Docteur Paul Voivenel

Docteur Paul Voivenel

Paul Voivenel

Paul Voivenel devant une hutte en rondins, secteur de la "Selouze", Lacroix-sur-Meuse, 1917

Paul (Louis, Joseph, Marie) Voivenel ( le 24 septembre 1881 à Séméac - mort le 9 juin 1975 à Pamiers) est un neuropsychiatre, conférencier, écrivain et journaliste de la première moitié du XXe siècle.

Après des études secondaires à Tarbes et « fait sa médecine » à Toulouse, il devient chef de clinique puis médecin libéral (neuropsychiatrie) à Toulouse. Après sa thèse il a été introduit dans les milieux culturels parisiens par Rémy de Gourmont et collabore au Mercure de France.

Durant la Première Guerre mondiale il se retrouve médecin sur le front à la 67e D.I. de réserve (257e R.A.C., 211e R.I., 220e R.I., ambulance 15/6 .Il devient spécialiste des gaz de combat et, expert auprès des Conseils de guerre, a été le premier à décrire, à décharge pour les accusés, le syndrome de "peur morbide acquise" chez les combattants[1].

Dans l'Entre-deux-guerres, médecin, mais aussi homme de médias, il continue ses activités littéraires ; elles le conduisent à tenir des rubriques médicales dans le Mercure de France, le Figaro, la Dépêche du Midi, à continuer décrire des livres. Cest un auteur prolixe, 51 ouvrages à dominante médicale il reste une place pour ses souvenirs de guerre et le rugby. Il publie de 1933 à 1938 "Avec la 67e Division de réserve", Prix Montyon (1939) de l'Académie française et en 1942Mon beau rugby. Parmi les personnalités de l'époque, il se lie d'amitié avec Paul Léautaud, Paul Valéry, François Mauriac, Francis Carco, Marie-Madeleine de Saint-Exupéry, Camille Mauclair. Notable toulousain, il est à la tête du Groupe des Vingts ; directeur de publication du mensuel culturel « lArcher », de plus il est un conférencier à succès, tient une chronique à la radio toulousaine.

Passionné de Rugby, fondateur de la Ligue des Pyrénées avant 1914, il signe, sous les pseudonymes de Campagnou, La Selouze, de nombreuses chroniques dans la Dépêche du Midi et dans le Midi olympique. Fort de ses relations parisiennes, il fait ériger en 1925, en hommage aux morts de la guerre, le Monument aux Sports Héraklès archer de Toulouse. Dans Mon beau rugby, il se fait historien de ce sport mais montre aussi son adhésion aux thèses de la "Révolution nationale" et explique son implication dans la mise à mort du rugby à XIII.

Pendant la guerre son indéfectible pétainisme et des amitiés douteuses ne l'empêchent pas d'avoir des relations avec des Résistants qu'il aide au besoin. C'est ce qui lui vaut de surmonter les difficultés qu'il aurait connu à la Libération et sur lesquelles il ne s'étend pas.

L'après-guerre voit ses activités se réduire petit à petit pour se limiter à ses chroniques toulousaines dans la Dépêche du Midi et Midi olympique.

Devenu veuf à deux reprises, il se retire dans son village de Capoulet-Junacet décède à Pamiers le 9 juin 1975 sans postérité.

Il est détenteur de nombreuses décorations, la dernière, en 1965, Grand officier de la Légion d'honneur.

Sommaire

Biographie

Premiers temps de sa vie

le 24 septembre 1880 à Séméac (65) de Zélie Elisabeth Liautaud (Provençale) et de Louis Voivenel (Normand), capitaine de gendarmerie. Orphelin de bonne heure (1886) il est élevé par la seconde femme de son père Catherine Dupont.

Scolarisé dans le primaire et le secondaire (bac 1889) à Tarbes, il a du goût pour lHistoire et la philosophie ; après une alerte de santé (maladie pulmonaire) il se met à la pratique du sport, athlétisme, rugby (Barrette à lépoque) et surmonte cette alerte.

Il fait des études médicales à Toulouse de 1898 à 1901, quil continue de 1902 à 1908, après le service militaire -1901-1902- 57e R.A.C. (Toulouse) et 61e R.I. (XVe C.A. Marseille). Bûcheur, il passe avec succès lExternat puis lInternat.

Un peu auparavant, le 11 août 1903 il a épousé Marie-Louise Teulière, une jeune fille de 18 ans, originaire de Capoulet (Ariège) et dont la famille a connu des revers de fortune, lobligeant à prendre un emploi de couturière. Comme elle a su mener le ménage de son père elle va tenir remarquablement le sien, et Voivenel, un travailleur acharné, y contribuera bien de son côté. Son mariage lamène à adopter le village la famille de sa femme possède une maison, "la petite maison" ; il parle de Capoulet (09) comme de son « village renatal ».

