- Cristina Fernández de Kirchner
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Cristina Fernández de Kirchner Cristina Fernández de Kirchner en 2010.Mandats 55e présidente de la Nation argentine Actuellement en fonction Depuis le 10 décembre 2007
( 3 ans, 11 mois et 13 jours)Élection 28 octobre 2007 Réélection 23 octobre 2011 Vice-président Julio Cobos
Amado BoudouPrédécesseur Néstor Kirchner Sénatrice de la Nation argentine
pour Buenos Aires10 décembre 2005 – 28 novembre 2007 Députée de la Nation argentine
pour Santa Cruz10 décembre 1997 – 10 décembre 2001 Sénatrice de la Nation argentine
pour Santa Cruz10 décembre 2001 – 10 décembre 2005 10 décembre 1995 – 10 décembre 1997 Biographie Nom de naissance Cristina Elisabet Fernández Date de naissance 19 février 1953 Lieu de naissance Ringuelet, La Plata Argentine Nationalité argentine Parti politique Parti justicialiste Conjoint Néstor Kirchner (1975-✝2010) Enfants Máximo Kirchner
Florencia KirchnerDiplômé de Université de La Plata Profession Avocate Résidence Quinta de Olivos (Buenos Aires) Signature
Présidents de la Nation argentine modifier Cristina Elisabet Fernández de Kirchner (née le 19 février 1953 à Ringuelet, La Plata) est l'actuelle présidente de la Nation argentine, élue dès le premier tour le 28 octobre 2007 avec 45,23 % des suffrages exprimés et réélue le 24 octobre 2011, également au premier tour, avec 53,96 % des voix[1]. Avocate de profession, elle a été investie le 10 décembre 2007, succédant à son mari Néstor Kirchner, qui meurt trois ans plus tard.
Première dame du 25 mai 2003 au 10 décembre 2007, elle fut élue sénatrice de Buenos Aires en 2005 sur les listes du Front pour la victoire-Parti justicialiste (FPV-PJ; centre-gauche).
C'est la première femme à avoir été élue présidente de l'Argentine, et la deuxième à tenir cette responsabilité après Isabel Perón, élue vice-présidente en 1973 et qui avait succédé à son mari à la présidence l'année suivante.
Des années 1970 aux années 1990
Cristina Fernández étudie à l’École des sciences légales et sociales de l’université de La Plata (dans la province de Buenos Aires) et obtient le diplôme d’avocate, en 1979. Militant dans la Jeunesse universitaire péroniste, elle rencontre Néstor Kirchner, également membre de la JUP, avec qui elle se marie le 9 mars 1975. Suite au coup d’État de mars 1976, le couple décide de s’installer à El Calafate, en Patagonie (province de Santa Cruz), afin d’échapper à la répression. Ils y ouvrent une étude juridique. Deux enfants vont agrandir la famille : Máximo et Florencia.
Après le retour de la démocratie, Cristina Fernández de Kirchner est élue députée de l’Assemblée de Santa Cruz en 1989 et réélue en 1993. Deux ans plus tard, elle est élue sénatrice fédérale dans la circonscription de Santa Cruz, puis, en 1997, députée fédérale, avant de revenir au Sénat en 2001. En 2003, elle devient Première dame de la Nation argentine, son époux Néstor Kirchner ayant remporté l'élection présidentielle sur la liste du Front pour la victoire-Parti justicialiste (FPV-PJ). Aux élections législatives de 2005, la première dame est élue sénatrice, dans la province de Buenos Aires, avec plus de 26% de suffrages que sa rivale péroniste Hilda González, épouse du prédécesseur de Kirchner à la tête de l’État, Eduardo Duhalde
Élections générales de 2007
Article détaillé : Élections générales de 2007 (Argentine).Le 2 juillet 2007, Alberto Fernández, chef de cabinet du président, annonce le lancement officiel de la candidate du Front pour la victoire, Cristina Kirchner, au cours d'un grand meeting électoral à La Plata. Certains de ses partisans justicialistes, la comparent alors à Eva Perón, la Santa Peronista, estimant qu'elle s'inscrirait dans sa continuité [réf. nécessaire].
