Histoire linguistique de la France

Histoire linguistique de la France

Histoire linguistique de la France

La langue officielle et largement dominante de la France est aujourd'hui le français académique. Cependant, la France est le deuxième pays d’Europe occidentale par le nombre de langues régionales sur son territoire, parlées par plus de six millions six cent mille Français. Les plus connues sont l’occitan, l’alsacien, le breton, le corse, le catalan, le basque et le flamand occidental, mais selon Bernard Cerquiglini en 1999, il y avait soixante-dix-sept langues régionales en France dont vingt-quatre se parlent dans l’Hexagone lui-même. En février 2007, on en compte 78, le saintongeais a été reconnu Langue de France.

Sommaire

Définition

Bernard Cerquilini définit une langue régionale comme une langue « pratiquée traditionnellement sur le territoire d'un État par les ressortissants de cet État qui constituent un groupe minoritaire et différente de la langue officielle de cet État », et qui est aussi différente des langues des immigrés, comme l’arabe. Pour certains, il y a une grande différence entre une langue régionale et une langue d’immigrés, mais pour d’autres les deux peuvent contribuer à affaiblir l’unité de la France et doivent donc être interdites, ou du moins ne pas être encouragées par le gouvernement.

Il y a beaucoup de langues régionales et on peut les classer selon différents critères, par exemple les régions où elles sont pratiquées, mais il est un peu plus facile de les classer par leurs origines :

Les autres langues régionales en France métropolitaine sont des dialectes secondaires ou des isolats linguistiques.

Histoire des langues régionales en France

Époque romaine

Depuis l'époque de la Gaule, les langues de la France ont évolué et se sont modifiées, sous différentes influences. Quand les Romains pénètrent en Gaule, le territoire qui constitue l'actuelle France est occupé principalement par les Gaulois - un ensemble de peuples celtes - qui parlaient le gaulois, ainsi que par des Aquitains et des Ibères dans le Sud-Ouest, et des Ligures dans le Sud-Est. La conquête romaine introduisit en Gaule l'usage du latin populaire, celui pratiqué par les soldats et les marchands. Celui-ci a été influencé par les langues indigènes, les différents substrats (gaulois, ibérique, grec, ...) expliquant certaines des divergences entre les langues romanes.

À partir du IIIe siècle et jusqu'au Ve siècle principalement, des contingents militaires de bretons viennent de la province de Bretagne en Armorique. Ils seront suivis de l'immigration de groupes de civils, fuyant la surpopulation et les raids gaels sur les côtes orientales. L'émigration bretonne en Armorique aboutit à l'implantation de la langue bretonne (langue celtique du groupe brittonique) dans une partie de l'Armorique. La conquête ultérieure d'une autre partie de l'Armorique (vannetais, pays rennais, pays nantais) allait amener à la constitution de la Bretagne.

Au Ve siècle des mots germaniques s’ajoutent au bas-latin parlé par les autochtones, suite à l'arrivée des peuples germaniques (en particulier les Francs, les Burgondes et les Wisigoths). L'influence linguistique des Wisigoths et des Burgondes est négligeable (à l'exception de la toponymie). Seul le francique a exercé une influence plus considérable sur les parlers oïliques naissants.

Chaque province, chaque région avait sa langue. Il n'y avait donc pas de "langue française", mais bien des langues romanes, germaniques (alsacien), italiques (corse), celtiques (breton) ou autre (basque). Avec la nécessité de trouver un interprète pour, par exemple, transmettre les ordres du roi, ou pour la moindre transaction commerciale.

Époque romane

Au début du Moyen Âge, on pouvait distinguer deux genres de langues en France : la langue du roi d'une part, et toutes les autres langues d'autre part. Les langues régionales sont utilisées par tous, dans la vie de tous les jours, chez soi, au marché, dans la rue, là où on habite et travaille, mais pas par le roi, sa cour et l'élite du pays. Pour les gens ordinaires, leur langue, leur patois (comme les élites les ont appelés) était la seule langue qui pouvait décrire le monde réel, et peut être le monde de Dieu, si leur curé donnait ses prêches dans la langue locale et pas en latin. Mais pour les élites, seule la langue du roi comptait, la langue francienne (d'Ile-de-France). Pour être en faveur avec le roi, les nobles et les élites se devaient de parler francien, non seulement parce que c’était la langue du roi, mais aussi parce que c'était la langue la plus usitée pour la diplomatie. Jusqu’au XIIIe siècle, l'usage du "francien" ou d'un patois servait de distinction entre classes sociales. C'est au XVe siècle que de "francien" on est peu à peu passé à français.

