Homophobie

Homophobie
Manifestation homophobe sous forme de graffiti dans le métro parisien, 2005.

L’homophobie est l'hostilité, explicite ou implicite, mais violente et agressive envers des individus dont les préférences amoureuses ou sexuelles concernent des individus de même sexe. Cette hostilité relèverait de la peur, de la haine, de l'aversion ou encore de la désapprobation intellectuelle intolérante envers l'homosexualité. L’homophobie englobe donc les préjugés sur l'homosexualité, lorsqu'ils se traduisent par des attitudes violentes, et les discriminations (emploi, logement, services) envers les homosexuels. « De même que la xénophobie, le racisme ou l'antisémitisme, l'homophobie paraît être une désignation de l'autre comme le mauvais contraire, inférieur ou anormal[1]. » L'homophobie peut aller jusqu'au meurtre ou, plus souvent, à la condamnation à mort institutionnalisée.

L'homophobie peut être de différentes natures : homophobie religieuse, homophobie clinique (en médecine, en particulier en psychiatrie, et en psychologie)[2], homophobie anthropologique (au nom de la différenciation des sexes), homophobie idéologique (le nazisme, le stalinisme), et homophobie libérale, qui consiste à simplement tolérer les homosexuels tout en n'étant pas défavorable à leur discrimination[3].

Le néologisme « homophobie » a été contesté en raison de sa structure.

Sommaire

Étymologie

Naissance du terme

Le terme est issu de l’anglais homophobia, néologisme, apparu pour la première fois en 1971, dans Homophobia: a tentative personality profile du psychologue Kenneth Smith. Il a été transposé en français canadien par Yvon Thivierge dans sa traduction pour l'association Gays of Ottawa/Gais de l'Outaouais du fascicule de Ron Dayman et Marie Robertson « Understanding Homophobia » (Pink Triangle Press, Toronto, 1975) et, plus tard et indépendamment, en français hexagonal par Claude Courouve dans son ouvrage Les Homosexuels et les autres (Athanor, Paris, 1977), suivi par Dominique Fernandez dans son roman L'étoile rose (Grasset, Paris, 1978).

Pour se définir, certains dans les années 1950, préféraient éviter le trop sexuel et médical homosexuel, et utilisaient homophile[4]. Un homo (terme qui remonte, en français, à 1912) désigne alors, familièrement, un homme homosexuel. De ce fait, le préfixe homo- prend une teinte masculine pour la formation de mots nouveaux : homoérotisme date de 1967[5]. Homophobie ne signifie donc pas « peur du même, de son semblable », sur la base du préfixe homo- (« même ») mais bien « aversion, hostilité envers les homosexuels, l’homosexualité ».

Polémiques sémantiques

Au même titre que le comportement raciste, antisémite ou xénophobe, l'homophobie n'est pas un terme de psychiatrie. Sa définition est principalement reconnue dans les juridictions des pays d'Europe et d'Amérique du Nord (États-Unis, Canada).

Des opposants aux mouvements de reconnaissance des droits des homosexuels affirment que les mots homophobie et homophobe sont utilisés pour « gommer » de manière abusive la différence qui existe entre ceux qui haïssent les homosexuels et ceux qui simplement les désapprouvent, pour des raisons souvent liées à un dogme religieux, mais pas toujours. Sans vouloir interdire l'homosexualité, voire en la partageant, certains désapprouvent le « mariage homosexuel » considérant qu'il doit être, selon le sens du mot "mariage", réservé aux hétérosexuels. Certaines personnes désapprouvent le mariage religieux tout en soutenant le mariage civil.

D'autres, défenseurs des droits homosexuels, répondent que l'homophobie ne se limite pas à croire que l'homosexualité est une erreur, mais est aussi un ensemble de prises de position et d'actions spécifiques telles que le déni du droit à l'égalité entre homosexuels et hétérosexuels, ou encore l'opposition à toute forme de protection spécifique.

Des chercheurs [réf. nécessaire], enfin, pensent qu'un terme plus adapté pour décrire une prise de position négative envers les homosexuels serait homodiscrimination, puisque les connotations propres à ce type de discriminations rejoignent celles concernant l'ethnie (discrimination raciale, racisme, etc.) ou encore le sexe (sexisme, machisme, misogynie, etc.).

Hétérosexisme

Louis-Georges Tin[6] estime que l'homophobie est un fruit de l'hétérosexisme, c'est-à-dire de la suprématie du modèle social hétérosexuel, présenté comme le seul existant, en dehors du célibat ecclésisatique ou monacal, dans les sociétés actuelles ; qui rappellerait la suprématie du modèle blanc, lequel laisse de côté, dans tous les aspects quotidiens, l'existence d'une grande partie de la population mondiale. Analogiquement, la relative rareté dans la publicité, les médias, les exemples des leçons de langues, les films, etc., d'un modèle noir est comparable à la rareté d'un modèle homosexuel : de fait, c'est d'une homophobie par défaut, ou négative, qu'il s'agit ; l'homosexuel n'a pas de représentation de lui-même lui permettant de se situer par rapport à une norme autre que l'hétérosexualité.

La publicité pourrait à l'avenir ne plus être suspecte d'hétérosexisme : les couples homosexuels font le plus souvent partie de la cible ─ très recherchée ─ des ménages dits double income, no kids « doubles revenus, sans enfants ». Elle a donc intérêt à les choyer au même titre que toute autre catégorie ayant un bon potentiel économique. Pourtant, dans les faits, la publicité française ne met encore en scène que des stéréotypes d'homosexuels et, surtout, « oublie » comme c'est très souvent le cas, les lesbiennes. L'homosexuel dans la publicité existe surtout pour montrer des situations de décalage humoristique. Il est rare, en effet, qu'on y voie un couple homosexuel banal plongé dans les activités de la vie quotidienne. Dans les pays anglo-saxons, cependant, il semble que l'on assiste à une évolution des mentalités permettant de dire que l'utilisation du cliché homosexuel dans la publicité marquerait un recul. Certains sites[7] recensent les publicités mettant en scène l'homosexualité et les classent selon leur degré d'homophobie, de neutralité voire d'homophilie.

