- Bible à quarante-deux lignes
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Bible de Gutenberg
La bible de Gutenberg ou « bible à quarante-deux lignes » (B42) est le premier livre imprimé en Europe à l'aide de caractères mobiles.
Sommaire
Description
Réalisée à Mayence entre 1452 et 1455 sous la responsabilité de Johannes Gutenberg et ses associés, Johann Fust et Pierre Schoeffer, la bible de Gutenberg se compose de deux volumes au format in-folio (ce qui signifie que chaque feuille achetée au papetier n'était pliée qu'une fois, ce qui permet d'imprimer des pages de grandes dimensions) de 324 et 319 feuillets. Elle reproduit le texte de la Vulgate, c'est à dire la bible latine traduite par saint Jérôme : l'Ancien Testament occupe le premier volume et une partie du second, qui contient aussi l'ensemble du Nouveau Testament.
Une partie des exemplaires a été imprimée sur parchemin (vélin), une autre sur du papier importé d'Italie.
Vendue par souscription, cette bible latine a été achetée à sa parution par des institutions religieuses, essentiellement des monastères. Sur un tirage d'environ 180 exemplaires, 48 ont été conservés jusqu'à aujourd'hui, et des feuillets isolés se trouvent dans quelques bibliothèques, comme celle du musée Correr de Venise ou de la bibliothèque municipale de Colmar. La majorité des exemplaires se trouve en Allemagne. En France, la Bibliothèque nationale de France en possède trois exemplaires, dont un sur vélin, et la bibliothèque Mazarine un exemplaire sur papier. En Suisse, la fondation Martin Bodmer expose en permanence son exemplaire près de Genève.
Fabrication
Pour tester sa presse à imprimer et ses caractères mobiles en alliage de métal, Gutenberg commença, aux alentours de 1450, par composer des textes qu'il reproduisait sur des feuilles de papier simple, puis entreprit d'imprimer de petits livres, comme la grammaire latine de Donat.
L'essentiel du travail est alors effectué à la main. Pour composer chaque ligne du texte, il fallait sélectionner un à un les caractères (en relief et inversés) correspondant aux lettres des mots, et les placer dans un cadre spécial, la « forme », situé sur le plateau de la presse. Une fois toutes les lignes composées, la forme était enduite d'encre à l'aide de pelotes en crin de cheval. On y plaçait alors une feuille de papier préalablement humidifiée, qu'une planche de bois, la « platine », venait comprimer sous l'action d'une vis en bois.
Le nombre de presses utilisées dans l'atelier de Gutenberg reste inconnu, mais la quantité de pages imprimées laisse penser qu'il en a utilisé plus d'une. Les presses étant actionnées par deux ouvriers, il est possible que l'entreprise ait nécessité jusqu'à douze ouvriers, sans compter les personnes employées à la disposition des caractères, à l'encrage, à la préparation des feuilles de papier, au pliage, etc.
La réalisation des 180 exemplaires de la Bible s'étala sur trois ans, une période à l'issue de laquelle un moine copiste aurait achevé la reproduction d'une seule Bible.
Composition
Les premières pages de la bible de Gutenberg comportent deux colonnes de 40 lignes par page, parfois 41. Pour économiser du papier, Gutenberg décida d'imprimer 42 lignes par page, puis de diminuer la taille des caractères. Autre évolution : Gutenberg essaya un moment d'imprimer les titres en rouge, puis abandonna, sans doute parce que l'opération était trop fastidieuse : elle aurait demandé de passer deux fois chaque feuille sous la presse. Elle fut par la suite largement mise en œuvre par ses successeurs, dès le XVe siècle.
Pour composer sa Bible, Gutenberg a copié l'écriture dite gothique de forme, utilisée à l'époque pour les textes liturgiques, en particulier les missels. Il adopte une taille de caractère similaire à celle des manuscrits de grande taille, utilisés en particulier pour la lecture à haute voix[1].
La Bible de Gutenberg ressemble à un codex, et comme dans les manuscrits les plus réussis toutes les fins de ligne sont soigneusement alignées sur la marge de droite. Aujourd'hui, les imprimeurs et les typographes parlent de lignes « justifiées » pour désigner cette présentation. Pour obtenir cette présentation justifiée, Gutenberg n'utilise pas des espaces de taille variable entre les mots, mais répartit des signes de ponctuation plus ou moins larges, emploie des ligatures (deux lettres accolées et fondues ensemble) et remplace certains mots par leur abréviation.