Sans surprise, le 28 octobre 2007, en obtenant 44,70 % des voix face à l'ex-députée radicale Elisa Carrio (qui représente la coalition civique, de centre-gauche), qui recueille quelque 23 % des suffrages exprimés, elle est élue dès le premier tour de l'élection présidentielle[2]. Son co-listier Julio Cobos, dissident de l'Union civique radicale (UCR), devient vice-président. Par ailleurs, le Front pour la victoire obtient la majorité dans les deux Chambres en profitant des élections partielles qui se tiennent le même jour.
Mandat présidentiel
Cabinet
Tout en maintenant sept ministres de Néstor Kirchner [3], Cristina innova dans la composition du gouvernement, qui compte douze ministres, en créant un ministère de la Science, de la Technologie et de l'Innovation productive, attribué au biochimiste Lino Barañao. Suite à la crise économique mondiale, elle a aussi créé en novembre 2008 un ministère de la Production, détaché du ministère de l'Economie, attribué à l'économiste Débora Giorgi, qui avait été secrétaire d'État du gouvernement radical de Fernando de la Rúa (1999-2001). Enfin, elle a opéré un remaniement ministériel suite au recul du Front pour la victoire lors des élections générales partielles de juin 2009, et transforme alors le secrétariat à l'Agriculture, qui dépendait auparavant du ministère de l'Economie, en département ministériel à part entière.
Politique internationale
Dès le début de son mandat, elle entre en conflit avec le Vatican au sujet d'une dépénalisation de l'avortement[4] et de la création de nouveaux diocèses en Patagonie, que Cristina Kirchner acceptait à condition que l'Église y rattache nominalement les Malouines, territoire britannique, ce qui a été refusé par le Pape [5].
Cristina Kirchner signe un accord de coopération en matière de nucléaire avec le Brésil, poursuivant la politique de relance du programme nucléaire argentin initiée en 2006 par Néstor Kirchner. Cette politique énergétique va de pair avec un plan de réduction des dépenses énergétiques; plusieurs travaux sont prévus à la centrale hydroélectrique de Yacyretá, partagée avec le Paraguay, et des appels d'offres ont été lancés pour la construction de centrales fonctionnant à l'énergie renouvelable, pour une valeur énergétique de 1 500 MW.
Elle continue aussi, avec succès, les négociations avec Cuba afin de permettre à la docteur Hilda Molina de rendre visite à son fils en Argentine, et joue aussi le rôle d'intermédiaire entre le gouvernement d'Uribe et les FARC colombiens. En revanche, les négociations avec le gouvernement uruguayien de Tabaré Vázquez (coalition gouvernementale de gauche) concernant la dite « guerre du papier » n'avancent guère, mais s'améliorent après l'élection, fin 2009, de José Mujica. Par ailleurs, elle s'oppose fermement, comme l'ensemble des pays du Mercosur ainsi que l'Espagne, au coup d'État de juin 2009 au Honduras, et refuse de reconnaître les élections tenues alors qu'un accord préalable prévoyant le retour de Manuel Zelaya au pouvoir avait été renié par les autorités putschistes.
Enfin, elle réclame lors du sommet du Mercosur du 24 juillet 2009 la levée des brevets sur les vaccins contre la grippe H1N1, affirmant que le Brésil et l'Argentine sont d'ores et déjà prêts à les produire tandis que les laboratoires détenteurs des brevets n'ont pas la capacité d'approvisionner les pays du Mercosur [7]. Les chefs d'État du « Mercosur amplifié » (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela, Bolivie et Chili) adoptent le même jour une déclaration à cet effet, qui exige l'adoption des mesures (plus ou moins) prévues par l'ADPIC afin de « flexibiliser » les règles sur les brevets en cas de pandémie [8],[9].
Avec son homologue brésilien Lula, elle a aussi obtenu que la déclaration du G20 de Londres (avril 2009) concernant la crise économique mondiale ne fasse pas référence à la « flexibilité du marché du travail », invoquant les conséquences négatives de celle-ci dans ces pays dans le passé [10], puis que l'Organisation internationale du travail (OIT) soit présente au sommet du G20 de Pittsburg (septembre 2009) [11].
Politique intérieure
Sous l'effet de la crise mondiale, la croissance passe de 8,8 % en 2007 à 6,8 % en 2008 [12]. Bien que populaire, le Front pour la victoire a perdu la majorité parlementaire lors des élections générales et partielles du 28 juin 2009. Invoquant l'urgence de répondre à la crise, Kirchner avait décidé en mars 2009 de convoquer des élections anticipées.
