Elam

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Destruction de Suse par Assurbanipal

La civilisation élamite s'est développée durant la Haute-Antiquité dans le sud-ouest de l'Iran, en marge de la civilisation mésopotamienne. Elle est bien connue par le site de Suse, qui faisait le lien entre l'Élam et la Mésopotamie. L'Élam à proprement parler est situé vers la région actuelle du Fars, autour de l'ancienne capitale, Anshan.

Sommaire

Histoire

Histoire de l'Iran
Persepolis iran.jpg

La période proto-élamite

La première période est dite proto-élamite (3100-2600). Cette période est surtout attestée par l'archéologie, aux niveaux 16 à 10 de Suse (Période Suse III), Banesh moyen à Tell-e Malyan (Anshan), IV à Tepe Sialk et IV C à Tepe Yahya. Ces sites présentent un contexte archéologique très proche, qui montre qu'ils formaient à cette période un ensemble culturel homogène. La culture proto-élamite semble originaire du pays montagneux d'Anshan, le cœur de l'Élam historique, et on peut envisager avec une forte probabilité que c'est à cette période que le peuple élamite commence son expansion. La région de Suse, auparavant liée à la Basse-Mésopotamie, tombe alors sans doute sous la coupe des montagnards du Haut-Pays élamite, comme le montre le changement culturel qui s'y produit vers 3100, qui l'éloigne de l'influence mésopotamienne pour la faire rentrer dans le contexte proto-élamite[1].

La période proto-élamite voit un développement artistique particulier, autour de la statuaire notamment. Mais le phénomène le plus notable de cette période est l'expansion des réseaux marchands des proto-élamites en direction du Plateau iranien, que l'on peut suivre grâce à la découverte dans plusieurs sites iraniens de tablettes portant une écriture dite proto-élamite : à Suse, Anshan, Tepe Yahya, Tepe-Sialk, Shahdad ou Shahr-i Sokhteh. Cette écriture, sans doute apparue sous l'influence de celle qui se développe alors à Sumer, est la plus ancienne forme d'écriture attestée après l'écriture sumérienne et les hiéroglyphes d'Égypte. Sa disparition sans postérité avec la culture proto-élamite nous prive de toute possibilité de traduction, et de compréhension des textes proto-élamites (qui sont selon toute vraisemblance de nature commerciale et comptable).

Les conditions de l'effondrement de la civilisation proto-élamite, entre 2800 et 2600, restent encore mystérieuses. Quand on obtient les premières attestations historiques sur l'Élam dans les sources mésopotamiennes vers 2600, ce pays est dominé par la dynastie d'Awan.

La période paléo-élamite

À la période paléo-élamite (v. 2500–1600 av. J.-C.), l'Élam devient une puissance politique notable, qui entre en lutte avec les empires mésopotamiens[2].

La première dynastie élamite attestée historiquement est celle originaire d'Awan, une ville encore non identifiée se trouvant sans doute dans l'actuel Lorestan. Ses souverains dominent le reste des principautés élamites. Ils sont plusieurs fois rentrés en conflits avec les souverains de Sumer et d'Akkad, et la Liste royale sumérienne rapporte même qu'ils auraient dominé à un moment la Basse-Mésopotamie. Les souverains d'Awan sont néanmoins vaincus par les souverains de l'Empire d'Akkad, à commencer par Sargon, malgré l'aide récurrente de leur alliés de Marhashi. Ils conservent cependant leur indépendance, et restent une menace pour les Akkadiens jusqu'à l'époque de Naram-Sîn, qui signe un traité de paix avec le roi d'Awan, sans doute Khita, vers 2250. Quand l'Empire d'Akkad s'effondre à la mort de ce roi, le nouveau roi d'Awan, Puzur-Inshushinak, réussit à constituer un royaume puissant depuis Suse, qu'il a reprise. Son œuvre reste néanmoins éphémère, et son règne s'achève sans doute dans le chaos, face aux barbares Gutis, qui emportent la dynastie d'Awan.

