Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme

Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme
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Logo de la LICRA

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (ou LICRA) est une association internationale luttant contre le racisme et l'antisémitisme.

Sommaire

Histoire

La LICRA trouve son origine dans un assassinat : le 25 mai 1926 Samuel Schwartzbard abat de sang froid à Paris, au Quartier Latin, Simon Petlioura que Samuel Schwartzbard juge responsable des pogroms organisés en Ukraine.

En 1927 Bernard Lecache est un jeune journaliste chargé de suivre le procès de Samuel Schwartzbard. Pour tenter de sauver Samuel Schwartzbard, il se lance dans une campagne médiatique et fonde un groupement, la Ligue contre les pogroms. Après l'acquittement de l'accusé, le groupement s'organise en une association, la Ligue internationale contre l'antisémitisme (LICA) voit le jour en février 1928, à laquelle adhérent des personnalités influentes comme Victor Basch, Léon Blum, Albert Einstein, Edmond Fleg, Maxime Gorki, Paul Langevin, la Comtesse de Noailles, Georges Pioch, Georges Zérapha, Séverine, André Spire. Une de ses premières tâches est de cartographier des pogroms en Europe. Dès 1932, le nom change en Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme mais ce n'est qu'en 1979 que le sigle correspondant a été adopté par Jean Pierre-Bloch, président de l'époque. Parmi les membres fondateurs, on retrouve entre autres maître René Cohen-Hadria qui œuvra pour un combat juste et honorable[non neutre].

Dès 1931 la ligue compte 10 000 adhérents répartis en sections d'arrondissements et de villes et en Fédérations départementales à travers toute la France et constitue une force incontournable dans la bataille des ligues en février 1934. Juste avant la seconde guerre mondiale, elle compte près de 100 000 adhérents[1].

Les bureaux de la LICA pillés et occupés par les nazis en 1941

En septembre 1939 quand la deuxième guerre mondiale éclate, de nombreux militants de la LICA sont mobilisés, beaucoup partent volontaires pour la durée des hostilités. En France occupée, la LICA est dissoute par les autorités de Vichy[2], se reconstitue dans la clandestinité pour venir en aide aux victimes des lois anti-juives, en leur trouvant des caches en Province, en leur fournissant des faux papiers d’identité, en créant des réseaux d’évasion vers la Suisse, l’Espagne et l’Angleterre. Néanmoins nombreux sont les anciens membres de la LICA à participer au régime de Vichy (lire à ce sujet Les Dreyfusards sous l'occupation et Un paradoxe français de Simon Epstein), le fondateur Bernard Lecache ayant voulu occulter ce fait[1].

Après 1945, la LICA prend la forme d'une association de solidarité envers les rescapés des camps de concentration et de fidélité à la mémoire des victimes de l'holocauste[2]. Certains adhérents, proches du parti communiste, partent fonder le MRAP qui se spécialise dans le racisme anti-maghrébin, la LICA considérant que la défense d'autres minorités était une sorte de faire-valoir du combat contre l'antisémitisme[1].

La loi antiraciste du 1er juillet 1972 permet à la LICA de se porter partie civile dans les procès relatifs à des actes racistes et de protester contre les crimes racistes.

Lors de son 33e congrès national en 1979, la LICA devient la LICRA. En mettant en harmonie son sigle et son intitulé, la Ligue rappelle ainsi sa volonté, toujours affirmée, de lutter contre toutes les formes de racisme direct ou voilé, individuel ou collectif et sa détermination à dénoncer la discrimination raciale partant du principe fondamental qu’aucune raison politique, économique, sociale ou biologique ne peut expliquer ou justifier le racisme.

La lutte de la LICRA contre le néonazisme et les thèses négationnistes s'est manifestée notamment par le soutien au couple Klarsfeld dans sa traque des anciens nazis, et dans le cadre du procès Barbie en 1987. À la fin des années 1980, la LICRA craint d'être supplantée par SOS Racisme proche du Parti socialiste mais poursuit son combat en gardant son indépendance politique[1].


Depuis quelques années, la LICRA a intensifié son action internationale et œuvré pour une présence effective dans de nombreux pays. C’est ainsi qu’elle est désormais implantée en Suisse, en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne. Une section a vu le jour au Portugal le 11 avril 1991, une autre au Québec, le 26 juin de la même année. En février 2001, la Ligue a pris pied au Congo-Brazzaville, puis en mars en Autriche.

