Club français du livre

Club français du livre

Le Club français du livre (CFL) est une maison d'édition française fondée en 1946 et réputée pour la qualité artistique de ses productions.

Proche des surréalistes et s'appuyant sur des amitiés progressistes mais aussi le marketing, le Club connaît dès sa création le succès tant par le nombre des adhésions que par la qualité des livres numérotés qu'il édite, privilégiant les textes classiques. Sa revue Liens, servie aux seuls adhérents, en vient à jouer un rôle littéraire.

Sommaire

Histoire

Résumé

Autour de Jean-Paul Lhopital le premier directeur littéraire est Robert Carlier, son successeur en 1952 est Claude Grégory). Le succès de l'entreprise entraîne des rivalités : le Club des libraires de France voit le jour peu après ainsi que le Club du meilleur livre. Pierre Faucheux est le premier directeur artistique du Club français du livre, responsable des maquettes. Massin, Jacques Darche et Jacques Daniel lui succèdent à ce poste. Le tirage moyen passe de 2 500 à 8 000 exemplaires en quelques années tandis que le fichier des adhérents est multiplié par 30 entre 1948 et 1957 — en fait il s'agit de prospects. Le CFL publie quatre livres par mois, y compris ses propres rééditions.

Un peu plus tard, le CFL lance des œuvres complètes : William Shakespeare, Honoré de Balzac, Marivaux etc. Il y aura même un Club français du disque (de juin 1953 à mai 1968) où Frank Ténot dirige le département jazz tandis que sort une revue de voyages mensuelle intitulée Marco Polo en couleurs et de format 21 × 15,5 cm. Le Club s'installe au 8 rue de la Paix à Paris et il sera une des premières entreprises françaises à informatiser son fichier d'adhérents. Les adhérents du « Club » forment alors une véritable communauté, soudée par la revue, des conférences en province et à Paris. Cette néo-bourgeoisie libérale ou progressiste mêle tradition littéraire et tentations de la consommation élitiste mais garde des ambitions intellectuelles. Pour elle le CFL lance Diagrammes, revue scientifique.

L'échec de quelques opérations commerciales au début des années 1960 et le coût non maîtrisé de certains projets, notamment celui de l'intégrale de Blaise Cendrars qui sort en 1968-1971, vont entraîner une crise financière qui culmine en 1967-1968. Dès le début de ces années, la créativité éditoriale et artistique du CFL décline fortement ; il abandonne avec le temps ses spécificités en s'incorporant dans Le Grand Livre du mois et en lançant l’Encyclopædia Universalis dont la maquette est de Pierre Faucheux.

Dans les années 2000, « Le Club » du Grand Livre du mois est le lointain successeur du CFL. Cependant Encyclopaedia Universalis a réédité à l'identique certains titres du CFL, sa maison mère, comme l'Almanach de la Révolution Française en 1988, sorti en 1963. En 2007, la structure juridique du Club français du livre subsiste, qui n'est plus qu'une holding financière, gérant des droits littéraires et effectuant des opérations de mécénat (dans le cadre des réductions de l'impôt sur les sociétés) : achat de livres anciens ou de la paire de globes de l'abbé Nollet, donnés à la BnF.

Les débuts

Le CFL est fondé en 1946 par Stéphane Aubry et Paul Stein dit Jean-Paul Lhopital dans une chambre de bonne[réf. nécessaire] de l'avenue de l'Opéra (d'après la légende). Il est opérationnel dès le début 1947 quand apparaissent ses premières publications, vendues sur abonnement suivant une formule déjà un peu rodée en Suisse et France avant 1939 mais développée sur un exemple nord-américain que S. Aubry a connu aux États-Unis pendant la guerre, le book club (voir club de livres). Le mariage de la reliure industrielle et de la créativité artistique sera fécond mais le marketing veille en coulisses.

