent en règle générale lobjet (les objets) possédé(s) par un autre que le sujet de la proposition : Poznajem tvoju sestru.Je connais ta sœur.’

Les pronoms-adjectifs démonstratifs

Comme pour les possessifs, on emploie les mêmes formes en tant que pronoms démonstratifs et en tant quadjectifs démonstratifs. Ils expriment trois degrés déloignement, à peu près commeici’, ’et-basen français :

  • Ovajcelui-ci’, ovacelle-ci’, ovo (neutre singulier), oviceux-ci’, ovecelles-ci’, ova (neutre pluriel) – se réfèrent à ce qui est près du locuteur.
  • Onajcelui-’, onacelle-’, ono (neutre singulier), oniceux-’, onecelles-’, ona (neutre pluriel) – se réfèrent à ce qui est éloigné du locuteur, par exemple près dun tiers (pas linterlocuteur).
  • Taj, ta, to, ti, te, ta expriment léloignement moyen, par exemple se référant à ce qui se trouve près de linterlocuteur.

Les nombres

Particularités de la construction nombre cardinal + nom ou adjectif

  • La quantité 0 (nula, ništa) sexprime avec le génitif pluriel du nom ou de ladjectif : nula / ništa listovazéro journaux’.
  • Jedanun’, jednaune’, jedno (neutre) et les nombres qui finissent par ce chiffre se construisent avec le nom / ladjectif au nominatif singulier : jedan gradune ville’, dvadeset i jedan list21 journaux’.
  • Dvadeux’, dve (féminin), tritroiset četiriquatre’, ainsi que les nombres se terminant par ces chiffres sont suivis du nom / de ladjectif au génitif singulier, quelle que soit la fonction syntaxique du syntagme : dva gradadeux villes’, trideset i dva lista32 journaux’.
  • Avec petcinqet les chiffres suivants, ainsi quavec les nombres finissant par ces chiffres, le nom / ladjectif se met au génitif pluriel : pet gradovacinq villes’, sedam listovasept journaux’, trideset i osam listova38 journaux’.

Les noms des chiffres

Chaque chiffre a un nom du genre féminin : jedinica, dvojka, trojka, četvorka, petica, etc. Exemples : Dobio sam dvojku iz matematike.Jai eu deux en maths.’ ; Idem osmicom.Je prends le (bus ligne) 8.’

Les nombres collectifs

Ce sont dvojedeux’, trojetrois’, četvoroquatre’, petorocinq’. Les suivants se forment de la même façon que petoro, avec le suffixe -oro. Ces nombres sutilisent :

  • avec les noms collectifs : troje prasaditrois cochonnets
  • pour désigner des groupes de personnes de sexes différents : nas dvojenous deux’ (un homme et une femme), osmoro učenikahuit élèves’ (filles et garçons)
  • les noms dobjets utilisés par paires : dvoje rukavicedeux gants (formant une paire)’, en opposition avec dve rukavicedeux gants (dépareillés)’.

Avec tous ces nombres, le nom / ladjectif se met au génitif singulier.

Les substantifs numéraux

Ces substantifs se forment avec le suffixe -ica et ne semploient quavec des noms dêtres de sexe masculin : nas dvojicanous deux’ (hommes), à la différence de nas dvojenous deux’ (un homme et une femme).

Les nombres ordinaux

Les nombres ordinaux ont les désinences spécifiques pour les adjectifs à forme longue : prvipremier’, prvapremière’, prvoneutre, drugideuxième’, trećitroisième’, četvrtiquatrième’, peticinquième’, etc.

Le verbe

Aspects des verbes

Comme les autres langues slaves, le serbe connaît la catégorie grammaticale de laspect, qui exprime la durée dune action ou le degré de son accomplissement.

