Laps de temps

Laps de temps

Temps

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Chronos, dieu du temps de la mythologie grecque, par Ignaz Guenther.

Philosophes, scientifiques et hommes de la rue ont bien souvent des vues différentes sur ce quest le temps, et les progrès des uns influencent les autres depuis des siècles. La psychanalyse et la psychologie apportent également des éléments nouveaux au XXe siècle. Un questionnement profond sest porté, dans toutes ces disciplines, sur la « nature intime » du temps : est-ce une propriété fondamentale de notre univers, ou plus simplement le produit de notre observation intellectuelle, de notre perception ? La somme des réponses de chacun ne suffit évidemment pas à dégager un concept satisfaisant et juste du temps, dautant que ce questionnement est aporétique. Mais lexamen minutieux de chacune dentre elles et de leurs relations apportera dintéressantes réponses. Toutes ne sont pas théoriques, loin sen faut : la « pratique » changeante du temps par les hommes est dune importance capitale.

De fait, la mesure du temps a évolué et cela ne fut pas sans conséquence sur lidée que les hommes en eurent au fil de lhistoire. De rudimentaire quelle était aux premiers âges, sa mesure a gagné aujourdhui une précision reposant sur latome. Ses progrès irréguliers sont donc à relier directement aux transformations du concept « temps ». Ses retombées ont affecté bien plus que la simple estimation des durées : la vie quotidienne des hommes sen est trouvée changée bien sûr, mais aussi et surtout la pensée, quelle fût de nature scientifique, philosophique ou encore religieuse. Pour établir une vue générale du temps aujourdhui, il faut en premier lieu parcourir lhistoire de ce concept, qui fait lui-même notre Histoire. Quelques remarques générales permettent daborder ce problème du temps de façon pragmatique.

Sommaire

Étymologie

Le mot « temps » provient du latin tempus, lui-même dérivé du grec temnein, couper, qui fait référence à une division du flot du temps en éléments finis. Il est à noter que temples (templum) dérive également de cette racine et en est la correspondance spatiale (le templum initial et la division de lespace du ciel ou du sol en secteurs par les augures). Enfin, « atome » (insécable) dérive également de temnein.

Éléments généraux

Image représentant la vision du temps du Chronos

Le Chronos est un concept qui, adjoint à lAiôn et au Kairos, permet de définir le temps. Ces concepts sont apparus chez les Grecs.

Le Chronos est le tout du temps, relatif au présent :

« Hier était le jour précédent et demain sera le jour suivant parce que je suis aujourdhui. »

Il est un point mouvant sur la flèche du temps qui définit les infinis à ses deux bornes.

La notion de temps est un corollaire de la notion de mouvement : le mouvement se fait dans la durée et si le temps venait à sarrêter plus rien ne bougerait. Ainsi, selon Aristote, le temps est le nombre du mouvement selon lantérieur et le postérieur. A contrario le temps semble ne plus faire sens quand lidée de mouvement disparaît, car le temps suppose la variation.

Lexamen attentif du concept sous langle de la physique permet d'approfondir les relations entre mouvement et temps, et de les distinguer plus nettement en rejetant quelques erreurs dapparence. Ainsi une notion immédiate simpose à nos sens et à notre raison : chaque objet matériel composant l'Univers a une « quantité de mouvement », qui s'analyse mathématiquement comme le produit de sa masse par sa vitesse. Cette vitesse nous devons lexprimer par une mesure despace divisée par une autre mesure, que nous nommons par convention « temps ». Le temps nest donc pas une donnée immédiate, comme lespace, ni une donnée transcendantale. Cest un « être mathématique », pur produit de notre activité cérébrale, nécessaire pour exprimer cette réalité première, la vitesse, propriété intrinsèque du mouvement. Cet « être mathématique », le temps, permet bien des développements qui sont totalement étrangers à cette approche sur son origine et sa nature « dêtre mathématique pur ».

« Dans un même temps, dans un temps unique, dans un temps enfin, toutes choses deviennent » écrivait Alain[1]. Lhomme constate en effet trivialement que des « objets » de toutes sortes sont altérés par des « événements » et que ce processus prend place dans un temps partagé par tous ceux qui ont conscience de son cours. Ces objets, ou du moins leur substance, sont cependant censés demeurer les mêmes, numériquement, malgré les changements quils subissent. Le temps semble donc supposer à la fois changement et permanence. Il a comme corrélat la notion de substance, que Descartes avait assimilée, en ce qui concerne les choses matérielles, à lespace. Ces constatations amènent encore à un autre couple de notions essentielles quant à létude du temps : la simultanéité (ou synchronie), qui permet dexprimer lidée quà un même moment, des événements en nombre peut-être infini se déroulent conjointement, a priori sans aucun rapport les uns avec les autres. En corrélation se trouve la notion de succession, ou diachronie, (et par-, lantériorité et la postériorité: si deux événements ne sont pas simultanés, cest que lun a lieu après lautrede sorte que dinnombrables événements simultanés semblent se suivre à la chaîne sur le chemin du temps. Deux moments ressentis comme différents sont ainsi nécessairement successifs. De ces deux considérations, on apprend déjà que le temps, si difficile à imaginer et à conceptualiser de prime abord, ne peut-être examiné que sous langle de notre propre expérience universelle : lavant, laprès et len-même temps. Néanmoins, de la simple succession, ou de la simultanéité, on ne peut déduire la durée. En effet, quand un même film est projeté à une vitesse plus ou moins grande, lordre des événements y est conservé, mais pas la durée. Remarquons aussi que la projection à lenvers ne correspond à rien dans lexpérience du temps, qui est, lui, irréversible.

Ces notions font notamment appel à la mémoire : le classement des événements dans un ordre quelconque ne peut se faire que si lon se souvient. De façon opposée, la mémoire se construit grâce au fait que certains événements se répètent, autorisant ainsi lapprentissage. De façon plus générale, il semble que le temps puisse être considéré (et considérer nest pas connaître) sous deux aspects :

  • laspect cyclique : cycle des jours, des saisons, de la vie
  • laspect linéaire : évolution, transformation irréversible, passage de la naissance à la mort

La régularité de certains événements a permis détablir très tôt une référence de durée (calendrier, horloge…) et donc de quantifier le temps : « quantifier le temps », cest lui associer un nombre et une unité, en effectuer une mesure. Toutefois, cette connaissance est au mieux celle dune substance du temps : elle napprend rien sur sa nature intime, car la mesure nest pas le tempsil faut du temps pour établir une mesure. Et bien que lintuition du cours du temps soit universelle[2], définir le temps en lui-même semble au-delà de nos capacités. Cela inspira une célèbre boutade à Saint Augustin dans ses Confessions. Voici ce quil écrit à propos de la définition du temps : « Ce mot, quand nous le prononçons, nous en avons, à coup sûr, lintelligence et de même quand nous lentendons prononcer par dautres. Et bien ! le temps, cest quoi donc ? Ny a-t-il personne à me poser la question, je sais; que, sur une question, je veuille lexpliquer, je ne sais plus. »[3] Il est vrai que décrire le temps ne semble possible que par une analogie, notamment au mouvement, qui suppose de lespace. Imaginer le temps cest déjà se le figurer et, en quelque sorte, le manquer.

