Femme iranienne

Femme iranienne

Condition des femmes en Iran

Image traditionnelle dune femme perse portant une coupe de vin, comme dépeinte au palais de Hasht Behesht, Ispahan, Iran, XVIIe siècle.

La condition de la femme dans la société iranienne a connu de nombreuses évolutions au cours de l'histoire, depuis l'égalité complète ou presque avec l'homme dans la mythologie ou aux temps préislamiques, la perte de leur indépendance durant la période islamique, le début de leur émancipation avec la révolution constitutionnelle, les grandes modernisations de l'ère Pahlavi, et enfin l'avènement d'une théocratie en Iran en 1979. Certaines de l'importance de leur place dans la société, des femmes s'impliquent dans le combat pour l'amélioration de la condition féminine et la reconnaissance de leurs droits par la république islamique. L'attribution du prix Nobel de la paix en 2003, à Shirin Ebadi, souligne l'importance d'un militantisme féminin qui inclut des femmes de toutes origines ethniques, et de tous points de vue religieux. Les femmes ont ainsi fait leur entrée dans les secteurs politiques, économiques, sociaux et culturels de la société.

Sommaire

Contexte

Comme tout article traitant de sujets sociologiques et des droits fondamentaux de l'individu dans un pays moyen-oriental, il est utile de garder à l'esprit l'importance des contextes historiques et culturels. Ainsi, une meilleure lecture de l'article doit tenir compte du fait que l'utilisation de termes tels que « ségrégation sexuelle », ne porte pas nécessairement en Iran de connotation négative comme en occident. Le regard que porte un individu sur des faits sociaux identiques peut varier en fonction du prisme socioculturel au travers duquel ces faits sont considérés. Le traitement par lactualité de sujets concernant les droits de l'homme ou la condition féminine en Iran, prend ainsi des formes différentes selon quon se trouve en Occident ou en Iran. Si les occidentaux portent fréquemment leur attention sur les questions du port du voile, des tenues vestimentaires, ou de l'application de la peine capitale aux femmes, le mouvement féministe en Iran, lui, se préoccupe principalement des inégalités juridiques, des conditions de vie ou d'accès au travail et à léducation des femmes en Iran.

La femme dans la mythologie perse

Histoire de l'Iran
Persepolis iran.jpg

Pour comprendre la place de la femme dans la société iranienne, il convient dabord de se pencher sur la mythologie perse décrivant la création du monde et les dieux des Aryens, dont on peut trouver le récit dans les textes sacrés zoroastriens tels que lAvesta ou les Yashts. Ces écrits très anciens datent probablement de lère indo-iranienne, les mythes ont ensuite été repris en partie par Ferdowsi dans lépopée du Shah Nameh

Le Yasht V (Aban Yasht) est consacré à la déesse Ardvi Sura Anahita, décrite comme une jolie femme au corps ferme et élancé. Elle est la déesse de toutes les eaux à la surface de la terre ainsi que de la pluie, de labondance, de la fertilité, des unions, de lamour, de la maternité et de la victoire[1]. Les Anciens voyaient en elle la source de la vie et elle symbolise la prépondérance du rôle féminin dans la société[2]. Cest une des raisons évoquées pour expliquer que les cérémonies de couronnements royaux se tenaient au temple dAnahita[2].

Selon les mythes perses, Gayomartan, appelé Kayomars dans le Shah Nameh, est présenté comme le premier roi, qui a été tué par lesprit du mal (Angra Mainyu), tout comme le taureau primordial a été le premier animal existant sur la terre (qui a donné naissance à toutes les autres espèces animales après avoir lui aussi été tué par Angra Mainyu). La semence de Gayomartan, purifiée par le soleil, fit germer un plant de rhubarbe qui, se développant lentement, se transforma en Mashya et Mashyane[3], premier homme et première femme. Pour les peuples iraniens, homme et femme ont donc été créés en même temps, contrairement aux religions révélées (Judaïsme, Christianisme, et Islam). De plus, le péché originel pour les Aryens est autant le fait de lhomme que de la femme, qui enjôlés par Angra Mainyu, voient en lui leur créateur[4].

Perspective historique

Place de la femme durant lantiquité perse

Fragment de bas-relief en bitume représentant une jeune femme et sa servante l'éventant, période néo-élamite, excavé à Suse. Conservé au Louvre

On sait peu de choses concernant les femmes dans les civilisations pré-achéménides. Cependant, de nombreuses fouilles archéologiques portant sur divers sites iraniens, dont certains datent de 4700 ans avant J.-C., mettent en évidence lutilisation de maquillage et colorants corporels, ainsi que dinstruments ayant servi à leur fabrication et leur application. De même, colliers, bracelets, broches, ou peignes ont été retrouvés dans des tombes féminines[5]. De plus, les doctrines religieuses développées durant la période zoroastrienne et pré-zoroastrienne attestent de légalité qui régnait entre lhomme et la femme[6].

Labsence de représentation féminine à Persépolis[7], dont la pierre conserve lhistoire de la Perse antique, est remarquable.Tous les bas-reliefs et statues sculptés à lapogée de lempire achéménide y sont masculines, représentant des taureaux, des lions, des étalons ailés, des hommes guerroyant, ou des serviteurs marchant à la suite du roi. Cependant, une grande partie de Persépolis (particulièrement les intérieurs) ayant été détruite par Alexandre le Grand ou altérée par le temps, des chercheurs nexcluent pas la possibilité de représentations féminines aujourdhui disparues. Sur dautres sites antiques perses, des représentations féminines sur pierre ont été retrouvées dans un bon état de préservation. Une représentation de femme achéménide de haut rang est visible au Louvre, montrant celle-ci assise sur un tabouret et éventée par une servante. Sa mise soignée comprenant notamment du maquillage, suggère limportance que lesthétique pouvait revêtir à lépoque achéménide[5]. Cependant, il existe aussi de nombreuses représentation féminines sur des sceaux et des gemmes[8].

