Association internationale pour la conscience de Krishna

Association internationale pour la conscience de Krishna
Des « Hare Krishna » chantant dans une rue de Leipzig

L'association internationale pour la conscience de Krishna (International Society for Krishna Consciousness), couramment appelée par son acronyme anglais ISKCON (et dont les membres sont communément appelés « Hare Krishna » à cause du mantra chanté par ses adeptes) est un courant de l'hindouisme qui s'inscrit dans le mouvement de la bhakti[1], dédié au seigneur Krishna – considéré par le fondateur et les adeptes comme Dieu, la Personne Suprême [2]. Les croyances de l'organisation pour la conscience de Krishna sont une expression particulière du Vaishnavisme[3] (Gaudiya Vaishnav), basé sur la Bhagavad Gita et le Śrīmad Bhāgavatam.

Aujourd'hui, ISKCON est une confédération planétaire de plus de 400 centres, incluant 60 communautés agricoles, aspirant à l'autosuffisance dans une certaine mesure, 50 écoles et 90 restaurants[4]. Dans les récentes décennies l'expansion la plus rapide du mouvement en terme numérique a été en Europe de l'Est (surtout depuis la disparition de l'Union Soviétique) et en Inde[5]


Sommaire

Historique

Swami Prabhupada, brâhmane, maître gaudiya vaishnav et fondateur d'ISKCON.

Ce mouvement fut fondé en 1966 à New York par A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (1896-1977), maître spirituel hindou originaire du Bengale occidental. Il s'est développé en Occident à partir des États-Unis en même temps qu'émergeait le mouvement de la contreculture dont certains membres ont trouvé dans la pratiques des chants, des percussions, de la musique et de la danse un dérivatif au modèle religieux conventionnel[6].

L'association a son siège principal en Inde, à Vrindavan, dans l'État d'Uttar Pradesh. Vrindavan est le lieu où Krishna passa sa jeunesse et rencontra son amante favorite Râdhâ (qui n'est pas son épouse et qui est déjà mariée, comme toutes les autres gopis, bergères et amantes du seigneur Krishna).

Plus de 150 temples consacrés à Krishna dépendent d'ISKCON[7] à travers le monde, et le nombre de ses adeptes est difficile à établir. Une évaluation basse le fixe à près de 15000 personnes, dont 10000 personnes impliquées religieusement en communautés vivent aux États-Unis[8] Toutefois ce nombre peut être une évaluation basse, en ce sens que l'UNHCR considère que Cent mille adeptes voueraient un culte à Krishna dans plus de 20 villes russes[9]. En ce qui concerne les États-Unis, 250000 membres sont signalés par Patheos[10]. Les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni sont trois pays importants de la présence d'ISKCON, par la forte présence de la population indienne en ces lieux[réf. nécessaire].

L'ex-Beatles George Harrison contribua au développement du groupe religieux en Grande-Bretagne et dans le monde occidental, notamment avec ses chansons et productions, comme my sweet Lord, Govinda, Om Hare Om (Gopala Krishna), Hare Krishna Maha-Mantra, Here comes the sun (dédié à A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada), Govinda Jay Jay, Bhaja Bhakata, I am missing you ou bien encore Samsara Davanala. De plus, George Harrisson offrit un temple à ISKCON, le Bhaktivedanta Manor, prêt de Londres[11].

Doctrine

Mâlâ en bois de tulasī (Ocimum tenuiflorum)

La doctrine du mouvement se fonde sur les textes sacrés védiques (principalement la Bhagavad-Gîtâ). Krishna y est le dieu suprême et unique. Ils considèrent que son culte devrait être diffusé dans le monde entier et que l'homme doit utiliser chaque moment de sa vie pour vivre dans la « Conscience de Krishna ». Celle-ci ayant le pouvoir de provoquer non seulement la libération de l'individu, mais la sauvegarde et le salut du monde, qui, sans elle, ne connaîtrait que l'« impersonnalité » et le « vide spirituel[12] ».

Pour que cette libération puisse avoir lieu, celui qui suit la voie de la bhakti, le bhakta, suit un végétarisme strict, s'abstenant de manger de la viande, du poisson et des œufs ; les autres aliments ne peuvent être consommés qu'après avoir été « consacrés », offerts à Krishna pour en demander la prasada (« grâce », « miséricorde de Dieu »)[12]. Il ne consomme pas de substances dites « excitantes » (tabac, alcool, drogue, thé, café). La sexualité est pratiquée seulement pour la reproduction. Le sexe pour le plaisir est interdit, et le couple doit chanter 50 tours du Maha Mantra (Hare Krishna) avant de faire l'amour[13] Ils ne jouent pas aux jeux de hasard[12].

