Aubusson (Orne)

Aubusson (Orne)
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Aubusson.

48° 47′ 06″ N 0° 33′ 05″ W / 48.785, -0.551388888889

Aubusson
La mairie
La mairie
Armoiries
Administration
Pays France
Région Basse-Normandie
Département Orne
Arrondissement Argentan
Canton Flers-Nord
Code commune 61011
Code postal 61100
Maire
Mandat en cours
Pierre Salles
2008-2014
Intercommunalité Communauté d'agglomération du Pays de Flers
Démographie
Population 408 hab. (2008)
Densité 105 hab./km²
Gentilé Aubussonnais
Géographie
Coordonnées 48° 47′ 06″ Nord
       0° 33′ 05″ Ouest
/ 48.785, -0.551388888889
Altitudes mini. 168 mmaxi. 272 m
Superficie 3,90 km2

Voir la carte physique

Voir la carte administrative

Aubusson est une commune française, située dans le département de l'Orne et la région Basse-Normandie, peuplée de 408 habitants[1] (les Aubussonnais).

Sommaire

Géographie

Située au cœur du Bocage normand et touchant aux confins méridionaux de la Suisse normande, Aubusson est une commune de forme oblongue et grossièrement pentagonale qui sétend modestement sur 3,90 km². Dest en ouest, sa plus grande largeur, sur le parallèle de latitude 48° 4650N, approche 1,6 km, alors que la distance séparant les extrémités septentrionale et méridionalecelle-ci étant sur le méridien de longitude 0° 3232Wne dépasse guère les 3,6 km.

Ces deux extrémités constituent des points remarquables du territoire aubussonnais. Au nord, à la confluence du ruisseau de la Gosselinière et de la Vère, il sagit du point coté le plus bas relevé dans la commune (167 m daltitude). est aussi le point de jonction entre Aubusson, Montilly-sur-Noireau et Athis-de-lOrne. Au sud, sur la route départementale 25 joignant Flers à Athis-de-lOrne et à l'emplacement de l'échangeur de la Trigale, sur la limite entre Aubusson et Flers, se trouve a contrario le point culminant de la commune (272 m daltitude).

Un relief accidenté

En quelques kilomètres seulement, la dénivellation est dune centaine de mètres. Le relief dAubusson est donc accidenté, mouvementé. Une forte proportion du territoire (environ 20 %) présente en effet des pentes supérieures à 10 % et la déclivité atteint même 30 % au nord. Ainsi passe-t-on de 173 m au Pont de Vèrelieu le ruisseau dAubusson qui marque la limite entre Aubusson et Saint-Georges-des-Groseillers se jette dans la Vèreà 248 m au centre-bourg dAubusson, soit un dénivellement de 75 m alors que la distance à vol doiseau nest que de 1 100 m.

Une légère planéité existe toutefois dans la partie sommitale de la commune, suivant une ligne de crête de direction nord-sud qui offre une magnifique vue sur le bocage d se détachent dautres éminences comme le proche mont de Cerisy ou le plus lointain mont Pinçon, point culminant du Calvados. La topographie aubussonnaise trouve son explication dans lhistoire géologique de la région. La totalité du sous-sol dAubusson est constitué de cornéennes, roches massives et très dures, mais sa bordure orientale, coule le ruisseau de la Gosselinière, est au contact du massif granitique dAthis.

En termes géologiques, le territoire dAubusson est donc inscrit dans lauréole de métamorphisme du granite dAthis. La dureté des cornéennes explique ainsi la situation haute de la commune et ses fortes pentes. En effet, plus on séloigne vers louest du granite, moins les schistes ont été affectés par celui-ci, moins ils sont durs ; et les rochers les plus tendres se sont donc érodés plus rapidement.

Des sols peu épais

Dune manière générale, les sols sur cornéennes sont très pierreux et peu épais. À Aubusson, sur le plateau et les fortes pentes, ils ne dépassent pas les 30 cm. Cette faible profondeur, la texture, la nature de la roche sous-jacente et la pente sont de plus à lorigine dune circulation rapide et latérale de leau. Le lessivage est donc intense et les sols dAubusson sont très sensibles à lérosion et à la sécheresse.

Mais la pluviométrie est assez abondante (environ 900 mm annuels[3]) et bien répartie sur toute lannée alors que les températures sont faibles en hiver, d de nombreux jours de gelées, et restent fraîches au printemps. Le climat aubussonnais est donc un climat océanique teinté, en raison de laltitude, de sévérité, et la longueur de lhiver y est peu propice à une reprise rapide de la végétation. La vocation des sols dAubusson est la forêt et la prairie, et la formation végétale de ce territoire fut longtemps climacique.

Histoire

De la seigneurie de Gasprée à la baronnie de Flers

Lors de lapogée de la féodalité, le territoire dAubusson faisait partie, au sein du duché de Normandie, de la seigneurie de Gasprée dont le « château », à la limite de Saint-Georges-des-Groseillers et de Flers, se situait en bordure de la Vère et à proximité de son voisin flérien. Le moulin banal de ce fief de Gasprée, les habitants de la seigneurie étaient tenus de faire moudre leurs grains, était localisé sur le cours du ruisseau dAubusson en un lieu qui sappelle toujours le Moulin dAubusson. Sintégrant aux terroirs environnants, Aubusson, avec une église dédiée à saint Céneri, oublia donc, à lépoque le duché de Normandie fut conquis par le roi de France Philippe Auguste (1204), lappellation en mesnil pour ne conserver que le nom Aubusson qui avait fixé le premier habitat de la paroisse.

Vers 1300, Robert de Fonteines, chevalier et seigneur de Gasprée, fit rédiger un censier recensant les redevances quil percevait des tenanciers et paysans de son fief. Ce document permet de connaître les familles qui peuplaient alors la paroisse dAubusson (du Coudray, Le Corps, Bâtard, Blanchard, Guermont, Sasnes, Maillard, Le Veel…) et dont certaines, alors que se poursuivaient les défrichements, donnèrent naissance à des hameaux comme ceux de la Guermondière, la Laissanterie, la Maillardière ou la Villière. Ces Aubussonnais de la fin du XIIIe siècle devaient donc payer à leur seigneur des redevances en nature ou en argent, mais aussi effectuer des corvées sur la réserve du seigneur et, en cas de nécessité, réparer le moulin banal dAubusson. Le plus taxé dentre eux, Jehan du Coudray, était astreint à faire les foins, couper les grains et les transporter à la grange seigneuriale, nettoyer les étables et épandre le fumier dans les champs du seigneur, fournir le bois de chauffe et doutillage, voire le charroyer jusquà la résidence seigneuriale sise à La Chapelle-Biche, acheminer également la farine du moulin au four seigneurial

Lexpansion du peuplement aubussonnais constatée lors de ces beaux siècles (XIe-XIIIe) du Moyen Âge fut toutefois interrompue au XIVe siècle à la suitealors que sinstallait un climat froid et humidedune grave crise économique dorigine agricole, de la terrible et meurtrière peste noire qui atteignit la Normandie en juillet 1348, et des ravages liés à la guerre de Cent Ans. Vers 1400, Aubusson ne comptait plus que 16 feux ; vers 1500, 18, soit moins dune centaine dhabitants. De plus, durant ce siècle de léthargie démographique, la paroisse avait connu, comme la Normandie et plusieurs autres provinces du royaume, loccupation anglaise. Celle-ci dura ainsi trois décennies (années 1420, 1430 et 1440).

La renaissance dAubusson se produisit au début du XVIe siècle, époque Guillaume de Grosparmy incorpora, en 1521, à la baronnie de Flers la seigneurie de Gasprée et dAubusson. En un tiers de siècle, Aubusson gagna en effet une cinquantaine dhabitants, dépassant ainsi les 150 âmes. La grande majorité étaient des paysans mais il y avait parmi eux, outre le meunier du Moulin dAubusson, quelques artisans et notamment des charpentiers.

Un destin lié, de la Renaissance à la Révolution, à la « terre de Flers »

Jusquà la Révolution, Aubusson fit donc partie de la baronnie de Flers qui comprenait également les paroisses de Flers, Saint-Georges-des-Groseillers, La Chapelle-Biche, La Chapelle-au-Moine, Saint-Clair-de-Halouze et limportante forêt de Halouze une grosse forge, mue par eau, produisait par jour plusieurs milliers de livres de ferdes Aubussonnais y travaillèrentet procurait ainsi au seigneur de substantiels revenus. Aubusson eut donc pendant plus de deux siècles et demi les mêmes baronspuis comtes à partir de 1598que Flers : les Grosparmy, puis Pellevé et enfin La Motte-Ango. Ceux-ci avaient le droit de présentation au bénéfice-cure de Saint-Célerin (Céneri) dAubusson, la collation étant accordée au nouveau curé de la paroisse par lévêque de Bayeux.

