Sexiste

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Sexisme

Le sexisme évoque une mise en avant du genre et non pas de l'organe anatomique reproducteur.

Ce vocable désigne selon les cas, différents concepts :

  1. L'idée selon laquelle les caractéristiques différentes des deux genres masculin et féminin impliquent la nécessité d'attribuer les rôles dans la société, dans la famille, dans l'entreprise en fonction de ce genre. Ainsi des professions seraient réservées aux hommes, d'autres aux femmes, et dans la famille des tâches ménagères ou parentales devraient aussi être sexuées.
  2. Des discriminations (liées à l'idée précédente) visant à interdire ou promouvoir (discriminations "positives") l'accès à certains sexes de certaines tâches.

Les sociétés traditionnelles -préindustrielles- ont du fonctionner avec la spécialisation des rôles imposée par la nature, du fait des taux de naissance élevés (liés à la mortalité infantile élevée naturelle). Il existe une croyance selon laquelle les femmes, passant généralement une grande partie des leur vie à porter et allaiter les enfants, ne pouvaient pas souvent s'investir intensément dans d'autres tâches.

Ainsi aux hommes les arts et techniques, le clergé et l'armée, et aux femmes, les enfants, la cuisine, le linge ... Cette spécialisation des rôles ayant eu pour effet de minimiser la capacité de chaque genre à effectuer les tâches de l'autre genre a profondément marqué les esprits, les traditions et les religions, au point de créer des idéologies sexistes sur une prétendue incapacité des femmes à être performantes dans les tâches intellectuelles par manque d'intelligence.

Par ailleurs, le plus faible taux de testostérone des femmes et la différence de composition par unité de poids corporel entre les sexes (moins de masse maigre et plus de masse grasse chez les femmes) ayant également un rôle de limitation sur la puissance (et non l'endurance) de leur musculature, une idéologie masculiniste sexiste dite "machiste" a pu faire croire à ses adeptes que les femmes seraient des êtres inférieurs. Parallèlement, la capacité de l'homme dans les soins aux enfants, particulièrement en bas age, a longtemps été niée.

Ces rôles traditionnels, ces idéologies, ont imprimé durablement le monde du travail. Ainsi, la moindre performance prétendue des femmes se traduit par des salaires moindres, tandis que leur grande compétence en matière parentale leur autorise une plus grande tolérance au niveau de l'absentéisme, des horaires, pour exercer leur rôle de mère.

Cela aboutit à figer les situations en ce que les moindres salaires deviennent alors la conséquence de leur moindre engagement présumé dans l'entreprise, et une cause de moindre motivation.

Sommaire

Le féminisme

Les féministes[1] se sont battus pour ce qu'ils considéraient être les droits des femmes, et ont oeuvrer pour définir et construire de nouveaux rôles dans la société. Les résistances culturelles au féminisme existaient chez les femmes, mais surtout chez les hommes, ce qui a fait en sorte que le féminisme à souvent été considéré comme étant caractéristique d'une guerre des sexes.

Ainsi le mot sexisme est-il encore souvent -à tort- considéré comme traitant de la seule discrimination à l'égard des femmes.

Les féministes et les mouvements de pères divorcés pensent que les encyclopédies ou les manuels scolaires sont eux-mêmes sexistes du fait que l'histoire ou la littérature véhiculent ces valeurs discriminatoires envers les femmes et les pères.

La différenciation n'a que peu été remise en question pendant longtemps mais, aujourd'hui, elle semble l'être, particulièrement dans les pays industrialisés. Même dans les tâches où une force physique importante est nécessaire, si la capacité musculaire supérieure des hommes joue un rôle de filtrage, les femmes suffisamment musclées peuvent aussi les exercer.

Le concept de sexisme sert ainsi à cerner cette différenciation à tendance inégalitaire qui peut aboutir à la domination d'un sexe sur l'autre et est utilisé par ses opposants pour mieux la combattre.