Par ailleurs, le vice-président Julio Cobos, qui faisait partie des Radicales K (groupe dissident de l'UCR exclu pour son appui au Front pour la victoire), vota contre le projet de loi du gouvernement concernant l'agriculture [13] : une partie des Radicales K, menés par Cobos, a ainsi rejoint l'opposition, conduisant ainsi à une situation inédite de cohabitation au sein même de l'exécutif [14],[15]!
Conflit de 2008 avec les organisations patronales agricoles
Kirchner tente alors, en mars 2008, d'augmenter les taxes à l'exportation sur le soja et le tournesol de 35 à 45% [13], ce qui a suscité un conflit difficile avec les organisations patronales du secteur agricole (avec de grandes manifestations) qui dura jusqu'en juillet 2008 et affecta lourdement sa popularité [13]. Le soja, à plus de 90% transgénique en Argentine, et ses produits dérivés représentent 36% des exportations argentines [13], l'Argentine étant elle-même 3e exportatrice mondiale de soja.
Finalement, le conflit, qui voit une bonne partie de l'Union civique radicale (UCR) et de la Coalition civique (opposition de centre-gauche) soutenir les organisations patronales, conduit à la démission du ministre de l'Économie Martín Lousteau, remplacé dès lors par Carlos Rafael Fernández lequel démissionna également suite à la défaite électorale du Front pour la Victoire (coalition péroniste) lors des élections générales partielles du 28 juin 2009.
Relance de la consommation, grands travaux et nationalisations
Par ailleurs, le gouvernement a mis en place un programme de grands travaux (21 000 millions de dollars) destinés à relancer l'économie, ainsi qu'un programme de prêts à faibles intérêts pour soutenir la consommation. Celui-ci est appuyé par les principaux syndicats du pays (notamment la CGT et la CTA), les organisations patronales industrielles comme l'Union industrielle argentine (UNI) et les coopératives rurales (CONINAGRO), mais critiqué par les organisations patronales rurales comme la Société rurale argentine (SRA) et la Fédération agraire argentine (FAA). Le FMI a quant à lui refusé d'inclure l'Argentine dans son plan anti-crise, en alléguant ses « antécédents négatifs » (la crise de 2001-2002, largement provoquée par les décisions du FMI lui-même) [16].
Le Congrès a approuvé le 3 septembre 2008 le plan de recapitalisation et de nationalisation des compagnies aériennes Aerolíneas Argentinas (exproprié suite à une décision judiciaire argentine à la firme espagnole Marsans [17]) et Austral Líneas Aéreas (loi n°26 412), privatisées sous la présidence de Carlos Menem.
Enfin, la firme d'aviation militaire (FMA), également privatisée sous Menem et devenue filiale de Lockheed Martin, fut nationalisée en mai 2009 avec un large appui de la Chambre des députés (152 voix pour, une contre, 21 abstentions) [17]. Lockheed devrait être indemnisé à hauteur de 27 millions de dollars [17].
Par ailleurs, la présidente Fernández de Kirchner met en place en octobre 2009 l'Allocation universelle pour enfant, un système d'allocations familiales destinées aux familles de chômeurs ou travaillant au noir et ne recevant aucune autre aide. D'un montant de 180 pesos, augmenté en octobre 2010 à 220 pesos, ces allocations sont versées à environ 3,6 millions d'enfants. De façon générale, la politique sociale de Kirchner a permis de faire baisser le taux de pauvreté de 26 à 22% en 2010, sortant ainsi de la misère entre 1,4 et 1,8 million de personnes [18].
Nationalisation des fonds de pensions de retraite
Kirchner annonça en 2008 un plan de nationalisation des fonds de pension privés, qui détenaient entre 24 [12] et 28 milliards de dollars [19], afin de mettre les retraites à l'abri des remous des marchés financiers globaux [12]. Ces fonds de pension, gérés par l'Administrateur du Fonds de pension (AFP), avaient été créés en 1993 par le gouvernement Menem.
