Histoire de l'Alsace

Histoire de l'Alsace
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Costume traditionnel, 1915

Cet article présente l'histoire de l'Alsace, de la Préhistoire à aujourd'hui.

Sommaire

Préhistoire

Paléolithique moyen : l'homme de Néandertal sur le territoire alsacien

Plusieurs sites du Paléolithique moyen ont été découverts au cours de la dernière décennie dans le Bas-Rhin[1],[2]. Au Paléolithique moyen, les Néandertaliens étaient présents dans la vallée de la Bruche.

Achenheim

On trouve leurs traces à Achenheim, un site de chasse fouillé par André Thévenin et Jean Sainty[réf. souhaitée].

Mutzig

Ils se sont également installés à Mutzig, dans un abri-sous-roche s'ouvrant sur des terrasses gréseuses du massif du Felsbourg. Des outils, des vestiges fauniques, des foyers et de nombreux niveaux cendreux indiquent une implantation de longue durée. Le site a livré une quinzaine d’horizons d’habitats successifs avec des foyers, des niveaux cendreux et une industrie lithique moustérienne accompagnée de nombreux vestiges osseux de grande faune chassée durant le Pléistocène supérieur récent. Toute la paléofaune de type « steppe à mammouth » y a été chassée par les Néandertaliens.

L'homme de Néandertal y pratiquait un débitage Discoïde sur des roches siliceuses volcaniques et volcano-sédimentaires du Paléozoïque, provenant des terrains du paléovolcanisme permien du Nideck pour la rhyolite, mais aussi des terrains du Dévonien et du Dinantien (Dévono-dinantien), et du Houiller, pour les diabases, spilites, kératophyres, phtanites, grauwackes. Dans ces vallées, les Néandertaliens débitaient aussi des roches filoniennes et cristallophylliennes (voir métamorphisme), ou d'origine cristallophylliennes pour les schistes siliceux, galets de quartz, quartzite, du grès du Trias vosgien de faciès Buntsandstein. Toutes ces variétés pétrographiques taillées par les Néandertaliens ont été prélevées dans la vallée de la Bruche, riche en ressources lithiques siliceuses de qualité que ce soit au sein de ses alluvions, sur des éboulis ou au sein de gîtes rocheux affleurants. L'industrie lithique de Mutzig est liée aux industries du Paléolithique moyen rhénan, comme en témoignent plusieurs racloirs rectangulaires du type rhénan Bogenspitzen.

Nideck

Près du château du Nideck, au lieu-dit Nideck Kleineck, les Néandertaliens exploitaient des roches volcaniques siliceuses locales (rhyolites) pour produire leur industrie lithique, notamment des éclats produits par un débitage Discoïde (éclats plus larges que longs, nucléus bi-pyramidaux). Cette méthode constitue ici une adaptation à la roche siliceuse choisie, en fonction de sa structuration en affleurements et des modules des blocs exploitables.

Interprétations

L'apport de ces stations à la recherche préhistorique est important. Les groupes préhistoriques du val de Bruche chassaient principalement le renne et le cheval, mais aussi le mammouth, le bison, l'aurochs, la saïga, le mégacéros, le cerf élaphe, le chevreuil, le renard et le loup. Ils consommaient leurs proies au Felsbourg, ainsi qu’en témoignent des foyers avec vestiges osseux carbonisés.

Un approvisionnement local et de moyenne distance en roches autres que le silex est dominant dans l'industrie lithique néandertalienne du val de Bruche. Il se retrouve dans d’autres stations néandertaliennes à industrie réalisée de manière prédominante sur quartzite et quartz, comme à Lellig près de Grevenmacher (Luxembourg), principalement sur plaquettes de quartzite siégénien de type Taunus provenant de Sierck-les-Bains, et sur galets mosellans et ardennais. À Alle (Alle Pré-Monsieur, Jura suisse), les moustériens privilégiaient l'exploitation de nodules de silex du Jurassique (Jurassique supérieur, Dogger, Malm). On y trouve des outils en roches vosgiennes, abandonnés au profit du silex : les Néandertaliens venaient ou circulaient probablement depuis le sud des Vosges (Belfort).

Paléolithique supérieur

D'autres sites où des restes préhistoriques ont été retrouvés se situent aux alentours de Ferrette, de Bollwiller, d'Eguisheim et dans la grotte d'Oberlag dans le Sundgau. Ils datent du Paléolithique supérieur, en particulier du Magdalénien.

L'Antiquité

Les Celtes arrivent en Alsace au cours du IIe millénaire av. J.-C. L'Alsace est alors une terre de transition pour les Celtes migrant vers le sud de l'Europe. Les Celtes s'établissent définitivement au cours du VIIIe siècle avant notre ère. L'Alsace était occupée par deux tribus celtes : les Séquanes et les Éduens. Ces deux peuples sont affaiblis par l'installation d'une peuplade germanique dans la région, les Suèves, sous le commandement d'Arioviste. Ceux-ci domineront la totalité de la plaine en l'an -63.

