Citadelle de blaye

Citadelle de blaye

Citadelle de Blaye

Citadelle de Blaye

Citadelle de Blaye dominant l'estuaire de la Gironde
Citadelle de Blaye dominant l'estuaire de la Gironde

Présentation
Période ou style
Type Citadelle
Architecte François Ferry, sous la supervision de Vauban
Début construction 1680
Fin construction 1689
Destination initiale Place forte
Propriétaire actuel Commune[1]
Classement World Heritage Emblem.svg Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco (07/07/2008)
Logo monument classe.svg Classée MH (11/05/2009)
Site internet Consulter
Géographie
Latitude
Longitude
45° 07′ 44″ Nord
       0° 39′ 59″ Ouest
/ 45.128889, -0.666389
 
Pays France France
Région historique Guyenne
Région Aquitaine
Département Gironde
Commune Blaye
  Géolocalisation sur la carte : France
France location map-Regions and departements.svg
Citadelle de Blaye

La citadelle de Blaye est un complexe militaire de 38 hectares édifié entre 1680 et 1689 par l'architecte militaire François Ferry, directeur général des fortifications de Guyenne, sous la supervision de Sébastien Vauban. Dominant l'estuaire de la Gironde, elle se situe dans la commune de Blaye, dans le nord du département de la Gironde, en France. Elle forme un vaste ensemble fortifié entouré de courtines, complété par quatre bastions et trois demi-lunes.

L'intérieur est conçu comme une véritable ville close s'articulant autour d'une place d'armes, d'un couvent abritant autrefois des religieux de l'ordre des minimes, et de plusieurs casernes. Plusieurs éléments des fortifications médiévales sont inscrits dans le nouvel ensemble, parmi lesquels le château des Rudel (XIIe siècle), la porte de Liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l'Éguillette (XVe siècle)[2].

Conçue pour être un « verrou » protégeant le port de Bordeaux, la citadelle est complétée par le fort Paté, sur l'île Paté, et par le fort Médoc, situé sur la rive opposée de la Gironde[3].

Classée monument historique le 11 mai 2009[1], elle est également l'un des douze sites intégrés au Réseau des sites majeurs de Vauban et est à ce titre inscrite le 7 juillet 2008 au patrimoine mondial de l'Unesco au titre du Réseau des sites majeurs de Vauban[4][5][6].

Sommaire

Historique

La porte Dauphine (1689) est, avec la porte royale, l'un des deux accès à la citadelle

La présence d'un éperon rocheux dominant de presque 45 mètres l'estuaire de la Gironde[7] explique l'établissement précoce de fortifications à l'emplacement de l'actuelle citadelle. S'il apparaît comme vraisemblable que le site ait été choisi par les romains pour y édifier le « castrum » de Blavia, ce n'est que vers le VIIe siècle que la présence d'un premier château est attestée, celui-ci apparaissant comme l'une des résidences ponctuelles du jeune roi d'Aquitaine Caribert II (lequel est enterré dans l'ancienne basilique Saint-Romain)[8]. Peu de documents permettent de savoir ce qu'il advient de ce château à la mort du souverain en 632 ; tout juste apprend on qu'il est encore debout au XIIe siècle lorsque Wulgrin Rudel devient seigneur de Blaye. Ce dernier fait démolir les anciennes structures mérovingiennes afin d'édifier en lieu et place un château-fort moderne, propre à assurer la défense de la ville en cas de nécessité. Remanié à plusieurs reprises, le château des Rudel est encore en assez bon état pour que l'ingénieur militaire Sébastien Vauban décide de l'intégrer à la citadelle que le roi Louis XIV lui a donné pour mission d'édifier[7].

De fait, si une première campagne de fortifications a lieu dès 1652, sous la direction de l'ingénieur militaire Blaise François Pagan[9], la construction de la citadelle actuelle est due à la volonté du « Roi-soleil » d'établir un solide verrou protégeant le port de Bordeaux d'éventuelles incursions ennemies. La place-forte est ainsi conçue pour être la pièce-maîtresse d'un triptyque défensif englobant le fort Paté, construit sur l'île éponyme, et le fort Médoc, édifié sur la rive opposée de l'estuaire.

Les travaux de la citadelle sont supervisés par le maréchal Sébastien Vauban, la réalisation de l'œuvre étant confiée à l'ingénieur militaire François Ferry. Ce dernier est aidé dans sa tâche par plusieurs assistants : ce sont tout d'abord Charles Thuillier, de 1685 à 1690, puis Jean-Baptiste Augier de 1686 à 1691, enfin Pierre Jablier - le neveu de François Ferry - de 1688 à 1705[10].

