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Hongrois de Roumanie
Zones habitées par les Hongrois en RoumaniePopulations Population totale 1.434.377 (2002) Populations significatives par régions Transylvanie 1.424.015 (2002) Autre Langue(s) Hongrois Religion(s) Catholicisme, Protestantisme Groupe(s) relié(s) Magyars modifier Les Hongrois (en hongrois Magyarok, en français Hongrois, en roumain unguri) sont le plus grand groupe ethnique ayant le statut de minorité nationale en Roumanie. Selon le recensement de 2002, ils comptent 1 434 377 individus, soit 6,6 % de la population totale du pays. Ils habitent notamment en Transylvanie (en roumain Transilvania, en hongrois Erdély), mais il y a aussi des communautés hongroises en Moldavie et à Bucarest. Ils comportent trois groupes distincts :
- les Magyars proprement-dits (environ 350 000), présents en proportions diverses dans la plupart des départements (județe) de la Transylvanie ; ils forment la moitié des habitants du județ du Mureş et vivent aussi en moindre nombre dans les principales villes du pays ;
- les Sicules (environ 825 000), majoritaires dans les județ transylvains de Covasna et Harghita, mais présents aussi ailleurs : parmi les Hongrois de Roumanie, ce sont les plus nombreux ;
- les Csángó de Moldavie (environ 260 000), présents surtout dans le Judeţ de Bacău.
Sommaire
Histoire
Articles détaillés : Principauté de Transylvanie et Liste des princes de Transylvanie.Sources:[1].
Originaires de l'Oural, les Magyars, d'origine finno-ougrienne, sont arrivés dans le bassin des Carpates dès la fin du IXe siècle poussés par des mouvements de populations générés principalement par l'avancée des Pétchénègues. Une fois sédentarisés, ils absorbent les populations locales slaves, germaniques ou latines, se convertissent au catholicisme et fondent un grand royaume en union personnelle avec la Croatie, et suzerain du voïvodat de Transylvanie.
Dans l'est de ce voïvodat, comme dans certaines zones de l'actuelle Slovaquie, s'établissent des Sicules (en magyar székelyek: "établis"), de langue magyare, mais peut-être d'origine turcophone. Au XIII-ème siècle arrivent enfin les Saxons germanophones, dont un important groupe s'établit dans le sud de la Transylvanie. Dans le centre de la Hongrie, s'installent en outre des Iasses (dans l'actuel comté hongrois de Jász-Nagykun-Szolnok, qui garde leur nom), des Coumans (dans les actuels comtés de Jász-Nagykun-Szolnok et de Bács-Kiskun, appellations où leur nom est présent) et des Pétchénègues. Ancêtres des Roumains, les "Valaques" (en magyar oláhok) qui n'ont pas été assimilés et sont restés orthodoxes, sont asservis: une partie de leur aristocratie passe en Valachie et Moldavie, une autre passe au catholicisme et s'intègre à la noblesse hongroise, tel Iancu de Hunedoara/Hunyadi János.
En 1438, les Hongrois de Transylvanie forment l'Union des Trois Nations (Unio Trium Nationum), une coalition avec les Sicules et les Saxons, tournée contre la paysannerie, qui s'était révoltée d'avril 1437 à février 1438[2]. Les Trois nations restent, en Transylvanie, maîtresses de la terre, de l'économie et du pouvoir politique jusqu'en 1918, y compris durant la période d'indépendance de la Transylvanie (1525-1699). L'aristocratie se recrute parmi eux. Les Sicules sont majoritairement des fermiers et des guerriers, les Saxons des artisans, des commerçants, des bourgeois. La Réforme séduit la moitié des Sicules et la majorité des Saxons: encore aujourd'hui, les Sicules forment le gros de la communauté protestante de Roumanie. Les roumanophones, eux, sont pour la plupart des paysans orthodoxes ; toutefois une partie d'entre eux passera dans l'obédience de Rome par le synode de 1698.
Avec la Révolution transylvaine de 1784 et l'émergence du nationalisme romantique au XIX-ème siècle, les relations se tendent entre les nationalités de Transylvanie. Les privilèges de l'aristocratie hongroise sont contestées, y compris parmi les magyars. Mais en 1848, la révolution magyare et la révolution roumaine s'affrontent l'une contre l'autre, ce qui précipite leur échec et la victoire des conservateurs.