  • Un verbe imperfectif (appelé aussi duratif) exprime le fait que laction était, est, sera ou quon veut quelle soit en train de se dérouler, ou effectuée de façon répétée. Vršim svoj posao.Je fais mon travail.’ (je suis en train de le faire, on ne sait pas depuis quand et jusquà quand) ; Pio sam kafu i gledao prema moru.Je prenais mon café et je regardais vers la mer.’ Hoću da gledam televiziju.Je veux regarder la télévision.’ (aujourdhui, demain, en général).
  • Un verbe perfectif (appelé aussi momentané) exprime le fait que laction a eu lieu, a lieu, aura lieu ou on veut quelle ait lieu une seule fois, en un seul moment, ou bien quelle commence et finit à des moments donnés : Ići ćeš da se šetaš samo ako završiš svoj posao.Tu iras te promener si seulement tu finis ton travail.’; Popio sam kafu. Možemo ići.Jai bu mon café. On peut y aller.’, Hoću da pogledam ovaj film.Je veux regarder ce film.’ (dun bout à lautre).

Le présent proprement-dit nest exprimé que par les verbes imperfectifs, dans des propositions indépendantes ou principales. Le présent des verbes perfectifs est utilisé seulement dans des propositions subordonnées.

La plupart des verbes forment des couples perfectifimperfectif ayant le même sens notionnel, par exemple pisatinapisatiécrire’. Il y a quelques procédés formels pour différencier les deux aspects :

  • Lun de ces procédés est lajout dun préfixe provenant dune préposition au verbe imperfectif. De tels préfixes sont za-, po- et na-, dans les exemples ci-dessus, qui changent seulement laspect du verbe. Dautres préfixes en changent plus ou moins le sens aussi : pisatiécrire’ > prepisaticopier’. Du verbe ainsi dérivé on forme son correspondant imperfectif de même sens à laide dun suffixe : prepisivati. Le suffixe est placé devant la terminaison -ti spécifique pour linfinitif.
  • Il y a aussi des verbes qui sont perfectifs avec un certain suffixe et imperfectifs avec un autre. Par exemple, le suffixe -i- est spécifique pour le perfectif et -a- pour limperfectif : spremitisprematipréparer’.

Conjugaison

Les verbes serbes sont répartis en huit classes de conjugaison, daprès la terminaison du radical du verbe et la désinence de la 3e personne du singulier.

Exemple de verbe régulier de la 1re conjugaison, aux modes et aux temps les plus utilisés :

Mode Temps Forme affirmative Forme négative Traduction
Infinitif tresti secouer
Présent tresem ne tresem je secoue, je ne secoue pas
treseš
trese
tresemo
tresete
tresu
Passé composé tresao, tresla, treslo sam nisam tresao, -la, -lo j'ai secoué, je n'ai pas secoué
tresao, -la, -lo si
tresao, -la, -lo je
tresli, -le, -la smo
tresli, -le, -la ste
tresli, -le, -la su
Futur trešću neću tresti je secouerai, je ne secouerai pas
trešćeš
trešće
trešćemo
trešćete
trešće
Conditionnel tresao, -la, -lo bih ne bih tresao, -la, -lo je secouerais/j'aurais secoué,
je ne secouerais pas/je n'aurais pas secoué
tresao, -la, -lo bi
tresao, -la, -lo bi
tresli, -le, -la bismo
tresli, -le, -la biste
tresli, -le, -la bi
Impératif tresi! ne tresi! /
nemoj da treseš! /
nemoj tresti!
secoue!, ne secoue pas!
(neka) trese! (neka) ne trese!
tresimo! ne tresimo! /
nemojmo da tresemo! /
nemojmo tresti!
tresite! ne tresite! /
nemojte da tresete! /
nemojte tresti!
(neka) tresu! (neka) ne tresu!
Participe présent tresući ne tresući secouant, ne secouant pas
passé tresavši ou tresav
Adjectif verbal actif tresao, -la, -lo, -li, -le, -la
Adjectif verbal passif tresen, tresena, treseno,
treseni, tresene, tresena
netresen, -a, -o, -i, -e, -a secoué(e)(s), non secoué(e)(s)

Remarques :

