Vins belges

Vins belges

Viticulture en Belgique

Actuellement, la viticulture belge renaît, après avoir complètement disparu au XVIIIe siècle, lors du petit âge glaciaire.

Sommaire

Histoire de la viticulture en Belgique

La culture de la vigne en Belgique est apparue au Moyen Âge aux alentours du IXe siècle. Il est peu probable que la vigne fût présente auparavant car le climat n’était pas adapté et la Gaule était recouverte d’épaisses forêts, cependant au IVe siècle, les vignobles de Paris étaient mentionnés. À partir de cette époque, la vigne s’étendit vers le Nord et au VIIIe siècle, les bords du Rhin étaient recouverts de vignobles. Les premiers essais de viticulture en Belgique ont dû être réalisés au même moment. D’ailleurs, les vignobles étaient déjà bien implantés à Amay : le vignoble de Vivegnis, au Nord de Liège, était déjà réputé comme ancien au IXe siècle ainsi que le vignoble hutois qui appartenait en partie à l’évêque de Liège. Les bords de la Meuse étaient des lieux forts cultivés car ils présentaient des coteaux bien exposés.

Au XIVe siècle, chaque ville possédait son propre vignoble que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des murs d’enceinte. Toutes ces villes (Tournai, Louvain, Bruxelles, Bruges, Gand, Thuin, Hal, Dinant, Namur, Tongres, Huy, Liège) nous ont laissées des traces de leur vignoble grâce à certaines toponymies locales telles que Wijnberg, mont des vignes, Wijngaard, aux vignes, Vivegnis, Vinalmont…

Les premières personnes à avoir cultivé la vigne furent des moines car ils avaient besoin, pour leurs célébrations, d’une boisson pure et saine (c’est-à-dire une boisson qui ne risquait pas de contaminer les citoyens pas les eaux de pluies polluées) et le vin répondait à leurs attentes. C’est pourquoi les premiers vignobles étaient la propriété d’abbayes. Certaines mieux organisées en possédaient même loin de leur territoire. D’autre part la vigne était aussi cultivée par des particuliers et même par des seigneurs, comme les ducs de Bourgogne qui possédaient les vignobles de Bruxelles, Louvain, Aarschot, Namur et Mons.

Dès le XVe siècle, les conditions climatiques ont rendu cette culture plus difficile. Pour les climatologues, cette période est appelée « petite ère glaciaire ». Certains vignobles ont survécu jusqu’au XVIIe siècle grâce à un microclimat favorable.

À cette même époque, les techniques de fabrication et, suite à l’addition du houblon, la conservation de la bière se sont améliorées : la bière a doucement pris le dessus en tant que boisson bactériologiquement saine et a supplanté le vin. Auparavant, tout le monde avait un jardin qui fournissait les légumes nécessaires à la vie quotidienne. Mais la population des villes augmentait tellement que les jardins furent supprimés afin d’y bâtir des habitations. Dès lors, les cultures maraîchères (champs d’orge, légumes…) remplacèrent peu à peu les vignobles.

La situation de la Belgique est la situation d’une période climatique, d’ailleurs l’Angleterre a suivi la même évolution : un pays riche en vignobles au Moyen Âge qui, à la Renaissance, s’est transformé en pays de l’ale (bière).

La disparition des vignes n’est pas due aux actes de guerre comme ceux de Louis XIV ou aux traités de Napoléon ainsi que certains historiens l’ont écrit. Une étude menée sur les archives de Huy est claire à propos du maintien des vignes pendant le siège de la ville par les troupes de Louis XIV. En réalité, la disparition des vignobles belges est due — outre la modification du climat — à l’amélioration des voies de communications, qui ont rendu la Belgique plus accessible aux vins français, allemands et espagnols contre lesquels les vins locaux ne pouvaient être comparés ni en valeur, ni en qualité, ni en bouquet, mais aussi à l’industrialisation des anciennes zones viticoles et à l’extension des cultures maraîchères qui remplacèrent les vignobles.

Au XIXe siècle, la vigne a presque entièrement disparu des régions septentrionales. Plusieurs tentatives de reconstruction ont été menées mais ont échoué. Le Clos Bois Marie de Huy est d’ailleurs le seul vignoble belge qui peut s'enorgueillir d’exister depuis plus de 1000 ans avec une seule interruption de 1940 à 1963. Quelques autres vignobles se sont difficilement maintenus en bord de Meuse jusque dans les années vingt.

