Kosher

Kosher

Cacherouth

Les Juifs et le judaïsme
Généralités
Qui est Juif ? · Terminologie · Conversion
Judaïsme : Principes de foi
Diaspora juive
Groupes ethniques


Culture juive
Courants du judaïsme
Orthodoxe · Massorti · Réformé · Libéral · Karaïte
Langues juives
Histoire du peuple juif
Antiquité juive
Histoire moderne
Israël
Voir aussi
 Cette boîte : voir • disc. • mod. 

La cacherouth (hébreu: כַּשְרוּת), plus exactement cacherouth de la table et des aliments (hébreu: כשרות המטבח והמאכלים, kashrout hamitba'h véhamaakhalim) est le terme désignant le code alimentaire du judaïsme, et l'un de ses principaux fondements.

Il s'agit d'un corpus de lois permettant de déterminer si un aliment est ou non permis à la consommation, en fonction de sa provenance et de sa préparation.
Les aliments en conformité à ces lois sont dits kascher[1] (hébreu: כשר - se prononce cachère), c'est-à-dire « convenables » ou « aptes » à la consommation. La Bible hébraïque interdit formellement aux Juifs de consommer des aliments impropres. Par contre l'utilisation de produits non-kasher dans un but non-alimentaire, par exemple l'utilisation de cornées ou d'insuline porcines, est tout-à-fait autorisé[2].

L'antonyme de kascher est taref (prononciation yiddishe treïf) (de l'hébreu: טרייף, « déchiré »), bien que ce terme ne désigne à l'origine que la chair d'un animal ayant été « déchirée », soit au sens propre, soit parce que l'animal n'a pas été abattu selon le rite de la shehita. Par extension, taref désigne désormais tout aliment non kascher.

La cacherouth concerne essentiellement, encore que non exclusivement, les aliments d'origine animale, et implique le respect d'un rite d'abattage. Ce rite est évoqué dans le Lévitique et le Deutéronome, mais sans y être décrit. De même, la plupart des lois sur lesquelles se fonde la Halakha (loi religieuse juive) se trouvent dans le Livre du Lévitique, mais avec pas ou peu de détails. Les modalités pratiques ont été longtemps orales, avant d'être couchées au début de l'ère chrétienne par écrit dans la Mishna et le Talmud, puis codifiées de façon plus fines dans le Choulhan Aroukh et par les autorités rabbiniques ultérieures.

Sommaire

Étymologie et terminologie

Le terme kascher apparaît une seule fois dans la Bible hébraïque, et est rendu en français par « convenable[3] ». C'est également ce sens de « convenable » et « valable » qu'il a dans la Mishna[4]. Ce sens explique que le terme kascher peut-être utilisé dans au moins trois cas.

Dans le premier, le mot a une signification laïque similaire au mot « convenable » en français. C'est ainsi pour souligner la valeur de Darius Ier, qui assista les Judéens dans la reconstruction du Temple que le Talmud le qualifie de « roi kascher[5] ». C'est aussi ce sens qu'il possède dans de nombreuses expressions « figurées » actuelles[6].

Dans un contexte religieux non-alimentaire, le terme « kascher » est conventionnellement employé pour signifier « propre au rituel[7] », et son antonyme est alors « passoul[8] » (disqualifié). Il s'applique à un verre de vin, un rouleau de la Torah, une mezouza, et tout autre objet ayant pour fonction de permettre la réalisation du rituel.

Enfin, le sens le plus connu est celui lié à l'alimentation, sens d'ailleurs proche du précédent. Le repas juif a en effet pour fonction de reproduire le rituel des korbanot qui se tenaient dans le Temple de Jérusalem, et les ustensiles et récipients de cuisine, ainsi que les aliments[9] doivent être « acceptables » pour réaliser cet acte de sainteté. Le lévitique, décrivant le rituel ainsi que les aliments acceptables, définit les aliments selon deux catégories: tahor (pur) et tamè (impur). L'antonyme de kascher est dans ce cas soit tamè (impur), désignant un aliment qui ne peut en aucun cas servir au rituel du repas (le porc, par exemple), soit tarèf (littéralement, « déchiré »), c'est-à-dire potentiellement acceptable pour la consommation mais rendu impropre par suite d'une mauvaise application du rituel.

Principes de la cacherouth

Les lois de la cacheroute dérivent de divers passages de la Torah. Elles sont nombreuses et variées, et toutes ne sont pas universellement observées. Certaines ne le sont que par certains courants, d'autres dépendent du rite d'origine. Cependant, on peut en dégager les règles principales :

  • Pour les aliments d'origine animale :
    • ils doivent présenter des signes particuliers et, dans le cas de mammifères et de volailles, provenir d'espèces particulières;
    • ils doivent être abattus de manière rituelle; les parties interdites à la consommation, dont le sang, le nerf sciatique et la graisse, doivent être retirées;
    • « l'agneau ne peut être cuit dans le lait de la mère; »
    • seul le lait des espèces licites peut être consommé[10].
  • Pour les aliments d'origine végétale :
    • ils doivent être vérifiés afin de s'assurer de l'absence de parasites visibles à l'œil nu;
    • certains délais doivent être observés et, dans le cas du produit de la récolte en terre d'Israël, les dîmes doivent être prélevées.
  • Des lois supplémentaires s'appliquent lors de jours saints spécifiques, et uniquement lors de ces jours.
  • Certains aliments doivent être préparés en grande partie ou en exclusivité par des enfants d'Israël.
  • Les plats non-kascher transmettent leur impureté aux ustensiles utilisés pour leur préparation, et ne peuvent servir pour les nourritures kascher auxquelles elles transmettraient à leur tour leur impureté. Certains ustensiles, selon les matériaux dont ils sont faits, peuvent être purifiés par application d'une flamme à une telle température que des étincelles jaillissent de l'objet si on le frotte (libboun), ou par immersion dans de l'eau bouillante (hagala).
  • Nul Juif n'est censé ignorer les lois de la cacherouth pour son usage personnel. Toutefois, la surveillance et la supervision de la chaîne de production de nourritures destinées à autrui, par exemple pour la vente ou la restauration, doit être confiée à un expert en cacherouth.

Les espèces animales licites et illicites

La Bible divise les animaux en trois règnes : ceux qui vivent sur terre, ceux qui volent et ceux qui vivent dans l'eau. Le règne terrestre est subdivisé en animaux sauvages, domestiques et rampants.

La première mention d'« animaux purs et animaux qui ne sont pas purs » se trouve dans la parashat Noa'h. Cependant, la distinction n'est décrite que dans Lévitique 11 et Deutéronome 14.

Pour les animaux vivant sur terre, sont purs les animaux à sabots fendus ruminant leur nourriture, dont le bœuf, le veau, le mouton, l'agneau ou la chèvre et impurs les animaux dont le sabot n'est pas fendu comme le chameau, l'âne ou le cheval, ou ne ruminant pas leur nourriture comme le lapin ou le porc[11].

Pour les animaux qui volent, ce qui inclut les chiroptères, la Bible donne une liste d'oiseaux interdits, notamment les rapaces. Les tourterelles et jeunes pigeons sont purs, étant les seuls oiseaux admis pour une offrande. Les volailles de basse-cour (poulet, canard, oie, dinde, pintade) sont toutes potentiellement pures. Toutefois, la pureté d'un animal doit être certifiée par tradition avant qu'un de ces animaux soit consommé[12]. En pratique, la liste des oiseaux purs et impurs est établie à partir des gloses de Rachi[13]. La Torah mentionne certains types de sauterelles comme permises à la consommation. Cependant, à l'exception de communautés dont les sauterelles constituent l'une des principales sources de nourriture, leur consommation est interdite en raison du doute quant à l'identification des espèces d'insectes permises[14].

Pour les animaux aquatiques, sont purs ceux qui ont des écailles et des nageoires[15], ce qui inclut le saumon, la morue, le hareng, la sardine, le merlan, la dorade, le bar, la sole, le thon, la carpe, etc. L'esturgeon, qui perd ses écailles lors de l'accouplement, n'est pas kasher, ni la lotte, la raie, l'anguille ainsi que tous les fruits de mer (crevette, langouste, homard, huître, moules, etc.)[16].

Outre l'appartenance à une espèce pure, chaque animal doit, selon la Bible, être exempt d'impureté individuelle, c'est-à-dire ne souffrir d'aucune infirmité, parmi lesquelles l'écrasement des testicules[17] afin d'être offert devant Dieu. Cependant, et bien qu'il soit interdit à un Juif de châtrer un animal, raison pour laquelle on ne trouve en principe pas de bœuf, de chapon, etc. en Israël, il est licite d'abattre et consommer la chair d'un animal préalablement castré par un Gentil[18].

Régulations liées à la viande et la volaille

Abattage rituel

L'abattage rituel (shehita), auquel la Torah fait allusion de façon implicite mais non explicite[19] a principalement pour but de vider la bête de son sang. La shehita consiste entre autres à trancher la veine jugulaire, l'artère carotide, l'œsophage et la trachée d'un seul geste continu au moyen d'un couteau effilé ne présentant aucune encoche. La défaillance d'un seul de ces critères rend la viande impropre.
La carcasse doit en outre être vérifiée après l'abattage, afin de s'assurer que l'animal n'était pas atteint d'un défaut qui aurait entraîné sa mort naturelle au cours de l'année, et rendrait sa mort par abattage douteuse, et donc impropre[20]. L'une des lésions les plus invalidantes selon le Beth Yossef est la présence d'adhérences pulmonaires ; alors que les juifs ashkénazes considèrent l'animal consommable si le poumon demeure étanche après résection de la lésion, les juifs sépharades n'acceptent qu'une bête dont le poumon est lisse (yiddish גלאט glatt). Le terme glatt est cependant actuellement employé pour définir des critères de cacheroute plus rigoureux qu'à l'ordinaire, et ne s'appliquent pas seulement à l'aspect des poumons.