Le « Maha Mantra »

L'une des principales pratiques religieuses, est le japa, la répétition du nom divin, chantée en son honneur. Seuls les dévots confirmés vivant en communauté le récitent, en principe 1 728 fois par jour, correspondant, pour en faire le compte exact, à 16 tours d'un chapelet de 108 grains, qui leur sert de rosaire (1 tour de chapelet (mala) durant moins de 7 minutes).

Chaque « tour » de rosaire, constitué par 108 répétitions du mantra constitue un japa :

Devanagari Romanisation
हरे कृष्ण हरे कृष्ण Hare Kŗşņa Hare Kŗşņa
कृष्ण कृष्ण हरे हरे Kŗşņa Kŗşņa Hare Hare
हरे राम हरे राम Hare Rāma Hare Rāma
राम राम हरे हरे Rāma Rāma Hare Hare

Ce mantra est apparu originellement dans la Kali-saņţāraņa Upanişad. Puis, le Seigneur Chaitanya Mahaprabhu, le rendit célèbre dans toute l'Inde à partir du XVe siècle, comme moyen de dévotion intense à Dieu ; ainsi, dans le troisième verset de son shikshashtakam, Chaitanya chante :

Devanagari Romanisation Traduction
तृणादपि सुनीचेन तरोरपि सहिष्णुना। अमानिना मानदेन कीर्तनीयः सदा हरिः ॥३॥ Tṛṇādapi sunīcena tarorapi sahiṣṇunā. Amāninā mānadena kīrtanīyaḥ sadā harih.(3) 3. En nous assumant plus insignifiant que de la paille, en étant plus tolérant que les arbres, en étant exempts de fierté et en respectant les autres, nous devons toujours chanter la dévotion répétée envers le Seigneur Hari [14].
Le Maha Mantra Hare Krishna est censé être accompagné de la manipulation d'une des 108 perles d'un chapelet en bois de toulaçi appelé mala.

Chanter le maha-mantra est, dans la terminologie hindouiste, appelé le japa-mala. Le nombre de 1 728 correspond à 16 « tours » de chapelet, ce qui prend en moyenne deux heures à l'adepte, qui peut répartir ce temps de récitation tout au long de la journée.

Ce temps de récitation fut « adapté » par A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada pour ses nouveaux disciples occidentaux : le nombre de « tours » de chapelet, dans sa lignée disciplique indienne, était en effet de 64, soit 6 912 récitations du mantra complet, prenant en moyenne huit heures de son temps au disciple indien[15].

Chaque jour, dans les temples d'ISKCON se déroulent des chants dévotionnels, accompagnés par des percussions (dont le tambour Mridanga), ainsi que des cymbales (les Karatalas), le tout devant les Murtis (statuettes colorées représentant Krishna, sa favorite Radha mais aussi Balarama, le frère de Krishna). L'étude de la Bhagavad-Gita ou du Srimad Bhagavatam ainsi que des Upanishads font partie de la vie d'un dévot.

Lignée

Article détaillé : Chaitanya.

Le Mouvement se considère comme l'aboutissement d'une chaîne de traditions transmises par les Maîtres spirituels[12]. A l'extrémité supérieure de cette chaîne se trouve Krishna lui-même, dont la dernière incarnation serait le brahmane Caitanya (1485-1534), le fondateur de l'ordre de Caitanya, ainsi que le vingt-deuxième Maître spirituel dans la succession de Krishna[12]. Ce dernier rejeta en bloc le système des castes, qu'il jugeait perverti par une mauvaise interprétation basée sur des intérêts personnels liés aux privilèges acquis. Cette branche du vishnouisme permit à de nombreux « non-hindous » (à l'époque : des musulmans) de se « convertir » à l'hindouisme[12].

Temple dédié au seigneur Krishna, à Mathura, en Inde, au lieu même de sa naissance

Les fidèles de « Srila Prabhupada » se considèrent donc comme étant une branche authentique du vaishnavisme, se réclamant, au travers de leur gourou aujourd'hui disparu, héritiers d'une lignée de maîtres et disciples remontant à Sri Caitanya Mahaprabhu (ami d'un autre maître vishnouïte, Vallabha) et, au-delà, à Krishna lui-même, il y a 5 000 ans de cela.