Il faut donc distinguer la problématique de la représentation du temps de sa conceptualisation, tout comme il faut établir ce que nous savons du temps par lexpérience pour mieux sen détacher. Au fil des siècles, les penseurs ont essayé dévaluer le temps au travers de la méditation, du mysticisme, de la philosophie ou encore de la science. Il en ressort en fait que bien quon puisse supposer avec raison que tous les hommes ont la même expérience intime du tempsune expérience universellele chemin vers le concept de temps nest pas universel. Ce nest donc quen détaillant ces modèles intellectuels et leurs évolutions historiques que lon peut espérer saisir les premiers éléments de la nature du temps.

Perceptions culturelles du temps

Toutes les cultures ont apporté des réponses nombreuses au questionnement sur le temps, et la plupart dentre elles tournent autour des mêmes thèmes, dictés par la condition humaine : limmortalité des dieux ou léternité de Dieu, la permanence du cosmos et la vie fugace de lhomme, sont autant de dimensions temporelles partagées par la plupart des peuples de la Terre. Elles sexpriment dans le langage, dans les artsPourtant, toutes ne portent pas la même vision intime du temps.

Le partage le plus évident pour lobservateur des civilisationsavant denvisager létude anthropomorphique du tempsest sans doute la séparation entre une vision linéaire du temps, prévalant en Occident, et une vision cyclique de lordre temporel, prévalant par exemple en Inde (cf. lœuvre de Mircéa Eliade).


Représentation spatiale du temps

Le temps est souvent représenté de façon linéaire (frises chronologiques). Cependant, on retrouve des représentation en spirales, voir en cercles (le temps est un éternel recommencement) Marquant ici l'aspect cyclique et répétitif de l'histoire des hommes.

Dans la quasi totalité des cultures humaines le locuteur se présente avec le futur devant et le passé derrière lui, ce que l'on retrouve par exemple en français dans des expression comme "se retourner sur son passé", "avoir l'avenir devant soi". Une exception est le peuple aymara qui a une conception du temps inversée: le passé, connu et visible se trouve devant le locuteur alors que le futur, inconnu et invisible, se trouve derrière lui. [4][5]

On peut rencontrer deux conceptions du temps qui passe: soit l'individu est en mouvement par rapport à l'axe du temps ("se diriger vers la résolution d'un conflit..." ), soit ce sont les évènements qui se dirigent vers un individu statique ("les vacances s'approchent..."). La première est plus fréquente en français[6].

Éternité et échéance

Héritée du védisme, la croyance en une succession dun même temps, ou plutôt dune même durée cosmique, se retrouve dans le brahmanisme et lhindouisme. Le cosmos et tout le monde sensible y est assujetti à un renouvellement cyclique et infini, périodes de destruction et de reconstruction se succèdent pour redonner naissance au même Univers. Cest une renaissance et un retour éternel. Chaque cycle est une kalpa, schématiquement scindée en quatre âges au sein desquels lUnivers périclite graduellement. Cette vision cyclique sera reportée à lHomme dans le bouddhisme, à travers la croyance en la réincarnation. La vie de lHomme, aux yeux du bouddhiste, est telle une kalpa, lui conférant limmortalité des premiers dieux occidentaux.

En Occident, précisément, le temps suit un ordre tout autre et témoigne dune vision du monde bien différente. La tradition judéo-chrétienne hérite elle-même de vues mystiques plus anciennes, le temps pur est celui des dieux et divinités. Les hommes connaissent une vie éphémère, limitée, un véritable « néant » au regard de limmortalité. La Bible présente ainsi le temps comme une révélation, car cest Dieu qui le crée et en offre l’« usage » aux hommes. Bien quen-dehors du temps, Dieu se joue des temps historiques pour intervenir dans la destinée des hommes, au moins par ses actions de grâces. La volonté de Dieu sexprime ainsi dans une dualité toute différente des croyances indiennes : le temps est complètement borné par la Création et lApocalypse, et il est en même temps considéré comme universel, car dorigine divine. Aussi comprend on que le temps chrétien, du point de vue de lhomme, est un temps despérance, de promesse, de délivrance attendue : sa fin même est un retour vers le divin[7]. À linverse, le temps intime de la culture hindouiste est un temps de la permanence et de lintrospection, lhomme à un autre rôle à jouer dans sa destinée : il y subit en quelque sorte moins les affres du temps.

À une moindre échelle, chaque individu sappuie sur sa culture historique du temps pour se définir son propre temps psychologique. Nul doute que le pêcheur, lartisan et le cadre supérieur ne partagent pas exactement la même notion de temps quotidien, car chaque perception est le fruit de ses exigences propres. Toutefois, les bases culturelles jouent un rôle très important dans la perception globale du temps, en tant que rythme de vie.

Une multitude de rapports au temps

Écrire un récit, prédire le retour dune comète, lister une série de dates : chacune de ces actions est directement liée au temps. Pourtant, il y joue des rôles divers. Il peut être essentiellement un repère plus ou moins explicite, comme dans le récit ou la liste de dates. Mais il peut également être lobjet détude de la connaissance. Dans tous les cas, il est essentiel de le quantifier pour laborder dans le détail, que cette quantification soit figurée ou bien précise et effective (réalisée avec un instrument de mesure). Il semble que le temps soffre à lhomme dabord comme un objet ambigu, dont la mesure permet de créer des repères, mais pas de le définir complètement. Les cultures asiatiques ont cultivé le goût dun temps mystique, à la fois fugace et perpétuel, illustré par exemple par le haïku japonais : la notion de flux y est prépondérante. Parallèlement, des peuples dAmérique du sud tels les Incas, ont privilégié une dimension rituelle du temps, la discontinuité prévaut ; cest également le cas dans la tradition musulmane. Pour autant, toutes ces approches reposent sur une même sensation intime : il est donc plus évident encore que ce que lhomme a connu du temps au fil de lhistoire na pas été le temps pour lui-même, mais quelque manifestation culturelle rendue possible par une singularité particulière du temps, qui se donne à nous par certains aspects seulement.

Toutes ces traditions « inconscientes » auront une influence non négligeable sur les développements du concept du temps, que ce soit en sciences ou en philosophie. Elles manifestent les croyances dun peuple à une époque donnée, et la façon dont ces croyances traduisent par limaginaire le ressenti, lexpérience. Plus la confrontation au temps sera fine et consciente, plus la conceptualisation du temps sera complexe : en effet, une caractéristique forte du temps dans les premiers âges de réflexion était son lien direct et exclusif avec le divin. Au fil des siècles, ce lien deviendra plus distant et sera même rejeté par certains. (À développer.)

Les sociétés modernes et industrialisées modifient sensiblement le rapport culturel et traditionnel au temps. Même les mythes et la religion perdurent, le temps du quotidien subit les assauts de linstantané : médias, nourriture, déplacementlensemble des actes quotidiens saccélère, de sorte que les contraintes du temps se font moins sentirou deviennent au contraire plus criantes quand les facilités sestompent. Quels que soient les avantages ou les pertes occasionnés par cette mutation parfois brutale, le temps culturel na jamais été et nest pas le temps de léconomie. La lenteur est une caractéristique fondamentale du rythme des sociétés humaines : il sagit peut-être de la force dinertie qui assure leur cohésion. Temps de la réflexion et temps de laction entrent en concurrence et se distordent, jusquà parfois faire éclater les repères psychologiques. Ainsi constate-t-on que les zones urbanisées, le temps personnel est très souvent sacrifié sur lautel des contraintes (aller plus vite, à un autre rythme, et tout ce que cela présuppose et entraîne) sont les noyaux durs de la consommation de médicaments du type psychotropes. Dans son développement accéléré, lhumanité prend le risque daltérer durablement son rapport au temps. Mais, au juste, quel rapport entretient-elle avec le temps ?