Autant les hommes que les femmes peuvent être sexistes : par exemple, dans les sociétés patriarcale et matriarcale, on a tendance à éduquer les enfants des deux sexes dans une vision genrée et hiérarchisée du monde.

Comme les genres se définissent l'un par rapport à l'autre, il n'y a pas de sexisme qui ne soit à la fois applicable aux deux sexes. Mais dans la mesure où le sexisme est perçu généralement comme se traduisant la plupart du temps par des inégalités au détriment des femmes, il est devenu courant de désigner par ce mot les différences et inégalités subies par les femmes. Ce mode de pensée dominant ne doit pas occulter la réalité des violences et inégalités subies par les hommes, qui sont tout aussi prégnantes.

Utilisation de ce concept

Le combat contre les idéologies, traditions ou comportements sexistes est à l'origine principalement celui des féministes. Ce combat, l'anti-sexisme, affirme que l'on peut refuser la hiérarchisation des genres et des sexes ; il soutient qu'il existe un droit aux différences individuelles, et remet en question la construction sociale et culturelle de chaque genre, en ce qu'elle peut conduire au sexisme. Par ailleurs, les théories queer partent du refus des inégalités en fonction du sexe, pour nier toute pertinence à la catégorie de sexe.

Concepts voisins

Le sexisme est souvent rapproché de concept tels que le machisme, la misogynie ou la misandrie, mais le sens de ces mots diffère : la misogynie ou la misandrie désignent le mépris ou la haine du sexe opposé ; ces sentiments amènent à rejeter l'égalité de statut entre femmes et hommes dans la société. Un « macho » (ou machiste) est un type d'homme se comportant avec les femmes de manière grossière ou flagorneuse, utilisant à leur égard le levier psychologique de la double contrainte. Il refuse dans le quotidien les tâches traditionnellement attribuées aux femmes, comme le travail domestique, car cela porterait atteinte à l'idée qu'il se fait de sa virilité.

Le sexisme, quant à lui, désigne de manière plus générale une conception de la société soutenant que les différences de conditions dans les sociétés traditionnelles sont une constante naturelle et nécessaire résultant des différences empiriques ou d'une différence d'essence entre les hommes et les femmes. De ce point de vue, ces différences empiriques ou cette différence d'essence ont des implications profondes sur les différentes structures de la société, comme la famille, l'entreprise ou l'État.

L'essentialisme

Ce sexisme peut s'appuyer sur une variante de l'essentialisme. L'essentialisme est un terme qui recouvre les doctrines qui s'attachent à l'étude de l'essence (ce qui fait qu'un être est ce qu'il est), par opposition aux contingences (ce qui est accidentel, dont l'absence ne remet pas en cause la nature de cet être). Une variante de l'essentialisme qui pourrait servir à justifier le sexisme est celle qui soutient que des individus peuvent être définis, compris et évalués en se fondant principalement sur les caractéristiques du genre sexuel auquel ils appartiennent.

Les genres dans la Grèce antique

L'exemple peut-être le plus typique de l'essentialisme peut être trouvé en Grèce, où la femme est jugée moins parfaite que l'homme ; cette hiérarchie peut être comprise d'après l'idée que les grecs se faisaient de l'être, qui est plein et achevé.

Aristote :"Il ne convient pas à une femme d'être virile ou trop intelligente."

La femme, d'après cette idée, est creuse ; elle est une sorte de moindre être, et relativement à l'homme, dans l'échelle des êtres, elle est un être raté (cf. Aristote par exemple). L'homme est au contraire un être accompli et plein. Cette opposition du plein et du vide se retrouve également, selon Luc Brisson (préface au Banquet de Platon) dans les rapports entre hommes faits et jeunes gens. Ce que l'on pourrait appeler le sexisme grec ne recouvre donc pas exactement les catégories sexuelles modernes, mais concerne la formation de quelque genre qu'il soit. Ainsi, lorsqu'un homme épouse une jeune fille, c'est un être imparfait qu'il s'agit pour le mari de former en vue d'accomplir toutes les vertus attachées à l'image de la femme ; Hésiode conseille donc :

