Histoire du Nigeria

Histoire du Nigeria

L'Histoire du Nigeria remonte au moins au VIe siècle avant J.-C., époque à laquelle les premières civilisations connues se sont développées avant de s'étendre durant tout le Moyen Âge.

Les Européens, par le biais des Portugais, ne découvrent la région qu'au XVe siècle. La région va être utilisée pendant trois siècles comme réservoir d'esclaves pour les nouvelles colonies d'Amérique du Nord et d'Afrique du Sud puis est remplacé par celui des matières premières au XIXe siècle.

Le pays est placé sous protectorat du Royaume-Uni à partir de 1886, baptisé Nigeria d'après le fleuve Niger, et accède au statut de colonie en 1914.

Le Nigeria accède à l'indépendance en 1960 et devient en peu de temps le théâtre de coups d’État violents et de guerres civiles ethniques.

Sommaire

Préhistoire

Les recherches archéologiques témoignent d’un peuplement du sud-ouest du Nigeria 9000 ans avant J.-C., peut-être encore plus tôt à Okigwe, dans le sud-est du pays. Les éleveurs du 4e millénaire avant J.-C. pratiquaient la céramique et la microlithique. Au sud, les populations de chasseurs-cueilleurs se sédentarisèrent et commencèrent à vivre de l’agriculture autour du premier millénaire avant J.-C. Le travail du fer est attesté au IIe siècle avant J.-C. La première civilisation connue au Nigeria est la civilisation nok, apparue sur le plateau de Jos, au nord-est du pays, environ 1000 ans avant J.-C..

Premières civilisations

De 900 à 1500, le territoire de l’actuel Nigeria était divisé en plusieurs États correspondant peu ou prou aux actuels groupes ethniques, dont les royaumes Yoruba, le royaume Ibo de Nri, le royaume Edo du Bénin, le royaume Haoussa et les Nupe. De nombreux petits États au sud et à l’ouest du lac Tchad furent absorbés. Le Bornou, d’abord province occidentale du royaume de Kanem, devint indépendant à la fin du XIVe siècle. D’autres États ont probablement existé, mais ne sont pas encore formellement attestés.

Royaumes Yoruba

Les Yoruba furent le premier groupe dominant la rive ouest du fleuve Niger. D’origines diverses, ils sont issus de plusieurs vagues de migrations. Les Yoruba étaient organisés en plusieurs clans patrilinéaires qui formaient des communautés villageoises et vivaient de l’agriculture. À partir du XIe siècle, les villages adjacents se regroupèrent en de multiples villes-États. Cette urbanisation s’accompagna d’un florissement artistique (statues en ivoire et en terre cuite, objets en métal). Les Yoruba vénéraient une multitude de dieux, à la tête desquels se trouvait une divinité impersonnelle, Olorun. Oduduwa était vénéré comme le créateur de la Terre et l’ancêtre des rois. Selon la légende, il fonda Ife et chargea ses fils d’établir d’autres villes, où ils régnèrent en tant que prêtres-rois. Ife se trouvait au centre de plus de 400 cultes aux dimensions politiques autant que religieuses.

Royaumes d’Oyo et du Benin

La ville de Benin (Olfert Dapper, 1686)

Au XVe siècle, le royaume d'Oyo et celui du Benin dépassèrent Ife sur le plan politique et économique, tandis que cette dernière gardait son statut de centre religieux. Oyo adopta le modèle gouvernemental d’Ife, avec un membre de la dynastie au pouvoir contrôlant plusieurs villes-États plus petites. Un conseil nommait le roi et surveillait ses actes. La capitale était située à environ 100 km de l’actuelle ville d’Oyo. Contrairement aux royaumes Yoruba dont la végétation était essentiellement forestière, l’Oyo était couvert de savane et son armée développa une puissante cavalerie, ce qui lui permit d’affirmer son hégémonie sur les royaumes Nupe et Borgou adjacents et d’ouvrir des routes commerciales vers le nord.

Les Yoruba installèrent une communauté dans la zone edophone à l’est d’Ife, qui en devint dépendante au début du XIVe siècle. Au siècle suivant, elle devint un centre commercial indépendant, bloquant l’accès d’Ife à la côte. Le roi détenait le pouvoir politique et religieux, et la tradition en faisait un descendant de la dynastie d’Ife.

