Histoire politique des fascismes

Histoire politique des fascismes

Le Fascisme est un courant politique apparu après la Première Guerre mondiale, d'abord en Italie, et en Allemagne, puis qui a essaimé dans l'ensemble des pays européens. Les mouvements se réclamant de l'idéologie fasciste, conglomérat peu cohérent d'idées empruntées au fil des les lectures de leurs principaux dirigeants, se caractérisent par une succession de cinq moments historiques mis en valeur par R.O. Paxton: d'abord, des mouvements fascistes sont créés, puis, il s'enracinent dans la vie publique de leur pays, enracinement qui se solde par la conquête du pouvoir légal; à l'issue de la conquête de l’État, le fascisme exerce alors le pouvoir, mais cette phase génère un certain nombre de contradictions dont la résolution entraîne une radicalisation des objectifs et des moyens par la guerre.

Cette chronologie s'applique pour l'essentiel à l'ensemble des mouvements fascistes; mais elle doit être soit amendée soit interrompue pour les partis fascistes autres qu'Italien ou allemand: les partis français, belges ou hongrois d'inspiration fascistes des années 1930 et 1940 voient leur essor contrarié ou brisé dans les années 1930 ; durant l'Occupation, partisans d'une Collaboration étendue, regroupés, en France, sous l'étiquette de Collaborationnistes, ces partis ne sont que des moyens de pression utilisés par les Allemands, et dans une moindre mesure, les Italiens, à l'encontre de gouvernements à la fidélité incertaine (ou chancelante), comme le régime de Vichy ou le Royaume de Hongrie ou de pays à déstabiliser, comme le mouvement oustachi croate. Ainsi, ils n'apparaissent que comme des supplétifs à la solde des Allemands ou des Italiens, selon les circonstances et les pays.

Sommaire

Création des mouvements fascistes

Dès leurs débuts, les mouvements fascistes mettent en place des logiques qui perdurent jusqu'en 1945; il s'appuient sur un substrat national spécifique à chaque pays dans lequel ces mouvements se développent, la Grande Guerre constitue une référence constante, leur programme politique sera peu ou pas appliqué, ces partis sont assimilés à un chef charismatique, et la violence politique constitue un moyen de contenir, puis de contrôler les opposants.

un substrat national spécifique

Le courant idéologique sur lequel s'appuie le Fascisme, en tant que mouvement politique, est spécifique à chaque pays; cependant, ce substrat permet aux différentes fascismes de plonger leurs racines loin dans l'histoire culturelle nationale. Mais l'exaltation d'une grandeur passée, le souhait de revivre cet âge mythique, ainsi que l'histoire politique et culturelle récente constituent dans tous les cas un solide substrat de chacun des mouvement fasciste: ainsi, le fascisme italien est indiscutablement le continuateur, du moins dans sa forme de 1919, des Faisceaux d'action Révolutionnaires de 1914, le pangermanisme des années 1850-1918 constitue les fondations de la pensée nazie...

le faisceau italien

En 1914, l'Italie ne s'engage pas dans le conflit mondial. Le Parti socialiste Italien s'oppose à l'intervention, d'un côté ou de l'autre. En juillet 1915, se tient le congrès des faisceaux d'action révolutionnaire, conglomérat de socialistes interventionnistes, exclus du PSI quelques mois plus tôt, d'interventionnistes de gauche, non issus des rangs du PSI, tôt rejoints par des conservateurs désireux d'effacer la poussée électorale de la gauche en 1913[1].
Le premier congrès de ces faisceaux se tient en juillet 1915; financés, entre autres, par la France, ils développent une propagande antisocialiste favorable à l'entrée dans le conflit, aux côtés de l'Entente[2].

Le IIe Reich, moment de maturation pour les idées proto-nazies

Le Reich Bismarckien constitue un moment essentiel dans la constitution du corpus intellectuel du nazisme: tout d'abord, il ne satisfait pas les attentes des nationalistes allemands, qui continuent à rêver de Grande-Allemagne dans la Petite-Allemagne, ou Grande Prusse, Bismarckienne, ensuite, le règne de Guillaume II, surtout à partir de 1890, constitue un moment clé de la formation de l'essentiel du système intellectuel nazi, notamment grâce à l'essor des idées Völkisch.

le pangermanisme

Depuis 1815, les nationalistes allemands développent l'idée de création d'un état regroupant l'ensemble des populations allemandes, habitant la Confédération Germanique, ou dans des espaces immédiatement voisins, ais indiscutablement peuplées d'Allemands (Prusse).

l'idéologie Völkisch

Avant la première guerre mondiale, le Reich et les régions de langue allemande du l'Autriche-Hongrie connaissent une forte agitation nationaliste. Dans le Reich, cette agitation nationaliste est protéiforme, de différentes natures et poursuit des buts immédiats différents. Ces sentiments sont exacerbés par le programme expansionniste de Guillaume II avant la guerre, par la réalisation de l'Union sacrée au début de la Grande Guerre et par le climat pangermaniste exacerbé régnant en Allemagne après la paix avec la Russie bolchevique[3]. En 1919, rien ou presque ne distingue de le DAP des autres groupuscules völkisch qui fleurissent en Bavière à la faveur de l'écrasement de la République des Conseils de Bavière au printemps 1919 : il demande la restitution des colonies, occupées par les Alliés, d'abord en vertu des lois de la guerre, puis en vertu d'un mandat de la SDN, il proclame la nécessité de l'Anschluss[4].
Si rien ne distingue le DAP des autres groupuscules qui fleurissent, c'est en raison de l'idéologie völkisch qu'ils en ont en commun. Cette idéologie a été développée durant la seconde partie du 19ème siècle par Julius Langbehn et Paul de Lagarde[5]. La primauté du Volk et la haine des Juifs, jugés inassimilables notamment pour des raisons religieuses, culturelles et politiques (par leur refus de s'agglomérer au Volk), constituent les fondements de ce courant, développés par Paul de Lagarde[6].
Mais, là où Lagarde reste mesuré, en raison de sa culture de sa vision historiciste de la germanité, Langbehn est plus intuitif, se dirige vers une forme de mystique germanique, liant l'individu, baigné par une religion germanique, à son univers[7]. En outre, selon sa conception de pureté de la race, il admire les Juifs non assimilés des frontières orientales de l'espace allemand, car il constitue un peuple, distinct du peuple allemand, qui occupe un territoire qui lui est propre, mais il considère les Juifs assimilés comme des intrus au sein de l'Allemagne, dont les habitants, le Volk, est souillé par leurs apports biologiques, et qu'il faut éradiquer, comme on éradique la peste et le choléra. Au fil du temps, Langbehn en vient à considérer les Juifs, dans leur ensemble, comme des obstacles à la réalisation du Volk et de sa destinée[8].
Lagarde et Langbehn ne sont que les plus cohérents des précurseurs du courant völkisch, dont les idées ne se voient pas fondamentalement modifiés par la fondation du IIe Reich[9]. Ce courant de pensée connait un succès et un développement important durant le règne de Guillaume II. Ainsi, rapidement, le courant völkisch accorde une place importante à l'éducation et à la diffusion de ses idées auprès de la jeunesse des années 1890-1910[10]. Ainsi, au sein des écoles, l'idéologie völkisch façonne les élèves, en leur apprenant à se situer dans une société hiérarchisée à l'extrême[11]. Ces écoles ont formé une part non négligeable des soldats allemands du premier conflit mondial et des activistes d’extrême-droite des années 1920.
Dans le même temps, certains acteurs du mouvement renforcent, dans la pensée völkisch, la nécessité de pureté de la race, en excluant davantage encore les Juifs du Volk, notamment dans des écoles qui appliquent et diffusent les préceptes völkisch[12].

Le nationalisme croate: 1919-1931[13]

Note préliminaire: comme mentionné dans l'introduction, le substrat spécifique au mouvement oustachi est chronologiquement décalé par rapport aux chronologies italienne et allemande. Avant 1918, le Royaume de Croatie est intégré dans le dualisme Hungaro-Croate, défini en 1868; les revendications nationales croates se formulent d'une manière radicalement différente avant et après 1918-1919

Le mouvement oustachi Croate est un mouvement qui se développe dans la Croatie de l'entre-deux guerres. Les causes de sa création et de son développement sont donc intimement liées à la situation politique nationale et internationale du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes.

En 1918 est proclamé le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, dans un contexte de convoitises internationales: l'Italie, pourtant alliée au Royaume de Serbie, souhaite l'application des clauses du Traité de Londres, la Hongrie souhaite récupérer les territoires perdus selon les clauses du traité de Trianon, la Bulgarie souhaite toujours annexer la Macédoine.

Dans ce contexte, les autonomistes croates ne peuvent apparaître que commé des cinquièmes colonnes aux yeux du gouvernement de Belgrade, soldées par ses ennemis. le mouvement croate se divise néammoins en deux tendances:

  • une tendance autonomiste représenté par le Parti Croate des Paysans, dirigé par Stjepan Radić, qui prône une la création d'une république autonome dans le cadre du royaume réorganisé de manière fédérale.
  • une tendance indépendantiste, dont les partisans se regroupent dans le Parti Croate du Droit, dirigé par Ante Pavelić, parti renommé en 1931 Oustachi, et réorganisé à cette époque selon le modèle fasciste, depuis l'Italie.

