Culture de l'Acadie

Culture de l'Acadie

La culture de l'Acadie[note 1] a plusieurs caractéristiques qui la différencie de celle d'autres régions du Canada.

Sommaire

Symboles

Marcel-François Richard, l’instigateur de plusieurs des symboles nationaux.

Sainte patronne et fête nationale

Article détaillé : Fête nationale de l'Acadie.

La sainte-patronne de l’Acadie, Notre-Dame-de-l'Assomption, fut le premier symbole choisi, lors de la première Convention nationale acadienne, organisée en 1881 à Memramcook[1]. Ce choix n’est pas étonnant car la France était sous la protection de la Vierge Marie lors de la fondation de l’Acadie[1]. La fête nationale de l’Acadie fut aussi choisie lors de la première Convention nationale acadienne. Le débat fut chaudement disputé entre le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste et fête nationale des Canadiens français, et le 15 août, jour de l’Assomption. Face à l’insistance de Marcel-François Richard, les délégués votèrent en faveur du 15 août[2].

Drapeau

Article détaillé : Drapeau de l'Acadie.
Le drapeau de l’Acadie.

Le drapeau de l’Acadie, ou tricolore étoilé, fut proposé par le curé Marcel-François Richard le 15 août 1884, lors de la seconde Convention nationale acadienne se déroulant à Miscouche, à l’Île-du-Prince-Édouard[2]. Le drapeau fut adopté le lendemain. Il consiste au drapeau français avec une étoile dorée, ou Stella Maris, dans la partie bleue. L’étoile représente la Vierge Marie et sa couleur est associée à la papauté, signifiant l’attachement des Acadiens à la religion catholique et l’importance de l’Église dans l’histoire de l’Acadie[3]. Le drapeau original, brodé par Marie Babineau, est conservé au Musée acadien de l’Université de Moncton. Le drapeau est aujourd’hui le plus populaire des symboles de l’Acadie[3].

Hymne

Article détaillé : Hymne acadien.

L’hymne national de l’Acadie fut choisi lors de la Convention de 1884[2]. Il consiste en un texte latin, l’Ave Maris Stella. Entonné par Marcel-François Richard lors de la première levée du drapeau acadien, le chant fut proposé par Pierre-Amand Landry comme symbole national peu après puis adopté à l’unanimité par les délégués. Il remplaçait les divers chants patriotiques utilisés à l’époque, dont La Marseillaise. Cet hymne est controversé depuis son adoption car certains n’acceptent pas qu’un chant religieux soit utilisé lors de fêtes où l’on sert de l’alcool. Un concours fut organisé par la Société nationale de l'Acadie en 1994 afin de créer des paroles en français; la gagnante fut Jacinthe Laforest et la nouvelle version fut chantée pour la première fois par Lina Boudreau[1].

Autres fêtes

Depuis 2005, au Canada, le 28 juillet est officiellement la « Journée de commémoration du Grand Dérangement », en mémoire de ce jour de 1755 ou fut décidé la déportation des Acadiens. Le 13 décembre commémore la mémoire des 2 000 Acadiens qui ont péri dans l'Atlantique Nord de faim, de maladie, et de noyade durant la déportation. Les gens commémorent l'évènement en portant une étoile noire[4].

Autres symboles

Les saules de Grand-Pré au début du XXe siècle.

La devise de l'Acadie est L'union fait la force. L'insigne consiste en une bandelette de soie bleue en haut de laquelle apparaît une étoile entourée de rayons, surmontant un bateau voguant à pleines voiles, dont le pavillon porte le mot « Acadie ». La devise nationale est écrite en dessous du bateau et le tout est surmonté d'une rosette rouge et blanche. L'insigne doit être porté à la boutonnière durant les jours fériées. Ces deux symboles ont été choisis lors de la Convention nationale acadienne de 1884[2]. Il est possible que les délégués présents aient voulu imiter les symboles choisis lors d'un Congrès de la Saint-Jean-Baptiste organisé à Québec quatre ans plus tôt[5]. La devise est rarement utilisée. Quant à elle, l'insigne n'a pas été populaire et est pratiquement oubliée de nos jours[5]; il en existe un seul exemplaire conservé au Musée acadien de l'Université de Moncton. L'insigne a par contre inspiré les armoiries de la Société nationale de l'Acadie, dévoilées en 1896 à Miscouche[6].