Richesses descriptives : ce que le temps n'est pas

Le temps est orienté : il coule du passé au futur. Grâce au profond sentiment de durée, lHomme peut agir, se souvenir, imaginer, mettre en perspectivesi bien que le temps lui est essentiel, et par-banal. Le niveau de complexité du rapport au temps est assez bien traduit par le langage, quoiquimparfaitement : certaines cultures primitives ont peu de mots porteurs dun sens temporel, et se situent essentiellement dans le présent et le passé. Pour les peuples anciens de Mésopotamie, par exemple, le futur est « derrière » et le passé, connu, est placé « devant ». Dès lors quun peuple sintéresse à lavenir, toutefois, cet ordre intuitif sinverse : on attend du temps quil nous apporte le moment suivant. Ce qui constitue une première confusion entre temps et mouvement. La simplicité de ce rapport sestompe rapidement : bientôt, lhomme essaye de se jouer du temps. « Perdre son temps » ou « prendre son temps », ou toutes autres expressions de quelque langue que se soit, traduisent la volonté séculaire de gagner un contrôle sur ce temps subi. Somme toute, cest encore dune conception faussement spatiale quil sagit : pouvoir agir sur notre flèche du temps intime, la tendre, la distordre, linfléchir. Mais le temps reste fidèle à lui-même, et sa dimension rigide est également exploitée avec ténacité, par la quête de la juste et précise mesure. Quantifier, voilà une autre façon de décrire le temps qui fut engagée très tôt. Bien que privilégiée des sciences, elle nen est pas moins source damalgames et de tromperie toujours renouvelées. Ainsi, compter le temps nest pas le saisir en soi, car laction de compter le temps, présuppose du temps. Quel est donc ce « vrai » temps qui mesure le temps, celui invoqué par la boutade « laisser le temps au temps » ? Cette question a laissé muettes des générations entières de penseurs ; les disciplines modernes tentent dy répondre en exhibant un temps pluriel, physique, biologique, psychologique, mais le temps de la vérité évidente ne semble pas encore venu.

Pour réfléchir au concept du temps, lhomme sappuie sur son langage ; mais les mots sont trompeurs et ne nous disent pas ce quest le tempspire, ils viennent souvent nous dicter notre pensée et lencombrer de préjugés sémantiques. La dimension paradoxale du langage temporel nest pas très complexe : il suffit de sattarder sur une simple expression courante comme « le temps qui passe trop vite » pour sen rendre compte. Cette expression désigne un temps qui saccélérerait. Mais laccélération, cest bien encore une position (spatiale) dérivée (deux fois) par rapport au temps : voilà que ressurgit le « temps-cadre » immuable ! Le temps nest ni la durée, ni le mouvement : en clair, il nest pas le phénomène temporel. Ce nest pas parce que des évènements se répètent que le temps est nécessairement cyclique. Cette prise de recul, distinction entre temps et phénomène, sera relativement effective au cours de lhistoire en sciences et peut-être moins en philosophie, parfois victime des apparences sémantiques.

Toutefois, en distinguant ainsi le temps et les évènements portés par lui surgit une dualité embarrassante : dans quelle réalité placer ces phénomènes qui surviennent, si ce nest dans le temps lui-même ? Le sage dira, dans le « cours du temps ». Cette scène animée des phénomènes est séduisante et juste, mais il faut prendre garde au piège sémantique. Le cours du temps, cest ce que beaucoup ont figuré dans leurs cahiers décolier par la droite fléchée : au-delà de lamalgame trompeur avec le mouvement, il y a lidée de la causalité, et aussi de la contrainte. Le cours du temps illustre la sensation de chronologie imposée, qui est une propriété du temps pour lui-même. Rien ici nindique encore lidée de changement ou de variation. Il sagit véritablement dun cadre, du Chronosdu devenir rendu possible par Kronos. Lhomme, pour sa part, devient, et les phénomènes, eux, surviennent. Cest laffaire de la flèche du temps, qui modélise les transformations au cours du temps, ou plutôt, « au cours du cours du temps ». Elle est une propriété des phénomènes.

Ces deux notions sont importantes et non intuitiveselles sont mélangées et brouillées par le langage en un seul et même tout, une fausse idée première du temps. La science, notamment, sest appuyée sur elles pour édifier plusieurs visions successives du temps au fil de ses progrès.

Le temps en philosophie

Linstant est le produit de la projection du présent dans la série successive des temps, cest-à-dire que chaque instant correspond à un présent révolu. Le présent lui-même est cependant à son tour (en retour?) une abstraction, puisque nous ne vivons jamais un présent pur, réduit à une durée nulle. Le passé est laccumulation, ou plutôt lorganisation des temps antérieurs, selon des rapports chronologiques (succession) et chronométriques (les durées relatives). Le futur est lensemble des présents à venir. Seuls les contenus à venir, les événements futurs, sont susceptibles dêtre encore modifiés. Cest ce qui fait que lavenir nest pas encore.

Des conceptualisations héritées des Anciens

Le temps suppose le changement, mais ces changements ne peuvent être intégrés dans la pensée dun objet que si lon pose sous ces changements une substance. Les Grecs, contrairement aux Hébreux, étaient étrangers à lidée de création. Le cosmos avait toujours existé, le temps était inséparable des cycles astronomiques, la matière, sous-jacente aux formes, était éternelle et incréée. Si les formes étaient elles aussi éternelles, linformation était fugitive, du moins en ce qui concerne le monde physique dans lequel vivent les hommes, par opposition au ciel. « Éphémère » est le mot quutilisaient les Grecs pour parler de la condition des hommes. Les hommes apparaissent pour disparaître, « comme des ombres ou des fumées » écrit Jean-Pierre Vernant. Ils manquent de consistance, dêtre. Étymologiquement, en effet, est éphémère ce qui ne dure quun jour et se fane aussitôt dans la mort et loubli. À défaut de gagner léternité, réservée aux dieux, les anciens souhaitaient sans doute gagner de la permanence. Contrairement à lÉternité, la permanence nest pas hors du temps. Est permanent au sens le plus fort du terme ce qui durera toujours, voire ce qui a également toujours existé. À première vue, la permanence se confond donc avec le temps lui-même. « La permanence exprime en général le temps, comme le corrélatif constant de toute existence des phénomènes, de tout changement et de toute simultanéité. En effet, le changement concerne non pas le temps lui-même, mais seulement les phénomènes dans le temps » écrit Kant. En un sens plus faible du mot, est permanent ce que nous avons « toujours » vu et que nous verrons peut-être « toujours ». «  étais-tu quand je fondais la terre ? » répond lÉternel à Job. La permanence est ainsi lattribut premier de ce que nous pouvons habiter, de tout ce qui nous permet dorganiser notre existence et de lui donner sens. Cest ce que nous appelons le monde, ce qui constitue notre univers. Il sagit non seulement dun cadre physique ou institutionnel, mais aussi de la continuité dune civilisation ou encore de valeurs et de représentations qui nous semblent aller de soi. Tous ces éléments forment la permanence en tant que soi.

