Histoire coloniale des États-Unis d'Amérique

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L’histoire coloniale des États-Unis débute peu après la redécouverte du nouveau monde par les Européens (Christophe Colomb en 1492). L’actuel territoire américain devient rapidement un enjeu international : les grandes puissances coloniales occidentales se lancent dans l’exploration et la conquête du Nouveau Monde.

Sommaire

XVIe siècle : exploration et premières tentatives de colonisation

Samuel de Champlain

Il faut attendre près d’un demi-siècle après la redécouverte du continent par Christophe Colomb pour que les navires européens lancent des expéditions sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, et plusieurs dizaines d’années encore avant la fondation de premiers établissements.

Dans la première moitié du XVIe siècle, les Espagnols pénètrent depuis le Mexique dans le territoire actuel des États-Unis, sans s’y implanter de façon durable. Vers l'Est, la Floride est aperçue par le navigateur Juan Ponce de León en 1513 puis, après le séjour de plusieurs années de Álvar Núñez Cabeza de Vaca, elle est explorée par Hernando de Soto qui poursuit vers les Appalaches et la région du Mississippi. À l'ouest, le mythe de l’Eldorado attire les aventuriers comme Francisco Vásquez de Coronado au Sud Ouest des États-Unis actuels. C’est ainsi qu’est découvert le Grand Canyon vers 1540 et Cabrillo croise au large de la future Los Angeles.

Plus au Nord, les autres puissances européennes, la Grande-Bretagne et la France explorent aussi les côtes américaines entre 1520 et 1607, mais ne parviennent pas à s'y implanter malgré des tentatives entre 1560 et 1590. L'explorateur vénitien Giovanni Caboto (John Cabot) est envoyé en mission par le roi Henri VII. Celui-ci longe les côtes canadiennes actuelles du Labrador, de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse. Cependant, il n'est pas unanimement reconnu par les historiens qu'il aurait débarqué sur le site actuel de Bonavista sur l'île de Terre-Neuve.

Pour la France, Jacques Cartier débarque sur la côte est et la baptise « Nouvelle-France » pour François Ier. L'Italien Giovanni da Verrazano aborde les côtes de Caroline et de Floride[1] en 1524. Deux tentatives de colonisation française conduite par des membres de la religion réformée échouent face aux Espagnols catholiques. En 1562, à l'instigation de l'amiral de Coligny, le roi Charles IX autorise à équiper des navires qui, sous la conduite de Jean Ribault, abordent à l'embouchure de la rivière appelée encore aujourd'hui Port-Royal. Ils construisent un fort, le fort Charles, nommé en l'honneur du roi, Charles IX (carolus) qui laisse son nom à la contrée, la Caroline. Une seconde tentative est dirigée par René de Laudonnière. Ces implantations échouent à cause de l'isolement, de la misère, du fanatisme des Espagnols et de l'hostilité des Amérindiens. En 1564, en Floride, la colonie française de Fort Caroline est défaite par la colonie espagnole de Saint Augustine. Plus tard, les troupes de Pedro Melendez attaquent la colonie protestante de l'embouchure du fleuve Saint-Jean et en massacrent tous les habitants. Une sanglante expédition de représailles organisée à ses frais par un gentilhomme indigné, de Mont-de-Marsan, Dominique de Gourgues, avec trois navires en 1567 et deux cents hommes, contre les soldats de Melendez, ne permet pas aux Français de se réimplanter. Voir aussi Histoire de la Floride.

En outre, le roi François 1er réclame le territoire lors de la fondation de Nouvelle-Angoulême (ville actuelle de New York) par l'explorateur italien Giovanni da Verrazano en 1524.

Pour l'Angleterre, vers 1579, Francis Drake prend théoriquement possession de la région de San Francisco au nom d’Élisabeth Ire d’Angleterre, lors de son voyage autour du monde. En 1583, Sir Humphrey Gilbert propose d'établir une première colonie aux alentours de la rivière du site légendaire de Norembergue au sud de l'île de Terre-Neuve. Cependant, cette expédition en Amérique du Nord n'aura jamais lieu faute de financement. La colonie de Roanoke (surnommé la « colonie perdue ») est la première tentative réelle de colonisation britannique en Amérique du Nord. La charte de colonisation est octroyée en 1584 par la reine Élisabeth Ire à Sir Walter Raleigh. La même année, ce dernier fait explorer la « terre de Virginie » (en hommage à Élisabeth, « virgin queen ») sur le territoire de l’actuel état de Caroline du Nord, et en prend possession au nom de la couronne d'Angleterre. En 1587, une colonie permanente est fondée sur une île de la côte est (l'île de Roanoke, dans les Outer Banks), mais elle échoue dans des conditions non élucidées. La destinée des colons britanniques est sujette à débat ; la principale hypothèse suggère que les colons ont été assimilés par les populations amérindiennes.

