- Bataille de la Roullière
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La bataille de la Roullière se déroula lors de la guerre de Vendée.
Sommaire
Prélude
Le camp fortifié des Naudières, également appelé camp de La Roullière ou des Sorinières, est établit le 8 mai 1794, près des Sorinières, et est placé sous les ordres du général Joseph Crouzat. Celui-ci commet de nombreux raids et pillages avant d'être relevé de son commandement le 29 juillet puis destitué le 4 août, il est remplacé par le général Maximilien Henri Nicolas Jacob. La garnison du fort est réduite. Selon le rapport de Crouzat, il disposait de 1 500 hommes le 5 juin, élevés à 5 794 le 23. En septembre, Jacob réclame des renforts et déclare n'avoir que 500 hommes. D'après le rapport, daté du 10 septembre, du représentant du peuple Lion, le fort disposait pour sa défense de 620 soldats bien armés en plus de plus de 300 réquisitionnaires. Il s'agissait de gardes nationaux nantais et d'éléments de six bataillons du Berry, plus un autre de Paris (de passage il arriva une heure avant la bataille). Aux yeux des Vendéens, les soldats berrichons n'avaient pas une réputation de grande ardeur au combat. Avec l'arrivée de l'été et des moissons et la fin des colonnes infernales, une sorte de trêve semble s'installer entre Républicains et Vendéens, les paysans insurgés travaillent alors à leurs champs et de même les Bleus se préoccupent de la réquisitions des subsistances qui sont stockées dans les forts avant d'être convoyées vers les villes. Suite à la fin de la Terreur, les Républicains envoient plusieurs proclamations engageant les Vendéens à livrer leurs armes et leurs chefs. Avec la fin des colonnes infernales les massacres cessent, mais des meurtres et des pillages continuent cependant d'être commis[1].
Mais le général vendéen Charette entend bien reprendre possession des territoires perdus et des subsistances saisies. Les récoltes engrangées, il installe son quartier général à Bellevue, rassemble ses forces et décide d'attaquer le camp des Naudières. Un première tentative est effectuée le 4 septembre. Pierre Rezeau, chef de la division de Montaigu marche sur le camp, mais il est surpris en chemin au village des Grandes Bauches par Jacob qui se trouvait là par hasard. Les Vendéens sont repoussés et Rezeau a 32 hommes de tués[1].
La bataille
Mais le 7 septembre, les forces principales commandées par Charette quittent Belleville pour la Roullière, ils campent le soir à Vieillevigne où les différentes divisions se rassemblent. Il se trouve la division bretonne du pays de Retz commandée par de Launay qui remplace provisoirement Louis Guérin et celle, poitevine, de Vieillevigne commandée par Duluc. Charette songe d'abord attendre des renforts mais devant l'ardeur et l'impatience de ses hommes, il se décide à agir. Le 8 septembre, à 11 heures du matin, les Vendéens passent à l'attaque. Charette fait distribuer de l'eau-de-vie et promet le pillage à ses hommes. Dès le début de l'attaque, des soldats républicains dispersés dans les vignes afin de cueillir des raisins sont surpris et tués. Les Bleus sont complètement pris par surprise, dès le premier assaut, les Poitevins, à la pointe de l'attaque, s'emparent à la baïonnette des trois premiers avant-postes sans essuyer un seul coup de fusil. Les cavaliers de Prudent de La Roberie lancent également la charge, mais les soldats républicains les prennent pour des leurs et aux dires de Lucas-Championnière, 120 hommes « se laissèrent massacrer sans résistance[1] ». Les chasseurs de La Moelle, soldats d'élite de l'armée vendéenne achèvent de mettre les Républicains en déroute en direction de Nantes. Ceux-ci sont poursuivis par les cavaliers tandis que les fantassins se répandent dans le camp et se livrent au pillage[1].
Cependant le général Jacob, alors à Nantes, est prévenu de l'attaque. Il se porte sur le fort, en chemin il rallie les soldats en fuite et rassemble un bataillon de la Haute-Saône et 100 cavaliers qui, parti de Montaigu, se rendait à Nantes. Les Républicains lancent la contre-attaque et Charette, avec grand peine, remet en ligne ses hommes, il donne l'ordre à Prudent de La Roberie d'attaquer les Républicains sur leur flanc droit afin de gagner du temps pour pouvoir réorganiser les fantassins. La manœuvre réussit pleinement, à la vue des cavaliers, les fantassins républicains prennent la fuite mais sont bloqués par les cavaliers qui tentent d'empêcher la déroute. Cela jette cependant la confusion dans leurs rangs. Charette engage alors le combat au corps à corps, désorganisés, les Républicains sont battus et se replient sur Nantes, talonnés par les Vendéens[1]. Selon Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière :
« Ce ne fut qu'une boucherie jusqu'aux portes de Nantes. Launay qui commandait ce jour-là l'avant-garde, fit des prodiges de valeur. On mit le feu au camp et nous retournâmes le lendemain à Belleville[2]. »
Les pertes avaient été lourdes, dans leurs rapports les Républicains avouèrent plus de 300 tués[3],[1],[4], selon les Vendéens les Bleus eurent 400 morts. Les Vendéens s'emparèrent de 600 fusils, leurs pertes ne sont pas connues mais furent bien moins importantes. Après sa défaite, le général Jacob fut destitué et emprisonné[1].
De plus un courrier signé par les représentants Hentz et Garrau est trouvé par les Vendéens et les incite à se méfier des propositions de paix républicaines :
« Vous chercherez par tous les moyens à désarmer les Brigands. Vous êtes autorisés à parler de pacification ; c'est le voeu du Comité. Les récoltes sont faites. Il faut donc endormir l'ennemi et tâcher de l'éloigner de ses chefs. Lorsque, par une attitude pacifique dans vos camps retranchés, vous aurez calmé la fureur des Brigands, vous pourrez tomber sur les greniers remplis de grains et affamer le pays. C'est aujourd'hui le seul moyen qui reste à la Patrie pour vaincre la Vendée[5]. »
Bibliographie
- Simone Loidreau dans Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, 2010, p.440-452.
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931 (réimpr. 2009), p. 397.
- Charles-Louis Chassin, La Vendée Patriote (1793-1800), t. IV, éditions Paul Dupont, 1893-1895, p. 558.
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. IV, p. 110-111. texte en ligne sur google livres
- Yves Gras, La Guerre de Vendée (1793-1796), Economica, 1994, p. 144.
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, Economica, 2008, p. 200.
- Anne Bernet, Charette. Paris : Perrin, 2005. ISBN 2-262-01997-5. p.312.
Références
- Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, p. 440-452.
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, p. 200.
- Charles-Louis Chassin, Les pacifications dans l'Ouest, t.I, p. 558.
- Jean Julien Michel Savary, Guerre des Vendéens et des chouans, par un officier supérieur de l'armée de Vendée (1824-1827), t. IV, p. 110-111.
- Yves Gras, La Guerre de Vendée, p. 144.
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