Le projet de loi, qui a établi le Sistema Integrado Previsional Argentino (SIPA) fut voté le 20 novembre 2008 avec l'appui de secteurs de l'opposition (dont le PS et l'ex-sénateur de l'ARI José Martínez [20],[21]), tandis que la Coalition civique, l'UCR et la droite (Propuesta Republicana) votaient contre [20] (162 députés pour, 75 contre; 46 sénateurs pour; 18 contre [19]).
Il suscita une baisse immédiate de la Bourse d'Argentine et d'Espagne ainsi qu'une fuite des capitaux [19]. Le monde diplomatique présente l'opération comme le rétablissement d'un système de retraites par répartition [19]. Néanmoins selon la loi l'argent ainsi contrôlé par l'État ne peut être utilisé que pour payer les retraites, tandis qu'une commission bilatérale et un conseil, composés de chefs d’entreprise, de salariés, de retraités, de fonctionnaires, de banquiers et d'élus étaient mis en place pour l'administrer [19]. Par ailleurs, le nouveau système instaure l'égalité des pensions entre hommes et femmes, ce qui mécaniquement favorise les femmes du fait de leur espérance de vie plus longue (et donc défavorise les hommes)[19].
Droit du travail et régularisation des sans-papiers
En matière de droit du travail, le gouvernement a aussi conclu de nombreuses conventions collectives (plus que les années précédentes), concernant les salaires mais améliorant aussi les conditions de travail (création de comités d'hygiène et de sécurité; décret n°1694/2009 augmentant les indemnisations d'accidents du travail qui avaient été plafonnées sous Menem [22],[23]) [24].
Enfin, Kirchner a continué le Plan Patria Grande mis en place en 2006 par son prédécesseur, qui vise la régularisation des sans-papiers provenant du « Mercosur amplifié » : plus de 144 000 sans-papiers (majoritairement du Paraguay - plus d'un tiers -, de la Bolivie - environ un quart- et du Pérou, mais aussi plus de 4 000 Américains) ont ainsi été régularisés, faisant un total de plus de 700 000 régularisations depuis 2006 [25]. Seules 40 personnes ont été expulsées en 2008, presque toutes ayant été impliquées dans des trafics de stupéfiants (nonobstant les refoulements à la frontière) [25]. Le gouvernement pénalise le travail au noir en condamnant les patrons, mais s'évertue à faciliter la situation des employés sans-papiers [25].
Politique des droits de l’homme et relations avec l’armée
Articles connexes : Guerre sale, Dictature militaire en Argentine (1976-1983) et Poursuites judiciaires en Argentine contre les crimes commis lors de la dictature.La ministre de la Défense Nilda Garré impulse la réforme du droit militaire, abrogeant le Code de justice militaire qui permettait aux militaires d’être jugés par des juridictions spéciales, ainsi que, dans le même temps, la peine de mort, qui avait été abrogée en 1984 pour les délits communs mais demeurait en vigueur pour plus de 50 cas différents ; un délit pénal de harcèlement sexuel est ajouté, les soldats étant désormais jugé par les juridictions de droit commun (sauf en temps de guerre). Le projet de loi fut approuvé, en 2008, à l’unanimité des sénateurs présents (60 voix pour) [27].
Par ailleurs, Kirchner continue les gestes symboliques initiées par son mari concernant la réhabilitation de la gauche argentine et la critique de l'extrême-droite, en inaugurant ainsi en novembre 2008 le buste du président Héctor Cámpora (mai-juillet 1973) à la Casa Rosada [28].
En décembre 2008, elle se déclare scandalisée par l'arrêt de la Cour de cassation qui avait ordonné la libération de 21 militaires accusés de crimes contre l'humanité commis sous la dictature militaire (1976-1983), dont le général et ex-ministre Díaz Bessone [29], l'amiral Jorge Acosta et le capitaine Alfredo Astiz, au motif que la détention provisoire avait excédé une durée de trois ans. Ce faisant, elle rejoignait le sentiment des organisations de défense des droits de l'homme. Finalement, le secrétaire aux Droits de l'homme Eduardo Luis Duhalde a sollicité le Conseil de la magistrature pour qu'il initie une procédure de destitution des magistrats ayant voté cet arrêt (en particulier les destitutions de Guillermo Yacobucci et de Luis García), tandis que le procureur Raúl Pleé faisait un appel suspensif de la décision [30]. La décision judiciaire ne couvre de toute façon pas l'ensemble des affaires concernant les militaires (mais seulement le procès de l'ESMA) qui demeurent donc en détention [30].