« Épouse une vierge, afin de former son caractère à la sagesse. »
(Les Travaux et les Jours, 699)

De cette conception, il découle plusieurs types de discriminations. Par exemple, lorsqu'Aristote écrit une éthique (Éthique à Nicomaque), il l'écrit en distinguant au sein des êtres humains des vertus spécifiques à des catégories « naturelles » : hommes, enfants, femmes, esclaves, n'ont pas les mêmes vertus, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas les mêmes capacités, les mêmes devoirs, les mêmes qualités, les mêmes droits, etc. La distinction des genres fait ainsi partie d'une plus large série de discriminations, qui englobe tous les aspects de la vie humaine. Dans les Économiques, il distingue les genres d'après leurs vertus naturelles et complémentaires, ainsi l'homme et la femme seraient indispensables l'un à l'autre  :

« La nature a crée un sexe fort et un sexe faible, de sorte que l'un soit plus apte à se tenir sur ses gardes à cause de sa tendance à la crainte, et que l'autre en raison de sa virilité soit plus capable de repousser l'agresseur ; que l'un puisse apporter les biens du dehors, que l'autre veille sur ce qui est à la maison [...] »
(Livre I, § III., 4)

Le sexisme grec définit tout autant le rôle de femme (bonne épouse), que celui de l'homme (l'homme doit être courageux, trouver beau de se faire massacrer sur un champ de bataille, etc.). Cet archaïsme, n'est pas le seul élément contradictoire que l'on peut trouver dans les thèses qui voudraient voir en Athènes et en la Grèce antique, la figure de proue du progressisme moderne[2].

Le sexisme moderne

Dans la philosophie moderne, Schopenhauer reprend partiellement la conception antique, en y ajoutant de la misogynie : la femme étant pour lui un être dont la faible constitution justifie qu'elle soit tenue par nature pour inférieure à l'homme : « La femme est un animal aux cheveux longs et aux idées courtes. »

Schopenhauer : "Les femmes sont comme des miroirs, elles réfléchissent mais ne pensent pas."

Une telle conception se retrouve, avec plus ou moins de virulence, chez plusieurs artistes et philosophes occidentaux. Ainsi, pour Baudelaire, « la femme est un être naturel, c'est-à-dire abominable », jugement qui exprime une opposition entre la nature et l'idéal, la femme étant placée du côté négatif de cette distinction ontologique.

Par ces exemples de l'Antiquité et de l'époque moderne, on voit que l'essentialisme diffère dans ces fondements suivant que l'on considère la nature immanente des êtres (hiérarchie aristotélicienne des êtres humains, et donc des genres), ou leur nature transcendante, au-delà de l'expérience (définissant une sorte de métaphysique des genres sexuelles). Les conséquences ne sont pas les mêmes ; alors que pour Aristote, chaque genre possède des vertus qui lui sont propres, définissant ainsi une hiérarchie qui, si elle fait considérer la femme inférieure à l'homme, n'en fait pas moins concevoir comme vraisemblable et réel que la femme puisse être supérieure à l'homme de quelques manières. En revanche, un durcissement métaphysique des genres, comme on le remarque chez Schopenhauer et Baudelaire, semble conduire inévitablement à une dévalorisation sans nuance des femmes, jusqu’à leur refuser la qualité d'être humain à part entière.

Une autre conséquence de ce sexisme moderne est qu'il est considéré comme honteux pour un individu de posséder des qualités attribuées au sexe opposé : il est ainsi jugé infâmant pour un homme d'être efféminé. Le sexisme, cependant, a tendance à changer de camp : l'homme qui n'adopte pas les valeurs et des comportements féminins peut aussi être considéré comme malade ou en retard dans son développement personnel.