  1. Les verbes irréguliers sont nombreux, ainsi que les changements phonétiques provoqués par les suffixes et les désinences.
  2. Les grammaires serbes ne font pas mention dun mode indicatif.
  3. Le verbe françaisêtrea deux correspondants en serbe : jesam et biti.
  4. Lauxiliaire du passé composé est toujours le présent du verbe jesam : (je)sam, (je)si, je, (je)smo, (je)ste, (je)su.
  5. Aux temps composés, ladjectif verbal actif saccorde en genre et en nombre avec le sujet.
  6. La personne du verbe est incluse dans la forme de celui-ci, étant exprimée par la désinence, cest pourquoi le sujet peut ne pas être exprimé par un nom ou un pronom.
  7. À la forme négative des verbes auxiliaires, la négation est soudée à ceux-ci. Avec le verbe jesam, la négation devient ni-.
  8. Le futur se forme généralement à partir du radical du verbe, auquel on ajoute la forme brève du verbe htetivouloirau présent : Pevaćeš. ’Tu chanteras.’ Mais en présence du pronom personnel sujet, ainsi quà la forme négative, lauxiliaire est détaché du verbe, qui prend dans cette situation la forme de linfinitif : Ti ćeš pevati.Toi, tu chanteras.’, Nećeš pevati.Tu ne chanteras pas.’
  9. Dans certaines propositions subordonnées complément dobjet direct, le présent peut être employé avec la valeur du subjonctif français : Rekao mi je da dođem.Il ma dit de venir.’, Reci mu neka dođe.Dis-lui de venir.’
  10. La construction proposition principale + la conjonction da + subordonnée complément dobjet direct est utilisée quand il y a deux sujets dans la phrase (Hoću da pevaš.Je veux que tu chantes.’), mais aussi quand les deux propositions ont le même sujet (Hoću da pevam.Je veux chanter.’), à lencontre du croate et de la plupart des langues slaves qui préfèrent dans ce cas la construction verbe régent + infinitif.
  11. Le conditionnel avait autrefois un passé, mais il nen a plus. Le passé se distingue du présent par le contexte.
  12. Limpératif négatif peut se former de trois façons:
la négation ne + la forme affirmative de limpératif ;
le verbe auxiliaire nemoj + la conjonction da + le présent du verbe à sens plein ;
nemoj + linfinitif.

Formes moins utilisées :

  • Le futur antérieur se forme du présent du verbe biti + ladjectif verbal actif : budem tresaojaurai secoué’.
  • La forme appelée aorist exprime une action passé ayant eu lieu après une autre action passée ou juste avant le moment de la parole : tresohje secouai’. Seul laorist de biti est fréquent, mais seulement comme auxiliaire du conditionnel.
  • Limparfait : tresiahje secouais.’ Il est employé seulement dans la langue littéraire et dans certains énoncés figés, tel Gde to beše? était-ce ?’ À la place de limparfait on utilise le passé composé des verbes imperfectifs.
  • Le plus-que-parfait se forme de deux façons : de limparfait du verbe biti + ladjectif verbal actif (bejah/beh pisaojavais écrit’) ou du passé composé de biti + ladjectif verbal actif (bio sam pisao).

Prépositions

La plupart des prépositions sont utilisées avec un seul cas :

  • avec le génitif : bezsans’ ; blizuà proximité de’ ; dojusquà’ ; dužle long de’ ; ispodau-dessous de’ ; ispreddevant’ ; izde’ ; izaau-delà de, derrière’ ; izmeđuentre’ ; iznadau-dessus de’ ; kodprès de, auprès de’ ; poredà côté de’ ; posleaprès’ ; preavant’ ; prekopar-dessus, par’ ; protivcontre’ ; radidans le but de’ ; umestoà la place de’ ; usredau milieu de’ ; zbogà cause de
  • avec le datif : k(a)vers
  • avec laccusatif : krozà travers, par-dessus’ ; niz(a)vers le bas de’ ; uz(a)près de, à côté de, avec, aux côtés de’, etc. ; zapour
  • avec le locatif : popar, daprès’ ; premavers’ ; prià, à l'occasion de, au moment de, près le/la/les

Certaines prépositions régissent deux cas, voire trois, en fonction de leur sens ou de la nature du verbe régent.

