Gratentour

Gratentour

43° 43′ 19″ N 1° 25′ 56″ E / 43.7219444444, 1.43222222222

Gratentour
Armoiries
Administration
Pays France
Région Midi-Pyrénées
Département Haute-Garonne
Arrondissement Arrondissement de Toulouse
Canton Canton de Fronton
Code commune 31230
Code postal 31150
Maire
Mandat en cours
Paul Franchini
2008-2014
Intercommunalité Communauté urbaine du Grand Toulouse (2011)
Démographie
Population 3 662 hab. (2007)
Densité 895 hab./km²
Gentilé Gratentourois
Géographie
Coordonnées 43° 43′ 19″ Nord
       1° 25′ 56″ Est
/ 43.7219444444, 1.43222222222
Altitudes mini. 123 mmaxi. 194 m
Superficie 4,09 km2

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Gratentour est une commune française située dans le département de la Haute-Garonne et la région Midi-Pyrénées.

Ses habitants sont appelés les Gratentourois.

Sommaire

Blason

Blason : De sable à la bande d'or.

Géographie

Commune de l'aire urbaine de Toulouse située dans son pôle urbain à 14 km au Nord de Toulouse.

Histoire

ILAncien régime

Les origines du village de Gratentour remontent à la fondation de la paroisse de Castelginest, fondée au Xe siècle siècle sous le nom de « VILAYGON » avant de devenir « CASTELLUM-GINESTRUM ». Les archives nous révèlent en effet la construction dune église dédiée à Saint Pierre située au croisement de la route de Bruguières et du chemin de Belbosc. Au XIe siècle, les textes mentionnent la création dun hameau appelé « BOVILAR » sur lemplacement actuel de Gratentour, qui fait alors partie de la paroisse de Saint-Pierre de Vilaygon.

À cette époque, Toulouse compte près de 20 000 habitants mais cest une grande ville pour lépoqueElle est dirigée par un comte, Raymond IV, qui meurt en Terre sainte le 28 février 1105 devant Tripoli (Liban), pendant la première croisade. À lannonce de sa mort, une guerre de succession secoue la région de Toulouse. Mais le peuple toulousain sen mêle et hisse le fils cadet de Raymond IV, Alphonse Jourdain, au pouvoir comtal. Ce dernier, reconnaissant (ou obligé !), baisse taxes et impôts. Il doit donc composer avec la population, ou du moins la bourgeoise marchande de la ville. À sa mort, une administration de 8 capitulaires, ancêtres des conseillers municipaux, est créée. Sous la houlette du pouvoir comtal, elle a la charge de règlementer les échanges et de faire appliquer les lois. Ce sont les Capitouls, dont les premiers actes datent de 1152. En 1176, ils sont douze, chacun représentant un quartier de Toulouse, ou un faubourg. Le pouvoir des capitouls sopposa rapidement à celui du comte Raimond V, fils dAlphonse Jourdain. Les Toulousains furent divisés sur le sujet, et cest après 10 ans de lutte, en 1189, que le conseil municipal obtint la soumission du comte. En 1190 débuta la construction du futur Capitole, la maison commune, le siège du conseil municipal. Maintenant au nombre de 24, et vraisemblablement élus, les Capitouls soctroient les droits de police, de commerce, dimposition et provoquent des conflits avec les villes voisines. Toulouse en sortira généralement vainqueur, étendant ainsi la domination de la patria tolosana. Malgré lintervention du pouvoir royal qui impose un parlement chargé de faire appliquer les lois, ladministration des Capitouls fera de Toulouse une ville relativement indépendante pendant près de 600 ans, jusquà la Révolution.

Nous sommes maintenant en lan 1226, au début du règne de Saint Louis, juste après la terrible guerre contre le catharisme qui ravagea la région. Ce conflit a également renforcé lautorité des capitouls face au comte de Toulouse qui leur a abandonné ses dernières prérogatives. Cette année-, un document établit le Gardiage de Toulouse, c'est-à-dire les limites de lautorité des Capitouls. Tout au nord du territoire, on trouve « GARATENTORN », une annexe au prieuré de Castelginest, lequel dépend de labbaye de Saint Sernin.