Françoise-Marie Jacquelin défendant le fort La Tour.

Il existe plusieurs autres symboles non-officiels. L'un des plus anciens est le poème Evangéline de l'auteur américain Henry Longfellow, publié en 1847. Des concours annuels sont organisés dans plusieurs communautés afin de choisir un Gabriel et une Évangéline, les deux personnages principaux du poème. Le phare est une très ancienne forme utilisée dans l'architecture, l'artisanat et l'art acadien[7]; le monument de l'Acadie à Québec représente un phare surmonté d'une étoile. Le saule représente selon la légende le site d'un ancien établissement acadien[8]; Grand-Pré compte des saules vieux de plusieurs siècles, qui ont inspiré le roman Le saule de Grand-Pré de René Verville.

L'Acadie compte plusieurs héros. Certains sont connus pour leurs faits d'armes, comme Françoise-Marie Jacquelin pour sa défense du fort La Tour contre Charles de Menou d'Aulnay, Joseph Brossard (ou Broussard) dit Beausoleil pour sa résistance durant la Déportation des Acadiens et Louis Mailloux tué lors d'une fusillade pour la défense des écoles catholiques et francophones à Caraquet. D'autres, comme Tante Blanche et Henriette Pelletier au Madawaska ainsi que Édith Pinet et Stanislas-Joseph Doucet dans la Péninsule acadienne, sont reconnus pour leur soutien médical ou humanitaire. Yvon Durelle est considéré comme un héros pour ses exploits sportifs.

Religion

Article détaillé : Religion en Acadie.
L'église Saint-Bernard, à la Baie-Sainte-Marie.

Les Acadiens sont majoritairement catholiques. L'archidiocèse de Saint-Jean recouvre tout le territoire de Terre-Neuve-et-Labrador, l'archidiocèse de Moncton comprend tout le Nouveau-Brunswick alors que l'archidiocèse de Halifax couvre à la fois la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard.

Langues

Il existe plusieurs dialectes acadiens. Le français acadien est le principal dialecte du français, parlé dans toute l'Acadie, sauf au Madawaska, où le français de la vallée, ou brayon, est beaucoup plus influencé par le français québécois. Par ailleurs, les Acadiens du Québec parlent surtout le français québécois, bien que le français acadien soit très courant dans certaines régions comme les îles de la Madeleine. Le chiac, parlé aussi dans la région de Moncton, est parfois décrit comme un dialecte du français fortement influencé par l'anglais, parfois comme une langue à part entière. Les populations anglicisés parlent généralement l'anglais américain ou l'anglais des Maritimes.

Il n'existe par d'organisme de normalisation en Acadie mais l'Office québécois de la langue française y joue une influence indéniable, particulièrement dans le langage technique. Certains organismes provinciaux jouent par contre un rôle restreint, par exemple dans la toponymie. Plusieurs auteurs se sont penchés sur l'étude du français acadien. Le glossaire acadien a été publié par Pascal Poirier en 1925 et réédité en 1993. Yves Cormier a présenté son Dictionnaire du français acadien en 2009. Ces dictionnaires se concentrent uniquement sur les acadianismes. Les principaux dictionnaires français incluent par contre quelques uns mais il existe de nombreux oublis notoire, par exemple de mots n'ayant pas d'équivalents dans la francophonie, ainsi que certaines erreurs.

Éducation

Article détaillé : Éducation en Acadie.

