- Samuel Schwartzbard
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Sholem Schwartzbard est un anarchiste et poète juif, né le 18 août 1886 à Izmaïl et décédé en Afrique du Sud le 3 mars 1938[1]. Il est connu pour avoir assassiné Simon Petlioura, qu'il jugeait responsable des pogroms contre les Juifs d'Ukraine, ayant fait plusieurs milliers de morts, dont ses parents[réf. nécessaire].
Sommaire
Biographie
Né en Bessarabie en 1886 dans une famille juive, Sholem Schwartzbard déménage avec sa famille à Smolensk puis s'installe dans la ville de Balta où il grandit. En 1900 il devient apprenti horloger sous la conduite d'Israel Dreck. Au cours de cette période, il rejoint un groupe communiste juif relié au journal de Lénine l'Iskra. Schwartzbard devient alors révolutionnaire et prend part à la révolution russe de 1905. Il participe aussi à l'auto-défense des Juifs de Balta, ce qui lui vaudra trois mois de prison[2]. Il s'enfuit de Bessarabie en 1906 et part pour Chernivtsi, Lviv et arrive finalement à Vienne.
En 1909, il prend part aux côtés d'anarchistes au braquage d'une banque à Vienne. Arrêté, il est alors condamné aux travaux forcés. Après quatre mois de détention, Schwartzbard s'enfuit et prend part à un nouveau braquage, cette fois-ci dans un restaurant de Budapest. Schwartzbard est arrêté et expulsé de l'Empire austro-hongrois. Il trouve refuge en France en 1910, à l'âge de 24 ans et travaille comme horloger.
Avec son frère, il s'engage dans la Légion étrangère le 24 août 1914, peu après le début de la Première Guerre mondiale. Au sein du 363e régiment d'infanterie, il est blessé et à ce titre décoré de la Croix de guerre. Il participe à la bataille de Carency, en Artois, et est de nouveau blessé lors d'une patrouille, par un souffle de grenade en mars 1916.
En août 1917, Schwartzbard est démobilisé et, le mois suivant, part avec sa femme en Russie. Sur le bateau français Melbourne, il est arrêté pour agitation communiste et livré aux autorités russes d'Arkhangelsk. Il parvient ensuite à gagner Pétrograd, où il sert dans la Garde rouge puis dans un bataillon spécial de la Tchéka envoyé en Ukraine[3]. En 1919, Schwartzbard est responsable d'une brigade spéciale de cavalerie juive avec 90 hommes dans le sud de l'Ukraine sous les ordres de Grigori Kotovski (RIAU)[4], un commandant et leader communiste. Durant la guerre civile russe, Schwartzbard perd 15 membres de sa famille dans des pogroms tandis que son frère est arrêté en France pour agitation communiste.
En 1920, déçu par le comportement de ses camarades révolutionnaires dans la guerre civile[4] il retourne à Paris et reprend ses activités d'horloger boulevard de Ménilmontant. Il devient par ailleurs un membre actif du mouvement ouvrier français et juif. Plus tard, il rejoint un groupe d'anarchistes et fait la connaissance de militants qui avaient émigré de Russie et d'Ukraine, tels Voline, Alexander Berkman, Emma Goldman ou encore Piotr Archinov et son disciple Nestor Makhno. Schwartzbard devient aussi un membre de l'Union des citoyens ukrainiens[5]. Il obtient la nationalité française en 1925.
Le procès
Ayant appris que le dirigeant socialiste et indépendantiste ukrainien Simon Petlioura, dont les troupes s'étaient rendues coupables de nombreux pogroms pendant la guerre civile, vivait à Paris, il l'assassina le 25 mai 1926 rue Racine, à proximité du boulevard Saint-Michel[6].