Ce nom contient deux mots occitans, « garat » (lieu protégé) et « entorn » (tout autour). Le petit hameau du XIe siècle siècle a grandir pour devenir une ferme fortifiée, profitant de sa localisation privilégiée sur les hauteurs dominant Toulouse. Le lieu appartient à la famille de Paulo, famille de notables toulousains anoblie au XVe siècle siècle, qui possédait plusieurs autres domaines dans la région, notamment celui du Mas de Cepet. La famille donne à Toulouse un Capitoul, S. de Paulo, qui siège au capitole de 1589 à 1590. Antoine de Paulo, à Toulouse vers 1551, devint grand-maître de lOrdre de Malte, et son frère, Jean de Paulo, président du parlement.

Dans le comté de Toulouse, les représentants locaux étaient désignés sous le nom de Prudhommes. Ils choisissaient annuellement quatre candidats dont les noms étaient présentés au Chapitre de lAbbaye de Saint-Sernin, le samedi avant Notre-Dame de septembre. Le Chapitre choisissait deux noms et envoyait un délégué à Gratentour à la fête de saint Michel, pour recevoir le serment des nouveaux élus qui, plus tard, prirent le nom de consuls. Ces magistrats étaient à peu près ce que sont aujourdhui les maires et les adjoints.

Dans ce village fortifié (le centre de Gratentour se nomme depuis toujours « Le Fort ») se trouvent creusés des couloirs souterrains avec des banquettes pour abriter les vivres et objets précieux en cas de danger. Ces souterrains, allant du Sud au Nord, aboutissent à deux grands puits creusés dans le roc, ils doivent remonter à lépoque des guerres de religion. Cétaient tout simplement les silos que lon trouve en beaucoup de demeures de cette époque lon cachait les grains et les objets susceptibles dêtre pillés pendant les guerres civiles du XVIe siècle.

Ces guerres commencèrent dans cette région en 1567. Les protestants de Montauban sétant rendus maîtres de Grenade, de Buzet et autres places, vinrent entourer la ville de Toulouse. Leurs chefs Roger de Comminges, vicomte de Bruniquel, Bertrand de Rabastens, vicomte de Paulin ; Antoine, vicomte de Monclar, le vicomte de Caumont, réunirent sept mille hommes ; Rouergats et Quercinois prirent Fronton le 18 octobre et, après lavoir incendié, passèrent en Rouergue et allèrent rejoindre la grande armée protestante de Condé et de Coligny.

Le Parlement de Toulouse demanda et obtint du roi linterdiction du culte protestant dans toute létendue de la Sénéchaussée. Lorsque Philibert de Rapin, maître dhôtel du prince de Condé, un des fauteurs de la rébellion de 1562, vint à cde chez son beau-père, le seigneur dOndes, le Parlement le fit arrêter et décapiter sur la place Saint Georges, à Toulouse, le 13 avril 1568. Les protestants refusèrent dévacuer les places occupées ; ils répondirent au meurtre de Rapin par deffroyables représailles. Ils mirent à sac les environs de Toulouse y compris Gratentour, détruisirent les maisons des officiers du Parlement après avoir écrit sur leurs ruines : « Vengeance de Rapin ». Léglise de Gratentour est ainsi pillée et brûlée en 1570. Elle est reconstruite après une ordonnance épiscopale de 1593.

Ce nest quavec la montée sur le trône du roi Henri IV que les guerres de religion séteignent peu à peu en France. On ne trouve aucun document qui mentionne quoi que ce soit dexceptionnel sur Gratentour pendant les règnes de Louis XIII (1614-1643) et Louis XIV (1643-1715), si ce nest lidentité du seigneur de lépoque, Messire François de Viguerie, doyen du parlement de Toulouse, mentionné dans un document de 1685. Cest dans un document de 1696 que lon trouve les armoiries de Gratentour, de sable sur une bande dor.

Comme partout en France le village souffre durement du « grand Hyver », période de froid exceptionnelle qui sévit de 1708 à 1709 et fit en France autant de morts que la Guerre de 14-18, dans un pays alors deux fois moins peupléUne tradition orale rapporte quon entendait du village les aubiers des arbres de Belbosc éclater sous laction du gel ! Le début du XVIIIe siècle est marqué par des années de grêle 1712, 1713 et 1718, qui réduisent fortement les récoltes de raisin : la vigne est en effet la principale culture de la commune, plus encore que le blé. En 1715 meurt le Roi Louis XIV et lui succède son arrière-petit-fils Louis XV, après huit années de régence de Philippe dOrléans, qui, aidé de son principal ministre labbé Dubois, parvient à mettre fin aux incessantes guerres européennes du Roi Soleil qui causaient la ruine des campagnes françaises.