Sous lAncien Régime, la baronnie de Flers relevait en effet au religieux, du diocèse de Bayeux et du doyenné de Condé-sur-Noireau, et au civil, de la généralité de Caen et de lélection de Vire. Proche de Sainte-Honorine-la-Chardonne et voisine dAthis et Montilly-sur-Noireau, Aubusson compta cependant quelques protestants parmi ses habitants au XVIIe siècle, mais ils furent contraints dabjurer et renoncèrent à la « religion prétendue réformée ».

De quelque 150 habitants vers 1530, la population aubussonnaise passa à 300 vers 1730 et à 340 à la veille de la Révolution. Les faibles potentialités agricoles du terroir aubussonnais ne pouvaient supporter un tel poids démographique. Limitrophe dAthis, un des foyers originels du domestic system (travail au domicile) des activités textiles (filature et tissage), Aubusson comptait alors sur son sol de nombreux toiliers. Vers 1700, ils représentaient plus des deux tiers des chefs de famille de la paroisse. De nombreux métiers à bras étaient donc actionnés dans les celliers des masures aubussonnaises et les toiles, de chanvre ou de lin, étaient écoulées dans la région par des marchands-fabricants habitant les gros bourgs voisins.

La vie était néanmoins rude et incertaine sous la monarchie absolue pour ces toiliers, laboureurs, journaliers et autres artisans dAubusson. Le 1er mars 1789, loccasion leur fut donnée den faire état à travers la rédaction du cahier des plaintes et doléances des habitants dAubusson, paroisse, en vertu dune très récente réforme, de larrondissement de Condé-sur-Noireau et du département de Vire. Sous la direction de leur première municipalité élue en septembre 1787 et installée en mai 1788, les chefs de famille dAubusson présentèrent deux revendications majeures à lattention du roi : la réduction des lourdes impositions royales et une voie Condé-sur-Noireau - Flers viabilisée mais passant en marge de leur territoire pour navoir quun pont à édifier sur la seule Vère.

Pour justifier le premier point, les Aubussonnais évoquèrent la médiocrité de leur terroir - avec des espaces importants en bruyères, de longues jachères, le recours nécessaire aux engrais - la destruction desmauvais bleds” (seigle, sarrasin) tant par les bêtes sauvages (sangliers, cervidés) - le bois de Flers est proche - que par les mans (vers blancs de hanneton), le chômage qui atteint souvent les nombreux tisserands et que le curé ne peut guère secourir en raison de la faiblesse du revenu de son bénéfice, et le fait que les meilleures parcelles soient possédées ou exploitées par des horsains qui nacquittaient pas la taille dans la paroisse. Quant à laxe Condé-sur-Noireau - Flers, vital pour la majeure partie du territoire dAubusson car il en constitue le seul débouché, ils réclamaient son aménagement avec un Pont de Vère praticable en hiver.

Une commune modérée durant la décennie révolutionnaire

Ce 1er mars 1789, les Aubussonnais élurent aussi leurs deux délégués chargés de se rendre, munis du cahier de doléances, à Vire le 5 mars suivant afin de participer à lassemblée de lélection de Vire devant réunir en un seul les cahiers de doléances et désigner les représentants de lélection ayant mandat délire, à Caen, les six députés du tiers état de la généralité. Deux des membres de la municipalité, Michel Cailly et Charles Callais, furent donc délégués. La Révolution était engagée et les premières mesures, notamment labolition des privilèges dans la nuit du 4 août, durent satisfaire les pauvres roturiers dAubusson.

Les membres de lAssemblée constituante entreprirent bien vite une profonde réorganisation des structures administratives. La commune dAubusson se trouva ainsi intégrée au canton de Flers (sa première section comprenant, outre Aubusson et Flers, Saint-Georges-des-Groseillers, La Lande-Patry et La Selle-la-Forge), lui-même subdivision du district de Domfront, un des 6 districts du département de lOrne. Pendant des siècles, la paroisse dAubusson avait été tournée vers Caen et Bayeux, désormais elle devait regarder vers Alençon et Séez.

Au début de 1790, les citoyens « actifs » (électeurs) dAubusson procédèrent à lélection de leur premier maire. Le laboureur Michel Cailly, de 1790 à 1792, le marchand Jean Blin, de 1792 à 1795, le laboureur Richard Gauquelin, en 1795, remplirent ainsi successivement cette fonction. Outre la mise en place de la nouvelle fiscalité et le maintien de la bonne police, le premier dentre eux eut à gérer la délicate question religieuse. Curé dAubusson depuis 1782, maître Gilles Fouquet refusa en effet de prêter le serment pur et simple de fidélité à la Constitution civile du clergé. Privé de sa cure en 1791, il sexila à Jersey il mourut. Le deuxième, sous la République, eut à appliquer de difficiles mesures en raison du contexte de guerre : réquisitions de volontaires pour défendre la patrie en danger, de chevaux et déquipements, perquisitions pour livrer les grains dissimulésEn raison de la déchristianisation qui obligea le curé constitutionnel Pierre Onfroy à cesser ses fonctions curiales en 1794, il dut aussi procéder à la fermeture du lieu de culte. Quant au troisième maire dAubusson, il dut poursuivre réquisitions et perquisitions et ce fut lui qui procéda à linventaire du mobilier et des ornements de la « ci-devant église » en 1795.

La première guerre civile de la chouannerie éclata alors entre les Blancs, conduits par Louis de Frotté et le taillandier de Saint-Jean-des-Bois Michelot Moulin, et les Bleus dont le leader dans la région était le Carneillais Charles Bertrand lHodiesnière, lancien conventionnel régicide. Aubusson néchappa pas à ce cruel conflit puisquun de ses habitants, le maréchal-ferrant François Madeleine, fut fusillé, suite à lengagement de son fils dans les bandes de chouans, par les Républicains en 1796.

Les volontaires pour exercer les fonctions municipales nétaient pas, dans ce contexte, nombreux. Aussi la Convention thermidorienne supprima-t-elle les municipalités des communes de moins de 5 000 habitants pour les remplacer par des municipalités de canton siégeait, pour chacune des communes, un agent communal élu par les citoyens. Aubusson désigna le tisserand Charles Callais qui, après plusieurs semaines dhésitations, accepta finalement, et il siégea à La Carneillele chef-lieu de canton y ayant été transféré à la fin de 1793 en raison de lesprit contre-révolutionnaire qui régnait à Flersde 1796 à 1800.

À limage de Charles Callais, Aubusson fit preuve au cours de cette décennie révolutionnaire dune grande prudence, se démarquant ainsi à la fois des communes suspectes de menées contre-révolutionnaires - les chouans y furent souvent fort actifs - Flers, La Lande-Patry, Saint-Georges-des-Groseillers et La Selle-la-Forge, et des communes patriotes de La Carneille, Durcet, Landigou, Ronfeugerai, Sainte-Opportune et Les Tourailles. Cette attitude valut à Aubusson de bénéficier de la bienveillance de ladministration départementale. Ainsi en 1791 cette dernière proposa-t-elle de réunir Saint-Georges-des-Groseillers à Aubusson ; ainsi en 1796, alors quelle ne disposait que de huit instituteurs pour les onze communes du canton, laissa-t-elle en poste à Aubusson Jean Jouenne, maître décole en ce lieu depuis 1780, et priva-t-elle denseignant les frondeuses La Lande-Patry, Saint-Georges-des-Groseillers et La Selle-la-Forge pourtant plus peuplées.

Un « monde plein » lors de la première moitié du XIXe siècle grâce à lartisanat textile à domicile

Aubusson connut cependant une forte expansion démographique lors de la phase révolutionnaire passant de 350 habitants en 1790 à plus de 410 en 1800, cela grâce à un fort accroissement naturel. Malgré lamorce dun exode rural à compter du milieu des années 1830 — au profit dun pôle flérien en forte émergence — la croissance se poursuivit à un rythme soutenu pendant un bon quart de siècle, leffectif aubussonnais dépassant les 500 habitants à la fin des années 1820, les 600 vers 1835, cette apogée se prolongeant jusquau début des années 1840. La densité excédait alors les 150 habitants au km2. Aubusson était alors « un monde plein ».

Le contrôleur des contributions directes chargé de diriger les opérations de létablissement du cadastre « napoléonien » en 1830 et le maire Pierre Chauvin expliquèrent remarquablement pourquoi la pauvre commune dAubusson ne pouvait supporter une telle population :

« En déduisant les prés et les bois, le sol qui reste en plants fruitiers et en labours ne suffirait pas à lentretien de la population, du moins pendant une partie de lannée (...). Les fermiers sont pris souvent dans la classe des prolétaires qui se trouvent dans la nécessité de se loger à nimporte quel prix. Loccupation continuelle dune partie considérable des habitants est celle de la fabrication des toiles dites coutils pour le compte des négociants de Flers, et ils trouvent dans ce travail la ressource que létendue et la qualité du sol dAubusson ne pourraient leur donner »

.

