Missel

Missel
Missel romain

Le missel est un livre liturgique contenant toutes les informations (chants, lectures, prières et même gestuelle) pour mener une messe. Il en existe deux modèles : le missel d'autel destiné à l'usage du célébrant, et le missel paroissien, destiné au fidèle.

Il est aussi lié à un service que peuvent pratiquer les servants d'autel : le rôle de porte-missel, ce dernier consistant à présenter ce livre au prêtre célébrant quand il en a besoin pour lire les différentes prières.

Sommaire

Différents missels

Missel romain

Du point de vue du contenu, il n'y a pas de missel unique ou uniforme, mais autant de missels qu'il y a de rites dont la liturgie eucharistique suppose le recours à un tel livre: la plupart des diocèses[1] et des ordres religieux ont eu leur missel particulier, avec plusieurs éditions. Ainsi, le Missel romain est le livre de la célébration de la messe selon le rite de l'Église romaine ou rite romain, mais on parle aussi de Missel tridentin pour le missel romain promulgué à la suite du concile de Trente (voir ci-dessous), de Missel ambrosien pour le livre de la célébration de la messe selon le rite de l'Église de Milan ; de Missel cartusien pour la célébration de la messe selon le rite cartusien ; de Missel cistercien chez les Cisterciens, de Missel dominicain chez les Dominicains ; de Missel wisigothique pour le livre de la célébration de la messe selon le rite de certains diocèses d'Espagne, etc.

Missel

Tous résultent d'une double tendance pratique et identitaire. La tendance pratique consiste à vouloir réunir en un livre toutes les pièces nécessaires à la célébration de la messe durant toute l'année. La tendance identitaire relève du besoin de réunir les éléments typiques qui font l'identité d'un rite et le distinguent soit des autres familles rituelles, soit d'autres éditions du missel de la même famille rituelle (Missel tridentin).

Origine du missel

Le missel, dit missale plenum, apparaît autour du XIe siècle dans l’Église latine. C’est le regroupement de plusieurs livres : le sacramentaire avec la prière eucharistique (canon), les oraisons et les prières, l’évangéliaire et l’épistolier pour les lectures ou péricopes de l’Écriture Sainte, un ou plusieurs livres pour les répons et les chants (Graduel ou Antiphonaire de la messe). Peu à peu, les manuscrits intégrèrent toutes ces parties en un ou plusieurs livres formant un tout.

Au début du XIIIe siècle, les ordres mendiants apparaissent : la particularité de ces communautés est d’être itinérantes, et de ne pas être fixées dans un diocèse en particulier. Une grande diversité de rite existe alors dans l’Église latine, variant d’un diocèse à l’autre, aussi bien au niveau des formes qu’au niveau du calendrier. Le besoin se fait sentir d’un rite commun à tout l’ordre. Saint François d’Assise recommande à ses frères d’utiliser le rite de la curie romaine, adapté à un apostolat itinérant.

Dans toute l’Église latine, l’usage missel plénier se généralise entre le XIIIe et le XVe siècle. Un grand nombre de diocèses et d'ordre religieux publient leurs éditions propres. Suite à la bulle Quo Primum, l’ensemble de l’Église latine utilise le missel romain, à l’exception des diocèses et des ordres religieux qui ont un rite propre suffisamment ancien.

Ainsi le missel mozarabe pour le diocèse de Tolède, le missel de Braga pour l’archidiocèse de Braga, le missel romano-lyonnais pour l’archidiocèse de Lyon, et le missel ambrosien pour l’archidiocèse de Milan vont se maintenir jusqu’à nos jours[2].

Certains ordres religieux comme les chartreux avec le rite cartusien, les dominicains avec le rite dominicain, les cisterciens avec le rite cistercien[3], les prémontrés avec le rite prémontré[4] et l’ordre du Carmel avec le rite carmélite[5] vont aussi conserver un missel propre[6].

