- Ayatollah Khomeini
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Rouhollah Khomeini
Rouhollah Mousavi Khomeini (en persan : روحالله موسوی خمینی), aussi transcrit Khomeiny ou Khomeyni (17 mai 1902, Khomein - 3 juin 1989, Téhéran) était un dignitaire religieux chiite possédant les titres d'ayatollah et de seyyed, un homme politique iranien et le guide spirituel de la révolution islamique de 1979 qui renverse le shah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi. Il était également considéré comme Marja par de nombreux chiites après la mort de l'ayatollah Borudjerdi. Il installe en Iran une théocratie chiite qu'il gouverne depuis son établissement jusqu'à sa mort en 1989, période où il occupe le poste de Guide de la révolution.
Sommaire
Jeunesse
Il est né dans la ville de Khomein sous le nom Rouhollah Moussavi (en persan : روح الله موسوی) en 1902 dans une famille très croyante. Son turban noir indique qu'il est un seyyed, un des nombreux descendants du prophète de l'islam Mahomet, en l'occurrence par le biais de l'imâm Musa al-Kazim. Son grand-père, son père et son frère aîné sont ayatollah. Son père est assassiné par les hommes de main d'un grand féodal. Sa jeunesse est également marquée par les troubles politiques des années 1906-1911 (la révolution constitutionnelle de l'Iran). Il s'installe dès les années 1920 à Qom, la deuxième ville sainte du pays. Solitaire, l'étudiant en théologie affirme son indépendance d'esprit. Il suit des cours de philosophie - considérée comme contraire à la tradition coranique -, compose des poèmes mystiques, enfreint les règles en matière d'habillement. Aux émissaires de son maître mécontent, il réplique sèchement : « Je ne suis pas la concubine de l'ayatollah, mais son élève ! Je m'habille comme je veux. » En 1927 il est professeur de théologie à Qom, puis dans les années 1950 il est nommé ayatollah. Il s'engage dans l'opposition religieuse au régime autoritaire du shah Mohammad Reza Pahlavi et aux réformes que celui-ci mène pour la modernisation du pays (la « révolution blanche »), réformes incluant notamment le droit de vote des femmes, les réformes agraires, la modernisation du système judiciaire qui met en cause la suprématie de la charia coranique. En 1962, il devient un des chefs de la communauté chiite, reconnu comme « guide religieux suprême » (marja-e taqlid).
Exil
Son opposition à la « révolution blanche », lancée par le pouvoir iranien le conduit à l'affrontement avec le pouvoir. Il est arrêté en 1963 pour avoir joué un rôle important dans les émeutes du 4 juin. Condamné à mort il est gracié par le shah d'Iran, qui conscient de son influence, le fait libérer rapidement en 1964. Mais l'arrestation de Khomeini provoque des manifestations à Téhéran et à Qom. Elles sont réprimées dans le sang. « Le responsable de ce massacre paiera de sa vie », promet-il. Vingt ans plus tard, en 1984, le général Oveyssi, le chef de la SAVAK pendant les troubles, sera abattu en plein Paris. Après avoir été libéré, Khomeini est forcé à l'exil (par Oveyssi), d'abord en Turquie, puis à Nadjaf et Kerbala en Irak pendant 14 ans, où son discours se radicalise progressivement. Son activisme pro-chiite indispose le pouvoir irakien et en 1978 il part vers la France avec un visa de touriste et s'installe à Neauphle-le-Château sans demander l'asile politique. Selon Alexandre de Marenches (chef du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, ancien nom de la DGSE), la France aurait suggéré au shah qu'ils pourraient « organiser un accident mortel pour Khomeini » ; le shah refuse l'offre d'assassinat, arguant du fait que ceci en ferait un martyr. Khomeini est devenu un des adversaires les plus influents du shah.
En Irak et à Paris, il radicalise et systématise sa pensée autour d'une conviction profonde : la démocratie n'est pas le système adéquat pour l'Iran. Selon son analyse, les oulémas héritiers du Prophète détiennent l'autorité religieuse et politique, jusqu'au retour de l'imam caché. Ces clercs ont le pouvoir de désigner le plus savant d'entre eux pour concentrer l'autorité. Ce principe deviendra sous le nom de velayet-e-faqih après la révolution islamique, la clef de voûte du nouveau régime iranien que Khomeini définit comme le pouvoir absolu du religieux.
Le retour en Iran
Khomeini retourne en Iran le 1er février 1979, à l'appel de la Révolution déjà bien en marche. Khomeini prend le pouvoir le 11 février 1979, en étant chef d'État, d'abord comme : « chef de la révolution en Iran », puis en tant que « chef spirituel suprême » au sein d'un gouvernement provisoire. La République islamique est acceptée par référendum, instituant un mandat présidentiel de quatre ans. Le 4 février 1980 Khomeini approuve l'élection d'Abolhassan Bani Sadr au titre de premier président de la République islamique d'Iran. Seuls les candidats approuvés indirectement par le guide suprême d'Iran, lui-même nommé par le Conseil des gardiens, peuvent être candidats.
Dans la république islamique voulue par Khomeini, la constitution reconnaît le chiisme duodécimain comme religion d'État. De plus, la constitution précise que la loi iranienne doit être en accord avec la charia. Les droits de l'homme acquis durant la période précédente régressent.