Cependant, dans les années soixante, à Huy et à Borgloon, deux vignerons, qui ne se connaissaient pas, plantèrent leurs premiers ceps de vignes en 1962. Charles Legot, influencé par ses amis de Bourgogne, planta des pinots et fit renaître le Clos Bois Marie alors que Jan Bellefroid se tourna vers des vignobles allemands (Müller-Thurgau ou Rivaner). À Huy, Constant Seba suivit les pas de Legot et ainsi de suite. De nombreux vignobles se mirent ainsi à renaître. Ce mouvement prit de plus en plus d’ampleur et de plus en plus de vignerons plantèrent de petits vignobles au moyen de plants dits hybrides ou interspécifiques, résistants aux maladies mais difficiles à vinifier. Dans les années septante, le renouveau viticole gagne la Flandre et les Pays-Bas avec les cépages blancs allemands. Des producteurs de fruits remplacèrent leurs arbres fruitiers par des vignes, de sorte que dans le Hageland (autour de Louvain), une région viticole s’est recréée et a décroché en 1997 la première AOC belge : Hagelandse Wijn. En 2000, la Hesbaye flamande a suivi avec l’AOC Haspengouwse Wijn et en 2004, ce sont les Wallons qui ont obtenu l’AOC Côtes de Sambre-et-Meuse.

Viticultures de type folklorique

Cette volonté de recréer le vignoble belge est due à différents facteurs.

Tout d’abord, il y a un facteur historique qui vise à remettre à jour un ancien goût de terroir afin de retrouver ses racines. C’est surtout le cas des vignobles replantés à l’identique sur des anciens sites abbatiaux tels que Villers-la-Ville ou l’abbaye Saint-Denis (près de Soignies).

Ensuite et souvent, c’est un facteur amical. Des amateurs de vin, souvent chapeautés par une ASBL, s’investissent énormément dans la création et l’entretien d’un vignoble. Les membres achètent du matériel et organisent des activités toujours dans une ambiance de camaraderie.

Enfin et plus rarement vient le facteur pédagogique ou altruiste avec, par exemple, le vin de terril de Trazegnies dont les fonds recueillis sont versés à une ASBL qui restaure le château de Trazegnies.

Le vignoble de l’abbaye de Villers-en-Brabant

À Villers-la-Ville, la confrérie du vignoble de l’abbaye de Villers-en-Brébant entreprend la réhabilitation du vignoble intra-muros depuis 1990. Étant une ASBL, leur seul but est de faire revivre l’ancien vignoble de l’abbaye, en respectant sévèrement la disposition des lieux telle que les moines l’avaient conçue et, bien sûr, de créer une joie pour les membres de cette confrérie.

Ce vignoble compte une vingtaine d’ares, répartis sur cinq terrasses contenant approximativement 570 ceps. Il jouit d’une bonne exposition sud-ouest et est à l’abri des vents froids car il est disposé dans un véritable clos. Son sol est limoneux et sablonneux. L’ampélographie — c’est-à-dire le choix des cépages — s’est dirigée vers des hybrides rouges (le Léon Millot d’origine lorraine) et blancs (le Sirius et Phoenix d’origine allemande et Bianca d’origine hongroise).

Le vignoble d’Herlaimont (Terril n°7) de Trazegnies

En 1968, François Dubois, sylviculteur et propriétaire du terril no 7, démontre que les terrils ne sont pas stériles en y plantant toutes sortes d’arbres. Devant le succès rencontré, il planta, en 1972, 12 ares de vignes, pour les doubler en 1973 et atteindre 1 ha (3000 pieds) en 1974.

L’ampélographie de ce vignoble, selon les souhaits de François Dubois, s’est tournée vers des cépages nobles.

Le vignoble comprend 3000 pieds dont 800 pinot noir, 600 riesling et 800 Müller-Thurgau. Le reste est réparti dans les autres cépages (pinot gris, chardonnay, gamay et quelques hybrides : Léon Millot et Seyval). Actuellement, le vignoble produit 1000 à 2000 bouteilles par an de vin de qualité agréable et qui a surtout le mérite d’être authentique.

Les vins Château de Trazegnies ont déjà remporté de belles distinctions :

  • au Megavino 1996, le Château de Trazegnies Müller-Thurgau 94 a été primé avec 5 autres vins sélectionnés sur 29 présentés.
  • au Megavino 1997, le Château de Trazegnies Müller-Thurgau 96 a reçu la 13e place sur 43 vins présentés.

Les raisons de ce succès reposent sur quatre données :

  • les schistes carbonifères des terrils contiennent des éléments nécessaires à la végétation. La vigne s’accommode parfaitement avec des terres maigres et acides ;
  • le principe selon lequel le sol du terril, de couleur foncée, constitue un capteur solaire efficace. Les schistes sont donc des accumulateurs de chaleur qui donnent à la vigne un système naturel d’accumulation de chaleur ;
  • le sol est caillouteux et ne retient qu’une faible quantité d’humidité par rapport aux sols argileux et limoneux, ce qui permet également à la vigne de plonger dans le sol meuble et bien aéré ;
  • les cépages ont été choisis selon les critères d’adaptation de notre climat.

À sa mort, François Dubois a légué le vignoble à une fondation dont les revenus sont destinés à l’ASBL Les Amis du Château de Trazegnies, qui a la charge d’entretenir et de restaurer ce monument classé.