Le comité de patronage du CFL est composé de Henri Calet, Colette, Francis Carco, Jean Cocteau, Maître Maurice Garçon mais leur participation réelle dut être faible. Il est difficile d'être précis sur les débuts du Club en l'absence de numérotation chronologique des titres par série et ordre croissant dans les premiers mois mais il semble que le tout premier livre diffusé soit Les Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Poe, achevé d'imprimer le 20 février 1947 dans la collection Prométhée. Le nom de cette série a été semble-t-il abandonné rapidement car identique à celui d'une collection de livres d'art[réf. nécessaire].

Sont de la même période initiale et de cette collection Prométhée consacrée à des œuvres classiques :

  • Le Prince de Machiavel : achevé d'imprimer le 15 février 1947.
  • Candide, L'Ingénu de Voltaire : achevé d'imprimer le 15 février 1947.
  • Chronique du règne de Charles IX de Prosper Mérimée : achevé d'imprimer le 6 mars 1947.

De dimension plus réduite qu'ensuite (20,80 cm de hauteur seulement) il s'agit de volumes cartonnés avec dos entoilé et plats muets. La conception artistique reste sommaire mais le C caractéristique du CLF apparait déjà. Le grand titre et la couverture ont été étudiés par EMK (atelier ou personnage inconnu) tandis que le tirage n'est pas justifié mais sans doute entre 1000 et 1500.

Ensuite, la réalisation matérielle évolue la même mais surtout l'aspect artistique des volumes s'améliore très vite grâce à l'apport de Faucheux. Voici les premiers (ou suivant si N° 1 est non identifié) titres des collections nées en 1947 ou 1948.

  • Le Neveu de Rameau de Diderot : achevé d'imprimer le 25 avril 1947 N° 2 de la collection Classiques
  • Le Rêve de Fiodor Dostoievsky : achevé d'imprimer le 26 avril 1947 N° 3 de la collection Romans
  • Lettres de la Princesse Palatine (Volume I) achevé d'imprimer le 20 septembre 1947 qui est le N° 1 de la collection Mémoires
  • Aphorismes de Georg Lichtenberg : achevé d'imprimer le 5 novembre 1947 qui est le N° 1 de la collection Essai
  • La casa de Bernarda Alba de Federico García Lorca, achevé d'imprimer le 18.11.1947 qui est le N° 1 de la collection Théâtre
  • De la Mouche à l'Homme de Jean Rostand : achevé d'imprimer le 31 décembre 1947 qui est le N° 1 de la collection Sciences
  • La Guerre du Feu de J.-H. Rosny Ainé : achevé d'imprimer le 26 février 1948 qui est le N° 1 de la collection Aventures et Voyages
  • Paroles de Jacques Prévert : achevé d'imprimer le 27 avril 1948 qui le N° 3 de la collection Poésie
  • Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome, achevé d'imprimer le 15.02.1949 qui est le N° 1 de la collection Humour

De nombreux titres de 1947-1948 sont imprimés sur des papiers de grande qualité. Tirage annoncé : 3 000 exemplaires-adhérent mais sans doute moins pour les premiers titres.

Les maquettistes de 1947 sont EMK, Pierre Faucheux, Jacques Brailes et Alexandre Chem.

Le CFL avec ses collections générales ou spécialisées et sa revue Liens(CFL) inquiète le monde traditionnel du livre d'alors qui lui manifeste une vive hostilité[réf. nécessaire]. De fait, le Club ne se contente plus de classiques mais passe à l'édition de livres de jeunes auteurs comme Marguerite Duras ou Marguerite Yourcenar et publie même quelques auteurs originaux comme Michel Butor. La sortie d'Au-dessous du Volcan de Malcolm Lowry en 1950 est particulièrement mal acceptée par les éditeurs installés[réf. nécessaire].

Les grandes années : 1948-1962

De 1948 à 1962 (environ), la créativité artistique du Club est à son plus haut niveau et les livres qu'il édite sont à chaque fois un objet unique dont la maquette, souvent insolite, est réalisée par un graphiste réputé[réf. nécessaire]. Le Club choisit des imprimeurs connus et principalement le relieur Engel à Malakoff, une entreprise au savoir-faire centenaire dont la technicité des ouvriers relieurs permet des réalisations complexes et soignées.