Vers 1850, 130 chefs de famille aubussonnais exerçaient lactivité de tisserand à domicile et possédaient pour la plupart un courtil ou quelques parcelles permettant une agriculture dautosubsistance dans le cadre, avec leurs voisins laboureurs, dune alliance du métier à tisser et de la charrue. Nétant pas astreint à la tyrannie de lhorloge, le tisserand aidait le cultivateur lors des gros travaux annuels et, en contrepartie, le laboureur prêtait ses animaux de trait et ses instruments aratoires pour travailler le petit lopin de louvrier de la fabrique dispersée.

Quelques marchands-fabricants — certains furent portés à la tête de la commune — demeuraient aussi sur le sol dAubusson, fournissant le fil — notamment de coton importé dans le Bocage à partir des années 1820 et produit par les filatures installées sur le Noireau et sur la Vère — à leurs voisins tisserands et assurant la commercialisation des coutils et autres pièces tissées. Pierre Vardon, cinquième maire de la commune (1813-1815), fut lun de ces innovateurs ingénieux qui développèrent la fabrique dispersée de Flers. Cet habile fabricant aubussonnais tissa vers 1800 des coutils imitant la feuille de fougère. Mais après le cambriolage de son cellier, le procédé, qui lui avait beaucoup rapporté, se diffusa à lensemble de la fabrique.

Bonaparte ayant rétabli les municipalités communales et donc la fonction de maire — toutefois placé sous la tutelle du préfet institué en 1800 — Charles Callais fut auparavant à la tête de la commune dAubusson (1800-1813). La défaite de Waterloo ayant entrainé un changement de régime, son successeur Pierre Vardon dut céder la place de maire au laboureur Pierre Duhazé (1815-1829). Quittant Aubusson pour Saint-Georges-des-Groseillers, celui-ci fut remplacé par un autre cultivateur, Pierre Chauvin (1829-1846) qui transmit le flambeau à un de ses amis tisserands, Pierre Gauquelin (1846-1848), tous étant bien entendu nommés par le préfet de lOrne.

À la suite de la pacification religieuse instaurée par Bonaparte, ces cinq maires dAubusson assumèrent les conséquences du rétablissement du culte catholique dans leur commune. Un desservant fut en effet nommé en 1802 à la cure dAubusson à charge pour la municipalité de réparer léglise, abandonnée pendant huit ans, et de fournir au prêtre un logement décent. Léglise Saint-Céneri dAubusson, en appareil de grès et de granit, avait été édifiée un bon siècle auparavant. Deux statues en bois peint représentant saint Céneri et saint Denis — elles ont été inscrites en 1972 à un registre départemental des Antiquités et objets dart alors que léglise figure dans lInventaire départemental des églises « dignes dintérêt » — ont aussi été datées du XVIIe siècle.

Pendant toute la première moitié du XIXe siècle, léglise fut donc lobjet de lattention des municipalités successives. Celle de Pierre Vardon reconstitua lameublement et fit lacquisition dornements ; celle de Pierre Chauvin contraignit, au début des années 1830, le conseil de fabrique, qui avait entrepris en 1827 des travaux malvenus, à financer pratiquement la réédification de lédifice. Après bien des avatars, le maire dut cependant prendre la direction des opérations de réhabilitation de léglise en 1838, faisant appel aux paroissiens en guise de main-dœuvre.

Sur les conseils et plans de lingénieur-voyer de Domfront, la nef fut consolidée et deux chapelles latérales furent rajoutées donnant ainsi à lédifice la forme dune croix latine. La fabrique ayant épuisé ses fonds, une subvention de lÉtat, une participation de la commune, des dons des fidèles permirent, en 1842, avec le pavage du chœur, de la nef et des chapelles, et la rénovation du maître-autel, lachèvement des travaux. Une seconde cloche — la première datant de 1818 — fut enfin installée dans le petit clocher situé au-dessus du porche, sous la municipalité Gauquelin, soit en 1847.

Quant au logement du desservant, la commune dut, dans un premier temps, le louer car le presbytère avait été mis en vente en 1796 comme bien national. Mais, en 1822, la commune le racheta à son propriétaire dalors ; le maire Pierre Duhazé avançant sur ses fonds propres la somme nécessaire, à charge pour la communauté aubussonnaise de le rembourser en huit annuités. Le bâtiment nétait cependant pas en bon état et, dès 1824, durgentes réparations furent engagées, financées à la fois par la commune et par les paroissiens. En 1835, après une tempête ayant enlevé une partie de la toîture, la municipalité Chauvin fit couvrir le presbytère en ardoises, ce matériau étant jugé plus durable et moins dangereux que la paille jusque- utilisée. Pendant quelques années, le desservant dAubusson logea donc dans la plus belle maison de la commune.

Autre réalisation municipale importante faite sous la monarchie de Juillet, la première école fut construite dans le bourg dAubusson, entre le presbytère et la voie conduisant au pont de Vère, de 1836 à 1839. Prévue pour accueillir cinquante-six élèves des deux sexes, loger linstituteur et abriter la mairie, elle fut mise en péril par de violentes tempêtes dès janvier 1840 et mars 1842. Alors que la classe ne possédait ni poêle pour chauffer en hiver, ni lieux daisance — ces lacunes ne furent palliées quen 1845 — le bâtiment fut, comme le presbytère voisin, endommagé par la fureur des vents. Cette école fut par ailleurs vite saturée, une centaine denfants dAubusson et des environs immédiats étant en effet dâge scolaire. Dès 1843, fut en conséquence prise la décision de scolariser les garçons le matin et les filles laprès-midi.

Dans un autre domaine, Bonaparte avait décrété le recours aux corvées pour doter le pays de voies de communication permettant dassurer les déplacements des hommes et des marchandises et déviter ainsi, comme au temps de la chouannerie, les possibilités de guérilla. Durant les années 1800 et 1810, les Aubussonnais furent donc contraints de participer à louverture de la route Tinchebray - Condé-sur-Noireau qui ne leur était daucune utilité, d des récriminations de leur part. Lors de la suppression du canton de La Carneille, en 1801, Aubusson avait été de fait bizarrement rattachée au canton de Tinchebray alors que Flers et ses autres voisines, Ronfeugerai mise à part, dépendaient de Saint-Gervais-de-Messei. Cela expliquait donc lobligation de concourir au désenclavement de Tinchebray, chef-lieu les Aubussonnais devaient se rendre pour les affaires relevant de la justice de paix et lenregistrement.

Les édiles dAubusson réclamèrent avec insistance pendant un quart de siècle, dabord leur rattachement au canton dAthis puis leur insertion dans un nouveau canton de Flers. Satisfaction leur fut donnée en 1826 lorsque Flers, La Lande-Patry, Saint-Georges-des-Groseillers, La Selle-la-Forge, La Chapelle-au-Moine, La Chapelle-Biche (canton de Messei), Landigou, Montilly-sur-Noireau (canton dAthis), La Bazoque, Caligny, Cerisy-Belle-Étoile, Landisacq et donc Aubusson furent unies au sein dun nouveau canton. Jusquau milieu des années 1820, les édiles dAubusson demandèrent donc à ce que leurs prestations aillent prioritairement à la voie Flers-Athis. Puis, la route royale no 162 étant construite entre Condé-sur-Noireau et Flers, ils firent du chemin vicinal no 2, joignant le bourg dAubusson au Pont de Vère, laxe vital de la commune. Mais chaque année, faute dun véritable encaissement, il fallut réparer et réparer encore ce chemin dont le tracé fut en partie modifié, en 1847, pour passer par le Hamel du Bois.

Une progressive insertion à lespace régional au cours du troisième quart du XIXe siècle

De la fin des années 1840 au milieu des années 1870, la population aubussonnaise continua dexcéder le demi-millier dhabitants. Pourtant, les naissances devinrent inférieures en nombre aux décès à partir des années 1860. Du fait de la disette du coton qui résulta, de 1862 à 1865, de la guerre de Sécession aux États-Unis, lexode vers le pôle urbain flérien fut toutefois, au même moment, freiné et le solde apparent des entrées-sorties fut donc moins négatif que lors des années 1830 et 1840. La « fièvre constructrice », commencée sous la monarchie de Juillet, se poursuivit en conséquence à Aubusson sous le Second Empire et de belles maisons aux encadrements en granite et au remplissage des murs en cornéennes furent édifiées çà et sur le sol aubussonnais.