Les parties interdites à la consommation, parmi lesquelles le sang, le suif[21] et le nerf sciatique[22], doivent ensuite être retirées.

L'interdiction de la consommation du sang[23] apparaît dès les premiers récits bibliques[24], preuve de l'antiquité dont les Hébreux créditaient cet usage. Par ailleurs, ils recouvraient le sang de leurs victimes[25], selon la croyance que « la vie de la chair est dans le sang[26]. » La chair des animaux terrestres et des volatiles est donc à consommer exsangue[27], et toute offrande doit être offerte avec du sel[28], afin de poursuivre cette extraction.
Cet interdit est si marqué que le terme taref (déchiré[29]), désignant au sens strict une bête abattue improprement (c'est le cas non seulement des abattages n'ayant pas été réalisés selon la shehita mais aussi de bêtes abattues selon le rite, mais avec un couteau présentant un défaut) ou blessée par un chasseur avant d'être consommée, en est venu à servir d'antonyme à kascher[30]. Toutefois, le terme exact est tamè (impur), seules les bêtes pures pouvant être consommées. Par ailleurs, lorsqu'un chasseur capture un animal pur, vivant, sain et sans blessure, celui-ci peut être consommé à condition d'être abattu selon le rite. Cependant, le Talmud décourage la chasse, particulièrement à titre de loisir, car elle est cruelle envers les animaux[31].

La Torah prescrit, peu après ces règles, la centralisation des abattages dans le sanctuaire (le Tabernacle lors de la traversée du désert, les Temples de Jérusalem tant que ceux-ci demeureront) : tout animal dont on voudrait consommer la chair doit être approché des cohanim fils d'Aaron), qui prélèvera les parties interdites à la consommation, ainsi que les parties revenant de droit aux cohanim par statut. L'abbatage lui-même pourra toutefois être effectué par une personne qui ne fait partie de la tribu des prêtres. "La viande sera permise à la consommation au cours de la journée et de la soirée de l'abattage, après quoi ses restes devront être brûlés sur l'autel.

Après la destruction du second Temple, l'abattage est confié à des individus spécialisés dans l'acte, les shohetim. La bonne tenue du rite est, pour plus de sûreté, supervisée par un mashguiah qui vérifie également la conformité des autres « matières premières, » avant de délivrer une attestation de cacheroute pour la vente de produits alimentaires en commerce ou dans la restauration.

Le nikkour (extraction des parties interdites) et conséquence sur le gout des viandes

Du fait de la proscription portant sur la consommation des parties interdites dont le tendon inguinal, c'est-à-dire le nerf sciatique[22], il est nécessaire de pratiquer le nikkour (ou treibering en yiddish), prélèvement du tendon inguinal, du suif et des gros vaisseaux environnants. Cette opération, pratiquée quasi-universellement jusqu'au XIXe siècle, étant délicate et peu rentable, la viande possédant un aspect « déplaisant » suite à celle-ci, les autorités rabbiniques européennes[32], ainsi que le grand-rabbin de New York, ont jugé préférable de déclarer les parties arrières des animaux impropres à la consommation, et les bouchers les remettent dans le circuit de distribution des viandes non kascher. Ces parties, qui s'étendent jusqu’à la huitième côte pour les bovins, et incluent les rumsteck, filet, faux filet, bavette, onglet, entrecôtes et côtes, sont les morceaux de première catégorie, les plus tendres de l'animal[33]. Les pièces improprement appelées « entrecôtes, » que l'on peut trouver sur l'étal de certaines boucheries kascher en France, sont en fait des basses côtes de la partie avant du bœuf, donc des morceaux de deuxième catégorie, beaucoup moins tendres. C'est pour cette raison qu'à appellation identique, la viande bovine kascher apparaît beaucoup moins tendre que les autres[34].

Cette règle ne repose sur aucun interdit religieux à proprement parler (ce qui serait le cas si les pièces suscitées étaient inconsommables, que les parties soient retirées ou non), et sa justification est uniquement financière[35]. Le nikkour n'est réalisé de nos jours qu'en Israël[36], du fait de l'absence de demande pour de la viande non-purgée. Cependant, le rabbin Moshe Feinstein ayant déclaré que l'oubli d'une prescription de la Torah constitue une faute grave, un séminaire a été tenu aux États-Unis en 2007 en vue de réintroduire la pratique[37].

Accommodage: la cachérisation

Une pièce de viande ou de volaille[38], même rituellement abattue, comporte encore du sang, et doit en être débarrassée avant d'être cuisinée[39]. Ce processus doit être réalisé endéans les trois jours suivant l'abattage, sans quoi le sang se fige. Il s'effectue en trois étapes:

  • lors de la cheriyya (« lavage »), la viande est plongée dans un récipient empli d'eau et trempée sur toute sa surface pendant une demi-heure, afin de la ramollir de sorte qu'elle puisse absorber du sel. Les liquides sont ensuite drainés en déposant la viande sur une planche rainurée inclinée.
  • la meli'ha (« salaison ») consiste à saler de tous les côtés la viande avec du sel (de préférence du « sel de cachérisation ») et à la laisser sur la planche pendant une heure.
  • lors de la hada'ha (« rinçage »), la viande est rincée deux fois

Cette procédure est inutile si la viande est grillée sur feu nu; dans le cas des organes riches en sang, comme le foie, c'est d'ailleurs le seul moyen de cachérisation[40]. La présence de traces infimes de sang après ces procédés est admise.

Du fait de cette extraction méthodique du sang, il est interdit de bouillir une volaille afin de la plumer, car le sang se coagule. De même, il est interdit de congeler une pièce avant de la cachériser, à moins qu'elle ne soit destinée à être grillée, car au cours de la congélation, le sang se fige.

Interdiction des mélanges

Service kasher pour les plats carnés, Jüdisches Museum (Berlin)- XVIIIe et début du XXe siècle.
Service kasher pour les plats lactés, Jüdisches Museum (Berlin)- XIXe siècle

« Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère. » Cette ordonnance, brièvement évoquée à trois reprises dans la Bible[41], est l'une des plus suivies par les Juifs, y compris par ceux qui ne respectent pas strictement les autres règles.
Si les karaïtes, exégètes strictement scripturalistes de la Bible, se contentent de vérifier que le lait ne provient pas de la mère de la bête, et autorisent les autres mélanges, à condition que la bête soit abattue dans les rites, les Sages rabbiniques y voient une interdiction de tout mélange lacté/carné, même s'ils ne sont pas cuits ensemble, car la Torah, si elle n'avait voulu limiter ces mélanges qu'au chevreau, aurait dit guedi izzim et non simplement guedi; l'interdiction a aussi été étendue à la volaille, de crainte qu'un païen ou un Juif ignorant, voyant un Juif instruit consommer de la volaille à la crème, ne vienne à penser qu'il consomme un mélange lacté/carné[42]; il est même interdit de tirer profit de ces mélanges, en les cuisinant pour un client non-juif[43].
Certains interdisent également le lait et le poisson; il ne s'agit cependant pas d'un article de loi, mais d'une coutume non-universellement suivie[44].

De cette interdiction a été déduit un corpus de règles des mélanges interdits, interdisant de cuisiner ou de consommer des produits carnés (viande et dérivés) avec des produits lactés (lait et dérivés). Ainsi,

  • les Juifs doivent attendre au moins le temps entre deux repas pour consommer du lait après avoir mangé de la viande, un peu moins si un plat carné doit être consommé après un plat lacté, et seulement après s'être lavé les mains[45], afin de ne pas mélanger les deux produits dans l'estomac.
  • les mets sont classifiés en trois catégories:
    • lacté (halavi),
    • carné (bassari) s'étendant à la volaille, mais pas aux poissons,
    • neutre (pareve ou parve), comprenant les œufs, poissons, fruits et légumes, etc., ainsi que des produits devenus inertes par suite du traitement nécessaire à leur obtention, comme les gélatines, extraites d'os animaux (ces animaux doivent tout de même être kascher pour que la gélatine le soit).
  • cette classification s'applique non seulement aux produits de base mais aussi à leurs dérivés: une pomme de terre frite dans une graisse animale devient « carnée. »
    • Selon le principe de noten ta'am (conserve le goût), l'on estime que certains plats et récipients qui ont contenu des plats lactés ne peuvent plus servir pour des plats carnés et réciproquement. La nature de ces récipients est parfois sujette à discussion: si tous s'accordent sur le caractère « conservateur » de la porcelaine ou de l'argile, les ashkénazes considèrent le verre comme conservateur (et ne pouvant être cachérisé par hagala), contrairement aux sépharades. Quoi qu'il en soit, les juifs pratiquants utilisent deux batteries de cuisine et deux vaisselles distinctes pour ne pas effectuer de mélanges interdits.
      En outre, du fait du principe ta'am kèïkkar (le goût [est considéré] comme l'essence [de l'aliment]), un plat kascher perd son statut lorsque, mélangé par erreur à un plat taref, il en conserve le goût après que l'aliment impur a été retiré. Il en est de même pour des plats lactés et carnés. Cependant, et dans les deux cas, si la proportion de l'aliment non-désiré est inférieure à 1:60ème du volume de nourriture total, le plat demeure kasher (batel bèshishim, annulé par 60[46]). Ce principe d'exception connaît lui-même des exceptions, certains aliments, comme le hametz, ne pouvant être annulés quand bien même la proportion serait de 1 pour 1000.

Régulations liées aux végétaux

Les prescriptions et restrictions sur les aliments d'origine végétale sont moins nombreuses que celles sur les produits animaux. Néanmoins, une diète végétarienne n'offre pas une entière garantie de cacheroute. Les plats végétaux pourraient en effet avoir été préparés avec des ustensiles ou servis dans des vaisselles impropres, et des ingrédients non-kascher pourraient y avoir été ajoutés. De plus, certains produits purement végétaux comme le pain ou le vin sont soumis à des règles de cacherouth.