Il en va de même, bien que dans une moindre mesure, en politique où les 5%[8](il s'agit là d'une estimation assez conservatrice) de voix associées ne peuvent être négligés lorsque tant de circonscriptions se jouent dans un mouchoir de poche. En d'autres termes, on pourrait croire que la démocratie fonctionne, pour les intéressés, dans le pourcentage exact de leur présence dans la population. Cependant le poids d'une éventuelle force politique homosexuelle est difficile à mesurer. On peut constater que les hommes politiques homosexuels, déclarés ou non, ne militent pas de manière systématique pour certaines revendications des associations homosexuelles.

Le milieu politique reste en effet prudent dans son approche des questions de sociétés et ne s'y risque que ponctuellement et par des changements progressifs de législation.

Conséquences de l'homophobie

Les conséquences de l'homophobie incluent l'homophobie intériorisée, la violence et la discrimination.

Homophobie intériorisée

Comme dit Daniel Borillo dans son Que sais-je ? sur l'homophobie, le fait que les gays et lesbiennes grandissent dans un monde généralement hostile aux homosexuels, et où il n'y a pas de modèles valorisés d'homosexualité, font qu'ils intériorisent la violence homophobe qui les entourent (injures, propos méprisants, condamnations morales, attitudes compassionnelles). Cette intériorisation de l'homophobie peut entraîner un sentiment de culpabilité, de honte, voire des dépressions ou des suicides (l'homophobie est l'une des principales causes de suicide chez les adolescents)[9].

Agressions

Le meurtre – qu'il soit légalisé dans le cas de la peine de mort ou non – n'est pas la violence la plus répandue. Il faut compter au titre des violences dues à l'homophobie surtout les passages à tabac, voies de fait[10], insultes, etc. D'autre part, l'injure homophobe est, en France, très commune, bien que souvent démotivée : des expressions comme pédé, tapette ou encore enculé sont fréquentes. Elles ne servent cependant pas nécessairement à injurier une personne soupçonnée d'homosexualité, et sont parfois même employées par des personnes elles-mêmes homosexuelles. Ces expressions véhiculent cependant inconsciemment l'homophobie, tout comme l'expression faire quelque chose en juif véhicule inconsciemment l'antisémitisme. Le terme enculé rappelle entre autres les condamnations à mort des homosexuels passifs à la fin de l'Empire romain (voir homosexualité dans l'Antiquité).

La peur de l'agression, verbale ou physique, est un trait partagé par nombre d'homosexuels, qui, le plus souvent, désertent les zones rurales afin de gagner la ville, où les populations sont plus ouvertes et moins agressives. Dans certaines villes de France, comme Paris (dans le quartier du Marais) ou Montpellier ou, au Canada, Montréal [réf. nécessaire], à l'instar d'autres métropoles, il existe des communautés homosexuelles, s'inscrivant dans une aire géographique délimitée plutôt que véritablement dotées de valeurs communes. Les violences physiques à l'encontre des homosexuels n'en existent pas moins dans ces métropoles et sont parfois le fait de bandes urbaines. La presse écrite à destination d'un public majoritairement homosexuel, comme le mensuel français Têtu ou le Montréalais Fugues, rend compte d'exactions, brimades et discriminations lorsque celles-ci surviennent.

En 2006, en France, le jeune homosexuel Bruno Wiel est passé à tabac et laissé pour mort après avoir été torturé et violé par quatre jeunes gens. Le procès, qui a lieu en 2011, est relayé dans la presse et les journaux nationaux[11]

Violence institutionnalisée

Régime nazi

Dans des cas extrêmes, l'homophobie a conduit à des meurtres, que la victime soit soupçonnée d'homosexualité à tort ou à raison. Les agressions homophobes ont même été institutionnalisées sous le régime nazi[12],[13]. Il est difficile de savoir combien de victimes homosexuelles furent déportées et assassinées entre 1933 et 1945 par ce régime mais les travaux sur bases des condamnations « légales » suggèrent 10 000 victimes[14], ainsi que 10 000 déportés homosexuels[15]. Inclus dans le système de marquage nazi des prisonniers, les homosexuels étaient tenus de porter un triangle rose. Enfin, le taux de mortalité des homosexuels prisonniers dans les camps est estimé à soixante pour cent. La déportation méconnue des homosexuels s'estimerait en réalité à 75 000 victimes[16]. Mais avec la destruction des dossiers, ce chiffre n'est qu'une estimation et peut être plus important.

URSS

La relative tolérance qu'avait l'U.R.S.S. à ses débuts a disparu avec la consolidation du pouvoir de Staline. La loi du 7 mars 1934 punissant de cinq ans de travaux forcés les rapports homosexuels consentis avait permis d'arrêter de nombreux homosexuels[17]. L'écrivain soviétique officiel Maxime Gorki assimilait l'homosexualité au fascisme en 1934 dans son ouvrage Humanisme prolétarien.

Cuba

À Cuba, l'homosexualité fut déclarée illégale dans les années 1960 et qualifiée de « manifestation de la décadence capitaliste » par certains dirigeants cubains[réf. nécessaire]. Des centaines d'homosexuels hommes et femmes, et de travestis furent envoyés dans des unités militaires d'aide à la production (UMAP) entre 1965 et 1967[18] où ils devaient être « rééduqués[19] ». Pour les auteurs du livre noir du communisme, il s'agissait de camps de concentration : les prisonniers vivaient des conditions très difficiles, ils étaient astreints au travail forcé, étaient mal nourris et subissaient des mauvais traitements. Les homosexuels ont été ensuite interdits dans l'éducation et dans la représentation artistique de Cuba à l'étranger. Des purges homophobes ont été organisées, notamment à l'université de La Havane[19].