Durant cette période la fabrique dispersée connut un second essor lors dune décennie de prospérité retrouvée (1852-1861) et lactivité agricole, toujours fondée sur une céréaliculture dominante, améliora ses productions, trois marchands-fabricants furent appelés, par les édiles (en 1848, 1870 et 1871) ou par le préfet, à la tête de la commune : Louis Vardon, de 1848 à 1858, Jean Lecornu, de 1858 à 1870, Victor Gauquelin, en 1871. Laction du premier dentre eux fut contrariée par les nombreuses dissensions qui opposèrent le desservant à plusieurs instituteurs. Sa municipalité fut surtout confrontée au très mauvais état de lécole et dut entreprendre, en 1852, des travaux durgence. Sept années plus tard, lécole, devenue dangereuse, dut être abandonnée et ladministration de lInspection académique retira même linstituteur en 1860.

Jean Lecornu prit donc linitiative, tout en louant un local provisoire pour que les cours soient à nouveau assurés à Aubusson, de faire construire une nouvelle école. À limage de Pierre Duhazé en 1822, le dixième maire dAubusson avança sur ses deniers la conséquente somme nécessaire à la construction, avec comme matériaux le granite et les tuiles, dune solide école. La commune mit deux décennies pour rembourser la dette auprès du maire, puis de sa veuve et enfin dune nièce.

En 1867, Aubusson pouvait senorgueillir — et être enviée par nombre de communes proches — de disposer dune belle école comprenant une classe pour les garçons, une classe pour les filles, un logement de fonction et la mairie. Un couple dinstituteurs fut donc nommé à la rentrée de 1867, mais, en 1872, la municipalité Gauquelin exigea une institutrice congréganiste pour les filles. Il fallut alors partager le logement de fonction et construire un second escalier partant de la classe des filles pour permettre à la religieuse de la communauté de Briouze daccéder au petit appartement qui lui était ainsi attribué. Cette situation, qui dura jusquen 1902, engendra des problèmes de cohabitation entre la religieuse et quelques-uns des nombreux instituteurs laïcs qui se succédèrent à lécole des garçons.

Le désenclavement de la commune progressa aussi lors du Second Empire. À partir de 1854, fut en effet terrassé sur le sol dAubusson le chemin de moyenne communication no 29 dit de La Forêt-Auvray à Truttemer. Traversant la commune dest en ouest, il passait par le bourg, mordant ainsi sur le cimetière, et par le Coudray. Il fallait, entre ces deux lieux, tenir compte de la pente et, au début des années 1860 — le chantier avançait lentement — une large courbe fut tracée, interdisant ainsi le passage de cet axe au cœur du hameau de la Villière. Ensuite encaissée, cette route permit de joindre Aubusson à Saint-Georges-des-Groseillers et, par Rainette, au cœur de Flers. Un autre chemin, le chemin vicinal no 4, passant par la Guermondière, permit aussi de joindre, par la Planchette, le bourg dAubusson au chef-lieu de canton. Cela était dautant plus important pour les affaires de la commune que Flers bénéficia, au début des années 1870, dun nœud ferroviaire alors que plusieurs établissements industriels sédifiaient sur le sol de cette ville en pleine expansion.

La traversée du bourg par le chemin de moyenne communication no 29 et les carrefours avec les chemins vicinaux no 2 et no 4 qui en résultaient dune part, la construction de plusieurs maisons le long de ces voies dautre part, rendirent dès lors difficile le maintien du cimetière, exigu et insalubre, au côté de léglise. Faute de moyens financiers, les municipalités Vardon et Lecornu ne purent régler le problème et ce fut donc la municipalité Gauquelin qui bénéficia dune solution apportée sur un plateau par Julie Anne Lecornu, complétant ainsi lœuvre de son mari, lancien maire, en faisant donation, en 1872, dune parcelle située le long du CV no 4 à charge pour la commune den faire un cimetière. En son centre fut édifiée une chapelle funéraire furent inhumés Jean et Julie Lecornu qui furent donc de grands bienfaiteurs de la commune dAubusson.

Une « hémorragie démographique » de la fin des années 1870 à la Grande Guerre

Dénombrant encore plus de 500 habitants au début du quatrième quart du XIXe siècle, Aubusson en comptait moins de 190 au début des années 1920. En moins dun demi-siècle, la chute avait été spectaculaire, et notamment au tournant des années 1870 et 1880 et au début des années 1890 lorsquau déficit naturel se conjuguèrent deux vagues dimmigration, dabord vers le pôle flérien, puis vers dautres centres urbains plus lointains. Engagée vers 1866-1867, sétendant sur un quart de siècle, la révolution industrielle de lagglomération flérienne fut en effet inachevée et ne put contribuer à retenir tous les migrants de la région, la sécheresse de 1893 ayant de plus accentué cet inexorable exode rural.

Pour de nombreux Aubussonnais, la concurrence des usines condamna à mort le tissage à domicile et, au tout début du XXe siècle, le nombre de tisserands devint, à Aubusson, inférieur à celui des agriculteurs. Avec la moindre pression démographique sur le sol de la commune, ces derniers transformèrent, à la fin du XIXe siècle, en herbages les parcelles autrefois consacrées à la culture du seigle ou du sarrasin. Cecouchage en herbe” - qui teinta de vert le paysage aubussonnais - fit aussi que lagriculture dautosubsistance cohabita avec une agriculture commerciale qui pouvait écouler sur les marchés des villes voisines des productions laitières (beurre), avicoles ou fruitières (dérivés de la pomme).

Signe de ces mutations socio-professionnelles en cours, au fabricant Victor Gauquelin succèdèrent à la tête de la commune deux cultivateurs, Armand Hélie (1900-1904) et Jules Pottier (1904-1919). Les dossiers prioritaires ne changeaient pas : entretien des bâtiments communaux et amélioration des voies communales. A la fin des années 1870, les cours de récréation des garçons et des filles furent séparées et une clôture fut installée le long de la voie publique ; puis, au milieu des années 1880, la couverture fut en partie refaite ainsi que la cheminée du logement de linstituteur ; enfin, au début des années 1900, à nouveau la toiture, le plancher de la classe des garçons, le chauffage (poêle et tuyaux) firent lobjet de travaux alors que les murs étaient blanchis. Mais ces investissements ne permirent pas de sauvegarder lexistence de deux écoles séparées. À compter de 1890, une menace pesa en effet sur le maintien de lécole spéciale de filles. Ce fut finalement au début de 1903 que les deux classes furent réunies au sein dune école mixte, obligeant linstituteur laïc et linstitutrice congréganiste à céder la place à mademoiselle Binet, une institutrice laïque, qui instruisit les jeunes Aubussonnais des deux sexes pendant plus de deux décennies.

Pour la voirie, le CV no 2 (bourg - pont de Vère) fut élargi et entièrement empierré au milieu des années 1870, le CV no 4 (bourg - Flers par la Guermondière) le fut à son tour au début des années 1880 mais avec un tracé modifié au-delà de la Guermondière, le C.V. n°5 (la Guermondière -les Clos par les Rihardières) fut ouvert et aménagé au début des années 1900. Ce fut un autre aménagement qui conduisit le maire Victor Gauquelin à cesser ses fonctions de maire. Jugeant dangereux léclairage à lacétylène de léglise et du presbytère que réclamait en 1899 le curé Jules Mary, il fut désavoué par ses conseillers et se retira, son successeur Armand Hélie cautionnant pour sa part linstallation concernée.

En cette fin du XIXe siècle, les édiles aubussonnais manifestèrent un esprit de solidarité cantonale ainsi que le montrent deux délibérations de 1882 et 1883 portant sur des demandes émanant des communes de Chanu et de Condé-sur-Noireau. La première visait à créer un canton de Chanu amputant ceux de Tinchebray et de Flers, la seconde à établir une foire le premier lundi doctobre dans la petite ville calvadosienne. Aubusson affirma sa volonté de défendre lintégrité du canton de Flers et assura Montilly-sur-Noireau, qui venait de transférer la foire Saint-Denis au bourg même, de son total soutien, la contrée ayant tout avantage, aux dires des Aubussonnais, au succès de la foire Saint-Denis.

Fidèle à Flers, Aubusson fit à nouveau preuve de sa modération lors des inventaires de 1906. La loi de séparation de lÉglise et de lÉtat du 9 décembre 1905 avait prévu la remise par lÉtat des lieux de culte aux communes, cela après avoir dressé un inventaire des biens qui sy trouvaient. La hiérarchie catholique - ainsi lévêque de Séez - incita les fidèles à sy opposer. Le 3 mars 1906, en présence du maire Jules Pottier, labbé Mary et les membres de la fabrique refusèrent lentrée de léglise au percepteur de Flers. Mais, deux jours plus tard, lors de la seconde tentative, le fonctionnaire put procéder, sans opposition ni manifestation, à linventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale dAubusson.