Plus au Nord, il est assez artificiel de séparer l’histoire de la colonisation des États-Unis et du Canada. Les Français s’établissent sur le fleuve Saint-Laurent, au Canada. De là, sous Henri IV, le 26 juin 1604, le huguenot Pierre Du Gua de Monts, nommé lieutenant général du roi pour le Nouveau Monde, débarque à la frontière entre les futurs Maine et le Nouveau-Brunswick. Il détient d’Henri IV le monopole sur la traite des fourrures. Les archéologues ont identifié le lieu : il s’agit de l'îlot Sainte-Croix, dans la baie de Fundy, aux États-Unis. Ils ont retrouvé les squelettes des premiers occupants français. À partir de 1605, Du Gua et Samuel de Champlain explorent la côte sud jusqu’au cap Cod. Côté britannique, en 1609, Henry Hudson remonte le fleuve auquel il donne son nom.

Les premières colonies britanniques (XVIIe siècle)

Statuts des colonies anglaises

Chaque colonie possède un statut propre qui dépend de son histoire mais au-delà des différences institutionnelles on peut distinguer trois catégories :

Les Colonies à Chartes

Les Colonies à Chartes dont le statut dépend de chartes octroyées par le souverain à des compagnies maritimes privées. La charte définit les règles politiques de la colonie. Dans les années 1770, seules les colonies du Rhode Island et du Connecticut et le Maryland bénéficient de ce statut. Ces deux colonies sont sans doute celles qui jouissent de la plus grande autonomie du fait de l'existence de corps constitués. Le gouverneur et les principaux administrateurs (comme le lieutenant-gouverneur) sont élus par une assemblée coloniale.

Les Colonies de Propriétaires

Les Colonies de Propriétaires leurs statuts politiques ont été définis lors de la reconnaissance par Londres de la fondation de la colonie. Ils reposent donc sur l'initiative d'un grand personnage, que l'on nomme le "propriétaire" (Lord Proprietor). L'exemple le plus connu est celui de la Pennsylvanie, quand, en 1681, Charles II cède à William Penn, les territoire qui correspondent aux provinces de Pennsylvanie et du Delaware et lui accorde en 1683, une Frame of Government. À l’origine le fondateur faisait office de gouverneur. Avec le temps, le gouverneur est désigné par les héritiers du fondateur de la colonie et leur choix doit être ratifié par Londres. En 1776, John Penn (1729 - 1795), petit fils du propriétaire, exerçait les fonctions de lieutenant-gouverneur de la Pensylvanie. De même Oglethorpe est un lord propriétaire, mais avec une particularité : il s'agit d'une colonie administrée suivant une charte qui a une durée de vingt et un ans. Il en est cependant le gouverneur dès 1733. Les provinces comprises entre la Nouvelle-Angleterre et le Maryland avaient originellement pour propriétaire le duc d'York, mais devient des colonies à charte.

Les Colonies de la Couronne

Les Colonies de la Couronne: le New-Hampshire, le Massachusetts, la province de New-York, le New Jersey, la Virginie, et les deux Carolines et la Géorgie en fait. Elles bénéficient d’une “Constitution” rédigée par la couronne. On entend par “constitution”, une somme des textes fondateurs, d'instructions successives données aux gouverneurs, modérées par l'expérience et la tradition. Ce sont les Colonies où le contrôle de la métropole est par nature le plus étroit : le gouverneur nomme les administrateurs et dispose d’un droit de veto sur les discussions des assemblée locales. Un droit de veto renforcé par celui du Conseil Privée qui peut rejeter les décisions du gouverneur. Ce dernier peut enfin dissoudre ou ajourner l’Assemblée coloniale.

Les colonies anglaises de la côte atlantique

Dessin politique de Benjamin Franklin

En 1606, le roi Jacques Ier fonde la compagnie de Virginie afin de coloniser les territoires réclamés de la colonie de Virginie, entre le 34e et le 45e degré de latitude nord. Il divise en outre la colonie en octroyant une charte à deux coentreprises de cette compagnie : la compagnie de Plymouth et la compagnie de Londres. Ces dernières auront donc pour mission de coloniser les terres sur le territoire octroyé par leur charte respective : le nord à la compagnie de Plymouth et le sud à la compagnie de Londres. Cependant, toutes deux auront le droit d'établir des colonies dans une zone de chevauchement des deux territoires. Ainsi, la compagnie de Londres se voit donnée par la charte le territoire s'étendant du cap Fear au détroit de Long Island, alors que la compagnie de Plymouth détient les droits sur les terres situées entre la baie de Chesapeake et les environs de la frontière canado-américaine actuelle. Ces compagnies espèrent découvrir là comme au Mexique des mines d'or et d'argent. Leurs rapports avec les indiens sont rapidement tendus. La pêche de la morue au nord et la culture du tabac au sud dédommagent ces premiers colons de leur déception. La fertilité du sol en attire de nouveaux, tandis que les événements politiques en Angleterre favorisent l'émigration vers d'autres points.

