- Bataille de Saumur
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La bataille de Saumur se déroula lors de la guerre de Vendée.
Sommaire
Prélude
Vers le début du mois de juin 1793, les généraux vendéens constatant la concentration des forces républicaines dans les environs de Saumur et de Thouars devinèrent qu'une offensive était imminente. Le plan de campagne, mis au point par Berthier et approuvé par le général en chef Biron prévoyait de lancer quatre colonnes de 10 000 hommes qui partiraient depuis Les Ponts-de-Cé, Saumur, Chinon et Niort.
Aussi le 2 juin, 30 000 Vendéens se rassemblèrent à Cholet et Châtillon-sur-Sèvre dans le but d'attaquer Saumur. Elle était commandée par Louis de Lescure, Jacques Cathelineau, Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Gaspard de Marigny et Jacques Nicolas Fleuriot de La Fleuriais qui remplaçait Charles de Bonchamps blessé à la bataille de Fontenay-le-Comte.
La bataille
Quelques jours après, les Vendéens entraient en contact avec les avant-gardes républicaines, ils s'emparèrent de Vihiers. Le 7 juin, ils mettaient en fuite à Concourson-sur-Layon 1 500 soldats inexpérimentés placés sous les ordres de François Leigonyer, puis les Vendéens s'emparèrent de Doué-la-Fontaine. Saumur était protégée au nord et au nord-est par la Loire et à l'ouest par le Thouet, les Vendéens traversèrent donc le Thouet à Montreuil-Bellay afin de pouvoir attaquer Saumur par le sud-est.
De Saumur, le général Charles Duhoux de Hauterive envoya plusieurs courriers pour réclamer des renforts, il demanda particulièrement au général François de Salomon, alors à Thouars de regagner Saumur. Celui-ci obéit mais le 8 juin, à la tombée de la nuit, la colonne de Salomon forte 3 500 à 5 000 hommes trouva la ville de Montreuil-Bellay occupée par les forces vendéennes. Salomon essaya de profiter de l'obscurité pour tenter une percée mais il fut repoussé par une décharge d'artillerie suivie d'une attaque de flanc des troupes d'élite vendéennes commandées par Fleuriot et ses troupes mises en déroute abandonnèrent leurs canons et s'enfuirent jusqu'à Parthenay perdant 102 hommes tués et 800 prisonniers.
Saumur n'avait plus que 10 000 hommes pour se défendre, commandés par le général Jacques-François de Menou qui remplaça Duhoux lequel ne s'était pas encore totalement remis de sa blessure à la bataille de Chemillé.
Dans l'après-midi du 9 juin, les Vendéens étaient devant les entrées sud-est de Saumur. Suivant le plan établi par Lescure, les Vendéens se divisèrent en trois colonnes, la première commandée par Jacques Cathelineau occupait la droite et devait attaquer en longeant la Loire, la colonne du centre était commandée par Henri de La Rochejaquelein secondé par Jean-Nicolas Stofflet, et Fleuriot, sur la gauche la troisième colonne commandée par Lescure avait traversé la rivière et se trouvait à l'ouest du Thouet. À trois heures de l'après-midi, toutes les colonnes vendéennes se lancèrent à l'attaque.
Au sud-est, les offensives de La Rochejaquelein et de Cathelineau furent cependant contenues par le château et les troupes de Berthier. Mais Lescure, au sud-ouest, passa à côté des redoutes de Bounan puis s'empara du pont Fouchard sur le Thouet. Lescure poursuivit son avancée mais fut freiné par l'intervention de la Légion germanique. Les Allemands repoussèrent les Vendéens à trois reprises, puis les cuirassiers républicains lancèrent une charge qui mit en déroute les forces de Lescure. Cependant Marigny déploya efficacement ses canons dont les tirs stoppèrent les cuirassiers qui furent ensuite chargés de flanc par la cavalerie de Domaigné. Lescure rallia ses troupes et les Vendéens reprirent l'avantage, mais Domaigné fut tué lors du combat et Lescure fut blessé d'une balle à l'épaule. Les Républicains furent battu et prirent la fuite, Menou et Berthier, furent blessés, Pierre Bourbotte, blessé également et ayant eu son cheval tué sous lui, manqua de peu d'être capturé par les Vendéens ; il fut sauvé par François-Séverin Marceau-Desgraviers, alors lieutenant-colonel.