Confrérie du Clos du Maillon

A Gilly, 630 plants de vigne ont été plantés par les résidents du « Maillon », une maison d’hébergement pour personnes handicapées mentales. Ce sont des vignerons qui supervisent le projet, né d’une amitié franco-belge et d’une remarquable idée de solidarité. Le Président d’Honneur du Clos du Maillon n’est autre que le Bourgmestre de Charleroi. Les éventuels revenus serviront à terme à financer une salle polyvalente pour les activités récréatives des résidents du « Maillon ».

Il existe évidemment de nombreuses autres viticultures de ce type. Ceux-ci servent d'exemple.

Viticultures sérieuses

Appellation d’origine contrôlée (AOC)

L’appellation d’origine contrôlée confère à une production viticole une notoriété et une plus grande crédibilité auprès des consommateurs. Ce principe valorisant à tout point de vue est la base de la politique et de la réglementation viticole de l’Union Européenne.

La notion de terroir qui englobe non seulement le sol mais le microclimat et les facteurs sociaux tels que les méthodes de culture, la vinification, etc. justifiait, tant sur le plan économique et commercial que touristique, de doter la production wallonne d’une A.O.C.

En 1996, la Région flamande a décroché la première A.O.C. belge « Hagelandsewijn » pour les 30 producteurs de cette région du Brabant flamand qui avoisine Aarschot et Louvain. Encore en Région flamande, en 1999, c’est l’appellation « Haspengouwsewijn » couvrant une partie du Limbourg dans les environs de Riemst qui est crée.

Le 27 mai 2004, le ministre José Happart signe le décret de la Région Wallonne officialisant la nouvelle AOC Côtes ou Coteaux de Sambre et Meuse et la dénomination géographique Vin de Pays des Jardins de Wallonie.

Toute l’étude et la rédaction des textes règlementaires ainsi que les procédures d’agréments pour toutes ces appellations ont été réalisées par la Fédération belge des vins et spiritueux.

Initiatives sérieuses

Quoiqu'en veille depuis plusieurs siècles, la culture de la vigne en Belgique n'est pas récente et depuis quelques années, on assiste à un regain d'intérêt pour le vignoble belge. Certains viticulteurs réalisent d'ailleurs une production remarquable.

Voici un liste de quelques vignobles par ordre d'importance et de qualité. Il y a le château Genoels-Elderen de Tongres qui cultive près d'une dizaine d'hectares. Non loin derrière, le vignoble des Agaises à Haulchin, le domaine du Chenoy près de Namur, et le vin bio Hageling à Tienen. On produit à plusieurs endroits en Flandre du mousseux à base de chardonnay tel le Meerdael. En Wallonie, on trouve même du vin de fruit comme celui de Roisin. Tous ces vins sont de qualité respectable et proposent des prix raisonnables pour la plupart, soit moins de 10 € la bouteille. Les vins belges sont encore loin de prétendre à des prix avoisinant ceux du champagne, bien que le "Seigneur Ruffus" des Agaises, un chardonnay mousseux, ait obtenu une belle médaille d'argent au concours international de Lisbonne en 2005.

Par ailleurs, de plus en plus d'associations se mettent à promouvoir le secteur du vin en Belgique. L'une d'entre elles est l'Oenokot, un "kot à projet" de l’Université catholique de Louvain(-la-Neuve) qui regroupe une dizaine d'étudiants de tous bords. Pour la troisième année consécutive, ils organisent un foire aux vins belges. Cette foire réunit des produits aussi variés par leur origine (Flandre et Wallonie) que par leur nature (vin, vin de fruit, maitrank). Une autre association propose également un site internet intéressant et plus ciblé sur les cépages cultivés en Belgique ainsi que les techniques d'élaboration du vin ([1]).

Quelques vignobles:

  • Château Bon Baron [1]
  • Vignoble de l'abbaye de Saint-Denis

Bibliographie

  • KESSE Guillaume, TFE "Les vins en Belgique", 2006, 28 p.

Livre

  • HALKIN J., Réédition de Étude historique sur la culture de la vigne en Belgique, 22 novembre 2005, 160 p.
  • BOSCHMAN Eric, VAN DE SOMPEL Kris, VANEL Marc, Vignobles de Belgique, mars 2009, 172 p., Racine, Bruxelles et Belgische Wijngaarden chez Lannoo.

Articles

  • MORRISON F., L’Aube des Vins Belges in GaultMillau, septembre/Octobre 2005, p. 108-p. 109.
  • JORIS M., Insolite in Gael, septembre 2005, p. 215-p. 218.
  • BOSCHMAN E., 13 vins belges in Gael, octobre 2005, p. 166-p. 170.
  • Catégorie Belgique in Le Guide des Vins LE SOIR, 202-208.
  • G.T., Près de 150 bénévoles au vignoble in La Province, p. 7. 2005

Internet

Notes

Liens

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