Le Canada compte la plus grande proportion de personnes entre 18 et 35 ans possédant un diplôme post-secondaire, et les provinces de l'Atlantique ont les plus grands budgets per capita dédiées à l'éducation parmi les pays du G8[9]. La situation diffère pourtant grandement chez les Acadiens. À l'Île-du-Prince-Édouard, ceux-ci restent peu éduqués, 34% n'ayant pas de diplôme secondaire; le taux de diplômé collégiaux (21,5 %) est par contre dans la moyenne canadienne alors que le taux d'universitaires (13 %) s'approche de la moyenne provinciale[10]. Au Nouveau-Brunswick, 37% des Acadiens n'ont pas leur diplôme secondaire, comparativement à la moyenne provinciale de 29%, alors que le taux d'universitaires à Moncton est comparable à Montréal (20,4%); la situation serait due à l'économie basée sur les ressources naturelles de la plupart des régions[11]. En Nouvelle-Écosse, les Acadiens sont de plus en plus éduqués (70% de diplômés), dépassant la moyenne des francophones canadiens, mais restent toujours sous le niveau provincial (73 % de diplômés), une situation liée aussi à la situation économique[12]. Les francophones terre-neuviens, toutes origines confondues, sont un plus éduqués que la majorité anglophone et 21 % sont diplômés de l'université, comparativement à 11 % chez les anglophones et à 16 % chez les francophones canadiens[13].

Le ministère de l'Éducation du Nouveau-Brunswick a la responsabilité du financement et du respect des normes tandis que la gestion des écoles et du programme scolaire est confiée aux deux secteurs indépendants[14]. Le secteur francophone compte 32 353 élèves fréquentant 98 écoles regroupées dans cinq districts scolaires[14] ainsi que 2 434 enseignants[15]. La Nouvelle-Écosse a quant à elle un Conseil scolaire acadien provincial au sein de son ministère. Le Conseil gère 20 écoles unilingues françaises, comptant 4 000 élèves et 600 employés[16]. La Commission scolaire de langue française de l'Île-du-Prince-Édouard gère les six écoles francophones de la province[17]. Le Conseil scolaire francophone provincial de Terre-Neuve-et-Labrador regroupe cinq écoles[18].

Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick compte un secteur francophone de cinq établissements. Le Collège Acadie de l'Île-du-Prince-Édouard possède trois campus.

L'Université Sainte-Anne compte cinq campus en Nouvelle-Écosse, le principal étant à Pointe-de-l'Église et les autres à Tusket, à Halifax, à Petit-de-Grat et à Saint-Joseph-du-Moine. L'établissement comprend la faculté des Arts et Sciences, offrant des baccalauréats ainsi qu'une maîtrise en éducation, la faculté des programmes professionnels et l'école d'immersion. Il y a de plus cinq chaires et centres de recherches[19].

L'Université de Moncton possède aussi un campus à Edmundston, desservant ainsi le Maine et le Québec, ainsi qu'un campus à Shippagan. Cette université compte neuf facultés, dont une de droit, offre 180 programmes du premier au troisième cycle et compte 37 centres, chaires et instituts[20]. Le Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick y offre un programme complet de médecine en partenariat avec l'Université de Sherbrooke[21]. L'université compte 6 219 étudiants et 826 employés dont 390 professeurs en 2009[20] alors que son budget annuel est de 103 millions $[20].

Musées et bibliothèques

Arts

Les élèves de Paul Carmel Laporte, originaire du Québec, ont eu un impact majeur dans la culture acadienne.

Peinture et sculpture

Jusqu'au début du XXe siècle, la sculpture et la peinture est surtout réalisées par les décorateurs d'églises. Parmi les principales réalisations toujours existantes, notons celles de Philomène Belliveau, Caroline Léger, Anna Bourque-Bourgeois, Jeanne Léger, Alma Buote et Yolande Boudreau, qui ont toutes étudié l'art à l'étranger. À partir des années 1930, le docteur Paul Carmel Laporte enseigne la sculpture et le dessin à Edmundston et forme plusieurs artistes de renom, dont Claude Picard, Claude Roussel et Marie Hélène Allain. Plusieurs artistes de la même époque doivent suivre des cours à l'extérieur avant de poursuivre leur carrière en Acadie, dont Gertrude Godbout, Eulalie Boudreau, René Hébert, Georges Goguen, Roméo Savoie, Hilda Lavoie-Franchon et Claude Gauvin. Certains réalisent des peintures religieuses et murales pour les églises, dont Édouard Gautreau, Claude Picard et Ernest Cormier. L'église Sainte-Anne-de-Kent, qui comptait entre autres des tableaux de Gautreau, était surnommée la « chapelle Sixtine de l'Acadie » jusqu'à sa destruction dans un incendie en 2007. Nelson Surette se fait connaître grâce à ses tableaux représentant la vie quotidienne. Adrien Arsenault est aussi reconnu. Nérée De Grâce puise son inspiration dans le folklore acadien et ses tableaux se retrouvent dans plusieurs collections à travers le monde, ainsi que sur un timbre canadien. Les musées canadiens possèdent des œuvres d'autres artistes, dont les plus connus sont les sculpteurs Arthur Gallant, Alfred Morneault et Octave Verret ainsi que les peintres Léo B. LeBlanc, Médard Cormier et Camille Cormier[a 1].

