- Charles de Batz-Castelmore d'Artagnan
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Charles de Batz-Castelmore d'Artagnan Portrait de d'Artagnan par Gatien de Courtilz de SandrasNom de naissance Charles de Batz-Castelmore Surnom D'Artagnan Naissance entre 1611 et 1615
Château de Castelmore, à LupiacDécès 25 juin 1673
au siège de MaastrichtNationalité Français Pays de résidence Royaume de France Activité principale Capitaine Lieutenant de la compagnie des Mousquetaires Autres activités Gouverneur de Lille Formation Cadets des Gardes-Françaises Ascendants Françoise de Montesquiou d'Artagnan Conjoint Anne Charlotte de Champlecy Charles de Batz-Castelmore, comte d'Artagnan[1], est un homme de guerre français né entre 1611 et 1615 au château de Castelmore, près de Lupiac, en Gascogne (dans le département actuel du Gers) et mort au siège de Maastricht le 25 juin 1673, pendant la guerre de Hollande.
Sommaire
Ses protecteurs
Il est le septième et dernier enfant d'une modeste famille d'origine roturière qui prétend depuis un demi siècle à la gentilhommerie. Lorsque le jeune Charles de Batz quitte Castelmore pour Paris vers 1630, il décide, comme ses trois autres frères qui s'engagent dans le métier des armes, d'emprunter le nom de sa mère, Françoise de Montesquiou d'Artagnan. En effet, la famille de Montesquiou est mieux introduite à la Cour que la famille de son père Bertrand de Batz (propriétaire d'une petite gentilhommière à Castelmore), à laquelle Artagnan, une seigneurerie de Bigorre, appartient. Il s’engage chez les Cadets des Gardes-Françaises, l’École Militaire d’alors. M. de Tréville, capitaine de la Compagnie des Mousquetaires du Roi, l’affecte à la Compagnie des Essarts des Gardes Françaises à Fontainebleau. Il participe de 1640 à 1642 aux opérations militaires d'Arras, de Bapaume, de Collioure ou de Perpignan. Son entrée chez les mousquetaires du Roi (où exerce déjà son frère aîné Paul), avec la protection de Mazarin, daterait de 1644, en même temps que celle de son ami François de Montlezun, seigneur de Besmaux près d’Auch et futur gouverneur de la Bastille.
La compagnie des Mousquetaires est dissoute par Mazarin en 1646. Pendant la Fronde, le cardinal charge d’Artagnan — devenu un de ses « gentilhommes ordinaires » — d’un certain nombre de missions auprès des chefs militaires. Louis XIV, qui l’a connu dans ces années-là alors qu'il n'était qu'un enfant, lui accorde par la suite toute sa confiance, le chargeant de nombreuses missions réclamant diligence et discrétion. Lors de l'exil de Mazarin à Brühl en 1651, d'Artagnan accompagne le ministre. Cette fidélité est payée de retour : en 1652, d'Artagnan est lieutenant aux Gardes-Françaises, ce qui suscite des remous dans cette unité d'infanterie ; en 1653, Mazarin lui fait accorder la charge de « Capitaine concierge de la volière du Roi » que convoitait Colbert ; en juillet 1655, il achète 80 000 livres une charge de capitaine aux Gardes dans la compagnie de Fourille, grâce à l'argent de la revente de ses charges précédentes et 4 000 livres prêtés par des fidèles de Mazarin, notamment Colbert, alors au début de sa carrière.
D’Artagnan mousquetaire
En 1657, la première compagnie des mousquetaires, dite des « grands mousquetaires » ou des « mousquetaires gris » (en raison de la robe de leur chevaux), est reconstituée. D’Artagnan en devient membre avec le grade de sous-lieutenant, mais en assure le véritable commandement (le chef nominal, le capitaine-lieutenant, étant le duc de Nevers, un neveu de Mazarin). Il a son hôtel particulier (aujourd'hui disparu) au n° 1 de l'actuelle rue du Bac, à l'angle du quai Voltaire à Paris dans l'actuel 7e arrondissement (ancien quai des Théatins)
Fréquentant les salons littéraires du Marais, il y rencontre une riche veuve, Anne Charlotte de Champlecy, dame de Sainte-Croix. Le 5 mars 1659, un contrat portant les signatures de Louis XIV et Mazarin l'autorise à la prendre pour épouse, ce qu'il fait la même année, le 3 avril 1659, en l'Église Saint-André-des-Arts, à Paris. Ils ont deux fils en 1660 et 1661, puis se séparent de biens et de corps en 1665.
