Bormann

Bormann

Martin Bormann

Bundesarchiv Bild 183-R14128A, Martin Bormann.jpg

Martin Bormann (né le 17 juin 1900 près de Halberstadt et qui serait décédé officiellement le 2 mai 1945) était un haut dignitaire nazi. Conseiller de Hitler, il devint un des hommes les plus puissants du Troisième Reich. Plusieurs historiens l'ont qualifié d'éminence grise du parti nazi.

À ce titre, il devint chef du Parteikanzlei (de) (chancellerie du parti nazi) et secrétaire particulier d'Adolf Hitler. Le procès de Nuremberg l'a condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité.

Sommaire

Biographie

Fils d'une employée des postes, il abandonna l'école pour travailler dans une ferme dans le Mecklembourg. Après un bref service au cours de la Première Guerre mondiale, il rejoignit le Freikorps dans cette province.

En mars 1925, il fut condamné à une année de prison comme complice de son ami Rudolf Höß (futur commandant d'Auschwitz) pour le meurtre de Walter Kadow (supposé avoir dénoncé l'activiste nationaliste Albert Leo Schlageter aux Français qui occupaient à l'époque la Ruhr).

Après sa libération, il rejoignit le NSDAP en Thuringe en 1927, devint l'officier de presse régional, et, plus tard, chargé d'affaires en 1928.

En octobre 1933, il devint un des Reichsleiter du NSDAP et en novembre un membre du Reichstag. De juillet 1933 jusqu'à 1941, Bormann fut le secrétaire personnel de Rudolf Hess.

Anti-chrétien notoire, il rappela plusieurs fois l'incompatibilité entre nazisme et christianisme, et se montra favorable aux persécutions contre les églises catholiques et protestantes[1].

La fuite de Rudolf Hess vers la Grande-Bretagne permit à Bormann de prendre la tête de la Parteikanzlei en mai 1941, où il prouva qu'il était un maître dans le combat politique et administratif. Il administra et développa le fonds Adolf-Hitler pour l'industrie, des ressources obtenues par des contributions « volontaires » d'entrepreneurs à succès qui furent versées aux fonctionnaires au sommet du parti. De plus, il administra les finances personnelles de Hitler, ainsi que ses rendez-vous et documents administratifs. Il était toujours aux côtés de son chef pendant les discours publics, prenant des notes.

Martin Bormann fit construire le Kehlsteinhaus surnommé le « Nid d'aigle » dans l'Obersalzberg, aux environs de Berchtesgaden en Bavière, à la limite de la frontière autrichienne. Il en fit cadeau à son Führer pour son 50e anniversaire au nom de la NSDAP. C'était un projet luxueux et très coûteux où Hitler ne se rendit que très rarement. C'était aussi un lieu de rassemblement des chefs nazis avec leurs femmes et enfants. Peu eurent le privilège d'accéder au nid d'aigle. Ce lieu, se trouvant à 1 834 m d'altitude, offrait une superbe vue panoramique du pays de Berchtesgaden et des montagnes autrichiennes.

Bormann était marié avec Gerda Buch (décédée en 1946 et fille du juge de la cour suprême du parti, Walter Buch (de)), avec laquelle il eut dix enfants, dont Martin Bormann junior.

La disparition

Durant les derniers jours du Troisième Reich, Bormann se saoula en compagnie des généraux Hans Krebs et Wilhelm Burgdorf, se demandant s'il était préférable de se suicider ou de fuir. Bormann choisit finalement de fuir, à la différence des deux généraux nazis qui se suicidèrent dans la nuit du 1er au 2 mai[2].

Après le suicide de Hitler, des personnes réfugiées dans la chancellerie du Reich décidèrent de fuir l'avancée des troupes soviétiques. Le soir du 1er mai « Bormann et Mohnke tentèrent d'organiser en groupes le personnel à évacuer. Ces groupes prirent le départ vers vingt-trois heures, deux heures plus tard que prévu. [...] Pendant un certain temps, Bormann, Stumpfegger, Schwägermann et Axmann restèrent groupés. Ils suivirent la ligne de chemin de fer jusqu'à la gare de Lerther Strasse. Puis ils se séparèrent. Bormann et Stumpfegger partirent vers le nord-est en direction de la gare de Stettin. Axmann partit dans le sens opposé, mais il se heurta à une patrouille soviétique. Il revint sur ses pas, reprenant l'itinéraire qu'avait emprunté Bormann. Peu après, il tomba sur deux cadavres. Il les identifia comme étant ceux de Bormann et de Stumpfegger, mais n'eut pas le temps de déterminer comment ils avaient été tués[3]. » Dans le chaos de la chute de Berlin, les cadavres ne furent pas retrouvés, donnant naissance à des spéculations sur une fuite éventuelle.