Cest une période de paix et de relative prospérité qui souvre avec le règne effectif de Louis XV qui prend fin en 1774, auquel succède son petit-fils Louis XVI dont le règne est marqué par une sérieuse dégradation des finances publiques, mises à mal par le soutien aux insurgés américains.

À Gratentour, les documents nous apprennent que la communauté réalise des aménagements routiers qui font quadrupler les dépenses de la communauté en cent ans. Gratentour participe également à laménagement des berges de lHers-Mort après 1750. Les recettes fiscales viennent de la taille, limpôt foncier dont la majorité du produit est en fait acquitté par une poignée de gros propriétaires dont le seigneur local, Ollivier marquis du Faget.

En 1782, on compte alors 270 habitants. On découvre que le village se décide à fournir à ses consuls le chaperon « règlementaire » que leur charge leur donne droit de porter. Par délibération du 16 décembre 1787, lassemblée communale décide lachat de ces effets, qui coûtent 9 livres et 5 sols pièce

On apprend également la suppression sur décision des autorités ecclésiastiques de la fête de sainte Quitterie, célébrée par la communauté de Gratentour tous les 22 mai, lon se rendait en procession à Notre-Dame de la Grâce de Bruguières. Le Conseil général de Gratentour, dans sa séance du 19 avril 1789, demanda leur rétablissement à Monseigneur et en son absence, aux Vicaires généraux, « afin dobtenir de la miséricorde de la Sainte Vierge Marie et de sainte Quitterie les grâces nécessaires pour la conservation des fruits de la terre, et pour la paix et tranquillité publique pour pouvoir vivre tous ensemble dans une parfaite union et concorde ». La protection de sainte Quitterie se révèlera toutefois insuffisante pour préserver Gratentour des troubles que la révolution allait provoquer dans le pays

II - La période révolutionnaire (1789-1799)

Devant la faillite des finances publiques, Louis XVI se résout à convoquer les États généraux le 5 mai 1789 pour demander de lever de nouveaux impôts. Les députés du tiers état se déclarent assemblée constituante et jurent lors du serment du jeu de paume le 20 juin 1789 de donner une constitution à la France. Le Roi, après avoir tenté de résister, cède et invite les députés de la noblesse et du tiers état à se joindre à eux.
Dans les campagnes, cette nouvelle est accueillie avec enthousiasme. Mais une curieuse rumeur se répand : des brigands seraient recrutés par les nobles pour couper les blés et anéantir les récoltes. La « grande peur » des brigands se propage comme une traînée de poudre dans le pays, accompagnée du saccage de demeures daristocrates ( les paysans en profitent surtout pour brûler les vieilles chartes contenant des droits féodaux des aristocrates, privilèges les plus décriés dans les cahiers de doléances par la population). De çà et , on assiste à quelques exactions contre de supposés bandits. Le 31 juillet 1789, la grande peur gagne Montauban, le lendemain elle est à Toulouse.
Le premier août 1789, on annonce que les brigands sont à Montauban, puis à Villemur et quils se dirigent sur Toulouse en brûlant tout sur leur passage. Le chevalier de Cambon, chef de la garde bourgeoise de Toulouse récemment crée le 27 juillet, part à leur rencontre en faisant sonner le tocsin dans les villages afin de mobiliser les paysans. Une colonne de gens armés de fourches se constitue à Gratentour et part vers une troupe qui est aperçue : il sagit en fait de gens de Bruguières partis tout comme eux pour le même motifOn se rassure et on rentre chez soi, découvrant que les bandits nexistaient que dans limagination de ceux qui en propageaient la rumeur. Quoi quil en soit, cest pour calmer ces émeutes qui gagnent le pays que lassemblée nationale décrète le 4 août 1789 labolition des privilèges, puis institue la déclaration des droits de lhomme et du citoyen le 26 août 1789 que Monsieur Cols, le consul de Gratentour, fait retranscrire sur le registre des délibérations de la commune.
Le 12 novembre 1789, lAssemblée nationale constituante décrète la création dune municipalité dans chaque ville, bourg, paroisse ou communauté de campagne. La commune de Gratentour est donc crée sur instruction du 12 décembre 1789 et Monsieur Cols, consul, devient ainsi le premier maire de la commune, élu pour un mandant de deux ans par les « citoyens actifs », c'est-à-dire les contribuables payant au moins un impôt équivalent à trois journées de travail
Le 20 avril 1790, le roi Louis XVI décida, dans sa lettre patente, que les maires et officiers municipaux porteraient une écharpe tricolore quand ils seraient dans lexercice de leurs fonctions. Monsieur Cols proposa de faire lachat de quatre écharpes, dun drapeau, de tambours et autres objets nécessaires pour la formation dune légion quon voulait établir dans la communauté. Pour se procurer les fonds et pourvoir aux frais de cierges nécessités par la procession annuelle à la chapelle Notre-Dame de Bruguières. il fut vendu aux enchères sept vieux ormeaux qui produisirent «  la somme de deux cent vingt-huit livres un sol », somme qui fut totalement absorbée par les divers achats cités plus haut. Jacques Cols sera remplacé en 1791 par Yves Caranave.