Le plus ancien établissement fixe des Anglais ayant perduré jusqu’à nos jours est la ville de Jamestown, en juin 1607, fondée par les envoyés de la compagnie, sur les terres d'un chef Potomac Powathan : elle compte une centaine d’habitants. L’agriculture et les conditions de vie sont mauvaises pour les colons car les terres sont insalubres. Pour ne pas mourir de faim, ils se réfugient dans le village de Potomac Powathan, nouant d'abord des relations avec les indiens (Histoire des Pocahontas). Au cours de l’été 1608, le conseil de la colonie réclame leur retour, le chef Powathan refuse. Le 30 août 1608, le capitaine John Smith envoie ses troupes « libérer les nôtres, esclaves du sauvage ». Il attaque un village amérindien, tue 23 hommes, et repart avec les réserves et une vingtaine de femmes et d’enfants qui servent d’otages et d’esclaves. Les enfants sont ensuite noyés et les femmes égorgées. Cette colonie développe rapidement la plantation du tabac.

Le premier débarquement d'esclaves noirs s'effectuera en 1619 sur le site de Jamestown par des bateaux néerlandais. Quelques mois après la fondation de Jamestown, la compagnie de Plymouth fonde la colonie Popham sur le territoire de la ville actuelle de Phippsburg dans l'État actuel du Maine. Cependant, cette dernière disparaît un an après sa fondation, et la compagnie de Plymouth cesse ses activités en 1609. Ainsi, la zone de chevauchement est accordée à la compagnie de Londres après un remaniement de la charte royale, et le territoire est nommé « Virginie ». La région exclusivement octroyée à la défunte compagnie de Plymouth sera quant à elle connue sous le nom « Nouvelle-Angleterre » à partir de 1620. Les frontières de ces colonies sont étirées en ligne droite à l'aveuglette par la Couronne anglaise, et ce, en clamant la souveraineté britannique sur les terres inconnues et inexplorées par l'Angleterre, notamment celles de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Espagne.

Quakers embrassant des Indiens en Pennsylvanie

Plus au Nord, au-delà de la concession de la compagnie, en 1620, une centaine de puritains débarquent du Mayflower et fondent Plymouth (Massachusetts). Leur mode de gestion de la colonie est discuté à bord du bateau : comme chaque famille possède une part du bateau, c'est un vote qui fonde un système à la fois démocratique, capitaliste et religieux qui fait de ces Pilgrims fathers les symboles de la future Amérique.

En 1620, la compagnie de Plymouth est réorganisée en formant le Conseil de Plymouth afin de coloniser le territoire de la Nouvelle-Angleterre. Ce conseil sera cependant radié en 1635 en tant qu'entité corporative, et la charte sera laissée à la disposition de la Couronne. Le Conseil de Plymouth octroie des lettres patentes à la colonie en 1621 et 1630, mais cette dernière sera administrée indépendamment du conseil sous les dispositions du pacte. Ce texte de loi devient la fondation même de la Constitution des États-Unis, mais non pas la première Constitution. Ce titre revient de droit au Ordres fondamentaux du Connecticut écrits en 1638 pour la colonie du Connecticut fondée en 1636.

Les pèlerins nouent des relations de voisinage distant avec les indigènes, qui leur permettent de survivre, en leur donnant et apprenant a cultiver le maïs (indian corn) et le potiron sans oublier le dindon : en 1621 est célébré le premier Thanksgiving. Les querelles religieuses en Angleterre renforcent l’arrivée de nouveaux puritains dans cette région. Mais il y a aussi de nombreux protestants allemands qui fuient la misère et les persécutions religieuses (on compte ainsi 10 000 Allemands avant l’indépendance). Les puritains de Boston et Providence se lancent dans le commerce triangulaire. Ils achètent des esclaves en Afrique et les revendent en Virginie au Maryland ou sur les marchés antillais. Au milieu du XVIIe siècle, Boston est devenue avec ses 3 000 habitants, le centre de la Nouvelle-Angleterre. Des missionnaires tentent d’évangéliser les Indiens. De nouveaux groupes de protestants arrivent en Nouvelle-Angleterre : anabaptistes et quakers qui sont persécutés au Massachusetts et qui s’établissent dans des colonies voisines.

