Dialogue théologique

Dialogue théologique

Dialogue interreligieux

Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes.

A l'intérieur d'une même religion, le dialogue entre les différents courants est appelé « œcuménisme ».

Sommaire

Historique jusqu'à la Révolution française

Antiquité

La tolérance n'a pas existé de tout temps. Déjà Platon rêvait de brûler en place publique les œuvres de Démocrite.

Les Romains voyaient les chrétiens comme une menace par rapport à l'autorité de l'empereur.

Les premiers chrétiens de leur côté ne voyaient pas d'un bon œil les croyances des civilisations dans lesquelles ils vivaient. En témoignent les graffitis sur les monuments de l'Égypte antique, qui montrent que les premiers chrétiens du pays n'étaient pas tous tolérants envers ce qu'ils appelèrent le paganisme.

Moyen Âge et Renaissance

Ultérieurement, chaque religion a considéré les autres religions comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades. Dans le monde chrétien, on tenait les Juifs, pour responsables de la mort de Jésus de Nazareth, autrement dit le peuple juif était considéré comme déicide, jusque dans la liturgie catholique, et les ils étaient exclus d'un grand nombre de fonctions dans la société.

Il y eut des exceptions aux pratiques d'intolérance :

Aux contacts entre les civilisations, existaient des formes d'échanges culturels que l'on peut considérer comme les prémisses du dialogue interreligieux : califat de Cordoue, Sicile à l'époque de Roger II de Sicile.

Ces exemples de dialogue interculturel se fondaient, à partir de la Renaissance du XIIe siècle, sur un fondement philosophique clair : Pierre Abélard avait rédigé en 1142 le Dialogue entre un philosophe, un juif, et un chrétien, qui resta inachevé. Le philosophe dont il s'agissait était probablement un musulman. Abélard mit ainsi en scène trois monothéistes, pour qui il existe un Dieu unique. Il était en quête de tolérance religieuse, et chercha un noyau commun profondément ancré dans les cultures des trois religions monothéistes que sont le christianisme, le judaïsme et l'islam, permettant d'établir une véritable communication.

Abélard est l'inventeur de la scolastique, avant saint Thomas d'Aquin et les grands scolasticiens du XIIIe siècle. Il mit en évidence la force de la philosophie d'Aristote, transmise par les Arabo-musulmans au monde occidental. Cette philosophie permettait de mettre en évidence les fondements métaphysiques communs aux trois grandes religions monothéistes. La traduction des œuvres d'Aristote entre 1120 et 1190 nécessitait un travail conjoint entre Juifs, musulmans et chrétiens. Cette philosophie forma la base du savoir à partir du XIIe siècle en Occident, et fut introduite progressivement dans les universités européennes en création, au XIIIe siècle, par Albert le Grand et Roger Bacon. C'est ainsi que Paris devint la capitale intellectuelle de l'Occident (on employait peu le terme d'Europe à cette époque).

La Renaissance poursuivit cette tendance de fond.

Révolution française

La Révolution française posa la question du statut des citoyens en général. Cela concerna les prêtres catholiques (voir constitution civile du clergé) mais aussi les citoyens des religions autres que le catholicisme, et notamment des Juifs qui étaient écartés de la plupart des fonctions.

Pourtant, l'idée d'un véritable dialogue passa difficilement dans les esprits catholiques.

Époque contemporaine

Renouvellement des sciences religieuses

Le développement des sciences religieuses fut issu de la philosophie allemande du XIXe siècle. Il a permis la mise en œuvre d'un savoir laïc sur le phénomène religieux qui fut perçu comme une menace par les religions. Tel fut l'enjeu de la crise moderniste durant laquelle l'Église catholique romaine combattit ce savoir sous le nom de relativisme ; tel est encore l'enjeu de bien des conflits ayant à voir avec le phénomène religieux.

Sur ce point, voir Quêtes du Jésus historique, Évangile.

En 1999 fut créée une fondation pour la recherche et le dialogue interreligieux et interculturels. Le cardinal Ratzinger a contribué à la fondation de cette organisation.

Développement des échanges

Au XIXe et XXe siècles, l'important développement des moyens de transport et de communication a permis des échanges culturels qui, s'ils ne facilitaient pas le dialogue interreligieux, en jetaient les bases.

Certains utopistes, comme les saint-simoniens, s'imaginèrent même qu'il suffisait de mettre en place des lignes de chemin de fer et de navigation entre Rome et La Mecque pour faire dialoguer le pape et les musulmans.

Après la Seconde Guerre mondiale, la démocratisation du voyage se fit par la méthode du voyage organisé qui permit rarement la rencontre de l'autochtone. En revanche, les échanges d'étudiants, jusqu'ici réservés aux classes supérieures des pays développés, pourraient améliorer la situation par des financements européens, tel le programme Erasmus. Il est d'autant plus difficile de comprendre un comportement qu'on n'en connaît pas les origines. C'est pourquoi l'éducation est souvent considérée comme un vecteur de tolérance.

Réflexion sur le concept de vérité

La réflexion sur la vérité (religieuse ou autre), pourtant bien amorcée par Michel de Certeau s.j. dans L'invention du quotidien, t. II : manières de croire n'a été reprise par aucune religion à l'exception des courants libéraux qui en étaient conscients depuis le XIXe siècle. Le croyant ignore donc le sacré des autres et exige d'eux la révérence en ce que lui croit, révérence qu'il n'est pas prêt à manifester à l'égard de ses interlocuteurs.