Le pape a condamné les réformes sur le clergé décidées par lassemblée constituante et qui fait des prêtres des fonctionnaires détat, devant prêter serment à la nation, à ses lois et au Roi. Un début de guerre religieuse se rallume entre les catholiques fidèles au pape et les partisans dune société plus laïcisée. Mais surtout, le Roi accepte mal le jeu de la monarchie constitutionnelle et laventure désastreuse de sa fuite à Varennes en juin 1791 conduit à sa marginalisation, puis à sa destitution et la proclamation de la République en septembre 1792. La monarchie constitutionnelle a vécuÀ Gratentour, un nouveau maire, Antoine Fournier, est désigné.

Une convention est élue et cette nouvelle assemblée va gouverner la France via ses comités exécutifs, le plus important étant le comité de salut public. La république est alors fragile et menacée par les armées étrangèresLe 13 août 1792 se constitue alors à Gratentour une « société des amis de la République », qui compte à ses débuts 38 adhérents, plus un venant de Cépet. Parmi ceux-ci, un certain Jean Coustal, fils de propriétaire foncier. Fin lettré, cet homme va rapidement tirer profit de la situation politique pour simposer comme secrétaire-greffier non seulement de Gratentour mais aussi de communes voisines. Ses relations avec les représentants toulousains du comité de salut public (au premier rang desquels le citoyen Descombel, vice-président de la société populaire) lui permettront dobtenir un pouvoir considérable.

Le 12 février 1793, le Directoire départemental de la Haute-Garonne décide dorganiser une manifestation pour la République. Lui emboîtant le pas, lors du Conseil de la commune de Cépet, du 28 février 1793, le maire prit la parole en ces termes : « il faut agir de la même manière que Toulouse la plus auguste et la plus imposante, joie de détruire tous les germes de tyrannie, maintenir la République une et indivisible, ou mourir en la défendant, et se montrer jaloux de suivre un si bel exemple. » Sa proposition qui ne pouvait quêtre adoptée par lAssemblée, était « dinviter la municipalité de Gratentour », à instituer dun commun accord, le dimanche suivant, la même fédération quà Toulouse et dy inviter les deux pelotons de la Garde nationale de Cépet et de Gratentour ainsi que la «  Société des Amis de la République à Gratentour», que domine Jean Coustal. Cette réunion «  électriserait lâme des patriotes et porterait la désolation dans le cœur des aristocrates ».

À Paris, un certain Maximilien de Robespierre entre au Comité de salut public le 27 juillet 1793 et va rapidement en prendre le contrôle avec ses partisans. Sous son impulsion, les libertés publiques seront suspendues et le pays va vite basculer dans la guerre civile. Plus particulièrement, il fait fermer les églises le 24 novembre 1793 et instituer le « culte de lêtre suprême » destiné à remplacer la religion catholique. Plusieurs églises dans le pays, dont celle de Gratentour, sont alors transformées en « temple de la raison ».

Nous avons pendant cette période le compte-rendu dune fête révolutionnaire, organisée conjointement avec Cepet. Le 28 frimaire An II (18 décembre 1793), les citoyens qui composaient les deux pelotons se rendaient sur la place de la commune lon avait élevé un autel à la Patrie, dont ils faisaient le tour en lui présentant les armes et en criant « Vive la République ! » Puis les deux municipalités, escortées des deux pelotons de la Garde nationale, se rendirent « vers le lieu ou la Société des Amis de la République de Gratentour était rassemblée ». Après les salutations dusage, « les citoyens se rendaient à nouveau en corps vers lautel de la Patrie autour duquel, tour à tour », le citoyen maire de Cépet, le procureur de la commune de Gratentour, le capitaine de la Compagnie de la Garde nationale exaltaient en des discours enflammés les Droits de lHomme et les Devoirs du Citoyen et tous prêtaient le serment «  de défendre jusquau dernier soupir, la liberté, légalité, la souveraineté du peuple français dans son intégrité, lunité et lindivisibilité de la République et de dénoncer comme ennemis publics tous ceux qui tiendraient une conduite opposée à ces principes. »