Après quelques décennies qui nous sont inconnues, une nouvelle dynastie domine l'Elam, celle de Simashki, une ville située soit dans le Lorestan, soit dans le Kerman. La partie occidentale de l'Elam, Suse comprise, est depuis la fin du XXIIe siècle av. J.-C. sous la coupe des rois d'Ur, qui ont réussi tant bien que mal à soumettre les rois d'Anshan, de Marhashi, et de Zabshali. Mais lorsque cette dynastie s'affaiblit à la fin du XXIe siècle av. J.-C., le roi Kindattu de Simashki prend la direction de l'Elam, et il réussit à s'emparer d'Ur en 2004, capturant son roi Ibbi-Sîn. Mais il ne parvient pas à maintenir sa domination sur la Basse-Mésopotamie. L'apogée de Simashki dure quelques années, avant que les souverains amorrites d'Isin, puis de Larsa, nouveaux maîtres de Sumer et d'Akkad, ne lui infligent plusieurs défaites sévères.

Alors que les rois de Simashki s'affaiblissent inexorablement, une nouvelle dynastie émerge depuis Anshan, celle dite des Epartides, du nom de son fondateur Ebarat, ou des sukkalmah, d'après le titre que se donnaient ses souverains. L'Elam acquiert sous leur direction une grande puissance. Shiruktuh réussit à se faire considérer comme un roi supérieur à ses contemporains les rois de Babylone, d'Eshnunna, de Mari ou de Larsa[3]. Son successeur Siwepalarhuhpak tente de rendre réelle cette domination théorique en s'attaquant à Eshnunna. Il l'emporte grâce à l'appui de Zimri-Lim de Mari et Hammourabi de Babylone, mais il continue ensuite ses attaques en direction de ses deux alliés, qui réussissent à le repousser tant bien que mal en se faisant aider par les autres rois amorrites. L'Élam n'est pas affaibli pour autant, et quelques années plus tard le roi Kutir-Nahhunte Ier pille la ville d'Ur, en plein territoire babylonien. Mais la dynastie s'effondre par la suite, dans le courant du XVIIe siècle av. J.-C..

La période médio-élamite

La période médio-élamite (1500-1100) débute par une « dynastie » mal connue, celle dite des Kidinuides, dont les rois ne sont sans doute pas les membres d'une même famille royale. Le souverain le mieux connu de cette période est Tepti-ahar, qui se construit un complexe funéraire à Kabnak (Haft-Tappeh), en Susiane.

Hache portant une inscription au nom d'Untash-Napirisha.

Vers 1400, une nouvelle dynastie est fondée par Ige-halki (d'où son nom de dynastie Igehalkide), sans doute intrônisé par le roi kassite de Babylone, Kurigalzu II, qui soumet Kabnak et tout l'Élam occidental au cours de plusieurs campagnes. À sa suite, et pour la première fois, les Élamites entretiennent des relations cordiales avec les rois de Babylone, dont ils épousent des filles. Les principaux rois de cette période sont Humban-numena (c. 1355-1345), grand conquérant, et son successeur Untash-Napirisha (c. 1345–1305), qui fonde la ville de Dur-Untash (Choga-Zambil). Après le règne de celui-ci, les Élamites se heurtent aux attaques du roi assyrien Tukulti-Ninurta Ier, qui réussit à vaincre les Kassites. Kidin-Hutran III (c. 12451215) lance plusieurs raids victorieux en Babylonie, affaiblissant les positions assyriennes dans ce pays, mais aussi celles des Kassites.

La dynastie des Igehalkides est peu après remplacée par celle des Shutrukides. Une étude récente a cependant mis en avant le fait que ces deux dynasties ne pourraient en fait n'en constituer qu'une seule. À cette période, l'Assyrie et Babylone sont en recul, ce dont profitent les rois élamites. Shutruk-Nahhunte (c. 11901155) et son fils Kutir-Nahhunte III (c.11551150) s'emparent après plusieurs années de campagne de Babylone, éliminant la dynastie kassite. Shilhak-Inshushinak (c. 11501125), autre fils de Shutruk-Nahhunte, poursuit sur la lancée de ses prédécesseurs, en soumettant une grande partie du Zagros oriental, poussant jusqu'en territoire assyrien. Le royaume élamite est alors à son apogée, mais cela ne dure pas : une révolte en Babylonie chasse les occupants. Le roi suivant, Hutelutush-Inshushinak (c. 11251105) est vaincu par le roi de Babylone Nabuchodonosor Ier, et il se réfugie à Anshan. La dynastie shutrukide disparaît vers le début du XIe siècle , période de grands bouleversements dans tout le Moyen-Orient.