Nuances et critiques de l'essentialisme

Contre ce point de vue essentialiste appliqué aux genres sexuels, plusieurs objections ont été formulées. Ces objections portent sur les présupposés métaphysiques de l'essentialisme, présupposés qui ont été progressivement ébranlés par les divers développements de la pensée et de la civilisation modernes occidentales, par exemple dans l'humanisme, les Lumières et chez Kant.

On peut tout d'abord considérer qu'il y a dans cette conception de l'essentialisme un contre-sens, et qu'en toute rigueur l'essentialisme ne peut justifier aucune différence nécessaire entre la femme et l'homme, dans la mesure où ces caractéristiques sont issues non de l'essence mais de l'expérience. En effet, à partir du moment où l'on admet que la femme et l'homme sont également des êtres humains, l'essentialisme pour se maintenir peut soit conclure à l'identité d'essence de tous les êtres humains, en vertu de ce principe métaphysique que l'essence ne se divise pas (principe scolastique repris par Descartes, pour faire comprendre que l'humanité d'un être ne saurait comprendre du plus et du moins, ce qui doit donc s'appliquer en droit à tout être humain), soit, en fin de compte et en contradiction avec la prémisse, refuser à la femme ou à l'homme la qualité d'être humain. La métaphysique occidentale, bien que dominée depuis l'origine par les hommes, serait, selon cette thèse, fondamentalement égalitariste quant à l'essence, et ne ferait aucune distinction réelle entre homme et femme, distinction qui ne vaut pas dans le plan de la métaphysique : de ce point de vue, le concept de genre n'aurait pas de validité.

Les caractéristiques supposées différentes des femmes et des hommes viendraient alors au contraire de la seule existence, par opposition au champ métaphysique. Pourtant, si cette conception suppose une séparation nette entre la masculinité et la féminité, l'expérience quotidienne montre toutefois que ces caractéristiques sont souvent présentes ensemble à des degrés divers dans le même individu. Les cas des hommes efféminés, des femmes masculines ou des transsexuels montrent que les frontières sont souples et que le genre anatomique ne suffit pas pour cerner la personnalité. Néanmoins, l'appel à l'expérience ne peut réfuter l'essentialisme, qui est d'ordre métaphysique, et on conserve souvent de cette manière les catégories sexuelles pour déterminer l'existence sexuelle d'un être humain (qui est dit, comme dans les exemples ci-dessus, efféminé ou masculin). On conserve donc implicitement une hiérarchie des genres sexuels, ou, au minimum, la possibilité essentielle d'une telle échelle de valeurs.

Une autre objection est que, si l'on considère les genres comme des contingences de la nature ou comme des conventions humaines, on ne peut y trouver un identité fondatrice de notre personnalité : l'identité est en effet une relation nécessaire, qui n'admet pas la contingence. C'est pourquoi, depuis Locke, c'est à la conscience que l'on accorde le pouvoir de constituer l'identité de l'être humain, conscience qui permet de déduire des droits et des devoirs. Selon cette conception, on ne peut ainsi fonder en aucune manière les qualités morales et juridiques d'un individu sur son genre sexuel supposé, car il y aurait une contradiction à vouloir caractériser une personne d'après ce qui n'est pas fondamental, et qui ne peut en conséquence fonder aucune valeur. Le genre ne pourrait ainsi pas être une véritable détermination. Il serait alors, du moins dans cette perspective, injustifié de dire qu'un homme est efféminé, ou une femme masculine, car ces qualités accidentelles n'appartiennent essentiellement de ce point de vue à aucun genre, mais seulement à un individu.