Activités professionnelles, intellectuelles et passions

Par le rugby quil a pratiqué dans un des premiers clubs de rugby de Toulouse (le Stade Olympien des Étudiants Toulousains), les matchs se livraient dans la "Prairie des filtres" , il devient après la fusion de ce dernier avec la section rugby du Veto Sport dans le Stade toulousain (1907), dirigeant de ce club, puis Président du Comité des Pyrénées (1909-1912), enfin président dhonneur. Par la suite. Il restera toujours très proche des instances dirigeantes, au point dêtre chargé sous Vichy de proposer des solutions pour mettre fin à la dualité XIII, XV.

En même temps il écrit des articles sportifs dans les journaux toulousains, en particulier La Dépêche sous les pseudonymes de Phusis, De Gui, Quassia dAmara. Dans plusieurs livres il raconte ses souvenirs liés au rugby ; dans sa biographie romancée intitulée comme son premier tome, la Courbe , mais surtout dans Mon beau rugby ; il y reprend quelques épisodes de son journal de guerre, Avec la D.R., concernant les rugbymen dans la guerre de 14, en particulier la vedette du Stade toulousain, Alfred Mayssonnié , son ami, et celui qui sera son aide major au 211e R.I., Paul Mouniq , capitaine du Stade toulousain.

Brillant sujet, récompensé par de nombreux prix, il ne choisit pas la chirurgie, par crainte de sa vue, mais la psychiatrie, et devient le Chef de clinique du professeur Raymond (1908-1912). Sa thèse Littérature et folie est remarquée par les milieux littéraires en particulier par Rémy de Gourmont et, ainsi, il va pénétrer le milieu littéraire parisien (Symbolistes) et journalistique (chroniqueur médical du Mercure de France). Il commence aussi à écrire des livres, Le génie littéraire, avec le professeur Rémond.

Cependant il se fâche avec ce dernier et doit faire une croix sur une carrière universitaire de professeur agrégé. Il se dirige donc vers la médecine libérale avec dominante neuropsychiatrique, tout en conservant ses activités journalistiques quil étend à Paris (Le Figaro, chronique médicale du Journal des praticiens) et à faire des conférences grand public (novembre 1913).

Première Guerre mondiale

En septembre 1913, lors des grandes manœuvres, mobilisé comme médecin aide-major au R.A.C., son esprit dà propos fait quil contribue à sauver la vie de lattaché militaire allemand Von Winterfeldt , ce qui lui vaut la Légion d'honneur et la cravate de Commandeur de lordre de Prusse.

La guerre suit. De 1914 à 1918, il sert tour à tour au R.A.C., R.I., R.I., ambulance 15/6. Sur la guerre il publia dabord en collaboration Le Courage, Le Cafard, La psychologie du soldat, La guerre des gaz, lon retrouve des passages entiers quil avait pris dans son journal de guerre. Les hommes dans la guerre sont des sujets de choix pour le neuropsychiatre ; les comportements induits par les nouvelles formes de combat apparues avec le conflit lamènent à formuler des analyses à décharge de soldats accusés de lâcheté, diagnostic de "constitution émotive" ou de "peur morbide".

Il permet aussi de mieux comprendre les choix politiques du Dr dans lEntre-deux-guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale, ce que confirme en les élargissant à dautres domaines sa saga romanesque, les trois livres, la Courbe, le Toubib, In hoc signo, en fait son autobiographie il se met en scène sous le nom de "Campa". Il utilisa aussi dautres pseudonymes, celui de "Campagnou", la première fois, dans le Journal des praticiens pour rendre compte dun congrès de médecins neurologistes et aliénistes, mais sur le ton « dun médecin de campagne, un peu brutal, “sachant mal tenir la cuillère à entremetset dont [il pouvait] excuser le langage un peu vif quand il crossait un pontife » ; de même pour celui de "Silenos" ; enfin "la Selouze" « Le bois se tenait le 211e R.I en première ligne qui [lui] donnera [son] pseudonyme sportif daprès guerre. »

Il y gagne la Croix de guerre, le titre dofficier de la Légion d'honneur et termine médecin major, expert, très compréhensif, auprès des Conseils de guerre, "J'ose m'enorgueillir, en 3 ans et demi de guerre, de n'avoir jamais puni ou fait punir un combattant", spécialiste des affections dues aux gaz.