La période néo-élamite

La période néo-élamite (1000-539) est divisée en trois grandes parties, seule la deuxième, marquée par la lutte avec l'Empire assyrien, est bien connue. Pour la première partie (Néo-élamite I), qui va de 1000 à 753, on ne connaît aucun roi élamite. On sait que c'est à cette époque que les peuples iraniens, en premier lieu les Mèdes et les Perses, s'installent en Iran occidental. Ces derniers prennent possession de la région d'Anshan aux VIIIe ‑ VIIe siècle av. J.-C., fondant une dynastie dans cette ville, d'où les Elamites sont chassés. Quand il réapparaît dans l'histoire vers le milieu du VIIIe siècle av. J.-C., le royaume d'Élam est centré sur la Susiane, ses rois régnant depuis Suse.

La période Néo-élamite II (743-646), voit un siècle de luttes contre l'Assyrie[4]. Sous Teglat-Phalasar III, les Assyriens parviennent à dominer la Babylonie, et se trouvent donc aux portes de l'Élam. Les rois de ce royaume vont alors s'allier aux Babyloniens qui tentent de secouer le joug des occupants. En dépit de quelques succès éphémère, les Assyriens réussissent à l'emporter sur les Élamites, et maintiennent leur domination sur la Babylonie. Après une grande révolte menée par le roi babylonien Shamash-shum-ukin sous le règne de son frère Assurbanipal, soutenue par l'Élam, le roi assyrien décide d'en finir avec ce royaume en 646. Le roi élamite Humban-haltash III est vaincu dans son propre pays, et Suse est prise et pillée. La puissance élamite est abattue, mais l'Assyrie s'est épuisée à réprimer les révoltes en Babylonie, et c'est finalement de là que vient sa fin quelques années plus tard, quand le roi chaldéen de Babylone, Nabopolassar, s'allie au roi mède Cyaxare pour en finir avec le royaume assyrien.

La période Néo-élamite III (646-539) est seulement connue dans les grandes lignes. L'Elam est divisé en plusieurs petits royaumes de faible importance (Suse, Malamir, Zamir, Samati, etc.). Ceux-ci se révèlent incapables de faire face à la progression des rois perses achéménides, qui assimilent l'héritage élamite pour fonder un puissant royaume. Cyrus II, constitue un Empire en prenant successivement possession des royaumes mède, lydien et babylonien. C'est sans doute quand ce dernier tombe en 539 que l'on doit considérer que les dernières principautés élamites sont elles aussi intégrées dans l'Empire achéménide.

Organisation politique

Pour le peu que l'on sache, le royaume élamite apparaît comme une sorte de confédération réunissant un ensemble de principautés sous la coupe d'un roi. Anshan et Suse sont les villes-pivot du royaume élamite, comme le montre le titre royal de « Roi d'Anshan et de Suse » que portent ses rois à partir de l'époque paléo-élamite. Les autres entités politiques élamites sont, selon les époques : Awan, Simashki, Sherihum (l'actuel Bushehr), Bashime, Huhnur (Malamir), Kabnak (Haft-Tappeh), Hidalu, Madaktu pour les plus importantes. L'Élam est donc un territoire hétérogène, ce qui est compréhensible du fait de sa situation topographique dans un espace montagneux. Cela explique sans doute pourquoi son histoire est faites de nombreuses périodes sur lesquelles on ne sait rien de lui, et aussi pourquoi il n'a jamais été homogène culturellement (comme l'atteste la religion).