En 1660, Louis XIV se marie avec l’Infante d’Espagne. La cérémonie a lieu le 9 juin à Saint-Jean-de-Luz. Le voyage vers le Pays basque dure un an et donne l’occasion à Louis XIV de visiter les provinces méridionales de son royaume. D’Artagnan accompagne le cortège. La traversée des villes-étapes provoque l’admiration des populations : les fiers mousquetaires précèdent l’attelage royal tiré par six chevaux blancs. Le jour de l’étape à Vic-Fezensac, le 26 avril 1660, d’Artagnan chevauche vers Castelmore pour revoir les siens et se recueillir sur la tombe de ses parents, dans la chapelle du domaine.
L’arrestation de Fouquet
Article détaillé : Arrestation de Fouquet.Le 5 septembre 1661, le roi confie à d’Artagnan la mission délicate d’arrêter Nicolas Fouquet[2], lors de la tenue du Conseil à Nantes. Cette mission aurait dû être confiée au Capitaine de la Garde du corps du roi, le Duc de Gesvres, mais ce dernier était un client de Fouquet. Le roi montre ainsi qu'il accorde toute sa confiance à d’Artagnan.
Une longue période commence pendant laquelle le mousquetaire, transformé en geôlier, accompagne son prestigieux prisonnier dans ses lieux d’incarcération successifs : trois mois au château d’Angers, au château d'Amboise puis au donjon de Vincennes, le 20 juin de l’année suivante à la Bastille et enfin à Pignerol. Pendant trois ans, d’Artagnan s’occupe personnellement de son prisonnier, filtrant ses visiteurs et rendant compte scrupuleusement en haut lieu de tous les détails de la vie du prisonnier avec lequel, malgré les rigueurs de la détention, il noue des relations presque amicales. Madame de Sévigné rapportera avec quelle diligence d’Artagnan a rendu le transfert et la détention de Fouquet la moins pénible possible. Dix ans plus tard,le 25 novembre 1671, il procède de manière analogue à l’arrestation de Lauzun.
Sa fin
En 1666, il est nommé « Capitaine des petits chiens du Roi courant le chevreuil » (charge qui lui rapporte des gages et lui assure un logement à Versailles[3]), charge dont il se démet en 1667 pour devenir capitaine-lieutenant de la première compagnie des Mousquetaires, ce qui lui assure une solde de neuf cents livres par mois[4].
D’Artagnan devient gouverneur de la ville de Lille (grande cité de 50 000 habitants, au rôle stratégique majeur, elle est gagnée par la France en 1667), remplaçant le maréchal d'Humières tombé en disgrâce. Ce gouverneur impopulaire[5] ne songe qu’à retourner sur le champ de bataille. Il en a l’occasion lorsqu'il participe à la sévère répression de la révolte de Roure en 1670.Il est tué le 25 juin 1673 devant Maastricht,pendant la guerre déclenchée par Louis XIV contre les Provinces unies en 1672.Le Roi menant lui-même une armée de 40 000 hommes. D'Artagnan , appelé en renfort ,est atteint par une balle de mousquet reçue en pleine gorge selon certains témoins, sur le front selon d'autres, alors qu’il combattait un jour de relâche. Il voulait en effet aider de jeunes officiers (dont le duc de Monmouth) subissant une contre-attaque sur une demi-lune que ses hommes avaient prise la veille. Quatre mousquetaires de sa compagnie se font tuer pour aller rechercher son corps très en avant dans les lignes hollandaises[6]. Louis XIV, à l'insu de tous, fait célébrer une messe dans sa chapelle privée et écrit à la Reine : « J'ai perdu d'Artagnan en qui j'avais la plus grande confiance et m'était bon à tout. D'Artagnan et la gloire ont le même cercueil. »
Le lieu de sa sépulture est inconnu. Cependant, l'historienne Odile Bordaz pense avoir localisé la tombe de d'Artagnan dans l'église St Pierre-et-Paul de Wolder, près de Maastricht (au sud-ouest de la ville, sur la frontière belgo-néerlandaise)[7]. C'est en effet dans ce village que Louis XIV et ses mousquetaires avaient établi leurs quartiers. Et c'est de là que d'Artagnan et ses hommes durent partir à l'assaut des remparts de la ville où il trouva la mort.
À l'époque, les officiers morts au combat étaient inhumés dans l'église la plus proche. Il y a donc de fortes présomptions pour que d'Artagnan et d'autres membres de l'état-major du roi morts lors du siège soient enterrés dans l'église de Wolder. Seules des fouilles permettraient de confirmer cette hypothèse.