Les sept buts d'ISKCON

Quand Srila Prabhupada a créé ISKCON en 1966, il lui a donné sept buts[16] :

  1. Systématiquement propager la connaissance spirituelle à la société en général, et instruire tous les gens dans les techniques de vie spirituelle pour combattre le déséquilibre de valeurs dans la vie et réaliser l'unité réelle et la paix dans le monde.
  2. Propager une conscience du Seigneur Krishna, comme révélé dans le Bhagavad Gita et le Srimad Bhagavatam.
  3. Rassembler les membres de la Société autour du Dieu des dieux, Krishna, l'entité principale, ainsi que développer l'idée, pour les membres et l'humanité en général, que chaque âme fait partie intégrante de la qualité de Divinité (Krishna).
  4. Enseigner et encourager le mouvement sankirtana, le chant de congrégation des noms saints de Dieu comme révélé dans les enseignements du Seigneur Sri Chaitanya Mahaprabhu.
    Murtis de Radha et Krishna dans le temple de Noisy-Le-Grand
  5. Ériger pour les membres et pour la société en général, un endroit sacré pour les dévotions (bhakti), consacrées à la personnalité de Krishna.
  6. Rapprocher ensemble les membres dans le but d'apprendre un mode de vie plus simple, autonome et plus naturel (comme suivant cette parole du Mahatma Gandhi : « vivre simplement, pour que tous, puissent simplement vivre »).
  7. En vue de la réalisation des buts mentionnés ci-dessus, publier et distribuer des périodiques, des magazines, livres et autres écritures.

Les quatre principes régulateurs

les quatre principes régulateurs que respectent strictement tous ceux qui pratiquent le bhakti-yoga du gaudiya vaishnava sont les suivants[17] :

  • a) Ne consommer aucune viande (de mammifères, d'oiseaux, de reptiles, de poissons, d'insectes, etc.), ni œuf (et leurs sous-produits) : pratiquer le « végétarisme indien ».
  • b) N'avoir aucun rapport sexuel illicite (en dehors du mariage, ou pour le seul plaisir au cours du mariage).
  • c) Ne faire usage d'aucune substance enivrante ou excitante (incluant drogue, alcool, et même café ou thé).
  • d) Ne s'adonner ni aux jeux de hasard, ni à quelque spéculation que ce soit (monétaire par exemple).

Raisons des principes régulateurs

Krishna et Arjuna sur le champ de bataille de Kurukshetra (illustration du XVIIIe et XIXe siècles)

Les quatre principes régulateurs d'ISKCON sont une pierre d'angle pour ses membres, bien que partagés par d'autres branches de l'hindouisme, notamment vishnouïtes ou des personnalités sans affiliation particulière comme le Mahatma Gandhi (qui avait pour mantra « Râma, Râma, Râma, Râma, Râma » etc., récité indéfiniment [18]), lecteur de la Bhagavad Gita, œuvre sacrée pour tout hindou qui promeut ces principes de vie, où le seigneur Krishna chante :

« अभयं सत्त्वसंशुद्धिर्ज्ञानयोगव्यवस्थितिः । दानं दमश्च यज्ञश्च स्वाध्यायस्तप आर्जवम् ॥१६- १॥ अहिंसा सत्यमक्रोधस्त्यागः शान्तिरपैशुनम् । दया भूतेष्वलोलुप्त्वं मार्दवं ह्रीरचापलम् ॥१६- २॥ तेजः क्षमा धृतिः शौचमद्रोहो नातिमानिता । भवन्ति संपदं दैवीमभिजातस्य भारत ॥१६- ३॥ »

« (1.) L'intrépidité, la purification intérieure, la fermeté à acquérir la science, la libéralité, la maîtrise de soi, la réalisation de sacrifice, l'étude sacrée, l'austérité, la simplicité ; (2.) L'ahimsâ [« non-violence universelle »], la véracité, la patience, le renoncement, le calme, la sincérité, la compassion envers toutes les créatures (dayā bhūteṣu), le désintéressement, la tendresse, la pudeur, la détermination tranquille ; (3.) la force, l'endurance, la volonté, la pureté, l'indulgence, la modestie, tels sont, ô Bhârata, les traits de qui est qualifié pour une destinée divine. »

— Bhagavad Gita, XVI[19].

Végétarisme
Ascète/renonçant hindou avec un veau : le végétarisme est l'alimentation noble, – non cruelle –, selon les textes védiques ou brahmaniques, qu'ils soient vishnouïtes ou shivaïtes.