Le rejet de la catégorisation des êtres humains par genre devrait également conduire au rejet de l'idée que des valeurs morales, politiques et/ou idéologiques, esthétiques, etc. puissent avoir leur origine essentielle dans une identité sexuelle. Du point de cette conception de l'être humain, les valeurs proprement humaines, si elles existent, seraient infiniment au-dessus de la question de savoir à quel genre on appartient. Ainsi Kant exclut-il du champ juridique, moral et esthétique tout ce qui a trait aux inclinations de notre sensibilité (dans lequel on peut inclure ce que nous appelons aujourd'hui les inclinations sexuelles). Le genre sexuel ne peut donc légitiment fonder aucune politique, aucune valeur morale, etc. De ce point de vue, il n'y a pas, par exemple, de politique spécifiquement masculine ou féminine, et ce que l'on nomme domination dans l'histoire des hommes sur les femmes serait plus une question de fait que de droit ; c'est-à-dire qu'il s'agit d'une question de contingence naturelle ou de conventions reposant sur la force et les intérêts que des classes d'êtres humains ont à dominer d'autres êtres humains, plutôt qu'une question essentialiste ou ontologique de supériorité d'un genre sur l'autre.

Évolution historique

Matriarcat et patriarcat

Les sociétés traditionnelles se trouvent être souvent construites sur l'un ou l'autre de ces modèles que sont le matriarcat et le patriarcat, avec une prédominance très nette pour ce dernier.

Dans certaines sociétés, le rôle de la femme est d'enfanter et de s'occuper des enfants
Autre tâche dévolue aux femmes, hier comme aujourd'hui : le travail domestique

Les parentés matrilinéaires sont en revanche plus fréquentes que le matriarcat, mais, bien que dans ces sociétés à parenté matrilinéaire, les femmes puissent avoir une place plus importante en ce qui concerne par exemple la gestion des biens et la religion, leur pouvoir politique n'en est pas plus important.

Dans une société matriarcale et les sociétés patriarcales à parenté matrilinéaire, ce sont les femmes qui sont au centre de la famille, à différents points de vue, par exemple juridiques (droit de propriété, droit sur les enfants, etc.). On considère qu'un certain nombre de cultures primitives ont été de ce type, peut-être parce que le lien causal entre l'acte sexuel et la procréation n'était pas fait. Dans la Chine ancienne, les femmes gardaient le foyer et les enfants, elles étaient donc garantes de la continuité de la famille et de la conservation des biens (sous forme de grains), ce que semble indiquer le caractère chinois pour le nom de famille, qui contient le radical de la femme. Les hommes travaillaient aux champs, souvent loin, et ne revenaient qu'après la récolte. Dans ce pays, on trouve encore quelques ethnies minoritaires dont la structure familiale est matriarcale et où les oncles tiennent lieu de père.

Nous ne connaissons que peu de sociétés qui n'aient pas été de type patriarcal ; la femme y est souvent recluse à la maison (comme en Grèce antique) et ne peut intervenir directement dans les affaires publiques, bien que le jeu des parentés lui permette d'exercer quelquefois une certaine influence. Dans la plupart des sociétés traditionnelles que nous connaissons, la femme est considérée comme une propriété et elle est de ce fait l'objet de transactions commerciales.

Les sociétés occidentales ont toutes connu et connaissent encore un régime patriarcal (avec d'importantes variations, les sociétés celtiques ne sont pas les sociétés méditerranéennes) reléguant les femmes à des activités domestiques considérées comme moins nobles que les activités des hommes, inférieures, voire méprisables. Les figures comme celles de la Vierge Marie ou de Jeanne d'Arc, qui ont pu valoriser un idéal de la féminité au Moyen Âge que seules celles-ci pouvaient atteindre, de même que le jeu des alliances royales, des intrigues de cour et la tenue de salons littéraires ont pu occasionnellement donner à quelques femmes des classes privilégiées quelque très relative et modeste influence sur le cours de l'Histoire ou le développement de la culture. Ces exemples sont pourtant seulement le contrepoint de la tendance principale de ces sociétés, qui était patriarcale, et donc sexiste, et le restent à bien des égards.