Le roi (élamite sunki-) est le personnage principal du royaume. Il est le représentant des dieux sur Terre, et c'est en leur nom qu'il dirige l'Élam. Les dieux pourvoyeurs de la royauté varient selon l'époque : ce peut-être Humban, Pinikir ou Napirisha, et Inshushinak à Suse. La règle successorale élamite est sujet à débats. Dans les textes, les rois élamites se disent souvent « fils de la sœur » (ruhu-shak) de leur prédécesseur. Ceci a été interprété à la suite de G. Cameron comme le fait que les rois se succèdent d'oncle en neveu par la sœur. Mais récemment F. Vallat a mis en avant qu'il pourrait s'agir de la pratique de l'inceste dans la famille royale, les fils nés de l'union du roi avec sa sœur ayant la priorité sur les autres dans la succession[5]. Quoi qu'il en soit, on sait que le successeur du roi était désigné du vivant de son prédécesseur et qu'il participait aux affaires du royaume. Cela se retrouve dans la titulature de la dynastie des sukkalmah, inspirée par celle des gouverneurs du royaume d'Ur III : le roi porte le titre de « sukkal.mah d'Élam » (« Grand Régent » en sumérien), alors que son successeur désigné était le « sukkal de Suse « (« Régent »). Il exerçait donc le pouvoir en Susiane au nom de son supérieur. À l'époque néo-élamite, les règles de succession deviennent plus classiques : on se succède de père en fils aîné.

Religion

Article détaillé : Religion élamite.

Les dieux

Pour autant que l'on puisse le voir dans des sources souvent peu claires sur la religion élamite, celle-ci était peu structurée au niveau du royaume, et il existait un ensemble de divinités provenant des différentes régions de ce pays[6]. Les principales divinités de la royauté au IIe millénaire av. J.-C. étaient Napirisha, le dieu d'Anshan, la capitale traditionnelle de l'Élam, et Inshushinak, le dieu de la ville de Suse. Le caractère de l'Élam, partagé entre ces deux cités était marqué par le titre que se donnaient ses rois, qui se disaient « rois d'Anshan et de Suse ».

Les autres divinités varient selon la période et le lieu. Sous la dynastie d'Awan, Humban est le grand dieu de l'Elam. Plus tard, il est assimilé à Napirisha. Une divinité importante a toutes les périodes est Nahhunte, dieu du soleil, divinité de la justice, protecteurs des contrats et des serments. Les déesses occupent une place importance : parmi elles on compte Pinikir, Kiririsha, peut-être la déesse de la ville de Liyan (actuellement au Bushehr), parfois considérée comme la parèdre de Napirisha, et Narundi. Les Élamites vénéraient aussi des dieux d'origine mésopotamienne, comme Ishtar, Adad, Ninhursag ou Nushku.

Les lieux de culte

La ziggurat de Chogha Zanbil

Les Élamites vénéraient leurs dieux dans des temples, comme la plupart des peuples de l'Orient Ancien. Peu de temples élamites ont été dégagés (à Suse, Chogha Zanbil, Haft Tappeh). Les textes élamites et assyriens nous informent d'une particularité des temples élamites, la présence de bosquets sacrés (husa), peut-être liés au culte des morts.

Comme les Mésopotamiens, les Élamites ont bâti des ziggurats, héritières des hautes terrasses bâties depuis le IVe millénaire av. J.-C. sur divers sites du Plateau iranien (dont Suse). Deux sont connues : celle de Suse, attestée par les sources écrites, et celle de Chogha Zanbil, qui est actuellement la ziggurat la mieux conservée de tout le Proche-Orient.

Les dieux élamites étaient aussi adorés dans des lieux de culte en plein air, comme ceux retrouvés dans le Fars à Izeh, Kurangun ou Naqsh-e Rostam. Des grands bas-reliefs représentants des dieux et des scènes de culte y avaient été sculptés. Il devait s'y dérouler des cérémonies religieuses. Certains de ces lieux ont été utilisés sur une très longue période, comme Naqsh-e Rostam qui est encore un lieu de culte sous les Sassanides.

Art

Article détaillé : Art élamite.
Panneau de briques moulées représentant un homme-taureau protégeant un palmier, Suse, période shutrukide

L'art élamite[7] est surtout connu par les fouilles réalisées sur le site de Suse, qui ont livré une grande quantité d'objets, à défaut de monuments, du fait des techniques des premiers fouilleurs du site qui ne se préoccupaient pas des bâtiments. Les fouilles de l'autre capitale élamite, Anshan, ont été biens moins fructueuses. Un autre site important est celui de Chogha Zanbil, ainsi que Haft Tepe, tous deux datés de la période médio-élamite.

L'art proto-élamite présente plusieurs traits originaux. Les artistes ont développé un art animalier, qui se retrouve dans la glyptique, la statuaire, la métallurgie, la peinture sur céramique ; ils ont aussi utilisé des motifs géométriques.

