- Louis et Zélie Martin
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Zélie Martin née Guérin
Zélie MartinBienheureuse Naissance le 23 décembre 1831
Gandelain (Orne), FranceDécès le 28 août 1877 (à 45 ans)
AlençonNationalité Française Vénéré à Alençon Béatification le 19 octobre 2008 à Lisieux
par Benoît XVIFête le 12 juillet Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Louis Martin
Louis MartinBienheureux Naissance le 22 août 1823
Bordeaux, FranceDécès le 29 juillet 1894 (à 70 ans)
LisieuxNationalité Française Vénéré à Alençon Béatification le 19 octobre 2008 à Lisieux
par Benoît XVIFête le 12 juillet Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Louis Martin (°1823 - †1894), horloger, et son épouse Azélie-Marie Guérin dite Zélie[1] (°1831 - †1877) dentellière, appartiennent à la petite bourgeoisie d’Alençon. Ils ont été béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux, pour l'exemplarité de leur vie de couple.
Ils sont les parents de sainte Thérèse de l'enfant Jésus et de la sainte Face et de ses quatre sœurs, toutes religieuses.
Article détaillé : Thérèse de Lisieux.Sommaire
Biographies
Louis Martin
Louis Martin naît le 22 août 1823 à Bordeaux, fils de Pierre-François Martin (1777 - 1865) et de Fanie Boureau (1780 - 1883)[A 1]. Dernier d'une famille de trois filles et deux garçons, il est élevé au hasard des garnisons de son père, militaire de carrière. Après ses études, Louis apprend le métier d'horloger. Vers 22 ans, attiré par la vie monastique, il demande à entrer au monastère du Grand-Saint-Bernard ; mais sa candidature est refusée car il ignore le latin. Il séjourne alors trois ans à Paris, puis s'installe à Alençon chez ses parents qui occupent un magasin d'horlogerie-bijouterie, rue du Pont-Neuf[A 2].
Pendant huit années, il mène une vie laborieuse, calme et méditative. Ses distractions consistent en de longues séances de pêche, quelques parties de chasses et les soirées avec ses amis au Cercle Catholique "Vital Romet". Sa foi demeure vive, c'est un chrétien fervent : messes le dimanche et en semaine, adoration du Saint-Sacrement, pèlerinages. Il achète en Alençon le Pavillon, une tour entourée d'un terrain, pour jardiner, lire et méditer. À 34 ans, il est encore célibataire, au grand désespoir de sa mère[A 3].
Zélie Guérin
Azélie-Marie Guérin – qu'on appellera toujours Zélie – naît le 23 décembre 1831 à Gandelain, village de l'Orne proche du bourg de Saint-Denis-sur-Sarthon. Son père Isidore Guérin (1777 - 1865), un ancien soldat de la Grande Armée qui s'est battu à Wagram, a suivi Masséna et Soult pendant la guerre d'Espagne, est désormais gendarme à Saint-Denis-sur-Sarthon. Sa mère, Louise-Jeanne Macé (1805 - 1859), est une paysanne assez rude. Zélie a une sœur aînée, Marie-Louise (1829 - 1877). Son frère Isidore (1841 - 1909) naît dix ans plus tard[A 3].
En septembre 1844, ses parents s'installent à Alençon. Zélie et Marie-Louise reçoivent une formation soignée au pensionnat des religieuses des Sacrés-Cœurs de Picpus. Intelligente et travailleuse, Zélie garde de son éducation austère une tendance au scrupule, bien dans la spiritualité de l'époque[A 4]. Les relations avec sa mère sont difficiles et elle ne conservera pas le souvenir d'une enfance heureuse, elle écrira même : « Mon enfance, ma jeunesse ont été tristes comme un linceul »[A 3]. Elle ressent assez tôt un appel à la sainteté, que tempère pourtant son robuste bon sens : « Je veux devenir une sainte, ce ne sera pas facile (...) ». Elle songe alors à entrer à l'Hôtel-Dieu d'Alençon comme religieuse, mais la supérieure l'en dissuade[A 4].
Déçue, elle devient dentellière et se révèle particulièrement douée pour la confection de dentelle au point d'Alençon, travail délicat et minutieux. En 1853, âgée seulement de 22 ans, elle ouvre une boutique avec Marie-Louise. Mais sa sœur la quitte pour entrer au couvent des Visitandines du Mans sous le nom de sœur Marie-Dosithée[A 5].