Lors du compromis de 1867 qui transforme l'Empire d'Autriche en Autriche-Hongrie, la noblesse et les jacobins hongrois se trouvent sur une position commune et obtiennent satisfaction: l'autonomie de la Transylvanie est supprimée et le pays est directement rattaché à la Hongrie. Cela inaugure une politique de magyarisation forcée qui dresse les Roumains de Transylvanie contre leurs voisins Hongrois, et "refroidit" les relations de ces derniers avec les Saxons.
Aussi la proclamation par les Roumains de l'union de la Transylvanie à la Roumanie le 1er décembre 1918, à l'issue de la Première Guerre mondiale, ne rencontre-t-elle guère d'opposition. Il faut attendre l'instauration d'un pouvoir bolchévik en Hongrie en 1919, pour qu'un gouvernement hongrois tente (vainement) de reprendre la Transylvanie. Pour l'aristocratie magyare, les réformes constitutionnelle et agraire roumaines de 1921-1923 sont une catastrophe: la paysannerie reçoit le droit de vote (femmes incluses) et la terre est partagée entre les paysans roumains, qui deviennent fermiers. Beaucoup de nobles s'expatrient; certains, tels Franz Nopcsa, se suicident. Sous la monarchie roumaine, les Hongrois de Transylvanie s'organisent en associations et partis politiques; ils parviennent à sauver leurs écoles, journaux, théâtres et université, mais sont désormais une minorité dépourvue de tout privilège.
En 1940, l' Arbitrage de Vienne rend à la Hongrie la moitié nord-est de la Transylvanie, là où les Hongrois sont les plus nombreux. De toutes ses pertes territoriales de 1940, la Roumanie ne récupère au traité de paix de Paris de 1947 que la Transylvanie septentrionale, en raison de l'engagement roumain auprès des Alliés en 1944-1945, et parce que le régime Szálasi a maintenu la Hongrie aux côtés de l'Allemagne jusqu'au bout.
Sous la République populaire de Roumanie, les Hongrois de Transylvanie, sur le modèle soviétique, bénéficient d'une Région autonome dotée d'institutions propres, où la langue officielle est le magyar. Mais le régime Ceaușescu y met fin en 1968, puis commence à supprimer les unes après les autres les écoles, sociétés et facultés hongroises. Dans les années 1970-1980, Amnesty international prend fait et cause pour les Hongrois de Transylvanie.
La libération de 1989 et le rétablissement de la démocratie (après 51 ans d'éclipse) permet aux Hongrois de Transylvanie (à l'exception des aristocrates dépossédés en 1921-1923) de revendiquer la restitution de leurs biens, la réouverture de leurs institutions et établissements d'enseignement, une autonomie culturelle. Ils forment pour cela des partis politiques, dont le plus ancien est l'Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) qui a joué un rôle important sur la scène politique roumaine après la chute du communisme, et a souvent affronté le régime de l'ex-communiste Iliescu. Assez souvent depuis 1996, l'UDMR a fait partie du Gouvernement de la Roumanie, pesant à chaque fois du côté occidental, favorable à l'intégration dans l'OTAN et l'U.E.. Grâce à la forte présence de l'UDMR dans la politique roumaine contemporaine, les Magyars sont représentés de façon permanente par un groupe de députés et de sénateurs dans le Parlement roumain. L'autre parti hongrois est le Magyar Polgári Párt (Parti civique magyar), fondé en 2008, qui n'est pas représenté au parlement.
Démographie et sociologie
Selon les données du recensement de 2002, 1 434 377 personnes se déclarent comme appartenant à la minorité nationale hongroise, constituant 6,6% de la population du pays et 20% de la population de la Transylvanie. En réalité, la proportion des Magyars pourrait être moins importante, puisque des dizaines de milliers de Roms de Transylvanie se déclarent Hongrois à l'occasion des recensements. Au même recensement, 1 447 544 personnes se déclarent de langue maternelle hongroise.
Deux groupes de population présentant certaines spécificités par rapport aux autres Hongrois de Roumanie :
- Les Sicules constituent la majorité de la population dans les départements de Harghita et de Covasna. Leur nombre ne peut être qu'estimé sur la base des données du recensement concernant les régions qu'ils habitent massivement, puisque leur grande majorité se déclare magyare au recensement de 2002. Leur nombre serait de 850 000, soit 40% des Magyars. 583 personnes seulement se déclarent Sicules, ce nombre étant inclus dans le nombre total de Magyars au niveau du pays.