D’Artagnan, un personnage de roman
On connaît finalement peu de choses du véritable d'Artagnan. Il n’existe de lui qu’un portrait dont l’authenticité n’est pas garantie, et des « mémoires » apocryphes où le vrai se mêle au faux, parus en 1700, soit 27 ans après sa mort. Ils sont le fruit de Gatien de Courtilz de Sandras, qui a découvert la vie du héros gascon pendant un de ses séjours à la Bastille, alors que Baisemeaux, ex-compagnon de d’Artagnan, en était gouverneur. De ce texte fondateur, il n'existe malheureusement aucune réédition moderne complète (extraits au Mercure de France, collection Le temps retrouvé) ou non retouchée (l'édition Jean de Bonnot se livre à une réécriture en français "moderne").
Alexandre Dumas découvre à son tour la vie de d’Artagnan à travers ces mémoires. En juin 1843, de passage à Marseille chez son ami Joseph Méry, Dumas fouinant les rayons de sa riche bibliothèque, « emprunte » le livre. Il ne le rendra jamais[8]. Il s’enthousiasme pour le personnage et fait de l’ouvrage son livre de chevet. Il s’en inspire pour la rédaction de sa célèbre trilogie :
Dans le roman, d'Artagnan est fait Béarnais. Quand le Cardinal de Richelieu lui demande : « Êtes-vous un d'Artagnan du Béarn ? » l'impétueux gascon répond par l'affirmative : « Oui, Monseigneur (...) je suis le fils de celui qui a fait les guerres de religion avec le grand roi Henri [IV] ». La réalité historique, là encore, n’est pas la préoccupation majeure de Dumas, puisque dans Les Trois Mousquetaires, il avance l’action de 15 ans (d’Artagnan participe ainsi au siège de la Rochelle), il oppose Louis XIII à Richelieu et « invente » le personnage de Milady de Winter[9] ainsi que la liaison d’Anne d'Autriche avec le duc de Buckingham[10]. Par contre, les personnages d'Athos, Porthos et Aramis ont bien existé : si Gatien de Courtilz de Sandras les présente comme des frères, ce sont des Gascons et Béarnais que d'Artagnan a pu rencontrer.
Dans Vingt Ans après, d'Artagnan assiste à la Fronde, et tente avec ses trois amis de sauver Charles I d'Angleterre. Au début du Vicomte de Bragelonne, peu convaincu de la valeur en tant que roi du jeune Louis XIV, il démissionne de sa charge de capitaine de la garde. Il est le responsable de la restauration sur le trône d'Angleterre de Charles II. Louis XIV l'ayant rappelé auprès de lui, d'Artagnan reprend ses fonctions ; au terme du roman, il est convaincu que Louis XIV est devenu un grand roi, malgré les scrupules moraux qu'il éprouve à obéir à certains ordres. Le dernier volume de la trilogie met en scène de manière romancée l'arrestation de Fouquet par d'Artagnan ; le mousquetaire intervient également dans l'affaire de l'homme au masque de fer. Le roman s'achève par la mort de d'Artagnan, tué par l'artillerie ennemie alors qu'on lui apporte enfin son bâton de maréchal de France (détail fictif).
Son personnage apparaît également brièvement dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand.
Paul Féval fils est l'auteur d'un roman intitulé D’Artagnan et Cyrano.Cinéma et télévision
D'Artagnan est également devenu l'un des personnages les plus récurrents du cinéma.
Le rôle de d'Artagnan a été notamment interprété par :
- Aimé Simon-Girard dans Les Trois Mousquetaires (1921) et dans Les Trois Mousquetaires (1933)
- Douglas Fairbanks dans Les Trois Mousquetaires (1921)
- Max Linder dans L'Étroit Mousquetaire (1922)
- Walter Abel dans Les Trois Mousquetaires (1935)
- Gene Kelly dans Les Trois Mousquetaires (1948)
- Carlo Ninchi dans Le Fils de d'Artagnan (1949)
- Cornel Wilde dans Les Fils des Mousquetaires (1952)
- Georges Marchal dans Les Trois Mousquetaires (1953)
- Gérard Philipe dans Si Versailles m'était conté... (1954)
- Jean-Paul Belmondo dans Les Trois Mousquetaires (1959)
- Gérard Barray dans Les Trois Mousquetaires (1961)
- Jean Marais dans Le Masque de fer (1962)
- Jean-Pierre Cassel dans Cyrano et d'Artagnan (1964)
- Michel Le Royer dans D'Artagnan, chevalier du roi (1966)
- Dominique Paturel dans D'Artagnan (série TV, 1969-70)
- Michael York dans Les Trois Mousquetaires (1973), On l'appelait Milady (1974), Le Retour des Mousquetaires (1989)et La Femme mousquetaire (Télfilm, 2005)
- Nicolas Silberg, dans D'Artagnan amoureux, téléfilm français en cinq épisodes de 1977, d'après le roman de Roger Nimier.