L'édification de la forteresse ne va pas sans causer de profonds bouleversements à la trame urbaine médiévale : ce n'est rien moins que la majeure partie de la ville qui est détruite afin de laisser la place à un vaste complexe semi-circulaire de 38 hectares épousant la forme du rocher. Ces transformations radicales n'épargnent pas même l'antique basilique Saint-Romain, jadis lieu de pèlerinage et nécropole des rois d'Aquitaine, dont la tradition rapporte qu'elle fut également le lieu d'inhumation du comte Roland de Blaye, neveu de Charlemagne. Sacrifiée afin d'établir un glacis défensif autour de la citadelle, ses ruines ont été mises à jour dans les années 1960.

Seuls quelques éléments des fortifications médiévales échappent à la destruction : le château des Rudel, épargné afin de servir de logis au gouverneur militaire, la porte de liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l'éguillette (XVe siècle), tandis que deux maisons du XIIIe siècle ont été préservées. Les habitants sont relogés dans une « ville-neuve » reconstruite à quelques centaines de mètres plus à l'est.

Le bastion des Pères et son échauguette, restaurée en 1995. Une seconde échauguette a été remontée en 1998
Échauguette de la citadelle
Ruines du château des Rudel dans la citadelle

Le gros-œuvre, entamé en 1685, est achevé en 1689. Les travaux se poursuivent cependant jusqu'au début du XVIIIe siècle.

Lorsque un arrêté du comité de salut public ordonne le rassemblement des prêtres réfractaires en vue de leur déportation vers la Guyane (25 janvier 1794), plusieurs centaines d'entre-eux, appréhendés dans différentes provinces du sud de la France, sont parqués dans les cachots de l'ancienne prison de la citadelle (actuel bâtiment de la manutention) ainsi que dans les geôles du fort Paté.[11]. Les conditions de détention sont particulièrement difficiles : au manque de nourriture s'ajoutent les brimades et les mauvais traitements, qui ne tardent pas à avoir raison des plus faibles. En 1999, l'association locale d'archéologie a mis au jour des chapelles ardentes dans une des salles de l'ancienne prison, certaines ayant été garnies de niches afin d'y accueillir de petits cierges. En avril 1795, les détenus survivants sont libérés[2].

Sous le premier empire, la citadelle recouvre toute son importance stratégique, alors que les navires de guerres britanniques croisent régulièrement au large des côtes aquitaines et charentaises. Néanmoins, l'unique siège soutenu par la place-forte à lieu en 1814, alors que l'empire est déjà agonisant. Une escadre anglaise commandée par l'amiral Penrose prend position à hauteur de l'île Paté. Dix jours durant, les navires britanniques canonnent la citadelle, placée sous le commandement du général Merle. Ce dernier tient bon. Cependant, l'abdication de l'empereur Napoléon Ier, auquel succède sur le trône le roi Louis XVIII conduit à la cessation conjointe des hostilités et au renversement des alliances[12].

De 1832 à 1833, la citadelle, placée sous le commandement du général Thomas Robert Bugeaud, sert de lieu d'internement à la duchesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry, détenue sur l'ordre du roi Louis-Philippe pour avoir fomenté un soulèvement visant à porter sur le trône son fils le duc de Bordeaux[13].

En 1851, le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte conduit à des révoltes sporadiques dans plusieurs régions du sud-ouest. Plusieurs dizaines d'insurgés sont emprisonnés dans les sous-sols de l'hôpital, convertis en cachots de fortune. Manque d'hygiène, surpopulation, les conditions de détention apparaissent vite comme inadaptées. En janvier 1852, l'une des prisonnières perd la raison. Tandis que cette dernière est envoyée dans un établissement psychiatrique, ses codétenues sont relaxées. Les hommes ne bénéficient pas de cette mesure de clémence et sont déportés au bagne de Cayenne ou dans des geôles en Algérie.

Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1925, la citadelle apparaît pourtant menacée dans le courant des années 1930. Afin de consolider les défenses de la pointe de Grave, le ministère de la guerre demande l'autorisation aux beaux-arts de procéder à la démolition de la demi-lune du Cône. Bien que regrettant que soit porté atteinte à l'intégrité du monument, ceux-ci donnent leur accord, considérant comme prioritaires le renforcement des défenses du littoral. Les travaux de démolition débutent en 1936 mais se heurtent bientôt à une mobilisation menée par plusieurs personnalités locales, dont le maire Édouard Doré et le sous-préfet Jacques Guillemaut. Un journaliste local, Paul Raboutet, orchestre une campagne médiatique dans plusieurs journaux de la région, dont « L'illustration » et « L'avenir blayais et jonzacais »[14]. Cette dernière est reprise par une partie de la presse nationale, conduisant à l'interruption des travaux peu après. L'année suivante, en 1937, la citadelle est classée monument historique.