Dans les premières heures du mois daoût 1914, le tocsin annonça, à Aubusson comme dans les villes et villages voisins, la déclaration de guerre et la mobilisation générale. Jules Pottier eut, au cours de cette Grande Guerre, la lourde mission dinformer plusieurs familles de la disparition dun mari ou dun fils. Six Aubussonnais - trois hommes mariés laissant quatre orphelins et trois célibataires - moururent en effet pour la France : Émile Lebon, à Ethe (Belgique) en août 1914 ; Eugène Montaufray, en Champagne en septembre 1915 ; Hector Duval, à Verdun en septembre 1916 ; Jean-Baptiste Collin, en Champagne en janvier 1917 ; Édouard Aubine, près de Reims en avril 1917 ; Joseph Filoche, en Picardie en août 1918. Ils rejoignaient dans le martyrologue aubussonnais dautres jeunes morts pour faits de guerre dans la Grande Armée (Pierre Jean Vardon, Jean Gournay, Pierre Gauquelin, Pierre Létard, Jean Moulin disparus en 1809, Louis Duros en 1813), en Crimée (Pierre Filoche en 1856), lors de la guerre franco-prussienne (Arsène Lefèvre, Victor Gournay, Jacques Madelaine). Réduite parfois, du fait de la mobilisation, à quatre édiles, la municipalité Pottier dut gérer le rationnement, le manque de bras, laccueil de réfugiés, laide aux familles des combattantsLa paix revenue, Jules Pottier seffaça pour laisser lécharpe de maire à un ancien poilu, Léon Peschet.

Un demi-siècle de semi-léthargie de part et dautre de l’« année terrible » 1944

De 1920 à 1970, la population dAubusson stagna autour de deux cents habitants, tombant toutefois à un minimum de 180 au milieu des années 1950. Pourtant, après trois quart de siècle de bilan naturel négatif, les naissances étaient devenues plus nombreuses que les décès au-lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais, avec un pôle flérien connaissant une seconde vague de croissance démographique, lexode rural, interrompu dans lentre-deux-guerres, avait repris lors des années 1950 et 1960. La densité dAubusson (50 habitants au km²) se situait alors dans la moyenne ornaise.

Lors de lentre-deux-guerres, les agriculteurs restèrent nettement majoritaires parmi les actifs de la commune. Au cours des années 1960, leur prééminence sestompa avec la domiciliation à Aubusson demployés du secteur secondaire, avec les derniers travailleurs du textile et surtout des ouvriers des industries électriques, métallurgiques, mécaniques, agro-alimentaires et du bâtiment œuvrant au sein dentreprises des pôles flérien et condéen ou de la vallée de la Vère, et dactifs du secteur tertiaire avec quelques commerçants aubussonnais mais aussi des employés des transports, des magasins et des services situés à Flers.

Durant ce demi-siècle de stagnation démographique, lassemblée communale fut dirigée par quatre maires : le courtier en bestiaux Léon Peschet (1919-1929), linstituteur honoraire Marcel Mercier (1929-1945), le cultivateur Louis Pottier (1945-1957) et lemployé dindustrie Marcel Lebon (1957-1972). Le premier dentre eux commanda au statuaire Marcel Pierre, originaire de Bréel, la réalisation en ciment armé dun poilu en tenue de campagne campant une fière attitude et tenant son fusil à la main droite. Linauguration de ce monument à la mémoire des soldats aubussonnais tombés au champ dhonneur, financé pour les deux tiers par une quête et pour le tiers restant par le Ès finances communales, eut lieu le dimanche 13 novembre 1921 en présence de tous les anciens combattants de la Grande Guerre et dont quelques-uns, ayant inhalé des gaz toxiques, disparurent prématurément dans ces années de lentre-deux-guerres. La Première Guerre mondiale avait aussi eu comme conséquence le départ, en 1917, pour Saint-Georges-des-Groseillers, du curé Jules Mary. Lespoir dobtenir de lévêché laffectation dun prêtre résident sévanouissant peu à peu, la municipalité Peschet prit, en 1927, la décision de louer à des particuliers le presbytère déserté depuis une décennie et débarrassé de ses sapins peu après.

Pour oublier ces années noires de la guerre, Léon Peschet impulsa le rétablissement de la fête Saint-Céneri. Il proposa un programme de courses de chevaux - auxquelles il participait - et dânes qui connurent un franc succès, un dimanche de fin avril ou de début mai, lors de lentre-deux-guerres. Dans sa gestion municipale, il engagea, comme ses prédécesseurs, des travaux à lécole (réfection de la toiture, revêtement en ardoises du pignon ouest) mais refusa de conduire, pour des raisons budgétaires, sa commune vers le modernisme. Après des élections municipales disputées, il fut contraint de seffacer en 1929 et son successeur Marcel Mercier ouvrit au progrès la commune dAubusson : construction et exploitation, dans le cadre de ladhésion au syndicat délectrification de La Carneille, dun réseau électrique et installation dune cabine téléphonique décidées en 1932, desserte par le circuit de poste automobile rural dAthisLa municipalité Mercier continua cependant de suivre les dossiers traditionnels avec, pour léglise, la réfection, à la suite dune nouvelle tempête, de toute la toiture en 1930, et, pour lécole, la réparation du mur de clôture en 1929, linstallation dun réservoir en ciment pour recueillir leau nécessaire à lenseignante et aux enfants en 1936, la construction dun préau en 1939.

Cette année- éclata la Seconde Guerre mondiale et, comme vingt-cinq ans plus tôt, la mobilisation rappela de nombreux Aubussonnais. Le désastre militaire de 1940 fit que beaucoup dentre eux furent faits prisonniers : Louis Aubert, Louis Denis, Cyrille Fouquet, Marcel Gérault, André Gosselin, Raphaël Guibout, Roland Horion, Henri Kiffer, Paul Lemonnier, Albert Mesrouze, Louis et Pierre Pottier, François Piwowarczyk, Clément Vegeais. La majorité dentre eux ne retrouvèrent Aubusson quen 1945. Comme ailleurs, la période de loccupation fut difficile à Aubusson, avec les privations, les incertitudes du lendemain et le poids de plus en plus oppressant de loccupant. Des Aubussonnais entrèrent alors en résistance.

Au premier rang dentre eux figure linstituteur, nommé en 1941 à Aubusson, et secrétaire de mairie Henri Laforest. Secondé par Louis-Emilien Marie, contrôleur des prix domicilié à Bréel, Robert Bernier, transporteur à Saint-Georges-des-Groseillers, Jean Fautrel, hôtelier à Flers, le lieutenant de réserve des chasseurs alpins Laforest organisa un corps franc de 150 hommes recrutés, de Lonlay-lAbbaye à Pont dOuilly, de Tinchebray à La Forêt-Auvray, pour préparer le Jour J. Il affilia son unité au mouvement Libé-Nord et adhéra également au réseau de renseignements Manipule dont il fut un agent P 2. Dautres Aubussonnais - certains faisant partie de lorganisation OCM au sein de laquelle militait activement la famille Nez, du hameau voisin de la Métairie, dautres intégrés au maquis FTP du Hamel des Bôts - participèrent à laction résistante comme le mécanicien Guy Marie dit Lamarre, lemployé dimprimerie Gaston Deverre, le retraité Eugène Barbey, des jeunes accueillis dans les fermes du Coudray, des Flériens repliés dans leur résidence secondaire aubussonnaise

Lannée 1944 fut, pour ces résistants, mais aussi pour les Aubussonnais et leurs libérateurs une année terrible. Le 11 janvier, Henri Laforest, après avoir été blessé lors dune course-poursuite, est arrêté par la Gestapo conduite par Hildebrandt, son chef départemental. Transféré à Alençon, puis à Caen et à nouveau Alençon, linstituteur dAubusson résista, malgré les sévices, aux interrogatoires. Dans un dernier message, quil réussit à faire sortir de la prison, à son épouse, il écrivit : « Jai tenu. Je tiendrai ». Mais, le 4 juin, il faisait partie du convoi qui quittait Compiègne à destination du camp de concentration de Neuengamme et ce fut dans un autre camp de la mort, celui de Bergen-Belsen, que le lieutenant F.F.I. de lOrne décéda le 20 avril 1945, cinq jours après la libération du camp par les troupes britanniques, celles- mêmes qui avaient rendu la liberté à Aubusson huit mois auparavant.