  • En 1624, la colonie de Virginie devient colonie royale. Les Indiens sont réduits en esclavage. Les conditions de travail qui s’en suivent vont petit à petit décimer les populations indiennes. Les planteurs résoudront ce problème en important des esclaves d’Afrique Noire, plus peuplée. Le nombre de colons britanniques augmente et la prospérité se construit sur la culture du tabac et le commerce triangulaire. Une société complexe se construit, avec de riches planteurs blancs, des blancs dépourvus d’esclaves (pauvres blancs), des esclaves noirs, des noirs affranchis et des métis Indien, Blanc et Noir.
  • En 1632 est fondée la colonie du Maryland sous l’action de Sir George Calvert, connu sous le nom de Lord Baltimore. Elle accueille les catholiques persécutés en Angleterre. Des heurts les opposent par la suite aux protestants qui prennent finalement l’ascendant sur la colonie en 1689. La culture du tabac assure sa fortune et son expansion au cours du XVIIe siècle. Cecilius Calvert, le fils de Sir George Calvert, hérita du Maryland.
  • En 1638 est fondée la colonie de Rhode Island par Anne Hutchinson ; elle devient un modèle de tolérance religieuse inscrite dans la charte de la colonie. En 1763 y est construite la première synagogue américaine, à Newport.
  • En 1664, les Anglais s’emparent de New York et de sa région, chassant les colons hollandais et suédois qui avaient tenté de s'implanter sur ces côtes.
  • En 1682 est créée la Pennsylvanie, les forêts du quaker William Penn. La colonie accueille des sectes allemandes et les baptistes irlandais et gallois. Le climat de tolérance religieuse encourage l’économie. Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans l’empire germanique, 125 000 luthériens allemands s’installent en Pennsylvanie. Vers 1750, la population de Philadelphie dépasse celle de Boston.
  • Les Anglais font venir des esclaves africains pour travailler dans les plantations : ils suivent en cela les politiques des Espagnols et des Portugais en Amérique du Sud. Le nombre d’esclaves noirs augmente surtout au début du XVIIIe siècle.
  • À partir de 1686, l’Angleterre change de politique coloniale et supprime les chartes octroyées au colons d’Amérique. La Nouvelle-Angleterre devient dominion de la couronne, sous le nom de Dominion de Nouvelle-Angleterre en Amérique, administrée par un gouverneur nommé et révocable par le roi. La glorieuse révolution en Angleterre provoque des soulèvements parmi les colons américains qui ne reconnaissent pas la nouvelle dynastie en Angleterre.
Old State House, Boston, 1713
  • Dans les années 1740, plusieurs prêcheurs puritains encouragent, par leurs sermons, le retour à plus de rigueur. Ces années d’ébullition religieuse mènent à l’essor de l’Église méthodiste américaine qui encourage la colonisation vers l’intérieur du continent (Ohio…). Elle réclame également plus de libertés en matière religieuse et fiscale, préparant la Révolution américaine.

Ainsi la colonisation anglaise s’est portée essentiellement sur les côtes (de la Virginie au Nouveau-Brunswick). Il s’agit d’une colonisation importante par le nombre des colons impliqués, et qui répond à une logique commerciale et religieuse : nombreux sont ceux qui partent de l’Angleterre pour établir en Nouvelle-Angleterre, un régime politique plus conforme à leurs vues religieuses (ainsi, la colonie de la Baie du Massachusetts est une colonie puritaine, le Maryland est catholique…). Les colons repoussent les indiens vers l’intérieur des terres et deviennent plus nombreux qu’eux.

Vers 1740 les territoires britanniques d’Amérique du Nord comptent un million d’habitants. Le premier recensement fédéral de 1790 fait état d’une population de 4 millions d’habitants. Outre l'immigration, le taux d'accroissement naturel y est particulièrement élevé[2]. Le taux de natalité varie de 40 à 50 % (Dans l'Europe de la même époque, le taux se situait plus bas, entre 30 et 40 %). Car l'âge des hommes au mariage ne cesse pas de s'abaisser : 27 ans au début XVIIe à 24,6 ans à la fin du XVIIIe siècle. Pour les femmes, il se situe, pour le dernier sondage, à 22,3 ans. L'interprétation est relativement simple. L'âge au mariage varie suivant les ressources disponibles. Or, la terre ne manque pas dans les colonies. II n'est pas nécessaire d'attendre avant de se marier. Ainsi, on a constaté que 15 % seulement des familles de la Nouvelle-Angleterre ont moins de trois enfants. L'Amérique du Nord a un taux de mortalité plus bas que l'Europe : la barre des 25 % (En Europe, il monte jusqu'à 35 ou 40 %), la Nouvelle-Angleterre faisant mieux que la Virginie. Les historiens, cette fois-ci, éprouvent des difficultés à expliquer cette différence entre les deux rives de l'Atlantique. Une meilleure alimentation en Amérique ? Un chauffage plus régulier, grâce à l'abondance du bois ? L'absence ou la relative innocuité des épidémies, à cause de la dissémination géographique des établissements ?

