- Barytine
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Barytine
Catégorie VII : sulfates, sélénates tellurates, chromates, molybdates, tungstates[1]
Barytine - Frizington, Angleterre (5,4×4,6 cm) Général Classe de Strunz 07.AD.35Classe de Dana 28.3.1.1Formule brute BaSO4 Identification Masse formulaire[2] 233,39 ± 0,013 uma
Ba 58,84 %, O 27,42 %, S 13,74 %,Couleur incolore, parfois blanc, jaune Classe cristalline et groupe d'espace dipyramidale
PnmaSystème cristallin orthorhombique Réseau de Bravais Primitif P Clivage parfait sur {001} et {210}, bon sur {010} Cassure irrégulière, conchoïdale Habitus cristaux aplatis selon (001),
parfois lamellairesÉchelle de Mohs 3 - 3,5 Trait blanc Éclat vitreux à résineux Propriétés optiques Indice de réfraction α=1,634-1,637 β=1,636-1,638 γ=1,646-1,648 Pléochroïsme incolore Biréfringence Δ=0,012 ; biaxe positif Dispersion 2vz ~ 36 - 38° Fluorescence ultraviolet oui et thermoluminescence Transparence transparent, translucide à opaque Propriétés chimiques Densité 4,48 Température de fusion décomposition[3] : 1 600 °C Fusibilité fond à la flamme et donne une boule blanche Solubilité soluble dans HI[4],
dans H2SO4 concentré chaudComportement chimique colore la flamme en rouge carmin Propriétés physiques Magnétisme aucun Radioactivité aucune Précautions Directive 67/548/EEC Phrases S : 22, 24/25, SIMDUT[5] Produit non contrôlé Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. La barytine (ou baryte, voir les synonymes) est une espèce minérale composée de sulfate de baryum de formule BaSO4 avec des traces de Sr, Ca et Pb. Ce minéral, d'origine hydrothermale, présente de nombreuses variétés. Sa densité et le baryum qu'il contient sont les causes principales de ses utilisations industrielles et plusieurs millions de tonnes de barytine sont extraits et produits chaque année.
Sommaire
Historique de la description et appellations
Inventeur et étymologie
Décrite en 1800 par le minéralogiste Karsten[Qui ?], la barytine doit son nom au grec ancien βαρύς signifiant « lourd »[6]. Ce nom est utilisé pour la première fois au XIXe siècle pour caractériser un minéral qui formait une gangue dans certains gîtes métallifères. L'orthographe francophone est due à Beudant.
Synonymes
- baritite[7]
- barosélénite (Kirwan, 1794)[8]
- barote[9]
- baryte : c'est l'orthographe retenue par l'IMA, mais qui n'est pas l'orthographe usuelle en français. Le terme baryte désignait au XVIIIe siècle en France le baryum[10].
- baryte sulfatée, (sulfate de baryte)
- barytine (Beudant 1824)[11]
- barytite (Delamétherie 1797)[12]
- boulonite (Delamétherie 1797)[13] en hommage à la ville de Bologne, parfois mal orthographiée en boulanite.
- dréelite (Dufrénoy 1835)[14]
- gyspum spathosum (Wallerius)
- lithéosphore (Targioni)[13]
- marmor metalicum (Cronstedt)[15]
- michel-lévyte (Lacroix 1889)[16]. Dédiée au minéralogiste français Auguste Michel-Lévy.
- spath pesant (Romé de L'Isle)[17]
- wolnyne : nom donné à la barytine de Beleter en Hongrie qui à un faciès prismatique particulier[18].
Caractéristiques physico-chimiques
Critères de détermination
Ce minéral cristallise généralement sous forme de cristaux aplatis, parfois lamellaires. Sa couleur est variable car bien que parfois incolore, il peut aussi être blanc-grisâtre, jaunâtre ou brunâtre, parfois un peu teinté de rouge, vert ou bleu, parfois zoné ou changeant de couleur selon l'exposition à la lumière. Ces cristaux ont un éclat vitreux, parfois résineux. Le trait de la barytine est blanc. Sa densité mesurée (4,50 g/cm3) est très sensiblement égale à sa densité calculée (4,47 g/cm3)[19].
Au chalumeau, la barytine décrépite et fond à 1 580 °C en colorant la flamme en vert jaune (baryum). Elle est soluble dans l'acide sulfurique concentré, à chaud, et dans l'acide iodhydrique.
La barytine peut parfois émettre une fluorescence ou une phosphorescence de couleur crème lorsqu'elle est excitée par des rayonnements ultraviolets[19]. Elle est de plus parfois thermoluminescente. Il est classique d’attribuer à Vincenzo Cascariolo (vers 1630) la découverte accidentelle de la thermoluminescence de ce minéral, suite à l’observation de l’émission de lumière par des nodules de barite qu’il avait fait chauffer. Ces nodules provenant de la région de Bologne (Monte Paterno) avaient alors pris le nom de « pierre de Bologne », « pierre magique », « boulonite », ou « lithéosphore »[20].