Description

La porte Dauphine est précédée d'un pont dormant édifié en 1770
Carte de l'estuaire de la Gironde et son système défensif

Dans sa configuration actuelle, la citadelle apparaît comme un ensemble hémicylindrique formé d'une enceinte à quatre bastions et trois demi-lunes, ceinturé par de profondes douves et par un glacis à contrescarpe. À l'ouest, la falaise surplombant la Gironde renforce encore les fortifications. L'érosion naturelle a cependant conduit à la programation d'un plan de prévention des risques mouvements de terrain (PPRMT), premier pas vers des travaux de consolidation de cette partie de la citadelle[15].

Chaque bastion est conçu de telle sorte qu'il puisse au besoin être protégé par des tirs croisés provenant des bastions collatéraux, organisation originale typique des réalisations de Vauban. Comme les chemins de ronde, chaque bastion est planté d'arbres organisés en quinconce, conçus pour servir d'écran en cas d'attaque ennemie[15]. Du nord au sud se trouvent le bastion des Cônes, le bastion du Château, le bastion Saint-Romain et le bastion du Port.

Les demi-lunes, de forme triangulaire, sont conçues afin de protéger les courtines et les entrées de la citadelle. Celles-ci sont au nombre de deux : la porte royale et la porte dauphine, lesquelles sont précédées de ponts dormants en pierre. Ceux-ci sont le résultat d'une campagne de modernisation de la citadelle intervenue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : celui de la porte dauphine date de 1770, tandis que celui de la porte royale lui est postérieur de dix ans. Auparavant, la citadelle était équipée de ponts-dormants en bois, matériau jugé trop peu fiable en cas d'attaque.

L'intérieur de la forteresse forme une véritable « ville-close » s'articulant autour de la place d'armes. Les bâtiments situés dans l'enceinte de la citadelle présentent différentes affectations : locaux culturels ou associatifs, commerces, ateliers d'artisans mais aussi logements à loyer modéré. Plusieurs manifestations culturelles et touristiques sont organisées dans ou aux abords de la citadelle : ainsi du « Salon régional du livre » ou du « Marché au vin » par exemple[15].

Le château des Rudel

L'ancien château-fort des seigneurs de Blaye ou château des Rudel (XIIe siècle) est intégré à la citadelle par Vauban. Transformé en logis pour les gouverneurs militaires de la place, il est partiellement remanié au XVIIe siècle[16]. Abandonné à partir de 1820, le château est en cours de restauration.

La porte royale, vue intérieure
La porte Royale

Réalisée en 1685, elle est l'un des deux accès à la citadelle. La sophistication de son système de défense en fait l'une des réalisations majeures de Vauban : deux ponts-dormants, une demi-lune, une poivrière et un vestibule de forme ovoïde barré par deux ponts-levis étaient conçus pour protéger la porte d'éventuelles velléités ennemies[2].

La porte Dauphine

Elle est avec la porte Royale l'un des deux accès à la place-forte. Édifiée en 1689, elle est précédée d'un pont dormant et d'une demi-lune, dont l'entrée volontairement décalée est conçue pour éviter l'exposition à des tirs en enfilade. Il n'était possible d'accéder au pont qu'après avoir franchi un portail en chêne massif[2].

Le couvent des Minimes

Le couvent des Minimes est un ensemble monastique érigé sous le règne du roi Henri IV afin de servir de lieu de culte à la garnison établie dans l'ancienne place-forte. Aujourd'hui désacralisé, il se compose d'une église flanquée d'un clocher trapu couronné d'un dôme, de bâtiments conventuels et d'un cloître conservant des voûtes présentant des traces de décor peint.

Hôpital du siège (partie basse) et théâtre du mascaret (partie haute)
L'hôpital de siège

L'aménagement de ce vaste ensemble semi-enterré date de 1739, ainsi que l'atteste la date inscrite sur l'une des clefs de voûte. Établi sur trois niveaux, il comprend un sous-sol divisé en casemates, une salle de soins au rez-de-chaussée et une seconde salle au premier étage. L'hôpital de siège conserve des vestiges d'une ancienne barbacane du XIIIe siècle démolie au XVIIe siècle, la porte Saint-Romain. Celle-ci était l'un des accès de la ville médiévale.