Ce qui fait vivre les premiers colons c’est le commerce triangulaire et le travail des esclaves dans les plantations du sud ; néanmoins les colonies du nord se tournent de plus en plus vers la manufacture et l’agriculture sans esclaves tandis que le sud maintien fermement l’esclavage. La société du sud est aussi fortement métissée car les blancs n’hésitaient pas avoir des maîtresses noires ou indiennes. Néanmoins elle reste fortement affectée par des idées racistes. Les esclaves sont convertis au christianisme rebaptisés obtiennent le nom de leur maîtres. Afin de déculturer les noirs, les esclaves de la même ethnie étaient séparés. Échangé en Afrique contre fusil, poudre a canon, habits, alcool.. et diminué au terme de bois d´ébène les esclaves seront déportés par des négriers britanniques mais aussi français, espagnol, danois ou hollandais.

Fondations espagnoles au Sud

Article détaillé : Missions espagnoles de Californie.

En 1526, l’Espagnol Lucas Vallez de Ayllon fonde un établissement en Caroline du Sud, qui est abandonné quelques mois plus tard. Le second établissement européen permanent sur le sol des États-Unis est la colonie de St. Augustine, en Floride en 1565. Dès 1580, le roi crée la Floride occidentale (Alabama actuel) et orientale (Floride actuelle). Santa Fe est également fondée au début du XVIIe siècle (1610) dans l’actuel État du Nouveau-Mexique. La toponymie actuelle du sud-ouest des États-Unis est héritière de cette colonisation espagnole : Sierra Nevada, Los Angeles fondée en 1781, San Francisco… L’activité missionnaire commence au XVIe siècle et se heurte à la résistance des Amérindiens. À la fin du XVIIIe siècle, une mission est fondée à San Francisco et la chapelle existe toujours : à ce moment-là, les insurgés de la côte est proclamaient leur indépendance.

Arrivée des Français

Portrait de John van Cortlandt, Peintre américain de 1730, Brooklyn Museum

Au Canada

Vers 1630, la colonisation française se met en place tout au long du fleuve Saint-Laurent. En 1663, le Canada est baptisé « Nouvelle-France » et devient colonie du roi. Les Français sont moins nombreux que les colons anglais et contrôlent bien plus l’arrière-pays : ils s’enfoncent dans le Canada actuel par le Saint-Laurent, dans les États-Unis d’aujourd’hui par le Mississippi, à partir de son delta.

Dans la région du Mississippi

En 1673, le gouverneur de Nouvelle-France (Canada actuel) envoie une expédition conduite par Jacques Marquette et Louis Jolliet sur le Mississippi. En 1679, Cavelier de La Salle explore l’actuel Minnesota. C’est ainsi que les Français « encerclent » les possessions britanniques et veulent créer un empire faisant contrepoids à l’empire espagnol. Mais le roi de France engage peu de moyens pour contrôler efficacement ces territoires qu’il revendique plutôt qu’il ne les possède. Des centres de colonisation sont créés dans la région : en 1699, Biloxi (Mississippi actuel) ; en 1701, Détroit (Michigan actuel) ; en 1702, Mobile (Alabama actuel). En 1718, Jean-Baptiste Le Moyne, Sieur de Bienville fonde La Nouvelle-Orléans. Les Français revendique également la vallée de l’Ohio, sur le côté occidental des colonies britanniques de l’Atlantique. La Louisiane n’a jamais été une colonie de peuplement et la mise en valeur de cet immense territoire n’a pas été suffisante. Voltaire décrivait au XVIIIe siècle l’Amérique du Nord française comme un « pays couvert de glaces huit mois de l’année, habité par des barbares, des ours et des castors ».