Variétés
- Angleso-barite (Hayakawa & Nakano 1912) : variété plumbifère de barytine[21].
- Calcareobarite (Thomson 1836) : variété de barytine riche en calcium[22].
- Calstronbarite (le) (Shepard 1838) : variété de barytine riche en calcium et strontium, décrite par Shepard sur des échantillons de l'État de New-York, très thermoluminescente[23].
- Celestobarite (Dana 1868) : variété de barytine riche en strontium, décrite par Dana[24].
- Hokutolite : variété de barite riche en plomb avec des traces de strontium, mais aussi dans une moindre mesure de radium, déposés par des sources chaudes très acides. De formule idéale (Ba,Pb)SO4. Le terme est inspiré du nom du topotype Hokuto springs, New Taipei, Taiwan[25].
- Radiobarite : variété de barite riche en radium de formule idéale (Ba,Ra)SO4[26].
- Strontio-baryte : variété de barite riche en strontium, synonyme de celestobarite[27].
- Rose des sables : variété d'habitus qui est très connue pour le gypse mais qui existe aussi pour la barytine.
Cristallochimie
Le barytine est le chef de file d'un groupe de minéraux qui ont tous une structure orthorhombique et une formule chimique qui répond au terme général A(SO4), où A peut être le plomb, le baryum, le strontium ou le chrome.
Groupe de la barytine Minéral Formule Groupe ponctuel Groupe d'espace Anglésite Pb(SO4) mmm Pbnm Barytine Ba(SO4) mmm Pnma Célestine Sr(SO4) mmm Pbnm Hashemite (Ba,Cr)(SO4) mmm Pnma Cristallographie
Le système cristallin de la barytine est orthorhombique de classe dipyramidale ; son groupe d'espace est Pnma. La maille conventionnelle contient Z = 4 unités formulaires, ses paramètres sont a = 8,896 Å, b = 5,462 Å, c = 7,171 Å (V = 348,44 Å3)[28]. La masse volumique calculée est de 4,45 g/cm3.
Les atomes de baryum sont en coordination 12 d'oxygène. La longueur de liaison Ba-O moyenne est 2,96 Å.
Les atomes de soufre sont en coordination 4 d'oxygène, formant un polyèdre de coordination tétraédrique. La longueur de liaison S-O moyenne est 1,48 Å, l'angle de liaison O-S-O moyen est 109 5 °. Les tétraèdres SO4 sont isolés les uns des autres dans la structure de la barytine.
Gîtes et gisements
Gîtologie et minéraux associés
D’origine hydrothermale, la barytine se présente souvent en mélange isomorphe avec l'anglésite et la célestine. On trouve la barytine dans les filons de basse température avec calcite, dolomite, fluorine, sphalérite, rhodochrosite, stibine, galène[19] et sulfosels de plomb, ainsi qu'en lentilles dans les calcaires, comme ciment dans les grès et arkoses, et dans les sources thermales. D'importants gisements de barytine se situent dans des paléokarsts, à l'interface entre socle et couverture sédimentaire.
Gisements producteurs de specimens remarquables
- Angleterre
- Frizington, West Cumberland Iron Field, Cumberland[29]
- Canada
- Mine Niobec, Saint-Honoré carbonatite complex, Saint-Honoré, Le Fjord-du-Saguenay RCM, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec[30]
- France
- Côte d'Abot, Saint-Saturnin, Saint-Amant-Tallende, Puy-de-Dôme, Auvergne
- Italie
- Villamassargia, Province de Carbonia-Iglesias, Sardaigne
- Maroc
- Mine de Mibladen, Mibladene, Midelt, Province de Khénifra, Région de Meknès-Tafilalet.
- Roumanie
- Mine de Baia Sprie (Felsöbánya mine), Baia Sprie (Felsöbánya), Marmatie[31],[32]
- Tchéquie
Exploitation des gisements
Utilisations de la barytine
Comme charge minérale
La barytine est utilisée dans le papier, les plastiques, les peintures, les vernis. Dans l'industrie pétrolière, elle est employée comme boue lourde pour augmenter la densité des fluides de forages et éviter les fuites des gaz.
Comme absorbeur de rayons gamma
Elle peut également entrer dans la composition du béton afin d'augmenter considérablement sa densité et son impénétrabilité aux rayons gamma[34]. Ce type de béton est généralement utilisé pour la construction de bâtiments servant pour des tirs radiologiques, ou certains bâtiments des centrales nucléaires.
Comme source de dérivés du baryum
La barytine est l'une des principales sources de baryum. Opaque aux rayons X, ce produit toxique est utilisé en médecine sous une forme insoluble pour visualiser le cheminement du bol alimentaire dans le tube digestif. Il permet ainsi de mettre en évidence des fausses routes ou des fistules.