Les sources connues au sujet de la vie privée à l'époque achéménide et sassanide apportent avant tout des éléments sur la vie du roi, de la famille royale, et dans une moindre mesure, des nobles et des courtisans[8]. Les femmes jouaient un rôle dans la vie quotidienne sous la dynastie achéménide : elles travaillaient aux côtés des hommes dans les ateliers et y recevaient le même salaire[7], ce qui est attesté dans une certaine mesure par les tablettes élamites retrouvées à Persépolis[8]. Il semble peu probable que la polygamie ait été la règle chez les Perses communs[8]. En revanche, de nombreuses sources indiquent que les rois, et d'autres perses pratiquent la polygamie et ont aussi des concubines (parmi lesquelles certaines étaient achetées). La distinction entre femme légitime et concubine est attestée chez Hérodote, Plutarque, Dinon et Ctésias[9]. Plutarque souligne même la jalousie des rois envers ses concubines, lequel punissait de mort ceux qui s'étaient approchés de trop près de celles-ci[10].

Les femmes de haute naissance pouvaient même avoir une influence sur les affaires de lÉtat, et les membres de la famille royale possédaient leurs propres domaines. Nombre de documents parvenus jusquà nous témoignent de leur implication dans la gestion des affaires : lettres portant sur lacheminement de grain, de vin, ou danimaux jusquau palais depuis des possessions lointaines. Les seules limites à lautorité de la reine douairière étaient fixées par le souverain lui-même. De telles coutumes persistèrent jusquà lempire Sassanide, avec moins dimportance, même si Purandokht (ou Bûrândûkht), fille du roi Khosrau II, gouverna lempire perse durant presque deux ans[11]. À cette époque, le plus haut rang féminin était tenu par la mère du roi, puis la mère du prince héritier et enfin les filles et sœurs du roi. En fait, les femmes étaient divisées en deux catégories à l'époque sassanide : les femmes libres avaient des droits et des responsabilités légales, comme ceux de signer des contrats, de payer ses dettes, d'hériter. Ces droits n'étaient cependant pas égaux à ceux des hommes, car la capacité légale des femmes était comparable à celle des mineurs[12]. Les femmes esclaves, n'avaient que peu de droits ; elles étaient considérées comme une marchandise et leur valeur était généralement plus basse que celle d'un esclave masculin[12].

Une mosaïque de lère Sassanide déterrée à Bishapur. Certaines mosaïques représentaient des femmes dévêtues. conservée au Louvre

Les historiens pensent que cest Cyrus le Grand qui, dix siècles avant lIslam, a établi la coutume de couvrir les femmes afin de protéger leur chasteté. Daprès cette théorie, le voile est ainsi passé des Achéménides aux Séleucides, ceux-ci layant, à leur tour, transmis aux Byzantins. Par le biais des invasions arabes, il se répand ensuite au travers du monde musulman et reste connu en Iran sous le nom de chador[13].

Période médiévale et islamisation de lIran

Une femme perse durant la période séfévide, daprès un mur peint du palais de Chehel Sotoun, Ispahan.

La condition féminine en Iran change de façon importante au cours de la période médiévale. À partir de la conquête islamique de la Perse, le rôle social des femmes se modifie. Toute participation à la vie publique ou à l'exercice du pouvoir leur est interdite[14]. Des droits concernant la sphère privée sont également supprimés, et des lois s'inspirant de lislam avantagent désormais les hommes. La polygamie est facilitée et le port du hijab devient la règle[15].

Dans le Shahnameh, le grand poète perse et iranologue, Ferdowsi, lui-même marié avec une femme instruite et cultivée, présente une image de la femme perse contrastant avec cette situation juridique. Plus de vingt femmes apparaissent ainsi dans cette œuvre, toutes sages, intelligentes et respectables. Deux dentre elles, Homai et Gardieh, deviennent « reines » de Perse au cours de lépopée [16] . On peut avoir une idée de limportance de la place que la culture perse réserve alors aux femmes et à leur beauté en considérant la multitude de chefs-dœuvre qui leur sont dédiés ; que ce soit au travers de la miniature, de la peinture, ou de la littérature dun Hafez, dont lœuvre magnifie la féminité[17]. Limage montrant une jeune fille habillée de beaux vêtements hauts en couleurs, tenant une coupe de vin à la main, est un leitmotiv du portrait amoureux perse de lépoque. La forte charge érotique de ces images réside plus dans lassociation des plaisirs enivrants du vin et de lamour que dans une représentation, ici impensable, de la nudité. Légalité des genres est lun des principes de base de la culture perse, perdurant des siècles, tout comme chez les Zoroastriens.

Entrée dans lère moderne

Il faut attendre le XIXe siècle pour que des femmes commencent à marquer lhistoire de lIran musulman.

La première femme apparaissant non voilée en public est Fatemeh, née en 1814, figure du mouvement Bahai. Ce mouvement se prononce en effet en faveur de lémancipation féminine et apporte son soutien aux féministes iraniennes. Des femmes issues de ce mouvement telles Khorshid Khanoum et Roustameh voyagent alors en Iran pour sensibiliser le peuple perse à propos de lémancipation féminine. Ce mouvement réjouit les femmes de la cour Qajare, qui soutiennent linitiative de Fatemeh, bien que perçue comme radicale. Fatemeh finit exécutée par pendaison pour avoir tenté de tuer Nasseredin Shah[18].

Une femme perse qajari, fumant ici le Qalyan.
Quelques unes des filles de Mozaffaredin Shah: Shokouh-os-Saltaneh, Anvar-ed-Dowleh, Shokouh-ed-Dowleh, Ghamar-os-Saltaneh, Ezzat-ed-Dowleh II, Nour-os-Saltaneh, Mochoul khanoum "nadimeh", Aghdas-os-Saltaneh (de g. à d. et de h. en b.

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, Taj Saltaneh, fille de Nasseredin Shah consacre une partie de son autobiographie à décrire les conditions déplorables de la femme iranienne : elle critique le port obligatoire du voile et insiste sur le fait que les femmes sont tenues à lécart du progrès et de la liberté à cause des codes vestimentaires qui leur sont imposés[19].