La raison du végétarisme est que la consommation de chairs est un manquement à l'ahimsâ (devoir de « non-violence » qui concerne non seulement les bhaktas, mais en fait tout « honnête homme », toute personne « noble » – aryâ en sanskrit – selon les sages de l'Inde), mais aussi parce que la zoophagie aurait la particularité d'attacher au cycle des réincarnations (samsara) et serait la source de la violence ultime (qu'est l'acte de tuer) à l'égard des animaux (il n'en est pas de même avec les végétaux, dépourvus de système nerveux et enfin, parce que tuer pour le plaisir (ce qui correspond à la zoophagie), est considéré comme un péché infiniment grave pour le Seigneur Krishna et les dieux qui le servent. Ainsi, dans le Mahabharata, il est écrit (c'est Bhishma qui parle) :

« Y a-t-il besoin de dire que ces créatures innocentes et en bonne santé sont faites pour l’amour de la vie, alors qu’elles sont recherchées pour être tuées par de misérables pêcheurs vivant dans les boucheries ? Pour cette raison, ô monarque, ô Yudhishthir, sache que le refus de la viande est le plus grand refuge de la religion [ou « devoir », dharma], du ciel, et du bonheur. S’abstenir de blesser est le plus grand des principes. Il est, là encore, la plus grande des pénitences. Il est également la plus grande des vérités parmi toutes les preuves d'affection. La viande ne peut pas être retirée de l’herbe ou du bois ou de la pierre. A moins qu’une créature vivante soit tuée, cela ne peut être réalisé. (...) Si personne ne mange de la chair, il n'y a alors plus personne pour tuer des êtres vivants. L’homme qui tue des êtres vivants les assassine pour le bien de la personne qui mange de la chair. Si la chair est considérée comme non comestible, il n'y a alors plus d'abattage d’êtres vivants. »

— Mahābhārata 13,115[20].

Krishna jouant de la flûte parmi les bovins et les vachers, miniature du 18e siècle.

De plus, dans le Bhāgavata Purāṇa, ouvrage essentiel pour les krishnaïtes d'ISKCON mais aussi les vaïshnav de tous les horizons, il est écrit :

« Les personnes coupables qui sont ignorantes des principes religieux, mais se considérant comme totalement pieuses, sans remords, commettent des violences contre les animaux innocents pleinement confiants en leur personne. Dans leur vie prochaine, ces personnes coupables seront mangées par ces créatures qu’ils ont tuées dans ce monde. »

— Bhāgavata Purāṇa 11.5.14[21].

« Une personne bien au courant des principes religieux ne doit jamais offrir quelque chose comme de la viande, des œufs ou du poisson dans les cérémonies de Shrāddha, et même si l'on est Ksatriya [roi, guerrier, defenseur des brâhmanes], on ne doit pas manger de telles choses. »

— Bhāgavata Purāṇa 7.15.7[22].

La vénération de « Mère Vache », Gao Mata, est le devoir de tout Hindou : elle incarne l'ahimsâ et les dieux.

Le végétarisme implique donc non seulement le refus de pratiquer la zoophagie et de se soumettre au spécisme, mais aussi de vendre la viande pour d'autres, de la cuisiner pour d'autres, etc. :

« Celui qui apporte la chair ou l’apporte pour elle-même, celui qui coupe les membres d'un animal, et celui qui l’achète, la vend, ou les cuisiniers de la viande et celui qui la mange – tous ces éléments sont à considérer comme des zoophages. »

— Mahābhārata 13,115[20].

L'œuf est considéré par les traditions indiennes comme étant une viande (le végétarisme en Inde est compris comme étant un régime non-zoophage et sans œuf), de la chair que l'on viole si on la consomme, une vie précieuse à respecter en tant que telle; et, à la vue de l'élevage des poules (enfermement, coupage des becs, gazage ou broyage à vif des poussins mâles (car « inutiles » pour la société de consommation), etc...), l'œuf vendu est le produit de la pure violence, c'est-à-dire de la souffrance des créatures, et incompatible avec l'état de bhakta, de dévot, qui souhaite se détacher de toutes les rétributions karmiques.

Probité sexuelle
George Harrison pratiquant le japa à Vrindavan, 1996.

Les rapports sexuels hors mariage ou pour le simple plaisir ne sont pas promus ; effectivement, le bhakta se doit d'être fidèle à sa femme et de pratiquer l'acte sacré du rapport amoureux dans un but « désintéressé », c'est-à-dire non pour le plaisir seul, mais pour participer au processus de l'accueil d'une âme réincarnée, c'est-à-dire, pour procréer ; dénué d'avidité sensuelle, le bhakta peut ainsi discipliner son corps grossier (le « corps » dans le sens généralement admis) mais aussi et surtout son corps subtil, – soit buddhi, l' « intellect », l'« esprit » ou le « mental », qui contrôle le corps grossier.

En effet, il est inutile et néfaste d'être chaste si l'on est rongé mentalement par le désir sexuel ; le dévot doit donc arracher le kâma (l'« éros ») à la racine, c'est-à-dire cultiver un buddhi – un « mental » – pacifié, qui mène au Prêm, à l'« Amour » divin, au Désir libérateur, – (et les récitations, les chants et prières en l'honneur de Krishna sont là pour cultiver un tel mental) –, intellect qui peut ainsi maîtriser le corps grossier, détaché envers les éphémères attirances que produit le kâma, l'« éros » ou désir asservissant, non libérateur. Le vrai bhakta (dévot) ne doit donc pas devenir dépendant de ses pulsions et d'un mental assoiffé, comme une marionnette soumise à des insatisfactions sans fin.