Au cours de l'année -58, les troupes romaines de Jules César pénètrent en Alsace afin de soumettre la totalité de la Gaule et battent les Germains lors de la bataille de l'Ochsenfeld aux alentours de Cernay. Les Triboques, tribu celto-germanique, s'installent dans le nord de l'Alsace aux environs de Brumath. Après une campagne victorieuse de Domitien sur les Suèves en 90, celui-ci réorganise les territoires pris aux Germains. L'Alsace est dès lors incluse dans la province romaine de Germanie supérieure et des limes y sont bâtis le long du Rhin. C'est à cette période que se développent les premières villes (Strasbourg est fondée sous le nom d'Argentorate), les premières routes, et surtout la viticulture. En 356, suite à la victoire des Alamans lors de la bataille de Durocortorum, l'empereur Julien envoie des armées aux alentours de Brumath chasser ceux qui s'y étaient installés.

Les invasions barbares surviennent dans l'Empire romain à partir du Ve siècle. Les Romains sont définitivement chassés d'Alsace en 378 et les Alamans s'installent pour y répandre leur culture et construire des villes. Les Alamans importent avec eux leur langue qui deviendra le dialecte alsacien parlé de nos jours dans la région. Ils entrent en conflit avec les Francs, peuple germanique installé dans le nord de la France actuelle. Les Francs battent les Alamans à Tolbiac en 496. Les Alamans restent prédominants en Alsace, malgré leur incorporation dans le Royaume franc de Clovis. Après la mort de Clovis (511), l'Alsace est rattachée au royaume d'Austrasie.

Moyen Âge

L'époque mérovingienne est marquée par une certaine régression sociale et la multiplication des guerres protoféodales, encouragées par la coutume germanique de la division des héritages. Après l'épisode final des Rois fainéants, la dynastie carolingienne rend à l'Alsace une certaine prospérité. La christianisation est relancée avec la construction de nombreux monastères, abbayes et couvents : Marmoutier, Wissembourg, Murbach, Munster, Hohenbourg (ou Mont Sainte-Odile) dont Sainte Odile, sainte patronne de l'Alsace fut la première abbesse. La viticulture devient l'une des principales activités économiques de la région, dont la situation centrale permet de profiter de l'extension des marchés au sein de l'Empire.

Après la mort de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne, son royaume est divisé entre ses fils. C'est en Alsace que deux d'entre eux, Charles II le Chauve et Louis le Germanique, s'allient contre le troisième, Lothaire Ier, lors des Serments de Strasbourg (842), premier monument tout à la fois de la langue romane et de la langue germanique. En 870, après la mort de Lothaire II, faisant fi des droits de son frère Louis II le Jeune, Charles et Louis se partagent la Lotharingie (traité de Meerssen) : la région alsacienne est alors rattachée à la Francie orientale, ancêtre de l'Allemagne.

Durant huit siècles, le sort de l'Alsace est indissociable du monde allemand. Les possessions de ses seigneurs (notamment les Habsbourg et les Hanau-Lichtenberg) sont profondément imbriquées au Palatinat et au pays de Bade. Le XIIIe siècle voit se développer un mouvement d'émancipation des villes : le pouvoir temporel des évêques est supplanté par des institutions bourgeoises. Cet essor de la vie municipale s'exprime dans la prospérité de Strasbourg et dans la formation de la ligue des villes libres de la Décapole, sous la présidence de Haguenau. À la fin du Moyen Âge, l'Alsace ne dispose toujours pas d'une définition politique ou historique susceptible de remédier à son manque d'unité territoriale.

Renaissance et période moderne

Renaissance artistique

Au XVe siècle, la Renaissance fit sentir ses premiers effets en Alsace plus tôt qu'en France. En effet, la région était à l'écart de la guerre de Cent Ans qui ravageait la France au début du siècle. Cette période vit un développement culturel à Strasbourg, ville d'humanistes, de savants, d'artistes (Hans Baldung Grien), et à Colmar, avec par exemple le peintre Martin Schongauer, de l'école flamande. En architecture, on trouve encore des constructions de style gothique, dit flamboyant, comme la collégiale de Thann.

Révoltes populaires

À partir de la fin du XVe siècle, et dans la première moitié du XVIe siècle, l'Alsace est le théâtre de révoltes populaires. Un premier mouvement de révolte, le Bundschuh, éclate à Sélestat. Il commence en 1493, et se généralise à toutes les régions du Rhin supérieur en 1517.

Des mesures prises contre les prédicateurs luthériens provoquèrent en 1525 un soulèvement général contre les seigneurs laïcs et ecclésiastiques, qui se répandit très rapidement dans toute la région. Ce soulèvement, connu sous le nom de guerre des paysans, fut sévèrement réprimé par le duc Antoine de Lorraine.

