Histoire du terme Acadie

Histoire du terme Acadie

L'histoire du terme Acadie et de ses dérivés commence en 1524 lorsque Giovanni da Verrazano l'utilise pour la première fois. Ce nom serait soit d'origine malécite-passamaquoddy, micmaque ou grecque.

Sommaire

Histoire du terme Acadie

Première apparition du nom

Giovanni da Verrazano.

Le nom « Acadie » aurait été utilisé pour la première fois sous la forme « Arcadie » en 1524 par l'explorateur italien Giovanni da Verrazano, au service de François Ier de France[1]. Il désignait la péninsule de Delmarva, près de Washington, aux États-Unis, dont la « beauté de ses arbres »[2] rappelait à l'explorateur cette région grecque représentant un lieu idyllique pour les poètes[3]. Au XVIIe siècle, ce nom a été appliqué à une région correspondant à peu près aux actuelles provinces maritimes du Canada[1]. La lettre « r » aurait disparu suite aux relations grandissantes avec les Micmacs, passant donc d'« Arcadie » à « Cadie » puis finalement à l'actuel « Acadie »[1].

Autres origines possibles

Certains historiens doutent que le choix de Verazanno ait un lien avec l'usage actuel[1]. En effet, le nom Acadie pourrait venir du micmac « cadie », qui veut dire « terre fertile »[1], d'« algatig », un mot de la même langue signifiant « lieu de campement » ou encore de « quoddy », un mot malécite-passamaquoddy voulant dire « endroit fertile »[4]. Plusieurs lieux du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse ont d'ailleurs une consonance semblable[4]. Bona Arsenault note toutefois que Verazzano ne débarque que trois jours sur le continent, ce qui permet de douter de l'origine micmacque ou malécite du toponyme[4].

Acadie au XVIIe siècle

Usages officiels

Apparition du nom Acadien

Acadie au XVIIIe siècle

Usages officiels

La définition de l'Acadie cause problème depuis 1713, lorsque la France céda une partie de l'Acadie à la Grande-Bretagne. La France, probablement pour limiter l'ampleur de cette perte, commença à utiliser le nom Acadie pour désigner seulement l'Acadie péninsulaire, et non l'Acadie continentale, toujours sous son contrôle[5]. La Grande-Bretagne considérait quant à elle que l'Acadie n'existait plus à partir de 1713 et utilisait plusieurs noms pour décrire la partie de l'Acadie appartenant toujours à la France[6]. La France cessa finalement d'utiliser le nom Acadie lorsqu'elle céda la partie restante de son territoire à la Grande-Bretagne en 1763[6].

Cadie et Petite Cadie

Au Québec, le mot « Cadie » ou « Petite Cadie » désigne une ville ou une région où vivent les Acadiens. Il est vraisemblablement dérivé du mot « Acadie » et son usage est très ancien, mais il a été popularisé par des historiens, comme Raymond Casgrain, Antoine Bernard, Robert Rumilly, Napoléon Bourassa et Eugène Achard[7]. Le mot « Cadie » est aussi un autre nom donné à l'Acadiane, une région de Louisiane.

Cadiens

Acadie au XXe siècle

Acadiane

Article détaillé : Acadiane (Louisiane).

Cajuns

Article détaillé : Cadiens.

L’Acadie selon Adrien Bérubé

Pays du monde comprenant des communautés de l'Acadie généalogique.
L'Acadie des Maritimes et les régions acadiennes limitrophes (Gaspésie, îles de la Madeleine et Maine).
Pourcentage de la population de chaque paroisse de Louisiane où le français ou le français cadien sont parlés :      20 à 30%      10 à 20%      4 à 10%      moins de 4%

Les quatre définitions de l’Acadie les plus couramment acceptées[réf. nécessaire] furent proposées en 1979 par le géographe Adrien Bérubé[8], en abordant l’Acadie selon les quatre points de vue suivant: l’histoire, la généalogie, la linguistique et la politique. La première définition est l’Acadie historique. Ce territoire comprenait les rives de la baie de Fundy ou, dans une définition plus vaste, tout le littoral compris entre le fleuve Sainte-Croix à l’ouest et la baie des Chaleurs au nord, incluant les îles du sud du golfe du Saint-Laurent, soit un territoire correspondant aujourd’hui aux provinces Maritimes ainsi qu’à l’est du Maine et à la Gaspésie. La deuxième est l’Acadie généalogique, aussi appelée Acadie de la diaspora, qui comprend les régions ayant accueilli les familles acadiennes au moment du Grand Dérangement, soit les provinces de l'Atlantique, le Québec, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Nouvelle-Angleterre, la Louisiane, les Antilles, la Guyane française, les îles Malouines et la France.