Les couvertures, les déroulements, les pages de titre, les gardes, les choix typographiques ou la composition sont inventifs et Faucheux s'inspire de Dada et du Surréalisme. De plus les dirigeants du Club ne faisant pas toujours primer l'aspect financier sur les choix artistiques quelques coûteuses fantaisies sont ainsi diffusées comme :

C'est au Club que naît pour une grande part le « maquettisme » moderne et qui fera école si bien que le style artistique propre au CFL est encore reconnaissable 60 ans après. À l'exception des intégrales et de la collection Les Portiques, très classiques dans leur conception, chaque titre se distingue des autres par la maquette et l'adéquation au texte.

À côté des noms de Faucheux, Massin, Daniel, Darche apparaissent sporadiquement comme maquettistes : Roger Adam, Claude Bouin, André Noël, au début des années 60 arrive Étienne Delessert. Le CFL ou plutôt ses maquettistes se tiennent à l'écart de l'Alliance graphique internationale, sans doute trop commerciale.

Le succès commercial est rapide et le CFL n'hésite pas à créer un prix littéraire. Le Grand prix international du Club français du livre est ainsi décerné en 1949 à un futur Prix Nobel, Elias Canetti pour son unique roman, die Blendung, traduit en français La Tour de Babel. Une telle attitude pour une aussi jeune maison mais aussi des dépenses qualifiées de somptuaires irritent les éditeurs parisiens[réf. nécessaire]. L'installation du CFL au 6 rue de Lisbonne dans le 8e arrondissement de Paris et surtout au 8 rue de la Paix montre bien la recherche de prestige et aussi la volonté de ne pas être confondu avec les éditeurs traditionnels installés de l'autre côté de la Seine[réf. nécessaire]. C'est l'époque où Robert Carlier envisage de concurrencer La Pléiade de Gallimard en créant une collection rivale.

De 1955 à 1957 paraissent les cinq grands volumes reliés de toile grise de Formes de l'Art, dont le directeur fut André Breton qui en rédigea lui-même le 1er tome L'Art magique. Cette publication fit date par l'abondance et les choix iconographiques. L'accent mis sur les Intégrales permet un apaisement des relations avec le monde de l'édition traditionnelle.

Vers 1960, la créativité artistique se ralentit légèrement et l'apparence de certains des livres édités par le CFL tend à se normaliser notamment par l'emploi de caractères typographiques uniformes pour tous les dos de couverture. Néanmoins pour l'ensemble de la période la jaquette rhodoïd et l'étiquette de collationnure restent systématiques et les maquettes inventives demeurent nombreuses.

De plus certaines rééditions entraînent une refonte totale, ainsi Le Brave soldat Chveik de Jaroslav Hasek republié en 1963 (?) avec une maquette de Jacques Daniel (couverture blanche et jaune) n'a rien à voir avec celle de 1948 dont la maquette est de Pierre Faucheux (couverture bleue et grise). De même les Instructions aux domestiques de Jonathan Swift.

Le Club a aussi édité à tirage très limité, à quelques occasions, des ouvrages[1] de grande bibliophilie, des tirages graphiques en portefeuille ou des séries particulières avec emboîtages décorés[réf. nécessaire].

Le déclin

À partir du milieu des années 1960, la créativité des titres individuels est moindre car les intégrales sont la priorité du Club tandis que le contexte financier pèse. Le renouvellement artistique s'essouffle : la période est dominée par des éditions de très bonne qualité, à la typographie et à la reliure soignée mais dont la maquette tend à se normaliser : emploi de caractères uniques pour les titres, prédominance des vignettes encollées sur le premier plat. Vers la fin, le nom du maquettiste est parfois absent tandis que les rééditions en fac-similé se multiplient. La publication de l'intégrale de Cendrars aurait accéléré la crise et expliquerait la mutation du CFL.