Au XIXe siècle

Après un siècle et demi de relative libéralisation pour les femmes des classes privilégiées, la Révolution se solde par un échec des revendications féminines et le retour à la tradition avec le Code Napoléon. La théorie éducative Rousseauiste (sa Sophie n'est qu'un sous-Émile, et se retrouve infiniment moins instruite que ses aînées du XVIIIe siècle) marque cette régression et le nouvel enfermement des femmes dans la sphère domestique au nom de la Nature. C'est cependant, toujours plus en face d'une Émilie que d'une Sophie qu'Émile va se trouver au XXe siècle. Deux siècles après la Révolution, les Conversations d'Émilie de Madame d'Épinay l'ont largement emporté sur l'Émile de Jean-Jacques Rousseau.

Au XXe siècle

Association américaine contre le droit de vote aux femmes

La place des femmes dans les sociétés modernes est devenue de plus en plus importante au cours du siècle dernier. Les deux guerres mondiales, en particulier, ont eu une influence prépondérante sur cette évolution. Les hommes valides étant au front, elles ont dû s'occuper de tout, travailler à l'extérieur dans des domaines qui ne leur étaient pas traditionnellement dévolus, gérer les biens familiaux, jouer un rôle économique déterminant qui leur a fait prendre conscience de leurs capacités, de leur force et de leur importance. Beaucoup d'entre elles, n'acceptant pas d'être à nouveau confinées dans la seule sphère domestique, se sont impliquées dans le vaste mouvement d'émancipation des femmes des années 1950 et 1960, dont le féminisme est une des résultantes.

Ces mouvements d'émancipation ont obtenu des résultats concrets contre le sexisme de la société de l'époque jusqu’à présent, comme le droit de vote, le droit au travail hors de la maison, le droit au divorce ou le droit de choisir le moment de la procréation par le contrôle de leur fécondité grâce à l'accès autorisé aux diverses méthodes de contraception et au droit à l'avortement.

Aujourd'hui

Outre les sociétés qui ont des structures très fortement marquées par le sexisme et le patriarcat, comme en Inde par exemple, la situation des sociétés modernes est complexe et variable selon les pays. Les pays latins présentent en général un tableau où la position des femmes dans la société est plus différenciée de celle des hommes, et les mouvements féministes y ont obtenu moins de succès que dans les sociétés anglo-saxonnes ou germaniques, malgré cela c'est dans les pays latins, que le taux de natalité baisse, en dépit des exhortations de l'Église catholique, au point d'être parmi les plus bas au monde.

Différence salariale et professions « féminines »

Infirmière : une profession très largement féminine

Toutes les statistiques relatives à la pauvreté signalent un net désavantage féminin, notamment pour celles qui restent seules avec leurs enfants. Les salaires des femmes sont souvent inférieurs, à poste identique, et l'exercice du pouvoir en entreprise est l'apanage des hommes. Enfin, en politique, les femmes sont nettement moins présentes, sauf dans les pays scandinaves. Ce déséquilibre a donné lieu au concept de parité.

Un certain nombre de secteurs professionnels ou de professions restent presque exclusivement le domaine d'un sexe ou de l'autre. Dans le monde du travail, la disparité reste immense : les possibilités d'emploi sont moindres pour les femmes et la précarité plus grande pour elles.

Les hommes sont nettement avantagés dans l'accès à certaines professions, et plus généralement dans le développement de carrière. Dans ce domaine, la maternité est pour les femmes un handicap, alors que le fait d'être père de famille constitue pour l'homme un atout dans la carrière, notamment pour les cadres supérieurs.

Le BIT préconise une rémunération égale entre les hommes et les femmes (principe À travail égal, salaire égal).