Sholem Schwartzbard est défendu par l'avocat Henry Torrès. Le procès était suivi par le journaliste Bernard Lecache, qui créa pour soutenir l'accusé la Ligue contre les pogroms, à laquelle adhérèrent plusieurs personnalités, dont Albert Einstein. La Ligue contre les pogroms devint la LICA, puis la LICRA. A l'issue de son procès, qui commence le 18 octobre 1927, Sholem Schwartzbard est déclaré non coupable par le jury populaire, bien qu'il ait clairement revendiqué l'assassinat de Petlioura.
Au cours du procès, les services spéciaux allemands informent leur confrères français que Sholem Schwartzbard aurait assassiné Petlioura sur ordre de Galip, un émissaire de l'Union des citoyens ukrainiens, Galip ayant lui même reçu ses ordres de Christian Rakovsky, un ancien premier ministre de la RSS d'Ukraine. L'acte enfin, aurait été appuyé par Mikhaïl Volodine, un agent du Guépéou arrivé en France le 8 août 1925[7]. Selon l'ancien directeur de la CIA, Allen Dulles, Sholem Schwartzbard était un agent au service des Soviétiques[8].
Après le procès
Sholem Schwartzbard consacra le reste de sa vie à la poésie (Troymen un Virklikhkayt (Rêves et réalités), 1920 ; In Krig - Mit Zikh Aleyn (A la guerre - avec soi-même), 1933 ; et à son autobiographie, In’m Loyd Fun Yorn (Au fil des ans, 1934) ; toutes ses œuvres sont rédigées en yiddish.
Après s'être vu refuser l'entrée en Palestine mandataire par les autorités britanniques, il se rend en Afrique du Sud, où il décède d'une crise cardiaque le 3 mars 1938, un mois après son arrivée. Sa dépouille sera transférée en Israël pour y être ensevelie un peu moins de trente ans plus tard.
Michel Herman, un de ses descendants, a rassemblé et traduit une partie de ses mémoires publiées sous le titre "Mémoires d'un anarchiste juif" aux éditions Syllepse (2010) dans la collection Yiddishland.
Voir aussi
Références
- Boris Czerny, Paroles et silences, L'affaire Schwartzbard et la presse juive parisienne (1926-1927), CAIRN, sur cairn.info, 2001.
- Claude Wainstain, Petlioura et Schwarzbard, L’Arche n°560, sur col.fr, 2004.
- (en) David Brown, Samuel Schwartzbard, Jewish anarchist & writer, The Anarchist Encyclopedia, sur recollectionbooks.com.
- Fabrice Magnone, Une tribune pour les dissidents, sur www.lelibertaire.net.
- Henry Torrès (Maître), Maître Henry Torrès re-plaide l'affaire Schwartzbard, En votre âme et conscience, ORTF, sur ina.fr, 28 février 1958
- Inconnu, Turning the pages back..., The Ukrainian Weekly, 1996
- (en) Jesse Cohn, Anarchy in Yiddish : Famous Jewish Anarchists from Emma Goldman to Noam Chomsky, Temple Israel, sur raforum.info, 2002.
- (en) Michael Schmidt A Makhnovist in Africa: Shalom Schwartzbard, Zabalaza, A Journal of Southern African Revolutionary Anarchism, sur nestormakhno.info, 2004.
- Samuel Schwarzbard, Mémoires d'un anarchiste juif, (présentées et préfacées par Michel Herman), Paris, éditions Syllepse, coll. Yiddishland, 2010.' •
Liens externes
Notes et références
- Archives Juives, n° 33/2, 2e semestre 2000, p. 128-129 : né en Bessarabie le 18 août 1886, Schwartzbard émigre à Smolensk puis à Balta
- Saul Friedman, Pogromchik, New York, 1976, p. 58
- Кульчицький Юr Симон Петлюра і погроми — С. 139.
- Saul Friedman, Pogromchik, New York, 1976, p. 62.
- http://www.sbu.gov.ua/sbu/doccatalog%5Cdocument?id=42156
- Les faits rapportés dans l'Ouest-Éclair du 27 mai 1926
- Makhno did not allow Schwartzbard to Shoot Petlura (en ukrainien)
- Article d'Andrew Gregorovich
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