L'emplacement destiné aux lettrines et aux enluminures était réservé. Un enlumineur pouvait être chargé par leur propriétaire de les dessiner une fois le livre en sa possession. Ce travail était laissé à l'appréciation des acquéreurs, qui pouvaient aussi faire appel à des rubricateurs pour faire ressortir par des couleurs les Nomina sacra et les marques de paragraphes et de verset.
Quelques années plus tard, Gutenberg imprima une bible sur 36 lignes.
Localisations connues de la bible de Gutenberg
La 'bible à 42 lignes' de 1455 environ est un des livres les plus chers au monde. Le prix d'un exemplaire complet atteint les 10 millions de dollars.
Autriche (1)
Belgique (2)
- Bibliothèque universitaire à Mons
- Musée Plantin-Moretus à Anvers
Danemark (1)
France (5)
- Bibliothèque nationale de France à Paris (une des trois copies en « vélin parfait »)
- Bibliothèque Mazarine à Paris
- Bibliothèque municipale de Saint-Omer
- Bibliothèque municipale de Colmar : un défet de reliure provenant d'une bible a été trouvé en 2009.
Allemagne (12)
- Gutenberg Museum à Mayence (2 copies)
- Landesbibliothek à Fulda
- Universitätsbibliothek à Leipzig
- Niedersächsische Staats-und Universitätsbibliothek à Göttingen
- Staatsbibliothek à Berlin
- Bayerische Staatsbibliothek à Munich
- Stadt- und Universitätsbibliothek à Francfort-sur-le-Main
- Hofbibliothek à Aschaffenburg
- Württembergische Landesbibliothek à Stuttgart
- Stadtbibliothek à Trèves
- Landesbibliothek à Kassel
- Bibliothèque apostolique vaticane (une copie vélin, une copie papier)
Japon (1)
- Keio University Library à Tokyo
Pologne (1)
- Biblioteka Seminarium Duchownego à Pelpin
Portugal (1)
- Biblioteca Nacional à Lisbonne
Russie (2)
Espagne (2)
Suisse (1)
- Fondation Martin Bodmer à Cologny (Genève)
Royaume-Uni (8)
- British Library à Londres (une des trois copies en "parfait vélin", et une copie papier et le Fragment Bagford)
- Lambeth Palace Library à Londres (décorée en Angleterre)
- Bodleian Library à Oxford
- Bibliothèque de l'Université de Cambridge
- Eton College Library à Eton
- John Rylands Library à Manchester
- National Library of Scotland à Édimbourg
États-Unis (9)
- Bibliothèque du Congrès à Washington (une des trois copies en "parfait vélin")
- New York Public Library à New York
- Pierpont Morgan Library à New York (une copie vélin, deux copies papier)
- Widener Library à l’université Harvard à Cambridge dans le Massachusetts
- Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits l'université Yale à New Haven dans le Connecticut
- The Scheide Library à l’université Princeton à Princeton dans le New Jersey
- Indiana University Library à Indiana University Bloomington à Bloomington dans l'Indiana (incomplète)
- Harry Ransom Humanities Research Center à l'université du Texas à Austin
- Henry E. Huntington Library à San Marino en Californie
Bill Gates (co-fondateur de Microsoft) en possède un exemplaire acheté en 1994 à une vente aux enchères.
Notes et références
- ↑ Adolf Wild, « La typographie de la Bible de Gutenberg » (voir bibliographie)
Bibliographie
- Adolf Wild, « La typographie de la bible de Gutenberg », dans Jacques Andre et Adolf Wild, Ligatures, typographie et informatique, Rapport de recherche, Inria, 1994 Édition en ligne
- Guy Bechtel, Gutenberg et l’invention de l’imprimerie, Fayard, 1992
- De Ricci, Catalogue raisonné des premières impressions de Mayence
Versions en ligne de la Bible de Gutenberg
- Gutenberg Digital, fac-similé d'un exemplaire de la bible numérisé par la bibliothèque de Göttingen
- Deux exemplaires de la bible (un sur papier, un sur vélin) numérisés par la British Library
Catégorie : Incunable
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