Depuis 1999, et sous l’impulsion de Patrick Gaubert, la LICRA élargit son champ d’action. Aux thèmes traditionnels antiracistes, s’en ajoutent désormais d’autres, qui répondent aux préoccupations de la société nouvelle[réf. nécessaire] : la discrimination au travail, la citoyenneté, les jeunes des milieux défavorisés etc. C’est ainsi que, les 22 et 23 janvier 2000, la convention nationale de la LICRA, à Bordeaux, a consacré ses travaux au thème de la citoyenneté.

Alain Jakubowicz a été élu à la présidence de la LICRA le 31 janvier 2010 pour un mandat de trois ans[3].

Dans l'affaire judiciaire LICRA contre Yahoo!, la LICRA tente de faire condamner l'entreprise Yahoo! pour son secteur de vente en ligne, en ce qui concerne des objets en relation avec l'antisémitisme.

Commissions

  • La commission de soutien psychologique aux personnes victimes de racisme et d'antisémitisme a pour rôle d'apporter une aide aux personnes déstabilisées par des agressions racistes ou antisémites.
  • La commission juridique examine et décide, le cas échéant de poursuivre devant les tribunaux les paroles et/ou écrits racistes et/ou antisémites en application de la loi 1881 sur la presse. Elle envisage éventuellement d’accompagner en justice les personnes victimes de discriminations particulièrement graves.
  • La commission Jeunes a été réactivée à la suite du premier tour de la présidentielle du 21 avril 2002, afin de toucher le public jeune qui fait habituellement défaut à la LICRA, au travers d’actions spécifiques au niveau local et national.
    Cette commission réunit des militants âgés de 16 à 30 ans.
  • La commission Mémoire, Histoire et Droits de l'Homme, créée en 1986, est une instance d'information et de formation ouverte à tous les membres de la LICRA. Son action préventive comporte trois axes principaux :
    • l’information et la formation historique des adhérents
    • l’expertise d’ouvrages, films, vidéos relatives au racisme et l’antisémitisme
    • la diffusion des connaissances historiques à l’intention des enseignants, des élèves et de différents publics concernés.
  • La commission Sport veille à ce que le sport reste un vecteur d'intégration et non d'exclusion. Elle mène un travail de prévention quotidien face aux problèmes de racisme et de violence par et dans le sport. Elle organise régulièrement des colloques pour sensibiliser et former les différents acteurs du sport, de l’enseignement et de la sécurité. Elle lutte contre l’utilisation par les extrémistes du vecteur sport comme moyen d’infiltration et de recrutement et reste vigilante face aux dangers du communautarisme. En Europe, la LICRA est l’association nationale française déléguée de Football Against Racism in Europe (FARE), le réseau d’associations anti-racistes partenaire de l’UEFA.
  • La commission Éducation dirigée par Jean-Paul Grasset, mène des actions de sensibilisation des jeunes aux valeurs républicaines, et de formation des militants.

Présidents

Membres d'honneur

Joséphine Baker, Alain Bauer, François Bayrou, Harry Belafonte, Edouard Beneš, André Bergeron, Jean Pierre-Bloch, Léon Blum, Charles-Auguste Bontemps, Tamara Borten, Jean-Denis Bredin, Jacques Chaban-Delmas, Georges Charpak, Jacques Chirac, Comtesse de Noailles, Costa-Gavras, Bertrand Delanoe, Jacques Delors, Albert Einstein, Monseigneur Etchegaray, Laurent Fabius, Roger Fauroux, Jean Ferniot, Alain Finkielkraut, François de Fontette, René Frydman, Pierre-Gilles de Gennes, Marek Halter, Édouard Herriot, François Jacob, Lionel Jospin, Léon Jouhaux, Alain Juppé, Axel Kahn, Joseph Kessel, Beate Klarsfeld, Serge Klarsfeld, Bernard Kouchner, Jack Lang, Bernard Lecache, Joël Le Tac, François Léotard, Bernard-Henri Lévy, Léon Lévy, Enrico Macias, André Malraux, Tomas G. Masaryk, Albert Memmi, Gaston Monnerville, Abbé René de Naurois, Pierre Perret, Louis Edmond Pettiti, Gilberte Brossolette, Samuel Pisar, Maurice Plantier, Alain Poher, Bertrand Poirot-Delpech, Henri Ravouna, Leny Rimbert, Romain Rolland, André et Simone Schwarz-Bart, Philippe Séguin, Séverine, Bernard Stasi, Fodé Sylla, Bertrand Tavernier, Rita Thalmann, Gilbert Trigano, Étienne Trocmé, Simone Veil, Maurice Weinberg, Elie Wiesel, Étienne Wolff, Fred Zeller.