La troisième est l’Acadie fonctionnelle ou opérationnelle, qui inclut uniquement les provinces Maritimes du Canada. Pour cette raison, elle est couramment appelée Acadie des Maritimes mais l’expression Acadie de l’Atlantique circule, fruit des efforts de reconnaissance de la communauté acadienne de Terre-Neuve-et-Labrador[réf. nécessaire]. Cette définition se base sur l'usage du français et a donc l’avantage de permettre une étude plus « scientifique », en se basant par exemple sur le recensement de Statistique Canada[9].

La quatrième est l’Acadie prospective, qui englobe tous les comtés et paroisses francophones du Nouveau-Brunswick, soit le territoire revendiqué durant les années 1970 pour la formation d’une province acadienne par le Parti acadien. C'est ce territoire qui est parfois appelé la Nouvelle-Acadie[9].

Autres définitions

Plusieurs géographes ont tenté de donner une définition de l'Acadie, en suivant quatre méthodes différentes. Certains, comme Allan Rayburn, tentent de se fier aux limites historiques de l'Acadie[10]. D'autres, comme R.A. Leblanc, se basent sur la répartition des Acadiens après la Déportation[10]. C. Williams tente quant à lui de faire une « carte mentale », c'est-à-dire le territoire que les gens perçoivent comme étant l'Acadie[10]. Il en vient à la conclusion que les anglophones des territoires touchés définissent généralement l'Acadie selon des critères historiques, alors que les francophones ont une perception de l'Acadie s'approchant plus de la répartition de la langue française[10].J.-C. Vernex note plutôt une grande diversité de perceptions, parfois même dans des villes voisines[10]. Adrien Bérubé a tenté de déterminer les limites de l'Acadie en comparant 46 comtés de l'est du Canada aux moyens de 48 critères socio-économiques. Il en est venu à la conclusion que 8 comtés des Provinces maritimes s'approchent plus à l'est du Québec qu'au reste des Maritimes, tout en ajoutant que cela démontre l'homogénéité des comtés dit acadiens[6].

En 1994, à la suite de nombreuses entrevues effectuées aux quatre coins des Maritimes, Cécyle Trépanier en est venue a une conclusion différente de celle de Bérubé, reprenant ses quatre définitions de l'Acadie et en ajoutant trois autres. L'Acadie généalogique ne serait ainsi pas seulement liée aux descendants des survivants du Grand Dérangement et n'aurait pas vraiment de rapport avec un territoire[11]. L'Acadie opérationnelle serait plutôt l'« Acadie officieuse », car 49 % des répondants considèrent que l'Acadie regroupe quelques rares secteurs des Maritimes, où les gens parlent français ou non[11]. L'Acadie prospective serait perdue car peu de gens s'intéressaient au départ à l'indépendance[11]. Des trois autres définitions apportées par l'auteur, la première est l'« Acadie sentie et vécue », autrement dit que 45 % des Acadiens des Maritimes considéreraient l'Acadie non pas selon l'endroit où l'on vit, la généalogie ou l'histoire, mais par sa manière de vivre et ses sentiments envers son identité et son « pays »[11]. La deuxième est l'« Acadie déconcertante », autrement dit le fait que 5 % des gens, selon l'auteur, ne peuvent tout simplement pas donner une définition de l'Acadie[11]. Finalement, l'« Acadie folklorique » serait un mirage que l'on vend aux touristes, dont le lieu le plus symbolique est le Village historique acadien, un village reconstituant la vie des Acadiens de 1770 à 1939, situé près de Caraquet[11].