Préposition Cas Conditions demploi Exemple
među accusatif avec un verbe exprimant le déplacement ići među ljudealler parmi les gens
instrumental avec un verbe nexprimant pas le déplacement biti među ljudimaêtre parmi les gens
na accusatif avec un verbe exprimant le déplacement postaviti na stomettre sur la table
locativ avec un verbe nexprimant pas le déplacement biti na stoluêtre sur la table
nad(a) accusatif avec un verbe exprimant le déplacement uzdigati se nad moresélever au-dessus de la mer
instrumental avec un verbe nexprimant pas le déplacement nalaziti se nad moremse trouver au-dessus de la mer
o accusatif obesiti o neštoaccrocher à quelque chose
locatif govoriti o nečemuparler de quelque chose
pod(a) accusatif avec un verbe exprimant le déplacement padati pod stolicutomber sous la chaise
instrumental avec un verbe nexprimant pas le déplacement ležati pod stolicomêtre couché sous la chaise
pred(a) accusatif avec un verbe exprimant le déplacement pozoviti pred kraljafaire venir devant le roi
instrumental avec un verbe nexprimant pas le déplacement govoriti pred kraljemparler devant le roi
s(a) génitif iskočiti sa stolasauter de la table
instrumental avec des noms danimés s mužemavec son mari
u génitif u Branka Ćopićachez Branko Ćopić’ (dans son œuvre)
accusatif avec un verbe exprimant le déplacement ići u seloaller dans le village
locatif avec un verbe exprimant le déplacement živeti u seluhabiter/vivre dans le village
za accusatif za profesorapour le professeur
instrumental za profesoromderrière le / à la suite du professeur

Remarque : Dans le cas de certaines prépositions, il y a alternance -a ~ . La voyelle a est ajoutée à la préposition pour rendre la prononciation plus facile lorsque le mot suivant commence par la même consonne que la dernière consonne de la préposition, par une consonne du même type, ou par un groupe de consonnes : s majkomavec la mère’, mais sa sestromavec la sœur’ ; pred tobomdevant toi’, mais preda mnomdevant moi’.

Particules[11]

La particule est considérée comme une partie du discours à part dans les grammaires du serbe. Elle est définie comme un mot invariable indiquant lattitude du locuteur à légard du contenu de lénoncé. Beaucoup de ces mots ont pour équivalents français des adverbes ou des locutions adverbiales appelés modalisateurs. Le sens de la particule dépend en général des circonstances concrètes de la communication. Par exemple le mot samo peut servir à :

  • attirer lattention : Samo da znaš šta sam juče video!Si tu savais ce jai vu hier !’
  • menacer : Samo da mi dođi kasno!Rentre tard et tu vas mentendre !’
  • exprimer un souhait : Samo da mi se on vrati!Pourvu quil revienne à moi !’

Les particules les plus fréqentes :