Le soir du mardi 6 juin 1944, la ville de Flers fut meurtrie par les bombardements alliés et une personnalité flérienne originaire dAubusson, labbé Louis Horion, ancien professeur de mathématiques à lImmaculée Conception, fit partie des victimes. Cinq jours plus tard, alors que des dizaines de Flériens et Géorgiens avaient été accueillis à Aubusson les bouchers Mollet et Arzur avaient ouvert un centre dabattage pour fournir de la viande aux réfugiés - parmi eux se trouvait le futur président du Conseil Guy Mollet - et à leurs hôtes, Camille Briard fut victime, le dimanche 11 juin, dun malencontreux mitraillage qui tua aussi de nombreux soldats canadiens faits prisonniers au cours des premiers jours qui suivirent le débarquement.

À des centaines de kilomètres dAubusson, un des meilleurs amis denfance de Camille Briard, vivait alors la fin dun long calvaire. à Aubusson, Pierre Fleuriet avait tenté de gagner lAngleterre via lEspagne. Arrêté à proximité de la frontière, il avait été déporté en septembre 1943 dans le camp de concentration de Dora-Mittelbau et soumis au travail forcé. Pierre Fleuriet séteignit le 23 juin loin de sa terre natale. Entretemps, le lundi 19 juin, le lieutenant Frank Grdenich, originaire de Pennsylvanie (Etats-Unis) et pilote dun avion « double fuselage » Lockheed P 38Lightningdu 479e Fighter Group, sécrasait, de retour dune mission sur les Charentes, au petit matin dune journée marquée par un brouillard extrêmement dense, à proximité du Clos de la Mare. Son leader, Ward Kuentzel - leurs appareils étant entrés en collision - tombait au Petit Val sur la commune de Montilly-sur-Noireau. Le 13 mai 2001, journée chargée démotions, une plaque commémorative, scellée dans un bloc de granite, était dévoilée par Joseph Grdenich et sa fille Kathy. Elle rappelle la mémoire du jeune pilote américain mort aux commandes de son avion pour que la France recouvre la liberté.

Cette liberté allait être chèrement payée par les Aubussonnais et leurs libérateurs. Peu avant larrivée des soldats alliés, un autre avion allié, un P 47 Thunderbolt, touché par la DCA des Clos, tomba à la Villière. Son pilote sétait éjecté au-dessus dAthis il fut, semble-t-il, exécuté. Le 12 août, un autre avion allié bombarda un camion allemand qui, chargé de munitions, traversait le bourg dAubusson. Lexplosion du véhicule tua Jeanne Lepeltier, une Flérienne venue se ravitailler à lépicerie-café Baumel, et Mathilde Caillon périt, brûlée vive, dans lincendie du bâtiment attenant au commerce.

Alors que les alliés approchaient, les défenseurs allemands, du 2e Corps de parachutistes de la 7e Armée allemande, devenaient très nerveux. Le 15 août, trois jeunes de Caligny et Montilly-sur-Noireau furent ainsi arrêtés dans le bourg dAubusson et massacrés dans un hameau voisin dAthis. Pour permettre le repli vers lest du gros des troupes, cette arrière-garde allemande reçut la mission de freiner lavance britannique à Aubusson. Le 16 août eut donc lieu la bataille dAubusson. Après un bombardement par lartillerie anglaise, les Shropshires, fantassins du 4e KSLI, appuyés par le 3rd Royal Tank Regiment, semparèrent du pont de Vère à 19 heures. Ordre fut alors donné de monter à lassaut de la colline dAubusson sur laquelle, profitant de la topographie et des chemins creux, sétaient fortement retranchés les parachutistes allemands.

Sur les pentes dAubusson périrent une douzaine de Britanniques, du 4e KSLI, du 3e RTR et du 151e Ayrshire Yeomanry : les capitaines RC Walford, PSY Garrett, DH Bennett, le lieutenant ES Kershaw, le sergent JW Jameson, les soldats GW Badlan, AE Cole, PJ Foulkes, H Kenworthy, ET Mason, TR Walker. Un peu plus au sud, à la Guermondière, le sergent FW Titcombe ett le caporal EH Smith furent, dans leur scout-car, mortellement touchés. Les pertes allemandes, entre le moulin dAubusson et le Clos de la Mare, entre le pont de Vère et le Hamel du Bois, entre le bourg et la Guermondière, furent aussi élevées. Pris dans la tourmente du combat, des civils furent tués ou grièvement blessés. Les Flériennes Henriette et Yvette Trempu, lAubussonnaise Alice Mesrouze ne survécurent pas. Au cours de la nuit, Léon Betton, de Caligny, et Jeanne Devolder, de Montilly-sur-Noireau, furent tués à la Masure par un obus.

La bataille dAubusson fut donc la plus sanglante de la région de Flers. Le souvenir en est gardé par une plaque commémorative et une stèle érigée en 1986 sur la place de la mairie qui porte aujourdhui le nom du major Ned-Thornburn, libérateur dAubusson fait citoyen dhonneur de la commune. La plaque en marbre blanc, apposée sur le socle du monument aux morts, rappelle la disparition de Camille Briard, Mathilde Caillon, Henri Laforest et Alice Mesrouze. La stèle en granite porte linscription, à la mémoire des libérateurs, « À la 11e DB britannique - 16 août 1944 ».

Sous la municipalité présidée par Louis Pottier, le 16 septembre 1947, une autre plaque en marbre blanc, due à linitiative conjointe du commandant départemental des FFI de lOrne, des anciens élèves dAubusson et de la municipalité, et placée sur le mur de lécole (de nos jours sur celui de la mairie) fut dévoilée enhommage au héros de la Résistance Henri Laforest, mort en déportation à la suite des cruautés nazies”. Aubusson se souvenait et se souvient. Aubusson se reconstruisait. La municipalité Pottier, au sein de laquelle figurait la première élue aubussonnaise, Germaine Barbey, fit réparer le clocher de léglise atteint lors de la bataille et la croix hosannière voisine qui avait été décapitée lors de lexplosion du camion de munitions.

Progressivement, les dommages de guerre sestompèrent avec la remise en état des bâtiments communaux, lÉtat apportant sa contribution. Cela se prolongea cependant jusque sous la municipalité dirigée par Marcel Lebon, élu maire à 33 ans en 1957. Sous son mandat, les principaux chemins vicinaux de la commune furent goudronnés, lécole bénéficia de plusieurs aménagements (alimentation en eau potable à partir de la fontaine de la Crochetière, installation de lavabos sous le préau, construction de sanitaires, rénovation du logement de fonction), mais lœuvre majeure de la municipalité Lebon fut, en liaison avec labbé René Busnot, curé de Saint-Georges-des-Groseillers et Aubusson, la profonde transformation, décidée en 1965, et la modernisation de lintérieur de léglise. Conduite sous la direction de larchitecte flérien Pierre Meurice - qui fit appel à lartiste parisien Jean Cottant pour sculpter une statue de Notre-Dame - cette réhabilitation fut achevée en 1967. Le 17 septembre, Mgr Pioger, évêque de Séez, consacrait lautel. La petite église dAubusson attira alors lattention de plusieurs couples des communes voisines qui demandèrent à y être religieusement unis.

Lagglomération flérienne connaissait alors une « décennie fastueuse » avec lédification de ZUP (Saint-Michel puis Saint-Sauveur) et de lotissements pavillonnaires. Une célèbre plume flérienne de lhebdomadaire L'Orne combattante - dont le premier numéro avait été imprimé dans la clandestinité en juillet 1944 par lAubussonnais Gaston Deverre - se prit alors à imaginer le Flers de lan 2000 sétendant jusque sur les hauteurs de La Chapelle-Biche, Saint-Paul et Aubusson. Dans un chronique intitulée Ville basse et ville haute, un du pays écrivait en effet en mars 1966 :

« Aubusson est une petite commune rurale (qui) ne fait point parler delle (…). Aubusson occupe, sur les hauteurs de Flers, une magnifique situation, plus élevée même que celle du Mont Cerisy ! Et cest peut-être pourquoi Aubusson est appelée à devenir, au moins sur sa route de corniche et sur ses pentes, le plus beau quartier résidentiel de Flers »

. Tempérant cependant son enthousiasme, labbé Paul Labutte prophétisait :

« Si, un jour, dautres lotissements sont consentis, si existent des facilités de constructions plus grandes, si le prix des terrains est raisonnable, il est probable que les flancs dAubusson se couvriront de pavillons modestes ou importants. »

Pour cela, il fallait doter Aubusson de toutes les commodités. La municipalité Lebon programma donc, outre un aménagement foncier prématuré, la desserte en eau potable de lhabitat dispersé dAubusson, mais la commune ne fut pas alors considérée comme prioritaire par les élus influents de la région. Le projet de remembrement ne faisant pas, de plus, lunanimité, Marcel Lebon se retira en 1972 et lexploitant agricole Pierre Salles, 36 ans, lui succéda à la tête de la commune.