Nous savons aussi que la veille (le 17 décembre 1793), la société des amis de la République a communiqué une liste de citoyens jugés aptes aux fonctions publiques. Tous sont des agriculteurs sauf Jean Coustal, qui a bien pris soin dy faire figurer des gens qui ne puissent lui faire ombrageRien ne semble stopper lascension de ce nouveau notable local qui ambitionne des fonctions régionales.

Mais la République en décide autrement : des commissaires toulousains, délégués par la pouvoir central, essaiment la campagne dans le but dy épurer les pouvoirs locaux. Ils mettent en accusation le nouveau Maire Joseph Caussaune, qui est destitué pour ne pas prendre sa fonction avec assez de sérieux, et remplacé par Jean Charles Cluzet. Jean Coustal, accusé davoir usurpé de sa fonction de secrétaire greffier pour toucher de largent, est destitué de sa fonction mais conserve quelques partisans à la société des amis de la révolutionIl se fait également révoquer de la même fonction quil occupait à Lespinasse.

Le pouvoir de Robespierre se durcit le 10 juin 1794 par le vote dune loi qui rend encore plus expéditives les procédures de justice contre les ennemis de la république, dont les procès ne comportent que deux issues : lacquittement ou la mort. La guillotine tue de nombreux aristocrates mais plus encore ceux soupçonnés dêtre les ennemis du pouvoirUn vieux noble de Gratentour, Guillaume de Guibert Renery, est ainsi arrêté et déféré à Paris devant le tribunal révolutionnaire qui le guillotine le 25 juillet 1794 malgré ses 84 ans. Cest ironiquement deux jours plus tard quune révolution de palais chasse Robespierre du pouvoir et met fin à ces excès. La chute du tyran délie les langues et une contre-terreur sinstalle à lencontre de ses anciens partisans. Les adversaires de Jean Coustal redressent la tête

Après la chute de Robespierre, une nouvelle constitution est instituée. Craignant le retour de la tyrannie, on installe à sa tête une direction collégiale de cinq Directeurs aux pouvoirs égaux. Ce nouveau régime connu sous le nom de Directoire perdurera jusquen 1799. La dispersion des pouvoirs engendrera une grande corruption et lanarchie. La banqueroute financière de lÉtat ne sera évitée que par la vente des biens de lÉglise et ceux des ennemis de la Révolution, tout comme par le produit des prises de guerre sur les pays conquis. La question religieuse nest toujours pas réglée et la guerre civile se poursuit, pour ne pas parler de la guerre contre les puissances étrangères qui mobilise dénormes ressources

Le 13 décembre 1794, nous apprenons ainsi que trois membres de la société populaire de Toulouse (Messieurs Géraud, Meilbon et Savy) viennent à Gratentour pour doper le zèle des amis de la révolution locaux, et également pour ramener avec eux des objets métalliques pour les canons de larmée des Pyrénées. On prend dans léglise « Deux croix de mission en fer, six chandeliers de laiton, un lustre, moitié laiton, moitié fer, une croix de laiton, le fer et le bois restant des cloches transportées depuis peu de temps à ToulouseOn se sert aussi dans les maisons des suspects : chez un certain Duclos, on saisit « Une plaque de tôle, deux candélabres de laiton, un chaudron, deux paires de chenets, une pelle et des pinces. » Dans le château du Faget, père dun émigré et reclus en vertu de la loi, on prend « un grand chaudron de cuivre, de gros chenets de fer, une plaque de tôle, une fontaine en cuivre, deux paires de chenets de laiton, une pelle, deux petites barres de fer, enfin tout le linge de léglise qui servait au culte. »

La sacristie de léglise de Gratentour est transformée le 16 janvier 1795 par le maire Jean Charles Cluzet en maison commune. Quelques jours plus tard, la municipalité organise le 21 janvier la célébration de « la juste punition du dernier roi de France ». Le 9 juin 1795, le conseil municipal fait désarmer Jean Coustal et le met en accusation comme « intrigant local «  et « terroriste ». Prudent, celui-ci juge bon de sexiler à Toulouse en attendant la suite des évènementsLe 2 février 1796, le gouvernement ordonne la création de la Garde nationale et une compagnie est créé à Gratentour avec les hommes du petit village voisin de Castillon (aujourdhui disparu).