Les végétaux, en particulier des légumes à feuille dont la laitue, les choux, le persil, etc. doivent être inspectés avant toute utilisation, afin de s'assurer de l'absence d'insectes et d'autres parasites visibles à l'œil nu, qui les rendraient impurs. L'ingestion de ces parasites va à l'encontre d'entre trois et six prescriptions bibliques[47], ce qui dépasse en gravité la consommation de porc. La procédure appropriée d'inspection et de nettoyage varie en fonction du végétal et du rabbin responsable de l'inspection[48].

Pour les produits de la terre d'Israël, diverses dîmes prescrites par la Bible doivent être prélevées. En l'absence du Temple de Jérusalem, une version modifiée des dîmes, dont la teroumat hamaasser, le maasser rishon, le maasser sheni et le maasser ani, inapplicables telles quelles, est retirée du produit total de la récolte. Le produit d'une récolte non-prélevée est appelé tevel, et est interdit à la consommation. Des précautions supplémentaires doivent être prises avec le sheviit, la récolte de la terre d'Israël lors de chaque septième année, afin de ne pas enfreindre les lois de l'année sabattique.

Les fruits d'un arbre planté ou replanté ne peuvent être consommés ni utilisés pendant trois ans, en vertu de l'issour orlah[49]. Certains évitent également de consommer des céréales la première année de la récolte (hadash).

De nombreux restaurants et producteurs de produits végétariens acquièrent un hekhsher, certifiant que la cacherouth de leurs produits a été attestée par une organisation rabbinique, que les végétaux suspects d'infestation ont été examinés et que les démarches ont été entreprises pour que toute nourriture cuite remplisse les exigences du bishoul Israël.

Régulations liées aux jours saints

De façon générale, sauf cas d'urgence vitale absolue, les plats ne peuvent être cuisinés le Sabbath, car l'on enfreindrait divers interdits[50] dont celui de faire du feu. Les rabbins autorisent les diverses formes de hamin, plats ayant mijoté au cours du sabbath, car le feu a été allumé avant la tombée du soleil au vendredi soir. De même, certains plats, comme la carpe farcie, ont été élaborés afin de ne pas transgresser l'interdit de séparer le grain de l'ivraie, c'est-à-dire la chair du poisson de ses arêtes.

Le Festival des Azymes, débutant avec la Pâque et durant une semaine, se caractérise par une restriction supplémentaire sur les aliments levés ou fermentés, collectivement appelés hametz[51]. Celui-ci doit être recherché méthodiquement et brûlé et nul Juif ne peut en posséder; la cuisine kascher lèPessa'h se prépare donc exclusivement ou presque à base d'azymes (matzot). Plus récemment, des produits de substitution non-hametz ont été mis sur le marché, en utilisant par exemple du glucose extrait de pommes de terre.
La fermentation étant considérée comme l'une des formes d'impureté les plus absolues, les préparatifs à la fête doivent comporter une cachérisation des récipients et ustensiles habituellement utilisés[52]; traditionnellement, les juifs pratiquants possèdent deux services (carné et lacté) réservés à ces sept jours (huit en Diaspora) en sus des services habituels[53].
Si l'interdiction ne touche à l'origine que cinq espèces de grain[54], de nombreuses variations sont apparues du fait de la dispersion des Juifs de par le monde, au sein des grandes divisions juives, séfarades, ashkénazes et mizrahim, chacune s'appuyant sur les opinions de leurs décisionnaires: c'est pourquoi les ashkénazes s'abstiennent de la consommation de légumineuses (kitniyot) pendant la période de la Pâque, alors que les autres ne suivent pas ce minhag; de plus, chaque pays avait son propre interprète, et les restrictions alimentaires lors de la semaine pascale ne sont pas exactement les mêmes parmi les Juifs du Maroc, d'Algérie ou de Tunis; de même, certains sous-groupes ashkénazes interdisent le gebrochts (azyme trempé), tandis que d'autres se sont fait une spécialité du Matze brei, nécessitant de tremper l'azyme dans de l'eau chaude ou du lait[55].

Aliments nécessitant d'être préparés par des juifs

Afin de prendre leurs distances vis-à-vis des Gentils, les Sages avaient interdit d'utiliser le vin, le pain et l'huile produites par les idolâtres[56]. Selon les Tossafistes[57], ces lois avaient été mises en application avant même le temps de Shammaï et Hillel.
Selon Rachi[58], ces lois avaient pour but d'éviter la consommation de nourriture impropre par inadvertance. En effet, afin de rendre grâce à la providence divine, il convient que la nourriture soit préparée dans le respect et la volonté de sanctifier YHWH et non une idole; or, aux temps talmudiques, les libations de vin étaient un geste fort courant parmi les idolâtres[59]. Toutefois, selon des commentateurs ultérieurs, l'opinion de Rachi inclurait la nourriture préparée par des juifs non-observants[60].
Les Tossafistes[61] estiment quant à eux que le but des Sages était d'éviter l'établissement de relations trop intimes, menant à des unions maritales mixtes, non-souhaitables. Cette interprétation a été retenue par le Taz[62], et est la plus fréquemment évoquée pour justifier ces pratiques au Moyen Âge et de nos jours, puisque les non-Juifs ne sont plus des païens.

La sévérité à l'égard des juifs non-observants (plus exactement moumarim, apostats ou renégats) demeure en vigueur dans le Choulhan Aroukh[63] mais, au vu de l'ampleur de l'assimilation des Juifs survenue au XIXe siècle, certains décisionnaires modernes, pour la plupart proches du courant sioniste religieux, ont levé cette clause[64], la non-observance des lois ne relevant plus d'un « esprit de fronde. » D'autres se sont cependant prononcé en faveur de son maintien[65].

Parmi les nourritures doivent être préparées en totalité ou en partie par des enfants d'Israël:

  • le vin[66], qui doit être fabriqué sans aucune intervention d'un Gentil dans la chaîne de production. L'interaction ne peut même pas avoir lieu de façon indirecte, comme par exemple par une main tenant un couteau touchant la bouteille de vin, par un non-juif. Certains décisionnaires, et les juifs qui se plient à leurs décisions, poussent ce principe jusqu'à refuser d'avoir des convives non juifs, ou des juifs non-pratiquants, de peur de rendre impropre à la consommation un vin pourtant préparé dans les règles[67],[68],[69]. Toutefois, il est autorisé d'offrir un vin pasteurisé, qui a le même statut qu'un vin cuit (yayïn mevoushal), ou d'autres alcools, produits à partir d'autres éléments, tels que la vodka, le whisky, etc. Cependant, si les alcools sont a priori kasher, d'aucuns (en Pologne notamment) préfèrent manufacturer leur propre vodka kascher, à partir de grains soigneusement triés pour en éliminer les petits insectes éventuellement prisonniers, afin d'écarter le moindre doute.
  • certains plats[70]
  • Selon certains, et seulement dans certaines circonstances, le pain[71]

Les Samaritains constituent un cas particulier car, bien qu'ils ne soient pas reconnus comme membres de l'assemblée d'Israël, le Talmud autorise la consommation de leur nourriture, sous supervision d'un Juif[72].

Le fromage, le beurre (selon certains) et de nombreux produits laitiers (hébreu: חלב ישראל, halav Israël, lait d'[un enfant d']Israël)[73] doivent également être supervisés par un Juif, mais pour les seules raisons de cacheroute évoquées par Rachi et non de séparation sociale. L'interdiction du fromage est due à la double précaution de faire ajouter par un Juif au lait kascher de la présure d'origine animale (extraite de l'estomac des ruminants) dont il est établi qu'elle provient d'animaux kascher; de nos jours, la présure kascher est obtenue par reconstitution de conditions dans lesquelles des micro-organismes obtenus par transgenèse peuvent synthétiser une enzyme possédant des propriétés similiaires à la rennine animale[74].

Attestation et label de cacherouth

Article détaillé : Hekhsher.
Le sigle OU, sur un paquet de crème à café

Les produits manufacturés ne sont peuvent être mis en commerce que s'ils ont été certifiés kascher.
Aux États-Unis, les associations religieuses ont créé des labels (le sigle de l'Orthodox Union, un U entouré d'un cercle, est le plus courant, mais il en existe plusieurs dizaines) pour garantir le contrôle. Tous ne sont cependant pas de fiabilité équivalente. Dans certains états à forte population juive, le label kosher est devenu une marque déposée.
En France, le Consistoire, l'autorité juive créée par Napoléon Ier et reconnue par le Ministère de l'intérieur, publie chaque année une liste de produits contrôlés et appose son label, le KBDP (kascher [certifié par le] Beth Din de Paris), dans les magasins et commerces sous sa surveillance[75].
En Israël, la mention « kascher » est apposée sur les produits contrôlés par les autorités rabbiniques reconnues.

Il n'est pas suffisant de lire la liste des ingrédients, car beaucoup de facteurs ne sont pas pris en compte, dont les graisses utilisées pour lubrifier les poëles (qui peuvent être dérivées du lard), les additifs alimentaires (les « arômes naturels » sont souvent dérivés d'animaux ou de substances impurs) etc. De plus, des produits kascher peuvent cesser de l'être sans que cela ne soit indiqué, par exemple en introduisant du suif dans le procédé de fabrication.