Lémergence dune commune périurbaine

Au début des années 1970, Aubusson comptait moins de 200 habitants. Au début du XXIe siècle, elle avoisine les 350 habitants, soit le niveau atteint à la fin de lAncien Régime et perdu à la fin du XIXe siècle, et sa densité est de lordre de 90 habitants par km2. Cette forte croissance, surtout marquée entre 1975 et 1982, a essentiellement été due à un solde apparent des entrées-sorties ou solde des flux de population largement positif. Ainsi, après avoir été victime dun profond exode rural pendant de nombreuses décennies, Aubusson a-t-elle bénéficié de lexode urbain qui caractérise fortement Flers au milieu des années 1970. De jeunes couples sinstallèrent donc à Aubusson et cela rejaillit favorablement sur le mouvement naturel avec un nombre de naissances qui resta, malgré lévolution malthusienne, supérieur à celui des décès.

La composition socio-professionnelle des actifs de la commune connut aussi un profond changement. Le nombre dexploitants agricoles ne cessa de diminuer (21 exploitations dont 8 professionnelles en 1979, 8 exploitations dont 5 professionnelles en 2000) alors que celui des artisans (menuisiers, électriciens, etc.) et celui des « cols blancs, » employés du secteur tertiaire (cadres, vendeurs, secrétaires, comptables, enseignants…) augmentait notablement. Cette mutation fut prise en compte dans la représentativité communale. En 1971, le conseil municipal de onze membres était composé pour près des deux tiers dagriculteurs, et aucune femme ny figurait. En 2001, les actifs du secteur tertiaire représentent deux tiers des élus parmi lesquels se trouvent quatre femmes ; lune delles, Marie-France Briard, une enseignante, étant la première Aubussonnaise à occuper un poste dadjoint, cela au côté du « bras droit » du maire Pierre Salles, lexploitant agricole retraité Pierre Dupont.

Pour attirer sur le sol dAubusson des néo-Aubussonnais, la première municipalité Salles réussit donc à débloquer le dossier de lAdduction d'eau potable. En 1975, la commune fut ainsi desservie. Dès lors, un lotissement communal fut créé dans le bourg et les travaux de viabilisation furent achevés en mars 1978. La fermeture des commerces traditionnels amena aussi des Aubussonnais à sunir dans une association de consommateurs pour construire un bâtiment à vocation commerciale. Pour mieux connaître la vie de la commune, ses projets, ses réalisations, et établir un lien entre les habitants, un bulletin municipal fut lancé en janvier 1974. Ce dynamisme aubussonnais reconnu par Villages que jaime, Aubusson fut récompensée une première fois, à Beuvron-en-Auge (Calvados) en 1977, pour lagrément de son site et ses efforts daménagement.

Au début des années 1980, deux zones artisanales furent établies à la Guermondière et surtout à la Blanchisserie, soit à proximité du Pont de Vère, alors que le bourg était réaménagé avec le redressement des virages, lélargissement de la route, la réalisation de trottoirs et dun réseau pluvial, le déplacement du calvaire et du monument aux morts et que les hameaux bénéficiaient du goudronnage de leurs chemins internes. Ceci, ajouté à la construction dun abri scolaire, dun terrain de jeux pour les enfants, de la mise à disposition des habitants et associations dune salle polyvalente, valut à la commune dAubusson dêtre à nouveau distinguée par Villages que jaime en 1982 à Val-de-Saâne (Seine-Maritime).

La municipalité élue en 1983 décida la réorganisation foncière de la commune engagée en 1986, la restauration de lancien presbytère et sa transformation en mairie et salle de réunionslinauguration eut lieu sous la présidence de madame Hélène Blanc, préfet de lOrne, le 27 juin 1987et la création dun complexe sportif, à proximité de la Guermondière, en 1988. Elle dut cependant sincliner devant la décision de lInspection académique de lOrne de fermer, au cours de lété 1986, lécole dAubusson dont lintérieur avait été rénové quatre ans plus tôt. Les petits Aubussonnais fréquentent depuis cette date les écoles de Flers et de Saint-Georges-des-Groseillers.

Au début des années 1990, alors que lancienne école était vendue en 1991 à des particuliers, le principal chantier fut celui de la construction, en 1992-1993, de la salle polyvalente Henri-Laforest inaugurée, en présence du sous-préfet dArgentan, le 3 avril 1993. Le complexe sportif était aussi peu à peu étoffé. Après le stade de football et les vestiaires, des courts de tennis ont été construits en 1995. Entretemps, la municipalité élue en 1989 prit, en 1993, une décision de grande importance, celle dintégrer la communauté de villes du pays de Flers. Le maire dAubusson fut élu, représentant ainsi les communes rurales au sein du bureau, deuxième vice-président, chargé de lenvironnement et des réseaux, de cette CVPF le 3 janvier 1994, puis premier vice-président le 21 septembre 1995. Dans le cadre de cette communauté devenue, en 1999, communauté dagglomération (CAPF), un assainissement collectif fut réalisé, en 1998, pour la quasi-totalité du territoire communal, ainsi que laménagement, avec la pose de trottoirs et le goudronnage, de la voie interne de la zone artisanale en 2001.

Parallèlement, la municipalité aubussonnaise poursuivait les travaux damélioration du cadre de vie avec leffacement, en 1998, des réseaux électrique et téléphonique dans le bourg et la pose de nouveaux lampadaires. Le conseil général de l'Orne décidait peu après un réaménagement de la route départementale 229 entre le pont enjambant la rocade périphérique de Flers, à la limite de Saint-Georges-des-Groseillers et Aubusson, et le bourg, soit laxe majeur de la commune. La réalisation eut lieu en 1999. En lan 2000, outre des réparations imposées par la tempête du 26 décembre 1999, principalement la toiture de la mairie et la réfection des réseaux électriques basse tension de certains hameaux, la municipalité fit aménager le parc de stationnement de la salle Henri-Laforest.

Aubusson, dans laire de périurbanisation du pôle flérien, ne resta donc pas repliée sur elle-même tout en affirmant son identité illustrée par la confection dun blason, cogité par la commission du Bulletin municipal et la municipalité, mis en forme par Guy Peschet et agréé par la commission nationale dhéraldique en 1998. Le blasonnement en est : Écartelé au 1 de gueules à deux léopards dor armés et lampassés dazur, au 2 dargent à trois fasces vivrées et contre-vivrées dazur, au 3 dargent à la croix de Lorraine tréflée dazur, au 4 dor au taureau de sable passant et regardant accorné dargent et allumé de gueules. Au 1, lécu de Normandie rappelle lappartenance dAubusson à la Normandie ; avec le 2, plus que les trois cours deau qui délimitent la commune, les concepteurs ont voulu remémorer lactivité ancestrale du tissage à travers le procédé dit feuille de fougère imaginé par Pierre Vardon. La période marquante de la Seconde Guerre mondiale est soulignée avec la croix de Lorraine, au 3, symbole retenu pour son corps franc par Henri Laforest et évoquant donc la Résistance, le combat pour la liberté, le sacrifice de ceux qui moururent en déportation, avec le taureau, au 4, emblème (Black bull) de la 11e division blindée britannique libératrice dAubusson et de la région flérienne en 1944.

Des liens particulièrement forts ont en effet été noués avec les libérateurs britanniques. Après linauguration, en 1974 du mémorial à la 11e DBB au pont de Vère, après la réception à Aubusson, en 1975, de vétéransau nombre desquels figurait Bill Millin, le légendaire joueur de cornemuse du D Day à Pegasus Bridge —, ce fut, à compter de 1984, lorganisation de plusieurs échanges entre les anciens combattants du Shropshire et du Herefordshire et les Aubussonnais. En 1988 et 1989, le général de division George Philip Bradley « Pip » Roberts (en), commandant de la 11e DB britannique en 1944, honora de sa présence la commune dAubusson. Plusieurs Aubussonnais furent également reçus, avec leurs amis de Cerisy-Belle-Étoile, plusieurs fois à Shrewsbury. Enfin, la venue, due à laction conjointe des membres de lAssociation normande du souvenir aérien et des Aubussonnais, à Aubusson, en 2001, du frère et de la nièce de Frank Grdenich a aussi contribué à tisser des relations de part et dautre de lAtlantique. Aubusson est donc connue hors de lespace national.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
mars 1945 septembre 1957 Louis Pottier    
septembre 1957 avril 1972 Marcel Lebon    
mai 1972 en cours Pierre Salles SE Agriculteur
Pour les données antérieures, dérouler la boîte ci-dessous.


Le conseil municipal est composé de onze membres dont le maire et deux adjoints.