Un des noms de Krishna est Kamajanaka, c'est-à-dire « père de Kâma », ce dernier étant le dieu du désir, de l' éros : Krishna étant la force des forces, libre des désirs et des passions, Krishna est dans toutes les créatures le désir non contraire au dharma, et ce désir est de réaliser Krishna, de connaître le Dieu des dieux, de métamorphoser le désir non libérateur en Amour qui délivre[23].

Enfin, selon toutes les traditions de sagesses indiennes (tantriques y compris[24]) la préservation en son corps de la semence mâle augmente le pouvoir de concentration, d'abnégation, de mémoire, de libéralité, de tolérance, etc.

Ce faisant, les pujari (brâhmanes pratiquant le culte à la divinité) d'ISKCON sont spécialement qualifiés pour la vénération d'un avatar de Vishnou tel que Narasimha[25], divinité à tête de lion particulièrement intimidante pour les hindous (sa forme est celle d'une divine colère), étant donné que selon les croyances elle peut se retourner contre le brâhmane qui l'adore si celui-ci n'observe pas une parfaite chasteté de corps et d'esprit (brahmacharya) depuis de nombreuses années de célibat.

Refus des « intoxicants »
Swami Prabhupada en prière avec à ses côtés le Seigneur Jagannâth au Golden Gate Park, 1967.

Le refus des « intoxicants » (drogues, alcool, cigarettes, etc.) est lié à la capacité de renoncement du bhakta, qui ne veut pas devenir dépendant à des futilités et à sa volonté d'avoir un corps le plus sain possible, ainsi qu'un esprit pacifié et maître de lui, pour mieux servir Krishna (les krishnaïtes d'ISKCON préfèrent éviter le café et le thé).

Refus des jeux de spéculation

S'adonner à des jeux de hasard, jouer avec l'argent, parier à la bourse ou autres, sont des choses sans aucun intérêt pour le bhakta (dévot, qui, en revanche, peut jouer au jeu d'échecsd'ailleurs d'origine brahmanique selon la légende) ; l'argent doit être créé à partir du fruit du travail, pour avoir une quelconque valeur d'utilité publique, et non servir d'asservissement à des principes liés à des désirs d'enrichissements sur l'appauvrissement d'autrui, ou à l'amoindrissement de la conscience envers la réalité gracieuse de l'univers, univers que le seigneur Krishna contrôle (Vishveshvara, « Seigneur de l'Univers » est un des noms de Krishna[26]) : ainsi, un arbre fruitier offre ses fruits sans rien espérer en retour, sans manipulation ni « chantage » matériel, économique.

Cette attitude a été encouragée aussi (de même que le végétarisme, le refus des intoxicants et la probité sexuelle comme cela a déjà été précisé) par le Mahatma Gandhi, dans sa critique des lois économiques et des gouvernements temporels, – Gandhi, dont le fondateur d'ISKCON, A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, fut un disciple actif durant sa jeunesse étudiante.

Les quatre principes du dharma

Brâhmanes du temple ISKCON à Tirupati (Andhra Pradesh) dédié à la divinité Balaji.

Les quatre principes du Dharma des krishnaïtes du maître A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada sont[27]:

  • Daya : Miséricorde ou compassion.
  • Tapas : Auto-contrôle ou austérité.
  • Satyam : Sincérité ou véracité.
  • Śaucam : Propreté du corps et de l'esprit.

Bhagavad Gita

La Bhagavad Gita est l'ouvrage fondateur du culte à Krishna, la traduction en plus de 75 langues et commentaires de Srila Prabhupada est la version utilisée par ce groupe religieux.

Œuvres humanitaires

En 1971, Srila Prabhupada fonda l’association de bienfaisance « Hare Krishna Food For Life » nommée en France « Les repas Hare Krishna ». Il s’agit d’une distribution gratuite de nourriture végétarienne sanctifiée, appelée en sanskrit prasadam (littéralement: « la miséricorde de Dieu »). Dans les pays du tiers-monde et, de plus en plus, dans les pays industrialisés, la distribution à grande échelle de repas gratuits est l’une des principales activités humanitaires de l’ISKCON. A ce jour, plus de 58 millions de repas ont été servis à travers le monde.