Mariela Castro, nièce de Fidel Castro et militante LGBT, donne une toute autre version de cette époque : « Ce n’était pas des camps, c’étaient des unités militaires d’appui à la production qui s’étaient créés, comme une sorte de service militaire pour faciliter l’obtention d’une qualification aux fils d’ouvriers et de paysans qui à la sortie leur permettrait l’accès à un travail mieux rémunéré. Cela était l’idée qui avait été proposée au nouveau ministère des Forces armées révolutionnaires. C’était une période avec beaucoup de confusions, une nation révolutionnaire était en train de se créer en même temps que des attaques de terrorisme d’État dont le peuple cubain était l’objet : c’était très difficile. Ce fut une des initiatives et dans certaines de ces unités se trouvaient des gens qui humiliaient les homosexuels, qui considéraient qu’il fallait les faire travailler pour qu’ils deviennent des « hommes ». Il fallait les « transformer », ça c’était l’idée de l’époque, et elle était ancrée dans le monde entier. Même les psychiatres pratiquaient des thérapies pour les faire devenir hétérosexuels. »[20]

En 1980, le gouvernement a expulsé de nombreux homosexuels lors de l'exode de Mariel. Les « actes homosexuels » ont été officiellement dépénalisés en 1979, et les dernières références homophobes ont été supprimées de la loi cubaine en 1997[21].

En 1992, Vilma Espin, femme de Raùl Castro, dénonce la répression et les discriminations qui ont longtemps visé les homosexuels. Ce combat fut repris par sa fille Mariela Castro, un de ses quatre enfants, actuellement présidente du Centre national cubain d'éducation sexuelle.

La même année, Fidel Castro précise : « Pour ma part, je ne souffre pas de cette sorte de phobie contre les homosexuels. Je n'ai jamais été en faveur ni n'ai fait la promotion ni soutenu de politique contre les homosexuels. C'est un ressentiment qui correspond, je dirais, à une époque issue du machisme. [...] Nous avons vraiment évolué et on peut le constater surtout chez les jeunes, mais on ne peut pas dire que la discrimination sexuelle ait totalement disparu et nous ne devons pas faire semblant qu'elle n'existe plus. »[22] Dans cet entretien, il reconnaît l'importance qu'a prise l'homophobie à Cuba, tout en l'expliquant et en la condamnant.

Signe de cette évolution significative : Cuba fit partie des 66 pays de l'ONU à signer une déclaration en faveur de la dépénalisation universelle de l'homosexualité, en décembre 2008[23].

Des militants LGBT du pays dénonce néanmoins plusieurs milliers d'arrestations par an et des condamnations judiciaires en raison de l'homosexualité [24].

Actuellement

De nos jours, les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans sept pays : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, Nord du Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. Ainsi, le 19 juillet 2005, deux adolescents iraniens, âgés de 16 et 18 ans ont été pendus à Mashhad, en Iran pour avoir eu des relations homosexuelles. Le recours déposé par l'avocat des condamnés devant la Cour suprême de la République islamique d'Iran fut rejeté. Au Nigéria en 2007, 18 homosexuels sont jugés et risquent la peine de mort dans l'État de Bauchi[25].

Législation sur l'homosexualité      Pas d'informations Homosexualité légale      Mariage reconnu      Autre type d'engagement reconnu      Mariage à l'étranger reconnu      Pas de reconnaissance des couples homosexuels Homosexualité illégale      Peine minimale      Peine importante      Prison à vie      Peine de mort

L'homosexualité est toujours punie d'emprisonnement (de quelques mois à la perpétuité), de sévices corporels, de déportation ou de travaux forcés dans une soixantaine de pays dont : Sénégal, Algérie, Bangladesh, Botswana, Burundi, Cameroun, République démocratique du Congo, Émirats arabes unis, Éthiopie, Îles Fidji, Guyana, Jamaïque, Kenya, Libye, Malaisie, Maroc, Mozambique, Nigeria, Oman, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tanzanie, Togo, Zambie. Cette liste n'est pas exhaustive.

Certains pays répriment indirectement l'homosexualité (interdiction de soutien pour des associations, licenciement, etc.) ou la discriminent, ce qui peut être vécu comme une agression : Grèce, etc.

Aux États-Unis, en 2003, la Cour suprême a déclaré anticonstitutionnelles les lois de certains États fédérés contre la sodomie[26]. Elles violent le XIVe amendement de la constitution qui protège la vie privée et la liberté des citoyens américains. 13 États fédérés sur 50, situés surtout dans le Sud du pays, pratiquaient jusqu’alors des lois contre la sodomie entre adultes consentants, quatre condamnant aussi les fellations : le Texas, l’Oklahoma, le Missouri, et le Kansas. Dans ce dernier État, en 2000, un jeune déficient mental de 18 ans a été condamné pour sodomie (en fait fellation) à 17 ans de prison pour circonstance aggravante d'homosexualité. Cette décision fut par la suite annulée par une décision unanime de la Cour suprême du Kansas[27].

En revanche, dans de nombreux pays, notamment des pays fortement sécularisés, la discrimination à l'égard des personnes homosexuelles est aujourd'hui sanctionnée. Ces sanctions sont notamment des amendes.

Discrimination

Le plus souvent, l'homophobie se manifeste par la discrimination. Jusqu'à récemment, la discrimination contre les homosexuels était légale en Occident : l'État y participait. C'est grâce au vote, à partir des XIXe et XXe siècles principalement, de lois antidiscrimination et au passage d'une morale sociale intolérante à une certaine acceptation, que la situation s'est, toujours en Occident, améliorée pour les homosexuels. Par exemple, en France, l'homosexualité a été dépénalisée par le Code pénal de 1791. Napoléon Ier n'est pas revenu sur ce progrès. Le fait que Jean-Jacques Régis de Cambacérès, rédacteur d'un premier projet de Code civil avant le Consulat, était homosexuel, est parfois dit avoir joué un rôle. C'est sous le gouvernement de Vichy qu'une discrimination pénale réapparait (en des termes d'Ancien régime) et en 1982 que François Mitterrand la fit abroger (voir l'article Homosexualité).

