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Histoire de Djibouti
L'histoire de Djibouti, en tant que territoire identifié autour du golfe de Tadjourah, commence au XIXe siècle, avec la colonisation française. Devenu indépendant en 1977, ce pays est aujourd'hui membre de l'Union africaine (UA) et de la Ligue arabe.
Sommaire
La colonisation française (1884-1977)
Le 4 juin 1859, le commerçant réunionais et ancien consul de France à Aden, Henri Lambert, est assassiné dans le golfe de Tadjourah[1]. Une mission navale dirigée par le vicomte Floriot de Langle arrête les coupables présumés, et envoie en France des représentants de l'autorité politique du pays, le « sultan de Tadjoura ». C'est avec cette délégation qu'est signé le 11 mars 1862 un traité cédant à la France « les ports, rade et mouillage d'Obock (…) avec la plaine qui s'étend depuis ras Ali au sud jusqu'à ras Douméra au nord ».
Ce n'est cependant que vingt ans plus tard, après l'installation de quelques commerçants et l'interdiction d'Aden aux navires français durant la guerre du Tonkin, qu'une mission exploratoire est confiée fin 1883 à un jeune administrateur, Léonce Lagarde, et au commandant de l'Infernet, le capitaine de frégate Conneau[2]. C'est à la suite de ce repérage que Léonce Lagarde est nommé «commandant à Obock» le 24 juin ; il prend ses fonctions en arrivant sur place le 1er août 1884.
Rapidement, il étend le territoire sous souveraineté française, signant un protectorat avec le «sultan» de Tadjoura (où se trouve une garnison turque jusqu'au 16 novembre 1884), et occupe toute la côte Nord du golfe de Tadjoura. L'emprise française s'étend sur la côte Sud, avec la signature d'un traité avec les «chefs Issas» le 26 mars 1885[3].
Un échange de notes franco-britannique des 2 et 7 février 1888, fixe la limite côtière entre les colonies respectives à Loyada et ouvre aux négociants de deux pays les routes commerciales vers Harrar. C'est alors que commence le transfert du centre de gravité du territoire du Nord (Obock) au Sud (Djibouti), achevé en 1896 lorsque cette dernière ville devient le chef lieu du territoire, qui prend alors le nom de Côte française des Somalis. Au Nord, les limites côtières sont fixées à Douméra dès 1891, et précisées par un accord franco-italien de 1900-1901[4].
Vers l'intérieur, le territoire s'étend avec la construction du chemin de fer vers l'Ethiopie. Sa construction commence à Djibouti en octobre 1897 et s'arrête d'abord à Dire Dawa. Créée pour le chemin de fer [5], cette ville est atteinte en décembre 1902. C'est le partage de l'Ethiopie en sphères d'influence entre l'Italie la Grande-Bretagne et la France par le traité du 13 décembre 1906 [6] qui permet de continuer la construction de la ligne. Les travaux reprennent en 1910, et Addis Abeba, le terminus, est atteint en 1917.
Le port de Djibouti se développe ensuite au rythme du commerce avec l'Ethiopie et des besoins de la navigation coloniale [7]. L'invasion puis l'occupation de l'Ethiopie par l'Italie entraîne un bref boom économique à Djibouti, avec un très important accroissement du trafic du port et des liaisons vers Addis Abeba entre 1936 et 1938.
Il faut attendre la fin des années 1920 pour que la conquête de l'intérieur du territoire par l'administration coloniale commence, symbolisée par la mort de l'administrateur Albert Bernard le 17 janvier 1935. Il est remplacé par Armand Annet en 1936 et 1937. Elle aboutit en 1943, après de durs affrontements avec les nomades Africains et quelques exactions, à l'installation d'un poste français à Afambo. Il faudra ensuite 10 ans de négociations avec l'Ethiopie (1945-1955) pour que la frontière du territoire soit tracée à l'est des lacs.
En juin 1940, Paul Legentilhomme, commandant supérieur des troupes françaises en Côte des Somalis, refuse les armistices signés par la France avec l’Allemagne (armistice du 22 juin 1940) et l’Italie (armistice du 24 juin 1940) et souhaite poursuivre le combat aux côtés de l’Angleterre. Mais il ne parvient pas à entraîner la colonie qui préfère faire acte d’allégeance au gouvernement de Vichy. Il passe en Somaliland britannique le 2 août 1940 pour rejoindre De Gaulle. Djibouti va ensuite subir un blocus intermitent de deux ans et demi. Un grand nombre des habitants Africains de la ville de Djibouti en sont expulsés. En décembre 1942, le territoire se rallie à la France libre.
La colonie devient un territoire d'outre-mer (TOM) français en 1958. En 1967, après de violentes émeutes en août 1966, et l'installation du «barrage de Djibouti», le territoire change de nom pour devenir le Territoire français des Afars et des Issas. Le territoire devient indépendant le 27 juin 1977 sous le nom de République de Djibouti.
Depuis l'indépendance
En décembre 1991, une guerre civile éclate entre l'ethnie Afar, majoritaire dans le Nord du pays, et le gouvernement dominé par les Issas qui entraîne l'intervention de la France avec ses troupes stationnées sur place et un renfort d'hélicoptères de combat de l'ALAT. L'intervention militaire française est très restreinte, ne s'impliquant que dans la surveillance des frontières pour éviter toute implication des voisins éthiopiens, somaliens et érythréens, eux-mêmes en situation politique instable. La paix entre les deux belligérants est réalisée en 2001, avec une forme de partage des pouvoirs.
Notes
- ↑ Roger Joint Daguenet, Aux origines de l'implantation française en mer Rouge, L'Harmattan, 1992, 347p.[réf. incomplète]
- ↑ L'ordre de mission se trouve au Service historique de la Marine (Château de Vincennes) BB4-1507, lettre du 15/1/1884. Le rapport de Conneau sur sa mission est du 29/4/1884.
- ↑ Les originaux de ces traités se trouvent aux Archives nationales d'Outre Mer (ANOM) à Aix-en-Provence, Traités 7.
- ↑ Imbert-Vier (Simon) « Invention et réalisations de la frontière djibouto-érythréenne», Africa (Roma), 6/2009.
- ↑ appelé alors «Addis Harar».
- ↑ Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia - 1855-1974, 1991, 244 p., parle alors d'une semi-souveraineté de l'Ethiopie indépendante.
- ↑ Sur l'évolution économique de Djibouti, voir Dubois (Colette), Djibouti, 1888-1967 - Héritage ou frustration, 1997, Paris, L’Harmattan, 516p.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Daoud A. Alwan et Yohanis Mibrathu, Historical dictionary of Djibouti, Scarecrow Press, Lanham (Md.), 2000, XXVIII-165 p. (ISBN 0-8108-3873-7)
- (fr) Djibouti et son histoire : des Ptolémées à Henry de Monfreid, Pount, Bièvres, 2007, 161 p. (ISBN 978-2-9524964-1-4)
- (fr) Colette Dubois et Pierre Soumille, Des chrétiens à Djibouti en terre d'islam (XIXe-XXe siècles), Karthala, Paris, 2004, 373 p. (ISBN 2-8458-6491-4)
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