Dans le milieu des années 1960, quelques éditions maintiennent sporadiquement un souci de qualité artistique et technique mais le maquettiste est inconnu ; ainsi pour le Treblinka de Jean François Steiner paru en 1968, n° 51 de la collection Récits.

Ensuite et à compter de 1970 environ, on ne distingue plus guère les éditions du Club d'autres éditeurs ; dernière étape les parutions du CLF se fondent dans celles que débite Le Grand Livre du Mois : les impératifs financiers ont vaincu.

Aspects artistiques

Chaque livre était une création de maquettiste et cette volonté crée paradoxalement l'unité de la collection. Les reliures sont généralement uniques dans leur conception et leur couleur ne correspondait pas, à l'époque, aux codes éditoriaux classiques, encore moins le travail de maquette. L'aspect visuel immédiat d'une bibliothèque était celui de rangées de livres aux vives couleurs.

Les illustrations

Beaucoup de livres du CFL sont illustrés notamment ceux de format carré, il s'agit le plus souvent d'œuvres préexistantes d'artistes connus comme :

Il peut s'agir aussi d'une commande spéciale comme José Bartoli pour les Voyages de Gulliver. Voir aussi Tim qui illustre par 31 dessins peu connus le Surmâle D'Alfred Jarry en 1963, ouvrage qui donna lieu à deux tirages dont celui de luxe, 266 ex., avec gravures tirées sur cuivre.

Parfois l'auteur et l'illustrateur sont les mêmes : Lewis Caroll pour Alice au pays des merveilles (1948) ou Jean Cocteau pour les Enfants terribles (1949). Dans d'autres cas les illustrations sont des commandes passées par le Club à des artistes extérieurs, notamment dessinateurs humoristes Chaval pour le Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert (1958) et encore Chaval avec Mose pour les Instructions aux Domestiques (1958). Les gardes des Aventures de Tom Sawyer (1950) sont illustrées de véritables dessins d'enfant. Des artistes « maison » peuvent aussi fournir des dessins comme Jacques Darche pour L'Âne d'or d'Apulée en 1961 ou Jacques Daniel pour Les Trois Mousquetaires en 1960.

Enfin, pour les rééditions d'ouvrages anciens, il peut y avoir un mélange d'illustrations d'origines diverses ou achat des droits graphiques pour des dessinateurs décédés comme Jules Pascin.

Typographie, reliure, jaquettes, collationnure

L'utilisation à des fins artistiques de la typographie a été une caractéristique essentielle du Club. Pierre Faucheux en fut l'initiateur et son travail dans Les Chants de Maldoror ou Ubu Roi est justement célèbre[réf. nécessaire]. L'utilisation quasi systématique ou très fréquente du caractère Futura pour les reliures tendait à donner, à) partir du début des années 50, une unité de présentation à de nombreux volumes du Club. Comme l'a écrit Massin :

« Je n’ai jamais été bibliophile, je ne m’intéresse pas du tout à la production de luxe. J’ai toujours été contre les grands livres morts. Avec le Club français du livre, on a voulu introduire dans le livre courant, objet statique, les méthodes dynamiques du cinéma, de sorte qu’en tournant les pages il se passe quelque chose…[réf. nécessaire] »

Ce style CFL fut rapidement imité par les concurrents et les rivaux de celui-ci[réf. nécessaire]. C'est au CFL qu'est née en France la « typographie expressive » aujourd'hui célébrée par les critiques mais concept un peu galvaudé[réf. nécessaire].

Beaucoup de polices ont été utilisées mais le Club se distingue quasiment dès les origines par l'emploi de plus en plus fréquent pour ses titres d'une linéale aux longs montants verticaux (une variante de futura). Cette police qui domine la période 1955-1970 se maintient sporadiquement jusqu'en 1976 au moins. Pour le texte beaucoup de polices classiques ont été utilisées : Garamond, Plantin, Baskerville mais il y eut parfois utilisation de caractères plus rares.