En 1963, Claude Roussel met sur pied le département d'arts visuels de l'Université de Moncton. Les diplômés les plus prolifiques sont l'artiste multidisciplinaire Herménégilde Chiasson et le peintre Yvon Gallant mais on compte aussi Paul Édouard Bourque, Jacques Arseneault, Francis Coutellier, Marc Cyr, Pierre Noël LeBlanc, Anne-Marie Sirois, Lucille Robichaud, Lionel Cormier, Luc A. Charette, Daniel Dugas, Guy Duguay, Roger Vautour, Ghislaine McLaughlin, Gilles LeBlanc, Georges Blanchette, Gilles Arsenault, Hélène LaRoche et André Lapointe. Robert Saucier, Jocelyn Jean et Paul-Émile Saulnier travaillent au Québec mais leurs œuvres se vendent à l'étranger[a 1].

Musique

Article détaillé : Musique acadienne.
Natasha St-Pier, l'une des interprètes acadiennes les plus connues à l'étranger, en concert à La Réunion.

Au XIXe siècle, les communautés religieuses jouent un rôle important dans le développement de la musique acadienne alors que les fanfares des collèges et les chorales paroissiales deviennent rapidement populaires[a 2]. Plusieurs musiciens dont Arthur Leblanc et Anna Malenfant se font connaître à l'étranger à partir du XXe siècle[a 2]. À partir des années 1960, les musiciens sont inspirés par le folklore, comme Angèle Arsenault, Édith Butler, Calixte Duguay, Donat Lacroix et les groupes 1755 et Beausoleil-Broussard[a 3], tandis que Patsy Gallant jouit d'une grande popularité au Québec avec des genres variés. La musique se diversifie ensuite en plusieurs genres, dont le country (Cayouche), le pop (Danny Boudreau, Jean-François Breau, Wilfred LeBouthillier, Natasha St-Pier, Roch Voisine), le hip-hop (Radio Radio), le jazz (Les Païens) et le rock (Christian Kit Goguen, Trans Akadi) alors que la musique folklorique reste populaire (Barachois, Grand Dérangement, La Virée, Ode à l'Acadie). Le Gala de la chanson de Caraquet est le principal événement musical.

Littérature et théâtre

Articles détaillés : Littérature acadienne et Théâtre acadien.
Antonine Maillet, l'auteure acadienne la plus populaire, lauréate du prix Goncourt en 1979 pour son roman Pélagie-la-charrette.