C'est pourquoi des assemblées juives compétentes soumettent les produits destinés à leur consommation à des principes que le vocabulaire actuel nomme « principe de précaution » et « traçabilité » : tout produit qui n'est pas explicitement contrôlé pendant toutes ses phases de production est refusé.
Réciproquement, les producteurs de nourritures et additifs alimentaires souhaitant s'ouvrir à ces marchés contactent ces autorités juives afin que leurs produits soient certifiés kascher: un comité visite leurs installations afin d'inspecter les méthodes de production et les contenus, avant de délivrer un certificat de conformité aux lois sur la consommation. Une supervision constante est souvent requise, permettant en outre d'éviter les incidents liés aux changements de méthode ou de contenu.
De tels changements sont souvent coordonnés avec le rabbin ou l'organisme de supervision afin de s'assurer que le nouvel emballage n'indiquera aucun hekhsher ou autre indice de cacheroute en cas de cessation de conformité. Cependant, comme on ne peut exclure qu'un stock de labels préexistant au changement soit écoulé, des organismes au sein de la communauté juive éditent des journaux et périodiques afin d'identifier les produits devenus questionnables à partir d'une certaine date, et ceux devenus kascher bien que dépourvus de hekhsher.

Cette insistance de juifs pratiquants à n'acheter que des produits attestés, ainsi que le degré d'exigence de qualité ont donné naissance à la légende urbaine de la taxe juive. Cependant, le surcoût généré par le hekhsher est minime et aisément compensé[76].

Cacherouth, végétarisme et végétalisme

Les végétaux kascher étant neutres (pareve), car ne contenant ni viande ni lait, les végétariens et végétaliens considèrent souvent, à tort, les produits pareve et kascher comme synonymes de végétaux. Cette équation souffre de nombreuses exceptions:

  • les poissons et les œufs, n'étant ni carnés ni lactés, sont également pareve.
  • de nombreuses crèmes pour café commercialisées aux États-unis sont estampillées « lait » selon la loi juive car elles contiennent des protéines de lait (le plus souvent du caséinate de sodium). Elles ne possèdent cependant pas la valeur nutritive de produits laitiers.
  • à l'inverse, les rabbins peuvent accorder un statut pareve à un équipement normalement utilisé pour des produits laitiers, après cachérisation de celui-ci. Cependant, les traces de lait résiduelles peuvent être suffisantes pour causer des réactions chez les personnes allergiques aux dérivés laitiers, et le produit porte une mention « lait, » bien qu'il soit halakhiquement pareve.
  • le fromage kascher peut être fait à base de présure animale kascher, ou de présure microbienne. Seule cette dernière correspond aux critères végétariens.
  • de même, la gélatine peut, bien que d'origine animale, être estampillée pareve.

Attestations pour lieux de restauration

Un Mac Donald's kascher à Beit Shean

Les hekhsherim destinés aux restaurants doivent prendre en compte des critères supplémentaires:

  • le restaurant ne peut fonctionner lors du chabbat et des jours de fête.
  • les cuisines lactée et carnée doivent être séparées, et les plats ne peuvent être mélangés.
  • un mashguia'h doit vérifier quotidiennement les récipients et ustensiles de cuisson.

Observance de la cacherouth

Chez les Juifs

Le respect et le maintien de la cacheroute firent longtemps partie intégrante de la vie quotidienne des Juifs pendant plus de 1 500 ans, quel que soit leur lieu de résidence. La Bible[77] et l'archéologie[78] laissent entendre que certaines de ses règles étaient observées longtemps avant l'époque supposée de la révélation au Sinaï. De nombreux plats, considérés comme « typiquement juifs, » étaient le reflet de son influence. Outre le guefilte fish, présentant l'avantage de ne pas enfreindre le chabbat, les Juifs étaient friands de poisson et de volaille, car ils ne nécessitaient pas la compétence d'un shohet pour être abattus (La consommation de volailles implique aussi l'expertise d'un chohét. Toutefois, il est vrai que la shéhita de volailles est moins complexe que celle de bovins qui implique, elle, plusieurs verifications (poumons etc..). Cela permettait à une majorité de juifs connaissant, pour la plupart, les règles de base de la chéhita de la faire eux mêmes. Mais de nos jours où la majorité des juifs ne sait pas faire la chéhita, la consommation de volailles implique forcément la présence d'un shohet certifié.). Une divergence sur un point de cacheroute, la consommation ou non de hamin (plat mijoté au cours de la nuit, cholent pour les ashkénazes, dafina pour les séfarades) à chabbat, était considérée comme l'un des signes les plus fiables pour identifier un adhérent au karaïsme, car ces scripturalistes de la Bible réfutaient l'interprétation rabbinique de laisser un feu allumé au cours du chabbat, et estimaient que seuls les aliments ne nécessitant pas de feu, c'est-à-dire des plats froids, étaient autorisés.
Par ailleurs, certains préceptes, dont l'abstention de porc et de mélanges interdits, avaient un impact si profond sur le comportement alimentaire des Juifs, pratiquants ou non, que celui-ci en constituait un signe distinctif: des communautés pourtant isolées comme les Juifs de la communauté historique de Kaïfeng étaient connus des Chinois comme les Tiao (ou "Diao") jin jiao (挑筋教, approximativement « les sectaires qui retirent le tendon[79] »).
L'abstention de porc fut reconnue en particulier comme un signe majeur de « judaïsation, » et mentionnée au cours des siècles par divers sources, dont les Satires de Juvénal, les annales de l'Inquisition espagnole, ou le dictionnaire de l'Académie Française. Elle est considérée à l'époque de la révolte hasmonéenne comme un cas recevable de yehareg vèlo yaavor (mourir plutôt qu'enfreindre)[80] ; cependant les rabbins ne l'inclurent pas dans cette modalité[81], considérant au contraire que l'observance de la cacheroute ne peut avoir priorité sur la préservation de la vie[82].

Au XVIIe siècle, Sabbataï Tsevi, l'un des plus célèbres prétendants juifs à la messianité, souhaita abolir une partie de ces règles, comme la consommation de la graisse. Ses mesures ne connurent cependant qu'un impact limité au cercle de ses partisans[83].

Plus significative fut la remise en question de l'observance inconditionnelle de la cacheroute, ainsi que de nombreux principes et pratiques, en Europe occidentale lors de la réforme du judaïsme. Toutefois, si les premiers décisionnaires réformés, dont Abraham Geiger, souhaitaient son abolition totale, n'y voyant qu'un archaïsme empêchant l'intégration des juifs dans la société générale, certains mouvements réformés actuels, ainsi que le judaïsme reconstructionniste, encouragent à perpétuer au moins certaines règles, bien qu'ils n'en imposent aucune.

Fichier:Image Katzs Deli on Sunday.jpg
Le Katz's Deli, un haut-lieu de la cuisine juive new-yorkaise, kosher style but not kosher

Le mouvement conservative, dont la vision se veut centriste entre orthodoxes et réformés, promulgue le respect de la cacheroute, avec toutefois certains aménagements, parmi lesquels:

  • l'autorisation de la cachérisation des ustensiles et récipients sans hagala, c'est-à-dire avec de l'eau non-bouillante dans certaines circonstances. Les rabbins conservative autorisent donc le lave-vaisselle pour cet usage, bien que les plats carnés et lactés ne peuvent être lavés simultanément et que le lave-vaisselle ne puisse absorber des particules de nourriture[84].
  • l'autorisation de la présure de ruminants pour le fromage[85] ou de gélatine d'os de cheval (qui n'est pas un animal pur), car celle-ci a été suffisamment modifiée au cours de sa fabrication pour rendre la matière d'origine inerte[86].

Actuellement, la cacherouth n'est rigoureusement observée que par les juifs orthodoxes et haredim, estimés à 30% de la population juive totale[87].
Plus nombreux sont les Juifs, réformés et reconstructionnistes y compris, qui ne répondent pas aux exigences complètes de la cacherouth mais maintiennent un certain sous-ensemble des lois, le plus souvent celles de l'interdit du porc et des mélanges, sans se soucier de la présence d'un hekhsher sur les emballages ou dans les restaurants. Aux États-Unis, de nombreux restaurants et delicatessen cuisinent des plats traditionnellement consommés par les juifs, et répondant donc à certains critères de la cacherouth, dont l'éviction des animaux impurs et des mélanges interdits; toutefois, ils travaillent sans supervision rabbinique, et ne sont pas kascher bien qu'ils se dénomment kosher style[87].

Réciproquement, si l'observance, complète ou relative, de la cacheroute fut un ciment national, la transgression flagrante de ces observances, contrainte comme ce fut vraisemblablement le cas des Xuetes[88], assumée comme ce fut notamment le cas de nombreux Juifs assimilés[89],[90], voire fièrement affirmée, comme ce fut le cas des kibboutznikim des débuts d'Israël[91], est l'un des symboles les plus criants de la rupture vis-à-vis de la tradition judaïque, d'ailleurs choisi par l'auteur de Pork and Milk, un documentaire réalisé en 2006 sur le retour au profane.

Évolution des pratiques chez les chrétiens

Du fait de leur origine juive, les chrétiens ont dès l'origine été confrontés à la question de la cacherouth.

Paul de Tarse semble avoir été partisan très tôt d'un abandon de la cacherouth, pratique par trop juive, afin de favoriser l'expansion de la nouvelle religion chez les païens, ce qui aurait été entériné par Pierre et Jacques lors du concile de Jérusalem : « Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant : Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion. [...] Alors quelques-uns [...], se levèrent, en disant qu’il fallait circoncire les païens et exiger l’observation de la loi de Moïse. [...] Une grande discussion s’étant engagée, Pierre se leva, et leur dit : [...] pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? [...] Lorsqu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole, et dit : [...] je suis d’avis qu’on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu’on leur écrive de s’abstenir des souillures des idoles, de l’impudicité, des animaux étouffés et du sang[92] ». Ces interdictions seraient un rappel des lois noahides [93] : « vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang » [94]. L'interdiction des animaux étouffés va dans le même sens que l'interdiction du sang : un animal étouffé (non égorgé) reste remplis de son sang, et la consommation du sang est un interdit important du lévitique.

