- Norembergue
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Le pays de Norembergue (en latin Norumbega ou Nurumbega) est un comptoir imaginaire du nord-est de la côte d'Amérique du Nord, dont l'évocation est depuis la fin du XIXe siècle intimement liée aux récits de voyage des Vikings au Vinland. Comme le pays de Cathay, c'est une région semi-légendaire dont le nom masquait les lacunes géographiques des Anciens.
Sommaire
Description et localisation
Une des plus anciennes mentions de ce nom apparaît sous la plume du pilote Jean Alphonse (1559) lorsque ce dernier rapporte qu'il a accosté quelque part au sud de Terre-Neuve, à l'embouchure d'un grand fleuve :
- « En la mer de ce cap en l'Est-sudest, y ha trois ou quatre isles, & d'elles sort un banch, qui va au Nortest & Sudoest, une partie à Oest-sudoest, plus de huit-cents lieues, & passe bien quatre-vingts lieues de la terre neufve, & de la terre des Bretons trente ou quarante lieues. Et d'icy va tout au long de la coste iusques à la rivière de Norembergue, qui est nouvellement descouverte par les Portugalois et Hespagnolz... Passé l'île de Saint Jehan, tourne la coste à l'Oest & Oest-sudoest, jusques à la riviere de Norembergue nouvellement descouverte, qui est à trente degrez. Aucuns disent qu'il y ha passage, mais on ne le sçait encor' au vray, car la mer n'ha pas esté toute descouverte. Ceste riviere ha en son entree beaucoup d'isles, banchs et roches. Au-dedans bien quinze ou vingt lieues est bastie une grande ville, où les gens sont petis et noirastres, comme ceux des Indes, & sont vestus de peaux, dont ilz ont grande habondance, & de toutes sortes. En ceste riviere vient mourir le banch de Terre-neufve. Passé ceste riviere, tourne la coste à l'oest & Oest-nortoest plus de deux cent cinquante lieues, qui ha beaucoup d'isles, & est bien saine, & dit lon qu'il y ha de bons ports, comme ceux de Norembergues[1]. »
Ce nom apparaissait souvent sur les premières cartes d'Amérique du Nord, au sud de l'Acadie à peu près à l'emplacement de l'actuelle Nouvelle-Angleterre. On désignait par « Norumbega » une grande et opulente cité indienne, et par extension toute la région alentour.
À l'été 1604, Samuel de Champlain longe les côtes du Maine et tente de localiser « Norembegue » :
- « De la riviere de Saincte-Croix continuant le long de la coste faisant environ 25 lieues, passasmes par une grande quantité d'isles, bancs, battures & rochers, qui jettent plus de quatre lieues à la mer par endroits, que je nommai les Isles Rangées... & passai proche d'une isle qui contient environ 4 ou 5 lieues de long. (...) Je l'ay nommée l'isle des Monts-Deserts. La hauteur est par 44 degrez et demi de lattitude. Les sauvages de ce lieu ayant fait alliance avec nous, ils nous guiderent en leur riviere de Pemetegoit, ainsi d'eux appellée, où ils nous dirent que leur Capitaine, nommé Bessabez, estoit chef d'icelle. Je croy que ceste riviere est celle que plusieurs Pilotes & Historiens appellent Norembegue, & que la plus-part ont escrit estre grande et spacieuse, avec quantité d'isles, et son entrée par la hauteur de 43 degrez & 3/4 & demy, & d'autres par les 44 degrez, plus ou moins de latitude.[2]. »
Ce nom évoquait une antiquité poétique qui faisait défaut à la Nouvelle-Angleterre : en 1886, Joseph Stearns, l'inventeur du télégraphe duplex, fit édifier un « Château de Norumbega » qui existe toujours à Camden, Maine. À la fin du XIXe siècle, Eben Norton Horsford tenta de mettre en rapport le nom et la légende de Norumbega avec les sites archéologiques amérindiens et même les camps Vikings. On trouve une abondante littérature sur ce thème, mais peu de faits. L'Encyclopedia Britannica (éd. de 1911) voyait dans Bangor (Maine) le site originel de Norumbega, invoquant à l'appui l'autorité de « certains savants ». La question est retombée dans l'oubli ces dernières années, et Norumbega est considéré comme un pays mythique.
Sur la carte de l'Amérique du Nord dressée en 1529 par Girolamo da Verrazzano, le pays de Norembergue apparaît avec la graphie Oranbega, un mot qui dériverait du dialecte Abénaquis de Nouvelle-Angleterre, souvent traduit comme « havre entre les rapides » ou « eau dormante ».
Liens externes
- (en) Le musée Davistown : bibliographie des explorations Précolombiennes de l'Amérique du Nord : nouveau regard sur les anciens comptoirs de Maine Norumbega et la diaspora Wawenoc
- (en) Leif Erikson a-t-il jamais vécu à Cambridge, Massachusetts?
Anecdotes
- Dans le jeu en réseau City of Heroes, Oranbega est le nom d'une ancienne cité construite par les premiers membres du Cercle des épines. Ce qui a l'apparence d'un amas de ruines est en fait la résidence des fantômes du Cercle. Les missions impliquant le Cercle des épines ont très souvent pour théâtre Oranbega.
Notes et références
- Poitiers, impr. Marneffe et Bouchet, p. 29 « Voyages avantureux du capitaine Jan Alfonce, Sainctongeois », 1559,
- Samuel de Champlain, Œuvres, vol. 3, C.-H. Laverdière pour l'Université Laval (Québec) (réimpr. Seconde éd. du Seminaire par Geo.-E. Desbarats, 1870), p. 30-32 D'après
Pour en savoir plus
- DeCosta, B.F. 1890. Ancient Norumbega, or the voyages of Simon Ferdinando and John Walker to the Penobscot River, 1579-1580. Joel Munsell's Sons, Albany, NY
- R. H. Ramsay, 1972. No Longer on the Map'
- Baker, Emerson W., Churchill, Edwin A., D'Abate, Richard S., Jones, Kristine L., Konrad, Victor A. and Prins, Harald E.L., editors, 1994. American beginnings: Exploration, culture, and cartography in the land of Norumbega (University of Nebraska Press)
- Diamond, Sigmund. (April 1951). "Norumbega: New England xanadu" in The American Neptune vol. 11. pp. 95-107.
- 1941 edition of the Columbia Encyclopedia
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