Le mariage
En 1858, c'est à l'âge de 35 ans, sur le pont de Sarthe dans la capitale ornaise, que Louis rencontre Zélie qui en a alors 27. Ils se marient le 13 juillet 1858 à l'église Notre-Dame d'Alençon. À l'instigation de Louis, ils décident d'abord de vivre comme frère et sœur dans une continence perpétuelle. Mais leur confesseur les en ayant dissuadés, les accouchements se succèdent entre 1859 et 1873 : Zélie donne naissance à neuf enfants[Note 1], sept filles et deux garçons. Hélas, la mortalité infantile demeure très élevée à cette époque, et les Martin perdent quatre enfants en bas âge[A 6].
Malgré ces deuils, malgré une maladie du sein qui progresse lentement depuis 1863, Zélie consacre toute son énergie à son entreprise. Celle-ci est prospère et emploie jusqu'à une vingtaine d'ouvrières. À force de labeur et d'épargne, les époux Martin ont acquis une grande aisance financière. En 1870, Louis vend son horlogerie à un neveu, afin d'aider sa femme à administrer la boutique et à gérer leurs biens[A 7].
Zélie se dévoue également pour ses filles[Note 2] : « Moi j'aime les enfants à la folie. J'étais née pour en avoir, mais il sera bientôt temps que cela finisse ». La petite dernière, Thérèse, naît en janvier 1873. Afin de recevoir une éducation chrétienne, les aînées sont envoyées au pensionnat de la Visitation du Mans. Les soucis ne manquent pas, tels les difficultés scolaires de Léonie ou la santé délicate de Thérèse, à qui il faut trouver une nourrice à la campagne. Si Zélie, femme active et énergique, tient incontestablement une place prépondérante dans le couple, elle ne cesse de louer la bonté paisible de Louis : « C'est un saint homme que mon mari, j'en désire un pareil à toutes les femmes »[A 7].
Fervents chrétiens, Zélie et Louis assistent chaque matin à la messe de 5h30. Ils pratiquent le jeûne et la prière en famille, respectent scrupuleusement le repos du dimanche. Ils savent également mettre en pratique leurs convictions : ils visitent les vieillards seuls, les malades, les mourants ; lorsque l'occasion se présente, ils accueillent un vagabond à leur table, font les démarches pour le faire accepter à l'hospice d'Alençon. Zélie s'occupe notamment de ses bonnes et de ses ouvrières, souvent jeunes et inexpérimentées[A 8].
En 1876, la maladie frappe la famille Martin. C'est d'abord la sœur de Zélie, Marie-Dosithée, que ronge inexorablement la tuberculose. Durement affectée, Zélie se résout à consulter pour elle-même un médecin en décembre 1876. Malgré ses maux de tête, ses douleurs d'estomac, elle n'avait pas voulu jusqu'alors se soucier de sa santé. Mais le diagnostic ne laisse aucun espoir : la « tumeur fibreuse » au sein est trop avancée, une opération serait inutile. Zélie reçoit lucidement la nouvelle, tandis que Louis est « comme annéanti ». Isidore, le frère de Zélie devenu pharmacien à Lisieux, lui fait rencontrer un grand chirurgien. Mais celui-ci déconseille également l'opération : il est trop tard[A 9].
Le 24 février 1877, Marie-Dosithée s'éteint[Note 3]. C'est pour Zélie un coup terrible, et son mal empire. En juin 1877, malgré ses souffrances, elle se rend à Lourdes, mais le miracle espéré n'a pas lieu. De retour à Alençon, elle met de l'ordre dans ses affaires et prépare la maisonnée à sa prochaine disparition. Elle reçoit l'extrême-onction le 26 août en présence de Louis et de ses filles, et meurt après deux jours d'agonie le 28 août 1877. Elle est inhumée le 29 août au cimetière d'Alençon, laissant une famille effondrée et cinq filles dont la plus jeune, Thérèse, est âgée seulement de quatre ans et demi[A 10].
Le veuvage de Louis
En novembre 1877, Louis et ses cinq filles s’installent à Lisieux pour se rapprocher d'Isodore Guérin, frère de Zélie, qu'un conseil de famille a désigné subrogé tuteur des enfants. Isidore et son épouse sont en effet persuadés que c'est la solution la plus sage et ils sont parvenus à convaincre Louis, d'abord réticent, de faire ce voyage. Pour accueillir la famille Martin, ils ont trouvé une maison bourgeoise entourée d'un parc : les Buissonnets[A 11].