  • particules de précision : bašjuste(ment)’, iaussi’, upravojuste(ment)’, tamanjuste(ment)’. Exemple en phrase : Baš meni se to moralo desiti!Ça ne pouvait marriver quà moi!’
  • particules modales : besumnjesans aucun doute’ ; dakakobien sûr’ ; jedvaà peine’ ; moždapeut-être’ ; naprotivau contraire’ ; nipoštoen aucune façon’ ; sigurnobien sûr, sûrement’ ; uistinuvraiment’ ; umalopresque’ ; valjdapeut-être’ ; verovatnoprobablement’ ; zaistavraiment’. En phrase : Hoćeš li sutra doći? – Dakako da ću doći. ’– Tu viendras demain ? – Bien sûr que je viendrai.’ ; Ceo dan učiš, sigurno si umoran.Tu étudies toute la journée, tu es sûrement fatigué.’ ; Umalo da zaboravim pasoš.Jai failli oublier mon passeport.’
  • particules présentatives : evo, eto, enovoici, voilà’. Elles expriment trois degrés déloignement, comme les pronoms-adjectifs démonstratifs : Gde su mi naočari? – Eto ih kraj tebe. ’– sont mes lunettes ? – Les voilà près de toi.’; Eno starica pred vratima.Voilà la vieille dame près du portail.’
  • particules interrogatives : da, li, da li, zar. En phrase : Dolaziš li sutra?Est-ce que tu viens demain ?’, Zar ne možeš doći na vreme?Tu ne peux pas être à lheure ?’
  • particules exclamatives : a, ala, da. En phrase : Da si mi zdrav!Porte-toi bien !’, Ala smo se lepo proveli!Quest-ce quon sest bien amusé !’
  • particules affirmatives : daoui’, dabomebien sûr’, dakakobien sûr’. En phrase : Da, doćiću.Oui, je viendrai.’
  • particules négatives : nenon, ne, pas’ ; nini, non plus’. En phrase : Dolazi on, ali ne tako često.Il vient mais pas très souvent.’, Ni ja tu ništa ne mogu učiniti.Moi non plus je ne peux rien y faire.’
  • particules restrictives : barau moins’, jedinoseulement’, samoseulement’ : En phrase : Samo ti možeš da mi pomogneš.Tu es le seul à pouvoir maider.’
  • particules impératives : neka, već. En phrase : Neka dođe on!Quil vienne, lui !’, Prestani već s tim plakanjem!Arrête une bonne fois de pleurer!’

Certaines particules peuvent constituer des phrases à elles seules dans un dialogue. Dans cette catégorie de particules on inclut aussi certains syntagmes : Kako da ne!, Nego šta!, Nego kako! (les trois avec le sens deMais comment donc!’)

Ordre des mots[12]

Bien que lordre des mots y soit assez libre, le serbe reste une langue SVO, cest-à-dire lordre des mots dans la proposition est sujet + verbe (+ complément) si aucun membre de la proposition nest mis en évidence : Žene idu na pijacu.Les femmes vont au marché.’, Beograd je lep grad.Belgrade est une belle ville.’

En général, les pronoms et les verbes auxiliaires atones, même sil y en a plusieurs (quatre au maximum), ainsi que la particule interrogative li, sont placés après le premier membre accentué de la proposition, constituant un bloc à un seul accent avec celui-ci : Olga mu ju je dala.Olga la lui a donnée.’ Le premier membre peut être constitué de deux éléments. Dans ce cas, les mots atones peuvent suivre le deuxième élément : Moja će sestra doći u utorak. ou Moja sestra će doći u utorak.Ma sœur viendra mardi.’ Si le premier membre est relativement long, le mot atone ne peut pas le suivre : Moja mlađa sestra doći će u utorak.Ma sœur cadette viendra mardi.’

En proposition coordonnée ou subordonnée, les pronoms et les verbes auxiliaires atones sont placés après le mot-outil qui introduit la proposition : Rekao mi je da će moja mlađa sestra doći u utorak.Il ma dit que ma sœur cadette viendrait mardi.’ Les conjonctions iaussiet aetconstituent des exceptions à cette règle.

Dautres mots atones, notamment les prépositions, peuvent être en première place dans la proposition : Na stolu ima knjiga.Sur la table il y a un livre.’ Certaines particules atones peuvent également être en début de proposition : Da nisi bolesna?Ne serais-tu pas malade ?’, Slavko vidi Olgu, zar ne?Slavko voit Olga, nest-ce pas ?’

Généralement, lépithète précède le nom quil qualifie : On je bogat čovek.Lui, cest un homme riche.’

Lexique

Formation des mots[13]

Dérivation

Comme en français, on peut dériver un mot dun autre mot en y ajoutant certains suffixes.