À laube du XXe siècle siècle, certains modernistes iraniens ayant voyagé en Europe afin dy suivre de hautes études, considèrent le voile islamique comme un symbole darriération. Son retrait, de leur point de vue, est essentiel à la progression de lIran quils souhaitent affranchir de la culture arabo-islamique. D'autres, au contraire, basent leur discours sur la nécessité d'éduquer les femmes et de les faire sortir de leur confinement au foyer[20]. Tous les modernistes n'étaient cependant pas opposés au voile.

La révolution constitutionnelle de lIran entre 1905 et 1911 marque un tournant dans la vie des femmes iraniennes. Seule une minorité d'hommes et de femmes prend par à cette révolution, mais l'engagement des femmes leur fait gagner en considération[21]. Les revendications des femmes au cours de cette révolution portent principalement sur leurs droits politiques : elles souhaitent un large débat sur leur place dans la société. La participation des femmes à la révolution constitutionnelle légitime l'intégration des femmes et des hommes dans la société, souligne la nécessité de l'éducation des femmes, donne naissance à des débats sur la famille et le voile, et enfin donne aux femmes une opportunité de s'organiser et de créer un mouvement pour les droits des femmes[22].

Cest alors une période de liberté dexpression grandissante et de progression sociale des femmes (19111924). Ainsi, la première école pour filles est-elle fondée par des missionnaires américaines dans lAzerbaïdjan iranien, la tendance se répand ensuite dans dautres villes (Téhéran, Rasht, Hamedan). En 1910, le journal anglais Times souligne l'existence de cinquante écoles pour filles à Téhéran[23]. Ces écoles sont généralement tenues par des religieuses chrétiennes.

Quelles soient de confession zoroastrienne, juive, bahaïe, chrétienne arménienne ou musulmane, des femmes réclament des droits émancipateurs autant que ladoption de la Constitution, qui a lieu au cours de la même année[24]. Toutefois, le droit de la famille reste soumis à la Charia.

Période Pahlavi

La défaite des constitutionnalistes (19211925) et le renforcement du pouvoir de Reza Shah (19251941) ont deux conséquences contradictoires. Les journaux et les groupes de femmes indépendants sont interdits par le pouvoir ; tandis que l'État applique des réformes sociales promouvant léducation de masse et lemploi rémunéré des femmes. Reza Shah initie aussi sa politique controversée de Kashf-e Hijab, bannissant le port du hijab en public. Mais, à linstar dautres parties de la société de lépoque, les femmes perdent le droit de sexprimer et tout désaccord avec la politique du régime est réprimé.

Acquisition des droits politiques et civils pour les femmes iraniennes (1931-1979)

Cest au cours du règne des Pahlavi que les évolutions les plus considérables de la condition féminine ont lieu en Iran. En 1931, le parlement, ou Majlis, approuve une loi qui fixe lâge légal du mariage à 15 ans (au lieu de 13 auparavant). Le code civil adopté à cette époque représente en revanche une sécularisation de la charia ; en effet, le pouvoir judiciaire auparavant dévolu aux tribunaux religieux est donné aux juridictions de l'état, mais l'esprit de la loi n'est pas modifié en profondeur[25].

Sous limpulsion de Reza Shah, est créé un système déducation nationale ne faisant aucune distinction entre garçons et filles en 1936. Cette même année, les premières femmes font leur entrée à l'Université de Téhéran[26], une loi interdit purement et simplement le port du voile pour les femmes (et le port des habits religieux pour les hommes)[27].

Journal iranien de 1968 : ingénieurs nucléaires iraniennes posant devant le réacteur nucléaire de Téhéran.

Les ultimes évolutions de la condition des femmes ont lieu sous le règne de Mohammad Reza Shah [28]:

  • Droit déligibilité et de vote accordé en 1963
  • « Loi de la Protection de la famille » votée en 1967. Cette loi limite le droit unilatéral des hommes au divorce et à la polygamie dont la pratique se fait très rare du fait de ces nouvelles contraintes. Larticle 8 de cette loi interdit ainsi à lépoux de divorcer sans avoir obtenu un certificat de non-réconciliation de la part dun tribunal, lequel est tenu de tenter par tous les moyens de réconcilier le couple. De plus, l'époux avait besoin du consentement de la première épouse afin de conclure un second mariage. Le mariage temporaire (Sigheh) était en vigueur comme aujourd'hui.
  • Fondation de lOFI (Organisation des femmes iraniennes) en 1964 par la princesse Ashraf Pahlavi. Cette organisation réunit divers organismes qui soccupent de confort familial, de protection des enfants, de formation professionnelle, de planning familial et de conseil juridique.
  • Passage de lâge légal du mariage à 18 ans en 1973.
  • Dautres lois suivent ensuite, visant à faciliter laccès des femmes aux fonctions jusque réservées aux hommes (notamment dans le domaine juridique). Le service national (calqué sur le modèle du Service militaire Israélien est rendu obligatoire pour les femmes célibataires, qui peuvent accéder plus facilement aux emplois dans les forces armées et la police. Au cours de la Révolution blanche, les femmes appelées servent généralement dans le corps du Sepah-e Danesh ("armée du savoir", au service de la population dans les domaines de léducation, de la santé et de la technologie).

En quelques années, la femme iranienne acquiert donc des droits civils et politiques importants. Une des législatures voit même lélection de 22 femmes parmi les députés et deux parmi les sénateurs. La première femme ministre (de léducation nationale) est Farrokh-Rou Parsa, dans les années 1970. En 1976, 13,8 % de la population active sont des femmes, en majorité rurales[29] En 1978, les femmes représentent 30 % des étudiants[30]. En 1979, hommes et femmes bénéficient des mêmes avantages éducatifs. Les femmes peuvent en outre travailler dans de nombreux domaines professionnels. Cependant, la situation des femmes rurales est encore loin de la situation des femmes urbaines. Les femmes rurales sont toujours peu éduquées[31] et leur situation se serait même dégradée à cause de la modernisation rapide du pays[32]

Conflit entre modèles sociaux traditionnel et occidentalisé

Lattitude de la société iranienne traditionnelle (cest-à-dire à lexclusion des classes moyennes et supérieures occidentalisées) avant la révolution iranienne est de pratiquer la ségrégation sexuelle dans la sphère publique. En général, les femmes revêtent un chador (pièce de tissu de la taille dun drap dont les femmes se couvrent entièrement) quand elles sont dans lespace public, ou que des hommes ne comptant pas parmi les membres de leur famille sont présents dans la maison. Le rôle de la femme se limite aux tâches domestiques : tenir le foyer et élever les enfants. Le rôle des hommes est dévolu à la sphère publique : ils travaillent dans les champs, au bazar ou dans des bureaux. Ceux qui dévient de ce modèle peuvent voir la réputation de leur famille remise en cause. Le clergé cherche à maintenir la femme dans ce rôle traditionnel au sein dune société islamique.

