- Langue maltaise
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Maltais
Pour les articles homonymes, voir Maltais (homonymie).maltais
maltiParlée à Malte Région Méditerranée Nombre de locuteurs 400 000 Typologie SVO [1]
FlexionnelleClassification par famille incertaine :
- dialecte arabe
- langue mixte[1],[2]
- créole[3],[4]
- inclassable[1],[5],[3]
(Dérivée de la classification SIL) Statut officiel Langue officielle de Malte
Régi par Conseil national de la langue maltaise Codes de langue IETF (en) mt ISO 639-1 mt ISO 639-2 mlt ISO/DIS 639-3 (en) mlt
type : L (langue vivante) étendue : I (langue individuelle) SIL MLS Échantillon Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)
L-Artiklu 1.
Il-bnedmin kollha jitwieldu ħielsa u ugwali fid-dinjità u d-drittijiet. Huma mogħnija bir-raġuni u bil-kuxjenza u għandhom iġibu ruħhom ma' xulxin bi spirtu ta' aħwa.
modifier Le maltais (Maltais: Malti) est la langue nationale de Malte, et avec l’anglais une des deux langues officielles du pays[6] ; il est aussi une des langues officielles de l'Union européenne. Le maltais n'est pas seulement la seule langue partiellement sémitique dans l'Union européenne, mais la seule langue partiellement sémitique écrite avec l'alphabet latin, enrichi cependant de diacritiques comme le point suscrit.
L'origine de la langue est l'arabe sicilien[7] relexifié à partir de superstrats italien, sicilien, moindrement français et plus récemment anglais. En raison de son origine siculo-arabe, le maltais est souvent classé comme langue sémitique. Pourtant, d'autres linguistes considèrent la langue comme mixte[1],[8], ou plus rarement créole[3],[9]. Certains linguistes lui attribuent une classification hybride mêlant des traits divers[1],[10],[3]. Dans le passé, elle a été considérée, la mythologie politique aidant, comme étant d'origine phénicienne ou carthaginoise au lieu de siculo-arabe, mais cette théorie est aujourd'hui mise en doute[11],[12],[13].
Le maltais est devenue une des langues officielles de Malte en 1934, à côté de l'anglais, quand l'usage officiel de l'italien a été abandonné[14]. Aujourd'hui le nombre de locuteurs est estimé à 500 000, dont 400 000 résidant à Malte. Les milliers d'émigrés maltais en Australie, au Canada, à Gibraltar, en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis parlent toujours cette langue.
La langue maltaise n'était traditionnellement pas écrite, l'écriture se faisant en italien. Le plus ancien document connu en maltais est « Il Cantilena », un poème du XVe siècle écrit par Pietro Caxaro[15].
Sommaire
Témoignage historique
En 1636, lors d’un voyage à Malte, l'encyclopédiste Athanasius Kircher décrit des Maltais qui pour lui sortent de l’ordinaire. 117 personnes, composant 27 familles, vivent en autarcie sur le site de Ghar il-Kbir (grande grotte en maltais), éloignées des Maltais, volontairement retirés de tout. Chaque famille possède une grotte avec un endroit pour dormir, un pour les provisions et un autre pour les animaux. Cette population, remarque Athanasius Kircher, parle une langue sémitique particulièrement pure sans apport d’italien, au point de comprendre des moines maronites venus leur rendre visite[16].
Débat linguistico-politique à Malte
De 1860 à 1940, un débat linguistico-politique fit rage à Malte, où le peuple parlait le maltais, mais où l'élite préférait utiliser l'italien. Avant 1860, 90 % des Maltais étaient analphabètes, la question ne s'est donc posée qu'au développement de l'enseignement primaire dans l'île.
Étant donné que les Maltais étaient (et sont) catholiques romains et que la langue arabe était associée pour beaucoup à la religion musulmane, mais aussi à l'esclavage des chrétiens naguère pratiqué par les corsaires barbaresques, un sort connu par certains ancêtres des Maltais, les partisans de l'adoption du maltais comme langue nationale lui revendiquèrent son origine phénicienne, plus catholiquement correcte que l'arabe.
L'enjeu politique ne se limitait pas au choix d'une langue nationale : le colonisateur britannique craignait qu'en cas d'italianisation, l'île finisse par être revendiquée par l'Italie, dans la foulée du Risorgimento. Le Parti national de Fortunato Mizzi, partisan de l'italien, fut plusieurs fois majoritaire au conseil législatif (en 1932 notamment), mais la question linguistique était une « matière réservée » de la compétence du seul gouverneur colonial. Mizzi fut soutenu par le régime fasciste de Mussolini, mais après les souffrances endurées par Malte pendant la Seconde Guerre mondiale la question linguistique fut mise au placard et le maltais définitivement adopté comme langue nationale.
Le maltais, écrit en caractères latins adaptés, est actuellement la langue officielle à Malte.
A la fin des années 1990, on pouvait toutefois lire dans le Times of Malta un courrier de lecteur qui prônait l'abandon du maltais au profit de l'anglais, avec pour argument que « le maltais, de par son origine arabe, fait de nous des Afro-Méditerranéens alors que nous voulons devenir des Euro-Méditerranéens ».