Présence en France et en Belgique

Fidèles chantant à Paris

En France, il est présent dans l'Indre, à Luçay-le-Mâle (au domaine « La nouvelle Mayapura », qui occupe le château d'Oublaisse), en région parisienne (à Sarcelles) et, ponctuellement, dans le Jura, près de Dole (Château Bellevue, Arche Novum, à Chatenois, où se déroule un séminaire franco-suisse chaque année début juillet). Il est également présent en Belgique (Château de Septon Durbuy — Radhadesh avec près de 100 dévots dont la moitié vivent en dehors du centre qui compte désormais une Université Vaishnava)[28] ainsi qu'au travers de petits groupes de fidèles répartis un peu partout en France. Le Mouvement, qui continue son développement sur les cinq continents, semble avoir retrouvé de nouvelles bases en France. Chaque année, en principe le premier ou deuxième week-end de juillet, se tient à Paris le Ratha Yatra, rassemblement qui réunit quelques centaines de participants, de la Place Stalingrad aux Halles en passant par le quartier Tamoul (la Chapelle). Chaque année, un dimanche d'août, se tient au château d'Oublaisse, la journée de l'Inde dans l'Indre.

Avec un veau, Radhanath Swami, vêtu de son dhoti, le visage orné du tilak gaudiya vaishnav, portant le choti ou shika, touffe de cheveux en haut du crâne, « drapeau » de tous les hindous (pratiquants).

A Paris, une association (le Centre Culturel Bhaktivedanta) est constituée, disposant d'un local dans le quartier latin, où concerts et conférences sont organisés, animés par des dévots, les visiteurs pouvant ainsi s'immerger dans la culture védique.

Apparence

Les hommes, vêtus de leurs dhotis (pagnes indiens traditionnels) safrans (pour les célibataires) ou blancs (les femmes portent le sari), chantent dans les rues, offrant livres et disques concernant Krishna[12], le visage de tous orné d'un tilak, le crâne des hommes devant être couronnée du shika, ou choti, la touffe de cheveux brahmanique située en haut du crâne (toujours plus longue que le reste de la chevelure, même si le reste du crâne n'est pas rasé complètement), et que peut porter tout hindou (selon les lois de Manu), sans distinction de courants religieux ou de communautés, et tout particulièrement les dvija, « deux-fois-nés », initiés aux Védas, et surtout leurs maîtres religieux, les brâhmanes : le corps étant considéré comme un temple, le tilak (marque frontale à l'emplacement du troisième œil) représente la divinité adorée sous une forme stylisée à l'extrême, et le shikha ou choti est le « drapeau » du temple de l'âme qu'est le corps, de même que le temple, palais de Dieu, est orné d'un drapeau à son sommet.

Réception en Inde

Initialement, Srila Prabhupada a commencé sa mission de prêche public en Inde. Il fonda la Ligue des Bhakta (dévots), à Jhansi, en 1953[29].

Après l'établissement de temples et de centres culturels gaudiya vaishnav aux États-Unis et en Europe, Prabhupada revint en Inde en 1971, tenant beaucoup de programmes publics qui ont été suivi par la population indienne avec succès. Après 1971, le mouvement est devenu de plus en plus populaire et s'est étendu dans toute l'Inde, Prabhupada étant particulièrement désireux de voir ce progrès s'étendre à un projet de temple impressionnant à Mumbai, que lui et ses disciples voulaient ardemment voir établir[30], et qui suivront avec de grands temples à Mayapur et Vrindavan au milieu des années 1970.

ISKCON Temple à Tirupati, Inde
Prabhupada Samadhi, Vrindavan.

ISKCON est donc très bien considéré en Inde ; ainsi, en 1996, le Gouvernement indien gratifia les accomplissements de Prabhupada, fondateur d'ISKCON, en émettant un timbre commémoratif en son honneur lors des célébrations de son centenaire[31],[32].

Lors du discours d'inauguration du centre culturel d'ISKCON à New Delhi, le 5 avril 1998, à l'occasion du Ramnavmi, Atal Bihari Vajpayee, à l'époque premier ministre de l'Union indienne, déclara :

« Si la Bhagavad Gita, texte sacré pour toutes les traditions hindoues, a été et est imprimée à des millions d'exemplaires et traduite en un si grand nombre de langues, distribuée dans tous les coins et recoins du monde, c'est principalement grâce à ISKCON que l'on doit ce service, sacré et grand. Pour ce seul accomplissement, les Indiens devraient être éternellement reconnaissants envers l'armée spirituelle consacrée par Swami Prabhupada, le fondateur du mouvement Haré Krishna, ainsi qu'envers ses disciples... L'arrivée de Bhaktivedanta Swami Prabhupada aux États-Unis en 1965, et la popularité spéciale que son mouvement a gagnée dans le laps de temps très court de douze années, doivent être considérées comme un des événements spirituels les plus importants du siècle. »

— Atal Bihari Vajpayee - avril 1998

[33],[34],[35]}}

ISKCON est considéré par les hindous comme une branche de l'« hindouisme » (ou sanatana-dharma, « ordre éternel ») aussi légitime qu'une autre[36], mais suffisamment répandue dans le monde pour permettre à la diaspora indienne de fréquenter et de prier dans un temple hindou hors de l'Inde, et est donc vue comme une preuve du rayonnement culturel de leur pays d'origine[37].