Début janvier 2010, Cristina Fernández de Kirchner signe le décret n°4-2010 avec les ministres de la Justice et de la Défense, Julio Alak et Nilda Garré qui déclassifie l'ensemble des archives de la dictature militaire (1976-1983) (à l'exception de ceux concernant la guerre des Malouines et tout conflit interétatique), permettant leur utilisation par les magistrats; le décret pourrait couvrir des violations des droits de l'homme commises par la suite, et, peut-être, avant [31]. Cela a notamment permis à la justice d'obtenir les noms des membres du Bataillon d'Intelligence 601, l'un des fers-de-lance du terrorisme d'État et de son extension à toute l'Amérique via l'Opération Charly.
Elle avait déjà créé, par un décret du 16 décembre 2003, les Archives nationaux de la Mémoire chargés de recueillir les archives concernant la dictature [32].
Par ailleurs, elle créa une commission d'enquête sur les circonstances de la vente forcée de Papel Prensa, une papeterie cédée après le coup d'Etat à trois journaux argentins, Clarín, La Nación et La Razón.
Loi sur la radiodiffusion et liberté d'expression
Article détaillé : Loi n°26 522 de Services de communication audiovisuelle (Argentine).Kirchner a également fait approuver par le Congrès une loi importante concernant les médias, le cadre juridique pré-existant datant du général Videla. Une partie de l'opposition ayant demandé que le projet de loi, qualifié de « petite révolution médiatique » par Reporters sans frontières (RSF) [33], ne soit examiné qu'après les élections de juin 2009, celui-ci a été présenté en août et promulgué en octobre 2009.
Par ailleurs, un projet de loi approuvé par le Sénat le 18 novembre 2009 dépénalise les délits de calomnie et d'injure publique lorsqu'il s'agit d'intérêts publics (elle considère ainsi qu'il ne peut y avoir de tel délit dès lors que les propos concernent des affaires d'intérêt public, allant plus loin que la doctrine de mauvaise foi retenue par la jurisprudence, qui obligeait à faire la preuve que le prévenu avait sciemment tenté de porter atteinte à la réputation d'autrui[réf. nécessaire]). Cette initiative en faveur de la liberté d'expression, et qui met fin à un vieux serpent de mer de la politique argentine [34], a reçu les félicitations du Comité pour la protection des journalistes, une ONG basée à New York [35],[36], et de RSF [37]. La France elle-même a récompensé le Centre d'études légales et sociales (CELS) d'Horacio Verbitsky d'un Prix des droits de l'homme pour avoir œuvré en faveur de cette réforme [38],[39].
La loi n°26 522 sur les médias déclare les radiofréquences des biens publics, pouvant être accordés pour des concessions de dix ans (renouvelables) suite à des appels d'offres. L'audiovisuel est lui-même qualifié d'« intérêt public », c'est-à-dire qu'il ne constitue pas un service public, étant mis en œuvre par des institutions non gouvernementales, mais les concessions sont librement accordées, au lieu d'être vendues (ou louées).La loi distingue entre médias associatifs (auxquels un tiers de l'espace audiovisuel est réservé [33]), médias à but lucratifs et médias publics; limite la constitution d'oligopoles et prévoit des mesures d'appui aux médias associatifs des peuples autochtones.
Par ailleurs elle impose des seuils de diffusion minimaux de 70% de production nationale, 30% de musique nationale et 50% de musique produite par des indépendants, régulant aussi la publicité. Une Autorité fédérale des Services de la Communication audiovisuelle est chargée de l'application de la loi, remplaçant le Comité fédéral de Radiodifusión, dans lequel l'armée avait une influence importante (depuis Raúl Alfonsín, ce Comité avait cependant été suspendu sans être abrogé). Enfin, elle prévoit l'arrêt de la télévision analogique.
Le projet fut adopté par la Chambre des députés en septembre 2009, avec 147 voix pour, 4 contre et une abstention - l'opposition (Union civique radicale, Coordination civique, Propuesta Republicana et le « péronisme dissident », de droite, c'est-à-dire le duhaldisme, le félipisme et Francisco De Narváez) s'est absentée (ou a voté contre au Sénat). Mais ce projet était soutenu par la majorité (Front pour la victoire-Parti justicialiste) et plusieurs groupes de l'opposition, dont le Parti socialiste (à une exception près) et divers partis de gauche [40].