Le baryum sert aussi de base pour la composition de certaines pigments comme le « jaune de baryum » ou « jaune de baryte ». Peut-être pour éviter d'évoquer sa toxicité, ce pigment est parfois improprement dénommé « jaune d'outremer », les outremers étant normalement obtenus à partir d'aluminium et de silicium. Le jaune de baryum est composé de chlorure de baryum, de bichromate de potassium et de sodium[35]. Ce pigment a été créé par Leclaire et Barruel au début du XIXe siècle. Il ne semble plus utilisé du fait de sa toxicité et de sa tendance à verdir peu à peu lorsqu'il est exposé à la lumière. Il présenterait aussi des incompatibilités avec certaines couleurs[36].
La barytine permet aussi la production de carbonate de baryum (BaCO3), utilisé dans la fabrication de verre (télévision, optique) et de glaçures de céramique et porcelaine[34].
En joaillerie
Les gemmes sont taillées comme pierres fines.
Production de barytine
La production mondiale de barytine s'élevait à 7,9 millions de tonnes en 2005[37]. Les principaux pays producteurs sont la Chine (4,100 Mt en 2005), l'Inde (1,189 Mt en 2005), les États-Unis (0,500 Mt en 2005) et le Maroc (0,475 Mt en 2005)[37]. À titre comparatif, la France en produit 81 000 t et le Canada 23 000 t[37].
Galerie
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Příbram, Bohème, Tchéquie (Xls 1,27 cm). Coll. Auguste Michel-Lévy
Notes et références
- classification des minéraux choisie est celle de Strunz. La
- Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk Masse molaire calculée d’après
- SULFATE DE BARYUM, fiche de sécurité du Programme International sur la Sécurité des Substances Chimiques, consultée le 9 mai 2009
- (en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, ASTM International, 1996, 251 p. (ISBN 0803120664) [lire en ligne], p. 76
- Sulfate de baryum » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009 «
- MINER Database de Jacques Lapaire - Minéraux et étymologie
- Alexandre Brongniart, Introduction à la minéralogie, ou exposé des principes de cette science, 1825, p. 154
- (en) Richard Kirwan, Elements of Mineralogy, 1794, 1re éd. [lire en ligne], p. 136
- Antoine François Fourcroy (comte de), Élémens d'histoire naturelle et de chimie, 1786, p. 325
- Émile Benoît, Traité des manipulations chimiques et de l'emploi du chalumeau, 1854, p. 393
- François Sulpice Beudant, Traité élémentaire de Minéralogie, 1824, Paris, p. 441
- Jean-Claude Delamétherie, Théorie de la Terre, 1797, 2e éd., 5 volumes, Paris: 2, p. 8
- Jean-Claude Delamétherie, Théorie de la Terre, 1797, vol. 2, p. 25
- Armand Dufrénoy, Annales de chimie et de physique, 1835, Paris: 60, p. 102
- (en) Charles Hutton, George Shaw et Richard Pearson, dans Philosophical transactions of the Royal Society of London, vol. 15, 1809, p. 549
- Alfred Lacroix, dans Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, vol. 108, 1889, p. 1126
- Traité de Cristallographie de M. Rome de Lisle, tome II, p. 5 et suiv.
- Albert Auguste Cochon de Lapparent, Cours de minéralogie, 1908, p.755
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- Sciences de la terre: Mémoires, vol. 26-28, 1962, p. 121
- ICSD No. 154 286 ; (en) Michihiro Miyake, Ichiro Minato, Hideki Morikawa et Shin-ichi Iwai, « Crystal structures and sulphate force constants of barite, celestite, and anglesite », dans American Mineralogist, vol. 63, no 5-6, 1978, p. 506-510 [texte intégral]
- (en) Charles Palache, Harry Berman et Clifford Frondel, The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, Yale University 1837-1892 : Halides, Nitrates, Borates, Carbonates, Sulfates, Phosphates, Arsenates, Tungstates, Molybdates, Etc., vol. II, John Wiley and Sons, Inc., 1951, 1124 p., p. 412
- (en) I. Kennedy et G. Gagon, « Barite from the Niobec Mine Chicoutimi », dans Quebec. Mineralogical Record, vol. 12, 1981, p.355-357
- (en) M. Borcos, B. Lang, S. Bostinescu et I. Gheorghita (1975): « Neogene hydrothermal ore deposits in the volcanic Gutii Mountains », III. Dealul Crucii-Baiut district
- (en) A. Herja, « Baia Sprie and Suior ore deposits », dans Revue Roumaine de Géologie, Géophysique et Géographie: Géologie, vol. 19, p. 21-35
- (en) J. Tobbe, « Famous mineral localities: Příbram Czechoslovakia », dans Mineralogical Record, vol. 12, 1981, p. 157-165
- Barytine » sur http://www.thecanadianencyclopedia.com, Historica-Dominion. Consulté le 22 avril 2011 L'Encyclopédie canadienne, «
- Jaunes André Béguin, in
- Jaunes Bontinck cité par A. Béguin, repris in
- (en) L.E. Hetherington, T.J. Brown, A.J. Benham, P.A.J. Lusty, N.E. Idoine, World mineral production : 2001-2005, Amersham, Buckinghamshire, British Geological Survey, 2007, 81 p. (ISBN 978-0-85272-592-4) [lire en ligne], p. 7 du livre ; 13 du pdf [PDF]
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