Ces attitudes traditionalistes se confrontent violemment avec les attitudes et les coutumes des classes moyennes et supérieures laïques, particulièrement à Téhéran. Les réunions mixtes, en privé et en public, sont en effet la norme à lépoque Pahlavi. Le gouvernement est le principal promoteur du changement de rôle de la femme dans la société. Cette confrontation entre idéaux gouvernementaux et cléricaux crée un conflit social qui devient lune des causes de la révolution iranienne.

Avant la révolution, trois types de femmes travaillent :

  • dans les classes sociales supérieures, les femmes travaillent comme employées, exercent des professions libérales, ou participent bénévolement à des projets divers ;
  • les femmes laïques des classes moyennes essaient de suivre ce modèle, alors que les femmes traditionalistes de la même classe ne travaillent au dehors quen cas dextrême nécessité ;
  • les femmes issues des basses classes sociales travaillent fréquemment en dehors de leur foyer, ne disposant sinon que de revenus insuffisants pour faire vivre leur famille. Ceci est particulièrement marqué dans les grandes villes.

À la veille de la révolution iranienne, la société iranienne est donc divisée entre religieux traditionalistes, prônant le maintien de la femme dans un rôle domestique en harmonie avec une société islamique, et laïques occidentalisés, qui promeuvent et mettent en pratique la participation active de la femme dans la sphère publique[18].

La révolution iranienne et linstauration de la république islamique

Limplication des femmes dans la révolution

Confortées par les avancées statutaires ayant fait suite à la révolution constitutionnelle en début de siècle, les femmes s'impliquent massivement dans la révolution iranienne[33], et contribuent à sa victoire. Beaucoup, issues des basses et moyennes classes sont ainsi projetées dans la sphère publique[34]. Pendant des années, limpossibilité de briser la barrière du confinement à la sphère privée était la principale source de frustration pour les partisans du droit des femmes en Iran. La révolution fait paradoxalement céder cette entrave du jour au lendemain. Lorsque Khomeini, en 1978, appelle les femmes à participer aux manifestations en ignorant le couvre-feu pour montrer leur opposition à la tyrannie ; des millions dentre-elles, y compris les religieuses traditionalistes nayant jamais auparavant pensé quitter leurs maisons sans leurs maris ou leurs pères, descendent dans la rue [35],[36]. Lappel de Khomeini au soulèvement contre le Shah enlève ainsi tous les doutes dans les esprits des femmes musulmanes quant à leur droit de se rendre dans la rue de jour comme de nuit.

De nombreuses femmes qui prennent part à la révolution iranienne font partie des classes moyennes sécularisées, parmi lesquelles des opposantes au régime ont été recrutées. Comme leurs compagnons, ces femmes ont aussi des aspirations nationalistes et pensent que le Shah est aux ordres des États-Unis. Certaines senrôlent aussi dans des groupes de guérilla, comme les moudjahedin ou les fedayins.

Perte des acquis de lépoque Pahlavi (1979-1989)

Avec la révolution iranienne de 1979, le droit des femmes essuie de profondes modifications liées au conservatisme religieux. Le groupe qui hérite du pouvoir après cette révolution est celui de la classe moyenne traditionnelle et religieuse (en majorité des bazaris, travaillant dans les bazars), qui privilégient la restriction de la place de la femme à lespace privé exclusif. La première conséquence pour les femmes est l'abrogation de la loi sur la protection de la famille, favorable aux femmes, votée à lépoque du Shah[15].

Malgré les décrets de nombreux ecclésiastiques tels layatollah Taleghani, lÉtat fait du port du hijab une obligation pour toutes les femmes, les soumettant à des règles strictes de conduite en société. En effet, layatollah Khomeini déclare « Chaque fois que dans un autobus un corps féminin frôle un corps masculin, une secousse fait vaciller lédifice de notre révolution » [37]. Lislamisation de la société commence donc par une réforme du statut des femmes, de nouveau soumises à la charia, et écartées de toutes les hautes fonctions publiques. De plus, tous les acquis du XXe siècle sont perdus : abaissement de lâge légal du mariage à 9 ans, ségrégation dans les bus (femmes à larrière et hommes à lavant). Cette involution provoque alors de fortes contestations. Une manifestation rassemblant des milliers de femmes, en majorité laïques, a lieu la veille de la journée internationale de la Femme, le 8 mars 1980, pour protester contre les mesures prises par Khomeini[38]. Le 11 mars, près de 20 000 femmes se réunissent à l'Université de Téhéran pour protester contre les mesures prises par le régime, et de nombreuses femmes les rejoignent lors de la manifestation[38].

Les hommes reçoivent à cette époque tout pouvoir de décision concernant leur famille, y compris les mouvements de leur femme et la garde des enfants. Le point de vue légal des mollahs est, selon layatollah Mohammad Yazdi, ancien chef du système judiciaire, « votre femme, qui est votre possession, est, en fait, votre esclave ». [39].

Si les principales cibles de ces mesures sont avant tout les femmes instruites et modernistes, elles touchent aussi durement les militantes musulmanes. Limage de la femme dans le discours dominant change alors, passant de celle dune femme socialement active à celle dune femme-épouse. On ne compte plus que quatre femmes députées au cours des trois premières législatures de la république islamique. Néanmoins, nombre de femmes refusent de rentrer au foyer et continuent à être actives dans tous les domaines elles le peuvent, participant même activement à leffort de guerre contre lIrak. Le mouvement de défense des droits des femmes se renforce donc paradoxalement.

