- Triangle rose
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Le triangle rose (en allemand : Rosa Winkel) était dans l'univers concentrationnaire nazi le symbole utilisé pour "marquer" les homosexuels masculins. Pouvant être de taille supérieure aux autres triangles marquant d'autres catégories de détenus, ce symbole de persécution, de discrimination, a été repris par la communauté homosexuelle comme symbole identitaire. Act Up, entre autres, s'en est servi dans un contexte différent : celui de l'épidémie du Sida, qui commença par toucher les homosexuels. En dépit de son association avec la communauté homosexuelle, le triangle rose, ou plutôt son origine historique, semblent peu connus d'une grande partie des personnes constituant cette communauté.[réf. nécessaire]
La déportation des homosexuels par les nazis répondait non pas à une logique de persécution (comme ce fut le cas notamment pour les populations juives ou tziganes), mais s'inscrivait dans une logique de répression des "indésirables" (asociaux, criminels, ...) ou des personnes considérées comme dangereuses par le régime en raison de leurs convictions (opposants politiques, Témoins de Jéhovah, ...). Étaient généralement déportés les homosexuels condamnés pénalement deux fois, dont une fois au moins au titre du paragraphe 175.
La déportation des lesbiennes est moins bien documentée et connue. À cela plusieurs raisons : tout d'abord, et contrairement aux homosexuels de sexe masculin, aucun texte en Allemagne nazie ne condamnait les actes sexuels entre femmes. La classification concentrationnaire ne comportait d'ailleurs pas non plus de triangle de couleur spécifique pour stigmatiser les seules lesbiennes. Les lesbiennes qui furent déportées, l'ont été sous l'étiquette des "asociales" et durent porter le triangle noir propre à cette catégorie. Les cas connus sont très rares, encore plus ceux pour lesquels le lesbianisme fut explicitement invoqué pour justifier de la déportation. La catégorie des asociaux comprenait entre autres les réfractaires au travail, des marginaux, des avorteuses, etc.
La mémoire de la déportation homosexuelle est assez récente. Elle est le fait d'historiens ou encore d'associations identitaires. En France, les Flamands Roses ou Le Mémorial de la Déportation Homosexuelle sont des associations qui ont impulsé cette dynamique de mémoire.
Actuellement c'est principalement l'association Les "Oublié(e)s" de la Mémoire qui œuvre pour la connaissance et la reconnaissance de cette mémoire. Cette association a notamment obtenu en février 2008 qu'une rue de Toulouse porte le nom de Pierre Seel. Il était le seul Français à avoir obtenu le titre de déporté suite à la répression de l'homosexualité par le régime nazi en Alsace annexée. L'association a également été porteuse du projet visant à faire apposer à Mulhouse une plaque honorant la mémoire de Pierre Seel et d'autres anonymes de cette ville, arrêtés et déportés pour motif d'homosexualité. Le 25 septembre 2010, une plaque en mémoire des "victimes de la barbarie nazie, déportées pour motif d'homosexualité" a été inaugurée dans le camp du Struthof (Alsace). C'est une nouvelle étape dans la reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité à partir de la France qui pose de nombreuses questions sur la constructions mémorielle de cette tragédie.
Ailleurs dans le monde, des plaques ou monuments rappellent la déportation des homosexuels par les nazis. On peut citer les villes d'Amsterdam, Berlin, Bologne, La Haye, Francfort, Cologne, Anchorage, Sydney, San Francisco et Montevideo. De même, des plaques ont été apposées sur les sites de certains camps de concentration, notamment : Mauthausen, Neuengamme, Dachau, Sachsenhausen et Buchenwald.
Le dernier survivant connu de cette déportation était Rudolf Brazda[1] qui fut déporté près de trois ans à Buchenwald, faisant suite à deux condamnations au titre du paragraphe 175. Il meurt le 3 aout 2011 à l'âge de 98 ans.
Sommaire
Cinématographie
- Bent, de Sean Mathias sorti en 1997
- Un amour à taire, de Christian Faure sorti en 2005
Voir aussi
Bibliographie
- Régis Schlagdenhauffen, Triangle rose. La persécution des homosexuels et sa mémoire, Paris, Autrement, 2011, 308 p. (ISBN 9782746714854)
- Jean-Luc Schwab, Rudolf Brazda, Itinéraire d'un Triangle rose, Éditions Florent Massot, 2010, 256 p. (ISBN 2916546480)
Liens internes
- Discrimination et déportation des homosexuels sous l'Allemagne nazie
- Homophobie
- Système de marquage nazi des prisonniers
- Étoile jaune
- Triangle rouge
- Triangle noir
- Paragraphe 175
- Bent, un film britannique basé sur la pièce de théâtre éponyme de Martin Sherman
- Pierre Seel
- Rudolf Brazda
Références
Note et liens externes
- Association Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH)
- Association Les « Oublié(e)s » de la Mémoire
- Projet Triangles roses - Base de données des actions associatives en mémoire de la déportation des homosexuels.
Catégories :- Répression politique et extermination sous le Troisième Reich
- Symbole homosexuel
- Camp de concentration de la Seconde Guerre mondiale
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