L’éviction des Français

Par le traité d’Utrecht (1713), les Français perdent des territoires au Canada. Les Britanniques chassent les Acadiens de la Nouvelle-Écosse en 1755 ; ils se retrouvent dispersés dans toute l’Amérique. Leurs maisons sont brûlées pour décourager tout retour. Cet épisode porte le nom de « Grand dérangement ». À la suite d’une plainte d’un avocat américain de La Fayette, la reine Élisabeth II a reconnu la responsabilité de la Grande-Bretagne dans cette déportation. Les conflits militaires entre Français et Britanniques conduisent en 1763 à l’éviction des Français du Canada (voir l’article guerre de Sept Ans). Les Français partent définitivement du continent nord-américain (si l’on excepte Saint-Pierre-et-Miquelon) en 1803, lorsque Napoléon vend aux États-Unis la Louisiane, c’est-à-dire en fait un immense territoire couvrant tout le bassin du Mississippi, et non pas uniquement l’État de Louisiane actuelle. La langue (français cadien) et les toponymes ont gardé le souvenir de cette présence française : Détroit, La Nouvelle-Orléans (de plus en plus appelée New Orleans), Grand Téton, Saint Louis

D’autres Européens…

  • Les Hollandais établissent un comptoir commercial appelé Nouvelle-Amsterdam (1624) : il s’agit du site de New York.
  • Les Suédois fondent une colonie dans les États actuels du Delaware et de Pennsylvanie. Mais ils sont rapidement absorbés par les Hollandais.

La situation à la veille de la guerre d’indépendance (fin du XVIIIe siècle)

Des colonies hétérogènes

Les 13 colonies
  • Les colonies anglaises se sont constituées progressivement tout au long du XVIIe siècle, selon plusieurs modalités :
    • certaines sont des entreprises commerciales, dirigées depuis Londres par un « siège d’actionnaires », comme de nombreuses sociétés. Les colons sont envoyés en Amérique pour enrichir l’entreprise commerciale. Toutefois, ce genre de compagnie commerciale n’a jamais eu une exceptionnelle rentabilité, et finalement elles passent sous le contrôle du roi d’Angleterre.
    • d’autres colonies sont des colonies de peuplement à des fins religieuses, autorisées par le roi.
  • Des élites divergentes[3] :
    • Au nord, avec la réussite économique la théocratie puritaine se transforme. Une certaine homogénéisation du peuplement, des facteurs religieux communs et la réussite économique façonnent une mentalité particulière que l'historien Samuel Morisson perçoit comme les premiers « yankees ». Aussi conservateurs en morale et en religion que radicaux en affaires et en politique, les Yankees deviennent le stéréotype de l'américain du Nord-est.
    • Les élites du Sud sont surtout les gentlemen des plantations fascinés par le monde aristocratique. Aux îles comme en Amérique, la maison du planteur est le symbole à partir des années 1720 de la réussite sociale. Meubles anglais importés à grands frais, vêtements luxueux, majordomes témoignent de la volonté de paraître. Les familles envoient leurs enfants à Oxford ou Cambridge et pour les plus fortunés «le grand tour», c'est-à-dire la visite des hauts lieux culturel de l'Europe, s'impose.
  • D’autre part, la géographie distingue les différentes colonies britanniques de la côte atlantique :
    • Au nord de la Nouvelle-Angleterre, des sols impropres à l’agriculture mais de belles forêts ; les activités principales sont le commerce (Boston), la pêche et la chasse à la baleine.
    • Au sud de la Nouvelle-Angleterre, l’activité commerciale est intense grâce à l’Hudson. L’agriculture est plus facile.
    • L’économie de la région de la Chesapeake repose sur la culture du tabac, du blé et du maïs, qui sont exportés en Europe.
    • Les colonies du Sud vivent de l’exploitation du bois, de la riziculture et de l’indigo : ce sont des colonies de plantation utilisant une main-d’œuvre servile venue d’Afrique.
  • Sur le plan des institutions, les colonies sont surveillées par un gouverneur nommé par le roi ou par les propriétaires. Chacune possède deux chambres législatives, calquées sur le modèle anglais. C’est la loi anglaise qui détermine la justice. Les lois doivent être contresignées par le roi d’Angleterre.
  • Enfin les colonies américaines sont différentes sur le plan religieux.

Les causes de la guerre d’Indépendance américaine

Massacre de Boston, 1770

Les guerres franco-anglaises et franco-britanniques (1689-1763)

Les rivalités coloniales sont exacerbées et chaque camp utilise l’appui indien (Algonquins et Hurons par les Français ; Iroquois par les Britanniques). Les colonies britanniques pensent même à une union, une collaboration militaire entre elles pour faire face à l’hostilité française. À partir de 1756, les tensions américaines s’inscrivent dans le contexte troublé des relations européennes. Par le traité de Paris, la France cède l’ensemble de son empire colonial américain. Voulant ménager leurs alliés indiens, les Britanniques décident de fixer la limite occidentale de leurs colonies aux Appalaches. Tous les territoires à l’ouest sont déclarés indiens. Le Québec Act de 1774 étend cette province au nord de l’Ohio. Ces mesures mécontentent les colons américains.