Khomeini devient peu à peu le centre d'un culte de la personnalité, et toute opposition à sa personne, au gouvernement religieux ou à l'islam en général est réprimée. Au lendemain immédiat de la révolution se répandirent des allégations d'abus systématiques des droits de l'homme et de torture.
Au début de la révolution entre 1979 et 1981, des étudiants membres d'un groupe appelé Partisans de la ligne de l'Imam enlèvent 52 citoyens des États-Unis et les retiennent en otage dans l'ambassade des États-Unis à Téhéran pendant 444 jours au cours de la crise iranienne des otages. Khomeini indique le 23 février 1980 au parlement iranien que le destin des otages dépend de l'ambassade américaine, celle-ci devant exiger des États-Unis l'extradition du chah en vue de son procès en Iran. Le président des États-Unis Jimmy Carter lance une opération commando pour sauver les otages, mais la tentative échoue car les hélicoptères s'écrasent dans le désert aux environs de Tabas. De nombreux commentateurs pensent que cette débâcle entraîne la défaite de Carter à l'élection présidentielle américaine de 1980 au profit de Ronald Reagan.
Guerre Iran-Irak
Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Khomeini commença à appeler de ses vœux la propagation de la révolution islamique aux autres pays musulmans. Ambitionnant d'occuper les zones pétrolifères d'Iran (en particulier le Khouzistan) et opposé à la diffusion d'un chiisme militant tel qu'il est promu par Khomeini, la république laïque irakienne, dirigée par Saddam Hussein, envahit alors l'Iran, commençant ce qui deviendra pendant une décennie la guerre Iran-Irak. Au début de la guerre le peuple iranien se rassemble autour de Khomeini et son régime, ainsi que sa popularité et sa puissance personnelle, s'en trouvèrent inégalés. Toutefois, la durée du conflit aidant, au bout de huit ans de guerre, Khomeini qui qualifiait cette guerre de « don divin », accepte le cessez le feu en 1988 en le qualifiant de « coupe de poison ».
La guerre terminée, Khomeini ordonne l’exécution des prisonniers politiques. En l'espace de trois mois, plus de 30000 prisonniers sont exécutés. Le dauphin de Khomeini, l'ayatollah Montazeri proteste contre ce massacre, ce qui lui vaut la disgrâce et l'assignation à résidence.
En 1989, Khomeini, condamne à mort l'écrivain Salman Rushdie à travers une fatwa qui accuse celui-ci de « blasphème » contre le prophète de l'islam Mahomet. Les Versets sataniques, le roman de Rushdie, qui examine l'intégration des caractères indiens dans la culture occidentale moderne, contient des passages qui impliquent que certains versets du Coran n'ont pas été dictés par Dieu mais par Satan, exploitant une ancienne histoire folklorique. L'ayatollah Khomeini considère cela comme un blasphème envers l'islam et Mahomet. Il s’agirait du moment où le terme controversé d’islamophobie a fait son apparition, selon la thèse de Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Cet évènement a fait reconsidérer par beaucoup d'Occidentaux, en particulier ceux de gauche qui s'étaient généralement positionnés en faveur de la révolution contre le chah, leur appui à Khomeini.
Après onze jours passés à l'hôpital du fait d'une hémorragie interne, Khomeini meurt le 3 juin 1989. Ses obsèques réunissent une foule de plus d'un million d'Iraniens.
Trivia
Khomeini est considéré par beaucoup comme l'un des hommes les plus influents du XXe siècle, et a été choisi par le Time Magazine comme Homme de l'Année 1979.
La chanson Monsieur Comédie du groupe Trust attaque violemment Khomeini.
Bibliographie
- (en) Baqer Moin, Khomeini : Life of the Ayatollah, IB. Tauris, Londres et New-York, 1999, ISBN 1-85043-128-0, 352 p. lire en ligne sur google books
- (en) Daniel E.Harmon, Ayatollah Ruhollah Khomeini , Chelsea House Publishers, Philadelphie, 2005 ISBN 0-7910-7865-5, 112 p.
- (en) Mir Ali Asghar Montazam, The life and times of Ayatollah Khomeini, Anglo-European Publishing, Londres, 1994, ISBN 1-898677-00-X, 496 p.
Voir aussi
- Velayat-e faqih
- Révolution iranienne
- Organisation des moudjahiddines du peuple iranien
- Histoire de l'islamisme
Liens externes
- (en) Velayat-e faqih, Rouhollah Khomeini, The Institute for Compilation and publication of Imam Khomeini's works, Tehran. trad. Hamid Algar lire en ligne sur le site Iran Chamber
- (en) Le petit livre vert - Paroles de Khomeini, introduit par Clive Irving sur le site ProphetofDoom.net
- Gouvernement islamique (Hukumat-i Islami), par Rouhollah Khomeini sur le site wandea.org
- (en)Biographie de Khomeini sur le site Iran Chamber Society
- Livres de ou à propos de Khomeini sur le site ghadeer.org
- L'arrivée en Iran de Khomeini une archive vidéo de la Télévision suisse romande
- Testament politique de Khomeini
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