Du fait de la vocation de la plupart des religions à n'enseigner que ce qu'elles croient«  vrai » désignant par toutes variantes du « faux » tout ce qu'elles n'ont pas exprimé elles-mêmes (méthode des épicycles coperniciens décrite pour la première fois dans le domaine religieux par John Hick (dans God has many names (1988) et popularisé par depuis par Régis Debray dans Le Feu sacré : Fonction du religieux, Fayard, 2003), on ne peut dire que la culture religieuse de l'Européen moyen ait grandement avancé.

Sur cet aspect, voir les articles spécialisés :

Dialogues interreligieux

Parlement mondial des religions

Le Parlement mondial des religions ou Parlement des religions du Monde, est la première tentative de nouer un dialogue global interconfessionnel . Il se réunit à Chicago du 11 au 27 septembre 1893, à l'occasion de l'exposition universelle, à l'instigation de Swami Vivekananda (1863-1902), un leader spirituel hindou, philosophe du védanta et Jenkin Lloyd Jones, (1843-1918), un chrétien unitarien.[1]. Pour la première fois se rassemblaient des représentants de religions orientales, asiatiques et occidentales.

L'idée en est relancée en 1988 par des disciples de Vivekananda pour fêter le centenaire de cet événement et le Parlement des Religions du Monde renaît en 1993 à Chicago. Il a depuis tenu assemblée en 1999 au Cap et en 2004 à Barcelone lors du Forum Universel des Cultures. La prochaine assemblée se tiendra à Melbourne en 2009[1].

Conférence mondiale des religions pour la paix

Créée en 1970, Religions pour la paix est la plus importante coalition internationale de représentants de grandes religions du monde au service de la promotion de la paix[2].

Rapports entre judaïsme et christianisme

Après les événements de la Shoah durant la Seconde Guerre mondiale, la conférence de Seelisberg (1947) a fait sentir la nécessité de revoir l'enseignement chrétien au sujet du judaïsme. L'historien Jules Isaac fut à l'origine de cette prise de conscience, ainsi que plusieurs personnalités chrétiennes.

Depuis une trentaine d'années, de nombreuses réflexions ont porté sur la recherche des racines religieuses de l'antisémitisme, ce que l'on appelle quelquefois l'antijudaïsme, afin d'établir un dialogue approfondi entre les Juifs et les chrétiens.

La liturgie catholique du vendredi saint a été modifiée dans le missel de 1966 par Paul VI, afin de supprimer la mention offensante pour les Juifs, qui subsistait depuis le VIIe siècle.

Église catholique romaine

À la suite de la conférence de Seelisberg, organisée en 1947, pour étudier les causes de l’antisémitisme chrétien, et sous l'impulsion de quelques personnalités comme Jacques Maritain, les catholiques sentirent l'urgente nécessité de revisiter de fond en comble la relation qu'ils avaient avec les autres religions.

Le thème du dialogue interreligieux fut, avec l'œcuménisme, l'un des thèmes évoqués lors du concile Vatican II entre 1962 et 1965. La déclaration Nostra Ætate est le document qui assied les nouvelles relations entre les catholiques et les juifs, musulmans, bouddhistes et hindous. En 2005, des chefs religieux du monde entier se sont rencontrés pour célébrer le quarantième anniversaire de sa promulgation.

Puis, plusieurs événements ont marqué la recherche de dialogue :

– les rencontres d'Assise du 27 octobre 1986 et du 10 janvier 1993 ;
– les dialogues avec les jeunes musulmans à Rabat le 9 août 1985 ;
– la venue de Jean-Paul II à la synagogue de Rome le 13 avril 1986.

L'encyclique Redemptoris missio consacre trois paragraphes au dialogue interreligieux (n° 55, 56, 57).

Plusieurs années avant l'an 2000, le pape Jean-Paul II a invité l'Église catholique romaine à se repentir pour les erreurs commises dans le passé, notamment envers les religions non chrétiennes, et également à pardonner.

Article détaillé : Repentance de l'Église.

Islam

Articles détaillés : Relations entre l'islam et les autres religions#Dialogue interreligieux et Relations entre l'islam et les autres religions.

Conférence « Dialogue des Religions et Symphonie Mondiales »

Le 6 janvier 2009, à Mahuva dans le Gujarat le Dalai Lama a inauguré une conférence interreligieuse appelée « Dialogue des Religions et Symphonie Mondiales ». Convoquée par le prédicateur hindou Morari Bapu, cette conférence explore « les moyens pour traiter la discorde parmi les religions majeures », selon ce prédicateur. Les participants incluent le professeur Samdhong Rinpoché, Premier ministre du gouvernement tibétain en exil pour le bouddhisme, Diwan Saiyad Zainul Abedin Ali Sahib (Ajmer Sharif) pour l’islam, le Dr. Prabalkant Dutt pour le christianisme non catholique, le Swami Jayendra Saraswathi pour l’hindouisme et Dastur Dr. Peshtan Hormazadiar Mirza pour le zoroastrisme.[3],[4]

Notes et références

Bibliographie

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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