Jusqu'au milieu des années 1960, le relieur est toujours Engel à Malakof qui procède à 3 et parfois 4 passages en presse principale avec des réglages et calibrages très soigneux pour les couleurs, les embossages,les incrustations, etc. Durant toute la période 1947-1962 et au-delà les ouvrages du CFL sont livrés avec une jaquette rhodoïd qui très souvent a disparu. Certaines collections (Événement 1 notamment) se caractérisent par une jaquette papier à illustrations photographiques ou dessinées comportant une brève présentation et une biographie de l'auteur, ce fut également une nouveauté en France.

La plupart des éditions du Club comportaient une étiquette de collationnure en vue du contrôle qualité permettant un échange en cas de malfaçon. Le signet marque-page en textile était de règle.

Certains livres furent accompagnés de l'envoi d'un « cadeau » spécifique comme une figurine de Chweik pour la 2e édition du Brave Soldat Chweik.

Le CFL et les collectionneurs

Cote et marché

En 2007 encore, les CFL perçus comme de la petite bibliophilie ne sont pas isolés à Drouot, sauf cas exceptionnel : dédicace d'auteur ou envoi ou tirage à part très limité. Un exemplaire de l'édition de luxe des Illuminations d'Arthur Rimbaud illustré par Zao Wou Ki a ainsi atteint 8 600 € dans une vente publique en 2006. Un exemplaire en très bon état des Exercices de style de Raymond Queneau, illustré par Jacques Carelman, et sorti en 1963 (tirage CFL 5 000 ex.), vaut entre 130 et 200 €.

Pour les premières éditions du Club, entre 1947 et 1962 en très bon ou bon état, on note chez les marchands de boutique ou bouquinistes établis des prix variant en 2010 entre 12 et 20 € et un prix inférieur est souvent une bonne affaire. Pour les formats carrés (collection Merveilles) ou les Portiques, la cote varie en 2010 entre 15 et 40 €. Des sites comme eBay confirment cette tendance en proposant la majorité des « ventes immédiates » entre 8 et 20 €. Par contre pour ceux d'auteurs oubliés ou qui n'ont pas percé la « cote » ci-dessus apparait élevée pour le long terme. Il en est de même des rééditions et des tirages de la période du déclin. De même les « intégrales » sont assez peu prisées[réf. nécessaire].

Certains livres peuvent atteindre des niveaux plus élevés, comme ceux concernant la mouvance du surréalisme ou dont la maquette est particulièrement inventive ou originale. Sont également recherchés les titres ayant fait l'objet d'une photo ou citation dans un livre d'art ou technique. Actuellement, beaucoup de marchands professionnels de Paris ont un rayon spécial et/ou une galerie ou liste internet dédiés au Club français du livre.

Les collections

Le format courant du Club est 21,5 cm de hauteur sur 14 cm, les tout premiers livres étant légèrement plus petits. Dans ce format cartonné où la maquette, la reliure et les couleurs sont volontairement très variables, on distingue les collections ou séries permanentes suivantes : Classiques (symbole : une plume d'oie qui précède le numéro), Récits (lettre R en gras), Théâtre, Mémoires (un sceau ?), Essai (un sablier), Antiquité (une double spirale), Événement (lettres C et F entrelacées), Art, Aventures et Voyages CFL (un guerrier), Poésie (une harpe), Humour, Art.

Si le groupement par genre littéraire est bien réel il n'y a guère d'unité dans la présentation artistique des différents volumes d'une même « collection ». En fait la plus grande liberté était laissée au maquettiste dans la typographie, le dessin et les couleurs de la reliure. Tardivement, on vit apparaître une vignette collée qui évoquait le thème du livre ou présentait un portrait de l'auteur.