Louis, qui a vendu le commerce familial d'Alençon et vit désormais de ses rentes, se consacre à ses filles et en particulier à Thérèse, qu'il appelle sa « Reine » et elle son « Roi ». Il l'emmène souvent en promenade aux alentours. Marie, âgée de dix-sept ans, prend en main le fonctionnement de la maison, avec l'aide d'une bonne que l'on a engagée. Pauline, seize ans, s'occupe de l'éducation des deux petites, spécialement de Thérèse. Louis, coupé de ses amis d'Alençon, se renferme dans sa solitude : il lit, écrit, médite[A 12].
La vie est austère aux Buissonnets : à l'animation de la boutique d'Alençon, toujours pleine de clientes et d'ouvrières, succède le silence et la solitude de cette demeure retirée où l'on reçoit peu. Les dimanches et les fêtes mettent un peu de fantaisie dans cette vie bien réglée : on assiste à la messe à la cathédrale Saint-Pierre, où l'on retrouve les Guérin, puis c'est un joyeux repas chez eux[A 13].
Les filles grandissent, et les plus jeunes : Léonie, Céline puis Thérèse font à leur tour leurs études au pensionnat des bénédictines de Lisieux[A 14]. En 1882, Pauline décide, avec le consentement de Louis, de devenir carmélite. Le 15 octobre, elle entre au carmel de Lisieux, au grand désarroi de Thérèse qui se sent abandonnée[Note 4],[A 15].
Amateur de voyages, Louis Martin aime à faire visiter Paris à ses filles[A 16]. En 1885, il entreprend un grand périple de près de deux mois. Avec l'abbé Charles Marie, il traverse l'Europe centrale jusqu'aux Balkans, via Munich et Vienne. Ils reviennent par Athènes, Naples, Rome, Milan. Les récits de voyage agrémentent ensuite les veillées d'hiver : « J'aime les longues soirées qui nous rassemblent en famille près du foyer pétillant » écrit Thérèse dans un devoir scolaire[A 17].
Thérèse, sans doute la plus touchée par la mort de Zélie, est devenue une enfant excessivement sensible, toujours prête à fondre à larmes. En février 1886, Louis se résout à la retirer de son école et à lui faire donner des leçons particulières[A 18]. En août 1886, à la surprise de toute la famille, l'aînée des filles, l'indépendante Marie décide à son tour d'entrer au carmel de Lisieux. Louis qui perd sa fille préférée, son « diamant », doit cacher sa peine. C'est également un choc pour Thérèse, dont Marie était devenue la confidente. D'autant qu'en octobre, Léonie se fait admettre au couvent des clarisses. La chaude atmosphère des Buissonnets est en train de disparaître. Il ne reste autour de Louis que Thérèse et Céline, qui est alors promue maîtresse de maison à dix-sept ans et demi[A 19].
Début décembre 1886, Léonie est de retour : sept semaines de la dure vie des clarisses ont eu raison de sa bonne volonté. Pourtant, au printemps 1887, elle demande à son père l'autorisation d'entrer à la Visitation de Caen[A 20]. Le 1er mai 1887, Louis Martin subit une petite attaque qui le laisse paralysé du côté gauche pendant quelques heures. Mais l'intervention rapide de son beau-frère le tire d'affaire[A 21].
1887 est une année de profonde transformation pour Thérèse, après la grâce qu'elle a reçue à Noël 1886 et qui l'a fait sortir de l'enfance. La détermination à devenir carmélite grandit en elle, non pour retrouver Marie et Pauline, mais parce qu'elle se sent appelée par Jésus[A 22]. Le 2 juin 1887, jour de la Pentecôte, après avoir prié toute la journée, elle présente sa requête à son père, dans le jardin des Buissonnets. Louis objecte la jeunesse de sa fille, qui n'a pas encore quinze ans, mais il se laisse vite convaincre. Il ajoute que Dieu lui fait « un grand honneur de lui demander ainsi ses enfants »[A 23].