La nouvelle de la déroute au sud-ouest provoqua la panique dans les rangs républicains, tandis qu'au sud-est les Républicains avaient repoussé les attaques des Vendéens. Menou et Berthier, blessés, voulurent lancer une contre-attaque, mais les cavaliers découragés reculèrent avant même de charger, les soldats à pied des bataillons d'Orléans les imitèrent. La débâcle devint générale, et un bataillon de sans-culottes parisiens commandé par Santerre qui venait d'arriver en renfort prit la fuite dès qu'ils aperçurent les Vendéens. Tous les soldats républicains se replièrent sur Tours, La Flèche et Angers.
La Rochejaquelein, accompagné seulement d'un officier, s'aventura alors seul dans la ville, 800 Vendéens le suivirent et mirent en déroute les soldats du régiment de Picardie, qui formaient l'arrière-garde, plusieurs se noyèrent dans la Loire. La ville était presque totalement désertée par les troupes républicaines, seuls 500 soldats saumurois restaient retranchés dans le château de Saumur. À l'est, le général Guy Coustard de Saint-Lo avait rallié des troupes et tenta une vaine offensive pour reprendre Saumur, ses troupes furent écrasées près du pont-Fouchard. 2 000 soldats, encerclés dans les redoutes de Bounan, capitulèrent, à 7 heures du soir, à l'exception du château, Saumur était prise. Les Vendéens ne lancèrent pas à la poursuite des Républicains, mais se précipitèrent dans les églises où ils firent célébrer un Te Deum. Le lendemain, les Vendéens se présentèrent devant le château, précèdés des femmes et des enfants des défenseurs du château qui aussitôt acceptèrent de capituler.
Conséquences
Les républicains perdirent 1 500 hommes, dont 400 tués. 80 des 110 cuirassiers périrent lors du combat. Les pertes vendéennes furent, selon les mémoires de la marquise de La Rochejaquelein, de 60 morts et 400 blessés.
Les Vendéens se saisirent d'un énorme butin, ils s'étaient emparés de 50 à 80 canons, de 15 000 fusils, et d'une grande quantité de poudre et de munitions. Le pillage fut interdit, les généraux vendéens proclamèrent que tout pillard serait foueté et fusillé en cas de récidive.
Les prisonniers républicains furent relâchés après avoir prêté le serment de ne plus se battre en Vendée, leurs cheveux furent rasés afin qu'ils soient reconnus s'ils étaient repris. Un certain nombre de Républicains choisirent de passer dans les rangs vendéens, en particulier un corps de 600 Allemands et Suisses de la légion germanique commandé par le baron de Keller. Les Vendéens retrouvèrent dans les prisons de Saumur le général Pierre Quétineau qui avait été mis aux arrêts suite à sa défaite à la bataille de Thouars. Le général Lescure, conscient que son adversaire vaincu était sous la menace d'une sentence de mort du tribunal révolutionnaire, proposa au général républicain de rester parmi eux, sans avoir à trahir sa cause. Pierre Quétineau refusa par conviction et en arguant que le tribunal révolutionnaire pourrait s'en prendre à sa famille. Quétineau retourna alors en territoire républicain où il fut arrêté et condamné à mort à cause de sa défaite. Sa femme connut néanmoins le même sort par la suite.
Les officers vendéens se réunirent ensuite en conseil de guerre, Charles de Bonchamps, toujours blessé, arriva à Saumur, suivi de d'Elbée. De même, suite à la prise de Saumur des volontaires du nord de la Loire avaient ralliés l'Armée catholique et royale et certains furent intégrés comme officiers, principalement Piron de La Varenne, Charles d'Autichamp et Antoine-Philippe de La Trémoïlle, prince de Talmont. Ce dernier fut nommé général de la cavalerie afin de remplacer Domaigné, tué durant la bataille. Les officiers vendéens décidèrent ensuite de nommer un général en chef, le 12 juin sur proposition de Lescure, Jacques Cathelineau fut élu généralissime de l'Armée catholique et royale.
Sources
- Yves Gras, La Guerre de Vendée, éditions Economica, 1994, p.47-50.
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, éditions Economica, 2008, p.92-97.
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, édition de 2009, p.170-.
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