Selon un autre article de Cécyle Trépanier publié en 1996, l'Acadie des Maritimes est un mythe et il y aurait en fait six Acadies : l'« Acadie torturée » du Cap-Breton, appelée ainsi car ses habitants ont été réduits au servage pendant plus d'un siècle, qu'ils ont eu de la difficulté à avoir des services en français et qu'ils sont toujours peu présents en politique[12]; l'« Acadie silencieuse » de l'ouest de la Nouvelle-Écosse, où les habitants font peu d'efforts pour développer leur économie et protéger leur culture, à cause d'un sentiment d'infériorité selon l'auteur[12]; l'« Acadie solidaire », autrement dit la Région Évangéline où, car malgré leur statut minoritaire, les Acadiens ont su réduire l'effet de l'anglicisation, développer la coopération et promouvoir leur culture[12]; l'« Acadie frileuse » du sud-est du Nouveau-Brunswick, où la population est peu politisée et peu consciente de son histoire alors que le français est peu présent[12]; l'« Acadie prétentieuse » est la péninsule acadienne, où les Acadiens sont généralement très fiers de leur culture, de leur histoire et de leur langue, ce qui les fait souvent comparer aux Québécois[12]; finalement, l'« Acadie brayonne » du Madawaska est appelée ainsi à cause du sentiment de différence de sa population et de son attachement à la région[12].

On parle aussi d’Acadie du Nord pour les secteurs au Canada et en Nouvelle-Angleterre, alors que l’Acadie du Sud fait référence à l’Acadiane[réf. nécessaire]. L'Acadie des terres et des forêts est le nom donné aux régions acadiennes éloignées de la mer. Elle comprend la région des Hauts-Plateaux, dans le comté de Restigouche, ainsi que le Madawaska, une région englobant le nord du comté d'Aroostook, aux États-Unis, et les comtés de Madawaska et de Victoria, au Canada[13].

Usage du nom Acadie

L'Université de Moncton a ainsi toujours refusé de s'appeler « Université de l'Acadie », alors que d'autres organismes du Nouveau-Brunswick ont enlevé toute référence aux Acadiens dans leur nom.

Le nom Acadie est couramment utilisé pour d'autres raisons mais son usage dépend généralement de la conception de l'Acadie. Dans certains cas, le nom rappelle l'Acadie historique, comme par exemple le parc national d'Acadia aux États-Unis. La compagnie de transport Acadian Lines et l'ancien modèle Acadian de Pontiac.

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Notes et références

  1. a, b, c, d et e Nicolas Landry et Nicole Lang, Histoire de l'Acadie, Sillery, Les éditions du Septentrion, 2001 (ISBN 2-89448-177-2), p. 9 .
  2. Marc Johnson, « Acadie » sur L'encyclopédie canadienne.
  3. Jean Daigle (dir.), Les Acadiens des Maritimes : études thématiques, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1980, partie 1, « L'Acadie, 1604-1763. Synthèse historique », p. 18 .
  4. a, b et c Bona Arsenault et Pascal Alain Alain (mise à jour), Histoire des Acadiens, Saint-Laurent, Fides, 2004 (1re éd. 1965), 502 p., p. 17-19 
  5. Stéphan Bujold, « L'Acadie? Quoi ça? Les Acadiens? Qui ça? Esquisse d'un territoire indéfini et d'un peuple éparpillé », dans Cahiers, Société historique acadienne, juillet 2009, p.41.
  6. a, b et c Adrien Bérubé, Les Acadiens: état de la recherche, Québec, Conseil de la vie française en Amérique, 1987, « De l'Acadie historique à la Nouvelle-Acadie: les grandes perceptions contemporaines de l'Acadie », p. 202.
    Numéro hors-série de la revue Vie Française.
     .
  7. Pierre-Maurice Hébert (préf. Pierre Trépanier), Les Acadiens du Québec, Montréal, Éditions de L'Écho, 1994 (ISBN 2-920312-32-4) 
  8. Samuel Arsenault, Rodolphe Lamarche et Jean Daigle (dir.), L’Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1993 (ISBN 2921166062) [lire en ligne (page consultée le 28 août 2009)], partie 3, « Les géographes et l'aménagement des structures spatiales », p. 104 .
  9. a et b Bérbubé (1987), op. cit., p. 206.
  10. a, b, c, d et e Adrien Bérubé (1987), op. cit., p. 201.
  11. a, b, c, d, e et f Cécyle Trépanier, « À la recherche de l'Acadie et des perceptions identitaires des Acadiens des provinces maritimes du Canada »
  12. a, b, c, d, e et f Cécyle Trépanier, « Le mythe de « l'Acadie des Maritimes » », dans Géographie et cultures, no 17, 18 janvier 2009 [texte intégral] .
  13. « L’Acadie du monde 2014 en Acadie des terres et forêts » dans Le Madawaska, 1er mai 2009 [lire en ligne (page consultée le 30 mai 2009)]

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