- Mikhail Boyarsky dans D'Artagnan et les Trois Mousquetaires (1978)
- Chris O'Donnell dans Les Trois Mousquetaires (1993)
- Philippe Noiret, dans La Fille de d'Artagnan (1994)
- Gabriel Byrne dans L'Homme au masque de fer (1998)
- Justin Chambers dans D'Artagnan (2001)
- Gérard Depardieu dans Blanche (2002)
- Florent Pagny dans Milady (Téléfilm, 2004)
- Laurent Natrella dans Le Roi, l'Écureuil et la Couleuvre (Téléfilm, 2010)
- Logan Lerman dans Les Trois Mousquetaires 3D (The Three Musketeers) (2011)
Lieux liés à d’Artagnan
- Le château de Castelmore, à Lupiac Gers, où d’Artagnan est né et a grandi
- Le village d’Artagnan, dans les Hautes-Pyrénées, dont le héros gascon porte le nom
- Le Musée d’Artagnan, à Lupiac.
- La rue d'Artagnan à Paris
Les statues de d’Artagnan :
- Paris, place du Général-Catroux : la statue de d'Artagnan est surplombée par celle d'Alexandre Dumas.
- Auch, capitale historique de la Gascogne.
- Maastricht, Pays-Bas.
- Cincinnati, Xavier University.
- D'Artagnan et les trois mousquetaires à Condom, Gers.
Le Conseil général du Gers a choisi d'Artagnan pour personnaliser le logo du département.
Notes et références
- Comté. Son titre, porté à la fin de sa carrière, est « Haut et puissant seigneur, Messire Charles de Castelmore, Comte d’Artagnan ». Il s'agit d'un titre honorifique, d'Artagnan n'ayant pas possédé de
- l’arrestation de Nicolas Fouquet Voir
- Les courtisans émission Deux mille ans d'Histoire sur France Inter du 29 octobre 2010
- Cette charge était très convoitée car la plus belle du royaume selon Colbert.
- Vauban, gouverneur de la citadelle de Lille, relate les nombreuses esclandres qu'il provoque avec son adjoint La Vercantière et menace de démissionner, ne souffrant plus des insultes du Gascon.
- D'Artagnan émission Deux mille ans d'Histoire sur France Inter du 10 novembre 2010
- Dans son livre Sur les chemins de d'Artagnan et des mousquetaires, éditions Balzac, 2005
- Paul Amargier O. P., Balade dans les vieux quartiers de Marseille, Ed. Jeanne Lafite.
- La Rochefoucauld qui évoque la comtesse de Carlisle impliquée dans les affaires de ferrets de diamant. On peut y trouver son modèle historique dans les Mémoires de
- Madame de Chevreuse, instigatrice de l'affaire Buckingham. La Rochefoucauld fut l'amant de
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Christian Petitfils, Le Véritable D'Artagnan, Tallandier, 2002 (nouvelle éd.)
- Eugène d'Auriac, D'Artagnan, La Table Ronde, coll. Petite Vermillon
- Odile Bordaz, D'Artagnan, capitaine-lieutenant des Grands Mousquetaires du Roy, coll. L'Envers du décor, Balzac éditeur, 2010
- Odile Bordaz, Sur les chemins de d'Artagnan et des Mousquetaires, coll. L'Envers du décor, Balzac éditeur,2005
Articles connexes
- Pierre de Montesquiou d'Artagnan
- Bénigne Dauvergne de Saint-Mars
- Jean de Batz
- D'Artagnan (feuilleton télévisé)
- Cyrano et d'Artagnan
- Sous le signe des Mousquetaires
- Sainte-Croix (Saône-et-Loire) : tombe de Mme d'Artagnan, musée d'Anne Charlotte de Champlecy
Liens externes
- Mémoires de Monsieur d’Artagnan de Gatien de Courtilz de Sandras, sur Wikisource
- Le véritable d'Artagnan
- Site : le monde de d'Artagnan
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