La Première Guerre mondiale, un moment essentiel pour ces partis

Le premier conflit mondial constitue, pour l'ensemble des mouvements fascistes, une matrice essentielle, une référence constante, à plus d'un titre. tout d'abord, ce conflit a contribué à l'exaltation du sentiment national dans ses formes les plus extrêmes, dans l'ensemble des pays en guerre, mais plus seulement en Allemagne, surtout après la Paix de Brest-Litovsk, mais aussi en Italie, dès avant son intervention dans le conflit. Ensuite, la guerre a été, dans ces pays plus qu'ailleurs (Russie exceptée) particulièrement éprouvante pour les populations civiles, touchées par le blocus, ou l'impréparation du conflit; ensuite, la sortie du conflit a été à la base de grandes frustrations nationalistes, et a constitué un défi politique et économique; enfin, par leur recrutement, les partis fascistes contribuent à perpétuer la société spécifique aux soldats du front.

un moment de forte exaltation nationaliste

Dans tous les pays engagés dans le le conflit, une forte propagande nationaliste se développe, parfois macabre. En Italie et en Allemagne, cependant, pour des raisons différentes, les conditions intellectuelles dans lesquelles est mené le conflit sont similaires: non seulement, les deux pays ont fait l'objet pendant toute la durée du conflit, de propagandes incendiaires rappelant constamment les buts de guerre, exaltant le nationalisme et proposant de vastes annexions en Europe et hors d'Europe.
Ainsi, en Allemagne, dès les premières semaines du conflit, le chancelier Bethmann-Hollweg propose, dans son Programme de Septembre, des buts de guerre a minima pour le Reich à l'Est et à l'Ouest. En 1915, à la suite des grandes victoires sur le front oriental, des programmes annexionnistes sont rédigés dans les milieux pangermanistes et connaissent une large diffusion dans le pays: de larges annexions en France, en Pologne et dans les pays baltes sont proposés[14].
En Italie, dans un contexte de surenchère dans les marchandages, souvent étalés dans la presse, les uns promettant la Tunisie, ainsi que le retour des provinces données à la France en 1860, les autres le Trentin, le Sud du Tyrol, et tout ou partie de côte orientale de l'Adriatique, les Puissances Centrales et les Alliés financent journaux et groupes d'intérêt: Mussolini, par exemple, crée un journal, le Popolo d'Italia, en grande partie financé par la France, jouant ainsi un rôle actif à côté des membres des Faisceaux interventionnistes, qui se développent en 1914; ainsi est générée une forte agitation nationaliste que la guerre exacerbe[15].

Un conflit particulièrement éprouvant pour les civils

Certes le conflit a marqué durablement l'imaginaire collectif dans l'ensemble des pays européens engagés dans le conflit, mais il a aussi été, pour la première fois, particulièrement éprouvant pour les civils, acteurs importants d'une guerre industrielle de longue durée. Ainsi, En Italie, le conflit a été mené dans une atmosphère de guerre civile[16].

une sortie problématique du conflit

L'ensemble des pays engagés dans le conflit a rencontré des problèmes de sortie du conflit, de reconversion de son économie, de gestion de l'ensemble des séquelles du conflit. Mais, dans certains pays, cette sortie du conflit a posé plus de problèmes que dans d'autres. En Allemagne et en Italie, par exemple, mais aussi en Hongrie, mais à chaque fois pour des raisons différentes.
En effet, si le haut-commandement allemand avoue sa défaite aux autorités civiles dès le mois d'aout 1918, l'armée allemande n'essuie pas de défaite indiscutable comme ont pu l'être Friedland ou Waterloo [17]: l'armée allemande mène une retraite en bon ordre, essuie des défaites dans des batailles de retardement en apparence mineures, mais le front ne s'écroule pas; c'est dans ce contexte que le haut-commandement allemand passe le relais en confiant le pouvoir aux civils, ignorant l'ampleur des défaites sur l'ensemble des fronts, en (Mésopotamie, dans les Balkans et dans les Alpes), mais priés d'assumer les choix faits lors de la conférence de Spa du 29 septembre[18]. dans le même temps, dans l'ensemble du Reich, un processus contestataire se dessine, déclenché par la lassitude face aux conditions de vie durant le conflit, se transformant au fil du mois d'octobre 1918 en mouvement révolutionnaire; ce mouvement spontané est à la base de la thèse, développée par l'extrême droite, nazie ou non, du coup de poignard dans le dos.

La guerre mythifiée: la place du conflit dans le recrutement des premiers fascistes

Les Après-guerre italiens et allemands

Dans tous les pays engagés dans le premier conflit mondial se pose le problème de la réadaptation dans le cadre de la paix: démobilisation des soldats, gestion des dégâts matériels et humains causés par la guerre... En France et en Belgique, "l'Allemagne paiera". En Italie comme en Allemagne, le conflt a été l'occasion de développer des programmes expansionnistes ambitieux, qui ne trouvent aucune concrétisation la paix revenue, l'un en raison d'une défaite militaire, l'autre en raison de l'opposition de ses alliés à la réalisation totale de ce programme.

Une référence constante

Dès les prémices des mouvements fascistes, la première mondiale constitue un pôle de fixation de l'action de ses partis.

Qui sont les premiers fascistes?

Tout d'abord, la jeunesse est la première caractéristiques des fascistes de 1919 : Mussolini a 36 ans, Balbo, par exemple, en a 23, Hitler a 30 ans; pour la plupart, ils appartiennent à la classe moyenne et à la frange inférieure de cette catégorie sociale: déclassés. Anciens du front ou non, il rejettent les pratiques politiques de leur époque et souhaitent se faire une place dans la nouvelle cociété issue de la guerre[19].
Esuite, la fin des hostilités laisse inoccupée une masse d'anciens combattants que le retour à la vie civile rebute[20].
Enfin, en Italie comme en Allemagne, la guerre, et plus encore les modalités de sortie de la guerre crée un climat propice à de fortes tensions : menée dans un climat de nationalisme exacerbé, la Grande Guerre se termine dans un climat de frustration (la victoire mutilée), ou de trahison (le coup de poignard dans le dos) et dans une ambiance révolutionnaire (nombreuses grèves en Italie, mouvement spartakiste en Allemagne). Rapidement, les groupes fascistes, qui recrutent alors des anciens du front, s'affirment alors comme les fers de lance de la contre-révolution préventive qui s'annonce[21]

En Italie

A la suite de Tasca, on peut affirmer que le premier noyau "fasciste" (peut-on parler de fascistes en 1918?) a été recruté parmi les Arditi présents à Milan du 10 Novembre 1918; ce jour-là se tient à Milan, comme partout ailleurs en Italie, une parade de la victoire, durant laquelle défilent des soldats. Mussolini participe à ce cortège de la victoire, dans un camion d'Arditi, puis harangue ces troupes de choc dans un café de la ville. A l'issue de cette harangue, les Arditi présents le plébiscitent ; ainsi est constitué le premier groupe de "fascistes", tous dévoués à la personne de Mussolini[22].
Au cours des mois qui vont suivre, le Popolo d'Italia mène une campagne très active en vue d'obtenir les territoires promis lors du Taité de Londres, ce qui lui assure le soutien de nombreux anciens combattants[23]. Dans le même temps, Mussolini lance dans son journal une campagne dans laquelle il propose la remise en cause des interventions économiques de l'Etat, tout en appelant de ses voeux de nouveaux choix politiques et économiques pour l'Italie; cette campagne lui assure ainsi la sympathie des milieux d'affaires italiens[24].

En Allemagne

En Allemagne, comme en Italie, le parti fasciste, le NSDAP, jouit, tout au moins en Bavière, d'une complicité des milieux conservateurs allemands. En effet, dans les premiers temps du NSDAP, Ernst Röhm joue le rôle de fourrier de la SA, puisant dans les stocks de l'armée du matériel militaire et des camions[25].
Le parti recrute précocément dans l'ensemble des couches de la population: La première liste de membres du NSDAP dont nous disposons, dressée en janvier 1920, montre un parti constitué pour un tiers d'ouvriers qualifiés et d'artisans, pour 14 % de membres des professions libérales, pour 14 % de fonctionnaires ou d'employés, pour 13 % de soldats (y compris officiers), pour 7 % d'étudiants, pour 4 % de boutiquers et pour 2% d'ouvriers non qualifiés[26].
Un passé dans les différents groupes völkisch unit les premiers membres du parti nazi, par delà leur différentes place dans la société et la variété de leur histoire et trajectoire personnelles[27].

  • premiers membres


Les premiers cadres sont des nouveaux venus dans la vie politique de leur pays: ce ne sont pas des nobles destinés à la carrière politique, ils ne sont pas non plus des hommes politiques comme pouvaient l'être Gambetta et Clemenceau, des héros des guerres d'unification comme Francesco Crispi. La plupart du temps, ce sont des marginaux, des intellectuels déclassés, quelques héros de la Grande Guerre ne trouvant pas leur place dans la nouvelle société d'après-guerre, d'anciens membres des Corps-Francs, comme Bormann. Ce qui soude ces gens aux parcours divers est l'idée que la guerre a tout changé dans la société, et qu'ils n'y trouveront pas leur place[28].

Dans le même temps, le NSDAP compte, du moins dans ses débuts moins de 5% de femmes membres du parti à part entière[29].