Démographie

Évolution démographique
Années 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
Population 389 363 382 435 534 603 601 567 559
Années 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
Population 548 542 521 528 511 418 410 408 290
Années 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
Population 275 234 214 188 203 201 212 183 180
Années 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2008 - -
Population 186 189 221 314 329 335 408 - -
Notes, sources, ... Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes.
Les valeurs extrêmes sont surlignées.
(Sources : EHESS[4] et Insee[5])

Tourisme et environnement

En raison de son panorama, de ses chemins, de sa flore, de sa faune et de son patrimoine architectural et historique, Aubusson mérite la visite des Bocains. Le visiteur - à qui il est conseillé de se munir du fascicule Randonnées et promenades, édité par la C.A.P.F. et plus particulièrement de la partie concernant le circuit n° 10Les panoramas” - pourra découvrir, venant de Saint-Georges-des-Groseillers, en entrant dans le hameau du Coudray, sur sa gauche, une de ces anciennes maisons de tisserand avec un perron permettant daccéder au logement alors quen dessous se situe le cellier qui abritait autrefois le métier à tisser, puis une belle maison aux encadrements en granite et au remplissage en cornéennes construite en 1862, plus loin encore un corps de ferme avec des bâtiments parmi les plus anciens de la commune alors que, sur la droite, un ancien entrepôt a été restauré, transformé en résidence. Gravissant la côte, le visiteur passera devant la stèle de granite érigée en mémoire de Frank Grdenich.

Place du major Ned-Thornburn, il associera la découverte dun remarquable panorama, de la ligne de crête partageant les bassins hydrographiques de lOrne et de la Loire aux sommets du Calvados, et celle de lieux de mémoire (stèle à la 11e D.B.B., monument aux morts, souvenir dHenri-Laforest, calvaire de lancien cimetière), voisinant avec la vieille église à lintérieur modernisé, avec la mairie autrefois presbytère, avec la spacieuse salle polyvalente, avec lancienne école. Passant entre levieil Aubussondu XIXe siècle et l’”Aubusson pavillonnairede la Chesnaie, il se dirigera vers la Croix-des-Aumônes. Après le cimetière, une vue de lagglomération flérienne et des villages en site dacropole se présentera à lui. De lautre côté, il découvrira le complexe sportif entouré par des haies aux essences variées.

Adepte des paysages naturels, il pourra sillonner, en consultant louvrage publié par lAssociation Faune et Flore de lOrne sur la commune dAubusson, les chemins bocagers (de la vallée de la Vère au hameau du Coudray, du Coudray au gué de la Guermondière, du Bortrieu, du Moulin dAubusson au Vivret par la Croix-des-Aumônes et les Rihardières) ou encore longer le ruisseau dAubusson, la Vère, la mare de la Blanchisserie et la tourbière du ruisseau de la Gosselinière... La flore y est très riche et originale avec érables, aulnes, chênes pédonculés et sessiles, cerisiers sauvages, noisetiers, hêtres, châtaigniers, fougères, iris jaunes, orchidées et toute une palette de fleurs... 286 espèces botaniques ont été recensées sur le sol dAubusson dont 33 darbres, arbustes, arbrisseaux.

La faune nest pas en reste avec 58 oiseaux - certains sédentaires, dautres estivants ou hivernants - observés à Aubusson dont quelques-uns peu fréquents dans la région comme le loriot dEurope, des centaines dinsectes et notamment toutes les familles de papillons diurnes rencontrées dans le département, des reptiles, des lapins de garenne, etc. Aubusson ne manque donc pas de charme et datouts dautant que le gîte rural du Clos de la Mare offre désormais la possibilité dy séjourner dans un nid de verdure.

Lieux et monuments

L'église Saint-Céneri
  • Église Saint-Céneri.
  • Mémorial à la mémoire des vétérans de la 11e division blindée britannique.
  • Stèle à la mémoire de Frank Grdenich, pilote américain du 479th Fighter Group de la 8th US Army Air Force.

Activité et manifestations

Sport

  • L'Association sportive d'Aubusson fait évoluer une équipe de football en division de district[6].
  • L'Association sportive du Comité des fêtes d'Aubusson fait évoluer deux équipes de tennis de table en divisions départementales.

Personnalités liées à la commune

Voir aussi

Bibliographie et sources

La source majeure est, sous la direction de Pierre Salles, “Aubusson”, Bulletins municipaux semestriels publiés, avec la participation de nombreux collaborateurs, à Aubusson depuis janvier 1974, série en cours (72 numéros parus à ce jour).

  • Pour les aspects géographiques, naturels et écologiques, voir les contributions de  :
    • René Laigre, ingénieur de la D.D.A. de lOrne (n°26),
    • léquipe de lAssociation Faune et Flore de lOrne dirigée par François Radigue (n°40),
    • Christian Levaltier (“Aubusson au natureldepuis le n° 41) et les cartes et commentaires de Paul Pelloux (n° 55 et 58).
  • Pour les aspects historiques, voir plus particulièrement les contributions de
    • Adrien Mercier (nombreux articles depuis le n°4, sur la vie quotidienne au XXe siècle et notamment durant les deux guerres et lentre-deux-guerres, les commerces dhier, lhistorique du moulin, les courses de chevaux, etc...),
    • Jean Brisset et de Claude-Michel Martin (sur la Libération, n° 5, 22, 42, 56),
    • Jean-Claude Ruppé (rubriqueAubusson et son histoiredepuis le n° 6),
    • Martine Ruppé (sur Henri Laforest, n° 22),
    • des historiens du Pays Bas-Normand Jean Fournée, Dominique Benoît, Gérard Bourdin, Yves Letortu, Gérard Louise, Jean-Claude Martin, Gérard Villeroy (n° 20 et 23), du chanoine Pierre Flament (n° 20),
    • Pierre Salles (biographies de plusieurs personnalités aubussonnaises),
    • Jean-Pierre Briard (n° 44),
    • Stéphane Robine (n° 55 et 56) ...
  • Pour les aspects économiques et les réalisations récentes, voir notamment  :
    • les articles de Pierre Salles et Pierre Dupont,
    • les enquêtes de Jean-Pierre Hesnard, Marie-Thérèse Bedouelle et Alain Fouilleul

Voir aussi  :

  • Gérard Louise, “Lorigine et les noms de communes du canton de Flers, Le Pays Bas-Normand, Connaissance du Bocage n° 3, 1986 ;
  • Jean-Claude Almin et Jean-Claude Ruppé, “Flers et son canton”, Le Pays Bas-Normand, n° 3 et 4 de 1978 ;
  • Auguste Surville, Flers et ses environs, Le Journal de Flers et de larrondissement de Domfront, Flers, imprimerie Folloppe, éditions du 19/11/1919 au 31/12/1919 traitant dAubusson.

Notes et références

Altitudes, coordonnées, superficie : IGN[7].

Liens externes



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Aubusson (Orne) de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Aubusson (Orne) — Saltar a navegación, búsqueda Para otros usos de este término, véase Aubusson. Aubusson País …   Wikipedia Español

  • Aubusson, Orne — is a commune in the Orne department in northwestern France.ee also*Communes of the Orne department …   Wikipedia

  • Aubusson — ist der Name mehrerer Gemeinden und Verwaltungsgebiete in Frankreich: Aubusson (Creuse), Gemeinde im Département Creuse Aubusson (Orne), Gemeinde im Département Orne Arrondissement Aubusson im Département Creuse Kanton Aubusson im Département… …   Deutsch Wikipedia

  • Aubusson — is the name or part of the name of several communes in France:* Aubusson, Creuse, in the Creuse département , well known for the manufacture of tapestry and carpets * Aubusson, Orne, in the Orne département * Aubusson d Auvergne, in the Puy de… …   Wikipedia

  • Aubusson — Saltar a navegación, búsqueda Aubusson puede referirse a Aubusson, comuna de Creuse (Francia). Aubusson, comuna de Orne (Francia). Obtenido de Aubusson Categoría: Wikipedia:Desambiguación …   Wikipedia Español

  • Aubusson — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Aubusson, commune française de la Creuse (Tapisserie d Aubusson) Aubusson, commune française de l Orne Voir aussi Vicomté d Aubusson Aubusson d Auvergne,… …   Wikipédia en Français

  • Communes of the Orne department — The following is a list of the 505 communes of the Orne département, in France. Legend for tables: (CUA) Communauté urbaine of Alençon, created in 1996, also partly in the Sarthe département. (CAF) Communauté d agglomération of Pays de Flers,… …   Wikipedia

  • Armorial des communes de l'Orne — Cette page donne les armoiries (figures et blasonnements) des communes de l Orne. Sur les autres projets Wikimedia : « Armorial des communes de l Orne », sur Wikimedia Commons (ressources multimédia) Sommaire  …   Wikipédia en Français

  • Flers-de-l'Orne — Flers (Orne) Pour les articles homonymes, voir Flers. Flers Château de Flers …   Wikipédia en Français

  • Flers (Orne) — Pour les articles homonymes, voir Flers. 48° 44′ 57″ N 0° 34′ 06″ W …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/153919 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”