Des activistes opposés aux droits des homosexuels, cependant, considèrent que les lois de « tolérance » sont, en fait, discriminatoires pour les hétérosexuels. Au contraire, les activistes homosexuels affirment que l'homophobie légalisée reste une norme, plus ou moins dissimulée, dans la majorité des pays, qui se manifeste par des licenciements abusifs, des refus de locations ou diverses autres brimades.

Ainsi, dans les années 1950 et 1960 au Canada, une campagne de licenciement des homosexuels dans l'administration et l'armée a été menée ; pour ce faire, chaque personne était testée au moyen d'un appareil, nommé en argot anglais fruit machine ; celui-ci mesurait les réactions de la pupille, la transpiration et le rythme cardiaque des testés devant la projection d'images pornographiques homosexuelles.

Le fait que les couples homosexuels ne puissent bénéficier de l'accès au mariage et de ses avantages (couverture sociale, transmission de patrimoine, adoption...) n'a pas été considéré comme une discrimination lors du jugement en annulation du "Mariage de Bègles". Le droit français reste cependant flou sur la question, et ne définit par exemple pas le mariage comme étant nécessairement l'union d'un homme et d'une femme.

Article détaillé : Mariage homosexuel.

Un article récent de deux chercheurs universitaires[28] a pour la première fois proposé une évaluation économétrique, sur le marché du travail français, de la discrimination salariale fondée sur l’orientation sexuelle. Il s’agit de la première et seule étude tentant d’évaluer l’ampleur de cette discrimination en France. Les résultats obtenus montrent l’existence d’un désavantage salarial des homosexuels hommes par rapport à leurs homologues hétérosexuels, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public; l’ampleur de cette discrimination varie de -6.5% environ dans le secteur privé à -5.5% dans le secteur public. Dans le secteur privé, le désavantage salarial subi par les homosexuels masculins est plus élevé pour les travailleurs qualifiés que pour les non-qualifiés et – dans les deux secteurs – pour les vieux que pour les jeunes. La discrimination est également plus faible à Paris que dans le reste de la France. Comme dans d’autres pays, il n'est toutefois pas possible de conclure à l’existence d’une discrimination salariale à l’encontre des lesbiennes.

Prises de position

Position des religions

Les positions officielles de l'Église catholique

Le Catéchisme de l'Église catholique qualifie l'homosexualité de désordonnée et écrit que les actes d'homosexualité « ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas ». La catéchisme ajoute que « (les homosexuels) doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste »[29].

Dans une lettre adressée en 1986 aux évêques de l’Église catholique romaine, le cardinal Ratzinger, aujourd'hui devenu pape sous le nom de Benoît XVI, décrivait l’homosexualité comme un « mal moral », « un désordre objectif qui est contraire à la sagesse créatrice de Dieu ». Mgr Ratzinger recommandait qu’un « souci spécial devrait être porté sur les personnes de cette condition, de peur qu’ils soient menés à croire que l’activité homosexuelle est une option moralement acceptable ». Il concluait sa lettre en souhaitant que soit retiré « tout appui envers un organisme qui cherche à contredire ces enseignements »[30].

En juillet 1992, le Vatican envoie une lettre aux évêques américains signée par le cardinal Ratzinger, dans laquelle les discriminations envers les homosexuels sont justifiées dans certains domaines : le droit à l’adoption, les homosexuels dans l’armée, l’homosexualité des enseignants. Ratzinger soutient que tenir compte de l’orientation sexuelle n’est pas « injuste ». Poursuivant le raisonnement, il affirme qu’en demandant des droits, les gays et les lesbiennes encourageraient les violences homophobes. « Ni l’Église ni la société ne devraient être étonnées quand les réactions irrationnelles et violentes augmentent »[31].

En 2003, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dirigée par Joseph Ratzinger, publie des Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles dans lesquelles elle affirme « Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité ». Il rappelle que « le parlementaire catholique a le devoir moral de voter contre les projets de loi ». Dans le cas où la loi existerait déjà, il doit « s’opposer par les moyens qui lui sont possibles et faire connaître son désaccord »[32].

Position des Témoins de Jéhovah

Selon les Témoins de Jéhovah, l'homosexualité, tant masculine que féminine, est une pratique considérée comme moralement "mauvaise" et "contre-nature". Pratiquer des actes sexuels entre personnes de même sexe revient selon eux à se rabaisser au niveau de la bête[33] et un fidèle qui s'y adonnerait risque l'excommunication s'il ne se repent pas[34]. Les Témoins de Jéhovah se basent sur des passages de la Bible tels que celui-ci :

« Lorsqu’un homme couche avec un mâle comme on couche avec une femme, tous deux ont fait une chose détestable. Ils doivent absolument être mis à mort. Leur sang est sur eux. »

— Lévitique 20:13

Ce passage biblique étant issue de la loi mosaïque, les Témoins de Jéhovah le considérent comme un principe qui indique le point de vue de Dieu en rapport avec l'homosexualité. Ils n'estiment pas devoir appliquer à la lettre la loi transmise au peuple d'Israel. Cependant, ils considèrent les propos de l'apôtre Paul[35]:

« 9 Comment ! Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu ? Ne vous égarez pas. Ni fornicateurs, [...] ni adultères, ni hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni hommes qui couchent avec des hommes, [...] n’hériteront du royaume de Dieu. 11 Et pourtant c’est là ce qu’étaient certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été déclarés justes au nom de notre Seigneur Jésus Christ et avec l’esprit de notre Dieu. »

— 1 Corinthiens 6:9-11

«  7 Pareillement Sodome et Gomorrhe et les villes d’alentour, après qu’elles eurent commis, de la même manière que ceux-là, la fornication avec excès et furent allées après la chair pour un usage contre nature, sont placées devant [nous] comme un exemple [qui est un avertissement] en subissant la punition judiciaire d’un feu éternel. »

— Jude 7

La Westboro Baptist Church

Aux États-Unis, le révérend homophobe Fred Phelps[36] a créé un groupe activiste religieux qui compte une centaine de membres, la Westboro Baptist Church, fondée sur une théologie anti-homosexuelle et essentiellement composée de familiers de son créateur[37]. Le groupe se singularise par des prises de position extrémistes concernant l'homosexualité et a créé le site internet God hates fags (« Dieu déteste les pédés ») reprenant le slogan de leurs manifestations. À la suite de l'assassinat du jeune homosexuel Matthew Shepard et du procès de ses auteurs, il propose l'érection d'une stèle qui porterait une photo du jeune gay assassiné avec l’inscription « Matthew Shepard est entré en enfer le 12 octobre 1998 pour avoir défié la loi de Dieu .»[38].

