- Jean-Louis Charrière
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Jean-Louis Charrière, né le 3 février 1765 à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche) et mort le 11 août 1846 à Viviers (Ardèche), est un général de la Révolution et du Premier Empire français commandant l'infanterie.
Sommaire
Biographie
Charrière entra au service, le 10 octobre 1782, comme soldat dans le 19e régiment d'infanterie de ligne : il y devint caporal, le 1er septembre 1785, sergent, le 18 août 1790, sergent-major, le 1er mai 1792, adjudant-sous-officier, le 9 du même mois, et sous-lieutenant, le 1er août de la même année.
Il fit à l'armée d'Italie les campagnes de 1792 à 1797, et fut employé comme adjoint à l'adjudant-général Vicose, dès le 20 mai 1794. Il passa Lieutenant aux choix, le 13 avril 1790, dans la 165e demi-brigade d'infanterie, où le 91e régiment de ligne (depuis 45e) avait été incorporé. À l'attaque des redoutes de Saint-Bernard, près de Correggio (Italie), le 24 octobre de cette dernière année, il fut blessé d'un coup de feu. Employé à l'état-major-général de l'armée d'Italie, par ordre du 3 mars 1796, il devint capitaine, le 16 octobre de la même année, conformément aux dispositions de la loi du 14 germinal an III (3 avril 1795), fut nommé chef de bataillon par brevet du général en chef Buonaparte, en date du 5 novembre 1797, et passa adjoint de l'adjudant-général Jomard, le 16 du même mois. Il rentra, le 5 octobre 1800, par ordre du premier Consul, dans la 45e demi-brigade, à laquelle il appartenait, pour y remplacer le chef de bataillon Lacroix, retraité.
De 1798 à 1803, il fut employé aux armées d'Angleterre, d'Italie, des Grisons, d'Helvétie et de Hanovre. Il servit à l'armée des côtes d'Angleterre, en 1805. Il fut créé membre de la Légion d'honneur, le 4 germinal an XII suivant (24 septembre), et fut nommé major au 48e régiment d'infanterie de ligne, le 22 décembre suivant. Il fut employé en cette dernière qualité à Anvers (24e division militaire), de 1804 à 1807. Il reçut la croix d'officier de la Légion d'honneur le 1er juin de cette-année.
Employé à la Grande Armée, en 1808, il fut nommé colonel du 57e régiment d'infanterie de ligne, par décret du 28 mars. Il commanda ce régiment pendant la campagne d'Autriche (1809), et se fit remarquer le 19 avril à la bataille de Tann. Il combattit à Flessingue, le 3 mai[1].
Trois jours après cette affaire, l'Empereur, passant la revue du corps d'armée du maréchal Davout, dont le 57e faisait partie, accorda à ce régiment 40 décorations de la Légion d'honneur : les trois chefs de bataillon avaient la croix d'officier. Le obtint aussi cette décoration, et Napoléon Ier conféra au colonel Charrière le titre de baron de l'Empire, avec une dotation de 4 000 francs de revenu.
Charrière fut atteint de plusieurs balles, qui mirent ses habits en lambeaux, à la bataille d'Essling, le 22 mai. Il se trouva à la bataille de Wagram, le 5 juillet suivant, et y reçut une forte contusion, ayant été jeté sur un peloton de troupes par son cheval qui avait été atteint d'une balle à la tête.
Employé à la Grande Armée, il fit la campagne de Russie (1812), à la tête du 57e régiment, dans la division du général Compans. Une redoute ayant été enlevée sur les Russes, le 5 septembre, par des troupes de la division Compans, parmi lesquelles se trouvait un bataillon du 57e, le colonel Charrière reçut l'ordre d'occuper cette redoute et d'y faire exécuter des travaux propres à la mettre en état de défense contre une attaque qui paraissait devoir avoir lieu, le lendemain, de la part des Russes. Charrière, avec 3 bataillons de son régiment, et aidé par une compagnie de sapeurs de la Garde impériale fit faire, de nuit, sous la direction du général Kirchner, des ouvrages tels qu'on se trouva, avant le jour, en mesure de bien recevoir l'ennemi, qui n'osa se présenter. Le 7 du même mois fut livrés la célèbre bataille de la Moskowa, gagnée sur l'armée russe. Dans cette journée, le 57e régiment eut ordre d'attaquer et d'enlever une grande redoute, à laquelle s'appuyait la gauche des Russes. Au débouché d'un bois, Charrière adressa à son brave régiment ces seuls mots : « À la redoute ! » Aussitôt ses bataillons s'élancent au pas de charge, la baïonnette en avant, et faisant en même temps un feu aussi bien nourri qu'il peut l'être pendant une marche rapide. En moins d'une heure, la redoute est enlevée, malgré la résistance opiniâtre des Russes, dont il fut fait un affreux carnage. Le général Barasclin, ayant fait marcher sur ce point la 18e division de l'armée russe, tenta de reprendre la redoule : mais il fut repoussé à plusieurs reprises, et combla les fossés de ses morts et de ses blessés. Le 57e régiment de ligne français eut aussi des pertes considérables, évaluées à 1 500 hommes, tués, blessés, ou faits prisonniers. Le major Yeger et le chef de bataillon Girard furent tués, et le chef de bataillon Boyer reçut une blessure[2]. La redoute étant demeurée au pouvoir des Français, l'Empereur envoya demander quel était le corps qui l'avait enlevée, et ne fut pas surpris lorsqu'il apprit que cette action glorieuse avait été faite par le 57e régiment. Dans l'après-midi du même jour, et après la défaite des Russes, Napoléon, visitant le champ de bataille, questionna le colonel Charrière sur la prise de la redoute; et, s'étant assuré, sur le terrain même, des nouveaux droits que cet officier s'était acquis à une récompense, il le nomma général de brigade, par décret du 20 du même mois.