En 1797, un nouveau maire, Pierre Salles, est nommé par le préfet. Le régime du directoire senlise et la ferveur révolutionnaire sémousse sérieusement, malgré les nombreuses fêtes révolutionnaires obligatoires pour célébrer les vertus de la RépubliqueOn fête ainsi à Gratentour la souveraineté du peuple le 20 mars 1798, la prise de la Bastille le 14 juillet, puis la fin de la terreur le 27 juillet.

IIIDu Premier au Second Empire (1799-1870)

Il y bien peu de voix qui sélèvent contre le coup dÉtat du général Bonaparte le 9 novembre 1799 qui met fin au régime corrompu du directoire. Le pays est repris en main et les municipalités nouvelles ne sont plus élues, mais nommées par le gouvernement via ses préfets. À Gratentour cest un certainJean Coustal qui est choisi, provoquant sans nul doute quelques grincements de dents. Mais la population voit surtout la fin de la guerre religieuse avec le rétablissement du culte catholique dans léglise du village, qui reçoit une bénédiction de réconciliation le 23 septembre 1800 destinée à effacer la profanation du temple de la raison.

En 1802, Jean Louis Cols est nommé maire et jurera ainsi obéissance aux Constitutions de lEmpire, qui est institué en 1804, et fidélité à lEmpereur. Le nouveau régime est largement soutenu par les paysans qui sont sollicités par de nombreux plébiscites pour apporter leur soutien au régime. Cependant, avec les défaites militaires, la mobilisation de jeunes recrues amène à la multiplication dinsoumis qui se cachent dans les campagnes afin déchapper au service militaire

En 1814, larmée britannique venue dEspagne envahit la vallée de la Garonne et le village de Gratentour fut occupé par les Anglais. Un détachement de hussards y séjourna que quelques heures; ils furent suivis de plusieurs batteries dartillerie dont on montre encore lemplacement au château du Coustela, propriété de la baronne de Fournas. Les communes devaient pourvoir à la subsistance des troupes étrangères, moyennant paiement en bonnes espèces de monnaie espagnole. Le maréchal Wellington, commandant des troupes britanniques, espagnoles et portugaises, lance un assaut contre Toulouse le 10 avril 1814, qui est défendue par les troupes du maréchal Soult. Les assaillants sont repoussés mais la ville est finalement évacuée par les Français.

Les royalistes toulousains paradent, le frère de Louis XVI, Louis XVIII, est alors porté sur le trône par les armées coalisées et en est chassé par Napoléon pendant lépisode des Cent-Jours. Lempereur est définitivement exilé après la défaite de Waterloo et Louis XVIII revient au pouvoir, gouvernant avec une certaine modération malgré les excès dultra-royalistes qui ont une revanche à prendre après tant dannées dexilSi à Toulouse la restauration engendre quelques troubles, rien de tel ne se déroule à Gratentour le maire Jean Louis Cols reste en fonction jusquen 1816, il est remplacé par Jean François Duroux qui doit jurer fidélité au Roi, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume.

Louis XVIII meurt en 1826 et est remplacé par son frère qui prend le nom de Charles X. Cest un homme peu porté sur le compromis qui naspire quà balayer les acquis de la révolution et à régner sans partage ; le durcissement du régime se traduit à Gratentour par la nomination du maire Jean Baptiste Dufaux de Faubial.

Charles X tente en 1830 un coup de force en voulant restreindre les pouvoirs de lAssemblée nationale, il est rapidement chassé du pouvoir par une révolution qui porte sur le trône Louis-Philippe Ier, qui devient non plus Roi de France mais Roi des Français, chef de lÉtat de par la volonté du peuple et non plus de droit divin. Cest lépoque la France entre dans la révolution industrielle ; à Gratentour plusieurs maires se succèdent pendant cette époque : Jean Dominique Larigaudère (1830-1832), Jean Jacques Faral (1832-1838), Antoine Jeampié (1838-1841) et Jacques Faral (1841-1848) qui est le premier maire dont nous avons la photo.