Par ailleurs, consécutivement à l'assassinat du jeune homme une proposition de loi fédérale, le Matthew Shepard Act, envisage l'extension aux crimes motivés par l'orientation sexuelle des victimes dans la loi sur les crimes haineux, extension refusée par les conservateurs, Georges Bush menaçant d'y opposer son veto[39].

Les positions politiques à l'égard de l'homophobie

En France

En France, où les couples homosexuels ne peuvent être reconnus que par le Pacte civil de solidarité, les propos homophobes publics sont fréquents[40]. En 1998, les débats sur le PACS à L'Assemblée nationale seront prétextes à certaines répliques : « Il n'y a qu'à les stériliser »[41], « Ça tourne à la zoophilie ! »[42]. D'une manière similaire, Emmanuel Hamel a, en séance de lecture au Sénat lors des discussions sur le PACS, déclaré, entre autres, que l'acronyme PACS signifiait « Pacte de contamination sidaïque »[43].

Le 31 janvier 1999, 100 000 personnes défilent à Paris contre le PACS ; à l'instigation de la députée UDF Christine Boutin, par le collectif "Génération Anti-PacS" composée d'organisations familiales et religieuses[44]. C'est une des rares manifestations où l'on a pu voir pêle-mêle des hommes politiques de droite voire d'extrême-droite et des croyants de différentes confessions (catholique, juive, musulmane…) faire marche commune.

La célébration par Noël Mamère du premier mariage homosexuel français, le 5 juin 2004 à Bègles, a été suivie d'une vague d'expression d'homophobie notable ; Serge Simon a compilé dans son livre Homophobie 2004 France[45] une sélection des plus de 4 000 lettres, photographies, dessins et affiches d'insultes, de menaces, et de haine reçus par Noël Mamère.

Le député UMP du Nord Christian Vanneste avait dit dans La Voix du Nord du 26 janvier 2005 que l'homosexualité était « une menace pour l'humanité », reprenant ainsi un élément de son intervention de décembre 2004 à l'Assemblée Nationale où il disait que « l'homosexualité était un comportement », et que « ce comportement était inférieur à l'hétérosexualité ». Parmi ses citations : « Je n'ai parlé que d'infériorité morale et sociale du comportement homosexuel par rapport au comportement hétérosexuel qui conduit au mariage et à la procréation », ou encore « L'homosexualité n'est pas innée, mais acquise [...]. Si l'homosexualité est acquise, elle peut aussi être rééduquée. »[46] Il fut condamné suite à ces propos, en première instance puis en appel, mais blanchi par la Cour de cassation.

Dans le reste du monde

Le 5 octobre 2004, l'Italien Rocco Buttiglione, commissaire européen désigné à la justice et aux affaires intérieures, déclarait que l'homosexualité était un « péché »[47]. Ancien ministre des affaires européennes de Silvio Berlusconi, il est catholique et proche des positions de l'ancien pape Jean-Paul II.

Le 11 juin 2005, une manifestation d'homosexuels et de sympathisants à Varsovie en Pologne tourne mal : des jeunes d'extrême-droite lancent des injures homophobes et provoquent des heurts. Les violences font quelques blessés[48].

En l'Afghanistan, l'Iran, l'Arabie saoudite ou le Pakistan, l'homophobie est une forme d'exclusion qui peut aller de la peine de mort. En mai 2007, en Russie, alors que le pays s'apprête à organiser la première Gay Pride de son histoire, les milieux nationalistes d'extrême droite et les mouvements religieux orthodoxes appellent à perturber le défilé. L'Union de tous les Russes a notamment critiqué violemment les sodomites et les dégénérés qui, malgré l'interdiction officielle des autorités de Moscou, vont conduire le 27 mai (...) un cortège dans le centre de Moscou[49]. Quant au grand mufti de Russie, il a lancé un appel pour « battre » les homosexuels qui oseraient participer à la Gay Pride[50].

Le 15 mai 2008, le président de la Gambie Yahya Jammeh exige que tous les homosexuels quittent le pays[51]. Il a également ajouté dans son discours que ceux qui protégeaient les homosexuels s'exposeraient à des « conséquences terribles ».

Origines de l'homophobie

Les origines de l'homophobie dans la société sont un sujet de débats. On remarque que les croyances et attitudes homophobes sont indépendantes de l'orientation sexuelle mais sont en relations avec l'homophobie d'État. Ainsi, un pays qui n'accorde pas les mêmes droits entre les homosexuels et les hétérosexuels a généralement un nombre d'agressions homophobes plus élevé que les autres. Une plainte pour agression homophobe est déposée en France tous les trois jours.

Pour certains, l'homophobie tire ses origines dans le mode de fonctionnement même de la société (diviser pour mieux régner et le chacun pour soi). Voir aussi le petit guide des combattants de l'homophobie [52].