En 1813, le baron Charrière fut employé à la Grande Armée d'Allemagne. Il se trouva aux différentes batailles et à plusieurs des combats qui eurent lieu pendant cette campagne, et eut un cheval tué sous lui, au passage du pont de Buntzlau, le 30 août. Après la perte de la bataille de Leipsick, l'armée française faisant sa retraite sur le Rhin, le général Charrière tenta, dans la nuit du 30 au 31 octobre, avec une faible division du 3e corps, un coup de main pour pénétrer dans la ville de Hanau par un moulin contigu au rempart, mais cette entreprise échoua.
Il avait été créé chevalier de l'ordre de la Couronne de Fer, le 18 juin de la même année, après la bataille de Lützen, et sur la demande du comte Lauriston, sous les ordres duquel il servait alors. Le 10 août de la même année, ce fut la croix de commandant de la Légion d'honneur qu'il reçut. Il fit la campagne de France (1814), contre les armées alliées.
Après la chute de Napoléon et la restauration du trône des Bourbons, S. M. Louis XVIII le créa chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 5 septembre de la même année 1814.
En 1815, pendant les Cent-Jours, le général Charrière reçut de Bonaparte, le 22 mars, l'ordre d'aller prendre le commandement supérieur de la place de Calais. Il conserva ce commandement jusqu'au 20 juillet suivant.
Il a obtint sa retraite du grade de maréchal-de-camp, après 46 ans 3 mois et 22 jours de service, par ordonnance royale du 25 septembre de la même année.
Rappelé à l'activité, et placé, le 22 mars 1831, dans le cadre de réserve de l'état-major général, il fut réadmis à la retraite le 1er mai 1832 et finit ses jours à Viviers (Ardèche).
État de service
- Soldat au Régiment de Flandre (devenu en 1791 le 10 octobre 1782
- Caporal le 1er septembre 1785
- Sergent le 18 août 1790
- Sergent-major le 1er mai 1792
- Adjudant sous-officier le 9 mai 1792
- Sous-lieutenant le 1er août 1792
- À l'armée d'Italie de 1792 à 1797
- 28 mars 1808 : Colonel du 57e régiment d'infanterie de ligne
- 21 septembre 1812 : Général de brigade
Titres, honneurs, décorations,...
Armoiries
Figure Blasonnement Armes du baron Charrière et de l'Empire (décret du 19 mars 1808, lettres patentes du 9 janvier 1810 (Paris)) Écartelé ; au premier de sable, au coq d'or, crêté et barbé de gueules ; au deuxième des barons tirés de l'armée ; au troisième d'azur à la lance et à l'épée d'or en sautoir, surmontées d'une étoile d'argent ; au quatrième de sinople, à la levrette d'argent, passant et colletée du même.[3],[4],[5]
Livrées : les couleurs de l'écu ; le verd en bordure seulement[3].
Notes et références
- Le Moniteur, en rendant compte de cette affaire, d'après un bulletin officiel, dit, entre autres choses : « Le 57e régiment soutint son ancienne réputation. Il y a 16 ans, ce régiment avait été surnommé en Italie le Terrible, et il a bien justifié ce surnom dans cette affaire (celle de Flessing), où seul il a abordé et défait successivement 6 régiment autrichiens. »
- général Dessaix, et celui-ci, gravement blessé, cèda le commandement au général Rapp, qui reçut aussi une blessure. Le général de brigade Teste fut de même blessé dans la redoute. Dans cette journée, la division Compans vit renouveler son chef jusqu'à trois fois. Le général Compans, blessé au commencement de l'action, fut remplacé par le
- PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).
- Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, 1861, 1171 p. [lire en ligne (page consultée le 16 nov. 2009)], et ses Compléments sur www.euraldic.com
- La noblesse d'Empire sur http://thierry.pouliquen.free.fr
Source
- Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français : depuis le onzième siècle jusqu'en 1820, vol. 4, L'auteur, 1822 [lire en ligne (page consultée le 19 nov. 2009)] ;
- A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. 4, Bureau de l'administration, 1844 [lire en ligne (page consultée le 16 nov. 2009)] ;
- Georges Six : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire (2 vol. 1934)
Catégories :- Général du Premier Empire
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