De fait, les courants majoritaires du christianisme ont considéré rapidement qu'ils représentaient une « nouvelle alliance », laquelle dépassait et rendait inutile les prescriptions de l'ancienne alliance, passée avec le peuple d'Israël. La conversion au judaïsme, et donc le respect des interdits du lévitique, ainsi que leurs interprétations rabbiniques (lesquels forment la cacheroute au sens stricte) ont été considérés comme inutiles. Même le « compromis » institué par les actes des Apôtres (l'interdiction du sang) est tombé en désuétude.

A l'inverse, certains courants sont restés longtemps très attachés à la pratique de la cacheroute, comme les Judéo-nazaréens[95] ou les ébionites, aujourd'hui disparus, et qui en avait leur propre version, refusant la consommation de viande[96].

Avec la réforme protestante, au XVIe siècle, le respect strict du texte biblique a de nouveau été mise en avant. Les protestants ont par exemple favorisé la version hébraïque de la Bible (le tanakh), au détriment de la vulgate des catholiques. Globalement, les protestants sont cependant restés fidèles à la vision de la « nouvelle alliance » rendant caduc les prescriptions alimentaires du lévitique et des actes des Apôtres, mais quelques courants très minoritaires ont cependant décidé d'y revenir. Si la cacheroute elle-même (prescription du lévitique plus règles rabbiniques) n'est pas pratiquée chez les chrétiens, les règles du lévitique, ou au moins inspirées de celles-ci, sont redevenues pratiquées par certains.

Au XXIe siècle, les courants chrétiens suivant au moins certaines des règles du lévitique se répartissent entre des courants remontant aux premiers temps de l'église, et qui ne les ont jamais abandonnés, et quelques courants issus du protestantisme qui y sont redevenus fidèles.

On trouve dans le premier groupe l'Église éthiopienne orthodoxe. Celle-ci interdit la consommation de porc, et encourage la circoncision.

Dans le second groupe, on trouve les mouvements protestants souhaitant respecter le lettre de la Torah. Ils ne retiennent cependant pas les modalités d'application de la cacheroute, comme l'abstention de mélanges, estimant qu'il s'agit d'innovations rabbiniques ultérieures non prescrites par le lévitique[97]. L'Église Adventiste du Septième Jour, de son coté, condamne la consommation de viande de porc et conseille même le végétarisme, mais sans l'imposer[98]. Les Témoins de Jéhovah reprennent l'interdiction du sang, en l'appliquant non seulement à sa consommation, mais aussi aux transfusions sanguines.

Quelques groupes judéo-chrétiens respectent la totalité de la cacherouth. Il s'agit de certains sous-ensembles (mais pas forcément tous) dit du Judaïsme messianique, une nébuleuse de courants essentiellement nord-américains qui entendent se définir comme à la fois pleinement Juifs et pleinement chrétiens, Jésus étant ici vu comme le messie annoncé par le Judaïsme, et toute référence à la théologie de la « nouvelle alliance » étant clairement écartée.

Pratiques dans les autres religions admettant la Torah

Les musulmans observent un code d'alimentation et d'abattage ressemblant de la cacheroute. Le halal et la dhabiha sont les pendants exacts de la cacheroute et de la shehita.

Les rastafariens ont adopté un code alimentaire inspiré de la Torah, l' Ital et possédant quelques interdits communs à la cacheroute, dont celui de la consommation de sang. Toutefois, les ressemblances sont peu nombreuses, et l' Ital prône davantage le végétarisme voire le végétalisme[99]. On trouve des règles similaires chez les African Hebrew Israelites of Jerusalem, un groupe religieux africain-américain.

Cacheroute et société

Abattage et respect des animaux

Article détaillé : Shehita.

Selon le Talmud, la cacherouth représente un progrès en la matière, en prohibant la consommation du membre d'un animal encore vivant (ever min ha'haï), fréquente parmi les peuples environnants[100]. Pratiquée au nom du principe de tsa'ar ba'alei 'hayim (compassion envers les animaux)[100], la shehita a pour but d'entraîner le moins de souffrance possible ; adéquatement réalisée, elle supprime instantanément le flux sanguin cérébral de la bête, lui évitant en principe toute souffrance[101].
Toutefois, elle peut être perçue comme une pratique cruelle, contraire aux normes éthiques, du fait de son refus de pratiquer l'étourdissement pre-mortem (réalisé autrefois au moyen d'un coup de masse sur la tête, et actuellement d'une balle dans la tête) car l'animal serait rendu taref par ces méthodes, et a été de ce fait l'objet de luttes juridiques et de campagnes. Interdite dans certains pays européens, elle est autorisée dans d'autres au nom de la tolérance religieuse.

Certaines campagnes réclament l'abolition de tout abattage rituel[102], d'autres de rendre les méthodes plus « humaines. » Elles ne manquent pas de provoquer les réactions des communautés juives (et musulmanes) locales, qui y voient une attaque une attaque antisémite et islamophobe à peine voilée. Ce caractère antisémite a été souligné dans certains, mais non tous les cas, et des groupes connus pour leur antisémitisme ont soutenu certaines de ses campagnes.

La cacheroute en Europe

Pour que sa viande soit cacher, l'animal doit être abattu sans étourdissement préalable. Or, cet étourdissement est obligatoire dans l'union européenne pour diminuer la souffrance de l'animal. La viande casher est donc, a priori, interdite par la législation européenne. Cependant, dans un souci de tolérance vis-à-vis des groupes religieux, certains pays ont mis en place un régime de dérogation pour ce qu'ils appellent l'abattage rituel : Directive 93/119/CE de la Communauté Européenne. Dans la pratique, la situation est différente suivant les pays et évolue dans le temps. La Norvège (depuis 1930), la Suède (depuis 1938), l’Islande, la Suisse (depuis 1893), la Grèce, le Luxembourg et six provinces d’Autriche n’autorisent aucune dérogation. La viande casher est donc interdite ; en revanche, il est souvent permis d'en importer. Le cas de la Suisse est encore plus compliqué car l'importation est seulement autorisée pour la communauté israélite (la viande vient exclusivement de Besançon en France voisine [1]). En Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, et au Danemark, on observe une remise en cause de ces exemptions. En France[103] et en Belgique, les associations de protection animale comme l’OABA tentent de sensibiliser l’opinion mais sans succès jusqu’ici. En Espagne, Irlande, Italie, il y a une dérogation sans débat public.[104]

Si l'interdiction totale de la viande casher en Europe n'est pas d'actualité, il pourrait en revanche se produire à moyen terme une forte augmentation des prix freinant cette consommation. En effet, suite à la recrudescence des épidémies concernant le bétail européen ces dernières années, les associations de consommateurs exigent de plus en plus de traçabilité sur toutes les viandes. Elles insistent ainsi, notamment, sur le fait de voir apparaître en toutes lettres sur l'étiquette selon quel rite l'animal a été abattu[105]. Or, actuellement, compte tenu de l'interdiction religieuse de consommer l'arrière du boeuf (voir plus haut), la moitié de la viande casher est considérée comme impropre à la consommation de la communauté israélite et est revendu, de façon anonyme, dans la filière classique.

Dans un rapport rédigé par le COPERCI (COmité PERmanent de Coordination des Inspections : Inspection générale de l’Administration, Inspection générale de l’Agriculture, Conseil général vétérinaire) remis en septembre 2005 à Messieurs les ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, il est précisé qu’une part “non négligeable de la viande abattue rituellement est vendue dans le circuit classique, sans mention particulière”. [106] Ces parties étant les plus tendres et les plus onéreuses du boeuf, leur coût est prépondérant dans le coût de la viande casher. Si, une fois ces consommateurs informés, certains boudaient cette viande, son prix chuterait et le prix de la viande casher augmenterait mécaniquement[106]. C'est la raison pour laquelle les abattoirs israélites refusent avec force la mise en place d'un tel système de traçabilité.[107]

La cacherouth aux États-unis

Taux de respect de la cacherouth par la communauté juive américaine

Le judaisme orthodoxe, 22% des 4.3 millions de juifs américains, et le judaisme conservateur, 33%, tiennent à ce que les juifs suivent les lois de la cacherouth car c’est, pour eux, une obligation religieuse. Le judaisme réformé,38 %, et le judaisme reconstructioniste, 2 %, pensent que ses lois n’ont plus à être appliquées. Historiquement, le judaïsme réformé, le mouvement le plus important avec 1,1 million de membres, s'est activement opposé à la cacheroute comme archaïsme empêchant l'intégration des juifs dans la société générale. Plus récemment, quelques parties des réformés ont commencé à explorer l'option d'une approche plus traditionnelle. Cette faction, appelé « tradition-penchement » est d'accord avec les réformés qui pensent que les règles de la cacheroute ne sont pas obligatoires, mais croit que les juifs devraient envisager de les maintenir parce que c'est une bonne manière pour renforcer la sainteté de leur vie. Ainsi, des juifs sont encouragés à envisager d'adopter une partie ou toutes les règles de la cacheroute à titre volontaire. Le mouvement des Reconstructionistes préconise que ses membres acceptent certaines des règles de la cacherouth, mais de le faire sur un mode non contraignant ; leur position sur la cacherouth est identique à l'aile «  tradition-penchement » de la réforme. Beaucoup de juifs qui ne répondent pas aux exigences complètes de la cacherouth néanmoins maintiennent un certain sous-ensemble des lois ; par exemple, évitent le porc, les mollusques et crustacés. Beaucoup de juifs éviteront de même la consommation de lait avec un plat de viande. De même, beaucoup gardent un degré de cacherouth à la maison tout en n'ayant aucun problème pour manger dans un restaurant non-casher, ou ne suivront pas les regles de la cacheroute en mangeant dehors alors qu’ils les suivent à la maison.