Pour d'autres, c'est l'existence de relations homme/homme qui serait la plus à même de choquer les âmes sensibles et de faire naître l'homophobie, au contraire des relations femme/femme, qui peuvent même participer de l'érotisme hétérosexuel (on trouve en effet souvent des scènes de lesbianisme dans les films pornographiques pour hétérosexuels masculins). En sorte, c'est le fait qu'un homme puisse être pénétré (lors de la sodomie, par exemple) qui contredit le schéma stéréotypé dévolu aux sexes : la femme est passive, l'homme actif. Or, entre deux hommes, la notion de rôle actif et de rôle passif est réduite à néant (contrairement à une idée reçue, d'ailleurs, car les homosexuels masculins ne se répartissent pas forcément entre actifs-pénétrants d'une part et passifs-pénétrés d'une autre) : l'homme pénétré effraie l'homophobe, comme si la pénétration d'un homme pouvait être le symbole d'une perte d'intégrité. Certains hommes hétérosexuels apprécient la pénétration anale pratiquée par leur partenaire féminin (au moyen de godemichets, par exemple). Cela permet-il d'affirmer que l'acceptation de la pénétration est une négation de la masculinité ? Historiquement, cependant, les Romains toléraient de fait diverses pratiques sexuelles : ainsi il était courant chez les patriciens qu'un citoyen ait des relations sexuelles, par sodomie ou fellation, avec un homme ; l'homosexualité n'était cependant pas officiellement admise.

Pour Christophe Gentaz[53], l'homophobie masculine renvoie à des mécanismes de défense mis en place pour protéger le sentiment de virilité. Pour la théorie analytique, une homophobie profonde pourrait être liée à une homosexualité refoulée, c'est-à-dire des sentiments homosexuels contrariés.

La psychanalyse explique quant à elle que l'homophobie peut être le résultat de désirs homosexuels refoulés, ce qu'un test récent de l'American Psychologist Association tend à prouver[54] : sur un public d'hommes se disant hétérosexuels — et se déclarant homophobes ou non — auxquels l'on a fait visionner des images érotiques homosexuelles, 44% des non homophobes ont montré des traces d'excitation, contre 80% des homophobes. De même, 24% des non homophobes étaient en érection complète contre 54% pour les homophobes. Toutefois, les auteurs eux-mêmes de l'expérience soulignent que l'anxiété augmente l'excitation sexuelle, que cela a pu contribuer à augmenter les résultats des homophobes, et que d'autres expériences sont nécessaires pour trancher. On trouve donc le plus grand nombre d'homophobes parmi les hommes, surtout les jeunes.

Néanmoins, l'homophobie est aussi culturelle ; ce n'est ni une peur innée ni une réflexion construite qui en est à l'origine, mais souvent un trait culturel acquis au contact d'une société globalement homophobe par habitude. Beaucoup des jeunes se disant dégoûtés par l'homosexualité n'ont en effet aucun avis réel sur la question et ne sont pas capables d'expliquer leur homophobie. Celle-ci fait partie de la culture dans laquelle ils se développent, souvent influencée par la religion (consulter Homosexualité et religion à ce sujet). Dans de nombreux cas, à la question « pourquoi êtes-vous dégoûté par l'homosexualité ? », la seule réponse est assez évasive : « parce que c'est dégoûtant », soit un argument d'autorité : « parce que la Bible / le Coran / ... telle ou telle personne l'a dit ». L'homophobie culturelle peut même être facilitée par un cadre légal discriminant, soit par interdiction de l'homosexualité, soit par l'établissement d'une différence entre les âges de la majorité sexuelle selon que la relation est hétéro- ou homosexuelle, soit par l'interdiction du mariage aux homosexuels... C'est pourquoi la majorité des militants gays revendiquent l'égalité des droits.

Lutte contre l'homophobie

Lancée dans les années 1970 avec le mouvement de libération gaie, la lutte contre l'homophobie est organisée aujourd'hui par les associations dites LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuelles), par les pouvoirs publics, mais aussi des sympathisants hétérosexuels, par :

  • le soutien moral des personnes homosexuelles ou bisexuelles victimes d'homophobie, avec des lignes d'écoute telles que SOS Homophobie en France (le numéro azur est : 0 810 108 135) ou Gai écoute au Québec (Montréal: 514-866-0103, Régions: 1-888-505-1010) et l'appui aux actions en justice qu'elles peuvent intenter (injures, discrimination à l'embauche, etc.) ;
  • le soutien moral des proches (familles et amis) de personnes homosexuelles ou bisexuelles, victimes directes ou indirectes des comportements homophobes, grâce aux lignes d'écoute, groupes de paroles et brochures de la fédération nationale Contact.
  • le rejet de la marginalisation, passant par des démonstrations de « fierté » (gayprides ou « marche des fiertés lesbienne, gaie, bi et trans ») ;
  • l'activisme politique avec notamment des organisations comme Act Up, les Panthères Roses...

Il existe aussi des organisations religieuses combattant l'homophobie, comme David et Jonathan.

Dans le monde

La journée mondiale de lutte contre l'homophobie a été instituée le 17 mai 2005 par Louis-Georges Tin, président du Comité IDAHO (International Day Against Homophobia). Aujourd'hui, cette Journée est célébrée dans plus de 60 pays à travers le monde, et elle est reconnue par la France, la Belgique, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Mexique et le Costa Rica. À cette occasion est créé le RAVAD en France, Réseau d'assistance aux victimes d'agressions et de discriminations.

Le 26 mars 2007, les Principes de Jogjakarta ont été présentés devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Il s'agit du premier texte qui prévoit d'appliquer les droits internationaux de l'Homme aux questions de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre. Des représentants de cinquante-quatre pays ont apporté leur soutien à ces principes.

En 2008, à la suite de la campagne pour une dépénalisation universelle de l'homosexualité, lancée par le Comité IDAHO, le gouvernement français porte un texte sur orientation sexuelle et identité de genre à l'Assemblée générale des Nations Unies. Cette déclaration est signée par 67 pays : c'est une première historique.

Le 15 juin 2011, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a adopté une résolution contre la violence relative à l'orientation et l'identité sexuelle faisant suite à la Déclaration et programme d'action de Vienne[55].

En Europe

Le 15 juin 2006 le Parlement européen a adopté une résolution sur la montée des violences racistes et homophobes en Europe demandant des sanctions contre les pays membres qui ne lutteraient pas contre ces discriminations allant à l'encontre de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et du traité instituant la Communauté européenne qui interdisent « toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle ». Dans ce même texte, l'Union européenne reconnaît officiellement la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie.