La langue française

Article détaillé : Histoire du français.

L'existence d'un prétendu dialecte « francien » (ancien dialecte régional parlé en île-de-France) apparait aujourd'hui comme un mythe construit par la linguistique historique du XIXe siècle[1],[2]. Le français n'est pas la simple évolution d'un prétendu dialecte de la région parisienne qui aurait mieux réussi que les autres dialectes d'oïl qui sont aujourd'hui résiduels. On sait en effet maintenant (voir les travaux de Bernard Cerquiglini) que le français est en fait l'évolution d'une langue d'oïl commune écrite (scripta) constituée vers le XIe siècle avec les débuts de la littérature en langue vernaculaire, pour assurer l'intercompréhension entre les publics des diverses cours régionales. Il s'agissait donc d'utiliser une forme écrite qui gomme les différences dialectales trop marquées. Cette langue d'abord essentiellement écrite (l'« ancien français ») coexistait avec les divers dialectes d'oïl parlés en France.

Une forme standard s'est peu à peu cristallisée en région parisienne autour de la cour. Le parler de Paris s'est enrichi du parler des migrants issus des régions environnantes. Le français écrit et le parler des élites a été alimenté par la littérature. Le français est donc une sorte de synthèse des dialectes d'oïl soutenue et affirmée par le pouvoir central comme langue standard et langue de l'administration. L' "ancien français" a fortement évolué entre le XIVe et le XVIIe siècles, là encore sous l'influence de juristes, de littérateurs, de grammairiens, de traducteurs et des chancelleries royales, ce qui donne à l'idiome une configuration toute nouvelle appelée aujourd'hui « moyen français ». C'est de l'évolution du moyen français qu'est issu le français actuel.

Au XVIe siècle, Joachim du Bellay avait recommandé d'enrichir la langue française afin d'accueillir des mots anciens, des termes empruntés aux dialectes provinciaux, « quand tu n'en aurais point de si bons et de si propres en ta nation ». Mais la langue française fut épurée, son usage fut répandu grâce à l'imprimerie, et les patois, éléments vivants de la campagne, furent objet de dérision et de mépris par une classe sociale ignorant qu'ils véhiculaient toute une culture.

L'Ordonnance de Villers-Cotterêts

C'est l’Ordonnance de Villers-Cotterêts qui, en 1539, a déclaré que le français serait la langue du royaume, la langue nationale. La justification de cette Ordonnance est à chercher dans les années précédant son édiction : plusieurs provinces ayant été rattachées à la France, comme la Marche en 1527, l’Angoumois (région d'Angoulême) en 1515, et la Bretagne en 1532, suite aux Guerres de religion; chaque province avait sa propre langue, qui s'ajoutait à toutes celles déjà parlées en France.

D'ailleurs, en 1533, un humaniste picard du nom de Charles de Bovelles (1479-1553) — un disciple de Jacques Lefèvre d'Étaples (1450-1536), l'un des pères de la Réforme française et l’un des plus grands philologues de la Renaissance — écrivait : « … Des différentes langues vulgaires et variétés de discours utilisés dans les Gaules … ». Et il évoquait notamment les « peuples étrangers » que sont les Burgondes, les Francs, les Bretons, les Flamands, les Normands, les Basques et les Germains cisrhénans. Son inventaire des langues d'Oïl comprenait « les Lorrains, les Bourguignons, les Poitevins, une partie des Belges comme les habitants d'Amiens et de Péronne, les habitants de Saint-Quentin, de Laon et les Esses, les Parisiens, ceux du Hainaut ». Bref, l'auteur soulignait la très grande diversité linguistique dans la France de son époque.

Cependant, l’Ordonnance de Villers-Cotterêts ne visait pas à l'éviction des patois, mais bien à celle du latin que l’Église utilisait depuis sa création. Un auteur comme Du Bellay (qui a écrit Deffence et illustration de la langue françoise), souhaitait que " le génie français remplace l’italien et le latin ". Et selon Georges Duby, l’auteur de l'Histoire de La France, des origines à nos jours, « L’ordonnance de Villers-Cotterêts favorise une centralisation qui s’insinue progressivement dans le royaume ».