Période post-révolutionnaire

À la fin des années 1980, la société iranienne connaît deux évènements majeurs qui signent lavènement dune nouvelle période pour les femmes iraniennes : la mort de Khomeini qui tourne la page de la révolution, et la guerre Iran-Irak qui se termine en laissant une nation exsangue ayant sacrifié ses forces vives et dont léconomie est sinistrée. La nécessité urgente de reconstruire et de stabiliser le pays modifie le statut des femmes, et rend plus que jamais nécessaire leur réimplication dans la société iranienne.

Reprise du militantisme féminin

Les revendications de la société civile recommencent à sexprimer de manière assez notable, particulièrement celles des femmes à qui lÉtat peut difficilement refuser de reconnaître la participation à la révolution, à la guerre, et limplication dans la bonne marche dun pays alors que nombre dhommes étaient au front. Après la fin de la guerre et la mort de Khomeini en 1989, alors que les dirigrants religieux reprennent les discours prônant un rôle de la femme limité à celui de femme au foyer, des femmes éduquées deviennent de plus en plus critiques des positions du régime, qu'elles ne trouvent pas compatibles avec leurs nouvelles aspirations[40]

Il existe en Iran trois types de militantes pour les droits de la femme[41]:

  • les musulmanes traditionalistes (issues de la classe moyenne traditionnelle ou des familles cléricales ou bazaris), pour qui seule la charia est source de loi. Elles prônent le retour à la vie sociale active en restant séparées des hommes (les femmes travailleraient uniquement pour des femmes).
  • les musulmanes modernistes (originaires de la classe moyenne traditionnelle mais instruites et actives), qui veulent réformer la législation pour améliorer le statut des femmes dans la sphère publique et privée en se basant sur une interprétation moderne de la charia. Ce courant se cristallise autour de la revue Zanan (Femmes), fondée par Shahla Sherkat et principal lieu d'élaboration du féminisme musulman en Iran.
  • les modernistes laïques (issues pour la plupart de la classe moyenne moderne, très instruites suite aux changements amenés par les Pahlavi). Elles ne considèrent pas la charia comme une source de législation et revendiquent la séparation du clergé et de lÉtat. Ce sont ces militantes qui reçoivent le soutien de la diaspora iranienne.

Nonobstant leurs différences, ces types de militantes s'affrontent de moins en moins après la fin de la guerre. On assiste alors progressivement à l'effacement des différences d'ordre politico-religieux, et à l'émergence, au sein d'un mouvement féministe global, de discours marqués par la convergence des points de vue revendicateurs. Les féministes, musulmanes ou laïques, traditionalistes, réformistes, ou modernistes débattent dans les mêmes journaux, organisent des réunions, laissant se dessiner une solidarité de sexe autorisant les collaborations[42].

Une nouvelle phase dacquisition de droits

Devant tant de pression de la part de la population féminine et sous légide de Rafsandjani, le Haut conseil de la révolution culturelle crée en 1987 le Conseil culturel et social des femmes. Ce conseil fonde lInstitution exécutive des femmes, fait admettre lidée dune conseillère du président pour les femmes, créé un Bureau des affaires des femmes (en 1991), et réussit à faire supprimer les lois ou règlements interdisant ou limitant laccès des femmes à certaines filières universitaires. Dans le même esprit, certaines professions souvrent aux femmes : enseignement, médecine, travail en laboratoire, ingénierie, pharmacie, assistance sociale et traduction. Certains corps de métier leur restent toutefois inaccessibles, comme la magistrature, le secours civil (pompiers), ou la présidence de la république[43],[42]. Une des filles du président Rafsandjani, elle-même députée, fait état publiquement de l'absence de raisons valables limitant l'accès des femmes aux plus hauts postes administratifs, y compris la présidence[42]. La loi sur le divorce, qui avait été modifiée à lavènement de la république islamique, est amendée en 1992 : lépouse peut alors être dédommagée par son mari si elle peut prouver quelle a effectué des tâches ménagères contre sa volonté.

Le début des années 1990 montre clairement une montée de lemploi des femmes, à un niveau bien supérieur à celui de la période précédant la révolution. Laccomplissement intellectuel pour les femmes est aussi le résultat de politiques favorisant laccès à léducation, et de campagnes dinstruction. Le nombre de femmes dans léducation augmente, pour dépasser celui des hommes dans léducation supérieure. Ainsi, daprès le ministère iranien de la recherche, près de 6 % des professeurs titulaires, 8 % des professeurs adjoints, et 14 % des professeurs assistants sont des femmes durant lannée scolaire 19981999. Les femmes comptent pour 56 % de tous les étudiants en sciences naturelles, et 20 % des doctorants en philosophie. En revanche, afin de créer des conditions pérennisant la ségrégation sexuelle, le gouvernement fixe un quota de femmes pédiatres, gynécologues, et met en place des barrières pour celles souhaitant devenir ingénieurs dans le génie civil. Pour la première fois, en janvier 1996, une femme devient vice-ministre (de la santé publique).

Larrivée au pouvoir des réformateurs

En Mai 1997, un grand nombre de femmes participe à lélection présidentielle, elles votent en majorité pour Mohammad Khatami[44], un clerc réformiste qui promet une baisse de la répression et une plus grande tolérance à légard des institutions de la société civile. Son élection ouvre un période durant laquelle les femmes peuvent de nouveau exprimer leurs idées, certaines faisant preuve de plus daudace dans leurs demandes et critiques.