Comme le remarque Hannah Arendt, la distinction que fait Aristote entre la fabrication et laction doit être rattachée à la fugacité de lexistence humaine. La chose fabriquée est bien le produit dune activité humaine, mais elle lui survit, elle sintègre dès quelle est fabriquée à ce monde que nous habitons. En revanche, laction, aussi admirable soit-elle, est éminemment passagère. Seulement, il en va au fond de même pour la vie tout entière. Le temps semble nous écraser complètement, se jouer de notre destinée. À lire Épicure, il ny a cependant pas dincompatibilité entre le caractère fugace de notre existence et le bonheur. Lorsque notre vie sachève, nous avons le privilège de la reprendre comme un tout. Peu importe sil ne restera rien de nous après notre mort : nous nen souffrirons pas plus que de ne pas avoir été avant de naître. Le vieillard doit savoir jouir du récit de sa propre vie, lorsquelle a été réussie. « Ce nest pas le jeune homme qui doit être considéré comme parfaitement heureux, mais le vieillard qui a vécu une belle vie. Car le premier est encore souvent exposé aux vicissitudes de la fortune, tandis que le dernier se trouve dans la vieillesse comme dans un port il a pu mettre à labri ses biens. »

Rattacher étroitement lexistence humaine au récit nous aide à ne pas confondre la durée avec le néant, ni avec linstant. La durée est la condition du déploiement dune histoire. Elle suppose lécoulement du temps, et cet écoulement lui-même demeure, tandis que lon ne peut pas se représenter linstant pur, infiniment bref, sinon en en faisant une sorte de cliché photographique immobile, hors du temps.

Pourtant, note Henri Dilberman, la mort est davantage quune simple limitation. Par exemple, la limite spatiale nabolit pas lespace quelle enferme. En revanche, ma vie passée nexiste encore que si je me la rappelle. La mort est précisément loubli, et donc lanéantissement de ce que je fus.Vladimir Jankélévitch rappelle cependant que nous avons tous ce viatique mélancolique pour léternité : à défaut dêtre toujours, rien ne fera que nous nayons pas été.

« Lavoir été » est une forme spectrale de lêtre que nous avons été, le devenir fantomatique de notre passé. En faire un être, lui donner une réalité, céder à son attrait, cest confondre lespace et le temps. Apaisante et voluptueuse, la musique témoigne elle aussi de ce « presque-rien » - présence éloquente, innocence purificante - qui est pourtant quelque chose d'essentiel. Expression de la « plénitude exaltante de l'être » en même temps qu'évocation de l'« irrévocable  », la musique constitue l'image exemplaire de la temporalité, c'est-à-dire de l'humaine condition. Car la vie, « parenthèse de rêverie dans la rhapsodie universelle », n'est peut-être qu'une « mélodie éphémère » découpée dans l'infini de la mort. Ce qui ne renvoie pourtant pas à son insignifiance ou à sa vanité : car le fait d'avoir vécu cette vie éphémère reste un fait éternel que ni la mort ni le désespoir ne peuvent annihiler.

Si Épicure ne se souciait guère de ne bientôt plus être, son cas est exceptionnel, écrit Arendt. Les Grecs ont cherché à immortaliser leurs actions par la gloire, dont la condition était une vie brève, mais héroïque. Ils étaient hantés, rappelle-t-elle, par le dicton qui voulait que nul ne passe pour heureux avant dêtre mort : en effet rien ne nous garantit que nous ne finirons pas notre vie de façon ignominieuse. Seuls ceux qui nous survivront pourront dire si notre vie a été ou non réussie, car eux seuls pourront la considérer comme un tout, la raconter et en tirer la leçon.

Le récit permettrait de conjurer limpermanence que le temps confère à lexistence. À lire les paradoxes de Sextus Empiricus, la dimension temporelle des étants permet de tous les nier, ainsi que les savoirs qui prétendent porter sur eux. Augustin reprendra les thèmes sceptiques, mais pour en faire linstrument de la foi ! Ce qui a été nest plus, ce qui sera nest pas encore, le présent nest que la limite de ces deux néants. Le temps est moins une dimension, ou un cadre, de lêtre que sa négation. Saint Augustin, se posait avant tout la question de lutilité du temps pour les hommes. Il constate que la connaissance du temps nous échappe, mais cest lœuvre de Dieu : seul lhomme bon saura transcender le temps subi, au coté de Dieu, après sa mort. Aussi Saint Augustin insiste-t-il sur des notions plus anthropocentriques portées par le temps religieux. Le temps nest que dans la mesure il est présent. Le présent du passé, cest la mémoire, le présent de lavenir, cest lattente, le présent du présent, cest la perception. Le temps nest plus défini comme mesure du mouvement cosmique, mais comme entité psychologique. Cest une distension, vraisemblablement une distension de lâme (distentio animi). Cest à la fois subjectiviser le temps et le renvoyer à Dieu, sa révélation, son mystère. Le chrétien doit user avec justesse et piété du temps quil lui est accordé pour enrichir sa finitude, et se porter vers le Christ dans un mouvement despoir.

Le temps de la philosophie moderne

Le temps est, par exemple pour Newton, un flux continu. Quest-ce que ce terme de « continu » signifie au juste vis-à-vis du temps ? Comme bien souvent, lanalogie avec le mouvementlargement exploitée par les philosophes de toutes époques, à divers degrés dabstractionspermet de donner un premier éclairage au concept du temps.

La continuité dun mouvement nest pas une chose facile à imaginer. Zénon, dans ses célèbres paradoxes, avait mis au jour la dualité entre le mouvement fini et le temps infini du parcours. En effet, la première intuition du mouvement est celle dune transition spatiale, continuelle, entre deux points de lespace séparés par dinfinies positions intermédiaires. De manière analogue à la suite infinie des divisions entières[8], lespace semble être un continuum infini. Pourtant, les mouvements perçus par nos sens seffectuent bel et bien en un temps fini ! De sorte quon a du mal à imaginer comment une infinité de positions peut être parcourue en une durée limitée. Imaginer des bonds dans un espace de points séparés par du vide pour définir le mouvement, comme lont fait les pythagoriciens, nest pas satisfaisant, car cela conduirait par exemple à admettre une vitesse uniforme pour tous les mouvements. Un mouvement plus lent serait un mouvement plus long, et un mouvement moins rapide, un mouvement plus court. On peut, pour dresser un premier état des lieux, conclure avec Russell que « la continuité du mouvement ne peut consister dans loccupation par un corps de positions consécutives à des dates consécutives. »[9]

Tout le problème du temps, et de lespace, repose ici sur la difficulté à imaginer des grandeurs infinitésimales. Il ne sagit pas dune lacune : cest que précisément, il ny a pas de distances infinitésimales, mais une infinité de distances finies. Pour résoudre le paradoxe du mouvement dans lespace, il faut imaginer que le temps est également conceptualisable de façon analogue : il existe une infinité de durées finies dans le parcours dun mouvement, mais aucune « durée infinie ». Si on imagine couper une distance finie en deux, puis lune de ses moitiés en deux, et cela indéfiniment, il en ressort que plus la distance est petite (et finie), plus la durée nécessaire à son parcours sera courte (et toujours finie). La progression des séries de termes infinis, les séries mathématiques compactes, illustre ce mécanisme de pensée. Il nest pas important ici de savoir si cette modélisation correspond exactement à la réalité physique du monde : il suffit pour avancer quelle lillustre fidèlement, quelle la traduise correctement. Une infinité de grandeur finies, donc, pour finir : cela ressemble à un cercle vicieux.