Entre-deux guerres

De retour à la vie civile il connaît quelques problèmes et doit refaire sa place dans le milieu médical toulousain. Sa forte personnalité a tôt fait de la lui redonner ; il est un médecin reconnu dans sa ville et sur le plan national qui « refuse dêtre qualifié de médecin neuropsychiatrie ou daliéniste » mais qui « veut être celui de lespoir ». Il devient un des notables de Toulouse, homme qui, de nos jours, serait qualifié de communication, il est à la tête du Groupe des Vingt (un cercle dhommes cultivés aux professions libérales ou publiques importantes), du mensuel LArcher, et, grâce à ses relations parisiennes, fait la connaissance de Bourdelle qui offrira son Héraklès pour le Monument au sport et à Mayssonnié, lemblématique joueur du Stade toulousain. Il conserve ses activités culturelles au Mercure de France, journaux médicaux et autres (il devient un critique littéraire connu, sans complaisance, sous les pseudonymes de "Campagnou" et de "Silenos", le père des satyres, tout un programme !

Homme de médias aussi dans sa région ; à partir de 1930 il participe à des émissions de Radio-Toulouse, tient une chronique dans La Dépêche il reprend le pseudonyme de "Campagnou" et dans le journal du rugby sous celui de "La Selouze". Ses conférences sont courues par la société toulousaine cultivée mais aussi atteignent un public national, international même. Sa production littéraire, surtout dans sa spécialité, est abondante mais cest avec son journal de guerre Avec la D.I.R. quil recevra en 1939 le prix Montyon de lAcadémie française.

Le monument aux morts de Capoulet-et-Junac

Il fréquente et reçoit des écrivains célèbres, des hommes politiques, Il cite parmi les gens quil reçut à sa table, le Président Doumergue dont il fut le médecin, les écrivains Georges Duhamel, Marcel Prévost, l'inspecteur général des bibliothèques de France, Pol Neveux, l'amiral Lacaze, aussi écrivain, journaliste, membre de plusieurs académies dont la française, le professeur, grand chirurgien, Émile Forgue, l'aviateur René Fonck, le journaliste de la presse gastronomique Georges Prade, aussi Conseiller municipal de Paris, à lorigine du festival de Cannes (1939), l'officier de marine, écrivain et historien de marine, fusillé pour collaboration Paul Chack, le romancier, essayiste et historien José Germain, le fils Jean Zyromski du socialiste de tradition guesdiste, antimunichois, Ernest Zyromski, intellectuel dreyfusard, qui dirigea la Bataille Socialiste. Surtout il devient un proche du maréchal Pétain qui le décorera de la cravate de Commandeur de la Légion d'honneur en novembre 1933 et viendra inaugurer en 1935 le monument aux morts de Capoulet-et-Junac (09). Il lui portera par la suite un indéfectible attachement.

Sur le plan politique, sil devient maire de Capoulet-Junac (1935), il ne réussit pas à parvenir, malgré le soutien de La Dépêche, à dautres responsabilités (1931, échec comme Conseiller général de Tarascon-sur-Ariège).

Seconde Guerre mondiale

Devenu lieutenant-colonel au début de la guerre il reçoit et garde à sa demande, sans rétribution, malgré sa mise à la retraite, la responsabilité avec le professeur Riser du Centre de Neuro Psychiatrie régional.
Son attitude pendant la seconde guerre mondiale est encore sujette à caution et à discussion. Il est mis en avant ce quil aurait dit le 27 juin 1940 : « Nous souffrons, notre tempérament va vers de Gaulle et nous vénérons Pétain. » mais il manifeste et même aurait inspiré, pendant la période de Vichy, tout au moins au début, des idées de la Révolution nationale. Il refuse un poste ministériel, mais, dans "Mon beau rugby", publié en 1942, il témoigne de sentiments hostiles au Front populaire, et à la "France libre", anglophobes, dont le ton peut rappeler Philippe Henriot. Cest ainsi quil concocte la disparition du rugby à XIII à linvite des autorités de Vichy (Borotra et Jep Pascot) (cf. pages 218 à 234 de son livre "Mon beau rugby" -1942, 1re ou 2e édition-).
Dans In hoc signo, publié en 1959, il sapitoie sur le sort de collaborateurs notoires, le Procureur Lespinasse, auteur dun réquisitoire xénophobe et antisémite qui conduisit à la guillotine le responsable de la M.O.I., Marcel Langer. Enfin il dénonce sur un ton persifleur les conditions de la libération de Toulouse.

Cependant dans ce même livre il évoque avec émotion larrestation des frères Lion, ses imprimeurs, par la Gestapo. De plus, sa fonction au C.N.P.C. lui a permis de sauver des juifs, des résistants pourchassés par la police de Vichy et la Gestapo, de faire de faux certificats pour éviter le S.T.O. à des jeunes. Tout cela lui vaudra (son amitié, quoique agnostique, avec le cardinal Saliège ny est pas pour rien) de nêtre quinquiété à la Libération malgré ses opinions, bien quil ne dise rien des ennuis quil put connaître.