  • Des partis très liés aux anciens combattants:
  • la fiction de la recréation de la camaraderie du front :

un programme fourre-tout

Sous l'impulsion de leurs principaux dirigeants, les mouvements fascistes se dotent de programmes, dès la fondation du Faisceau en mars 1919, pour les Faisceaux Italiens, en décembre 1920, lorsque le DAP devient le NSDAP; ces programmes politiques formulent un certain nombre de revendications, visant à créer ou recréer, une communauté nationale ragaillardie par la guerre, dans laquelle les anciens combattants ont un rôle à jouer, à justifier un certain nombre de prétentions territoriales extérieures, tout en adoptant une rhétorique d'inspiration socialiste. Certains partis d'inspiration fascistes, comme les Chemises Vertes, ne parviennent pas à fédérer un certain nombre de mécontentements et de frustration économiques et sociales autour de thèmes nationalismes, étant trop enracinés au sein d'une classe sociale ou d'un groupe défini par un passé commun. De même, les Croix de Feu, au départ regroupement de soldats décorés de la croix de guerre, ne se constituent en parti, le PSF, qu'en 1936[30].

le compromis social et national

Les partis fascistes proposent rapidement des programmes politiques; ces programmes sont volontairement flous, fluctuants ou vidés de leur substances. Cependant, il est possible de comparer le programme des Faisceaux en 1919 et les 25 points du NSDAP de 1920[31].
Ainsi, les premières versions définissent leur pays comme une nation ayant des besoins expansionnistes importants; Les Faisceaux Italiens de Combat réclame la "valorisation de la nation italienne dans le monde"[32], alors que le NSDAP se fait le promoteur de la constitution d'une Grand Allemagne, dotée de colonies de peuplement en Europe et hors d'Europe (points 1 et 3).
Dans le domaine militaire, les Faisceaux et le NSDAP souhaitent la suppression de l'armée, remplacée par un système de conscription par roulement (Faisceaux) ou par une milice nationale (NSDAP). En effet, affirmant, du moins dans ses débuts, reconstruire, réformer leur pays, ces mouvements proposent une nouvelle forme de défense militaire, basée sur les milices qu'ils développent, SA ou Faisceaux. En réalité, ils se font le défenseurs d'une armée politique, motivée par les idéaux nationaux, à l'image des Arditi, soldats volontaires pour les missions dangereuses, ou les Corps Francs, très présents dès les premières années du nazisme.

très rapidement, le "nationalisme intégral"

UN programme souhaitant la révision des traités de 1919-1920.

La lutte contre les traités de paix.

L'ensemble des partis fascistes développent, quel que soit le pays dont ils sont issus, un argumentaire hostile aux traités de paix de 1919-1920, les uns car ils estiment que leur pays a été privé de la totalité des fruits de la victoire, les autres en raison de leur opposition aux clauses des traités de paix.

Ainsi, dans son programme du 24 février 1920, le parti nazi demande l'abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain, le traité de Versailles car c'est un paix de défaite qui est imposée à l'Allemagne, qui l'oblige à céder des territoires à l'Est, remettant en cause les clauses du traité de Brest-Litovsk, à l'Ouest, à confier ses colonies à la Société des Nations (ces dernières sont administrées par les puissances victorieuses dans le cadre des mandats; le traité de Saint-Germain car il interdit toute unification entre l'Allemagne et l'Autriche.

Pour Hitler et les personnalités völkisch qui l'entoure, l'antisémitisme constitue l'un des aspects de défense de la race aryenne. en 1919, Hitler développait une rhétorique antisémite fortement teintée d'anticapitalisme, sous l'influence de Gottfried Feder, puis, à partir de 1920, commence à poindre la figure du judéo-bolchevik. Ainsi, aux yeux des théoriciens nazis, la Russie bolchevik constitue un ennemi redoutable pour la ''Weltanschauung'' allemande, contre lequel il convient de se préparer à tous les instants[33]; dans cet esprit, il est donc naturel que la question juive doit occuper tous les instants des militants du NSDAP, et que le vocabulaire employé pour y apporter des solutions emprunte une abondance de termes au champ lexical de la médecine en général, et des maladies infectieuses en particulier: en effet, dès aout 1920, Hitler proclame la nécessité de combattre l' empoisonnement du peuple allemand, comparable à une forme de tuberculose raciale causé par le Juif et son influence nocive[34].

"notre programme, c'est le fait": un programme et ses fluctuations

Pour Hitler, comme pour Mussolini, les idées n'ont pas d'importance en soi: les deux dirigeants savent s'en affranchir en cas de nécessité:

  • Nous, les Fascistes, nous n'avons pas de doctrine préétablie: notre doctrine, c'est le fait[35]
  • Toute idée, même la meilleure, devient un danger si elle se figure être un but par elle-même[36].

c'est de ces deux citations que nous devons partir pour aborder les programmes des partis fascistes jusqu'à leur prise du pouvoir. Mussolini, comme Hitler, ne sont ni l'un ni l'autre des théoriciens politiques, comme pouvait l'être Lénine par exemple; Ainsi, Hitler, en chef d'un parti se réclamant du courant Völkisch, appuie les éléments programmatiques du NSDAP plus sur des stéréotypes et des émotions que sur des faits et arguments rationnels[37].


Du programme des faisceaux de 1919 au programme du PNF de 1921: une contradiction problématique

les 25 points du NSDAP: vers l'éviction des tenants du socialisme au sein du NSDAP dans les années 1920.


Tout au long de la période qui s'étend de la création du mouvement fasciste à l'accession au pouvoir, le programme politique, s'il est clairement rédigé, est fluctuant en fonction des intérêts et des alliances du moment, ce qui fait que le NSDAP peut d'un côté être financé par les industriels et de l'autre mener la grève des loyers de Berlin en 1931 aux côtés du KPD.

Le chef charismatique et le parti fasciste

Jusqu'à leur chute définitive en 1945, les mouvements puis régimes fascistes ont été étroitement associés à leur principal dirigeant, présenté par la propagande comme un guide (Führer, Duce, Poglavnik, en allemand, italien et croate...), un homme hors du commun en communion étroite avec son peuple. De plus, par rapport à ses seconds, ce dirigeant montre une certain habileté politique supérieure à ces derniers pour se maintenir face à eux. En outre, il constitue un trait d'union, peut-être le seul, entre les différentes clientèles disparates qui voisinent au sein du parti fasciste. Mais au sein de ces partis disparates, il rencontre des oppositions qu'il brise (les frères Strasser en 1932) ou amadoue (Grandi en 1921 ou Goebbels en 1926), selon les circonstances.

Mussolini, chef charismatique, mais prudent, d'un parti peu maniable

Dès 1918, Mussolini s'assure par ses déclarations des troupes et des soutiens de plus en plus nombreux. Peu regardant sur les principes politiques, il est néammeoins conscient de la nécessité de s'en servir pour susciter l'adhésion autour de sa personne[38].
Ainsi, il ne s'engage pas à fond dans la guerre, se contentant juste d'animer la flamme belliciste en Italie; la fin de la guerre le met dans une situation personnelle délicate, il se constitue une garde rapprochée; hostile en mars 1920 à la constitution d'un parti fasciste, il s'y rallie à la fin de l'année suivante pour reprendre en main le fascisme; Lors de la marche du Rome, Mussoliini attend courageusemnt à Milan, près de la Suisse, le résultat de ce coup de dé[39].

Hilter, Führer du NSDAP

Ainsi, en 1919-1920, Hitler devient le principal orateur d'un obscur groupe völkisch, le DAP, alors qu'il est membre de la section de propagande d'un régiment cantonné à Munich[40]. À partir de 1920, alors que le Parti nazi commence à prendre son essor, ininterrompu jusqu'au Putsch de la Brasserie, il connaît une première crise entre le fondateur, Anton Drexler et Hitler. Cette crise a pour enjeu le contrôle du parti, dont Drexler est le fondateur et Hitler l'orateur principal[41]. À partir du moment où la position d'Hitler comme chef incontesté du parti nazi est confortée, en 1922, le NSDAP connaît une croissance fulgurante : fin 1922, le NSDAP compte 20 000 membres, début novembre 1923 (avant le Putsch), le nombre d'adhérents a presque triplé[41]. En outre, Hitler tire profit et rend possible le double profil du parti: activiste (la SA), ou plus mesurée (les membres de la petite bourgeoisie)[42]

Au sein de la mouvance völkisch radicale à laquelle le NSDAP appartient, Hitler fait rapidement figure de leader incontesté par sa maîtrise de la rhétorique, ses capacités d'organisation des rassemblements du parti, le tout lié à l'exploitation habile des sentiments d'insécurité dans le contexte de sortie de la première guerre mondiale[43].

Dès 1920, le NSDAP, qui commence à se développer au-delà de la Bavière, se voit doté d'un mode de gestion basé sur le Führerprinzip. Ce principe est en réalité un mode de gestion autocratique du parti, puis de l'Etat, par le groupe qui entourait Hitler[44].

les autres mouvements fascistes

De même, le mouvement Oustachi, qui se réclame dès sa fondation du mouvement fasciste italien, est dirigé par Ante Pavelic, le Poglavnik (Guide). Mais ce titre ne doit pas faire illusion: Pavelić est en réalité un dirigeant fantoche, activé en fonction des besoins de la politique balkanique italienne des années 1930[45]. Ainsi, Pavelić et son mouvement sont étroitement contrôlés par le gouvernement de Rome, qui les sort de la naphtaline si le besoin se fait sentir[46]. Au moyen de cérémonies secrêtes, Pavelić développe cependant un culte autour de sa personne, dans lequel il est le Poglavnik, le guide du peuple Croate: la prestation d'un serment de fidélité au Poglavnik se fait à la lueur des chandelles, sur un autel recouvert d'un drap noir, sur lequel sont disposés une croix, un poignard et un mousqueton[47].

la violence politique, moyen de briser les oppositions

Dès le départ, la création de groupes paramilitaires

la militarisation du parti

L'impunité fasciste

Une violence politique dirigée en priorité contre les socialistes et les communistes

Les débordements problématiques (du point de vue des conservateurs)

Le mouvement oustachi, si comme les autres mouvements fascistes, est d'abord un mouvement à vocation paramilitaire, il est cependant constitué depuis l'Italie, la Hongrie et l'Autriche, dans lesquels sont implantés des camps d'entraînement militaire. Ainsi, les Oustachis entraînés dans ces camps sont employés au service d'objectifs communs au mouvement oustachi et à l'Italie fasciste: ainsi, le 9 octobre 1934, le roi Alexandre de Yougoslavie est assassiné à Marseille par un commando oustachi[48].