À la fin du IIIe millénaire av. J.-C., le règne de Puzur-Inshushinak semble avoir été une période faste pour l'art élamite, comme en témoignent les nombreuses œuvres d'art de cette période retrouvées à Suse, notamment des sculptures en ronde-bosse représentant des animaux fantastiques et des celle de la déesse Narundi.

La période des sukkalmah voit la réalisation des bas-reliefs rupestres de Kurangun, représentant un souverain élamite en présence du grand dieu Napirisha, figure qui s'affirme dans l'iconographie de cette époque.

La période médio-élamite peut être considérée comme l'apogée artistique de l'Élam. De grandes fondations royales sont faites par Tepti-ahar à Kabnak (Haft Tepe) et surtout Untash-Napirisha à Dur-Untash (Chogha Zanbil), centre cultuel possédant la seule ziggurat élamite dont les ruines soient toujours conservées. Le règne de ce souverain fut particulièrement brillant sur le plan artistique, et la statue en bronze grandeur nature de son épouse Napir-asu est l'un des chefs-d'œuvres de l'art élamite.

À sa suite, les rois Shutrukides entreprennent de nombreuses reconstructions de temples à Suse, et un remarquable bas-relief sur briques moulées d'inspiration mésopotamienne placé dans le temple d'Inshushinak à Suse nous est parvenu, représentant des hommes-taureaux et des déesses-lama protégeant des palmiers. Les plus anciens bas-reliefs du sanctuaire rupestre d'Izeh remontent sans doute à cette période.

Les sceaux de la période néo-élamite montrent la montée de l'interpénétration entre l'art élamite et celui des Perses, qui va aboutir au style dit "élamo-perse". Peu de réalisations artistiques nous sont parvenues de cette période.

Langue et écriture

La langue élamite n'a pu être rapprochée avec certitude d'aucune langue connue. C'est une langue agglutinante. Sa traduction est encore incomplète. Cette langue est connue depuis les débuts de l'assyriologie, puisque l'élamite est une des trois langues écrites en cunéiforme sur l'inscription du roi perse Darius Ier à Behistun, qui a servi de base au déchiffrement du cunéiforme et de l'akkadien et du vieux perse, même si la partie élamite est restée au second plan, cette langue étant un isolat linguistique bien plus complexe à comprendre que les deux autres, qui peuvent être compris à l'aide de langues encore parlées.

La langue élamite est divisée en trois grandes périodes, les mêmes que les périodes historiques : paléo-élamite, médio-élamite et néo-élamite, auxquelles on peut rajouter l'élamite tardif des tablettes de Persépolis[8].

Il y a eu trois types d'écritures attestés en Élam[9]. Le plus ancien, le proto-élamite, se développe à la fin du IVe millénaire av. J.-C., et est attesté surtout à Suse, mais aussi à Anshan et dans d'autres sites iraniens. Il s'agit d'une des plus anciennes formes d'écriture connues, avec l'écriture mésopotamienne et les hiéroglyphes égyptiens. Elle n'a toujours pas été traduite, mais on sait que les exemplaires connus sont relatifs à des opérations administratives ou commerciales.

L'élamite linéaire n'est attesté qu'à la fin du IIIe millénaire av. J.-C., durant le règne de Puzur-Inshushinak. On a supposé qu'il s'agissait d'un dérivé du proto-élamite, mais cela n'est pas sûr. Il n'a pas été traduit non plus. Il est cependant fort probable que cette écriture et la précédente ont servi à noter la langue élamite.

Les tablettes écrites retrouvée récemment à Konar Sandal (Jiroft) pourraient bien être d'une forme d'écriture d'élamite, il faut cependant attendre que les découvertes progressent et que l'on établisse les liens de celle-ci avec le proto-élamite et l'élamite linéaire.

L'élamite a été noté avec l'écriture cunéiforme mésopotamienne à partir de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C.. Le plus ancien texte en élamite cunéiforme attesté est un traité de paix conclu entre un roi d'Awan et le roi Naram-Sin d'Akkad. L'élamite cunéiforme est écrit jusqu'à l'époque achéménide, le dernier lot de tablette de cette écriture qui nous soit connu est celui du palais de Persépolis. La forme de cunéiforme employée par les Élamites a tendance à faire un usage restreint des idéogrammes, pour privilégier une écriture plus phonétique qu'en Mésopotamie[10].