Le raisonnement de la série compacte est le plus simple quon puisse imaginer et qui corresponde de près à lexpérience. Il conduit directement à penser quil faut considérer en dernier ressort, au moins théoriquement, des instants sans durée, supports des moments et des durées, et par- du temps tout entier. Cette philosophie, rattachée à la pensée scientifique moderne mais qui ne lui est pas exclusive, na pas fait lunanimité. Ainsi Bergson défendait-il lidée dun mouvement et dun temps indivisibles, irréductibles à une série détats. En effet, la perception est impensable si on nadmet pas que je perçois le passé dans le présent, ce qui vient darriver dans ce qui persiste. Linstant pur est donc une abstraction, une vue de lesprit. Poussée à bout, cette doctrine soppose pourtant à lexpérience quotidienne, dans la droite ligne de la vision pythagoricienne du monde. Nous pouvons considérer une ligne, une aire ou un volume comme un groupe infini de points, lessentiel est que nous ne pouvons pas en atteindre tous les points, les énumérer, les compter, en un temps finipar exemple, la division successive en moitiés égales dune distance peut bien être répétée à linfini : il est dès lors impossible darriver à une quelconque fin dans cette énumération de divisions.

La connaissance du temps gagne en précision par ces remarques tirées de la théorie mathématique de lespace, car pour lhomme, il est facile de mélanger temps, infini, éternitéen une seule et même idée floue. Kant, pour qui le temps était une forme a priori de lintuition (interne), et non pas un concept, distinguait illimation du temps et infinité : « Il faut que la représentation originaire de temps soit donnée comme illimitée. »[10] Le temps nest pas en soi infini, mais cest quil nexiste pas en soi. Il na pas non plus de commencement. Nous percevons toujours un instant antérieur, mais cest nous qui introduisons dans lexpérience cette régression. Le temps nest donc ni infini ni fini, parce quil nest pas un être mais une forme de notre propre intuition. Les choses en soi ne sont ni dans le temps ni dans lespace. Si on jauge lidée du temps par nos impressions, il nous semble quil est parfois fugace, mais tout aussi bien interminable ; il est évident et en même temps insaisissable, comme le notait Saint Augustin : chacun a fait lexpérience de ces contradictions dapparence. Elles sont amplifiées par le langage, qui par le mot « temps » désigne tout et son contraire. Mais connaître le caractère dinfini du temps, cest bien déjà connaître le temps tel quil nous vientet chercher une vérité transcendantale au-delà de cette notion dinfini est peut-être bien tout à fait vain. Il ne suffirait pas de conclure que linfini caractérise le temps de façon essentielle, car on na pas meilleure connaissance de linfiniet le concept dinfini nest pas celui de temps ! En revenant au problème de linfini dans lespace, on peut constater que « de Zénon à Bergson, [une longue lignée de philosophes] ont basé une grande part de leur métaphysique sur la prétendue impossibilité de collections infinies. »[9] Pourtant, on sait depuis Euclide et sa géométrie que des nombres expriment des grandeurs dites « incommensurables » (les nombres irrationnels, formalisant une idée qui fut fatale à la philosophie des pythagoriciens pour laquelle tout, dans le monde, était nombreentier). Certains éléments résistent, en effet, à la simple mesure, et se placent sur un autre plan. Quen est-il du temps et de lidée de lincommensurable ? La mesure du temps peut-elle nous donner les clés de la compréhension du temps, comme nous lespérons depuis les temps les plus anciens ?

Un retour à Zénon peut donner quelque indice de réflexion. Ses paradoxes, qui touchent aussi au temps, reposent sur plusieurs axiomesprincipalement la croyance en un nombre fini détats finis pour caractériser les phénomènes, que ce soit en termes despace ou de temps : nombre finis de points dans lespace, etc. Ces paradoxes mènent à plusieurs « solutions » métaphysiques : on peut rejeter la réalité de lespace et/ou du temps (Zénon semble lavoir fait, au moins pour le temps et en théorie, de sorte quil était en quelque sorte pris à son propre piège) ; on peut aussi décider de sen tenir aux prémisses de Zénon et considérer que le temps est absolu et indivisible, comme chez Bergson, avec les difficultés de retour à lexpérience quon sait et qui ont entraîné la chute de la mécanique classique. On peut enfin considérer que les bases mêmes des paradoxes sont fausses, et étudier la possibilité de collections infinies, comme on la également vu avec les séries compactes. Russell expose lerreur de raisonnement qui caractérise selon lui la doctrine kantienne, mais qui ne lui est pas exclusive. Kant ne voulait pas admettre la possibilité dun infini en acte, il assimilait linfinité à une régression illimitée. Linfini nétait quen puissance, et supposait un sujet. Ainsi, les nombres naturels sont infinis, mais seulement en ce sens que le sujet ne parvient jamais au plus grand des entiers. Selon une des branches de lantinomie kantienne, qui ne saurait être confondue avec la solution kantienne elle-même, le passé doit avoir un commencement dans le temps, car, selon lautre branche de la même antinomie, en supposant le temps infini, comment serions-nous arrivés jusquà aujourdhui ? Un temps infini naurait pu en effet sécouler tout entier. Certes, de façon analogue, le futur est borné par linstant présent, et sétend sur le cours du temps, mais cela ne pose aucun problème à Kant, car la question de lavenir nest pas symétrique de celle du passé. Lavenir nest pas encore. Son infinité est « en puissance », et non pas en acte. Lavenir est illimité, mais pas infini en acte. Le tour de force de Kant sera dappliquer ce raisonnement au passé lui-même. Cest le sujet qui régresse toujours vers un passé antérieur, afin dexpliquer le présent. La série nexiste pas en soi, elle exprime la nature de notre perception. Cest nous qui portons avec nous la forme du temps, elle nest pas une dimension de lÊtre en soi, par ailleurs inconnaissable.

On peut du moins répondre à un aspect du problème de linfinité du temps, en laissant de côté la question de lécoulement du temps, et en lassimilant à lespace. Est-il impossible quune collection détats en nombre infini soit complète, comme le suggère la tradition philosophique à la suite de Zénon ? On peut répondre par la négative par un argument simple qui découle des suites mathématiques compactes, mais qui se retrouve tout aussi bien en philosophie. Le point décisif est quune suite infinie peut être bornée, comme lexamen attentif du passé, du présent et du futur nous en donne lindice. Elle connaît un début, et aucune fin, mais il existe des valeurs supérieures à elle. Ainsi, lunité est supérieure à une infinité de fractions entières qui lui sont toutes inférieures[11]. Cette somme a un nombre infini de termes, et pourtant la voilà bien ancrée dans un cadre discret.

Cest que compter les durées ne permettra jamais de saisir le temps comme un ensemble, tout comme compter les éléments un à un dune série de termes en nombre infini ne permettra jamais den saisir lidée essentielle. Ainsi, le temps est dépendant dautres aspects dont nous avons également conscience, et cest sa relation avec lespace et la matière qui constitue lenveloppe « ontologique » de notre Univers. Cette doctrine métaphysique saccorde bien avec la théorie de la relativité, qui a bouleversé lidée métaphysique du temps, car elle suggère que le temps est une propriété de lunivers, et non son cadre. Lespace-temps nest pas une notion seulement scientifique, loin de . Cette vision du monde nest en fait pas fondamentalement opposée à celles qui prévalaient chez Kant ou chez Newton : il sagit au juste de replacer le temps à son niveau, de lui redonner une consistance propre. Si le temps est mieux décrit et compris au terme de ces progressions, il nest toutefois toujours pas connu essentiellement.

Conceptualisation scientifique du temps

Articles détaillés : Le temps en physique et Temps biologique.