Le missel romain

Comme le reste de l'Église latine, le diocèse de Rome a ses propres livres liturgiques. Dès l'époque carolingienne (fin du VIIIe siècle) l'aura grandissante de la papauté favorise l'adoption de certains de ses livres liturgiques par de nombreux diocèses. Au XIIIe siècle, le missel de la curie se répand sous l'influence des ordres mendiants. L'édition imprimée de 1474 a une grande diffusion.

Article détaillé : missel romain.
Article détaillé : histoire du rite romain.

L'unification tridentine, moyen de contre-réforme

Le concile de Trente, en 1563, soucieux de la « doctrine touchant au saint sacrifice de la messe », demande au pape de veiller à la perfection doctrinale des manières de dire la messe dans l'Église, en réaction aux hérésies protestantes sur ce sujet. Le pape Pie V répond à la demande du concile avec la bulle Quo primum[7], par laquelle, il promulgue, le 14 juillet 1570, son édition du Missel romain. Il en rend l’utilisation obligatoire dans toute l’Église latine, en faisant exception uniquement pour les endroits où un autre rite a été célébré pendant plus de deux cents ans.

'Missels' protestants

Par analogie avec les missels latins, certaines églises chrétiennes issues de la Réforme protestante éditent des livres ordonnant le rite de leur liturgie eucharistique en langue vernaculaire ; à dessein, pour se distinguer et par opposition doctrinale et ecclésiologique avec la "messe romaine", ils ne prirent pas le titre de 'missel' ou le reçurent improprement. Ce n'est que tardivement que le terme, ayant perdu sa signification confessionnelle initiale, fut réadopté par certaines églises issues de la Réforme.

'Missel' luthérien

Martin Luther participe à l'organisation du culte à Wittemberg en 1523, malgré ses réticences pour ce qui ne lui paraît que « bruit et fumée » et la porte ouverte à un légalisme pieux. Il écrit alors « Von ordnung des Gottesdienst » (De l'ordre du service divin) et « Formulae Missae ». Dans cet esprit, en 1525, a lieu la première célébration de la « Messe Allemande » et son ordo est publié en 1526. Lequel sert de cadre au luthéranisme des siècles suivants. Le missel toujours utilisé dans la liturgie luthérienne est basé sur ces recommandations.

'Missel' anglican

Le 11 juillet 1533, Clément VII excommunie Henri VIII d'Angleterre, qui s'est remarié illégalement. C'est la naissance du schisme anglican. Une Église indépendante de Rome s'organise d'abord au niveau hiérarchique sous le règne d'henri VIII, puis au niveau doctrinal à partir du règne Édouard VI. Le besoin se fait sentir d'un livre liturgique qui reflète la nouvelle doctrine. L'archevêque de Cantorbery, Thomas Cranmer, est l'architecte de ce Book of Common Prayer (dit « missel de Cranmer ») en 1549. Ce missel, en anglais, est fortement révisé en 1552 puis en 1559 et 1562. Il connait une longue évolution jusqu'à nos jours et est aujourd'hui utilisé par l'Église d'Angleterre, mais aussi pas les Églises Épiscopalienne et méthodiste des États-Unis[8].

Annexes

Notes et références

  1. La rédaction et la promulgation d'un missel et d'un catéchisme pour leur diocèse était une des tâches de l'évêque.
  2. À l’exception du rite lyonnais disparu en 1970.
  3. voir sur WP(en) en:Cistercian Rite
  4. voir sur WP(en) en:Norbertine Rite
  5. voir sur WP(en) en:Carmelite Rite
  6. Ces rites ont tous disparu en 1971 à l’exception du rite cartusien. Les autres rites ont parfois été relevés dans le cadre du motu proprio Ecclesia Dei.
  7. Texte de la bulle Quo Primum sur le site Salve Regina
  8. voir sur WP(en) en:Book of Common Prayer et en:Anglican Missal

Lien externe

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Missel de Wikipédia en français (auteurs)

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