- Les Csángó vivent principalement en Moldavie. Il n'y a pas de données exactes sur leur nombre. 1370 personnes déclarent appartenir à ce groupe (nombre inclus dans la catégorie « autres ethnies »), mais d'autres se déclarent Magyars (4528 personnes dans le département de Bacău, par exemple) et d'autres encore Roumains. Le nombre total de Csángó est estimé de 260 000[3].
Département Magyars Personnes de langue maternelle magyare Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Harghita 275 841 84,61 278 128 85,3 Covasna 164 055 73,81 166 481 74,9 Mureș 227 673 39,26 230 727 39,8 Satu Mare 129 998 35,22 143 597 38,9 Bihor 155 554 25,92 161 520 26,9 Sălaj 57 318 23,07 57 555 23,2 Cluj 122 131 17,37 120 794 17,2 Arad 49 399 9,06 48 318 10,5 Maramureș 46 250 9,06 44 956 8,8 Brașov 51 470 8,75 51 108 8,7 Timiș 51 421 7,59 48 238 7,1 Bistrița-Năsăud 18 394 5,89 17 227 5,5 Alba 20 682 5,4 20 055 5,2 Hunedoara 25 321 5,2 22 947 4,7 Sibiu 15 478 3,67 14 242 3,4 Caraș-Severin 5 859 1,76 5 200 1,6 Bucarest 5 834 0,31 5 029 0,3 Bacău 4 528 0,64 5 346 0,8 Le nombre des Magyars de Roumanie a diminué de 200 000 environ entre 1992[4], sans doute à cause des tensions politiques apparues après la chute du communisme en Roumanie, ainsi que de la recherche de meilleures conditions de vie, qui auraient conduit un grand nombre de Magyars transylvains à aller s'installer en Hongrie. Avec l'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne, on estime que chaque année 20 000 citoyens roumains d'origine magyare partent s'installer en Hongrie.[réf. nécessaire]
Éducation
Dans le passé
Suite à l'adoption de la Réforme protestante, qui encourageait les fidèles à lire et à interpréter eux-mêmes la parole de Dieu, un nombre croissant d'individus hongrois ont eu accès à l'éducation à partir du XVIe siècle. Après la révolution de 1848 et notamment suite aux nouvelles politiques éducationnelles de l'Empire d'Autriche-Hongrie, le pourcentage d'individus alphabétisés s'accrut de façon significative. Ainsi, au tournant du siècle, le taux d'alphabétisation en Transylvanie était comparable à celui qu'on trouvait dans les pays de l'Europe de l'Ouest[5].
Époque contemporaine
Conformément aux lois roumaines, les Hongrois peuvent suivre un parcours éducatif dans leur langue maternelle. Dans les localités où ils représentent plus de 20% de la population, ils ont le droit de s'adresser aux autorités en hongrois.
D'après le recensement de 1992, 98% des Magyars au-dessus de l'âge de 12 ans avaient suivi un parcours éducationnel. Par ailleurs, plus de 30% des cours proposés par l'Université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca, la plus grande université du pays, sont donnés en hongrois.
Culture et médias
Les Hongrois ont marqué profondément la culture de la Transylvanie.
À présent il y a plus de 300 institutions, associations et organisations culturelles hongroises en Roumanie, dont quelques-unes, telles que les théâtres de Cluj-Napoca, de Târgu Mureș ou de Timișoara, se sont forgé une réputation internationale.
La communauté hongroise dispose aussi d'un réseau de maisons d'édition et de journaux (magazines culturels y compris) en hongrois. En outre, on trouve des livres en hongrois dans toutes les librairies et dans toutes les bibliothèques des zones habitées par les Hongrois.
Deux chaînes de la télévision nationales ainsi que plusieurs chaînes privées proposent des émissions en hongrois. Il y a aussi des stations de radio qui émettent en hongrois.
Arts et littérature
Parmi les nombreux artistes hongrois transylvains ou d'origine transylvaine, rappelons l'écrivain Attila Bartis et le metteur en scène Gábor Tompa.