Royaumes du nord

Le commerce fut la source de l’émergence de communautés organisées au nord du pays, recouvert par la savane. Les habitants préhistoriques de la lisière du désert s’étaient trouvés largement dispersés au 3e millénaire avant J.-C., lorsque la dessiccation du Sahara commença. Des routes commerciales transsahariennes reliaient l’ouest du Soudan à la Méditerranée depuis l’époque de Carthage, et au Nil supérieur depuis des temps bien plus reculés. Ces voies de communication et d’échanges culturels subsistèrent jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est par ces mêmes routes que l’islam se répandit en Afrique de l'Ouest à partir du IXe siècle.

Une lignée d’États dynastiques, dont les premiers États Haoussa, s’étirèrent à travers l’ouest et le centre du Soudan. Les plus puissants parmi ces États furent l’empire du Ghana l’empire de Gao et le royaume de Kanem, qui se trouvaient à l’extérieur des frontières actuelles du Nigeria mais qui en ont subi l’influence. Le Ghana commença à décliner au XIe siècle. L’empire du Mali lui succéda, qui consolida la plus grande partie du Soudan occidental au cours du XIIIe siècle. À la chute du Mali, un chef local nommé Sonni Ali fonda l’empire songhaï, qui s’étendait sur le centre du Niger et l’ouest du Soudan. Il prit ainsi le contrôle du commerce transsaharien, basant son régime sur les revenus du commerce et la coopération avec les marchands musulmans. Sonni Ali prit Tombouctou en 1468 et Jenne en 1473. Son successeur, Askiya Mohammed Touré, fit de l’Islam la religion officielle de l’empire, bâtit des mosquées et fit venir des scientifiques musulmans à Gao.

Bien que ces empires n’eurent que peu d’influence politique sur le Nigeria avant 1500, leur impact culturel et économique fut considérable et se renforça au XVIe siècle au fur et à mesure que l’islam se répandit. Tout au long du XVIe siècle, la plus grande partie du nord du Nigeria payait un tribut à l’empire Songhaï ou à l’empire Bornou.

Royaume de Kanem-Bornou

L’histoire de Bornou est étroitement associée à celle de Kanem, qui assit son emprise sur le bassin du lac Tchad au XIIIe siècle. Kanem s’étendit à l’ouest pour inclure la région qui allait devenir Bornou. Le roi de Kanem et sa cour adoptèrent l’Islam au XIe siècle, ce qui eut pour effet de renforcer les structures politiques et sociales de l’État. De nombreuses coutumes subsistèrent cependant et les femmes, par exemples, conservèrent une grande influence politique.

Le Kanem étendit peu à peu son influence sur Bornou. Traditionnellement, l’administration de Bornou était confiée à l’héritier du trône pendant sa période de formation. Au XIVe siècle, des conflits dynastiques forcèrent le roi et ses suivants à s’installer à Bornou, où les Kanuri émergèrent en tant que groupe ethnique entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. La guerre civile qui secoua Kanem au cours de la seconde moitié du XIVe siècle permit à Bornou de regagner son indépendance.

La prospérité de Bornou dépendait du commerce d’esclaves à travers le Soudan ainsi que du commerce du sel et de bétail. La nécessité de protéger ses intérêts commerciaux incita Bornou à intervenir à Kanem, qui continua à être le théâtre de batailles tout au long du XVe et au début du XVIe siècle. Malgré sa relative faiblesse politique, les cours et les mosquées de Bornou, patronnées par une lignée de rois érudits, étaient des centres de culture et d’enseignement islamiques réputés.

États Haoussa

Au XIe siècle, quelques États Haoussa comme Kano, Katsina et Gobir s’étaient développés en villes fortifiées actives dans le commerce et la production de biens. Jusqu’au XVe siècle, ces petits États étaient à la périphérie des grands empires soudanais de l’époque. Ils subissaient la pression constante de l’empire Songhaï à l’ouest et de Kanem-Borno à l’est, à qui ils payaient un tribut. Les conflits armés avaient généralement des motivations économiques, comme lorsque la coalition haoussa mena une guerre contre Jukun et Nupe au centre de la région, pour ramener des esclaves ou contrôler les routes de commerce.