Jusqu'au XIXe siècle, la France était multilingue; le français n'était parlé que par une minorité de la population, la majorité parlant soit d'autres langues romanes (d'oïl ou d'oc) soit des langues non romanes (celtique : breton, germanique : alsacien, italique : corse, non indo-européenne : basque, ...). Il semble que la monarchie n'avait guère de préoccupation linguistique. Elle n'a donc jamais franchement combattu les autres langues du territoire, mis à part quelques exceptions[3]. Ainsi Louis XIV, lorsqu’il annexa le Roussillon, le Conflent, la Cerdagne et le Vallespir, interdit l'usage du catalan dans l'administration par son édit du 2 avril 1700.

Le XVIIe siècle

Albert Dauzat (1877-1955), un spécialiste du parler rural, a inventorié 636 langues régionales ou patois, parlés au XVIIe siècle. " ... à la même époque, le français était davantage parlé en Nouvelle-France, en Angleterre, aux Pays-Bas et à Moscou qu'en France même. " : cette citation démontre le dualisme linguistique scindant la France en "élite parlant français" et le reste de la population ne le parlant pas. C'est en partie à cause de cela que Richelieu a créé l’Académie française en 1635. Cette académie a publié son dictionnaire pour la première fois en 1694 et donc a fixé la définition de chaque mot français, et établi les "classes de langues". Les « honnêtes hommes » n'employaient pas les mots de classes moins élevées. Mais le peuple, qui parlait en patois, ignorait les lois et les règles, parce qu’à cette époque les Français, pour la plupart, étaient analphabètes. Pour l’essentiel, l'enseignement demeurait celui de la religion, et ne se faisait qu'en patois, voire parfois en latin. Par ailleurs, les nouvelles provinces annexées au royaume furent même dispensées d'appliquer l'ordonnance de Villers-Cotterêts. Ainsi, les lois du Grand Siècle, ignorant les patois, purent renforcer le pouvoir du roi sur le royaume, et celui de la France en Europe.

À la fin du XVIIIe siècle commence à apparaître en France une idéologie selon laquelle la France devrait être unifiée suivant le concept "un pays, une nation, une langue". Pour Antoine Rivarol, toutes les langues ne sont pas égales et le français est la langue universelle qui est censée s'imposer (cf. son Discours sur l'Universalité de la Langue Française).

La Révolution

Tout cela changea à l’époque de la Révolution. À partir de 1794 apparaît la volonté d'unifier linguistiquement les peuples conquis par les rois, notamment avec la présentation par Bertrand Barère au Comité de Salut Public (dont il est membre) de son « rapport sur les idiomes » dans lequel il déclarait que :

« le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton, la superstition parle basque, la haine de la république parle allemand [...] Brisons sans hésiter ces instruments de dommage et d'erreur »

— Barère

La même année, l'Abbé Grégoire présente un rapport « sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française ».

La Convention, suivant ses conclusions condamne « les idiomes anciens, welches, gascons, celtiques, wisigoths, phocéens et orientaux » jugés comme un obstacle à la démocratie. On cherchait alors à faire disparaître les langues autres que le français, les « régionales » mais appelées à l'époque « idiomes » ou « patois ». De façon paradoxale, cette condamnation eut l'intérêt de faire porter l'attention sur ses parlers locaux, et de multiplier les travaux de recherche à leur sujet.

Les jacobins déclarent une guerre contre les patois :

« La monarchie avait des raisons de ressembler à la tour de Babel; dans la démocratie, laisser les citoyens ignorants de la langue nationale, incapables de contrôler le pouvoir, c'est trahir la patrie… Chez un peuple libre, la langue doit être une et la même pour tous. »

— Barère

Selon lui, la monarchie pouvait garder son pouvoir tant que le peuple ne pouvait pas se comprendre, tandis que le nouveau gouvernement démocratique devait permettre au peuple de contrôler et d'exercer le pouvoir en lui enseignant la langue commune et nationale. Le décret du 2 Thermidor (20 juillet 1794) sanctionna la « terreur linguistique » et le décret du 30 Vendémiaire an II (17 novembre 1794) a déclaré « Dans toutes les parties de la République, l'instruction ne se fait qu'en langue française ». De fait, le français fut utilisé pour créer au sein de la population un sentiment d'appartenance à la nation, et aussi comme un moyen irremplaçable de gestion des armées de la République.

C'est pour ces raisons que le gouvernement de la Révolution a interdit les langues régionales, et que jusqu’à la Seconde Guerre mondiale les patois étaient interdits dans les écoles et les médias publics français, c'est-à-dire qu'ils étaient cantonnés dans la sphère privée, à l'instar de la religion après 1905.