Sous Khatami, le Bureau des affaires des femmes devient le Centre des Affaires de la participation des Femmes[45]. Lobjectif de cette nouvelle institution est que les femmes sorganisent et défendent leurs droits. Les ONG de défense des droits des femmes se sont donc multipliées depuis cette époque, mais le gouvernement ne leur donne toutefois pas les moyens dêtre indépendantes. Hormis le Centre de la Participation des Femmes, il existe dautres organismes tels que le Conseil Culturel et Social des Femmes (créé en 1987), la Commission du Parlement pour les Questions des Femmes, de la Famille et de la Jeunesse (créée en 1997), Le Bureau Général pour les Questions des Femmes et les Questions Judiciaires qui ont pour but de promouvoir légalité des sexes dans tous les domaines de la vie sociale, y compris la législation, les programmes et les projets [46].

Le sixième majlis d'Iran voit lélection de partisanes des droits de la femme : on dénombre alors 13 députées sur les 270 sièges. Elles entreprennent de changer certaines des lois les plus conservatrices qui consacrent la domination culturelle des hommes.

Mais par la suite, durant les élections de la septième majlis, toutes ces représentantes sont déclarées inéligibles par le conseil des gardiens, qui autorise seulement les candidatures de femmes du camp conservateur. La nouvelle assemblée, comme prévu, commence à bouleverser beaucoup des lois quavaient fait passer les réformistes du sixième majlis.

Le point de vue des femmes du camp conservateur à propos de la condition féminine en Iran et de linégalité des statuts est généralement similaire à celui des hommes. Massoumeh Ebtekar, vice-présidente de Mohammad Khatami pour la protection environnementale ne préfère pas donner plus de libertés aux femmes et justifie les lois sur la lapidation en disant: « On doit aussi prendre en compte les affaires légales et psychologiques de la société. Si les lois habituelles de la famille sont brisées, cela aurait des conséquences graves pour toute la société. ». Elle défend aussi lobligation pour une femme davoir l'autorisation de son mari pour voyager: « l'homme est responsable des affaires financières et de la sécurité du foyer. Donc une femme a besoin de la permission de son mari pour voyager. Sinon, des problèmes et des querelles vont voir le jour au sein du couple. »[47]

Lannée 1997 marque aussi la naissance dun mouvement féministe islamiste en Iran, qui regroupe plusieurs organisations et individus. La plus influente d'entre elles est la Société des Femmes de la Révolution Islamique, créée après la révolution. Son but est de développer des méthodes appropriées pour construire la société en mettant un terme à loppression de la femme. Les femmes islamistes en Iran critiquent la condition des femmes dans les sociétés islamiques historiques et modernes. De leur point de vue, grâce à l'interprétation, la manipulation, et lexagération du sens de certains textes coraniques, les sociétés musulmanes oppriment les femmes depuis des siècles, leur refusant des droits et une dignité qu'un islam authentique leur garantit[18].

La thématique des droits des femmes devient progressivement un phénomène de société donnant lieu à des débats publics de plus en plus ouverts, relayés par les médias, réunissant dans la discussion intellectuels laïcs et religieux, femmes et hommes[33].

Les femmes iraniennes et lIran daujourdhui

Femmes dans une rue de Shiraz en 2005.

Éléments socio-démographiques

En 2005, les femmes dIran étaient au nombre de 34 266 000 sur une population totale de 69 515 000, cest-à-dire 49,3 femmes pour 50,7 hommes. Lespérance de vie à la naissance dune femme iranienne est de 72 ans en 2004 et son espérance de vie en bonne santé, de 56,1 ans. La proportion de fillettes scolarisées en école primaire est de 85% en 2004, soit une proportion à peine inférieure à celle des garçons pour la même année.[48]

Selon une étude réalisée à Chiraz en 2000[49], lâge moyen des femmes au mariage est de 17,1 ans et lâge de la première procréation de 19,5 ans. Ces données sont jugées comparables avec celles du pays et confirment celles d'une autre étude datant de 1993, les auteurs conseillent au gouvernement de relever lâge légal du mariage. L'âge moyen au premier mariage des femmes est remonté pour atteindre 22 ans au recensement de 1996[30].

Planning familial

La politique de planning familial en Iran est un grand succès.[50] La surpopulation induite par la croissance démographique exponentielle qui a suivi la révolution a conduit lIran à mettre en place depuis plus de 10 ans un ambitieux programme de contrôle des naissances au centre duquel léducation de la femme sur la contraception revêt la plus grande importance. La maîtrise par la femme iranienne de sa fécondité et son accès à la connaissance sont ainsi reconnus par toutes les autorités comme étant le pivot central de ce programme. La spectaculaire baisse de la natalité observée, fait de la réalisation exemplaire de ce programme un modèle pour tous les autres pays. Laccès à la contraception est ainsi facilité, de même que son utilisation, y compris dans les zones rurales du pays. Lécart observé avec les zones urbaines samenuise notablement.[51]

Linterruption thérapeutique de grossesse est autorisée en Iran depuis l'avènement de la république islamique. Toutefois, lavortement est interdit par le code pénal. [52].

Le combat pour les droits de la femme

Les nouvelles réalités sociales des femmes iraniennes ont contraint les législateurs et les spécialistes de la loi islamique à consacrer une partie importante de leurs écrits aux problèmes des femmes et à leur place dans la société. Les femmes et leurs droits se trouvent désormais au cœur des débats jurisprudentiels saffrontent les visions réformatrices et conservatrices[53].

En 1995 est lancé le magazine Khānevādeh ("Famille") pour parler de problèmes de familles. Il devient en fait une tribune pour aborder les problèmes des femmes qui cherchent à être soutenues dans leurs protestations contre les inéquités légales concernant le mariage, le divorce, la garde des enfants et la violence domestique. Ce magazine exprime les positions de féministes musulmanes, qui dénoncent les contradictions d'une société basée sur lIslam qui continue cependant à exposer les femmes à linjustice. Le féminisme musulman naît donc en Iran dans les années 1990[54] ; il est un discours de femmes urbaines instruites (mais aussi de quelques hommes) qui cherchent à préciser les droits des femmes sous un jour religieux en effectuant une relecture des textes sacrés. Ce combat vise à donner une légitimité théologique à un mouvement pour les droits des femmes dans le monde musulman.