L’Islam fut introduit chez les Haoussa par les caravanes. La chronique de Kano rapporte la conversion de la dynastie régnante de Kano par des clercs venus du Mali, témoignant de l’influence malienne loin à l’est. L’acceptation de l’Islam fut progressive, et les croyances animistes subsistèrent longtemps dans les campagnes. Kano et Katsina, grâce à la réputation de leurs écoles et de leurs mosquées, prirent une part importante à la vie intellectuelle et culturelle du monde musulman. Les Fulani, originaires de la vallée du fleuve Sénégal, commencèrent à intégrer le royaume Haoussa vers le XIIIe siècle.

L’esclavage

L'esclavage est une histoire ancienne en Afrique. De nombreuses données montrent que l'esclavage interne (notamment l'esclavage pour dette) ainsi que la réduction en esclavage de prisonniers de guerre, forment une tendance récurrente dans les sociétés de la région. Aussi est-il probable que dès l'Antiquité, puis à l'époque médiévale, cet esclavage africain se soit doublé d'un commerce esclavagiste transcontinental. Quand le commerce esclavagiste européen se met en place, il réoriente et amplifie un système qui est déjà en place.

L'histoire moderne du Nigeria commence avec les Portugais au XVe siècle quand un navire accoste dans le golfe du Bénin en 1472.

Les Anglais suivent et explorent la côte sauvage à la recherche de défenses d'éléphants, de poivres et autres huiles exotiques.

Très rapidement, du XVIIe au XIXe siècle, c'est le trafic d'êtres humains par des marchands européens qui supplante tous les autres commerces de la côte. Ces marchands bénéficiaient de la collaboration rémunérée de tribus guerrières comme les Ashantis qui amenaient à marche forcée leurs prises de guerre aux côtes africaines.

En 1712, les Anglais obtiennent le monopole du trafic par le traité d'Utrecht.

En 1807, les Britanniques interdisent le commerce des esclaves. Mais la traite continua encore de manière clandestine.

La période coloniale

Ce n'est qu'à partir de 1790 que les Anglais commencent à explorer le territoire du delta du Niger. L’Anglais Mungo Park est le premier Européen à remonter jusqu'à Tombouctou.

L’expansionnisme des compagnies à charte

Africains en costume occidental entourant un moine (2e moitié du 19e siècle)

C'est par le biais des activités commerciales que les Britanniques explorent l'intérieur des terres et établissent des comptoirs. En 1875, le Britannique George Goldie reprend une petite maison de commerce établie sur le fleuve Niger à partir de laquelle il fonde un empire commercial baptisée United African Company en 1879. Il entreprend une guerre commerciale agressive envers ses concurrents qu'il élimine les uns après les autres. En novembre 1884, il est le maître du Bas-Niger.

La conférence de Berlin sur le partage de l'Afrique entérine la domination britannique sur la région, alors que Goldie, une fois assuré du contrôle militaire des berges du fleuve par le biais de canonnières, constitue un vaste réseau commercial s'étendant à l'intérieur des terres. À la fin de l'année 1884, il avait conclu plus de 37 traités avec les chefs de tribus africaines stipulant que les signataires cédaient à jamais l'ensemble de leur territoire à la "National African Company" et à ses descendants tout en leur assurant le monopole commercial.

La compagnie de Goldie fonctionnait dorénavant comme un gouvernement de facto et il ne lui restait plus qu'à obtenir une charte royale, laquelle fut accordée le 10 juillet 1886 mettant au jour la Compagnie royale du Niger. Si cette dernière ne pouvait prétendre finalement à un monopole commercial sur le fleuve Niger, elle avait droit de prélever des taxes et des droits de passage sur tous les navires transitant sur le fleuve.

Deux autres compagnies avaient également bénéficié de charte royale pour administrer le sud du territoire, la "Oil rivers protectorate" et la "Niger Coast Protectorate".

En 1894, Frederick Lugard est envoyé par la compagnie royale du Niger à Borgu pour conclure des traités avec plusieurs chefs de tribus plaçant leurs chefferies sous la souveraineté britannique.

Lugard est ensuite chargé par le gouvernement britannique d'assurer la protection de la région de Lagos contre les Français, susceptibles d'attaquer les positions britanniques.