Enracinement dans la vie politique

Participation aux élections

Le mouvement fasciste italien et les élections 1919-1922

1919-1921: le fascisme extraparlementaire
1921-1922: le PNF, ses élus et le parlement italien

le NSDAP de 1924 à 1933

Arrêtés ou dispersés à l'issue du Putsch du 9 Novembre, les membres du NSDAP se déchirent et le parti connaît de fortes turbulences. le leadership de Hitler et du groupe de Munich[49] est contesté les frères Stasser, Otto, Gregor, et leurs alliés, basés pour la plupart dans le Nord de l'Allemagne. À partir de 1926, Hitler et ses proches réorganisent le parti à leur profit, mais jusqu'en 1929, le parti ne recueille pas les fruits de cette réorganisation; Dès le déclenchement de la crise de 1929, cependant, le NSDAP connaît ses premiers succès, succès de plus en plus importants qui aboutissent, le 30 janvier 1933, à la nomination de Hitler chancelier et de plusieurs nazis au gouvernement qu'il dirige.

La période 1924-1929: d'échec en échec

À partir de l'échec du Putsch de la Brasserie, le NSDAP change de stratégie pour sa prise du pouvoir; ce changement de stratégie est voulu par Hitler, conscient qu'une autre tentative de putsch mènerait le parti nazi dans l'impasse[50].
Dès 1924, le parti nazi obtient des résultats électoraux trés bas (3 % des voix en décembre 1924). En 1925, lors de l'élection présidentielle, le NSDAP présente le général Ludendorff, et obtient 210. 000 voix sur 27 millions de suffrages[51]. En 1928, lors des élections générales, le parti obtient 800 000 voix, soit 2.6 % des suffrages exprimés et envoie 12 députés du Reichstag[52].
Durant ces années de vache maigre, le NSDAP se déchire, divisé entre Hitler et groupe de Munich, plutôt conservateur, d'une part, et l'aile gauche du parti nazi, très présente à Berlin, regroupée autour des Frères Strasser; lors de ces conflits, Les membres du groupe de Berlin, autour de Srasser, vont jusqu'à demander l'exclusion de Hitler, suspecté de vider les caisses du parti[53].
Cependant, le NSDAP ne connaît durant cette période que des déconvenues: cette période est aussi pour lui une période d'organisation; en effet, à partir de 1926, Hitler reprend le parti en main, contrôle la propagande, en organisant les journées du parti à Nuremberg et s'attache Goebbels, ce qui lui permet de commencer la conquête de l'Allemagne du Nord[54].

Le Parti est donc réorganisé: une circonscription territoriale est créée, le Gau, contrôlé par un Gauleiter, responsable devant Hitler; en outre, le parti organise des groupements "spécialisés": les femmes, les jeunes, les ancien combattants, les paysans, les avocats... dont la direction est confiée à des proches de Hitler[55].
Cette réorganisation s'opère également à l'échelon local, par la multiplication des groupes locaux (1378 en 1928), dotés d'une autonomie réelle, ce qui favorise leur essaimage[56].
La propagande fait aussi l'ojet d'une reprise en main, selon deux modalités complémentaire: le contrôle direct du ''Völkischer Beobachter, journal völkisch acheté par le parti en 1921, et l'organisation des journées du parti, dont l'écho est amplifié par la presse nazie[57].
Enfin Hitler et le Groupe de Munich jouent la SS, corps d'élite peu nombreuse, contre la SA, groupe nombreux mais peu discipliné.

à partir de 1929, des succès de plus en plus importants

Mais les résultats de 1928 masquent la réalité de la poussée électorale nazie dès la fin de l'année 1929. En effet, à cette date, le NSDAP enregistre ses premiers succès électoraux: En Thuringe en décembre, le parti nazi obtient 11 % des voix et Frick devient ministre de l'intérieur du Land[52], en juin 1930, dans le Land de Saxe, le NSDAP obtient 14 % des voix aux élections du parlement du Land (Il avait réuni 5 % des suffrages lors des dernières élections dans ce Land)[58].
Tous ces succès locaux illustrent la poussée réelle du NSDAP dans le paysage politique allemand et sont autant de signes avant-coureurs du succès du 14 septembre 1930.
Les élections du 14 septembre 1930 sont la conséquence directe du renversement du cabinet de Grande Coalition dirigée par Hermann Müller. Dans la lignée des résultats des élections dans les Länder de la fin 1929 et du début 1930 le NSDAP enregistre un succès qui le place parmi les principales forces politiques représentées au Reichstag: avec 650 000 voix, soit 18 % des suffrages exprimés, le parti nazi envoie 107 députés au parlement: le groupe parlementaire nazi est alors de deuxième groupe le plus important du Reichstag[59].

Analyse de ces succès

Ces succès électoraux sont non seulement le fruit d'une propagande à destination de chaque groupe social spécifique, mais aussi les conséquences de la dégradation de la situation économique allemande (et de l'incapacité des partis de Weimar à y faire face). Les principales poussées électorales du parti nazi ne se font pas dans les grandes villes, mais plutôt dans les petites villes et les campagnes, marquées par la crainte des désordres, du déclassement social, du chômage et la volonté de revenir au bon vieux temps (non seulement pour soi, mais également pour ce qu'il signifie en termes sociaux)[60].

Ainsi, membre d'un parti dont le succès électoral repose essentiellement sur une clientèle habitant les campagnes et les petites villes, Walter Darré, idéologue agraire de tendance Völkisch, commence la conquête des milieux paysans du Nord et de l'Est de l'Allemagne, dans un contexte de de crise agraire profonde et antérieure à la crise économique proprement dite[61].

Le rapprochement avec les conservateurs

À partir du moment où le parti fasciste est un acteur important sur la scène politique nationale, un certain nombre de conservateurs s'en rapprochent. Ce rapprochement devient de plus en plus marqué à partir du moment où ce parti tend à devenir un candidat crédible dans le cadre d'un gouvernement de coalition de droite, avec ou sans majorité parlementaire; L'alliance des mouvements fascistes avec les conservateurs constitue donc l'une des tendances lourdes de l'histoire du fascisme; cependant cette alliance n'est pas exempte d'arrières pensées et d'hésitations de part et d'autre (comme l'attestent l'abandon, ou les tentatives d'abandon, des solutions fascistes en 1943 en Italie et en 1944 en Allemagne, ainsi que l'adoption de solutions fascistes en Hongrie, par exemple, en 1944).

Les raisons de ce rapprochement : une contre-révolution préventive

Dès le début de l'aventure fascistes, les partis fascistes peuvent s'appuyer sur des groupes de pression conservateurs; la majorité de ces conservateurs souhaitent mettre un frein à l'essor des mouvements socialistes ou communistes dans leurs pays respectifs. Ceux-ci demeurent cependant gênés par la nature sociale du programme édicté durant la phase de création de ces mouvements, même s'ils sont conscients que ce programme n'est guère qu'un morceau de papier. le rapprochement se fait surtout dans une atmosphère de crainte, puis de vengeance contre les organisations socialistes[62]. De leur côté, les fascistes prennent rapidement conscience de leur incapacité à conquérir puis à conserver le pouvoir durablement sans l'appui des anciennes élites.
Ainsi, en Italie, les propriétaires terriens, agrariens, découvrent le fascisme[63], à la fin de l'année 1920. Les agrariens prennent surtout conscience des possibilités que leur offrent les Faisceaux; en effet, dans la plaine du Pô, par exemple, la propriété de la terre est très concentrée, les conquêtes sociales des manœuvres et des métayers sont le fruit d'âpres luttes sociales, dans un contexte de crise des revenus agricoles. Ces luttes ont permis le partage des revenus de la terre: ce partage est basé sur des clauses imposées aux propriétaires par les syndicats, stipulant le monopole du placement des ouvriers par la coopérative, le salaire minimal à verser aux ouvriers, le nombre d'ouvriers à embaucher par hectare, l'organisation de tours de travail entre les ouvriers, la masse de travail proposée étant insuffisante pour employer tous les ouvriers agricoles à temps plein... Ce système ne perdure que parce qu'il englobe l'ensemble des travailleurs agricoles, qui n'en perçoivent pas forcément l'intérêt pour eux-mêmes (même si il est réel, d'après Tasca), et que les agrariens le laissent perdurer[64].
Dans le même ordre d'idées, en Allemagne, les succès électoraux obtenus par les communistes aux différentes élections législatives de 1932 poussent un certain nombre de conservateurs, de plus en plus tentés par une lecture autoritaire, au minimum, de la constitution de 1919, à se rapprocher du NSDAP et à faire appel à lui pour instaurer le régime autoritaire de droite qu'ils appellent de leurs vœux[65].

les modalités de ce rapprochement

Si cette alliance est néanmoins durable sur une grande partie de la période d'exercice du pouvoir, elle ne prend pas moins une allure protéiforme dans la période antérieure à la prise du pouvoir. Dès le départ, une frange conservatrice de la société a soutenu le mouvement fasciste en formation, ou dans ces moments difficiles: ainsi, c'est dans une salle prêtée par le Cercle des Intérêts industriels industriels et commerciaux qu se tient la première réunion des Faisceaux Italiens de Combat; organisateur d'un attentat ayant fait quelques morts, Mussolini ne reste que 36 heures en prison; lorsque, en avril 1919, il fait saccager le siège de l'Avanti à Milan, aucune condamnation n'en découle[66]; en 1920-1921, l'appareil judiciaire italien traque en priorité, non les squadristes, mais leurs opposants, surtout s'ils sont socialistes. De même, Hitler, après le putsch de la Brasserie, est condamné à 5 années de prison, mais il n'en fait que 18 mois.
Nous le voyons, cette alliance se réalise surtout dans un premier temps dans les salles des tribunaux: en effet, condamnés pour les actions violentes qu'ils organisent ou auxquelles ils participent, les principaux dirigeants fascistes sont peu ou pas condamnés.
Mais le principale acteur du rapprochement est constitué d'un certain nombre d'officiers de l'armée d'active, qui là fournissent un plan d'action, ici, fournissent l'équipement des troupes fascistes, ailleurs s'en prennent aux militants organisés ou non des partis membres des Internationales, ou encore laissent l'activité fasciste se déchaîner.