Le temps de la science renvoie largement à sa conceptualisation philosophique, à la fois du fait des questionnements que létude rationnelle suscite, mais aussi par les progrès quelle apporte : progrès dans la mesure, progrès dans la perception. Sil est vrai que lessentiel du rapport scientifique au temps réside dans sa représentationque les scientifiques souhaitent toujours mieux adaptée et plus préciselhistoire de la « dimension temps » apprend beaucoup sur lessence du temps. Le souci de lui conférer une objectivité propre a amené les scientifiques de toutes époques à considérer son étude avec beaucoup de pragmatisme ; cependant, du temps « instantané » de la mécanique classique au temps dépendant et paramétré de la Théorie de la relativité, cest une véritable révolution par distanciation qui sest produite dans le champ scientifique. La thermodynamique, par ailleurs, met en exergue la notion essentielle de « flèche du temps » telle quelle transparaît en physique comme en biologie. Selon Ilya Prigogine, il doit y avoir deux sortes de temps: le temps réversible des physiciens et le temps irréversible (flèche du temps) de la thermodynamique (et de la biologie). Mais on ne peut écarter la conception mathématique qui introduit cet "être mathématique: le temps (t), indispensable pour exprimer des notions fondamentales comme la vitesse et l'accélération telles que nous les percevons par les sens, et qui est donc étrangère, voire opposée parfois, à toute conception philosophique.

Le temps historique

Le temps historique est découpé en trois périodes :

  • Le passé qui désigne lespace du réel qui nest plus, avant le présent.
  • Le présent qui désigne lespace du réel, entre le passé qui nest plus, et le futur qui nest pas encore.
  • Le futur qui désigne lespace du réel qui nest pas encore, après le présent.

Le temps en informatique

Le temps est un paramètre essentiel en informatique. En effet, les traitements informatiques nécessitent du temps, à la fois pour les traitements daccès aux données (entrées/sorties, input/output ou I/O), et pour le traitement des calculs et mises en forme des données (temps CPU, control process unit). Les ressources informatiques nécessaires sont une combinaison de ces deux types de traitement.

En informatique scientifique, les traitements prépondérants sont les temps de calcul. Les accès sont limités à la recherche des paramètres des calculs.

En informatique de gestion, les traitements prépondérants sont les traitements daccès, autrement dit les entrées/sorties. Les temps de calcul (CPU) sont le plus souvent limités, sauf pour les traitements de fin de mois qui portent souvent sur des volumes importants (comptabilité), ainsi que les sauvegardes.

En informatique industrielle et en informatique dite embarquée, les traitements sont essentiellement exécutés en système temps réel.

En informatique de gestion, on avait coutume de distinguer les traitements par lots ((en)batch, ou réponse différée, Rd en initiales) et les traitements en temps réel (ou teleprocessing, ou TP en initiales, ou réponse instantanée, ou Ri en initiales), selon que le traitement était réalisé un certain temps après la saisie des données, ou immédiatement après la saisie à lécran.

Avant lapparition de linformatique moderne, à lépoque de la mécanographie en particulier, les techniques disponibles ne permettaient dexécuter les traitements quen batch, en utilisant les cartes perforées. Lapparition des ordinateurs modernes multi-tâches a dabord autorisé le traitement simultané de plusieurs tâches différentes sur le même ordinateur, puis le traitement en temps réel avec saisie sur un clavier couplé à un moniteur permettant dafficher les données saisies, puis le résultat du traitement. Les terminaux dits passifs, exclusivement employés jusque dans les années 1990, avant lapparition des micro-ordinateurs, nécessitaient deffectuer les traitements en temps réel sur un ordinateur distant (mainframe, ordinateur sous Unix). Lapparition des micro-ordinateurs a permis dexécuter certains traitements sur le poste de travail de lutilisateur, donc en théorie de limiter la part du temps daccès aux communications à distance.

Les traitements par lots les plus courants sont les traitements comptables, le calcul de la paye, les traitements dinterfaçage, les contrôles complexes, les sauvegardes. Ils sont généralement effectués périodiquement. Les périodes de traitement peuvent être journalières, mensuelles, annuelles, ou quelquefois hebdomadaires.

Dans le client/serveur, le temps de traitement temps réel dépend du temps de traitement sur le micro-ordinateur, du temps de cheminement des informations sur le réseau (local/LAN ou grande distance/WAN), et du temps de traitement sur lordinateur central. Les temps de traitement sont largement dépendants de la puissance de calcul et surtout de la mémoire disponible dans lordinateur. Les temps de cheminement sur le réseau sont dépendants de la capacité de la ligne.

Aujourdhui, la distinction traditionnelle entre le temps réel et le batch tend à évoluer : les possibilités techniques (mémoire, capacités de stockage, capacité des lignes télécoms) ont radicalement changé la donne. La notation Ri/Rd (réponse instantanée/différée) issue des méthodologies de conception (MERISE) na plus autant dintérêt. Le choix entre temps réel et batch est le plus souvent imposé par le progiciel (ERP). Le caractère discriminant du choix entre le temps réel et le batch nest plus le même. Pendant longtemps, les capacités techniques dictaient le choix du mode de traitement. Le traitement batch reste nécessaire pour les traitements volumineux ou nécessitant des contrôles impossibles à effectuer en temps réel. On parle souvent aussi de traitements synchrones ou asynchrones.

Les traitements effectués sur le web sont par nature exécutés en système temps réel, et à distance. Les contraintes de mise en cohérence des informations saisies subsistent, afin que ces informations soient conformes aux référentiels métiers, aux référentiels comptables et aux législations de plus en plus nombreuses. Ces contraintes sexpriment dune façon plus complexe encore, et peuvent être gérées non plus par des contrôles effectués a posteriori dans chaque application, mais par la constitution de référentiels ou de normes, et par la gestion de données et de documents en communautés (forums, groupwares, espaces de travail partagés…).

Dans le web, la logique de traitement en temps réel avec des partenaires nécessite de plus en plus dassurer linteropérabilité entre les domaines de lentreprise. Cette interopérabilité est assurée, dans les langages de balisage, par lintermédiaire de données spéciales (métadonnées), parmi lesquelles on trouve la date.

Le moteur du temps

La vision moderne du temps est donc paradoxalement à la fois plus anthropocentrique et plus distante de lhomme que celles qui prévalaient jusquà Newton. Il fallait, des Anciens grecs jusquà Kant, décider si le temps était dans ou hors de nous, mais toujours de notre point de vue : voilà que la science propose un temps existant pour lui-même ! Mais ce temps- est dépendant dautres réalités, au premier rang desquelles lespace et la matièreet nous vivons précisément dans lespace, par la matière. Le temps nous est donc viscéralement acquis mais en partie masqué. Par les exemples de flèches du temps, on réalise également plus aisément pourquoi notre compréhension intuitive du temps est orientée, du passé au futur. Toutefois, la science a fait du temps un élément créateur, lhomme continue de subir le temps et son ambiguïté, en victime malheureuse du solipsisme.

De fait, danthropocentrique le temps dérive dans la pensée de certains modernes sur le terrain de lanthropomorphisme. LHomme a définitivement une vision schématique du temps, entre passé, présent et avenir : les raisons en sont maintenant connues. Mais si on comprend pourquoi notre conscience nous dicte une telle représentation face à lexpérience, il est plus crucial de se demander pourquoi le temps se présente à nous sous le jour de la flèche du temps. Lorsque nous donnons au temps limage dune droite fléchée, cest son cours que nous représentons. En barrant cette droite dune perpendiculaire pour marquer linstant présent, cloisonnant passé et futur dans deux compartiments psychologiquement hermétiques, nous représentons le devenir. Pourtant, le présent est fixe, par définition. Linstant présent nappelle rien dautre que lui-même, mais le voilà déjà chassé par un autre moment, qui le remplace aussitôt. Sur la droite fléchée du temps, la barre du présent se déplace malgré elle : quel est ce moteur du temps ? Une approche parmi dautres, qui vient en contradiction des plus récentes conclusions dorigines scientifiques (du champ de la science Physique, au moins), place lHomme comme machiniste involontaire de la chronologie[12]. Si on considère que le temps est le cadre ultime de la réalité, pré-existant à toutes choses, alors nous nous faisons en effet une fausse idée de lui, en lui attribuant notre propre mouvement historique. Immuable, « rampant en lui » pour rattraper un avenir déjà écrit, nous sommes les consciences malmenées dun déterminisme complet. Étrangement, cette vision se rapproche de celle dEddington, qui introduisit en 1928 le terme de « flèche du temps » – cest quil présenta lidée sous un jour bien différent de son acception actuelle, et peut-être, dans une certaine confusion conceptuelle entre cours et flèche du temps.