L'inégalité des sexes dans le travail domestique

Cette disparité existe tout autant dans le monde familial et domestique. Le rapport de l'ONU en vue de la Conférence de Pékin en 1995 a démontré que les femmes sont largement victimes de la « double journée ». En moyenne, elles passent un bien plus grand nombre d'heures hebdomadaires que les hommes en travail familial et domestique « invisible » et non rémunéré : en cumulant le travail à l'extérieur et le travail domestique, les femmes travaillent en moyenne 13 % de plus que les hommes. La masse mondiale du seul travail domestique féminin, travail gratuit, indispensable au fonctionnement d'une société, représentait, en 1995, 11 milliards de dollars et les 2/3 du seul travail féminin. Les femmes travaillent donc plus et gagnent moins que les hommes. Dans les sociétés post-industrielles occidentales, à la « double journée » vient s'ajouter la « triple présence », puisqu'outre à leur travail et à leur foyer les femmes doivent se charger des personnes âgées démunies [réf. nécessaire]. La tendance de la dernière décennie semble avoir empiré avec le chômage et la précarité.

Les inégalités dans l'éducation

Les écoles françaises ont longtemps discriminé les sexes.

De nombreux stéréotypes concernant l'éducation des fillettes sont restés les mêmes durant les dernières décennies et n'ont un peu évolué qu'assez récemment quant au partage des tâches domestiques : plus de la moitié des filles de plus de 11 ans y dédient au moins une heure, alors que seulement 30 % des garçons y participent, et seulement moins d'une demi-heure.

Les jeux électroniques sont davantage offerts aux garçons, ce qui tend à inculquer une certaine réticence chez les femmes qu'elles deviendront devant les techniques telles que l'informatique par exemple.

Plus marqué est le fait que les « jeux de garçons » sont valorisés et encouragés pour les filles, tandis que les « jeux de filles » restent dévalorisés : on se moque ou s'inquiète d'un garçon jouant à la poupée.

Les inégalités dans les diverses cultures à travers le monde

Dans des pays de culture différente, souvent ceux très attachés à des religions ou des traditions fortes (qui peuvent par exemple légitimer la violence contre l'épouse, ou sa répudiation sans justification), la lutte anti-sexiste semble avoir eu des résultats bien maigres. Dans certains pays d'Asie des agressions par attaque acide sont même observées. Ailleurs en Extrême-Orient, les moyens de contraception et les techniques modernes d'avortement sont employés pour privilégier la naissance de garçons au détriment des filles, de sorte que commencent à se créer des déséquilibres dans la population.

Illégalité du sexisme

La discrimination fondée sur le sexe est illégale dans de nombreux pays. Mais même dans les pays ayant établi l'égalité des sexes dans la loi, il peut rester des lois conférant des droits ou des devoirs à un genre plutôt qu'à l'autre, par exemple concernant :

  • la transmission du nom ;
  • les obligations militaires ;
  • la dispense de certaines épreuves dans l'accès à certaines professions
  • l'âge de la retraite ;
  • les droits de rentes ou de garde en cas de divorce et de veuvage.
  • ou encore l'existence de services, de lieux réservés à un des sexes.

Sexisme envers les hommes

La discrimination des hommes dans la société n'est marginale qu'en apparence par rapport à l'inverse. Elle est cependant dénoncée, y compris par des femmes, en particulier lorsque les institutions judiciaires des pays occidentaux se prononcent en matière de divorce ou de séparation. Le droit des pères, notamment en ce qui concerne la garde des enfants, y serait insuffisamment reconnu. Ainsi, jusqu'en 2002, l'enfant était confié dans 90% des cas à sa mère.[3].

Les violences contre les hommes, en particulier conjugales, ne sont ni reconnues ni combattues par les pouvoirs publics.[4]

Les très nombreux hommes visés par de fausses accusations de violence physique ou sexuelle à l'égard d'enfants ou de femmes ne bénéficient pas de la part de la Justice de la présomption d'innocence, et sont a priori considérés comme coupables.[5]

Au Canada, jusqu'en 1999, seules les femmes étaient interrogées lors d'enquêtes importantes sur la victimisation en milieu conjugal, ce qui reflète un préjugé sexiste. [6],[7][8],[9]

D'une manière plus universelle, le caractère obligatoire du service militaire pour les hommes et de leur fonction de "chair à canon" a été pendant longtemps une distinction sexiste en défaveur de ces derniers.