A la base de ce rapprochement...

Tout rapprochement entre tendances politiques, s'il se fait sur la base d'intérêts bien compris, se fait également sur la base d'accord politiques, et le rapprochement entre partis fascistes et groupes de pression conservateurs (dont des partis sont l'émanation), se fait également sur un programme politique de gestion de l'Etat, de l'économie et de la société précis.

... des convergences politiques...

L'alliance avec les conservateurs se fait sur la base de convergences politiques, liées à la proximité des programmes ou des ambitions initiales, ou apparues au fil de l'évolution des mouvements fascistes. Ces convergences politiques se font sur plusieurs bases: un partage du pouvoir entre fascistes et conservateurs dans le cadre d'un régime autoritaire, la volonté de répression des organisations se réclamant du marxisme dans un premier temps, puis de l'ensemble des partis politiques dans un second temps, et une politique étrangère expansionniste.
ces convergences portent tout d'abord sur la nature politique du régime appelé à se mettre en place: le futur régime est appelé à être avant tout un régime autoritaire antiparlementaire; cet antiparlementarisme tend à être partagé par un spectre politique de plus en plus large: ainsi, en Allemagne, à partir de 1928, le Centre Catholique mené Ludwig Kaas et le DNVP dirigé par Alfred Hugenberg, membres des coalitions de la République de Weimar se dotent de programmes caractérisés, entre autres, par l'antiparlementarisme[67]. À partir de 1930, les chanceliers qui se succèdent dans le cadre de cabinets présidentiels, tendent de plus en plus à vouloir vider la constitution de 1919 de son contenu: Brüning en gouvernant par décrets-lois, Papen en renversant le gouvernement élu du Land de Prusse, et en préparant un coup d'état contre la constitution[68].
En outre, le débat politique autour des Réparations, à l'occasion de l'adoption du plan Young, fournit au NSDAP un tribune nationale dans le cadre d'une alliance de l'ensemble des partis et groupements nationalistes, coorganisée avec le DNVP de Hugenberg[69].

... et des enjeux économiques et sociaux

Dans un contexte de contre-révolution préventive, les conservateurs se rapprochent des partis ou groupes fascistes, avant tout pour conforter leurs positions, un temps ébranlée par les mesures imposées dans les événements consécutifs à l'après-guerre.
En Allemagne, dans le contexte issu des clauses financières du Traité de Versailles, le parti nazi se trouve dans une posture de plus en plus centrale sur la scène allemande, dans le cadre du Front de Harzbourg, auquel participe Hugenberg[70].

un parti acteur de plus en plus incontournable de la vie politique nationale

Les succès électoraux, obtenus en parti grâce à la politique menée aussi par les conservateurs que par les fasciste de rapprochement des uns et des autres, transforment le parti fasciste en parti de plus en plus indispensable à la mise en place de coalitions gouvernementales.

L'élection de chambres peu stables

Un parti en forte progression électorale

Conquête du pouvoir

Blocage de la vie politique nationale: le parti fasciste comme solution

1921 en Italie, une instabilité gouvernementale en partie liée à la politique du PNF

En 1931-1933 en Allemande, des gouvernements dans l'impasse, sans majorité

À partir de la rupture de la Grande Coalition en 1930, les partis de droite, qui soutiennent les cabinets minoritaires à partir de la chute du cabinet Müller, sont omniprésents dans les cabinets qui se succèdent à partir de septembre 1930[71].

été 1922/ hiver 1932-1933: un parti à la croisée des chemins

Peu de temps avant leur prise du pouvoir, les partis fascistes connaissent l'un comme l'autre un certain nombre de difficultés. Ainsi, en Allemagne, les différentes élections de 1932 (juillet puis novembre montrent un NSDAP au bord du précipice, malgré les 36% de votants pour ses candidats; en outre, la propagande nationale-socialiste montre alors ses limites, car le parti ne peut pas tenir tous les discours tout le temps: il ne peut être à a fois anticapitaliste et antisocialiste avec la même intensité au même moment[72]

Légalité de la prise du pouvoir

Dans l'ensemble des pays régis par une dictature fasciste non importée de l'extérieur (Allemagne, Italie, Hongrie), les partis fascistes accèdent au pouvoir légalement nommés par le chef de l’État. En effet, Victor-Emmanuel III en Italie, Hindenbourg en Allemagne, Horthy en Hongrie, tous trois chefs de l'État de leur pays respectif, ont tous les trois confié au dirigeant fasciste, selon les formes constitutionnelles, la responsabilité de former un gouvernement.
En Italie, tout d'abord, Mussolini est investi des pouvoirs à l'issue de la Marche Sur Rome, qui, selon le mot de Tasca, n'a pas eu lieu[73]. Mais la nomination de Mussolini est surtout le fruit de négociations en vue de la formation d'un nouveau cabinet à participation fascistes[74]. En Allemagne, ensuite, Hitler est nommé chancelier, selon la procédure en vigueur depuis 1930, d'un cabinet soutenu par 40% des députés, plus peut-être que le cabinet précédent[75], et en Hongrie, enfin, Szálasi est nommé par le Régent selon les formes constitutionnelles en vigueur dans le Royaume de Hongrie
En revanche, plus ou moins rapidement par la suite, le président du conseil, chancelier ou premier ministre (selon les formes légales dans chacun de ces pays) rend inopérante la constitution, dont certaines dispositions ont permis de garantir la légalité de la prise du pouvoir: en Hongrie, aussitôt investi, le nouveau gouvernement proclame la déchéance du régent, le 16 octobre 1944, puis, le 3 novembre suivant, nomme, après confirmation des chambres, Ferenc Szalasi, chef de l’État, alors qu'il est premier ministre depuis le retrait de Horthy[76].
L'investiture par le chef de l’État obtenue, il reste alors au dirigeant fasciste, qu'il soit guide ou chef de la Nation, à concentrer, à son profit et à celui de son parti, les pouvoirs de l’État. En Hongrie, par exemple, la situation militaire en octobre 1944 facilite les choses: en effet, dès le mois de novembre, Szálasi concentre l'ensemble des pouvoirs politiques du chef de l'Etat et du chef du gouvernement entre ses mains, ce processus étant validé par la dernière chambre élue, alors que le PNF a abouti à ce résultat au bout de 4 années.

Mise en place d'une dictature légale

De la terreur issue de l'euphorie du succès à l'institutionnalisation de la répression.

Le paravent des pleins pouvoirs (ou pouvoirs étendus) pendant une période fixée (de 4 mois à 4 ans).

Sort des opposants

Les premières répressions.

La mise en place de lieux de relégation pour les opposants.

Au fil du régime, des opposants de plus en plus traqués.

Exercice du pouvoir

Le parti et l’État: le parti dans l’État ?

Dès la prise du pouvoir, les partis fascistes initient une politique qui vise, sinon à la fusion, au moins à la mise en place de liens très étroits entre le parti fasciste et l’État légal préexistant. Ce processus politique constitue la mise en place légale de la dictature fasciste. Cependant, cette volonté de rapprochement n'est pas exempte de réserves de part et d'autre. Certes, les membres du parti fasciste souhaite prendre la place des fonctionnaires, mais le chef du parti fasciste, du moins en Italie et en Allemagne, s'y oppose pour des raisons pragmatiques: sont ainsi écartés tous ceux qui se montrent partisans d'une réelle fusionref>R.O. Paxton, le Fascisme en Action, p. 225.</ref>. Ce lien génère des tensions, mais, c'est en Allemagne que le lien est le plus fort; il faut signaler ici que l'expérience allemande, comme l'expérience fasciste italienne, demeurent les seules qui aient disposé de suffisamment de temps, et d'autonomie par rapport aux influences extérieures.
Ainsi, en Allemagne, à partir du 30 janvier 1933, le caractère non-constitutionnel du gouvernement par décrets, comme dans la période précédente[77] est systématiquement étendu à l'ensemble des compétences gouvernementales, mais permettent aussi de donner au NSDAP une compétence dans la gestion des affaires de l'Etat; ainsi, dans les Länder sont nommés des Reichsstatthalter, qui sont souvent les Gauleiter des états concernés; ainsi, le parti et l'Etat fusionnent car les responsables du parti sont de fait dotés des pouvoirs des gouverneurs, représentants du pouvoir central[78]. Par ailleurs dès la mort de Hindenburg, un nouveau mode de gouvernement se met en place dans le Reich. Ce mode de gouvernement du Reich est directement issu du mode de gestion du NSDAP par le Groupe de Munich, qui évolue autour de Hitler. il se caractérise par un fonctionnement informel, rythmé par le mode de vie de Hitler, bohème et irrégulier. En outre, l'extension à l'Etat du Führerprinzip génère la création d'une forme institutionnelle inédite, aconstitutionnelle, marquée par la copie, à l'échelle de l'Etat de l'organisation du NSDAP[79].

la dictature légale: un fonctionnement parfois problématique

le maintien du cadre institutionnel hérité de la période précédente:

la permanence du Statuto en Italie

La constitution de 1919 en Allemande rendue caduque, mais non abrogée

En Hongrie, la Monarchie n'est abolie qu'en Septembre 1944, soit deux mois après la prise du pouvoir par les Croix Fléchées