On peut tout aussi bien prendre le contre-pied de cette doctrine, en prétextant que rien nindique que le temps « pur » doive se penser en termes de présent, que le passé et lavenir ne sont tels que du point de vue de l'homme, non de celui de l'absolu. En effet, explique Henri Bergson, si le temps en soi est une sorte déventail déployé, de film dont les images successives sont en réalité juxtaposées sur la bobine, ce nest plus le temps, cest lespace. Et si je rampe vers lavenir, je suis quant à moi dans le temps. Le temps existe bien, au moins en moi, il nest pas quune illusion. Ou bien faut-il supposer que je passe dun état éternel de moi-même à un autre, tout en ayant lillusion que sous le pont Mirabeau tout sécoule et je demeure ? Mais quel est ce Je mystérieux qui transite ainsi dun état de moi-même à un autre ? Ou encore, pourquoi celui que jétais hier, sil existe toujours dans le passé spatialisé, nest-il pas encore moi ? Comment le relais sest-il fait de lun à lautre, sinon dans la durée, ce temps vécu rebelle selon Bergson à la spatialisation ? Pourquoi ne pas admettre alors que le cosmos soit porté par le même mouvement ? Il est vrai quen procédant ainsi, on attribue au temps une marche en avant qui nest peut-être quun développement cognitif propre à lhumain et à sa finitude. Il serait donc présomptueux de vouloir trancher ici la question de la nature du temps. Sur la base de l’« Histoire » informelle du temps, chaque conscience peut décider de se ranger à lune ou lautre des représentations du monde, ou prolonger la réflexion sur lambiguïté toujours renouvelée du concept du temps.

Le temps dans l'Art

La création artistique peut être assimilée à la synthèse de la fabrication et de laction au sens dAristote, cest-à-dire, dans le vocabulaire de Wilhelm von Humboldt, de lénergie créatrice (energeia en grec) et du produit (ergon). Apprécier une œuvre dart, cest à la fois la considérer comme une réalité distincte de lartiste, possédant lambiguïté des choses, et y retrouver la puissance vivante de limagination, des sentiments, dune vision du monde. Lœuvre confère la permanence de la chose à la fugacité de linspiration et du geste de lartiste. Cette tension entre Apollon et Dionysos se retrouve dans la rivalité du classicisme et du romantisme, ou encore du formalisme et de lexpressionnisme. Dans un clin dœil à Bichat, André Malraux définissait la culture tout entière comme lensemble des formes qui résistent à la mort. À vrai dire, remarque Jean-Paul Sartre, si lœuvre dart survit en effet à lartiste, on ne saurait la confondre avec une chose, cest-à-dire une réalité qui demeure indépendamment de limagination humaine. Cest parce que nous contemplons un tableau quil est davantage que des pigments étalés sur une toile.

Certaines cultures ne voient dans la création que laspect dynamique, lacte pur ou linspiration, et ne se soucient absolument pas de pérenniser le dessin ou la peinture. En Inde, par exemple, toute vie est transition : tout est pris dans un cycle perpétuel de création et de destruction. Lart ne saurait faire exception. Il est vrai quil sagit surtout de communier, par lintermédiaire dun objet, avec lesprit de quelque divinité. En dehors de cet instant sacré, lœuvre nest plus quun réceptacle déserté. Elle aura surtout servi à relier lâme de lartiste à la divinité, à la manière dune prière.

Benedetto Croce soulignait cependant quil ny a art à proprement parler que si la création se continue dans la contemplation. Contempler, ce nest pas coïncider avec les affects de lartiste. Lart nest pas de lordre du sentiment immédiat, ce qui ne signifie pas quil soit un jeu frivole et froid. Lart objective les sentiments ainsi que les idées. La colère sévanouit en se répandant. Mais lartiste la donne à voir, donne à voir les passions, les élans du cœur,des concepts métamorphosés dans la forme ou le rythme. Il les met au passé en quelque sorte. Alain écrit à propos de la musique quelle nest ni gaie ni triste. « On appelle quelquefois mélancolie, faute dun meilleur mot, cet état lon contemple ses propres malheurs, et tous les malheurs, comme des objets qui passent et déjà lointains ; la musique figure merveilleusement ce souvenir et cet oubli ensemble. »

Ainsi, la contemplation esthétique ne consiste pas seulement à apprécier une forme soustraite au temps. Elle nous libère de lurgence de linstant, elle nous permet de contempler la condition humaine de loin, ou de plus loin. Cétait aussi la raison dêtre de la tragédie : contempler les malheurs de lhomme du point de vue du destin, dans un mouvement de recul par rapport au temps.

Le temps en musique

Le temps est le paramètre principal de la musique, un des rares arts à sinscrire dans une évolution temporelle et à créer un temps. La différenciation entre temps subjectif et temps objectif y joue un rôle primordial, puisque lémotion procurée se mesure à laune de ce temps subjectif de lécoute active, temps non quantifiable, et qui fait lobjet de plusieurs recherches en psychologie. Plusieurs compositeurs contemporains, comme Arvo Pärt, Pierre Boulez, José Manuel Lopez Lopez et bien dautres, ont recherché des formes décriture, des procédés musicaux pour suspendre ce temps subjectif, pour inscrire le temps vécu dans une dimension contrôlée.

  • Dans le solfège, le temps est une subdivision de la mesure et suggère la dynamique à apporter à linterprétation (temps fort - temps faible).

Lobservation des conduites musicales enfantines permet une approche un peu différente. La musique, dans sa pratique « de concert » implique en effet un temps commun. Il sagit dun temps à la fois pratique et formel. Un des penseur de lArs Nova, au XIIIe siècle, Francon de Cologne exprime brillamment cette idée : le Tempus est la mesure de la musique émise et de la musique omise. Lobservation met en évidence la construction de ce temps formalisé par les enfants, qui passent de lactivité égocentrique (dans le sens piagétien !) à un temps pratique, basé sur le concret, perceptif et actif qui le produit, puis à ce temps formalisé qui permet les activités interactives, complémentaires. Ce niveau nest guère atteint avant la sixième année.

La mesure du temps

Article détaillé : Histoire de la mesure du temps.

Comme on la vu, un problème essentiel a consisté (et consiste encore, par exemple en physique quantique) à choisir le rôle que le temps va jouer dans un système de lois. La façon dont le concept de temps est pensé a une implication très forte sur le résultat densemble : le temps peut-être un paramètre immuable (mécanique classique), ou une grandeur malléable au gré des phénomènes (relativité générale). Il peut être donné a priori ou construit, pour apporter une réponse sur-mesure à un problème. Mais quelle que soit la conceptualisation du temps, le problème de sa mesure demeure. Trivialement, lhomme a une expérience faible du temps comparée aux concepts quil peut imaginer pour le définir : il a simplement lintuition dun temps qui sécoule, et il nest pas surprenant quil ait de tout temps cherché à utiliser cette propriété de son univers comme repère. Cela suppose de pouvoir mesurer le temps, donc de la quantifier.