Les rois élamites ont également souvent écrit en akkadien, et les archives privées de Suse connues pour la période paléo-élamite sont dans cette langue (qui était probablement parlée dans cette ville) ; d'autres tablettes akkadiennes ont été retrouvées à Haft Tepe[11].

Notes et références

  1. P. Amiet, L'âge des échanges inter-iraniens, 3500-1700 av. J.-C., Réunion des musées nationaux, Paris, 1986
  2. Synthèses historiques récentes sur l'Élam : (en) B.Brentjes, “The History of Elam and Achaemenid Persia: An Overview”, in J. M. Sasson, Civilizations of the Ancient Near East II, Scribner, 1995, p. 1001-1019 ; (es) E.Quintana Cifuentes, Historia de Elam, el vecino mesopotámico, Universidad de Murcia : Servicio de Publicaciones, 1997 ; (en) F. Vallat, "The History of Elam", in F. Vallat et al., "Elam", in Encyclopaedia Iranica, 1998
  3. D. Charpin et J.-M. Durand, "La suzeraineté de l'empereur (sukkalmah) d'Élam sur la Mésopotamie et le 'nationalisme' amorrite", in Mésopotamie et Elam : Actes de la 36ème rencontre assyriologique internationale, 1991, p. 59-66
  4. Pour les détails sur cette période mouvementée : [1]
  5. Voir notamment F. Vallat, "Succession royale en Elam au IIe millénaire av. J.-C.", dans H. Gasche (dir.), Cinquante-deux réflexions sur le Proche-Orient ancien : offertes en hommage à Léon De Meyer, Louvain, 1994, p. 1-14 ; et id., "Réflexions sur l'époque des sukkalmah", dans id. (dir.), Contribution à l'histoire de l'Iran : mélanges offerts à Jean Perrot, Paris, 1990, p. 119-127
  6. (en) H. Koch, « Theology and Worship in Elam and Achaemenid Iran », dans J. M. Sasson (dir.), Civilizations of the Ancient Near East III, New York, 1995, p. 1050-69 ; (en) F. Vallat, « Elam, vi, Elamite religion », dans E. Yarshater (dir.), Encyclopaedia Iranica, 1998, p. 335-341
  7. P. Amiet, Elam, Paris, 1966
  8. F.Grillot-Susini, Éléments de grammaire élamite, Éditions Recherches sur les Civilisations, Paris, 1987
  9. Généralités dans C.Herrenschmidt, "La civilisation élamite et l'écriture", in J.Bottéro, C.Herrenschmidt, J.-P.Vernant, L'Orient Ancien et nous, Paris, 1998, p. 95-117
  10. M.-J. Stève, Le syllabaire élamite, Histoire et paléographie, Neuchâtel-Paris, Recherches et publications, 1992
  11. (en) S. Lackenbacher, "Non-Elamite Texts in Elam", in F. Vallat et al., "Elam", in Encyclopaedia Iranica, 1998, p. 343-344

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) B.Brentjes, “The History of Elam and Achaemenid Persia: An Overview”, in J. M. Sasson, Civilizations of the Ancient Near East, Scribner, 1995, p. 1001-1019 ;
  • (en) D. T. Potts, The Archaeology of Elam: Formation and Transformation of an Ancient Iranian State, Cambridge University Press, 2004 ;
  • (en) François Vallat, Elizabeth Carter, R. K. Englund, Mirjo Salvini, Françoise Grillot-Susini, Sylvie Lackenbacher, « Elam », in Encyclopædia Iranica en ligne ;
  • (en) E. Carter et M. W. Stolper, Elam. Surveys of Political History and Archaeology, Near Eastern Studies 25, Berkeley et Los Angeles, 1984 ;
  • (es) E.Quintana Cifuentes, Historia de Elam, el vecino mesopotámico, Universidad de Murcia : Servicio de Publicaciones, 1997 lire en ligne ;
  • Mésopotamie et Élam. Actes de la 36ème rencontre assyriologique internationale, University of Ghent, Gand, 1991.

Articles connexes

Liens externes



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