Ses objectifs

La LICRA a pour objectif d'être vigilante sur les discriminations. Elle combat tout d'abord le racisme au quotidien et la banalisation des actes xénophobes, en apportant une aide juridique aux victimes, souvent mal informées de leurs droits. Elle est très attentive aux propos racistes ou antisémites tenus dans la presse, à la télévision et à la radio. Elle dit ne pas vouloir entraver la liberté de la presse, mais traquer et corriger publiquement les incitations à la haine et à la discrimination. Elle veille aussi à attaquer systématiquement toutes les publications négationnistes, en réclamant le retrait de l'ouvrage. De plus, elle poursuit les sites ayant des contenus racistes ou antisémites, et incite les hébergeurs à plus de responsabilité et de vigilance. Finalement, elle veille à attaquer les propos xénophobes contenus dans certains discours politiques. Les condamnations qu'elle a déjà obtenues sont la preuve que de telles déclarations ne sont pas des opinions mais des délits.

La LICRA agit sur le terrain à l'aide de ses bénévoles actifs dans toutes les régions de France. Le programme des actions sur le terrain est voté par neuf commissions (Mémoire historique, Juridique, Éducation, Culture, Sport, Europe, Intégration, Citoyenneté, LICRA Jeunes). Depuis 1932, le journal Droit de Vivre est un support essentiel aux valeurs et aux engagements de la LICRA. Distribué à l'ensemble des membres, c'est un outil privilégié de communication internet et externe. À travers ses lignes, il fait transparaitre la vie de l'association tant au niveau local qu'international. En effet, si les grandes décisions et les prises de position du bureau national font partie des informations véhiculées par le journal, la place consacrée à la vie des sections et aux initiatives locales est importante. En fonction de l'actualité, il ouvre ses colonnes à des personnalités extérieures.

Implantation internationale

Il existe des sections de la Licra en Suisse, en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, au Portugal depuis le 11 avril 1991, au Québec depuis le 26 juin 1991, au Congo-Brazzaville depuis février 2001, en Autriche depuis mars 2001 et en Italie depuis 2008.

Communication et publications

  • Depuis 1932 la LICRA publie un journal intitulé Le Droit de Vivre, authentique organe de combat où s’expriment les différentes personnalités membres.
  • En 2001, la LICRA lance une campagne contre les discriminations au quotidien, avec une signature forte : « Stoppons l’apartheid en France ».
    Plus récemment deux clips vidéos ont aussi été tournés dans le cadre d'une campagne contre le racisme dans les stades.

Mission de médiation

Mercredi 4 novembre 2006 Patrick Gaubert a accepté une mission de médiation à la demande de Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Intérieur, concernant l'affaire des expulsés de Cachan. Cette mission fut menée avec Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Selon le Ministère de l'Intérieur et les explications de son porte-parole Claude Guéant, cette mission aurait débuté plusieurs jours avant l'annonce faite à la presse[4].

Procès contre Daniel Mermet

En 2002, elle a intenté, aux côtés de l'UEJF et d'Avocats sans frontières, un procès contre Daniel Mermet, journaliste à France Inter, pour avoir diffusé des propos d'auditeurs concernant le conflit israélo-palestinien, l'accusant d'« incitation à la haine raciale ». Reporters sans frontières a alors dénoncé des « pressions croissantes exercées sur les journalistes critiquant la politique d'Ariel Sharon »[5], tandis que la Cour d'appel a débouté Avocats Sans Frontières en 2006, distinguant la responsabilité du journaliste de celle des auditeurs[6].

Bibliographie

Livres favorables

  • Contre le racisme, les combats de la LICRA, par Jean-Pierre Allali et Richard Séréro (2002)
  • Combattre l'obscurantisme, par Patrick Gaubert, qui était alors président du mouvement (2007)
  • 1905-2005 Un siècle de liberté et de respect, par la LICRA, ouvrage sur l'histoire de la laïcité en France sous la direction de Richard Séréro et Philippe Benassaya (2005, non disponible à la vente)

Livre critique

Références

Voir aussi

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme de Wikipédia en français (auteurs)

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