La collection Romans/CFL (le symbole est un cœur) est numériquement la plus fournie : le N° 261 est atteint par La Relique d'Eça de Queiros, achevé d'imprimer le 4 avril 1961 pour un tirage adhérents de 7 000. Cette collection se poursuivra jusqu'au numéro 315 (L'Ensorcelée, de Jules Barbey d'Aurevilly, octobre 1968, 5 000 exemplaires), le numéro 314 étant il est vrai le dernier à présenter la reliure toilée originale caractéristique du CFL : il s'agit de L'Astragale d'Albertine Sarrazin. Les titres publiés ultérieurement auront un reliure uniforme à filets dorés et ne porteront plus d'indication de collection ni de numéros.

Néanmoins quelques collections, comme Portraits de l'Histoire ou Les Portiques, présentent une feuille de style uniforme :

  • Portraits de l'Histoire : reliure toile rouille avec des portraits plus clairs dont l'un (le portrait titre) est doré : une quarantaine de titres sont sortis puis rééditions sous reliure plastique.
  • Les Portiques : après des hésitations au début de la collection, Les Portiques (symbole : une voute stylisée) adoptent une reliure skyvertex grenat pour les textes français, verte pour les textes étrangers, bleue pour les textes de l'Antiquité.

La collection Merveilles/CFL (dont le symbole est l'hippocampe) a souvent un format cartonné presque carré de 21,5 sur 18 qui est aussi celui de la collection Antiquité tandis qu'en 1965 sort la collection Privilège : petits volumes (13 x 9) sous reliure souple cuir ou skaîvertex de couleur vive.

À côté de ces collections pérennes, la collection Evènement eut une vie plus brève dans les années 1950 puis fut relancée au début des années 1960 :

  • reliure toile grise consacrée à des romans contemporains, notamment américains
  • reliure toile bleue claire : romans d'anticipation. Le célèbre Demain les chiens de Clifford Donald Simak y fut publié en 1952 comme édition originale française avec une traduction de Jean Rosenthal
  • reliure toile verte : romans historiques ou récits d'aventures
  • reliure toile rouille : biographies de contemporains

Mais on pouvait acheter ces volumes brochés, ce qui irritait les éditeurs traditionnels[réf. nécessaire].

Au début des années 1960, la collection Evènement est relancée avec des autobiographies aventureuses, des romans ou études à caractère historique[précision nécessaire].

Enfin, il y eut des collections très brèves ou comportant peu de titres comme Humour/CFL ou Visages et Portraits.

Catalogue

En l'état, le « registre d'éditeur » susceptible de tenir lieu de catalogue complet serait déposé dans un centre d'archives en province et est de fait inaccessible. Un catalogue complet est donc à recréer.

On trouvera des listes partielles pour certaines collections sur le site Revues littéraires[2].

Par ailleurs, les multiples rééditions à l'identique ou réimpositions compliquent encore le problème du recensement. On peut simplement estimer qu'en seize ans (1947-1962) le Club français du livre a publié, au rythme de quatre à six par mois, environ 750 à 900 livres différents, dont la majeure partie appartient à la collection Romans.

Les Intégrales

La collection Formes et Reflets, autonome juridiquement (?), semble avoir été utilisée pour l'édition par souscription de beaucoup de collections des œuvres intégrales d'auteurs réputés.

À l'origine, on trouve dans la collection Les Portiques les œuvres complètes de Stendhal en plusieurs volumes. À peu près en même temps (1949-1950 environ), le CFL édite de nombreux romans de Balzac sous une maquette identique et une reliure toile vieux rose.

Mais bientôt le club se lancera dans une politique à la fois plus ambitieuse (souscription) mais aussi apaisante vis-à-vis du monde éditorial : la diffusion d'intégrales comme la Balzac en 16 volumes, dirigée par Albert Béguin et Jean Ducourneau terminée en 1966, ou la bilingue Shakespeare en 13 volumes, dirigée par Pierre Leyris et Henri Evans. Pour les collections Théâtre classique français sont publiés Pierre Corneille, Jean Racine et Molière et pour celle Théâtre français du XVIIIe siècle, Beaumarchais et Marivaux.