Du fait de l'incertitude autour de sa disparition, Bormann fut condamné à mort par contumace au procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité[4].

En décembre 1972, un squelette fut découvert lors de travaux près de la station Lerther, un lieu qui correspondait au témoignage d'Artur Axmann[5]. Ce squelette fut identifié comme celui de Bormann grâce à sa denture. Du verre retrouvé entre ses dents indiquerait qu'il se serait suicidé avec une capsule de cyanure.

Le 4 avril 1973, le procureur de Francfort reconnut officiellement la mort de Bormann sur la base de l'expertise dentaire de Reidar Sognnaes[5],[6]. En 1998, un test d'ADN (analyse de l'ADN mitochondrial) le confirma.

Controverses sur la mort

De nombreuses controverses demeurent sur la mort de Bormann. En effet, certains contestent les analyses effectuées sur la dentition du squelette ainsi que les analyses ADN.

Des personnalités comme le fils d'Adolf Eichmann ou Simon Wiesenthal affirmèrent qu'il était en vie en Amérique de Sud et plus particulièrement au Paraguay.

Certains affirment d'ailleurs qu'il est mort en Amérique du Sud et que son corps a été ramené en Allemagne pour qu'il soit découvert à Berlin. Cette thèse se fonde sur l'argile rouge retrouvée sur le squelette de la station Lerther. Ce type d'argile ne se trouve pas à Berlin mais bien à Ita au Paraguay où la présence de Bormann était suspectée. Ces deux thèses sont évoquées dans le documentaire Bormann, un homme à l'ombre du Führer réalisé par Chanoch Zeevi pour Set Productions en 1998.

Une fiction du journaliste et écrivain français Jacques Kaufmann, parue en 2008 aux éditions de l'Archipel, sous le titre El Lobo a relancé la polémique au sujet du fameux trésor nazi dont Bormann aurait organisé le transfert en Argentine à la fin de la guerre. Certains auteurs affirmèrent en effet que le trésor avait été subtilisé aux Allemands par le couple Perón qui avait accueilli à bras ouverts de nombreux criminels de guerre. L'auteur s'est engouffré dans la brèche en imaginant que le trésor était caché dans le mausolée d'Eva Perón.

D'autres pensent que Bormann aurait survécu en tant qu'espion soviétique et qu'il continua de conseiller les Soviétiques après la guerre[7],[8].

Notes et références

  1. « Martin Bormann », Jewish Virtual Library.
  2. Antony Beevor, La chute de Berlin, éditions de Fallois, « coll. Le Livre de Poche », 2002, p. 532-533.
  3. Antony Beevor, La chute de Berlin, op. cit., p. 525-527.
  4. « Martin Bormann », sur le site trial-ch.org.
  5. a  et b Søren Keiser-Nielsen, Teeth that told, University Press, Odense, 1992, p. 62-67.
  6. Xavier Riaud, Les Dentistes, détectives de l'histoire, L'Harmattan, Paris, 2007, p. 135-139 (ISBN 2296025285)
  7. Ladislas Farago, Aftermath: The Search for Martin Bormann, 1974
  8. Pierre de Villemarest, Le Dossier Saragosse : Martin Bormann et Gestapo-Müller après 1945, éd. Lavauzelle, 2002 (ISBN 2702505783)

Bibliographie

  • Ladislas Farago, Le Quatrième Reich. Martin Bormann et les rescapés nazis en Amérique du Sud, traduit de l'américain par Maud Sissung, traduction de : Aftermath : Martin Bormann and the Fourth Reich, Belfond, 1975
  • Georges Bernage, Berlin 1945, Éditions Heimdal, 2005

Filmographie

  • Documentaire sur DVD : Les Dossiers secrets du nazisme

Annexes

Article connexe

Lien externe

  • Le site de l'AFMA (Association Fonds Mémoire d'Auschwitz) : Le camp de Drancy, Histoire, chronologie, témoignage mais aussi les camps d'internement, les camps d'extermination et le procès de Nuremberg (liste des accusés et rendu de leurs jugements).
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