La situation à la veille de la révolution industrielle

« La langue française, c'était au début du XXe siècle la langue d'une infime minorité de la population française. »

— Claude Duneton

Après la révolution, le pouvoir n'a pas de politique linguistique offensive. Certains fonctionnaires sont hostiles aux langues[4] autre que le français. Par exemple, le « Règlement pour les écoles primaires élémentaires de l'arrondissement de Lorient », adopté et arrêté par le Comité supérieur de l'arrondissement, en 1836 et approuvé par le recteur en 1842, qui dispose : « Art. 21. Il est défendu aux élèves de parler breton, même pendant la récréation et de proférer aucune parole grossière. Aucun livre breton ne devra être admis ni toléré. » S'exprimer en breton et parler « grossièrement » font l'objet de la même prohibition [5].

D'autres personnes sont favorables à la diversité linguistique. En 1807, Coquebert de Montbret lance une enquête sur les idiomes locaux de l'Empire. En 1834, Charles Nodier, réunissant les écrivains romantiques, déclarait « Tout homme qui n'a pas soigneusement exploré les patois de sa langue ne la sait qu'à demi ».

« le patois en face du français, c'est un esclave en présence d'un maître sévère : il se tait et n'ose élever la voix qu'après s'être assuré qu'il n'est plus entendu. Mais, loin du bruit des villes, de la poussière des grandes routes, dans les vallées, là se montrent au grand jour ces langues simples, naïves, diaphanes, qui sont aujourd'hui ce qu'elles étaient il y a bien des siècles, par ce que personne ne s'est avisé de leur donner arbitrairement une prétendue perfection. »

— J.-F. Schnakenberg, membre de la Société de l'histoire de France, 1840

Par un arrêté du 24 août 1866, le ministre de l'Instruction publique institua un prix de 1 500 francs qui devait être décerné à celle des sociétés savantes des départements qui produirait le meilleur glossaire du patois ou langage rustique et populaire d'une région ou d'une localité déterminée de la France, les manuscrits devant être déposés avant le 1er décembre 1868. Le prix fut décerné au Glossaire du patois poitevin de l'Abbé Lalanne. Plusieurs vocabulaires furent entrepris, dont celui de la Mayenne par Georges Dottin.

L'unification linguistique

Sous la IIIe République, le désir de faciliter une certaine promotion sociale, et d'assurer l'unité française, amena les responsables de l'enseignement à proscrire l'usage de tous patois ou parlers regionaux à l'école. À partir du milieu du XIXe siècle, le pouvoir central commence à réprimer les langues dites régionales qui sont peu à peu méprisées. À partir de la fin du XIXe siècle, ces langues sont interdites dans l'enseignement, au grand dam d'une partie du corps enseignant qui se demande comment enseigner dans de telles conditions à des élèves non francophones. Ainsi en 1902, le ministère Combes promulgue par décret l'interdiction de « l'usage abusif du breton ». Les écoles religieuses suivent rapidement et le breton n'est plus enseigné à partir du début du XXe siècle mais continue à être transmis de génération en génération par voie orale.

Les villes de province se francisent peu à peu à la fin du XIXe siècle. Le brassage entraîné par la première Guerre mondiale accroit le recul des langues locales : le bilinguisme se répand. Les campagnes se francisent après la Seconde Guerre mondiale, lors du passage de la paysannerie à l'agro-culture. Le développement des médias achèvera la disparition de ces parlers. Les derniers utilisateurs, ceux qui sans les pratiquer constamment, en sont les derniers témoins, auront bientôt disparus. D'ici et là, des campagnes de sauvegarde de ce patrimoine linguistique écrit et oral sont organisées.

Une reconnaissance timide

Dès la première moitié du XXe siècle, une série de lois et réglements favorisent les langues régionales : l’arrêté du Régime de Vichy du 12 décembre 1941, la loi Deixonne de 1951, la loi Haby de 1975, la loi Bas-Lauriol de 1975 et la loi Toubon de 1994.

L’arrêté du 12 décembre 1941 autorise l’enseignement facultatif des « parlers locaux » dans les écoles primaires.

La loi Deixonne a permis l’enseignement de quatre langues régionales, le breton, le catalan, l'occitan, et le basque dans les écoles secondaires, mais le but primaire de cette loi était de « défendre la langue française ». Cette loi a été abrogée par la suite.