Cacheroute et droits des animaux

L'abattage rituel n'est pas soumis actuellement à des limitations aux États-unis comparable à l'Europe. Cependant des associations de défense des animaux menent régulièrement un combat contre cet abattage .voir l'article détaillé Abattage rituel : aspect légal

La cacherouth en Israël

Un Mac Do casher en israël

Cacherouth et conditions de travail

Lutte contre les abus du terme

La cacherouth était, jusqu'à la réforme du judaïsme survenue au XIXe siècle, universellement observée parmi les Juifs, au point de se confondre avec leur traditions culinaires. Cependant, cuisiner « à la juive » est insuffisant pour décréter qu'un plat ou aliment est kascher: les « pickles kascher » des échoppes new-yorkaises sont rarement en conformité avec les lois de la cacheroute, pouvant par exemple avoir été préparés avec des ustensiles impropres à l'usage; leur nom signifie simplement que de l'ail a été généreusement ajouté à la saumure dans laquelle ils ont baigné[108],[109].

Tentatives d'explication de la cacherouth

La Torah ne présente guère d'explication de ses lois alimentaires. A ce titre, des auteurs, religieux ou laïques, ont présenté de nombreuses tentatives d'explications, aucune n'ayant jamais réunis un consensus autour d'elle, faute de données factuelles incontournables.

Une tradition religieuse inexpliquée

Les lois alimentaires tiennent une place prépondérante dans la Torah, dès ses premières prescriptions[110], mais si la Torah décrète, elle ne présente pratiquement aucune justification à ses nombreuses ordonnances, à l'exception du caractère vital du sang[26], du souvenir de lutte de Jacob avec l'ange[22] et de la sainteté[111].

La littérature prophétique n'en fournit pas davantage, bien qu'elle juge sévèrement ceux qui ne la suivent pas[112].

La littérature tannaïtique s'appuie sur son caractère inexpliqué pour conclure à l'inspiration divine de la Torah, écrite aussi bien qu'orale[113], et les philosophes juifs classifient la législation relative à la cacheroute parmi les houqim, prescriptions pour lesquels on ne connaît pas d'explication rationnelle[114], et pour lesquelles certains, comme Abraham ibn Ezra, jugent futiles toute recherche d'une raison spécifique[115].

Les juifs observant la cacherouth considèrent qu'elle doit être suivie du fait de son caractère biblique, indépendamment de son explication[116]. Cependant, de nombreux penseurs, Moïse Maïmonide en tête, estiment licite de tenter de l'explorer et d'essayer de la comprendre[117]. Plusieurs explications ont été proposées, parfois par un même penseur, sans qu'aucune n'ait fait consensus jusqu'à présent.

Un rituel symbolique

L'école judéo-alexandrine, dont Philon d'Alexandrie est l'un des représentants, ébauche aux premiers siècles de l'ère commune une rencontre entre judaïsme et philosophie. Celle-ci, à but partiellement apologétique, présente le judaïsme comme une forme de philosophie avant la lettre, et la cacherouth comme un ensemble de lois symboliques. Cette approche, apparaissant également dans les écrits des premiers Pères de l'Église, rencontra peu de succès, bien que le concept que se font les Juifs du porc comme particulièrement impur comporte vraisemblablement une part de symbolisme. L'approche symbolique fut également choisie par l'un des fondateurs du judaïsme orthodoxe moderne, le rabbin Samson Raphaël Hirsch dans son 'Horeb.

Les animaux kascher représentent la vertu, tandis que les autres incarnent le vice[118]. La prohibition du mélange de la viande et du lait représente une séparation symbolique entre la mort et la vie, respectivement. L'aspect de mansuétude de cette prescription[119] peut également être considéré comme symbolique, car ni le jeune animal ni sa mère n'auraient compris la cruauté de l'acte et n'en auraient conçu de souffrance supplémentaire. De même, la prohibition des animaux carnivores, des animaux malades ou décédés pourraient en partie s'expliquer par leur caractère symbolique perçu[120].

Une pratique d'hygiène

Afin d'expliquer la cacherouth dans la tradition juive, « les voix n'ont pas manqué qui attribuèrent à cette prohibition des raisons sanitaires, sans vouloir pour autant les considérer comme seules valables[121]. » Ces voix sont souvent celles de sages exerçant la médecine, à commencer par Moïse Maïmonide, dont l'exemple est plus ou moins suivi par Nahmanide et Gersonide[115]. Par exemple, Maïmonide déclare que « le sang et la bête morte [...] forment une mauvaise nourriture, [...] les graisses des entrailles sont trop nourrissantes, nuisent à la digestion et produisent du sang froid et épais; [quant aux mélanges carnés et lactés,] c'est là une nourriture très épaisse qui produit une surabondance [de sang][122]. » C'est également pour cette raison que certains interdisent les mélanges de lait et de poisson[44], et c'est également à elle que des apologues de la prescience biblique font recours afin de justifier les aspects inexpliqués de la loi mosaïque et de ses élaborations rabbiniques en s'appuyant sur les découvertes de la science moderne. Par exemple,

  • la proscription de porc diminue fortement l'incidence de trichinose[114]
  • la proscription des prédateurs et charognards préserve des maladies véhiculées par les charognes[115].
  • Les fruits de mer meurent rapidement après avoir été pêchés et libèrent rapidement diverses substances, dont l'histamine, et sont responsables chez le consommateur d'empoisonnements et de troubles allergiques[123].
  • en 1953, le Dr. David I. Macht, un pharmacologue, bibliste et chercheur à l'Université Johns-Hopkins, effectua une étude comparative sur les concentrations en toxines des animaux purs et impurs, et conclut à une corrélation à 100% avec la classification énoncée dans le Lévitique[124]. Il indiquait également les effets délétères des mélanges lacté-carné, notamment l'apparition d'une intolérance au lactose et l'abaissement du niveau des toxines dans la viande abattue rituellement[125]. Ses conclusions furent débattues par la suite par des biologistes à la demande de l'Église Adventiste du Septième Jour[126].

Cependant, l'idée n'était pas universellement admise, et ces aspects sont considérés comme une conséquence inattendue et non la cause de la cacherouth[114]. Cette hypothèse est insuffisante pour expliquer d'autres aspects de la cacheroute, dont la orlah. Par ailleurs, il ne figure aucune liste de végétaux permis et interdits, alors que de nombreuses plantes, y compris au Moyen Orient, sont vénéneuses ou nocives pour l'homme. De même, Isaac Abravanel objecte que de nombreux plats malsains ne sont pas proscrits par la Torah, et qu'il n'est pas établi que les non-juifs se portent moins bien que les juifs[127].

Une mesure de sanctification morale

Selon Moïse Maïmonide, le but véritable de la cacheroute est l'élévation de l'individu via la maîtrise de ses instincts et désirs[114][116]. La shehita, abattage rituel de bêtes soigneusement sélectionnées, se substitue à la chasse, premier expédient naturel contre la faim, se doublant d'une soif de sang et résultant en un mode d'alimentation indiscriminé. La prohibition de manger des fruits d'un arbre lors des trois premières années suivant sa plantation permet d'apprécier sur une longue période les bienfaits prodigués et d'en jouir avec respect plutôt que de la manière rapide et irréfléchie qu'entrainerait leur consommation immédiate. La dîme, outre son aspect de justice sociale, a pour but, ainsi que le rappelle la Torah, de rappeler que la fortune matérielle n'est pas le fruit du seul effort mais aussi de la providence divine, à laquelle il est juste de rendre son dû.

Le Rav Kook explique également l'interdit de la cuisson du chevreau dans le lait de sa mère comme un acte de mansuétude envers les bêtes, en s'abstenant de faire cuire la victime d'un assassinat, fût-il saint, dans le fruit d'un vol[119].

Selon la doctrine hassidique, d'inspiration kabbalistique, la sanctification de l'acte de manger (en le réalisant avec une intention appropriée — se fortifier pour mieux suivre les lois de la Torah) est nécessaire pour libérer les « étincelles de sainteté, » incluses dans tous les objets[128]. Ces « étincelles » sont en réalité des voies de communication avec le divin, et leur « activation » permet d'amener la Présence divine dans le monde physique[129]. Cependant, les étincelles ne peuvent être libérées de la matière constituant tous les animaux[130], raison pour laquelle des « signes » ont été donnés dans la Torah pour les identifier[131].
Les sabots fendus symbolisent un ancrage incomplet dans le monde matériel, et donc une voie plus facile vers le spirituel; la rumination de nourriture (la nourriture symbolise la Torah, et la sainteté en général), c'est-à-dire la double mastication symbolise la faculté de pénétrer plus profondément dans des concepts saints ou dans la sainteté, ce qui s'accorde bien avec la nécessité de séparer les étincelles de leur matière.
Ces signes ne sont cependant que des signes, et ne rendent pas l'animal kascher par leur présence: un chameau qui serait né avec les sabots totalement fendus ne deviendrait pas pur pour autant.

Une mesure de sanctification ethnique

Le concept de sanctification, dans son acceptation étymologique de « distinction » ou « séparation, » a également fait l'objet d'investigations académiques.

L'anthropologiste de la culture Mary Douglas a écrit dans son Purity and Danger comment les Israélites pourraient avoir utilisé l'idée de la distinction (ici par les lois alimentaires) comme une façon de créer la sainteté[132].