L’esprit des Lumières

Les idées des philosophes européens du XVIIIe siècle pénètrent en Amérique par les villes du pays, où se tiennent des salons de discussion et des clubs. L’un des relais de cet esprit des Lumières est Benjamin Franklin et il faut souligner le rôle de la presse américaine dans la diffusion des nouvelles idées.

Proclamation de 1763

Article détaillé : Proclamation royale de 1763.
George III du Royaume-Uni

La Guerre de Sept Ans (1756-1763) qui opposa les puissances européennes, a vidé les caisses de la Couronne britannique. Alors que les Treize colonies étaient prospères sur le plan économique, l'Angleterre subissait une crise économique[4]. Londres décida qu'une partie des frais de guerre serait supportée par les colons américains.

Après le traité de Paris, la Grande-Bretagne a acquis les colonies françaises d'Amérique du Nord. La Proclamation royale de 1763 avait pour objectif d'établir et d'organiser l’empire colonial britannique dans cette région du monde. Il était également question pour la Couronne de pacifier les relations avec les Amérindiens. La Proclamation avait pour but d'apaiser les craintes indiennes d’une arrivée massive de paysans blancs sur leurs terres. En effet, les Treize colonies étaient bien plus peuplées que la Nouvelle-France ; les migrants européens, arrivés en nombre important, réclamaient de nouvelles terres pour vivre. « La Frontière » attirait les migrants comme les Écossais suivis par les Allemands[5]. L'épuisement des sols à l'est des Appalaches et la pression démographique accentuèrent la faim de terre des colons.

La Proclamation interdisait aux habitants des Treize colonies de s’installer et d’acheter des terres à l’ouest des Appalaches[6]. La Couronne se réservait par ailleurs le monopole dans l’acquisition des terres indiennes et le roi garantissait la protection des peuples indiens[6],[7]. Londres avait prévu la construction de forts britanniques le long de la limite de colonisation ; ce dispositif devait permettre le respect de la Proclamation mais aussi favoriser le commerce des fourrures avec les Indiens[6]. Le gouvernement britannique estimait que ces avant-postes assuraient la défense des Treize colonies et que leur financement revenait donc aux colons[6].

La Proclamation royale de 1763 souleva le mécontentement des colons américains qui s’étaient déjà implantés dans ces territoires indiens. Ils devaient rendre la terre et revenir dans les Treize colonies. Certains étaient persuadés que le roi souhaitait cantonner les colons américains sur la bande littorale afin de mieux les contrôler[6]. Les colons refusaient de financer la construction et l’entretien des avant-postes royaux sur la ligne définie par la Proclamation. L'éviction des Français du Canada en 1763 assurait la sécurité des Treize colonies qui estimaient ne plus avoir besoin de la protection militaire anglaise[8].

Lois fiscales

À partir de 1764, le Parlement britannique, influencé par le ministre des finances George Grenville, décide d’imposer une série de taxes aux colons. Le Sugar Act ("loi sur le sucre", 1764) est la première de ces lois qui vont provoquer la colère des marchands américains. En 1765, le Parlement vote le Quartering Act ("loi sur le cantonnement") qui prévoit la réquisition des logements et le gîte pour les soldats britanniques stationnés en Amérique du Nord. Puis Londres impose le Stamp Act ("loi sur le timbre", 1765), la plus impopulaire de toutes dans les colonies américaines. Elle requiert l’achat d’un timbre fiscal qui devait figurer sur les journaux, les livres, les documents officiels… Cette politique a pour objectif de financer l’entretien des troupes britanniques en Amérique du Nord. En réaction, les colons forment un congrès contre le "loi sur le timbre" (Stamp Act Congress) qui se réunit en octobre 1765. Cette assemblée envoie une pétition au roi et au Parlement britannique afin de réclamer la suppression de la loi. Les Américains estiment injuste de payer de nouvelles taxes à la Grande-Bretagne, alors qu’ils ne sont pas représentés au Parlement de Londres. Ils revendiquent ainsi leur participation à la vie politique britannique et se rangent derrière le slogan "Pas de taxe sans représentation" (No taxation without representation). Pour faire pression sur la métropole, les marchands organisent le boycott des produits anglais. Des émeutes éclatent à New York à proximité des bureaux de vente des timbres fiscaux. À Boston, un club de propagande secret appelé les fils de la liberté (Sons of Liberty) dirigés par Samuel Adams, détruit la maison du gouverneur Thomas Hutchinson. Le Parlement britannique finit par reculer en abrogeant le Stamp Act mais vote le Declaratory Act qui réaffirme le droit de la Grande-Bretagne à lever des taxes en Amérique, sans que les colons soient représentés à Londres. En 1767 sont votés les Townshend Acts qui appliquent des taxes sur les marchandises importées par les 13 colonies. Elles portent sur le thé, le verre, la peinture, le plomb et même le papier. Les Américains menacent à nouveau de boycotter les produits britanniques : le Parlement annule les taxes sauf sur le thé mais refuse toujours de reconnaître une représentation politique des Américains. En 1773, le Parlement passe le Tea Act ("loi sur le thé") qui exempte la Compagnie des Indes orientales de toute taxe sur thé provenant d’Inde. La compagnie de commerce britannique dispose donc d’un privilège qui semble insupportable aux colons. Un groupe déguisé en Indiens s’en prend alors à la cargaison d’un navire britannique en décembre 1773 : la partie de thé de Boston (Boston Tea Party) est l’un des épisodes les plus célèbres de la rébellion américaine.