Marc Lescarbot donne naissance à la littérature acadienne et au théâtre acadien à Port-Royal en 1606 en produisant Le Théâtre de Neptune[a 4],[a 5]. Plusieurs visiteurs ainsi que des prêtres ont ensuite écrit sur la géographie ainsi que sur les conditions religieuses et économiques[a 4]. La situation politique trouble et la lente croissance de la population expliquent le faible nombre de textes produits par les Acadiens durant cette période[a 4]. Après la Déportation, la littérature prend du temps à réapparaître mais la tradition orale reste florissante[a 4]. Avec la fondation d'écoles et de collèges au XIXe siècle puis les Conventions nationales acadiennes, les Acadiens et leur clergé commencent à redécouvrir leur identité et leurs aspirations dans un monde d'anglophones[a 4]. Jusqu'aux années 1960, la littérature est dominée par le débat nationaliste. La redécouverte de l'histoire de l'Acadie a donné lieu à un nombre important de textes, en particulier ceux de Pascal Poirier[a 4]. Au XXe siècle, le nationalisme devient moins important et plusieurs auteurs dont Antonine Maillet se penchent sur d'autres sujets[a 4]. Plusieurs auteurs de la diaspora publient durant les années 1960, dont Donat Coste et Rénald Després[a 4]. Dès 1966, les plus jeunes auteurs remettent en question les valeurs traditionnelles ; ce mouvement est amplifié par la Révolution tranquille au Québec, par les réformes de Louis Robichaud au Nouveau-Brunswick, par les grèves étudiantes et par le succès phénoménal de La Sagouine d'Antonine Maillet[a 4]. La poésie est la première forme littéraire à suivre cette tendance; le roman est dominé par l'œuvre d'Antonine Maillet mais de nombreux autres auteurs sont à remarquer[a 4]. Depuis le milieu des années 1980, la littérature acadienne se porte très bien, ce qu'illustre le nombre grandissant des maisons d'éditions et la reconnaissance dont elle jouit tant en Amérique qu'en Europe[a 4]. Les œuvres sont de genres variés et la littérature pour enfants se développe[a 4].

La Troupe Notre-Dame de Grâce de Moncton, première véritable troupe de théâtre, est fondée 1956[a 5]. Le Théâtre populaire d'Acadie de Caraquet présente plusieurs pièces de Jules Boudreau, traitant aussi bien de sujets historiques comme dans Louis Mailloux ou de sujets contemporains[a 5]. Le Théâtre l'Escaouette, de Moncton, laisse une grande place au travail d'Herménégilde Chiasson, qui traite de trois sujets principaux : l'histoire révisionniste, l'humour et le fantastique[a 5].

Acadieman est l'une des premières bandes dessinées acadiennes, créée par Daniel « Dano » Leblanc au début des années 2000[22]; adapté en série animée à partir de 2005, le succès du personnage mène à la production du long métrage Acadieman vs. le C.M.A. en 2009. Une autre série télévisée notoire est Belle-Baie, diffusée depuis 2008.

Cinéma

Article détaillé : Cinéma acadien.

Le pionnier du cinéma acadien dans les années 1950, Léonard Forest[a 6], est l'instigateur du studio de Moncton de l'Office national du film du Canada, où furent réalisés la plupart des films acadiens[23]. Éloge du Chiac par Michel Brault ainsi que L'Acadie, l'Acadie de Brault et Pierre Pereault marquent réellement les débuts de l'expression acadienne en 1969[23]. La plupart des films acadiens sont des documentaires et des courts ou moyens métrages; il y a toutefois quelques longs métrages, dont Le Secret de Jérôme et Lost Song alors que certains réalisateurs ont fait incursion dans le domaine de la fiction et de l'animation. Parmi les cinéastes notoires, mentionnons Bettie Arsenault, Robert Awad, Renée Blanchar, Rodolphe Caron, Herménégilde Chiasson, Phil Comeau, Claudette Lajoie, Christien Leblanc, Monique Leblanc, Ginette Pellerin, Jacques Savoie et Anne-Marie Sirois. Les principaux acteurs et réalisateurs font carrière à Hollywood: les frères Joseph De Grasse et Sam De Grasse au début du XXe siècle et Robert Maillet au XXIe siècle. Le Festival international du cinéma francophone en Acadie, de Moncton, est le principal événement annuel.

Architecture

Article détaillé : Architecture acadienne.
Station-service conçue par Samuel Roy.

L'architecture acadienne puise son origine en France mais s'adapte rapidement aux conditions climatiques et aux matériaux locaux; des techniques de construction micmaques et malécites sont ainsi adoptées pour améliorer l'isolation des maisons[24]. Après la destruction presque totale causée par la Déportation des Acadiens, les maisons sont de piètre qualité et construites à la hâte[25]. Malgré l'amélioration des conditions de vie, l'architecture reste simple jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les traces d'inspiration française s'effacent alors progressivement devant les influences américaine et anglaise. Les premiers architectes acadiens débutent leur carrière vers la fin du siècle. Léon Léger est reconnu pour son couvent de l'Immaculée-Conception de Bouctouche et Nazaire Dugas a dessiné le Château Albert. Des matériaux comme la brique font progressivement leur apparition. Il est difficile de définir un style typique acadien puisque aucune étude exhaustive n'a été effectuée à ce sujet. Plusieurs villages historiques ont été construits depuis les années 1970 et de nombreux nouveaux édifices s'harmonisent avec l'architecture traditionnelle.