Gordon Wenham, théologien chrétien, pense que les lois rappelaient à Israël quelle sorte de comportement était attendu d'elle, qu'elle avait choisi d'être sainte dans un monde impur[133], c'est-à-dire distincte et ne devant sous aucun prétexte se mêler à l'impureté : tout comme les décrets rabbiniques, les prescriptions bibliques avaient pour effet de diminuer l'assimilation culturelle et les mariages mixtes avec les peuplades environnantes, renforçant le sentiment d'une identité juive propre.
La circoncision aussi leur était relativement propre (mais d'autres peuples la pratiquait, comme les égyptiens), et surtout, elle était de l'ordre du privé, alors que les lois alimentaires étaient une pratique visible publiquement. Leur observance était un donc signe de distinction, et contribuait à renforcer l'attachement des Israélites puis des Juifs à leur « statut spécial[134]. »

C'est également à cette conclusion que parviennent (avec une certaine prudence) Israël Finkelstein, archéologue, et Neil Asher Silberman, historien, en interprétant les résultats des fouilles archéologiques menées en terre d'Israël. Dans une couche datée entre les XII et XI siècles avant l'ère commune, on a retrouvé, dans les hautes-terres de l'est de Canaan (c'est-à-dire dans l'actuelle Cisjordanie), ce que les auteurs de La Bible dévoilée pensent être les premiers établissements israélites dans la région. Ces hameaux se distinguent des villages avoisinants par l'absence d'os de porc.

« Tandis que les premiers Israélites ne mangeaient pas de porc, les Philistins, en revanche, en consommaient ; il en est de même des Ammonites et des Moabites établis à l'est du Jourdain, si l'on en croit les données rudimentaires dont nous disposons. L'absence de consommation de porc ne s'explique pas seulement par des raisons environnementales ou économiques. Elle reste en fait le seul indice que nous possédions d'une identité précise, partagée par l'ensemble des villageois [des hautes-terres ...]. Peut-être les proto-Israélites ont-ils cessé de manger du porc uniquement parce que les peuplades qui les environnaient - leurs adversaires - en consommaient, et qu'ils commençaient à se vouloir différents d'eux. Des pratiques culinaires ou des coutumes diététiques spécifiques sont deux des moyens qui permettent de dresser des frontières ethniques. Le monothéisme, ainsi que les traditions sur l'exode et sur l'alliance n'ont fait leur apparition, semble t'il, que bien plus tard. Donc, un demi-millénaire avant la composition des textes bibliques, qui présentent les détails des règlements diététiques, les Israélites avaient décidé - pour des raisons qui demeurent obscures - de ne plus manger de porc. Lorsque les Juifs contemporains observent cette interdiction, ils ne font que perpétuer la plus ancienne pratique culturelle du peuple d'Israël attestée par l'archéologie[135]. »

Une sauvegarde socio-économique

Marvin Harris[136], anthropologue, a suggéré des raisons économiques à la cacheroute, et à l'interdit sur le porc en particulier. En effet, dans un pays aride comme la terre d'Israël, où le porc ne peut fourrager dans des forêts inexistantes, il ne peut être nourri qu'avec des céréales, dont ont également besoin les hommes. Lors des années de disette, un conflit se serait élevé entre les éleveurs de porc et les affamés. Par ailleurs, le porc est trop riche en graisse pour être conservé par salaison, ce qui est, selon Harris, le cas de nombreuses autres nourritures interdites.

Voir aussi

Bibliographie

  • Elie Kahn, Le livre juif des Questions-Réponses, éditions Safed 2004, ISBN 2-914585-53-5
  • Alfred J. Kolatch,"Le Livre juif du Pourquoi ?", traduit par le Dr A. Kokos, Collection Savoir,
    • Tome I éditions MJR 1990, ISBN 2-88321-002-0
    • Tome II éditions MJR 1996, ISBN 2-88321-018-7