Application partielle du programme du parti

Dès 1933, en Allemagne, les minorités juives subissent des vexations et des mesures discriminatoires, dont le caractère décousu masque la planification. Dès le 1er avril 1933, un boycott des magasins juifs est organisé, mais se solde par un échec[80]

premières mesures antisémites en Allemagne.

les premières mesures politiques économiques et sociales

Radicalisation des expériences fascistes de gouvernement

la politique antisémite, marqueur de cette radicalisation

Dans l'ensemble des pays gouvernés par des régimes fascistes, des politiques antisémites sont mises en application par les gouvernements fascistes. Pour certains dès leur installation au pouvoir, l'Allemagne, la Croatie, pour d'autres dans un souci d'alignement avec le modèle allemand, l'Italie, pour d'autres enfin, dans le contexte de la pression allemande liée à l'imminence de la défaite, comme en Hongrie ou dans la République Sociale italienne. Chronologiquement, l'année 1938, pour les régimes fascistes installés avant cette date donne le départ de ce processus de radicalisation antisémite; en effet, cette année est celle de la Nuit de Cristal et de la législation antisémite italienne.
Ainsi, en Italie, sous l'impulsion du modèle allemand, un certain nombre de fascistes italiens, groupés autour de Starace, et rejoints par Mussolini impose la mise en place d'une législation antisémite. Celle-ci est présentée comme la continuation logique de le politique démographique mise en place depuis 1922[81]. Celle-ci revient sur les naturalisations effectuées depuis 1919, sur l'accueil des Juifs fuyant la législation allemande... Les mesures strictes en apparence sont peu ou pas appliquées, car le régime multiplie les exemptions, pour les familles de soldats tombés au front, que ce soit en 1896, en 1911, pendant la Grande Guerre, pendant la campagne d’Éthiopie, pendant la guerre d'Espagne ou ailleurs, pour les familles des participants à la Marche sur Rome, un nombre significatif d'adhérents du PNF (ayant adhéré avant la Marche sur Rome, pendant l'affaire Matteoti...) ... ce qui aboutit à ce que la législation ne concerne qu'un quart des familles juives italiennes; par ailleurs, la multiplication de passe droits administratifs contribuent à vider la législation de toute application réelle[82]. Cependant, jusqu'en 1943, les mesures adoptées à partir de 1938 ne sont pas appliquées (à partir de la création de la République Sociale, les Juifs italiens habitant les zones contrôlés par l'Axe font l'objet de déportations massives.
Si la législation antisémite n'est pas appliquée avec vigueur en Italie avant 1943, il en est tout autrement en Allemagne. En effet, la législation antisémite constitue l'un des marqueurs du régime mis en place à partir du 30 janvier 1933. Dans un premier temps, les vexations ne sont pas institutionnalisées, puis de numerus clausus en aryanisation, les Juifs d'Allemagne sont progressivement marginalisés dans la vie quotidienne allemande.


En outre, à partir de l'automne 1939, après le partage de la Pologne, le IIIe Reich connaît non seulement un renforcement des mesures antisémites, mais aussi un saut qualitatif. En effet, au début du mois d'octobre 1939, la SD décide l'expulsion des Juifs des territoires polonais annexés vers le Gouvernement Général: organisés par Eichmann, ces transferts de populations touchent aussi des Juifs du Reich; peu de temps après cette inititave du SD, Hitler ordonne l'évacuation vers la Pologne de 300 000 Juifs de l'Altreich. A cette occasion, des Gauleiter donnent à Eichmann les pleins pouvoirs pour procéder à cette évacuation dans leur Gau[83]. Zélé, EIchmann s'acquitte avec succès de l'opération, sont le résultat dépasse toutes les espérances: non seulement des Juifs de Vienne sont envoyés en Pologne, mais aussi des Juifs du Protectorat; certains policiers nazis (Nebe par exemple) propose d'adjoindre à ces Juifs déportés les Tsiganes du Reich, en « accrochant quelques wagons remplis de tsiganes » aux convois existants[84].

en outre, à partir de juillet 1941, l’extermination est à l'ordre du jour. la Pologne compte à la fin de l'année 1939 entre 1,7 et 2 millions de Juifs sur son sol. ces millions de Juifs ne peuvent pas être expulsés de Pologne par l'émigration[85].

À partir de 1938, le renforcement du totalitarisme

En Italie comme en Allemagne, les dernières années de la décennie 1930 sont caractérisée par une (re)prise en main de l'Etat par les fasciste (nazis).
Ainsi, en Allemagne, les cadres dirigeants conservateurs sont définitivement écartés au cours de l'année 1938. Tout d'abord, les chefs militaires de la Wehrmacht, Blomberg et Fritsch, écartés l'un à l'issue du scandale causé par le mariage de avec une prostituée, l'autre à la suite de révélations sur sa vie privée[86].

la politique expansionniste: Espagne, Éthiopie, réarmement, Anschluss, Sudètes, Albanie

Dès 1935, les dictatures fascistes se livrent à une politique à une politique expansionniste assumée:

1935: L'Éthiopie, le réarmement allemand.

1936: la Guerre d'Espagne comme répétition générale, la remilitarisation de la Rhénanie.

1938: l'Anschluss et les Sudètes.

1939: l'annexion formelle de l'Albanie, la disparition de la Tchécoslovaquie, l'annexion de Memel, la déclaration de guerre.

la Guerre, comme vecteur et moyen de la radicalisation fasciste

La guerre constitue pour les Fasciste à la fois une cause et une conséquence de la radicalisation fasciste, une cause car elle encourage une exaspération des logiques à l’œuvre au sein des régimes fascistes et une conséquence car elle est présentée comme un moyen de prolonger la révolution fasciste. En effet, les fascistes les plus radicaux, que ce soit en Allemagne, en Italie ou ailleurs, voient la guerre comme un moyen de rétablir l'esprit initial qui animait les mouvements fascistes. Dès sa prise du pouvoir, le parti fasciste développe un argumentaire autour de la guerre nécessaire pour la conquête de l'Espace vital[87]; mais cet argumentaire belliqueux se développe davantage au fil des années, si bien, que, à la fin des années 1930, les dirigeants de l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste jouent leur crédibilité dans une confrontation militaire[88]. Dans le cas italien, la guerre est perçue aussi comme un moyen de renouer avec le squadrisme, que les jeunes générations n'ont pas connu, mais qui exalté par la propagande[89].

La guerre, un réflexe de défense contre un adversaire qui se renforce de plus en plus tous les jours

Les propagandes fascistes présentent la guerre également comme un moyen de défense préventif contre un adversaire avec lequel on ne peut différer l'affrontement sous peine de défaite assurée[90]. Ainsi, la propagande allemande en France fait placarder en 1944 une affiche, avec un seul mot "Jamais", un train en route pour la Sibérie, en plein hiver, sous la garde d'un garde rouge squelletique, ou encore plus explicite dans la justification de la guerre d'extermination menée en URSS, une carte de l'Europe, parsemée de dessins représentant des exactions commises par les bolcheviks, légendée "voilà ce que le bolchevisme apporterait à l'Europe"[91].
Dans le même ordre d'idées, Hitler et ses proches conçoivent aussi la guerre comme une guerre préventive contre un ennemi fantasmé, dont la figure de proue est incarné par le Juif, figure concrète de l'abstraction qu'est le judéo-bolchevisme[92].

Les territoires occupés et la radicalisation fasciste

Dans un premier temps, les armées des régimes fascistes sont victorieuses; ces victoires entraînent l'occupation de vastes territoires et, comme conséquence la gestion des populations qui s'y sont implantées. Rapidement, sur les territoires dont les populations sont considérées comme inférieures (Slaves, Éthiopiens) se met en place une administration confiée non à l'armée (dans le cadre d'administrations militaires, comme en Occupation et en Belgique entre 1940 et 1944), mais à de cadres du parti fasciste, peu au fait des usages et des codes administratifs définis par un état de droit[93]. En effet, les annexions opérées avant le déclenchement du conflit donnent un avant-goût du sort des opposants et des Juifs, en Autriche et en Bohême[94]. En effet, dans ces territoires, les premiers à arriver sont les membres des forces de répression, non limités par les tenants des autres pouvoirs (judiciaires et militaires).
À partir du déclenchement de la Guerre à l'Est, le régime nazi se trouve alors en situation de pouvoir réaliser son utopie de permettre la création de l'Espace Vital, par l'expérimentation de diverses mesures prises dans le cadre d'un combat racial entre Germains et Slaves[95]; en effet, dès la partition de la Pologne occupée par les Allemands en plusieurs zones (zones annexées, Gouvernement Général), les territoires annexés sont germanisés, hors de toute légalité: en effet, les codes juridiques allemands alors en vigueur dans le Reich ne s'y appliquent pas; Hitler donne alors dix années aux responsables de ces territoires pour les germaniser entièrement, par tous les moyens[96]. Carte blanche est aussi donnée aux administrateurs impitoyables du Gouvernement général, dès la conquête, avec le déploiement des premiers Einsatzgruppen[96]. 10 000 Polonais sont ainsi exécutés en 10 semaines: sont liquidés des membres de l'élite intellectuelle polonaise ainsi que des activistes polonais connus pour leurs actions en 1919[97].
L'ensemble de ces territoires conquis à l'Est (Pologne, territoires occupés en Union Soviétiques) sont en outre confiés à des membres éminents du partis (Franck, Rosenberg) ou de la SS: von dem Bach-Zelevski... qui souhaitent, comme les Gauleiter de l'Altreich, rendre les territoires dont ils ont la responsabilité Judenfrei, libéré (ou libre) des Juifs, selon la traduction; les Juifs du Reich, qui portent l'étoile jaune, ainsi que les Juifs de Pologne, sont ainsi concentrées dans des ghettos insalubres, à Varsovie, à Lodz... Dans ces ghettos, sévissent la faim, l'insalubrité et un certain nombre de maladies[98]. En créant, en Pologne, dans le "dépotoir racial" du Reich, de fortes concentrations de populations sous-alimentées dans des ghettos, les responsables SS créent ainsi un problème sanitaire inextricable, nécessitant une solution radicale, définitive, finale[96].
Sur ces territoires, l'administration militaire laisse rapidement le pouvoir à une administration civile, malgré de nombreuses tergiversations de fortes réserves[99]; celle-ci compte rapidement des centaines de membres, recrutés parmi les cadres du NSDAP, peu disposés à prendre leurs consignes auprès des services du ministre de l'Intérieur du Reich, créant un état d’exception permanent, rendu possible par l'octroi à ces fonctionnaires de larges pouvoirs spéciaux[100]. Les Fascistes italiens connaissent aussi leurs territoires occupés à l'Est: la partie littorale de la Croatie, l'Albanie et les districts annexés de Dalmatie. Dans ces territoires, l'armée d'occupation italienne mène une politique de répression féroce, marquée par la pratique des exécutions en représailles des actions des partisans[101].