Mais il faut surmonter les difficultés et convaincre l'oncle Isidore, puis le chanoine Delatroëtte, supérieur du carmel. Celui-ci se révèle intraitable et Louis propose de rencontrer l'évêque, Mgr Hugonin. L'entrevue se passe bien, mais l'évêque remet sa décision à plus tard. Devant le profond désarroi de sa fille, Louis évoque un ultime recours auprès du pape. Il doit en effet participer en novembre 1887 à un pèlerinage à Rome, organisé à l'occasion du jubilé de Léon XIII. C'est aussi l'occasion d'un grand voyage comme les affectionne Louis. Il fait visiter Paris à ses cadettes Thérèse et Céline, puis c'est le trajet en train à travers la Suisse, l'arrivée en Italie où les visites s'enchainent : Milan, Venise, Bologne puis Rome[A 24]. Lors de l'audience papale tant attendue, le 20 novembre 1887, Thérèse se jette aux pieds du pape et l'implore de permettre son entrée au carmel. Léon XIII lui répond avec bienveillance mais aussi avec fermeté, qu'elle doit faire ce que les supérieurs diront et s'en remettre à la volonté de Dieu. Après l'échec de la démarche, la famille Martin regagne tristement Lisieux. Pourtant le 1er janvier 1888, veille des quinze ans de Thérèse, arrive par courrier l'accord de l'évêque[A 25].
L'entrée au carmel n'est prévue qu'en avril. Pour meubler l'attente de Thérèse, Louis Martin, toujours prêt à partir, lui propose un grand pèlerinage à Jérusalem. Mais il faudrait pour cela repousser la date d'entrée et Thérèse s'y refuse[A 26]. 9 avril 1888, c'est le jour du départ ; devant la porte, Louis bénit sa fille en pleurant. Le carmel de Lisieux abrite désormais trois de ses filles : Marie, Pauline et Thérèse. Le lendemain, il écrit à des amis : « Ma Petite Reine est entrée hier au Carmel. Dieu seul peut exiger un tel sacrifice, mais il m'aide si puissamment qu'au milieu de mes larmes, mon cœur surabonde de joie »[A 27].
La vieillesse
Depuis le voyage en Italie, Louis Martin a beaucoup vieilli. Céline écrit ainsi à sa jeune sœur : « Ce pauvre petit Père, il me semble maintenant si vieux, si usé. () J'ai le cœur déchiré, je me figure qu'il mourra bientôt ». Il commence en effet à souffrir d'artériosclérose, de crises d'urémie qui provoquent étourdissements et pertes de mémoire. Le 23 juin 1888, c'est l'inquiétude et l'incompréhension aux Buissonnets : M. Martin a disparu ! Le lendemain arrive un télégramme du Havre : Louis demande de l'argent sans laisser d'adresse. On le retrouve enfin au Havre, lucide mais poursuivi par l'idée de se retirer et de vivre en ermite. C'est un traumatisme pour toute la famille, et particulièrement pour Thérèse qui a choisi l'enfermement au carmel au moment où son père aurait besoin d'elle. Elle est blessée par les questions et les paroles maladroites de certaines sœurs. Les ragots les plus malveillants parviennent même à franchir la clôture du carmel : si Louis Martin est devenu « fou », n'est-ce pas dû au départ de ses filles en religion, surtout de la plus jeune qu'il aime tant [A 28]?
Louis alterne dès lors les périodes de lucidité et les rechutes. Sentant sa fin prochaine, il se montre généreux : il offre les 10 000 francs nécessaires à l'achat d'un maître-autel à la cathédrale de Lisieux, pour lequel une souscription avait été lancée. Il offrira la même somme au carmel en 1890, pour la profession de Thérèse[A 29].
Le 10 janvier 1889, jour de la prise d'habit de Thérèse, la santé de M. Martin est stable. Il peut descendre la nef au bras de sa fille, qui écrit : « Jamais il n'avait été plus beau, plus digne. Il fit l'admiration de tout le monde »[A 30]. Pourtant, un mois plus tard, c'est le drame. Lors d'une crise sévère, Louis s'imagine au milieu d'une bataille et s'empare de son revolver. Appelé en hâte, l'oncle Isidore parvient à désarmer son beau-frère. Le 12 février 1889, le médecin décide d'interner le malade à l'asile du Bon-Sauveur, à Caen. Il y restera trois ans, étonnant le personnel par sa gentillesse et sa docilité pendant ses longs moments de lucidité. Il accepte la situation avec courage et résignation : « Je sais pourquoi le bon Dieu m'a donné cette épreuve : je n'avais jamais eu d'humiliation pendant ma vie, il m'en fallait une »[A 31]. Thérèse partage douloureusement l'épreuve de son père. Elle avait toujours vu en lui l'image de Dieu, père bienveillant ; elle le reconnaît maintenant dans le Christ humilié, méprisé de tous. Elle médite longuement sur cette souffrance, étape importante sur son chemin spirituel[A 32].