Importance du maltais à Malte
La langue maltaise est devenue langue officielle de l'île en 1934, aux côtés de l'anglais. Depuis, l'anglais est resté langue officielle, mais le maltais est en plus consacré langue nationale par la constitution. L'article 3 précise que :
- « La langue maltaise est une composante essentielle de l'héritage national, ayant été constamment développée dans les paroles des Maltais, ce qui distingue le peuple maltais de toutes les autres nations et donne à ses citoyens le meilleur moyen d'expression.
- L'État maltais reconnaît la langue maltaise comme une expression forte de la nationalité des Maltais et, en conséquence, reconnaît son importance unique et la protège contre la dégradation et la disparition. »
C'est pourquoi l'État maltais a créé un Conseil national de la langue maltaise. Il est notamment chargé de la promotion de la langue nationale, de la définition de l'orthographe et du vocabulaire et de la mise en œuvre d'une politique linguistique appropriée.
Le système d'enseignement à Malte est bilingue (maltais et anglais), mais le maltais doit demeurer la première langue d'enseignement à l'école primaire. Dans le secondaire, tous les élèves doivent apprendre une troisième langue, et si l'italien est certainement le choix le plus populaire, le français, l'allemand et l'arabe restent des choix attractifs. Enfin, à l'université, le professeur est libre de choisir la langue d'enseignement (maltais ou anglais).
Place du maltais dans la culture euro-méditerranéenne
Le maltais est une langue originale, à l'image d'une histoire particulièrement riche qui a subi l'influence de nombreuses civilisations (phénicienne, grecque, carthaginoise, latine, arabe, normande, sicilienne, italienne, française et britannique). Cet héritage en fait un trésor linguistique et un symbole important des liens multi-millénaires qui unissent les peuples de la Méditerranée.
L'enseignement du maltais est mis en place à compter de 2005 à l'Institut national des langues et civilisations orientales de Paris.
Exemples
Mot Traduction Equivalent arabe classique dieu alla allah الله terre art ard أرض ciel sema samaa' سماء eau ilma maa' ماء feu nar nar نار homme raġel rajul رَجُل femme mara mar'a مَرأَة manger tiekol akl أكل boire tixrob shorb شرب grand kbir kabir كبير petit żgħir saghir صغير nuit lejl laïl لَيْل jour jum yaoum يَوْم Références
- ↑ a , b , c et d Stolz, T. (2003) Not quite the right mixture: Chamorro and Malti as candidates for the status of mixed language, in Y. Matras/P. Bakker (eds.) The mixed languages debate. Theoretical and empirical advances. Berlin: Mouton de Gruyter, pp. 271-315. P. 273
- ↑ Ignasi Badia i Capdevila; A view of the linguistic situation in Malta, Gencat, consulté le 30 août 2008
- ↑ a , b , c et d Mori, Laura. The shaping of Maltese along the centuries: linguistic evidences from a diachronic-typological analysis. Conference "Maltese Linguistics / Lingwistika Maltija"; Universität Bremen; 18th-20th October 2007, consulté le 30 août 2008
- ↑ An Introduction to Sociolinguistics, Ronald Wardhaugh
- ↑ Meakins, Felicity. 2004. Review of "The Mixed Language Debate: Theoretical and Empirical Advances." : LINGUIST List
- ↑ Constitution of Malta, I.5.(1)
- ↑ Brincat, Joseph M. (2005), [Maltese-an unusual formula http://www.macmillandictionary.com/MED-magazine/February2005/27-LI-Maltese.htm], MED Magazine
- ↑ Ignasi Badia i Capdevila; A view of the linguistic situation in Malta, Gencat, consulté le 30 août 2008
- ↑ An Introduction to Sociolinguistics, Ronald Wardhaugh
- ↑ Meakins, Felicity. 2004. Review of "The Mixed Language Debate: Theoretical and Empirical Advances." : LINGUIST List
- ↑ (en) Alexandra Vella, Aspects of Multilingualism in European Language History, John Benjamins Publishing Company, 2004 (ISBN 9027219222), « Language contact and Maltese intonation: Some parallels with other language varieties », p. p. 263
- ↑ Punic language, Encyclopedia Britannica
- ↑ Phoenicians of Malta and their Language, phoenicia.org
- ↑ Ignasi Badia i Capdevila, « "A view of the linguistic situation in Malta" ». Consulté le 30 août 2008
- ↑ The 'Cantilena'. Consulté le 30 août 2008
- ↑ A. Blondy (1991) p. 201.
Bibliographie
Alain Blondy (1991) Malte, Arthaud, Paris
Voir aussi
Liens externes
- (fr) Langue maltaise (texte des informations sur l'histoire de la langue maltaise)
- (fr) Traducteur Freelang (seul traducteur et dictionnaire maltais-français/français-maltais du web)
- (en) Grammaire maltaise (base de grammaire maltaise)
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