La guerre à l'Est, moyen de cette radicalisation

Le conflit entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique constitue l'archétype de la guerre fasciste par excellence : idéologique et totale, dans les sens politique, ethnique, militaire et économique du terme.
En effet, dès le départ, l'opération Barbarossa a pour but l'extermination de l'adversaire, non seulement militaire, mais aussi civil[102]. Pour le soldat allemand, la guerre à l'Est est une guerre préventive contre les Juifs et les Bolcheviks[103]. En effet, la préparation psychologique des soldats de la Wehrmacht constitue l'un des aspects importants de ce conflit (la guerre contre l'URSS), de telle sorte que le soldat allemand puisse considérer le sort réservé aux Juifs, aux Slaves et à d'autres populations comme une conséquence des actions engagées pour la survie du peuple allemand[104]. Hitler présente ainsi aux officiers, qui doivent la mener, la guerre à l'Est, dès sa phase de préparation, comme une croisade contre les Juifs et le Communisme, et l'incarnation synthétique des deux premiers concepts, le judéo-bolchevisme[105].
Sur le Front de l'Est, le Reich mène une guerre brutale, à tous les échelons de la hiérarchie, la Wehrmacht s'est comportée en armée d'occupation impitoyable, à tous les échelons, du simple soldat au général[106]. Durant la période précédente, avaient été instillée aux soldats de cette impitoyable armée l'idée que les Slaves en général, et les Russes en particulier, étaient des sous-hommes, tour à tour inconnus, méprisés, haïs puis redoutés[107]. Cette brutalité est aussi issue du flou qui entoure les directives émanant du Haut-Commandement allemand, et des grandes possibilités d'interprétations qui en découlent: tous les acteurs évoquent à diverses reprises la volonté du Führer, qui ne donne pourtant aucun ordre précis relatif à l'application des directives du haut-commandement[108].


En Italie, le retour des fascistes les plus radicaux dès 1935.

En Allemagne, à partir de Barbarossa, l'application de la Shoah et de la politique raciste à grande échelle.

la radicalisation fasciste dans un contexte de défaite militaire

Le fascisme face à la perspéctive de défaite, de Stalingrad au 25 juillet 1943

À partir du moment où le cours de la guerre devient défavorable aux états fascistes, le principal leader s'efface, laissant ainsi la place à ses seconds, Goebbels en Allemagne, Gentile en Italie. Face à cette situation, les régimes fascistes appellent la population à un sursaut national. Ainsi, le 18 février 1943, Goebbels, dans son discours du Sportpalast, à Berlin, réclame la réalisation d'un programme de Guerre Totale[109]. De même, Giovanni Gentile, dans son discours au Capitole le 24 juin 1943, appelle à la mobilisation pour la défense du territoire italien, dans un sursaut qu'il souhaite comparable à celui de 1917[110].

la redéfinition de l'alliance avec les conservateurs

Dans la défaite, le régime se fissure, car l'alliance des fascistes et des conservateurs, si essentielle pour la mise en place du pouvoir fasciste, est remise en cause: cette remise en cause est illustrée par la volonté d'évincer le principal dirigeant et ses fidèles les plus proches, les moins enclins à redéfinir les modalités de l'accord tacite de gouvernement défini lors de la prise du pouvoir par le parti fasciste. de même, un certain nombre de dirigeants étrangers, alliés aux régime fasciste, prennent (ou tentent de prendre) leurs distances avec les régimes fascistes: ainsi, Les monarques roumains et bulgares dénoncent leur alliance avec le Reich, lorsque l'armée rouge est aux portes de leur pays respectif; de même, le régent de Hongrie, Miklos Horthy, fait des efforts désespérés pour sortir de l'alliance allemande au cours de l'année 1944.
En effet, en Italie, comme en Allemagne, certains membres des classes dirigeantes traditionnels et certains dignitaires du régime s'allient, pour renverser le dirigeant et ainsi tenter de modifier le cours d'une guerre qu'ils analysent comme perdue[111]. Dans ces projets, on retrouve des acteurs communs: parmi les conjurés allemands ou italiens, on trouve des militaires comblés par le régime fascistes (Witzleben, Badoglio...), des membres de premier plan du parti fasciste (Grandi, Ciano, Nebe...), un certain nombre de conservateurs (Goerdeler), le Prince du Piémont...). Alors qu'en Italie, la démission de Mussolini est le fruit de la conjonction de plusieurs complots[112], en Allemagne, diverses tentatives, plus ou moins isolées les unes des autres, ont été faites, mais ont toutes échoué. Il est vrai qu'en Italie, le totalitarisme s'est un peu émoussé à partir de la fin des années 1930, malgré les tentatives de réaffirmation des idéaux totalitaires au début de l'année 1943, avec les derniers changements dans la direction du PNF[111].
La répression, en revanche, a été le point commun de ces deux régimes, y compris envers les conservateurs: à Vérone, en Janvier 1944[113], comme à Berlin, après le 20 Juillet, les participants à la tentative de défenestration du leader fasciste, qui ne se sont pas suicidés ou n'ont pas disparu, sont traînés devant des tribunaux, qui les condamnent à mort et les font exécuter.

Dans la défaite, ultime radicalisation : Salo, Volkssturm...

La place de plus en plus accrue du PF au fil de la guerre: A Salo, la place du PFR dans les institutions.

en Allemagne, le 20 Juillet renforce le pouvoir des cadres du parti face aux institutions traditionnelles; le Volkssturm comme appropriation par le parti du domaine militaire.

La dictature des Croix Fléchées de Hongrie, été 1944, mars 1945.

Bibliographie

Ouvrages généraux

  • Stéphane Audouin-Rouzeau, Annette Becker, Chistian Ingrao, Henri Rousso (dir), la Violence de guerre, 1914-1945, Approches comparées des deux conflits mondiaux, Editions Complexe, Bruxelles, 2002, ISBN 2-87027-911-6.
  • George L. Mosse : De la Grande Guerre au totalitarisme, la Brutalisation des sociétés européennes, Hachette, 1999.
  • Robert O. Paxton: Le fascisme en Action, Seuil, 2004, ISBN 978-2-7578-0293-9.
  • Pierre Renouvin, La crise européenne et la Première Guerre Mondiale, Presses Universitaires de France, collection Peuples et Civilisation, Paris, 1934 (ed. utilisée, 1962, 4ème éd.).

Recueil d'illustations

  • Pierre Bourget et Charles Lacretelle, Sur les Murs de Paris. 1940-1944, Hachette, 1959.
  • Stéphane Marchetti, Affiches 1939-1945, Images d'une certaine France, Edita, 1982, ISBN 2-88001-149-3

Italie

  • Pierre Milza, Serge Berstein, Le fascisme italien, 1919-1945, Seuil, Collection Points Histoire, Paris, 1980, ISBN 2-02-005513-9
  • Claudio Pavone, Une Guerre Civile, Essai historique sur l'éthique de la Résistance italienne, Seuil, Collection L'Univers Historique, Paris 2005 (tard.franc.), ISBN 2-02-054166-1
  • Angelo Tasca, Naissance du Fascisme. L'italie de l'Armistice à la marche sur Rome, Gallimard 1938. éd. Utilisée: Gallimard, Coll. Tel, 2003, ISBN 2-07-076419-2

Allemagne

  • Martin Broszat, L’État hitlérien, l'origine et l'évolution des structures du Troisième Reich, Édition Fayard, coll. L'espace du politique, Paris, 1985 (ed. française), ISBN 2-213-01402-7
  • Christopher R. Browning - Jürgen Matthaüs, Les origines de la Solution Finale, l'évolution de la politique antijuive des nazis, septembre 1939-mars 1942, Les Belle Lettres, Paris, 2007, ISBN 978-2-251-38086-5
  • Alfred Grosser (dir.), Dix leçons sur le nazisme, Éditions Complexe, collection Historique, Bruxelles, 1984, ISBN 2-87027-121-2.
  • Alfred Grosser, Hitler, la presse et la naissance d'une dictature, Armand Colin, coll. U2, Paris 1972 (éd. utilisée: 1972).
  • Edouard Husson, Comprendre Hitler et la Shoah, Édition des Presses Universitaires de France, coll. Perspectives germaniques, Paris, 2000, ISBN 2-13-050301-2
  • Ian Kershaw, Hitler, Essai sur le charisme en politique, Gallimard, collection Folio Histoire, Paris, 1995, ISBN 2-07-041908-8.
  • Claudia Koonz, Les Mère-patrie du IIIe Reich. Les Femmes et le Nazisme, Lieu Commun (ed.), 1989 (ed.française), ISBN 2-86705-124-X
  • Hans Mommsen, Le national-socialisme et la société allemande, dix essais d'histoire sociale et politique, Édition de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 1997, ISBN 2-7351-0757-4.
  • George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, La crise de l'Idéologie allemande. Calmann-Lévy, 2006 (édition utilisée), ISBN 2-7021-3715-6
  • David Schoenbaum, La Révolution Brune, La société allemande sous le IIIe Reich (1933-1939), Gallimard, collection Tel, Paris 2000, ISBN 2-07-075918-0

Autres pays

Croatie

  • M.A. Rivelli, Le génocide occulté, Etat indépendant de Croatie, 1941-1945, L'Age d'Homme, Lausanne, 1998. ISBN 2-8251-1152-X.