Mot de base Suffixe Mot dérivé
noć
nuit
-ište noćište endroit pour passer la nuit
-as noćas cette nuit
-ti noćiti passer la nuit
-n- noćni, -na, -no nocturne

Composition

En serbe, la composition est beaucoup plus productive quen français. On peut lappliquer :

  • en soudant directement deux mots : danjour’ + gubitiperdre’ > dangubitiperdre le temps, paresser
  • en ajoutant le deuxième mot à laide dune voyelle de liaison : crnnoir’ + o + kos (de kosacheveux’) > crnokosaux cheveux noirs

Les éléments du mot composé peuvent être un nom et un verbe (le premier exemple), un adjectif et un nom (le second exemple), deux noms : kućevlasnikpropriétaire de maison’, duvankesablague à tabac’. Certaines combinaisons de deux noms sont senties comme moins soudées que les exemples ci-dessus, cest pourquoi on les écrit avec un trait dunion : radio-aparatposte de radio’, radio-stanicastation de radio’, spomen-pločaplaque commémorative’.

Les mots formés avec des préfixes comptent aussi pour des mots composés : nadau-dessus de’ + biskupévêque’ > nadbiskuparchevêque’, preddevant’ + znaksigne’ > predznaksigne prémonitoire’, nenon’ + milosrdancharitable’ > nemilosrdanimpitoyable’. On inclut dans cette catégorie les verbes formés avec des préfixes qui changent le sens du verbe de base : ićialler’ > otićipartir’, izaćisortir’, doćivenir’, naićiarriver à limproviste’. Ces préfixes changent en même temps laspect du verbe (voir Aspects des verbes.)

La composition peut être combinée avec la dérivation : kratk- (de kratakcourt’) + o + vid- (de videtivoir’) + -an > kratkovidanmyope’, bez brigesans souci’ > bezbrižaninsouciant’.

Emprunts

Le standard du serbe accepte relativement facilement des emprunts par rapport au standard du croate. Il a pris des mots à un grand nombre de langues, y compris le français : bife < ’buffet’, biro < ’bureau’, butik < ’boutique’, ekspoze < ’exposé’. La plupart des emprunts sont des noms mais il y a aussi beaucoup de verbes (par exemple telefonirati, analizirati) et des adjectifs (flegmatičan, logičan). De tels adjectifs, on forme aussi des adverbes : eventualnoéventuellement’, apsolutnoabsolument’.

Notes et références

  1. UNHCREthnic Hungarian Minorities in Central and Eastern Europe
  2. SAS Output
  3. Structura Etno-demografică a României
  4. Voir au sujet de la discussion autour du statut de ces langues et de leur dénomination, larticle Serbo-croate.
  5. Bozidar Jaksic, « Nationalisme et Langue : Une expérience balkanique » sur archives.rezo.net
  6. Y compris le Kosovo.
  7. Selon larticle 13 de la Constitution du Monténégro.
  8. Selon la Loi concernant lutilisation des langues et écritures des minorités nationales.
  9. Duc de Zahumlje, frère du prince Stefan Nemanja.
  10. Ustav Republike Srbije (Constitution de la République de Serbie)
  11. Daprès Moldovan, Valentin; Radan, Milja N., Gramatika srpskog jezika. Morfologija (Grammaire du serbe. Morphologie), Sedona, Timişoara, p. 130131.
  12. Daprès Brown, Wayles; Alt, Theresa, A Handbook of Bosnian, Serbian, and Croatian (Manuel de bosnien, serbe et croate), SEELRC, p. 6263.
  13. Daprès Moldovan (1996), p. 135.

Bibliographie

  • (en) Brown, Wayles; Alt, Theresa, A Handbook of Bosnian, Serbian, and Croatian (Manuel de bosnien, serbe et croate), SEELRC
  • Jolić, Borjanka; Ludwig, Roger, Le serbo-croate sans peine, Chennevières, Assimil, 1972
  • (en) Marinković, Radmila, Medieval literature (Littérature médiévale)
  • (ro) Moldovan, Valentin; Radan, Milja N., Gramatika srpskog jezika. Morfologija (Grammaire du serbe. Morphologie), Timişoara, Sedona, 1996

Liens internes

Dictionnaires

  • Grujić, Branislav, Dictionnaire français-serbe, serbe-français, Obod-Cetinje, 1998, ISBN 86-305-0310-6 (en lettres latines)

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