Après-guerre et fin de sa vie

Cest dans ces circonstances que sa femme décède le 28 décembre 1944 et ce nest quen 1946 quil reprend lexercice de la médecine privée gardant aussi celles de services publics,P.T.T. et S.N.C.F. Il se retire progressivement de la vie publique. Il ne renoue que partiellement, et pour peu de temps, avec un milieu parisien les modes littéraires ont changé et quil napprouve pas. En 1947 il cesse ses activités au Mercure de France ; il prononce sa dernière conférence en décembre 1954 mais continue de publier des livres, en particulier ses mémoires romancées évoquées plus haut, mais ne peut le faire quà compte dauteur nintéressant plus les grands éditeurs.

En 1947 il se remarie avec lartiste peintre France Micoulau qui devient maire de Capoulet-Junac en 1953. De son côté il reprend ses chroniques dans la presse, en particulier après la renaissance de La Dépêche devenue du Midi avec Les propos de Campagnou et dans Midi olympique avec "Épilogues", toujours sous le pseudonyme de "La Selouze", plus tard, en 1959, à Radio-Toulouse, il tient une chronique hebdomadaire, À bâtons rompus. En 1963, à 83 ans, il cesse dexercer la médecine et se retire dans sa "petite maison" de Capoulet soigné par deux domestiques mais continue denvoyer, presque jusquà sa mort, ses chroniques à La Dépêche du Midi et à Midi olympique.

En 1965, le général Catroux, un gaulliste de la "France libre" de la première heure, vient à Capoulet le faire Grand Officier de la Légion d'honneur. En 1969 sa seconde femme décède, il sent que la fin approche et sy prépare mais la vieillesseEn 1973 ses amis essaient de monter avec laide de Roland Dorgelès un dossier pour quil obtienne le prix Nobel de Littérature, mais la mort arrête ce projet.

Il a offert la plupart de ses œuvres, dédicacées, à la Bibliothèque Municipale de Séméac : « on ne vend pas les livres que lon aime, on les donne à ses amis », se plaisait-il à dire. Il a eu signé sous un autre pseudonyme, "Limaquès" le Séméacais.

Il est mort le 9 juin 1975, sans descendance, à Pamiers (09). Il est enterré à Capoulet-Junac (09) sa "petite maison" a été transformée en musée, en grande partie consacrée au rugby.

Distinctions honorifiques

Œuvres

Bibliographie

Lien interne

Références

Liens externes

Ce document provient de « Paul Voivenel ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Docteur Paul Voivenel de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • La Croix sur Meuse — Lacroix sur Meuse Pour les articles homonymes, voir Lacroix. Lacroix sur Meuse …   Wikipédia en Français

  • Lacroix-Sur-Meuse — Pour les articles homonymes, voir Lacroix. Lacroix sur Meuse …   Wikipédia en Français

  • Lacroix-sur-Meuse — Pour les articles homonymes, voir Lacroix. 48° 58′ 28″ N 5° 30′ 44″ E …   Wikipédia en Français

  • Lacroix-sur-meuse — Pour les articles homonymes, voir Lacroix. Lacroix sur Meuse …   Wikipédia en Français

  • Lacroix sur Meuse — Pour les articles homonymes, voir Lacroix. Lacroix sur Meuse …   Wikipédia en Français

  • Semeac — Séméac Séméac Pays  France …   Wikipédia en Français

  • Séméac — 43° 13′ 45″ N 0° 06′ 27″ E / 43.2292, 0.1075 …   Wikipédia en Français

  • Projet:Médecine/Index — Articles 0 9 1,2 dibromo 3 chloropropane · 112 (numéro d urgence européen) · 1935 en santé et médecine · 1941 en santé et médecine · 1er régiment médical · 2 iodothyronine déiodinase · 2,4,6 trichlorophénol · 2005 en santé et médecine · 2006 en… …   Wikipédia en Français

  • Interdiction du rugby à XIII en France — En France, le rugby à XIII a été interdit par le gouvernement de Vichy à la fin du mois de décembre 1941. Sommaire 1 Le contexte 2 Le rugby à XIII sous le régime de Vichy 3 Le Gouvernement Provisoire de la Répu …   Wikipédia en Français

  • Joseph Pascot — (dit Jep) est un joueur français de rugby à XV et ministre du Régime de Vichy, né le 11 décembre 1897 à Port Vendres (Pyrénées Orientales) et décédé le 4 juin 1974 à Ribérac (Dordogne). Sommaire 1 Carrière 1.1 En club …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/527689 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”