Réforme

La Réforme commença à Strasbourg avant 1520, par la diffusion des écrits de Martin Luther et d'autres réformateurs. Elle s'étendit dans la plus grande partie de l'Alsace. Le principe cujus regio, ejus religio l'emporta, surtout après la paix d'Augsbourg (1555).

Les malheurs de la Guerre de Trente Ans.
De 1621 à 1648, l'Alsace est une des régions les plus ravagées en Europe et l'un des principaux champs de bataille : pillages en 1621-1622 par des mercenaires protestants, puis expulsion des protestants de Haguenau et de Colmar, menace sur Strasbourg. Les protestants sont sauvés par une intervention Suédoise. Une armée du roi Gustave-Adolphe occupe toute l'Alsace de 1632-1634. Leur souvenir demeure fortement enraciné dans la mémoire orale. En 1634, ils sont remplacés par les français. Mais de 1635 à 1639, l'Alsace sert de lieu de passage aux armées Française, impériales et espagnoles qui pillent et détruisent tout. En 1648, l'Alsace est exsangue. Plus de la moitié de la population rurale a disparu, suite aux massacres, famines et épidémies de peste. Entre 30 et 60% du bâti a disparu. Seules bourg, sortie toutefois affaiblie, et Mulhouse qui s'est au contraire enrichie grâce aux fournitures aux diverses armées.[Pas clair]

Repeuplement et administration française

L’Alsace ou conquestes
Du Roy En Allemagne tant deçà
que delà le Rhein,

carte de Guillaume Sanson, à Paris, 1666.

La France mit en place un Conseil souverain d'Alsace pour asseoir sa présence (1658).

La mortalité lors des années de guerre fut telle que Louis XIV invita des étrangers à venir dans la région pour la repeupler, par un édit de 1662. C’est ainsi que de nombreux villages prirent des noms à consonance française, et non germanique : par exemple, Diedolshausen devint Bonhomme, Urbeis devint Orbey, etc.

La France continua les annexions : le maréchal de Turenne battit les Impériaux à la bataille de Turckheim (1675), et la France annexa les dernières villes (Strasbourg en 1681).

Toutefois, de nombreux territoires appartenaient encore à des seigneurs, le plus souvent de l’Empire, qui reconnaissaient la suzeraineté du roi de France. Cette particularité des princes possessionnés fut une des causes de la déclaration de guerre contre l’Autriche en 1792.

Amélioration de la situation au XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle fut marqué par un longue période de paix et de prospérité, dont témoigne l'architecture des nombreux villages du vignoble alsacien.

L'esprit de tolérance gagna du terrain, et les luttes contre le protestantisme s'assagirent.

Il y avait en Alsace une communauté relativement importante de Juifs, dont la situation était meilleure que dans le reste du Royaume. Cependant, les Juifs n'étaient pas aimés par la population, souvent en raison de l'usure, le prêt à intérêt étant en principe interdit à cette époque. En 1780, la population juive en Alsace était de 20 000 personnes.

Après 1870

Article détaillé : Alsace-Lorraine.

Après la défaite française lors de la guerre franco-prussienne de 1870, l'Alsace (sauf l'arrondissement devenu Territoire de Belfort) est rattachée à l'Allemagne avec l'actuel département de la Moselle. Cet ensemble devient une province au statut particulier au sein de l'Empire germanique entre 1871 et 1918.

Le retour à la France est suspendu pendant la Seconde Guerre mondiale où la région est de nouveau sous administration allemande de 1940 à 1945, devant le CdZ-Gebiet Elsass au sein du Gau Baden-Elsaß.

La Bataille d'Alsace, à la fin du conflit, libéra totalement le territoire, même si les alliées durent batailler pour liquider la Poche de Colmar.

Démographie

Le premier recensement date de 1697, réalisé par l'intendant La Grange. Il décompte 257 200 habitants dont 171 800 catholiques, 81 700 protestants et 3 700 juifs.

Le recensement de 1707, un des plus soigneusement réalisés, et qui tient compte de la cession par la France de Brisach et d'autres territoires, compte 238 000 habitants dont 156 000 catholiques et 78 000 luthériens et calvinistes.

En 1750, on décompte 445 000 habitants, 600 000 en 1780 et 702 000 en 1795.

En 1797, un recensement indique 722 693 habitants, 428 239 dans le Bas-Rhin et 294 454 dans le Haut-Rhin.

Voir aussi

Références

Filmographie

Bibliographie

  • Rodolphe Reuss, Les églises protestantes d'Alsace pendant la Révolution (1789-1802).
  • Lucien Sittler, L'Alsace terre d'histoire, éditions Alsatia, 1972.
  • Sainty 1992 : Sainty (J.). - Mutzig ( Bas Rhin) - Sauvetage Urgent 1992 - Rapport de fouille. Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Alsace. SRA, Strasbourg, 1992.
  • Sainty 1995 : Sainty (J.). - Rapport d'expertise archéologique - mai 1995. Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Alsace. SRA, Strasbourg, 1995.

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Histoire de l'Alsace de Wikipédia en français (auteurs)

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