Sciences
Les Hongrois se sont illustrés en plusieurs domaines scientifiques. Certains chercheurs, tels que János Bolyai, ont contribué d'une manière décisive au développement des sciences.
Folklore et traditions
Politique
Les Magyars de Roumanie ont deux partis politiques, dont l'Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) qui a joué un rôle important sur la scène politique roumaine après la chute du communisme. L'autre parti hongrois est le Magyar Polgári Párt (Parti civique magyar), fondé en 2008, qui n'est pas représenté au parlement.
Assez souvent après 1989, l'UDMR a fait partie du Gouvernement de la Roumanie. Suite aux élections de 1996, l'UDMR a fait partie de la coalition de gouvernement, ayant deux portefeuilles ministériels. Au cours de la législature 2004-2008, l'UDMR a occupé 10 places dans le Sénat (soit 6,23% du total) et 22 places dans la Chambre des députés (soit 6,17% du total). En tant que membre de la coalition de gouvernement, l'UDMR a eu quatre portefeuilles ministériels, alors que Béla Markó, le président de l'UDMR, a été le Vice-Premier ministre de la Roumanie.
Religion
En 2002, les Magyars de Roumanie étaient réformés à 47.10 %, catholiques à 41.20 % et unitariens à 4.55 %[6],[7].
Personnalités
- Dezső Bánffy
- Attila Bartis
- Béla Bartók
- Étienne II Bocskai
- János Bolyai
- Brassaï
- Mathias Corvin
- Sándor Kőrösi Csoma
- Iosif Fekete
- Gábor Tompa
- Sándor Petőfi
- Georges Politzer
- Sándor Végh
- Sándor Veress
Articles connexes
- Communautés ethniques de Roumanie
- Hongrois de Bucovine
- Hongrois de Transylvanie
- Sicules de Transylvanie
- Gesta Hungarorum
Liens externes
- Site de l'UDMR (en) (hu) (ro)
Notes et références
- Histoire de la Transylvanie, Budapest, Akademiai Kiadó, 1992). Jean Nouzille, La Transylvanie, Strasbourg, Revue d’Europe Centrale, 1993. Béla Köpeczi (dir.), History of Transylvania, 3 vol., Boulder, East European Monographs, 2001-2002. (Traduction anglaise d'un ouvrage documenté et précis mais contesté en raison de son POV "hongrois" sur la question: version abrégée en français disponible sur internet :
- Transylvanie, sous l’influence des Hussites, contre l’Église et les nobles, sous la conduite d’Antal Budai Nagy. Appuyés par la bourgeoisie urbaine et la petite noblesse, les insurgés reprochent à l’Église ses richesses (elle possède 12% du territoire transylvain) et déplorent sa perte de prestige à la suite du Grand Schisme d'Occident (1378-1417). Vainqueurs à Bobâlna en juin 1437, les révoltés obtiennent d’importantes concessions. La noblesse fait bloc contre les révoltés. Elle convoque les représentants des Saxons et de Szeklers qui proclament à Căpâlna une « Union fraternelle », appelée l’ « Union des Trois Nations » le 16 septembre. La ville de Kolozsvár (Cluj), qui avait pris parti pour les insurgés, est prise d’assaut en 1438. Les chefs de la jacquerie sont mis à mort et les paysans Valaques, qui formaient jusqu'alors l'un des états ("nations") du voévodat de Transylvanie (Universitas valachorum) perdent leurs droits et sont ravalés au rang de serfs. Le caractère dynastique de la Transylvanie s'en trouve renforcé, au bénéfice des dynasties aristocratiques magyares: voir sur Historia urbana La "Jacquerie de Bobâlna" est une révolte paysanne qui a eu lieu en
- La culture de la minorité csango en Roumanie présenté le 4 mai 2001 à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (consulté le 26 décembre 2009). Selon le rapport
- Le recensement de cette année-là enregistrait 1 624 959 personnes appartenant à cette minorité.
- Henri-Jean MARTIN, Histoire et pouvoirs de l'écrit, Albin Michel, Paris, 1996.
- http://www.recensamant.ro/pagini/rezultate.html#
- ISBN 9027218587 Anna Fenyvesi, Hungarian Language Contact Outside Hungary: Studies on Hungarian as a Minority Language, John Benjamins, Amsterdam/Philadelphia, 2005, p.141.
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