Il y eut également les Œuvres complètes de Victor Hugo, une édition chronologique publiée sous la direction de Jean Massin, diffusée de 1967 à 1970 en 18 volumes dont 2 de Dessins et lavis. Les Intégrales furent longtemps une facilité éditoriale et financière mais la publication des Œuvres complètes de Blaise Cendrars aurait accéléré la crise du CFL.

De façon plus originale, le CFL publia en 1956 le dictionnaire Littré en 4 volumes, en fait une coédition avec d'autres.

Éditions commémoratives

Pour ses anniversaires décennaux, le CFL a diffusé des éditions spéciales :

  • 1956 : Les Sonnets de Shakespeare, traduction et présentation de Pierre Jean Jouve, maquette de Jacques Darche. Tirage général numéroté pour les adhérents de 4 000 ex. + tirage nominatif de 2 000 ex. avec signature en fac-similé de Pierre Jean Jouve sous double emboîtage.
  • 1966 : Illuminations d'Arthur Rimbaud avec 8 reproductions d'aquarelles inédites de Zao Wou-Ki. Tirage général adhérents ? + tirage de luxe ?
  • 1976 : Le Désert des Tartares de Dino Buzzati. En fait volume de la collection Les Portiques sans numéro. Tirage adhérents : 5 000 ex.
  • 1986 :
  • 1996 : Un livre du Cinquantenaire fut diffusé auprès des salariés et des retraités du CFL, ce volume est historique et rétrospectif.

Tirage et justification de tirage

Essentielle pour le collectionneur, la justification de tirage est placée en fin de volume (sauf pour la série Événement en tête) et elle comprend toujours dès avril 1947 les indications canoniques. La répartition invariable est 26 exemplaires, destinés aux fondateurs ?, (A à Z), 100 ex. pour les animateurs (I à C) et ... ex. pour les adhérents, numérotés de 1 à ... Au début et jusque vers la fin 1949 (influence de Faucheux ?), la justification a fait l'objet d'une composition artistique type triangle ou adjonction d'une vignette ou police inhabituelle. De façon assez générale, la justification fait référence à une éventuelle première édition et en donne la date ou au moins l'année.

L'indication du maquettiste, des caractères, de l'imprimeur et du relieur subsistent longtemps et le volume est toujours numéroté jusque vers 1968 et même après pour les Portiques.

Les tirages adhérents ne dépassent pas 1 500 (réels) à 3 000 (annoncés) exemplaires en 1947-1948 mais atteignent 8 000 à 10 000 dès le milieu des années 1950[réf. nécessaire], bien plus pour certains titres de la collection Portiques. Il aurait été tiré 50 000 exemplaires d'Au-dessous du Volcan de Malcolm Lowry en 1950. En 1968, une réédition des tragédies de Sophocle dans les Portiques est annoncée tirée à 23 000[réf. nécessaire].

Quelques éditions comportent la mention : « X...exemplaires non numérotés ». Par ailleurs certaines éditions ont donné lieu à des tirages de luxe (commémoratives, livres d'artistes, etc.) avec ou sans emboîtages, ainsi les Sonnets de Shakespeare.

Bibliographie

  • L'Édition française depuis 1945, sous la dir. de Pascal Fouché, Paris, Éd. du Cercle de la librairie, 1998, p. 118-167, chapitre : « Le phénomène des clubs »
  • Anne-Hélène Frustié, Le Club français du livre, 1946-1970, mémoire de DEA d’histoire du XXe siècle sous la direction de Pierre Nora, 1984
  • Alban Cerisier, « Les clubs de livres dans l'édition française, de 1946 à la fin des années 1960 », thèse de l'École des chartes, 1996
  • La Typographie du livre français, par Olivier Bessard-Banquy, Christophe Kechroud-Gibassier, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2008, interview de Massin : p. 103 sqq.

Voir aussi

Notes et références

  1. Le site abraxas-libris permet, dans une vitrine dédiée, de voir certaines éditions typiques des bonnes années du CFL.
  2. Site Revues littéraires ; suivre Annexes puis Éditeurs.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Club français du livre de Wikipédia en français (auteurs)

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