Au niveau de la société civile, les principaux syndicats et les ONG ont défendu le projet, tandis que les grands groupes de médias tels Clarín (qui détentait 264 licences de diffusion [33]) et le grupo Uno s'y sont opposés, ainsi que l'ADEPA (Association des entreprises audiovisuelles).
Les relations avec la PDG de Clarín, Ernestina Herrera de Noble, sont également tendues pour d'autres raisons: Cristina Kirchner s'est en effet prononcée en faveur d'une loi qui rendrait les tests ADN obligatoires lorsqu'il en va d'affaires liées aux crimes contre l'humanité. Or, les Grands-mères de la Place de mai ont demandé à la justice de contraindre les deux enfants de la PDG à délivrer leur ADN à la justice, soupçonnant qu'il s'agisse de bébés kidnappés sous la dictature [41].
Conflit avec la Banque centrale (2009-2010)
En janvier 2010, son vice-président, Julio Cobos, déclare sa candidature à l'élection présidentielle de 2010, se posant (à l'instar de Duhalde) comme rival et adversaire de Kirchner, tandis que celle-ci destitua le 7 janvier 2010 le président de la Banque centrale argentine, Martín Redrado, de ses fonctions, suite à un conflit concernant l'usage de fonds pour rembourser la dette publique [42]. Kirchner avait créé, le 14 décembre 2009, le Fondo del Bicentenario (qui devait être doté de plus de 6, 5 milliards de dollars) par un décret-loi, destiné à payer les intérêts de la dette, mais Redrado se refusait à alimenter le fonds.
Kirchner a ouvert des poursuites contre Redrado, l'accusant par décret d'insoumission, notamment dans son refus d'accepter la création du Fondo del Bicentenario para el Desendeudamiento y la Estabilidad (Fonds du bicentenaire pour le désendettement et la stabilité) [43]. Cependant, la juge fédérale María José Sarmiento a maintenu à son poste Redrado [44], et le 12 janvier, le ministre de l'Économie Amado Boudou annonçait qu'un juge américain avait saisi aux États-Unis des réserves de la Banque centrale argentine, d'un montant de 1,7 million de dollars (1,17 million d'euros) [44]; le père de la juge est l'ex-colonel Luis Alberto Sarmiento, inculpé depuis 2006 pour crimes contre l'humanité commis sous la dictature[45],[46].
La démission de Redrado était demandée tant par le FPV que par l'opposition [47], et celui-ci finit par la donner le 29 janvier 2010, quelques jours avant que la Commission bilatérale ne donne son avis final [48].
Un nouveau décret DNU n°298/10 fut promulgué le 1er mars 2010, permettant l'usage des fonds de la Banque centrale pour le remboursement de la dette, mais cette fois-ci limitée aux créditeurs privés [49].
Élection de 2011
L'année 2011 est influencée par l'élection générale qui a lieu en octobre. L'organisation de jeunesse Cámpora augmente son influence au sein du gouvernement, où elle entre en compétition avec les structures traditionnelles du Parti justicialiste et de la Confédération générale du travail de la République argentine pour obtenir les postes de bureaux et les candidatures. Cristina Fernández soutient Daniel Filmus comme candidat à la mairie de Buenos Aires. Néanmoins, elle ne précise pas si elle va briguer un second mandat présidentiel, avant de se déclarer enfin le 21 juin 2011. Quelques jours plus tard, elle annonce qu'Amado Boudou serait son vice-président pour cette candidature. Elle choisit personnellement la plupart des candidats à la députation, favorisant les membres de la Campora.
Cristina Fernandez rentre en conflit avec le Brésil, au sujet d'un désaccord sur les quotas commerciaux, et avec les États-Unis, après avoir fait saisir un avion de l'armée américaine.
Elle est réélue, pour quatre ans, le 23 octobre 2011, dès le premier tour de la présidentielle, avec 53,96 % des voix.
Divers
Kirchner est membre du Council of Women World Leaders.