Dautres femmes islamistes vont encore plus loin dans le combat pour les droits de femmes en présentant une vision de la société basée sur une interprétation des textes islamiques centrée sur les femmes. Elles dénoncent les « voies authentiquement islamiques » présentées aux femmes comme nétant que du « patriarcat dans un costume islamique »[18].

Lattribution à Shirin Ebadi du prix Nobel de la paix en 2003, une avocate activiste féministe et défenderesse des droits de lhomme, renforce la confiance des féministes iraniennes et ancre leurs relations avec les iraniens expatriés. Shirin Ebadi permet aux militantes iraniennes du droit des femmes de faire davantage entendre leur message en occident. Ancienne juge et présidente du tribunal de Téhéran sous le Shah, aujourdhui avocate au Barreau de Téhéran, Shirin Ebadi a fait sa cause depuis de nombreuses années de la défense des prisonniers politiques et des enfants. Elle est également à lorigine de la célébration en Iran de la journée internationale de la femme, et crée en 1994 la Société pour la protection des droits de lenfant.

Daprès le rapport annuel 2006 dAmnesty International, arrestations arbitraires, torture et mauvais traitements sont toujours infligés aux femmes iraniennes, notamment aux militantes des droits humains. En outre, il est reproché à lIran le caractère discriminatoire des lois et du fonctionnement de la justice, qui permettent aux responsables datteintes aux droits des femmes de bénéficier de limpunité. La rapporteuse dAmnesty International demande à lIran dadopter un plan national daction en faveur de la promotion et de la protection des droits humains en vue déliminer la violence contre les femmes. Concernant laccès au logement convenable, le rapport pointe aussi des discriminations envers les femmes, et déplore le manque de structures daccueil pour celles qui sont victimes de violences[55].

Faisant suite à une demande exprimée par lUnion européenne, le Majlis vote en 2004 une loi établissant légalité des sexes en ce qui concerne les droits de succession. Cette disposition est rapidement annulée par lassemblée, remodelée par de nouvelles élections[56]. Le retrait du concept dégalité des sexes remportait le soutien de 10 des députées féminines conservatrices composant le nouveau Majlis, lune dentre elles le justifiait par le souci déviter des brimades aux hommes[57].

La journée de la femme en Iran

Deux jeunes filles dans une rue de Shiraz.

Selon le calendrier iranien, le 29 Bahman (18 février) est considéré historiquement par les Perses comme la journée de la femme, dont la célébration remonte à lancien temps des traditions zoroastriennes.

Deux journées de la femme iranienne sont célébrées en Iran : le régime iranien célèbre le 16 décembre, jour de la naissance de Fatemeh, la fille du prophète, comme une célébration du rôle social de la femme en tant que mère[58], tandis que les militantes des droits des femmes célèbrent la journée internationale des droits de la femme le 8 mars. Un rassemblement de femmes revendiquant la fin des discriminations sexuelles dans le pays ayant eu lieu à Téhéran le 8 mars 2006, a ainsi donné lieu à une répression violente [59].

Une forte présence dans les arts et et les lettres

Si les iraniennes sont présentes depuis toujours dans les arts et la littérature islamiques, elles y sont surtout représentées au travers du regard des hommes, « dépossédées de leur corps ou de leurs émotions », souvent réduites à un statut social idéalisé dans un rôle dépouse, de veuve ou de mère.[60] La révolution islamique, dans une tentative de maîtrise politique de lart, entretient depuis vingt ans une production littéraire et artistique dÉtat qui sappuie sur ce modèle peu novateur. En parallèle, on assiste à une explosion littéraire et artistique féminine iranienne, initialement restreinte à la diaspora iranienne à létranger[61]. Ce dynamisme culturel porteur de profonds changements se diffuse ensuite en Iran même, touchant dautres secteurs artistiques. En effet, du fait de leur accès plus large à léducation, les femmes iraniennes tiennent depuis plusieurs années une place des plus importantes dans la production intellectuelle et artistique iranienne contemporaine. Cette présence massive au sommet de toutes les formes darts et dexpressions culturelles fait non seulement porter un nouveau regard sur le pays, mais aussi change profondément limage que les iraniennes ont delles-mêmes[61].

Parmi ces femmes artistes et intellectuelles dynamiques, on peut citer quelques unes des plus connues, qui collectionnent prix et récompenses en Iran comme à létranger :

Si le regard que les femmes iraniennes portent sur elles-mêmes se modifie profondément, le regard que leur portent les artistes et écrivains iraniens reste toutefois majoritairement emprunt de classicisme. Selon Azar Nafisi, « La véritable femme reste donc dans la culture masculine iranienne un concept encore subversif qui reste à inventer. »[62] On note toutefoissigne des tempsque certaines œuvres dauteurs masculins comme Ten, film dAbbas Kiarostami, sattachent à faire le portrait de femmes iraniennes dans un registre inédit jusquici, exposant leur féminité.

En 1996, 236 maisons dédition sont dirigées par des femmes. En 2000, le pays compte 1309 écrivaines et 104 journaux ou revues sont publiés par des femmes[36].

Une réalité sociale contrastée

Femmes dans une manifestation, Téhéran, 28 juillet 2006.
Les stations de ski comme Dizin sont un espace de liberté en Iran.

Si la constitution de la république islamique dIran proclame légalité des sexes, elle place cette dernière dans un cadre religieux, ce qui a pour conséquence linstitutionnalisation des inégalités entre hommes et femmes. Toutefois, En règle générale, les Iraniennes jouissent de plus de libertés que les femmes de nombreux autres pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn...). Il a été déclaré lors de la 5e Conférence internationale des femmes, organisée par lUNESCO à Pékin en 1995, puis lors dune session à New York en 2000 intitulée Femme-2000. Légalité de sexes, le développement et la paix au XXI siècle : « Les femmes de lIran moderne sont en grande partie privées de la protection juridique à cause d'un accès limité aux ressources financières et d'un système traditionnel proclamant la priorité des hommes dans tous les domaines importants de la vie. »[63]