Controverses

En 1995, le mouvement est classé comme secte par la commission d'enquête française sur les sectes[38] , estimant qu'il avait « réalisé de substantiels bénéfices commerciaux par le biais d'associations à but soi-disant désintéressé », que des témoignages avaient été recueillis au sujet d'astreintes à un effort physique important pouvant « réduire [l']esprit critique ». La rapport fait aussi état (au conditionnel) d'« embrigadement des enfants », de « discours antisocial », de « trouble à l'ordre public » (s'appuyant sur les rapports des Renseignements généraux).

En 2006, au cours des auditions de la commission d'enquête parlementaire installée en juin et ayant rendu son rapport en décembre, le directeur général de la Police nationale, Michel Gaudin, indique que « D'après les études sur Krishna, l'Église de Scientologie ou les raéliens, les enfants concernés sont, la plupart du temps, ceux dont les parents sont eux-mêmes adeptes de sectes. »[39], et qu'il ne croit pas qu'il « existe de recrutement direct d'enfant, sinon de façon extrêmement limitée »[39].

En 2005, les dirigeants ont entamé l'exécution des termes du compromis de 9,5 millions de dollars qui achève le long scandale des viols d'enfants[40]. [réf. à confirmer]  D'après le plan, la Société Internationale pour la Conscience d'Hare Krishna a demandé sa mise en faillite à Los Angeles, pendant qu'elle détermine comment compenser les 535 anciens élèves qui ont dit être violés durant les années 70 et 80 par des adultes sévissant dans des écoles d'ISKCON. Ce compromis met un terme aux abus commis dans les temples et écoles d'ISKCON aux États-Unis et en Inde, viols ayant déclenché une poursuite judiciaire générale en 2001 (class action)[41]. Dès lors, pour combattre au mieux de telles atrocités, ISKCON a créé un bureau de la protection de l'enfance à échelle mondiale, afin de repérer les auteurs de sévices ayant déjà eu affaire à la justice ou potentiels, pour instruire et prévenir les enfants et les parents sur les abus sur enfants, et pour encourager la vigilance de tous[42]. Face au besoin d'établir la transparence et la responsabilité parmi ses membres, ISKCON a encouragé l'établissement d'une organisation de médiation, ISKCON Resolve[43].

Selon Diana Eck, professeur d’histoire des religions à l'université de Harvard :

« Certains ont apposé au mouvement Hare Krishna l’étiquette de “secte” et remis en question son authenticité. C’est là un triste et déplorable témoignage de notre isolement culturel. Cette tradition religieuse exige une place respectable dans la vie spirituelle de l’homme. Elle ne doit en aucun cas être discréditée ou dépréciée par l’appellation de “secte”, et la dignité de son héritage et de son histoire unique ne doit pas non plus être rabaissée par la confusion de ceux qui voudraient, sans discrimination aucune et d’un simple geste, l’identifier à l’une des trop nombreuses sectes d’aujourd’hui si populaires[44]. »

En novembre 2006, le gouvernement kazakh décida de démolir avec l'aide de la police[45], au bulldozer, les maisons appartenant à des fidèles du mouvement Hare Krishna, habités seulement par des femmes et des enfants, les hommes travaillant alors à la ville. (voir sur Wikinews (en)).

« Les organismes hindous nationaux du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada, d'Australie, et d'autres pays demandent au gouvernement du Kazakhstan d'arrêter le harcèlement et la discrimination des hindous », a indiqué Ramesh Kallidai, secrétaire général du forum hindou de la Grande-Bretagne. Ces faits furent condamnés par Washington et le gouvernement britannique [réf. souhaitée].

Comme d'autres temples hindous en Inde, un temple d'ISKCON a subi des attaques terroristes (islamiques ou chrétiennes), faisant de nombreuses victimes (la plupart étant Indiens), morts et blessés, comme à Imphal, en 2006, à Manipur[46],[47].