Le sexisme envers les hommes provient généralement non pas des féministes, puisque le féminisme lutte contre un système qui, en imposant des qualités et des injonctions comportementales pour chaque sexe, brime également les hommes dans leurs désirs de paternité ou d'expression de leurs émotions, mais au contraire par les défenseurs de ce système. Ainsi, c'est parce que la société sexiste attribue aux femmes la compétence exclusive des soins aux enfants que dans les jugements de divorce la justice a tendance à confier la garde de ceux-ci à leur mère. C'est parce que l'on considère que l'homme bénéficie, quand il est marié, d'une aide domestique dévouée, que l'entreprise se permettra de lui imposer des réunions tardives ou de nombreux déplacements, etc.

Le sexisme envers les hommes peut cependant provenir aussi de féministes par le refus de la différence intellectuelle des sexes de ces dernier-e-s.

L'existence de services strictement interdits aux hommes est une forme de sexisme institutionnalisé par la nécessité invoquée d'une "discrimination positive". En Angleterre, un service de taxis roses conduits et destinés à des femmes (et donc interdits aux hommes) est une initiative mise en place pour limiter les risques d'agressions sexuelles le soir.[10] À Tokyo, la compagnie tokyu propose un wagon interdit aux hommes. Certains lieux sont aussi réservés aux femmes, comme l'île d'Arezou en Iran ou une plage de Riccione en Italie du Nord.[11]

Notes et références

  1. Quel que soit leur genre.
  2. Lire à ce sujet La Grèce antique, une civilisation misogyne.
  3. divorce-famille.net
  4. Hommes battus, les oubliés des violences conjugales
  5. Une garde à vue musclée
  6. Enquête sur la violence envers les femmes effectuée par Statistiques Canada en 1993
  7. Enquête publiée par le Comité canadien sur la violence faite aux femmes au début des années 1990
  8. La violence envers les conjointes dans les couples québécois, 1998 produite par l'Institut de la statistique du Québec et publiée en 2003
  9. La nécessaire compréhension entre les sexes, Paul-Edmond Lalancette, Québec, 2008, ISBN : 978-2-9810478-0-9[réf. incomplète]
  10. Pink Ladies Cabs
  11. Voyage en misandrie

Bibliographie

  • Asylon(s) numéro 1, octobre 2006 Sous la direction de Jane FREEDMAN, Jérôme Valluy : "Les persécutions spécifiques aux femmes : Quelles connaissances ? Quelles mobilisations ? Quelles protections ?". TEXTE INTRAGRALEMENT EN LIGNE
  • Évelyne Sullerot "Quels pères ? Quels fils ?" chez Fayard - réédition 1995 en livre de poche).

"Le grand remue-ménage" chez Fayard 1997 Une grande figure du féminisme et de la sociologie familiale s'interroge sur l'effacement des pères, et lance un vigoureux plaidoyer en faveur de la (nouvelle) paternité fondamentale.

Une psychanalyste critique ses collègues traditionalistes et cherche à justifier en profondeur le "paternage", tout en recherchant dans l'insuffisance habituelle des rapports père/jeune enfant les racines de la misogynie fréquente chez beaucoup d'hommes, et de certaines difficultés psychologiques féminines fréquentes. Lecture très accessible malgré les références à FREUD, LACAN et quelques autres.

  • Élisabeth Badinter"XY - De l'identité masculine" (réédition livre de poche 1995).
  • Nicole Bédrines, Régine Lilensten, Claude Rose Touati, Idées reçues sur les femmes, coll. « Anthologie de l'humour involontaire », éd. Hier et demain, 1978, 192 p. - (ISBN 2720600474)
  • Jean GABARD, Le féminisme et ses dérives - Du mâle dominant au père contesté, Les Éditions de Paris, 2006.
  • Patrick Guillot, La cause des hommes, Viamedias, 2005.
  • Dossier de l'Express sur les violences conjugales, introduit par un article d'Élisabeth Badinter

Voir aussi

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Liens externes

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