Édition et communications

L'Acadie dispose de l'un des meilleurs réseaux de télécommunications au monde[9]. Totalement numérique[9], il comprend l'internet, disponible à haute vitesse sur tout le territoire du Nouveau-Brunswick[26], et la téléphonie cellulaire, auquel 98% de la population, dans les provinces de l'Atlantique, a accès[9]. En 2009, entre 69% et 77% de la population, selon les provinces, utilisait l'internet à des fins personnelles, légèrement sous la moyenne canadienne de 80%[27]. Le réseau est contrôlé principalement par Bell Aliant, Rogers Communications et EastLink.

Médias

Article détaillé : Médias en Acadie.
L'édifice original du Moniteur Acadien.

L'Acadie est desservie par de nombreux médias nord-américains, pour la plupart anglophones, dont le principal est la Société Radio-Canada. Radio-Canada Acadie dispose en effet d'une salle de nouvelles à Moncton ainsi que des bureaux régionaux dans onze villes. Le Nouveau-Brunswick dispose tout de même d'un journal quotidien francophone, L'Acadie nouvelle. Il y a aussi des hebdomadaires, notamment L'Étoile, Le Moniteur acadien, Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et La Voix acadienne ainsi que des mensuels et d'autres publications, tel que Le Gaboteur. La radio est bien implantée et l'internet se développe rapidement. Les portails jminforme.ca et CapAcadie.com regroupe les manchettes de la plupart des médias. CapAcadie.com offre même des webradios et une télévision par internet, CapTV, diffusant plusieurs productions originales.

Les médias, en particulier la presse écrite, ont joué un rôle important dans le développement de la culture et de la politique acadienne à partir du milieu du XIXe siècle. Ils se sont pourtant développés lentement à cause de divers facteurs comme la répartition géographique, le statut minoritaire, le dynamisme économique, le niveau d'éducation et les transports[28]. Le Moniteur acadien, fondé en 1867, est le plus ancien. Parmi les journaux disparus, le plus influent a été L'Évangéline.

Gastronomie

Article détaillé : Cuisine acadienne.

La cuisine acadienne est d'origine française mais on trouve plusieurs autres influences, particulièrement canadiennes françaises, amérindiennes et allemandes. Il y a en fait plusieurs cuisines régionales. La plupart des ingrédients sont disponibles sur places alors que certains proviennent d'un commerce ancien avec les Antilles et le Brésil, comme les raisins secs, le riz, la cassonade et la mélasse. La pomme de terre est l'aliment de base et le poisson et les fruits de mer sont très populaires.

Artisanat

Article détaillé : Artisanat acadien.
Fabrication d'un tapis houqué.

L'artisanat acadien est avant tout traditionnel. La courtepointe est un artisanat très populaire et bien que Evelyn Coutellier a créé des motifs originaux, la plupart des artisanes conservent les motifs traditionnels en ne changeant que les couleurs. Chéticamp, en Nouvelle-Écosse, est reconnu pour ses tapis houqués, qui sont généralement fait en série mais certaines « houqueuses » comme Elizabeth LeFort sont se fait connaître par leurs murales. Les Tisserands du Madawaska, dans la région éponyme au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, produisent des vêtements et des napperons. La plupart des régions acadiennes de cette province comptent des tisseurs, des sculpteurs sur bois et d'autres sortes d'artisans. On en retrouve aussi à la Baie-Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Adrienne Landry de Dieppe était auparavant la seule tisseuse d'expérience du sud-est du Nouveau-Brunswick. Les Artisans de St-Louis se sont par la suite orientés vers le tissage à l'aide d'une formation financée par le Développement régional. La Coopérative d'artisanat de St-Paul s'est quant à elle dirigée en symmographie (artisanat à base de ficelles) et ses plaquettes représentant La Sagouine sont très populaires. Plusieurs ateliers de poterie ont été aménagés par des diplômés en céramique, comme Les Métiers d'art du Nord-Est par les Frachon, le studio Keramos de Cocagne par Ronald Gauguen, Fernand Daigle à Saint-Louis-de-Kent et Nancy Morin à Moncton.