Le territoire du Nigeria en 1909

En 1899, le gouvernement britannique rachète la compagnie du Niger et procède aux transferts de compétence pour créer le "Niger Coast Protectorate" comprenant le delta du Niger rattaché à la région du Bas-Niger. L'ensemble est rebaptisé "protectorat du Nigeria du Sud". Le nom de Nigeria en référence au fleuve Niger et qui signifie « noir » est préféré à celui de "Negretia" et à celui de "Goldésie" après que George Goldie ait refusé que son patronyme ne soit donné au territoire. Le territoire du Nigeria du Nord est alors administré par Lugard en tant que haut-commissaire britannique avec pour mission de faire accepter des traités d'allégeance aux sultans de Sokoto et de Fula. En 1901, Le territoire de Nigeria du Nord est placé sous l'autorité du Royaume-Uni. L'esclavage, qui y était encore pratiquée par les tribus locales, est immédiatement aboli. En 1903, la région est entièrement soumise en dépit de quelques soulèvements sporadiques impitoyablement réprimés par les troupes de Lugard.

En 1906, la colonie de Lagos est intégrée au protectorat du Nigeria du Sud.

La colonie britannique

Drapeau colonial du Nigeria

Le Nigeria du Nord et celui du Sud furent unifiés dans la nouvelle colonie du Nigeria en 1914. Son premier gouverneur est alors Frederick Lugard.

En 1952, le Nigeria compte 34 millions d'habitants dont 12 000 colons anglais et 250 différentes tribus ethniques. Il est déjà le pays le plus peuplé d'Afrique et avec ses 967 000 km², la plus grande colonie anglaise.

En réponse au nationalisme montant surgi après la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques dotent le pays d'un gouvernement représentatif en 1951 puis d'une constitution fédérale en 1954.

L’indépendance

Le Nigeria obtient son indépendance totale en 1960. Le pays est alors divisé en 3 régions disposant d'une large autonomie. Nnamdi Azikiwe devient président.

La première constitution républicaine de 1963 laisse le pays dans le Commonwealth.

En 1966, un coup d'État fomenté par différents groupes militaires amène au pouvoir le général Ironsi, d'origine Ibo, qui est assassiné quelques mois plus tard. Les meneurs de ce nouveau coup d'État agrandissent le pouvoir du gouvernement fédéral et changent la subdivision du pays qui est désormais constitué de 12 États. Les Ibos, ethnie majoritaire de l'est du pays, sont alors victimes de représailles raciales sanglantes qui aboutissent en 1967 à la sécession de la république du Biafra. S'ensuit une terrible guerre qui s'achève par une capitulation des indépendantistes le 12 janvier 1970.

Le président américain Jimmy Carter et Olusegun Obasanjo en 1978

En 1972 le Nigeria adopte la conduite à droite[1].

En 1975, un nouveau coup d'État, sans effusion de sang, amène Murtala Ramat Mohammed au pouvoir. Il promet un retour rapide à la démocratie, mais il est tué dans un coup d'État avorté et est remplacé par son second Olusegun Obasanjo.

Une nouvelle constitution est établie en 1977 et les premières élections ont lieu en 1979, gagnées par Shehu Shagari.

Un nouveau coup d'État en 1983 replonge le pays sous la dictature du conseil militaire suprême.

En 1993, après des élections annulées par le gouvernement militaire, le général Sani Abacha arrive à la tête de l'État. À sa mort soudaine en 1998, Abdulsalami Abubakar prend le pouvoir et rétablit la constitution de 1979.

En 1999, les premières élections démocratiques depuis 16 ans sont gagnées par Olusegun Obasanjo, qui est réélu lors des turbulentes élections de 2003. En 2007 des élections une nouvelle fois agitées amènent au pouvoir le successeur désigné d'Olusegun Obasanjo : Umaru Yar'Adua, qui décède le 5 mai 2010. Son vice-président Goodluck Jonathan lui succède alors.

Notes

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Toyin Falola (dir.), Nigerian history, politics and affairs : the collected essays of Adiele Afigbo, Africa World Press, Trenton, NJ, 2005, 722 p. (ISBN 1-59221-324-3)
  • (en) Toyin Falola et Matthew M. Heaton, A history of Nigeria, Cambridge University Press, Cambridge, 2008, XL-329 p. (ISBN 978-0-521-68157-5)
  • (en) Akinwumi Ogundiran (dir.), Precolonial Nigeria : essays in honor of Toyin Falola, Africa World Press, Trenton, NJ, 2005, 556 p. (ISBN 978-1-59221-219-4)
  • (en) Olufemi Vaughan, Nigerian chiefs : traditional power in modern politics, 1890s-1990s, University of Rochester Press, Rochester, NY, 2000, XIV-293 p. (ISBN 1-58046-040-2)

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