Liens internes

Références

  1. Philippe Raxhon, Marcel Rainkin, Bernard Godeaux, Une introduction à la neutralité active , éd. CEFAL, 2006, p. 83, extrait en ligne
  2. http://krishna.org/who-is-krishna/
  3. (de) Andreas Grünschloss, Der eigene und der fremde Glaube: Studien zur interreligiösen Fremdwahrnehmung in Islam, Hinduismus, Buddhismus und Christentum (Hermeneutische Untersuchungen zur Theologie), Mohr, 1999 [présentation en ligne], p. 185 
  4. Directory of ISKCON, Directory.krishna.com. Consulté le 2009-10-01
  5. Cole Dwayer 2007, p. 38
  6. (en) J. Stillson Judah, Hare Krishna and the counterculture, Wiley, 1974 [présentation en ligne] 
  7. en clair : International Society for Krishna Consciousness
  8. Le sanctuaire, site consacré à l'ésotérisme.
  9. dans un avis de mauvais traitement des adeptes d'Hare Krishna
  10. Benjamin E. Zeller ISKCON Quick Facts à savoir la fiche descriptive de ce mouvement
  11. http://www.bhaktivedantamanor.co.uk/home/?page_id=9
  12. a, b, c, d, e, f et g d'après l' Encyclopédie des religions de Gerhard J. Bellinger ISBN 2-253-13111-3
  13. Bhakti Vikasa Swami, A Beginner's Guide to Krsna Consciousness, Bhaktivedanta Book Trust, p.109.
  14. http://sites.google.com/site/vedicscripturesinc/home/shikshashtakam
  15. d'après un texte de la discipline du mouvement Le dévot doit réciter (au moins) 16 chapelets par jour publié par la Curieuse histoire du monde, le plus rock des blogues spirituels
  16. | first = Dasa Goswami | last = Satsvarupa | author-link = Satsvarupa Dasa Goswami | title =Srila Prabhupada Lilamrta Vol 1 | publisher = BBT | date = 1981,2002 | page = 1133 | isbn = 0892133570(2 volume edition 2002) | ref = harv | postscript = | unused_data = DUPLICATE DATA: page = 408
  17. The Four Legs of Dharma, Vedabase.net. Consulté le 2009-10-01
  18. Autobiographie ou mes expériences de vérité), Mohandas Karamchand Gandhi, éditions PUF.
  19. http://bhagavad-gitaasitis.com/d.php?g=5013
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  26. Hundred and eight names of Krishna, 1997, Sterling Publishers (P) Ltd. ISBN8120720229, par Vijay Kumar, p.101
  27. http://vedabase.net/sb/1/17/24/
  28. http://www.youtube.com/watch?v=EW1QdGJx7BQ&feature=player_embedded
  29. prabhupadaconnect.com - League of Devotees article
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  31. krishna.com see "Commemorative Stamp" section, including image
  32. Centennial 1996 Events, www.afn.org. Consulté le 2008-05-31
  33. {{cite web| url=http://www.vnn.org/world/9804/07-1732/index.html%7C title=Speech by Atal Behari Vajpayee, April 18, 1998.| publisher=www.vnn.org/ also Salt Lake Tribune - Apr 11, 1998| accessdate=2008-05-31| last=| first=the website, however, gives the speech a wrong date -1988 instead of 1998.)
  34. Intelligencer (Newspaper) - April 5, 1998, Doylestown, Pennsylvania "Today, Indian Prime Minister Atal Bihari Vajpayee will open the newest Hare Krishna complex, which includes a temple and a cultural center."
  35. Daily Herald (Newspaper) - April 6, 1998, Chicago, Illinois, Hare Krishna center makes debut in India, NEW DELHI, India's prime minister inauguration. Prime Minister Atal Bihari Vajpayee said the message of Bhagavad Gita...
  36. http://hinduism.iskcon.org/tradition/1201.htm
  37. http://www.youtube.com/watch?v=EW1QdGJx7BQ
  38. (fr) http://www.assemblee-nationale.fr/rap-enq/r2468.asp
  39. a et b Rapport fait au nom de la commission d'enquête relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs, Assemblée nationale, 12 décembre 2006, 789 p. Le procès-verbal de l'audition de Michel Gaudin, survenue le 11 octobre 2006, est en pages 615-618, et les propos reproduits ici en page 616.
  40. Le Secticide
  41. Los Angeles Times
  42. Child Protection Office, Child Protection Office, 2008-01-26. Consulté le 2009-10-01
  43. Iskconresolve.com, Iskconresolve.com. Consulté le 2009-10-01
  44. Diana L. Eck Devotion Divine: Bhakti Traditions from the Regions of India, (mélanges offerts à la chercheuse française en indologie Charlotte Vaudeville)
  45. destruction de maisons au Kazakstan
  46. http://www.hafsite.org/media/pr/isckon-temple-attack
  47. http://news.iskcon.com/node/3069

Liens externes

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