- Transphobie
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La transphobie est l'aversion envers le transsexualisme et envers les personnes transsexuelles ou transgenre.
La transphobie peut se manifester sous forme de violences physiques (agressions, crime de haine, viols, ou meurtres), ou par un comportement discriminatoire ou intolérant (discrimination à l'embauche, au logement, ou encore à l'accès aux traitements médicaux).
En 2009, le comité IDAHO qui coordonne la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie a lancé une campagne qui avait pour mot d'ordre : "Refusons la transphobie, Respectons l'identité de genre". Le texte a été signé par plusieurs Prix Nobel, et par 300 associations issues de 75 pays à travers le monde[réf. nécessaire].
Sommaire
Violences physiques
En 2000, la Commission contre les crimes de haine par homophobie recensait à peu près 15 assassinats de transsexuels par mois au Mexique[1].
Des transsexuelles sont arrêtées arbitrairement au Venezuela en 2002, alors que par ailleurs d'autres transsexuels sont assassinés[2].
Amnesty international dénonce en 2005 des violences policières exercées sur des transsexuels aux États-Unis d'Amérique[3].
Au Portugal en 2006, une transsexuelle brésilienne fut torturée et violée, puis abandonnée dans un puits, où elle mourut[4]. La non-incrimination de meurtre a provoqué plusieurs réactions de la part des organisations homosexuelles, relayées par les médias[5].
Les violences sont souvent liées aux discriminations dont sont victimes les transsexuels : sans emploi ou en situation précaire, visibles, vulnérables, certaines personnes deviennent des cibles faciles pour les actes de violence. Cela est particulièrement vrai dans les prisons[6].
Discriminations
Il est parfois difficile pour des transsexuel/les de trouver un emploi lorsque le sexe donné par leurs papiers d'identité ou leur carte de sécurité sociale ne correspond pas à leur apparence[7]. Les personnes en transition peuvent susciter le rejet lors de toutes sortes de démarches. Si des lois contre la discrimination sont passées dans la Communauté européenne, dans plusieurs pays, de tels dispositifs législatifs n'existent pas.
Les discriminations sont liées aux préjugés sur les transsexuels, qui subissent notamment l'homophobie par confusion entre transsexualisme et homosexualité. Elles peuvent aussi consister en un refus de prendre en compte l'identité de genre véritable de ces personnes, même au sein des minorités sexuelles ou dans les milieux militants. Des féministes non-mixtes ont ainsi exclu des femmes parce qu'elles étaient de sexe masculin à la naissance[8]. De même, des transsexuels et des transgenres ont pu subir un rejet de la part d'homosexuels qui ne les considéraient pas comme des hommes ou des femmes à part entière (qu'ils soient MtF ou FtM).
En France, un rapport de la Haute Autorité de santé de 2010[9] relève que la situation des transsexuels est « confuse », « inégalitaire », comprenant des « risques d’arbitraire », et « manquant d’un cadre juridique minimum »[10].
Transphobie psychiatrique
Dans leur appréhension du transsexualisme, certains psychiatres qualifient le transsexualisme au mieux de syndrome (tel qu'énoncé par le sexologue Harry Benjamin) ou encore de psychose[11], une généralisation souvent vue comme insultante et pathologisante[12].
Dans les années 1980, certains psychanalystes assimilaient l'opération de changement de sexe à une simple castration et allaient jusqu'à parler d'"eunuques". Ils en concluaient que les transsexuels étaient des "monstres" après leur opération, et qu'ils devaient être psychotiques pour la désirer.
Des transsexuels peuvent aussi se voir refuser un traitement hormonal lorsque leur demande ne correspond pas à la vision que leur médecin a du transsexualisme[13],[6].
Nombre de transsexuel(le)s contestent le protocole officiel, créé par les Dr Cordier, Chiland et Gallarda. Selon eux, les équipes officielles sont transphobes. Plusieurs transsexuel(le)s réclament la dépsychiatrisation du transsexualisme[14]. Ils refusent aussi la stérilisation obligatoire pour changer d'identité[15].
Bibliographie
- Viviane K. Namaste, Invisible Lives, The Erasure of Transsexual and Transgendered People, Chicago, Chicago University Press, 2000.
- Pat Califia, Le Mouvement transgenre, changer de sexe (1997), Paris, EPEL « les grands classiques de l’érotologie », 2003.
- Marie-Hélène Bourcier, Sexpolitiques, La Fabrique, 2005.
- Transgender Rights, University of Minnesota Press, 2006.
- Alexandra Augst-Merelle et Stéphanie Nicot, Changer de sexe : Identités transsexuelles, préface de Martin Winckler, Le Cavalier bleu, 2006.
Références
- ILGA
- OMCT
- ASB
- TGEu
- BBC Brazil
- "Faut-il réserver des prisons aux transsexuels ?", Rue69, 11 février 2010.
- Vacarme
- années 1990 : Étude d'Aaron Devor, ou dans un bar lesbien de Paris en 1999 Au Festival de musique féminine du Michigan, dans les
- Situation actuelle et perspectives d’évolution de la prise en charge médicale du transsexualisme en France, novembre 2009 HAS,
- "Trans en France, mauvais genre", Libération, 19/02/2010.
- Article de Pierre-Henri Castel
- Trans-aide
- Dictionnaire de l'homophobie, PUF, 2003, article « Transphobie », p. 408
- "Dépsychiatrisation des Trans, dossier d'Act Up Paris.
- Existrans, en finir avec les stérilisations de transsexuels, sur Rue89, 12/10/2009
Voir aussi
Articles connexes
- Action globale pour l'égalité trans
- Association du Syndrome de Benjamin
- Boys Don't Cry
- CARITIG
- Existrans
- Homophobie
- Lesbophobie
- PASTT
- Transsexualité en Iran
- Trans Aide
- Principes de Jogjakarta
- Principes de Jogjakarta en Action
Liens externes
- (fr)Transphobie.org
- (fr)« Les droits fondamentaux des personnes transgenres doivent être pleinement respectés » plaide le Commissaire Hammarberg, Conseil de l'Europe, 29/07/2009
- (fr)Veille Internet Transsexuel/lE
- (fr)PARI-T
- (en)Réseau transgenre européen
- (fr)Celles dont le GÉNOCIDE indiffère les uns et réjouit les autres.
- (fr)Vjeran Miladinovic, mieux connu comme le travesti Merlinka, a été assassiné à Krnjaca, dans les faubourgs de Belgrade, le 22 mars 2003 de l'an dernier.
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