La Partie de thé de Boston (1773)

La réaction du Parlement ne se fait pas attendre : il passe les Coercive Acts (« Lois coercitives »)que les colons rebaptisent « lois intolérables » (Intolerable Acts). Le pouvoir de la législature du Massachusetts est réduit et le port de Boston est autoritairement fermé. Les lois sur le cantonnement sont élargies aux habitations privées. Les officiers britanniques sont jugés par un jury britannique et non colonial.

La population d’Amérique n’accepte pas les restrictions imposées au commerce. Les colons se sentent alors victimes du despotisme britannique : en 1770, cinq colons sont tués par les Britanniques après des émeutes. À partir de 1773, ils se révoltent et proclament leur indépendance le 4 juillet 1776.

Notes et références

  1. Source : Le voyage de Giovanni da Verrazano à la Francesca (1524), in Jacques Cartier, Voyages au Canada, éd. La Découverte.
  2. Source : André Kaspi, Les Américains, tome 1 Le Seuil, collection Point Histoire
  3. Samuel Eliot Morisson, The Oxford History of the American People, 1972
  4. Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005, p.26
  5. Maurice Crouzet, Histoire générale des civilisations, tome V, 1953, p.320
  6. a , b , c , d  et e (en) Thomas Kindig, « Proclamation of 1763 », 1999-2007, Independence Hall Association. Consulté le 26-06-2007
  7. (en) The Royal Proclamation - October 7, 1763, The American Revolution. Consulté le 16-02-2008
  8. Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, (ISBN 2253064572), 1993, p.513

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Éditions Ellipses, Paris, 2003 (ISBN 2-7298-1451-5) 
  • Daniel Boorstin, Histoire des Américains, Éditions Robert Laffont, Paris, 2001 (ISBN 2-2210-6798-3) 
  • Bernard Cottret, Lauric Henneton, Bertrand Van Ruymbeke, Jacques Pothier (éd.), Naissance de l’Amérique du Nord, Actes fondateurs 1607-1776, Paris, Indes savantes, 2008.
  • George-Hébert Germain, Les coureurs des bois - la saga des Indiens blancs d’Amérique, Éditions Libre Expression, Québec, 2003 (ISBN 2-7648-0060-6) 
  • André Kaspi, Les Américains, vol. 1 : 1607-1945, Éditions du Seuil, Paris, 1996 (ISBN 202009360X) 
  • Pierre Lagayette, Les grandes dates de l’histoire américaine, Hachette Livre, Paris, 2001 (ISBN 2011454891) 
  • Jean-Pierre Martin, Daniel Royot, Histoire et Civilisation des États-Unis 
  • René Remond, Histoire des États-Unis, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », Paris, 2003 (ISBN 2130533582) 
  • Bernard Vincent, Histoire des États-Unis, Flammarion, Paris, 1998 (ISBN 2080813765) 
  • Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours, Éditions Agone, Paris, 2003 (ISBN 2-9108-4679-2) 

Bibliographie pour les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles :

  • Samuel Eliot Morison, The Oxford History of the American People, 1972
  • Carole Shammas, The Pré-Industrial Consumer in England and América, Oxford, 1990
  • William Bradfordsous la direction de Lauric Henneton, Histoire de la Colonie de Plymouth : Chroniques du Nouveau Monde, 1620-1647, Labor & Fides, 2004 (ISBN 2830911156) 
  • Gilles Havard et Cécile Vidal, Histoire de l’Amérique française aux XVIe-XVIIe siècles, Flammarion, Paris, 2003 (ISBN 2082100456) 
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