Au Portugal

L'article 13 de la 6e révision de la Constitution portugaise du 24 juillet 2004 interdit la discrimination sexuelle[56].

Au Canada

Au Canada, le député homosexuel Svend Robinson tenta en 2002 de faire introduire une loi (C-250) interdisant toute publication négative envers les homosexuels, notamment certains passages de la Bible, du Coran et de la Torah. Les défenseurs des libertés civiles ont néanmoins empêché cette législation jugée répressive. Cette loi a été entérinée au Sénat canadien en mai 2004 avec amendements.

Selon l'article 2 de la Charte des Droits et liberté de la personne canadienne

« 2. Chacun a les libertés fondamentales suivantes : a) liberté de conscience et de religion; b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication; c) liberté de réunion pacifique; d) liberté d'association. »

Selon l'article 10 de la Charte des Droits et Liberté Québécoise

« 10. Toute personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap. »

En France

En France, la loi de modernisation sociale votée début 2002 a interdit officiellement toute discrimination à l'embauche ou dans le monde du travail (déroulement de carrière, harcèlement...) basée sur le rejet des homosexuel(le)s.

Depuis, deux amendements à des lois anti-discriminations existantes ont été adoptés le 31 décembre 2004, réprimant les propos homophobes tenus publiquement (au même titre que les propos xénophobes, racistes, sexistes, handiphobes, etc.). La loi ne précisant pas le terme « homophobe », doit être compris comme tel tout propos qu'un jugement aura déclaré être homophobe. Les adversaires de cette législation accusent les homosexuels de censure. La loi du 30 décembre 2004 crée la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité et dispose en son titre 3, en complément de la loi sur la presse de 1881, de stipulations plus spécifiques, qui font notamment des délits de l'injure, la diffamation, l'incitation à la haine ou à la discrimination à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap.

En mars 2008, Xavier Darcos, ministre de l'Éducation nationale, annonce, pour la première fois dans le monde de l'éducation, la lutte contre toutes formes de discriminations, dont l'homophobie, en milieu scolaire. Il en fait l'une des quinze priorités nationales de l'Éducation nationale pour l'année scolaire 2008-2009. Dans le domaine de l'éducation, la FIDL (Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne), premier syndicat lycéen en France, a également lancé des campagnes de lutte contre l'homophobie dans les lycées et chez les jeunes[57].

Comme dans quelques autres pays dans le monde, lorsque le mobile d'une agression physique ou d'un meurtre est l'orientation sexuelle de la victime, la loi alourdit les peines qui sont normalement données.

Le renforcement de la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe a été ainsi établi par le législateur :

  • Article 20

Après le huitième alinéa de l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Seront punis des peines prévues à l'alinéa précédent ceux qui, par ces mêmes moyens, auront provoqué à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap ou auront provoqué, à l'égard des mêmes personnes, aux discriminations prévues par les articles 225-2 et 432-7 du code pénal. »

  • Article 21

La loi du 29 juillet 1881 précitée est ainsi modifiée :

1 ° Après le deuxième alinéa de l'article 32, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Sera punie des peines prévues à l'alinéa précédent la diffamation commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap. » ;

2 ° Après le troisième alinéa de l'article 33, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Sera punie des peines prévues à l'alinéa précédent l'injure commise dans les mêmes conditions envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap. »

Il faut néanmoins remarquer que le terme « homophobe » n'est pas défini, ni même employé, dans ladite loi.

Notes et références

  1. Daniel Borillo, L'homophobie, PUF, coll. "Que sais-je ?", Paris, 2000, p. 3.
  2. http://wwwold.univ-fcomte.fr/pufc/index.php?act=ouvrage_detail&id_titre=2063284816
  3. http://www.puf.com/wiki/Que_sais-je:L%27homophobie
  4. Ainsi la revue du club parisien Arcadie portait en sous-titre "Mouvement homophile de France".
  5. Créé par le Dr Wainwright Churchill dans Comportement homosexuel chez les mâles, publié en 1967.
  6. http://heterosexualite.blogs.liberation.fr/tin/2008/09/index.html
  7. Commercial Closet Association
  8. Enquête sur la sexualité en France Pratiques, genre et santé, La découverte Hors collection Social mars 2008 ISBN 978-2-7071-5429-3 (http://gazette.kb.inserm.fr/csf/PDF/HOMOFemmes.pdf)
  9. Daniel Borrillo, L'Homophobie, PUF, collection Que-sais-je ? n°3563, Paris, 2000, p. 100-104.
  10. L'association française SOS Homophobie a été informée, au niveau national en 2006, de trois agressions physiques par semaine. Ces chiffres ne reflètent qu'une petite partie des cas qui se produisent en France, car nombre de victimes ne se signalent pas aux associations et ne portent pas plainte.Communiqué de SOS Homophobie paru le 15 mai 2007 (site de SOS Homophobie consulté le 15 décembre 2007)
  11. http://www.itele.fr/video/les-agresseurs-de-bruno-wiel-aux-assises
  12. « Si l'on admets qu'il y a 1 à 2 millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8% ou 10% des hommes sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. À long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel... Un peuple de race noble qui a très peu d'enfants possède un billet pour l'au-delà : il n'aura plus aucune importance dans cinquante ou cent ans, et dans deux cents ou cinq cents ans, il sera mort... L'homosexualité fait échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement; elle détruit l'État dans ses fondements. À cela s'ajoute le fait que l'homosexuel est un homme radicalement malade sur le plan psychique. Il est faible et se montre lâche dans tous les cas décisifs... Nous devons comprendre que si ce vice continue à se répandre en Allemagne sans que nous puissions le combattre, ce sera la fin de l'Allemagne, la fin du monde germanique.» Discours du chef nazi Himmler sur l'homosexualité prononcé le 18 février 1937
  13. « II faut abattre cette peste par la mort.» Autre discours d'Himmler 16 novembre 1940
  14. Lloyd Eden Keays, La persécution de groupes minoritaires sous le régime Nazi, Université Laval, 1996, pp 6,15-16. (http://www.keays.ca/etude/index.html)
  15. université de Poitiers
  16. Mémorial de la déportation homosexuelle
  17. BORILLO, Daniel, L'Homophobie, PUF, Que-sais-je ? n°3563, 2001, pages 76-77).
  18. Collectif, Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1998, ISBN 2-221-08861-1, p.768
  19. a et b Collectif, Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1998, ISBN 2-221-08861-1, p.769
  20. Interview de Mariela Castro par le journal Clarín (Argentine)
  21. « Cuba, les gays en liberté surveillée », article de Clément AVISTAN et David FERRÉ, paru dans Têtu n°113 de juillet-août 2006, pages 147-153.
  22. Face to Face with Fidel Castro: A Conversation with Tomas Borge, Ocean Press, 1992
  23. site de l'ILGA, et rapports des conférences de l'ONU
  24. http://www.tetu.com/actualites/international/cuba-700-homos-sont-en-prison-pour-la-simple-raison-quils-sont-gays-17106 Cuba: 700 homos sont en prison «pour la simple raison qu'ils sont gays», article de tetu.com paru le 11 mai 2010 et consulté le même jour.
  25. Cheick Beldh’or Sigue, dans Le Pays. Article « Afrique. L'homophobie a le vent en poupe », cité dans Courrier international du 23-08-2007, [lire en ligne]
  26. Article de CNN sur la décision de la Cour suprême: (http://www.cnn.com/2003/LAW/06/26/scotus.sodomy)
  27. Article de American civil liberty union sur le cas Limon: (http://www.aclu.org//lgbt/discrim/12143res20050308.html)
  28. Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi, "Moins égaux que les autres ? Orientation sexuelle et discrimination salariale en France", 2010
  29. paragraphes 2357 et 2358 du Catéchisme de l'Église Catholique http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P80.HTM
  30. Texte de la lettre (en anglais). Voir aussi Vision chrétienne de l'homosexualité.
  31. Texte de la lettre sur le site d'Eternal World Television, Global Catholic Network (en anglais).
  32. Texte sur le site du Vatican.
  33. L'usage naturel du corps, dans Étude perspicace, vol. 2, p. 378 :