En 1848 éclate une révolution dinspiration sociale qui balaie le régime de Louis-Philippe, le drapeau rouge côtoie le drapeau tricolore sur les bâtiments publics. Le maire est destitué au profit dun maire provisoire, Bernard Raymond Dazéma. Mais cette deuxième république naissante est vite reprise en mains par les forces conservatrices qui portent au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte, qui de président de la république se fera proclamer Empereur avec le soutien du peuple qui approuve son coup dÉtat par un plébiscite. À Gratentour, le notable Jacques Faral revient tout simplement aux affaires en se faisant élire par les électeurs, et ce jusquen 1850, avant de se voir remplacé par son ancien prédécesseur jusquen 1863. Cest dans cette période , soucieux de se ménager lappui des catholiques, lEmpereur fournit des crédits pour la réparation des églises. Celle de Gratentour est ainsi restaurée en 1853. Sous le maire suivant Charles Larigaudère (1863-1868), un curé propre à Gratentour est nommé, alors que depuis 1820 la paroisse dépendait de celle de Bruguières. En 1868, est nommé Jean Caranave, dernier maire de la commune sous le Second Empire.

IVDe la Troisième République à maintenant

Le régime de Napoléon III seffondre à Sedan par linvasion des troupes prussiennes. Un gouvernement provisoire se constitue à Tours et, après avoir organisé la résistance, négocie larmistice. À Paris et dans certaines villes de province comme Toulouse, des communes insurrectionnelles prennent le pouvoir et tentent dinstituer un régime socialiste. Ces insurrections sont réprimées par le gouvernement provisoire conservateur dAdolphe Thiers.

Cest précisément pendant cette période trouble quest nommé à Gratentour le Maire Prosper Compans, avant de céder sa place à Casimir Vicomte de Valady qui semble avoir été le premier maire élu par son conseil municipal sous la 3e république, le nouveau régime qui sinstalle en France. Plusieurs autres magistrats lui succèdent sans heurts, Charles Larigaudère (1876-1881), et le géomètre Bertrand Bézard (1881-1892) sous le mandant duquel sera construite lécole communale. Puis sous les mandats de Félix Frézières (1892-1900) et Prosper Compans (1900-1908), lélectricité puis le téléphone gagnent la commune. Antonin Sicard (1908-1925) doit gérer la commune pendant la grande guerre qui voit 34 de ses habitants partir sur les champs de bataille, dont deux sur le front dOrient en Macédoine. Trois dentre eux ne revirent pas, Pierre Prosper Boutet tué à 31 ans dans le Pas de Calais en 1915, Jean Louis Pradel mort de maladie contractée en service à 20 ans en 1915 et Ferdinand Abeillou qui eut la malchance de décéder onze jours après larmistice, de maladie contractée en service, âgé de seulement 21 ans. La commune a été relativement épargnée par la grande guerre et aura la chance de lêtre également pendant le Seconde Guerre mondiale.

Gratentour amorce sa croissance démographique en 1960 avec la création du premier lotissement, la cité Cayssials.

Sources :

  • Archives communales
  • Archives départementales de la Haute-Garonne

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
1995 2014 Paul Franchini PS  
1992 1995 Robert Vidal    
1971 1992 Pierre Rous    
1965 1971 François Cipion    
1959 1965 Jean Gabriel Barlangue    
1945 1959 Victor Pascal    
1944 1945 Gaston Thiers    

Commune faisant partie de la cinquième circonscription de la Haute-Garonne

Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005 2006 2007 2010
388 646 924 1 574 2 518 3 035 3 361 3 763 3 662[2] 3 704
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes
2005 : Population provisoire (enquête annuelle).

Économie

Vie locale

  • Gratentelier, Atelier informatique, proposant une entraide informatique au travers d'ateliers et d'évènements orientés vers les logiciels libres

Service publics

Éducation

Sport

  • Gratentour Rugby XIII club de rugby à XIII. Créé en 1982 par François et Pierre Auriolle.

Il comporte un équipe seniors, Les Mustangs évoluant dans le championnat de France DNII, une équipe de rugby fusionnée avec Toulouse Olympique et un équipe féminine de rugby à XIII évoluant dans le championnat de France féminin de rugby à XIII

1999 - Finaliste championnat de France DNII, 2010 - Vainqueur coupe de France A. Falcou

Lieux et monuments

  • Le château de la Renery
  • Le château du Coustela
  • La place du Fort
  • L'église, restaurée en 2008, dédiée à Sainte Quitterie

Personnalités liées à la commune

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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