Paradoxalement, le temps est un objet de mesure très simple. Il est de dimension un : pour exprimer une date, un seul nombre suffit. Ce nest évidemment pas le cas de lespace tridimensionnel. Cette propriété singulière du temps implique cependant une première complexité : le temps doit-il être schématiquement représenté par une droite (temps linéaire) ou un cercle (temps cyclique) ? La physique, et la cosmologie en premier lieu, a apporté la notion de flèche du temps, donc dun temps linéaire, mais il nen fut pas toujours ainsi. LÉternel Retour, lÂge dOr sont des illustrations de la croyance en un temps cyclique.

Les premières mesures du temps

Une façon triviale de mesurer le temps, à laquelle on ne pense pas toujours, consiste à simplement compter. La capacité à séquencer le cours du temps par des intervalles réguliers est certainement la marque dune propriété plus profonde, mais ce sont surtout ses applications qui sont ici intéressantes. On peut distinguer deux approches, qui ont bien sûr coexisté : on peut, comme lorsquon compte, créer des points de repères, marquer des moments ; on peut aussi décider de créer des durées limitées, en utilisant par exemple une quantité finie. Ainsi, le temps de parole à lAgora était-il mesuré équitablement par lécoulement dune quantité bien connue deau dans une clepsydre. En fait, les deux façons de faire se rejoignent, car marquer deux moments distincts revient à mettre à jour la durée intermédiaire, si bien que le cœur du problème nest autre que celui-ci : est-il possible de définir une durée « de base », une unité de mesure ?

Cest lhistoire de la seconde et de sa définition, toujours plus précise.

Mesure moderne du temps

Depuis 1967, la seconde est définie à partir dun phénomène physique :

le temps nécessaire à un rayon lumineux bien défini pour effectuer 9 192 631 770 oscillations.

Ce rayon lumineux servant à définir la seconde est celui dont la fréquence provoque une excitation bien déterminée dun atome de césium-133 (transition entre les deux niveaux hyperfins de létat de base de cet atome). Ceci signifie quen une seconde, il y a 9 192 631 770 périodes de ce « pendule » atomique ou horloge atomique dont la fréquence dhorloge est proche des 10 gigahertz.

Ainsi pour mesurer 1 seconde il suffit de savoir produire cette émission et den mesurer la fréquence. Cette émission pourrait, par sa longueur donde (3,261226 cm), donner une unité de longueur puisquil faut 306 633 = (9 192 631 770299 792 458) périodes spatiales pour faire un mètre. Ceci souligne le fait quen létat actuel des connaissances, la vitesse de la lumière dans le vide est constante et indépendante du référentiel, et constitue de fait létalon « naturel » dont sont dérivés létalon-temps et létalon-longueur.

En fait, selon les connaissances actuelles de la mécanique quantique, les rayons lumineux absorbables par un type datome ont toujours la même fréquence, pour une excitation (transition) donnée. Et selon les connaissances actuelles de la relativité générale, cette mesure sera toujours la même pour un observateur immobile par rapport aux atomes en question.

Avant la décision de la Conférence Générale des Poids et Mesures de 1967 de définir lunité de temps en fonction dun phénomène atomique, le temps a longtemps été défini en fonction de phénomènes dorigine astronomique. La seconde est issue historiquement du jour (période de révolution de la terre sur elle même), qui est subdivisé en heures, minutes et secondes. Le coefficient 9 192 631 770 de la définition ci-dessus vise à donner à la seconde sa valeur historique.

Mais en fait, la science moderne a montré que les phénomènes astronomiques tels que la durée de rotation de la Terre sur elle même, ou la révolution de la Terre autour du Soleil, nont pas une durée constante, et ne sont donc pas un bon support pour définir une unité de temps. Par exemple, la rotation de la Terre sur elle-même ralentit (très lentement), en particulier à cause des effets de marée de la Lune. De même, lorbite de la Terre autour du Soleil se modifie avec le temps, car le Soleil a tendance à perdre de la masse de par son rayonnement de surface (égalisé par les réactions nucléaires qui ont lieu en son centre) à la raison de 4,3 millions de tonnes/s ; auquel se rajoute son « vent solaire » denviron 1 million de tonnes/s.

La réalisation de la première horloge atomique en 1947 a permis dadopter par la suite la définition de la seconde que nous connaissons, et qui est plus rigoureuse, dun point de vue scientifique, que la définition historique basée sur des phénomènes astronomiques.

La plupart des horloges modernes, (montres, ordinateurs, etc.), utilisent des cristaux de quartz ayant une fréquence doscillation stable pour définir leur base de temps. La fréquence employée est quasi exclusivement 32 768 Hz (215), ce qui permet dobtenir très simplement la seconde. Ces petits quartz en coupe XY sont appelés « quartz horlogers ».

Les temps définissant les durées nécessaires à réaliser une tâche dans une usine sont généralement mesurés en centième dheure (ch) ou décimilliheure (dmh). Ces besoins divers expliquent les options des chronomètres modernes.


Notes et références

  1. Alain in Éléments de philosophie
  2. À propos du sentiment intime et universel du temps : « (…) si mes impressions changent, aussitôt limpression première, tout entière, prend le caractère du passé, et est en quelque sorte repoussée dans le passé par celle qui survient. » Alain, in Éléments de philosophie.
  3. Saint Augustin in Confessions XI, 14, 17
  4. Peuple aymara : Le passé est devant et le futur derrière
  5. (en)With the Future Behind Them: Convergent Evidence From Aymara Language and Gesture in the Crosslinguistic Comparison of Spatial Construals of Time, E Núñez, E Sweetser, Cognitive Science, 2006, Vol. 30, No. 3, Pages 401-450
  6. Le passé devant soi in La recherche n°422 septembre 2008 p47
  7. À ce sujet, consulter une analyse du temps chez Saint Augustin.
  8. Deux rapports de deux nombres entiers chacun ont toujours un troisième rapport intermédiaire, de sorte quil ny a jamais deux divisions entières successives comme peuvent lêtre deux nombres entiers.
  9. a et b Bertrand Russell in La méthode scientifique en philosophie.
  10. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (Théorie transcendantale des éléments, partie I, esthétique transcendantale, §4).
  11. Par exemple, lunité, 1, est supérieure à 12, 34, 78, 1516dont lensemble est une suite au nombre de terme infini, ie. une suite compacte.
  12. Thèse déjà défendue par Hermann Weyl au début du XXe siècle.

Bibliographie

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  • Martin Heidegger, Sein und Zeit
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  • Richard Feynman, La nature des lois physiques (The Character of Physical Law).
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  • Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, Entre le temps et léternité, Fayard, 1988.
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  • Elisabeth Vauthier, Variations sur le Temps : penser le Temps dans le monde arabe, CRINI, Nantes, 2007, 113 pages, (ISBN 2-916424-8-3).
  • Jacques Attali, "Histoires du temps", Fayard 1982 - 333 p. ISBN 2-213-01118-4
  • Mircea Eliade, "Le mythe de léternel retour. Archétypes et répétition", traduit du roumain par Jean Gouillard et Jacques Soucasse, Paris, Gallimard, « Les Essais », 1949 ; nouvelle édition revue et augmentée, « Idées », 1969.

Voir aussi

Articles connexes

Astronomie

Conceptualisation scientifique

Le temps en informatique

Mesure du temps

Métaphysique

Général

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