    « De telles personnes s’abaissent au niveau de la bête (Rm 1:26, 27 ; 2P 2:12). Elles vont après les choses mauvaises de la chair parce que, comme les animaux, elles sont dépourvues de raison, n’ayant aucune spiritualité. — Jude 7, 10. »

  34. (en)Jehovah's Witnesses, sur Ethnicity online :

    « Homosexual activities are seen as a serious violation of the teachings of the Bible, and any Witness found to be involved in them would be 'disfellowshipped' (i.e. expelled from the church) unless they could show that they had ceased such activities and repented. However, Witnesses do acknowledge that some people are prone to homosexuality and try not to show hatred towards them. »

  35. "L’homosexualité est-elle condamnable? , dans "Réveillez-vous", 8 juillet 1989,page 26
  36. Kerry Lauerman, The Man Who Loves To Hate, in Sister Jones, mars/avril 1999 , article en ligne
  37. Joe Taschler and Steve Fry, Phelps flock: Afterlife is prearranged, in The Capital-Journal, 03/08/1994, article en ligne
  38. Brendan Burke, Phelps seeks anti-gay marker, in in Casper Star tribune, 03/10/2003, article en ligne
  39. Carl Hulse, Congress Drops Measure on Hate Crimes in New-York Times, 07/12/2007article en ligne
  40. http://www.sos-homophobie.org/rapport-annuel-2010/rapport-annuel-2010
  41. Pierre Lellouche, Compte-rendu des débats sur le site de l'Assemblée nationale.
  42. Jean-Pierre Blazy, Compte-rendu des débats sur le site de l'Assemblée nationale.
  43. Attribué à Emmanuel Hamel dans "Une loi contre l'homophobie", L'Humanité, 10 février 2000.
  44. "Manif anti PaCS : homophobes" sur le site d'Act Up.
  45. Serge Simon, Homophobie 2004 France, éditions Le Bord de l'eau, 2004.
  46. "Condamné pour homophobie", Le Monde, 18 mai 2007.
  47. Audition de Rocco Buttiglione sur le site du Parlement européen.
  48. "Varsovie : 2500 homosexuels ont manifesté", Illico, 13 juin 2005.
  49. "L'extrême-droite fait la chasse aux homos à Moscou", Le Figaro, 2 mai 2006.
  50. « Des ultra-nationalistes menacent la Gay Pride» dans Le Nouvel Obs web, 22/05/2006
  51. « Le président demande aux gays de « quitter le pays » », dans Courrier international du 20-05-2008, [lire en ligne]
  52. Résistance International * www.resist.be
  53. L'homophobie masculine : préservatif psychique de la virilité ?
  54. www.apa.org
  55. Resolution du Conseil des droits de l'homme, 17ème session
  56. Trésor de la langue française au Québec, « Constitution du 24 juillet 2004 ». Consulté le 26.7.2009
  57. Voir par exemple l'article du JDD Homohobie : un combat pour la tolérance.

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Ouvrages fondamentaux

Articles

  • Christophe Gentaz, "L'homophobie, préservatif psychique de la virilité ?", in La Peur de l'autre en soi, du sexisme à l’homophobie, Welzer-Lang D. et Dutey P.(dir.), VLB Éditions, Montréal, 1994. [lire en ligne]
  • Thierry Laurent & Ferhat Mihoubi, "Moins égaux que les autres ? Orientation sexuelle et discrimination salariale en France", Centre d'Étude des Politiques Economiques de l'Université d'Evry (EPEE), 2010.
  • Gregory Herek, “L’homophobie”, in Encyclopedia of Homosexuality, sous la direction de Dynes (M), vol I, New York, p. 552.
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Divers

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