En 1975, la loi Haby a déclaré « Un enseignement des langues et des cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité », c’est-à-dire, toutes les langues minoritaires pouvaient s’enseigner dans les écoles.

La loi Bas-Lauriol a voulu protéger le français des mots provenant d'autres langues, particulièrement l'anglais. Selon cette loi, « le français est obligatoire dans l'affichage public et la publicité commerciale, écrite et parlée ».

Cependant, la loi Toubon l'a abrogée en 1994 bien qu'elle veuille aussi protéger la langue française. « Les dispositions de la présente loi s'appliquent sans préjudice de la législation et de la réglementation relatives aux langues régionales de France et ne s'opposent pas à leur usage ».

Ces quatre lois portant sur la linguistique espèrent protéger la culture française, mais elles se disputent sur la manière de le faire.

Le 5 juin 1992, l'Assemblée Nationale et le Sénat réunis en Congrès adopte une modification de l'article 2 de la Constitution qui proclame que "la langue de la République est le français". Depuis, la France a refusé de ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires, jugée inconstitutionnelle, notamment au regard des articles 1 et 2 de cette Constitution.

La reconnaissance dans la Constitution

Le 7 mai 2008, à l'Assemblée nationale, puis le 13 mai 2008, au Sénat, le gouvernement engage des débats sans vote sur les langues régionale, en promettant pour 2009 le vote d'une loi. Plusieurs députés et sénateurs font alors remarquer que cette loi sera inefficace sans modification de la Constitution. Le 22 mai 2008[6], à l'occasion d'une séance sur la modernisation des institutions, l'Assemblée nationale a voté un amendement à la Constitution qui ajouterait à celle-ci un article 75-1 dans les termes suivants : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. ». Cet amendement est adopté (avec plusieurs autres), en Congrès à Versailles le 21 juillet 2008, dans le cadre du vote d'une loi constitutionnelle sur la réforme des institutions.

L'Académie française a, dans un communiqué adopté à l'unanimité, condamné cette inscription dans la Constitution :« un défi à la simple logique, un déni de la République, une confusion du principe constitutif de la Nation et de l’objet d'une politique. » En effet, cette adoption met « en cause, notamment, l’accès égal de tous à l'Administration et à la Justice. L'Académie française, qui a reçu le mandat de veiller à la langue française dans son usage et son rayonnement, en appelle à la Représentation nationale. » [7]

Voir également : Signalisation routière bilingue en France.

Bibliographie

  • Georges Duby, Histoire de la France, des origines à nos jours, Larousse, Paris, 2003. p. 381-383
  • William Edmiston et Annie Duménil, La France contemporaine, troisième édition, Thomson Heinle, Australie, 2005, chapitre 4
  • Claude Hagège, Le Français et Les siècles, Odile Jacob, Paris, 1987. p. 192-200
  • Jaques LeClerc, France. [8]. Dernière mise à jour : 14 décembre 2005
  • Guillaume Malaurie, . Qui a peur des langues minoritaires ?, Le Nouvel Observateur, no 1808, 1999. [9]

Notes et références

  1. Bernard Cerquiglini, "Le Français n’est [...] pas la promotion d’un dialecte particulier, le francien. [...] Le français national, notre français, ne provient [...] pas d’un terroir, mais de la littérature. De cette scripta [...] qu’élaborent les clercs, d’expérience en expérience, jusqu'à ce qu’elle se fige en ancien français commun. Le français résulte de ce travail séculaire d’écriture, de cette édification cléricale", La naissance du Français, Puf, 1991, pp.118-119
  2. Bernard Cerquiglini, "[...] mettre en doute la réalité du francien est une promenade de santé [...] si l’on y tient, et pour le dire sans précaution : le français standard est né dans l’ouest, chez les ducs de Normandie et d’Anjou. Lesquels, accessoirement étaient rois d’Angleterre", Une langue orpheline, Les éditions de minuit, 2007, pp.182-209
  3. L'ordonnance de Villers-Cotterêts, cadre juridique de la politique linguistique des rois de France ?
  4. Quelques instructions concernant l'enseignement
  5. Fañch Broudig, La pratique du breton de l'Ancien Régime à nos jours », chapitre 17
  6. Assemblée nationale ~ Deuxième séance du jeudi 22 mai 2008
  7. http://www.academie-francaise.fr/actualites/index.html Site de l'Académie française, communiqué du 12 juin 2008.
  8. France: entrée
  9. Nouvel Observateur

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