Folklore

Article détaillé : Folklore acadien.
Le père Anselme Chiasson a joué un rôle majeur dans la reconnaissance du folklore acadien.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'isolement de l'Acadie a permis de préserver un folklore varié, transmis de générations en générations. Les chansons du début du XXe siècle témoignent de l'éveil à la culture. Le folklore est en quelque sorte méprisé par l'élite jusqu'à ce que le journal L'Évangéline publie à partir de 1939 une chronique sur les chansons acadiennes par Thomas LeBlanc et qu'Anselme Chiasson et Daniel Boudreau publient le recueil Chansons d'Acadie entre 1942 et 1956. Des chercheurs étrangers se sont dès lors intéressés au folklore acadien, tôt imités par les Acadiens eux-mêmes. L'Université de Moncton enseigne le folklore depuis 1966 et son Centre d'études acadiennes Anselme-Chiasson possède une importante collection à ce sujet, s'ajoutant par exemple à celle de l'Université Laval[a 3]. Le folklore a également inspiré de nombreux auteurs, dont Antonine Maillet.

Sport

Article détaillé : Sport en Acadie.
Planche à neige au mont Farlagne.

Le sport est pratiqué en Acadie depuis sa fondation mais est à l'origine peu présent dans la culture à cause des conditions de vie difficiles[29]. Les collèges fondés vers la fin du XIXe jouent un rôle dans l'implantation du sport dans la vie quotidienne[30]. À partir des années 1960, de nouvelles écoles sont construites avec des gymnases et d'autres installations sportives. La fondation d'une école normale francophone à Moncton, puis l'ouverture du Département d'éducation physique de l'Université de Moncton permet la formation des enseignants en français. Depuis 1979, les Jeux de l'Acadie sont l'occasion, pour les athlètes en herbe de toute l'Acadie, de se mesurer les uns aux autres. Plusieurs Acadiens se sont démarqués dans le sport professionnel, comme Yvon Durelle à la boxe, Rhéal Cormier au baseball ainsi que Luc Bourdon et Roland Melanson au hockey sur glace. Quelques équipes professionnelles sont installées dans les régions acadiennes, dont plusieurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Notes et références

Notes

  1. L'Acadie comprend grosso modo le Nord et l'Est de la province canadienne du Nouveau-Brunswick ainsi que des localités plus isolées à l'Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse. Au sens large, l'Acadie fait aussi référence aux communautés de la diaspora acadienne situées au Québec et aux États-Unis; des personnes d'ascendance acadienne se retrouvent également en France, aux îles Malouines et dans les Antilles. L'Acadie n'est pas reconnue officiellement mais formerait une nation par sa langue, sa culture, ses institutions et ses symboles.