En juin, Isidore Guérin, craignant que le malade ne dilapide son patrimoine, obtient de Louis un acte de renonciation à la gestion de ses biens. Le vieil homme, lucide ce jour-là, sanglote : « Ah ! Ce sont mes enfants qui m'abandonnent! ». À Noël 1889, le bail des Buissonnets est résilié, tandis que le carmel hérite de quelques meubles[A 33].
Le 24 septembre 1890, âgée de dix-sept ans et demi, sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus prononce ses vœux et devient définitivement carmélite. Ce jour de joie et d'aboutissement pour la jeune fille est également « tout entier voilé de larmes », tant elle pleure l'absence de son père[A 34].
Enfin, le 10 mai 1892, l'épreuve prend fin : Isidore ramène Louis de l'asile de Caen. Le vieillard peut rencontrer ses trois filles carmélites au parloir pour la première fois depuis quatre ans, ce sera aussi la dernière. Il est lucide, mais très amaigri et ne parle pas. On l'installe chez les Guérin, où Céline et Léonie, aidés d'une bonne et d'un domestique, s'occupent de lui car il ne marche plus[A 35]. Pendant l'été 1893, il est conduit au château de la Musse, une belle propriété campagnarde dont a hérité Isidore Guérin[A 36].
Mais la santé du vieil homme se détériore : le 27 mai 1894, il subit une violente attaque qui paralyse son bras gauche. Le 5 juin, il fait une crise cardiaque. Malgré son état, on le transporte à la Musse début juillet. C'est là qu'il meurt le 29 juillet 1894, en présence de sa fille Céline. Il est inhumé à Lisieux le 2 août. Le 14 septembre, Céline rejoint ses sœurs au carmel de Lisieux[A 37].
La famille Martin
De 1860 à 1873, Louis et Zélie Martin ont neuf enfants (sept filles et deux garçons) dont quatre meurent en bas âge. Leurs cinq filles deviennent toutes religieuses :
- Marie (22 février 1860 - 19 janvier 1940), en religion sœur Marie du Sacré-Cœur , carmélite à Lisieux.
- Pauline (7 septembre 1861 - 28 juillet 1951), en religion mère Agnès de Jésus, carmélite à Lisieux.
- Léonie (3 juin 1863 - 16 juin 1941), en religion sœur Françoise-Thérèse, visitandine à Caen.
- Céline (28 avril 1869 - 25 février 1959), en religion sœur Geneviève de la Sainte-Face, carmélite à Lisieux.
- Thérèse, (2 janvier 1873 - 30 septembre 1897), en religion sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, carmélite à Lisieux, canonisée en 1925.
Vénération et miracle
Si, lors des fêtes pour la canonisation de Thérèse le 17 mai 1925, le cardinal Antoine Vico souhaitait que la Congrégation pontificale des Rites s'intéresse à la vie des parents de la sainte, il fallut attendre 1941, date de la publication des lettres de Zélie, et 1946, date de la publication d'Histoire d'une famille par le Père Stéphane Piat, pour que l'évêque de Bayeux et Lisieux exprime publiquement à Monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII, son espoir de voir introduire la cause des parents Martin.
Le procès de Louis commence à Lisieux le 22 mars 1957 et est clôturé le 12 février 1960, tandis que celui de Zélie est instruit à Sées. Les deux causes sont réunies en 1971.
Le 26 mars 1994, le pape Jean Paul II signe les décrets d'héroïcité de leurs vertus et les proclame tous deux vénérables[2].
Le 10 juin 2003, l'archevêque de Milan, le cardinal Tettamanzi clôture le miracle attribué à l'intercession de Louis et Zélie Martin, pour la guérison subite et inexpliquée d'un enfant né le 25 mai 2002 avec de graves problèmes respiratoires, à Monza. Cette guérison est reconnue comme miraculeuse le 3 juillet 2008 par le Pape Benoît XVI, ouvrant la voie à la béatification.