A partir de 2008, le couple Kirchner fut impliqué par les médias dans l'affaire Guido Antonini Wilson : un entrepreneur vénézuélien aurait introduit 800 000 dollars à l'instigation du gouvernement du président Chavez pour financer la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. La dénonciation venait du FBI et d'un procureur des États-Unis, ce qui a conduit Chavez et Kirchner à accuser l'administration Bush de s'engager contre la gauche latino-américaine. L'affaire n'a pas vraiment été éclaircie: l'Argentine a demandé l'extradition de Wilson, détenu aux États-Unis, mais celui-ci a accepté de collaborer avec le FBI, et plusieurs agents étrangers ont été accusés aux États-Unis d'être des agents du Venezuela.
Kirchner a signé le décret de promulgation de la loi 26.618, qui établit le droit égal au mariage en Argentine, lors d'une cérémonie tenue à la Casa Rosada. Cette loi autorise le mariage homosexuel.
Depuis le décès de son époux, au mois d'octobre 2010, Cristina Fernández de Kirchner apparaît toujours vêtue de noir.
Composition du gouvernement Kirchner
Chef de Cabinet et Ministres du gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner Portefeuille Titulaire Période Chef de cabinet des ministres Aníbal Fernández
Sergio Massa
Alberto Fernández8 juillet 2009 - en fonction
23 juillet 2008 - 7 juillet 2009
10 décembre 2007 – 23 juillet 2008Ministre de l'Intérieur Florencio Randazzo 10 décembre 2007 - en fonction Ministre des Relations extérieures, du Commerce international et du Culte Jorge Taiana
Héctor Timmerman10 décembre 2007 – 18 juin 2010
18 juin 2010 - en fonctionMinistre de la Défense Arturo Puricelli
Nilda Garré15 décembre 2010 – en fonction
10 décembre 2007 – 15 décembre 2010Ministre de l'Économie et des Finances publiques Amado Boudou
Carlos Fernández
Martín Lousteau8 juillet 2009 – en fonction
25 avril 2008 – 7 juillet 2009
10 décembre 2007- 25 avril 2008Ministre de l'Industrie et du Tourisme Débora Giorgi 26 novembre 2008 – en fonction Ministre de la Planification fédérale, de l'Investissement public et des Services Julio de Vido 10 décembre 2007 – en fonction Ministre de la Justice et des Droits de l'homme Julio Alak
Aníbal Fernández8 juillet 2009 – en fonction
10 décembre 2007 – 7 juillet 2009Ministre de la Sécurité Nilda Garré
Julio Alak
Aníbal Fernández15 décembre 2010 – en fonction
8 juillet 2009 – 15 décembre 2010
10 décembre 2007 – 7 juillet 2009Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale Carlos Tomada 10 décembre 2007 – en fonction Ministre de la Santé et de l'Environnement Juan Luis Manzur
Graciela Ocaña29 juin 2009 - en fonction
10 décembre 2007 – 29 juin 2009Ministre du Développement social Alicia Kirchner 10 décembre 2007 – en fonction Ministre de l'Éducation Alberto Sileoni
Juan Carlos Tedesco20 juillet 2009 - en fonction
10 décembre 2007 – 20 juillet 2009Ministre de la Science, de la Technologie et de l'Innovation productive Lino Barañao 10 décembre 2007 – en fonction Ministre de l'Agriculture, du Bétail, de la Pêche et de l'Alimentation Julián Domínguez 1er octobre 2009 – en fonction Secrétaire à l'Intelligence Héctor Icazuriaga 10 décembre 2007 - en fonction Secrétaire aux Droits de l'Homme Eduardo Luis Duhalde 10 décembre 2007 - en fonction Sous-Secrétaire aux Petites et moyennes entreprises Jorge Caradonti
Eric Calcagno2008 - en fonction
10 décembre 2007 – 2008Notes et références
- (es) « Resultados Definitivos Elecciones 2011: CFK logró casi el 54% de los votos » sur le site impulsonegocios.com. Consulté le 25 octobre 2011
- Il faut pour cela obtenir soit 45 % des voix, soit 40 % des voix dont au moins 10 % de plus que le meilleur des autres candidats par le nombre total de voix
- El nuevo Gabinete: Lousteau va a Economía y De Vido sigue en Planificación Federal, Clarín, 14 novembre 2007
- L'Église contre l'avortement, L'Endehors, 25 février 2005