Références

  1. a et b Luc A. Charette, « Culture de l'Acadie - Peinture et sculpture »
  2. a et b Anselme Chiasson et Ronald Labelle, « Culture de l'Acadie - Musique » sur L'encyclopédie canadienne.
  3. a et b Père Anselme Chiasson et Ronald Labelle, « Culture de l'Acadie - Folklore » sur L'encyclopédie canadienne
  4. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l Yves Bolduc, Léonard E. Doucette et Marc Johnson, « Culture de l'Acadie - Littérature » sur L'encyclopédie canadienne.
  5. a, b, c et d Léonard E. Doucette, « Culture de l'Acadie - Théâtre » sur L'encyclopédie canadienne
  6. Roland Brideau, « Culture de l'Acadie - Cinéma »
  • Autres références:
  1. a, b et c Symboles de l'Acadie sur Société nationale de l'Acadie. Consulté le 27 août 2009.
  2. a, b, c et d Landry et Lang (2001), op. cit., p. 192.
  3. a et b Daniel Robichaud, « Notre drapeau ... notre fierté » sur Cyberacadie. Consulté le 27 août 2009.
  4. Pioneer Journal, Summerside, Prince Edward Island, 9 December 2009.
  5. a et b Daniel Robichaud, « L'insigne et la devise acadienne » sur Cyberacadie. Consulté le 27 août 2009.
  6. Armoiries sur Société nationale de l'Acadie. Consulté le 27 août 2009.
  7. Jean-Claude Dupont, Histoire populaire de l'Acadie, Ottawa, Leméac, 1978 (ISBN 978-2-7609-5278-2) (LCCN 79387212), p. 31 
  8. Société Promotion Grand-Pré, « Le lieu » sur Archéologie à Grand-Pré. Consulté le 12 janvier 2009
  9. a, b, c et d (en) Geraldine Gambale, « Atlantic Canada: More Than Just a Pretty Place », dans Area Development, juin-juillet 2007 [texte intégral (page consultée le 30 janvier 2011)] 
  10. Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, « Île-du-Prince-Édouard - Vitalité économique » sur Profils des communautés francophones et acadiennes du Canada.
  11. Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, « Nouveau-Brunswick - Vitalité économique » sur Profils des communautés francophones et acadiennes du Canada.
  12. Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, « Nouvelle-Écosse - Vitalité économique » sur Profils des communautés francophones et acadiennes du Canada.
  13. Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, « Terre-Neuve-et-Labrador - Vitalité économique » sur Profils des communautés francophones et acadiennes du Canada.
  14. a et b Introduction sur Ministère de l'Éducation du Nouveau-Brunswick. Consulté le 27 août 2009.
  15. Statistiques sommaires 2008-2009 sur Ministère de l'Éducation du Nouveau-Brunswick. Consulté le 11 avril 2010.
  16. Qu'est-ce que le CSAP? sur Conseil scolaire acadien provincial. Consulté le 27 août 2009.
  17. (en)French Language School Board sur Info I.-P.-É.. Consulté le 7 janvier 2010.
  18. Écoles du CSFP sur Conseil scolaire francophone de Terre-Neuve-et-Labrador. Consulté le 7 janvier 2010.
  19. Centres et chaires sur Université Sainte-Anne. Consulté le 12 avril 2010.
  20. a, b et c Information institutionnelle sur Université de Moncton. Consulté le 12 avril 2010.
  21. Carrière en médecine sur Université de Moncton. Consulté le 12 avril 2010.
  22. Accueil sur Éditions Court-Circuit. Consulté le 16 novembre 2009.
  23. a et b Brigitte Roussel, Claude Roussel et Jean Daigle (dir.), Les Acadiens des Maritimes, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1980, partie 13, « Les arts visuels », p. 624 .
  24. (en) Jane Leigh Cook, Coalescence of Styles : The Ethnic Heritage of St. John River Valley Regional Furniture, 1763-1851, McGill-Queen's Press - MQUP, 2001 (ISBN 978-0-7735-2056-1), p. 25 .
  25. (en) Clarence LeBreton, « Material Culture in Acadia », dans Jean Daigle (dir.), The Acadians of the Maritimes : Thematic Studies, Moncton, Chaire d'études acadiennes, Université de Moncton, 1982 (ISBN 2091691021), p. 432 .
  26. Jean-Mari Pitre, « La large bande pour tous », dans L'Acadie Nouvelle, 21 mai 2010 [texte intégral (page consultée le 26 mai 2010)] 
  27. Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet sur Statistique Canada, 2009. Mis en ligne le 10 mai 2010, consulté le 3 février 2011
  28. Gérard Beaulieu et Jean Daigle (dir.), L'Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1993, 4e éd., poche (ISBN 978-2-921166-06-5), partie 12, « Les médias en Acadie », p. 507 .
  29. Daniel O'Caroll et Jean Daigle (dir.), L'Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1993, 4e éd., poche (ISBN 978-2-921166-06-5), partie 14, « Les activités sportives en Acadie », p. 587 .
  30. O'Caroll (1993), op. cit., p. 588.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Généralités


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Culture de l'Acadie de Wikipédia en français (auteurs)

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