Louis et Zélie Martin sont béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux. En déclarant Bienheureux Louis et Zélie Martin d'Alençon, l'Église offre à tous les couples de la terre un modèle montrant que le mariage et la vie de famille forment un chemin de sainteté aussi efficace que celui de la vie religieuse.
Contrairement à ce que l'on pourrait parfois penser, les époux Martin n'ont pas été déclarés Bienheureux pour le seul fait d'avoir avoir été les parents de Sainte Thérèse. Leur vie commune, vécue uniquement à Alençon, est un témoignage de sainteté qui se suffit à lui-même. Ainsi, en vivant d'une prière constante qu'ils partageaient en famille et en couple, en étant insérés dans la société alençonnaise et dans la vie professionnelle, ils eurent le souci des plus pauvres; pour Louis, au-travers de la conférence St Vincent de Paul ou le cercle Vital Romet, et pour Zélie, par l'attention qu'elle portait à chacune de ses ouvrières dentellières.
C'est le second couple béatifié, le premier, en 2001 concernait Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi.
- « L'union était remarquable dans cette famille, soit entre les époux, soit entre les parents et les enfants »[3].
- « Le Bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre »[4]
Bibliographie
- Hélène Mongin, Louis et Zélie Martin, les saints de l'ordinaire, préface de Monseigneur Lagoutte, Éd. de l'Emmanuel, Paris, 2008 (ISBN 978-2-35389-050-7).
- Jean Clapier, Louis et Zélie Martin - Une sainteté pour tous les temps, Paris, Editions Presses de la Renaissance, Paris, 2009.
- Père Stéphane-Joseph Piat, Histoire d'une famille, éditions Pierre Téqui, Paris.
- Correspondance familiale, Louis et Zélie Martin, 1863-1888, Éditions Le Cerf.
- Alice et Henri Quantin, Zélie et Louis Martin, les saints de l'escalier, Éditions le Cerf, 2004.
Notes et références
Notes
- ils reçoivent tous Marie comme premier prénom
- les deux garçons, Marie-Joseph et Marie-Jean-Baptiste, sont morts en bas âge
- XIXe siècle. En 1897, Thérèse, devenue sœur Thérèse au carmel de Lisieux, mourra à son tour de la tuberculose, véritable fléau à la fin du
- à la mort de sa mère, Thérèse avait choisi Pauline comme sa seconde maman
Références
- Principales sources utilisées
- Guy Gaucher, Histoire d'une vie : Thérèse Martin, Paris, Éditions du Cerf, 1982, rééd. 2002 (ISBN 2-204-06966-3)
- p. 245
- p. 8
- p. 9
- p. 10
- p. 10, 11
- p. 11
- p. 11 à 14
- p. 22
- p. 24, 25
- p. 26 à 29
- p. 30, 32
- p. 34-35
- p. 36
- p. 46
- p. 44
- p. 39 et 45
- p. 59, 60
- p. 60
- p. 62
- p. 64 et 72
- p. 73
- p. 64 à 66
- p. 72, 73
- p. 75 à 86
- p. 82 à 87
- p. 89
- p. 92, 93
- p. 100, 101
- p. 102, 103
- p. 105, 106
- p. 108 à 110
- p. 115, 116
- p. 110, 112
- p. 119
- p. 128
- p. 135
- p. 141, 142
- Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Éditions du Cerf / Desclée de Brouwer, 1992, rééd. 1997 (ISBN 2-204-04303-6)
- Autres sources
- Page Zélie Martin sur le site consacré aux parents de sainte Thérèse.
- Marie-Béatrice de Cerou - vie thérésienne N° 1960
- Citation de l'abbé Dumaine, vicaire à Notre-Dame d'Alençon
- Citation de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (LT 261)
Lien interne
Lien externe
- Maison de Louis et Zélie Martin d'Alençon
- Louis et Zélie Martin à Alençon
- Vidéo Kto: présentation de la vie de Louis et Zélie Martin d'Alençon
- Vidéo diocèse de Séez : la découverte de Louis et Zélie Martin d'Alençon par les lieux où ils ont vécu
- Vidéo JDS: Louis et Zélie Martin, un foyer d'Amour
- La famille de Sainte Thérèse
Catégories :- Bienheureux catholique
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