Le bastion des pères

Le bastion des pères est l'un des quatre bastions de la citadelle. Également appelé « bastion du port », il doit son nom aux religieux de l'ordre des minimes, dont le couvent est situé non loin. Aménagé en 1689 sur les plans de Vauban, il est bordé d'échauguettes surmontées de fleurs de lys. Les terres du parapet accueillent depuis 1974 un vignoble de 33 ares baptisé « Clos de l'échauguette »[2].

La porte de Liverneuf

Elle est l'une des anciennes portes médiévales de l'ancienne ville-haute de Blaye, détruite au XVIIe siècle pour laisser la place à la citadelle. Édifiée au XIIIe siècle, elle se compose d'une porte ogivale surmontée d'une tour barlongue, laquelle est agrandie au XVIIe siècle afin de servir de logement aux officiers[2].

La manutention (Musée archéologique)

Originellement conçu comme prison militaire, ce bâtiment doit sa construction au gouverneur Claude de Rouvroy de Saint-Simon. La trace de ses armoiries, martelées à la révolution, est encore perceptible sur la façade. Converti en manutention et en boulangerie en 1831, il est désaffecté au sortir de la seconde guerre mondiale et accueille depuis peu le musée archéologique de la ville[17].

La salle de l'ancienne boulangerie conserve deux fours à pain dont l'un, reconstruit entre 1907 et 1915, conserve une porte en fonte ornée de motifs végétaux (épis de blé, brins de muguet, feuillages). Divers instruments utilisés pour le triage des céréales (trieur à étage, tarare) illustrent les techniques de meunerie d'autrefois, et rappellent que la citadelle était autrefois dotée de ses propres moulins et de ses propres enclos cultivés (potagers, enclos céréaliers). Le musée proprement dit sert de lieu d'exposition aux objets issus des diverses campagnes de fouilles archéologiques menées sur le territoire communal : sont ainsi mis en valeur un modillon et des éléments moulurés provenant de l'ancienne chapelle Saint-Jean, ancien lieu de culte du château des Rudel, un chapiteau mérovingien provenant des ruines de la basilique Saint-Romain et de la vaisselle individuelle d'époques diverses (chaudrons médiévaux, céramiques de Cox, pichets notamment)[2].

Le bâtiment de la manutention accueille par ailleurs un musée de l'estuaire géré par le conservatoire de l'estuaire[18].

Galerie

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Personnages ayant marqué son histoire

Avant le XVIIe siècle
Après le XVIIe siècle

Notes et références

  1. a  et b Classement de la citadelle de Blaye, sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consulté le 25 août 2009
  2. a , b , c , d , e , f  et g in Le patrimoine des communes de la Gironde, éditions Flohic, pages 200-212
  3. in Revue archéologique de Bordeaux, volumes 82-83, Société archéologique de Bordeaux, année 1991, pages 138-140
  4. Journal Sud Ouest du 8 juillet 2008
  5. Site officiel de l'Unesco
  6. Archives départementales, Conseil général de Gironde
  7. a  et b Chemins de Mémoire : La citadelle de Blaye Consulté le 11 septembre 2009
  8. in Les Sedes Regiæ entre Seine et Rhin, par Alain Dierkens et Patrick Périn, page 293
  9. in Histoire de l'Aquitaine, par Charles Higounet, pages 377-378
  10. in La garnison de Blaye, article paru dans le magazine L'estuarien n°19, par Olivier Caro
  11. in Histoire des prisonniers politiques, 1792-1848: le châtiment des vaincus, par Laurent Boscher, éditions de l'Harmattan, page 33
  12. in Histoire des campagnes de 1814 et 1815, par Frédéric François Guillaume Vaudoncourt, pages 134 et suivantes
  13. in Histoire des prisonniers politiques, 1792-1848: le châtiment des vaincus, par Laurent Boscher, éditions de l'Harmattan, page 287
  14. Reproduction du journal « L'avenir blayais et jonzacais », Archives de la Gironde (PDF)
  15. a , b  et c in Projet d'inscription de l'œuvre de Vauban au patrimoine mondial de l'Unesco
  16. in Dictionnaire des châteaux de France : Tome V : Guyenne, Gascogne, Béarn, Pays basque, par Jacques Gardelles, édition Berger-Levrault, page 62
  17. Lettre d'information du Conservatoire de l'estuaire n°108 (PDF)
  18. Musée du conservatoire de l'estuaire

Voir aussi

Lien externe

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