Liens internes

Commons-logo.svg

Notes et références

  1. Le mot est prononcé différemment par les Juifs originaires d'Europe centrale (Ashkénaze) ou du Bassin méditerranéenn (Séfarade) d'où les translittérations les plus courantes « kosher » ou « kasher » dans les pays anglo-saxons et « kacher » ou « cachère » dans les pays francophones.
    Le Petit Larousse propose les orthographes « kasher », « casher » ou « cacher » et présente ces adjectifs comme invariables.
    La dernière édition du Dictionnaire de l'Académie semble privilégier l'orthographe « Kacher » et précise : « On écrit aussi Kasher et, moins souvent, Cacher ». Le TLFI quant à lui propose les orthographes « casher », « cawcher » et « câchère ». Le dictionnaire Antidote propose « cascher », « cawcher », « cachère », « kasher », « casher » ou « kascher » mais semble privilégier « kascher ». Enfin, les rectifications de 1990 recommandent les orthographes « kascher » et « cascher ».
  2. http://www.yeshiva.org.il/ask/eng/?cat=370 responsa sur yeshiva.org
  3. Esther 8:5
  4. Guittin 2:1; Para 5:4
  5. T.B. Rosh Hashana 3a
  6. Article koshèr des Joies du Yiddish, pp. 216-219, édition française 1994 (traduction par Victor Kuperminc), éditions Calmann-Lévy, ISBN 2-7021-2262-0
  7. Définition de la Britannica Online Encyclopedia
  8. « nous savons tous que, si une seule lettre de tout le rouleau de la Torah est quelque peu abîmée, alors tout le rouleau lui-même est nul, passoul [...] » - Réussir toute l'année
  9. Paroles d'initiation au festin du futur de Claude Vigée
  10. Choulhan Aroukh Yore Dea 81:1; voir aussi T.B. Bekhorot 5b & 7a-b
  11. Deutéronome 14:8 ; Choulhan Aroukh, Yore Dea 79.
  12. Choulhan Aroukh, Yore Dea 82:1-5
  13. (en) Rachi sur Lévitique 11
  14. Choulhan Aroukh, Yore Dea 85
  15. Lévitique 11:9-12, Deutéronome 14:9-10.
  16. Choulhan Aroukh, Yore Dea 83 & 84.
  17. Lévitique 22:24.
  18. Responsa 12164 et 29285 de cheela.org.
  19. Lévitique 12:21
  20. Choulhan Aroukh, Yore Dea 1-65
  21. Lévitique 3:17.
  22. a , b  et c Genèse 32:32. A noter que la numérotation des Bibles juives et chrétienne diffère : Genèse 32:32 de la bible chrétienne est Genèse 32:33 de la Bible hébraïque. La numérotation donnée ici est celle de la Bible chrétienne, cible du lien.
  23. Lévitique 17:10
  24. Genèse 9:4.
  25. Genèse 37:26
  26. a  et b Genèse 9:5 ; Lévitique 17:11.
  27. Lévitique 3:17 ; Deutéronome 12 à 16
  28. Lévitique 2:13.
  29. cf. Exode 22:30
  30. Taref - pas casher
  31. T.B. 'Houllin 60b
  32. L’abattage rituel et le droit suisse
  33. Bons morceaux du bœuf
  34. Débat sur l'abattage rituel
  35. responsum 25865 de cheela.org
  36. Site du MK Va'ad Hair
  37. Getting the Knack of Nikkur
  38. Ces régulations ne concernent pas les poissons
  39. Lévitique 7:26-27
  40. Choulhan Aroukh, Yore Dea 66-78
  41. Exode 23:19, 34:26 et Deutéronome 14:21
  42. T.B. 'Houllin 113b
  43. T.B. 'Houllin 115b
  44. a  et b Le Bet Yossef sur le Tour Yore Dea 87 l'interdit, mais le Shach et le Taz pensent qu'il s'agit d'une erreur de copiste, l'opinion n'apparaissant pas dans le Choulhan Aroukh, rédigé par le même auteur. Cependant, le Levoush et d'autres l'interdisent -- voir Ask Moses.com.
  45. Choulhan Aroukh, Yore Dea 89:2
  46. Yore Dea 98:1,6,9
  47. Moïse Maïmonide, Mishneh Torah, Maakhalot Assourot, 2:23-24
  48. (en) Keeping veggies free of bugs
  49. Lévitique 19:23
  50. Choulhan Aroukh, Orah Hayim 318:1
  51. Exode 12:15 & 13:3.
  52. Choulkhan Aroukh, Orah Hayim 431-452
  53. Memorandum du Grand Rabbinat de la Communauté Israélite Orthodoxe de Paris à l'approche de Pessa'h
  54. T.B. Pessahim 35a
  55. Explication du gebrochts
  56. Mishna Avoda Zara 2:6
  57. Tossefot sur T.B. Avoda Zara 37b
  58. Rachi sur T.B. Avoda Zara 38a
  59. responsum 16120 de cheela
  60. Pis'hei Teshouva sur Choulhan Aroukh Yore Dea 113:7; Minhas Yitzchok, Vol. 3, responsum 73; Kaf HaHayim sur Yore Dea 113:1; Yabia Omer. Vol. 5, responsum 10; Tzitz Eliezer, Vol. 9, responsum 41
  61. Tossefot sur T.B. Avoda Zara 38a
  62. Le Taz sur Yore Dea 113:7
  63. Yore Dea 124:8
  64. Entre autres Binyan Tsion Hahadashot 23; Ahiezer 4,37. Yahel Israel 1:20
  65. Par exemple Min'hat Eliezer 1:74
  66. Choulhan Aroukh, Yore Dea 113:5-6
  67. Alliance Cachrout et vin: « Si la femme de ménage qui est employée chez nous est non-juive, ce qui très souvent le cas, et qu'elle reste seule à la maison où elle peut avoir accès à du vin non cacheté, il faudra par précaution mettre la bouteille dans un endroit fermant à clé sans quoi celui-ci pourrait par la suite devenir non cacher. »
  68. Aliments et vin non cacher
  69. responsum 1987 de cheela
  70. Choulhan Aroukh, Yore Dea 114
  71. Choulkhan Arouh, Yore Dea 112, Ora'h Hayim 603 - voir aussi le commentaire du Rav Soloveitchik
  72. T.B. 'Houllin 3b, Yer. Orlah 2:7, Yer. Avoda Zara 5:4
  73. Choulhan Aroukh, Yore Dea 115; en ce qui concerne le lait, de nombreux décisionnaires du XXe siècle, dont le Rav Moshe Feinstein (Iggerot Moshe sur Yore Dea 1:47), jugent qu'une supervision gouvernementale stricte prévient toute adjonction de lait non-kascher, ce qui rend la supervision superflue - voir aussi l'opinion du Rav Joseph Soloveitchik
  74. Cholov Yisroel
  75. Site du Consistoire de Paris
  76. (en) Jan Harold Brunvand, Encyclopedia of urban legends, juin 2001, réimprimé en novembre 2002; éd. W. Norton & Co; ISBN 0-393-32358-7; chapitre: The Jewish Secret Tax; pp. 222-223
  77. Par exemple Genèse 19:3 et le commentaire de Rachi sur ce verset.
  78. I. Finkelstein & NA Silberman, La Bible dévoilée, pp. 188-189, éd. Gallimard, coll. folio histoire, ISBN 2-07-042939-3
  79. (en)Développement sur le site des études sino-judaïques
  80. 2 Macchabées 6:18-31 & 7:1-42
  81. T.B. Sanhédrin 74a
  82. T.B. Yoma 84a-85b; le Talmud cite à titre de modèle une femme enceinte.
  83. Graetz, Gesch., 3ème période, chap. IX
  84. Alfred J. Kolatch, Le Livre Juif du Pourquoi?, tome I, 4.34, p. 97
  85. Alfred J. Kolatch, Le Livre Juif du Pourquoi?, tome I, 4.27, p. 94
  86. Alfred J. Kolatch, Le Livre Juif du Pourquoi?, tome I, 4.28, p. 94-95
  87. a  et b Kashrut sur jewfaq.org
  88. Conversos des îles Baléares, qui tirent selon certains leur nom des plats de xulla (catalan, « porc ») qu'ils durent ingurgiter -- Who are Crypto-Jews (also known as "marranos")?
  89. « Un juif, c'est quelqu'un qui n'a pas d'arbre de Noël, qui ne devrait pas manger de jambon, mais en mange tout de même, qui a appris un peu d'hébreu à treize ans et l'a oublié ensuite » -- Primo Levi, Le Système périodique, p.43, éd. Albin Michel, 1987, collection Le Livre de Poche, ISBN 2-253-93229-9
  90. Imre Kertész décrit une réunion familiale où c'est le juif refusant de manger de la viande (de porc) qui fait figure d'exception -- Être sans destin, p.35, éd. 10/18, coll. Domaine étranger, ISBN 2-264-03381-9
  91. Josette Alia, Étoile bleue, chapeaux noirs p.127, éd. Grasset, ISBN 2-246-56971-0
  92. Actes des Apôtres 15.
  93. Selon Hyam Maccoby dans Paul et l'invention du christianisme ou François Blanchetière et Emmanuelle Main dans l'émission Les origines du christianisme, Concile à Jérusalem
  94. Genèse 9 4
  95. D'après Épiphane de Salamine, au IVe siècle, dans son Panarion (29.29), la « profession de foi [des Nazaréens] est bien celle des Juifs en tout, sauf qu’ils prétendent croire au Christ. Chez eux, en effet, on professe qu’il y a une résurrection des morts et tout vient de Dieu ; ils proclament aussi un seul Dieu et son Serviteur Jésus-Christ ».
  96. Tabor, James D., Ancient Judaism: Nazarenes and Ebionites, 1998, lu le 27 janvier 2008.
  97. Egan, Hope. Holy Cow! Does God Care About What We Eat? First Fruits of Zion. 2005. ISBN 1-892124-19-X
  98. Site de l'Église adventiste, page consacrée à la santé.
  99. Le régime Ital
  100. a  et b T.B. Sanhédrin 56b.
  101. I. M. Levinger, Shechita in the light of the year 2000. Critical review of the scientific aspects of methods of slaughter and shechita, 1995, pp. 31-111, Maskil L'David, Jérusalem, 1995
  102. Campagne de VIVA, de la FAWC, etc.
  103. droit des religions.net
  104. http://www.inra.fr/esr/publications/cahiers/pdf/bergeaud.pdf
  105. http://www.oaba.fr/pdf/reglementations/Consommer_halal_sans_le_savoir.pdf Viandes Halal ou casher, les consommer sans le savoir
  106. a  et b Présentation PowerPoint
  107. http://www.oaba.fr/pdf/reglementations/Reflexion_sur_abattage_rituel.pdf page 12 sur 19
  108. "The Pickle Wing" of nyfoodmuseum.org
  109. Kashrut: Jewish Dietary Laws "Judaism 101"
  110. Genèse 1:29, 2:16-17 & 9:4.
  111. Lévitique 11:44.
  112. Isaïe 65:2-4.
  113. Connaît-on tous les animaux Kachèr ?
  114. a , b , c  et d Alfred J. Kolatch, Le Livre Juif du Pourquoi?, tome I, introduction aux Lois Alimentaires, p. 97.
  115. a , b  et c La Kacheroute sur le site du Grand Rabbinat du Québec.
  116. a  et b responsum 27603 de cheela.org
  117. Mishneh Torah Korbanot, Temoura 4:13 (selon l'édition Frankel ; "Rambam L'Am")
  118. Lettre du Pseudo-Aristée, § 145-148 & 153
  119. a  et b Elie Kahn, le Livre juifs des Questions-Réponses, p. 188
  120. Le porc, summum du tabou alimentaire dans l’imaginaire juif
  121. Élie Munk, La Voix de la Tora, Commentaire du Pentateuque sur Lévitique 3:17, Fondation Samuel et Odette Levy, Paris, 1981.
  122. Moïse Maïmonide, Guide des Égarés, Éditions Verdier, 1979, p.595
  123. L. Pargamin, L'alimentation kachère face à l'hygiène moderne. Thèse de doctorat vétérinaire. Toulouse 1980. p. 19.
  124. Dr. David I. Macht, An Experimental Pharmalogical Appreciation of Leviticus XI and Deuteronomy XIV, Bulletin of the History of Medicine 27:444-450
  125. David I. Macht, Medical Leaves 1940; 3:174-184
  126. Ministry Magazine, March 1953, p37-38 "This Question of Unclean Meats," réponses à l'étude de Macht par les responsables des départements de biologie.
  127. Elie Kahn, le Livre juifs des Questions-Réponses, p. 189
  128. (en) Food:an anthology
  129. (en) The Chassidic Masters on Food and Eating
  130. (en) Issur Ma'akhalot
  131. (en) The Art of Eating
  132. (en) The Jewish dietary laws and their foundation
  133. (en) A Review of Story as Torah
  134. Gordon J. Wenham,« The Theology of Unclean Food », The Evangelical Quarterly 53, N° de janvier-mars 1981, p.6-15
  135. La Bible dévoilée, Israël Finkelstein et NA Silberman, Bayard éditions, 2002, pages 144-145.
  136. Marvin Harris, Cows, Pigs, Wars and Witches - The Riddles of culture, éd. Vintage 1989 ISBN 978-0-679-72468-1
  • Portail de la culture juive et du judaïsme Portail de la culture juive et du judaïsme
Ce document provient de « Cacherouth ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Kosher de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Kosher — Ko sher, n. Kosher food; also, a kosher shop. [Webster 1913 Suppl.] 2. the practise of adherence to the Jewish ritual law; used mostly in the phrase {keep kosher}, v. i.. [PJC] {keep kosher} To adhere to the rules for eating only kosher food and… …   The Collaborative International Dictionary of English

  • kosher — [kō′shər; ] for v., usually [ käsh′ər] adj. [Yiddish < Heb kāshēr, fit, proper < root kšr, to be appropriate] 1. Judaism a) clean or fit to eat according to the dietary laws: Lev. 11 b) serving or dealing with food prepared according to… …   English World dictionary

  • Kosher — Ko sher, a. [heb. kosh[ e]r fit, proper.] 1. Ceremonially clean, according to Jewish law; applied to food, esp. to meat of animals slaughtered according to the requirements of Jewish law. Opposed to {tref}. For food to be officially kosher, it… …   The Collaborative International Dictionary of English

  • Kosher — Relativo a la preparación y la presentación de alimentos según las leyes judías. Los alimentos Kosher per se son las frutas, vegetales y cereales corrientes, así como el té y el café. Los alimentos no Kosher son el cerdo, las aves de rapiña y los …   Diccionario médico

  • kosher — (adj.) ritually fit or pure (especially of food), 1851, from Yiddish kosher, from Heb. kasher fit, proper, lawful, from base of kasher was suitable, proper. Generalized sense of correct, legitimate is from 1896 …   Etymology dictionary

  • kosher — |cóchar| adj. 2 g. 2 núm. Que está de acordo com a lei judaica (ex.: carne kosher).   ‣ Etimologia: palavra iídiche …   Dicionário da Língua Portuguesa

  • kosher — [adj1] ritually proper apropos, clean, decent, ritually pure, undefiled; concepts 401,404 kosher [adj2] legitimate acceptable, according to law, authentic, genuine, legal, permissible, permitted, proper; concepts 319,558,582 …   New thesaurus

  • Kosher — Ko sher, v. t. [imp. & p. p. {Koshered}; p. pr. & vb. n. {Koshering}.] To prepare in conformity with the requirements of the Jewish law, as meat. [Webster 1913 Suppl.] …   The Collaborative International Dictionary of English

  • kosher — meaning ‘fulfilling the requirements of Jewish law’, is pronounced koh shǝ …   Modern English usage

  • kosher — ► ADJECTIVE 1) satisfying the requirements of Jewish law with regards to the preparation of food. 2) informal genuine and legitimate. ► VERB ▪ prepare (food) according to Jewish law. ORIGIN Hebrew, proper …   English terms dictionary

  • kosher — /koh sheuhr/, adj. 1. Judaism. a. fit or allowed to be eaten or used, according to the dietary or ceremonial laws: kosher meat; kosher dishes; a kosher tallith. b. adhering to the laws governing such fitness: a kosher restaurant. 2. Informal. a.… …   Universalium

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”