- Îles Falklands et Saint-Siège, Mercopress, 30 juin 2008
- Betancourt le agradeció a Cristina las gestiones para su liberación, Clarín, 3 décembre 2008 Atilio Bleta,
- La presidenta pide que los laboratorios liberen la patente de la vacuna contra la Gripe A, Los Andes, 24 juillet 2009
- Argentina, Brasil, Paraguay, Uruguay, Venezuela, Bolivia y Chile. Gripe A: piden liberar patentes para poder producir la vacuna y el antiviral, Clarín, 24 juillet 2009
- Mercosur pide medicamentos contra la gripe A sin patentes, VOA News, 24 juillet 2009
- Brasil y Argentina logran excluir del acuerdo alusión a flexibilidad laboral, El Economista, 2 avril 2009
- La OIT participará del G20, Infobae, 1er août 2009
- Rapport (résumé) de l'Union inter-parlementaire sur les élections générales partielles du 28 juin 2009
- L'Argentine ne croit plus en Cristina Kirchner, Le Figaro, 18 juillet 2008 Patrick Bèle,
- Pichetto: "Cobos es insostenible", Critica de la Argentina, 19 décembre 2008
- Argentine: conflit Kirchner/Cobos, Le Figaro avec l'AFP, 20 janvier 2010
- El FMI excluyó a la Argentina de un plan de ayuda financiera, La Nación, avec EFE et Reuters, 25 octobre 2008
- Diputados argentinos aprueba nacionalizar fábrica de aviones de Lockheed, ADN avec EFE, 21 mai 2009
- Etude du Centro de Estudios e Investigaciones Laborales du Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (es), citée par Pagina/12,
- Séisme sur les retraites en Argentine et au Chili, Le Monde diplomatique, décembre 2008 Manuel Riesco,
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- Archivos de la represión que ya no guardan secretos, Pagina/12, 7 janvier 2010 Alejandra Dandan,
- Décret 1259-2003 créant l'Archive nationale de la Mémoire
- La petite révolution médiatique de Cristina Kirchner, Reporters sans frontières, 14 octobre 2009
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- La calomnie et l’injure sortent du domaine pénal : "Une grande avancée législative", Reporters sans frontières, 23 novembre 2009
- La France décore le CELS du Prix des Droits de l’Homme, Ambassade de France en Argentine, décembre 2009
- Le combat récompensé de cinq champions des droits de l’homme, La Croix, 9 décembre 2009
- Votación nominal del Proyecto de regulación de los servicios de comunicación audiovisual, Chambre des députés, 16 septembre 2009
- Polémica por ley de ADN en Argentina, El País, 19 octobre 2009
- Una ofensiva poco institucional, Página/12, 12 janvier 2010 Luis Bruschtein,
- Con la feria habilitada - Oyarbide tramitara la denuncia del gobierno, Página/12, 12 janvier 2010
- Argentine : la présidente Cristina Kirchner se dit victime d'une conspiration, Le Monde, 13 janvier 2010 Christine Legrand,
- Horacio Verbitsky, El Mago de la Picana, Pagina/12, 17 janvier 2010, republié le 20 mars 2010
- Tres décadas sin rendir cuentas, Pagina/12, 20 mars 2010; La Presidenta afirmó no sabía que el Estado era querellante en la causa contra Sarmiento, Pagina/12, 20 mars 2010 Laura Vales,
- Redrado no se baja del escenario, Página/12, 27 janvier 2010 Sebastián Premici,
- Argentine: le président de la Banque centrale annonce sa démission, AFP, 30 janvier 2010
- Dos fallos de la Justicia autorizaron al Gobierno a usar las reservas del Central, Pagina/12, 30 mars 2010
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Cristina Fernández de Kirchner » (voir la liste des auteurs)
Annexes
Articles connexes
- Liste des dirigeants d’État actuels
- Liste de dirigeantes politiques
- Liste des chefs d'État argentins
Liens externes
- (es) : Site officiel de Cristina Fernández
- (fr) : Argentine : Cristina Fernández de Kirchner candidate à la succession de son mari le 28 octobre prochain (2 juillet 2007, sur Wikinews)
- (fr) : Argentine : Cristina Fernández de Kirchner remporte l'élection présidentielle dès le premier tour (29 octobre 2007, sur Wikinews)
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