Toutefois, idéologiquement, le discours des religieux proclame la très grande importance de la femme pour la famille et la place même au-dessus de lhomme. Ali Khamenei cite des hadiths pour appuyer ce point. « Un jour, un homme demande au prophète: "Qui dois-je servir ? Le prophète répond "Ta mère" et répète cette réponse trois fois. Quand l'homme pose la question pour la quatrième fois, il répond "ton père". C'est pourquoi la femme a plus de droits dans la famille.[...] parce qu'elles ont plus de responsabilités. »[64]

Les femmes sont autorisées à la pratique du sport et, en 2000, le pays compte 3 millions de licenciées. Les pratiques sportives exigeant le port de tenues adaptées, il en résulte une exclusion stricte des hommes des lieux dentraînement, le plus souvent limités aux salles closes. Cela complique particulièrement la participation des athlètes aux compétitions internationales : Nassim Hassanpour, championne de tir (dont la pratique nest pas gênée par le chador), est ainsi la seule athlète féminine envoyée par lIran aux Jeux olympiques dAthènes en 2004. Une autre conséquence de la ségrégation sexuelle en sport a été la nécessité de recruter et former des cadres sportifs féminins. Si les femmes iraniennes sintéressent massivement à léquipe nationale masculine de football, laccès aux stades leur est paradoxalement toujours interdit alors que les matches sont diffusés sur les chaînes nationales de TV.

La situation financière des iraniennes sest aggravée à cause de la situation économique du pays. Le chômage touche de manière beaucoup plus importante les femmes que les hommes, ce facteur explique en partie la fréquence de la prostitution. Selon Hamid Koucha, « l'application inadéquate des lois sacrées de l'Islam, de même que les fortes tensions sociales ou économiques, ont acculé une partie des femmes iraniennes à la criminalité, à l'usage de drogues dures ou au suicide ». LIran, avec un fort taux de délinquance féminine, se classe parmi les états islamiques les plus violents[65].

LIran sest engagé depuis 2002 à ne pas appliquer la peine capitale par lapidation en dehors de condamnations pour faits graves (meurtres). Si ladultère, reste officiellement à ce jour, un crime passible de la peine capitale, celle-ci nest plus requise dans les faits dadultère isolés. En revanche, elle reste requise quand ladultère est associé au meurtre [66], et concerne autant les femmes que les hommes.

Malgré cette réalité peu reluisante, le nombre de femmes inscrites en études supérieures dépasse parfois celui des hommes dans les études scientifiques, qui leur étaient traditionnellement réservées.

Si les restrictions induites par les codes vestimentaires en vigueur en Iran imposant le port du hijab (en général foulard de couleur sombre dont les couleurs varient selon les administrations) pour les femmes employées dans la fonction publique ou dans lexercice de fonctions officielles, ou duniformes de couleurs sombres pour les étudiantes, les iraniennes ont appris depuis plusieurs années à exprimer indirectement leurs opinions, en usant dun langage corporel et vestimentaire contournant ces règles. De nombreuses femmes, surtout les jeunes, couvrent leur tête de foulards colorés, qui, portés très en arrière, laissent volontairement apparaître boucles et coiffures travaillées[67]. Lusage savant du maquillage revêt également un caractère contestataire, de même que le port de manteaux colorés, éventuellement portés au dessus des genoux. Ce mode indirect dexpression de leur sensualité par les femmes est particulièrement visible dans les grandes villes[68]. Industries du prêt-à-porter, de la création, de la mode et des cosmétiques, représentent ainsi en Iran un secteur en expansion, auquel sont consacrés de nombreux magazines qui remportent un franc succès. De nombreuses femmes sachant coudre vendent également le produit de leur savoir faire.

Perspectives davenir

Jeunes filles récitant des vers de Hafez sur sa tombe

LIran na, à ce jour, toujours pas ratifié la convention internationale contre la discrimination des femmes. La ratification est consentie par le Majlis en 2003, mais celle-ci est invalidée par le Conseil des gardiens, qui juge certaines dispositions contraires aux préceptes du Coran. Lélection du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad provoque une peur chez les militantes des droits des femmes, qui redoutent de perdre leurs acquis. Selon Nayereh Tavakkoli, sociologue et militante du droit des femmes, « il n'y a aucune raison d'être optimiste avec le nouveau gouvernement et le nouveau président. Même s'il y a des femmes au gouvernement et au parlement, [...] elles ne croient pas à l'égalité des sexes et trouvent que l'inégalité est une bonne chose. »[69] La politique dAhmadinejad concernant les femmes prône leur retour au foyer, la famille devant être leur priorité.[70]

Un des enjeux majeurs pour l'avenir est la réconciliation entre Islam et modernité, permettant de créer une société iranienne ne pérennisant pas les inégalités au détriment de femmes qui doivent être reconnues comme constituant une importante force sociale[33]. Le militantisme féminin reste fort, ce qui laisse donc augurer de substantielles modifications de la condition des femmes iraniennes, faisant de la République islamique dIran un des pays musulmans les femmes sont les plus émancipées. Malgré lobligation de porter le voile en public[71] et le maintien officiel du statut traditionnel dinfériorité pour la femme, lIran est daprès Bernard Hourcade, iranologue au CNRS, « le pays islamique la révolution féministe est en marche ! »[72] Les femmes voilées sortent seules, fondent des associations, votent, manifestent, travaillent ou étudient. Le combat des militantes reste dur en zones rurales et dans les petites villes, mais le phénomène est massif.

Laccès massif des femmes à léducation (60 % des étudiants duniversité), leur part de plus en plus active dans la cohésion sociale du pays (11 % de la population active)[73], limportance de leur rôle dans le développement du pays, laissent donc penser que leur émancipation nest quune question de temps. L'Iran change, et selon Elāheh Koulāi (ancienne députée au parlement iranien), « le fossé qui existe entre la société iranienne et l'état iranien rend une crise des genres inévitable »[74].

Annexes

Notes et références

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Bibliographie

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Cet article comprend des extraits des Country studies de la Bibliothèque du Congrès américain, qui sont dans le domaine public. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées et sil ne contient pas de propos qui vont à lencontre des règles de neutralité de Wikipédia.


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