Notes et références

  1. A.Tasca, Naissance du fascisme, p.31-32.
  2. A.Tasca, Naissance du fascisme, p.31.
  3. E. Husson, Comprendre Hitler et la Shoah, op.cit., p.78.
  4. Kershaw, Hitler, Essai sur le charisme en politique, op.cit., p.56.
  5. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.51.
  6. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.57-59.
  7. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.63-64.
  8. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.64-65.
  9. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.75.
  10. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.180 et suivantes
  11. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.194.
  12. G.L.Mosse, les racines intellectuelles du IIIe Reich, p.197.
  13. tout le paragraphe est tiré de M.A.Rivelli, le Génocide Occulté, op.cit., p.23 et suivantes.
  14. Pierre Renouvin, la Crise Européenne et la Première Guerre Mondiale, op.cit., p.330.
  15. Tasca, Le fascisme Italien, op.cit., p 56.
  16. Angelo Tasca, Naissance du fascisme, op.cit., p. 31.
  17. Pierre Renouvin, op.cit., p.622.
  18. Renouvin, La crise européenne..., op.cit., p 603
  19. R.O.Paxton, le Fascisme en action, op. cit., p.90-91.
  20. R.O. Paxton, Le fascisme en action, op.cit., p.90-91.
  21. Tasca, Naissance du fascisme, op.cit., ch VII: La contre-révolution préventive et posthume, p. 109 et suivantes.
  22. Tasca, Naissance du fascisme, op.cit. p. 52-53.
  23. Tasca, Le fascisme italien, op.cit., p. 57-59.
  24. Tasca, Naissance du Fascisme, op.cit. p. 60.
  25. Kershaw, Hitler, essai..., op.cit. p.86-87.
  26. D. Schoenbaum, La Révolution brune, op.cit., p.45.
  27. D.Shoenbaum, op.cit., p 48.
  28. R.O. Paxton, Le fascisme en action, op.cit., p.95-96.
  29. Claudia Koo,z, Les mères-patrie du IIIe Reich, op.cit., p.93.
  30. R.O. Paxton, le Fascisme en Action, p.124-125.
  31. toutes les mentions du programme du NSDAP sont issues de la page en lien.
  32. Angelo Tasca, Naissance du Fascisme, p. 61. (NB : comme toutes les mentions ultérieures à ce programme).
  33. Ian Kershaw, Hitler, Essai sur le charisme en politique, p.60-61.
  34. Les élements en Italique reprennent un discours de Hitler de 1922, cité par Ian Kershaw, Hitler, Essai..., p. 60-61.
  35. Discours de Mussolini, lors du congrès des Faisceaux, à Florence, en octobre 1919, cité par Tasca, Naissance du Fascisme, op.cit., p.63.
  36. Hitler, Mein Kampf, cité par Max Gallo, le 9 Novembre 1923: le Putsch de Munich, in Grosser, Dix leçons sur le Nazisme, op.cit., p. 43
  37. M. Broszat, L'Etat hitlérien, op.cit., p.48.
  38. Tasca, Naissance du Fascisme, p. 51-52.
  39. Tasca, Naissance du Fascisme, p. 51-52, p.183, p.320 (NB: les références concernent tout le paragraphe et sont classées par ordre d'évocation.)
  40. Kershaw, Hitler, essai sur le charisme en politique, op.cit., p. 56.
  41. a et b I. Kershaw, Hitler, essai sur le charisme en politique, op.cit., p. 84.
  42. Schoenbaum, La Révolution Brune, op.cit., p 46.
  43. M. Broszat, l'Etat hitlérien, op.cit., p56-58.
  44. Hans Mommsen, Le National-socialisme et la société allemande, op.cit., p 70-71.
  45. M.A. Rivelli, op.cit., p. 29.
  46. M.A. Rivelli, op.cit., p.26 et suivantes.
  47. M.A. Rivelli, op.cit., p. 25.
  48. M.A. Rivelli, le Génocide occulté, op.cit., p. 25-27.
  49. Comme l'appelle Kershaw dans son Hitler, Essai sur le charisme en politique.
  50. Max Gallo, Le putsch de Munich, in Grosser, Dix Leçons sur le Nazisme, p. 46-47.
  51. Max Gallo, Le putsch de Munich, in Grosser, Dix Leçons sur le Nazisme, p. 48.
  52. a et b Max Gallo, Le putsch de Munich, in Grosser, Dix Leçons sur le Nazisme, p. 50
  53. Grosser, dix leçons sur le nazisme, p.47
  54. Grosser, dix leçons sur le nazisme, p.50
  55. Grosser, dix leçons sur le nazisme, p.48
  56. Broszat, l'Etat hitlérien, p.66-68.
  57. Grosser, dix leçons sur le nazisme, p.49
  58. Max Gallo, Le putsch de Munich, in Grosser, Dix leçons sur le nazisme, p. 55.
  59. Max Gallo, Le putsch de Munich, in Grosser, Dix leçons sur le nazisme, p. 55-56
  60. M. Broszat, L'Etat Hitlérien, op.cit., p.64.
  61. M. Broszat, L'Etat Hitlérien, op.cit., p.63.
  62. Comme l'atteste le titre du chapitre VII, La contre-révolution préventive et posthume dans Angelo Tasca, op.cit. p.109-157.
  63. selon le mot de Tasca, Naissabce du Fascisme, op.cit., p.119.
  64. Angelo Tasca, Naissance du Fascisme, p 119-120.
  65. Kershaw, Hitler, p.113.
  66. Tasca, Naissance du Fascisme, p.60-67.
  67. Mommsen, le national-socialisme et la société allemande, op.cit., p.36-37.
  68. Ian Kershaw, Hilter, op.cit., p.111.
  69. Ian Kershaw, Hilter, op.cit., p.110.
  70. Kershaw, Hitler, op.cit., p. 112.
  71. Mommsen, Le national-socialisme et la société allemande, op.cit., p.34-35.
  72. Hans Mommsen, Le national-socialisme et la société allemande, op.cit., p.58-59
  73. Angelo Tasca, Naissance du Fascisme, p.329.
  74. Angelo Tasca, Naissance du Fascisme, p.326.
  75. Alfred Grosser, Deix Leçons sur le Nazisme, p.77.
  76. R.O.Paxton, le fascisme en action, p.192.
  77. David Schoenbaum, la Révolution Brune, op.cit., p.236.
  78. David Schoenbaum, la Révolution Brune, op.cit., p.237.
  79. Mommsen, le national-socialisme et la société allemande, op. cit., p. 68 et suivantes.
  80. Mommsen, le National-socialisme et la société allemande, p.189.
  81. Milza-Berstein, le Fascisme Italien, p.218.
  82. Milza-Berstein, le Fascisme Italien, p.220.
  83. C.R.Browning, Les Origines de la solution finale, p.55.
  84. C.R.Browning, p.57.
  85. C.R. Browning, Les Origines de la solution finale, p.27.
  86. M. Broszat, l'Etat Hitlérien, op.cit., p 426-427.
  87. R.O. Paxton, Le Fascisme en action, op.cit., p 264-268.
  88. R.O. Paxton, Le Fascisme en action, op.cit., p 265
  89. R.O. Paxton, Le Fascisme en action, op.cit., p 266
  90. Claudio Pavone, Une Guerre Civile, op.cit., p.115.
  91. Stéphane Marchetti, Affiches, 1939-1945, op.cit., p 140-141.
  92. Hans Mommsen, le national-socialisme et la société allemande, p.196.
  93. R.O.Paxton, Le fascisme en action, p.268.
  94. Ian Kershaw, Hitler, op.cit., p.243.
  95. Christopher Browning, Les Origines de la Solution Finale, op.cit., p.29
  96. a, b et c Ian Kershaw, Hitler, p.249.
  97. C. Ingrao, in Audouin Rouzeau et ali, la Violence de Guerre, op.cit., p. 231.
  98. Ian Kershaw, Hitler, op.cit., p.249.
  99. Christopher Browning, Les Origines de la Solution Finale, op.cit., p.29-39
  100. Martin Broszat, l'Etat hitlérien, p.208-209.
  101. Claudio Pavone, Une Guerre Civile..., p.119-120.
  102. Omer Bartov, p.197.
  103. Omer Bartov, L'opération Barbarossa et les origines de la solution finale, p. 195, in Audouin-Rouzeau et ali, la Violence de Guerre, op.cit.
  104. Omer Bartov, p.194.
  105. Ian Kershaw, Hitler, p.254.
  106. Omer Bartov, p.196-197.
  107. Omer Bartov, L'opération Barbarossa et les origines de la solution finale, p.200, in Audouin-Rouzeau et ali, la Violence de Guerre, op.cit.
  108. Ian Kershaw, Hitler, p.256-257.
  109. M. Broszat, L'Etat Hitlérien, p.454.
  110. Claudio Pavone, Une Guerre Civile, p.27.
  111. a et b Milza-Berstein, le Fascisme Italien, p.406.
  112. Milza-Berstein, le Fascisme Italien, p.406-407.
  113. Milza-Berstein, le Fascisme Italien, 1919-1945, p 410.

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