- Hans Frank
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Hans Frank Hans Frank en 1939Naissance 23 mai 1900
Karlsruhe, AllemagneDécès 1er octobre 1946 (à 46 ans)
Nuremberg, AllemagneNationalité Allemagne Profession Reichsleiter du parti nazi, ministre du Troisième Reich, Gouverneur général en Pologne Famille Marié, cinq enfants Hans Michael Frank (Karlsruhe 23 mai 1900 – Nuremberg 16 octobre 1946). Reichsleiter du parti nazi, ministre du Troisième Reich et gouverneur général en Pologne. Surnommé le « bourreau de la Pologne », il fut condamné à la peine de mort lors du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Sommaire
Biographie
Né en 1900, il est encore étudiant à Munich lorsqu'il adhère à un groupement d'extrême droite antisémite (la Société Thulé) et milite dans un groupe paramilitaire, antirépublicain (Freikorps Epp).
En 1923, il devient membre du parti nazi, le NSDAP, et participe, dans les rangs des SA, à la tentative de putsch de Hitler à Munich. Docteur en droit et avocat, il prête son concours à de nombreux « camarades » du parti nazi pendant la République de Weimar et accomplit, entre autres, des recherches pour retracer l'arbre généalogique « aryen » de Hitler.
En 1933, il devient ministre de justice en Bavière et, en 1934, ministre du Reich sans portefeuille – mais restera dépourvu d'influence politique notable jusqu'en 1939. En revanche, sa carrière de juriste trouve son apothéose dans sa présidence de l'Académie de droit allemand de 1934 à 1941, pendant laquelle il veut refondre le droit allemand à travers le prisme du national-socialisme. Hans Frank est alors connu pour son caractère despotique et lunatique passant de la grande sentimentalité à la brutalité extrême. En sa qualité d'homme du parti, il peut, s'il le faut parler le langage de la rue au peuple[1].
En octobre 1939, il devient le gouverneur général des Provinces polonaises occupées (Gouvernement Général), poste dans lequel il dépend directement de Hitler. Il lutte farouchement face à Himmler pour ne pas être dépouillé de son pouvoir. En effet, Himmler, suivant le plan d'Heydrich a décidé dès l'automne 1939 de la déportation des Juifs des territoires polonais incorporés au Reich vers le gouvernement général, soit 600 000 Juifs s'ajoutant au 1,4 million vivant déjà sous son autorité[2]. Si dans un premier temps, Frank suit le mouvement, il proteste dès janvier 1940 contre l'« invasion » forcée dont il est la victime. En effet, il ne sait que faire des Juifs qui arrivent sur son territoire. Il parvient à faire cesser cette première déportation en attendant une meilleure « prise en charge » de la question juive. En octobre 1941, Frank préside toute une série de réunions avec les responsables locaux pour étudier les différents moyens de se débarrasser des Juifs du gouvernement général. Une solution envisagée est la déportation des Juifs en URSS. Mais Alfred Rosenberg, responsable des territoires occupés en URSS refuse énergiquement. Certains collaborateurs de Frank proposent de laisser mourir de faim les habitants des ghettos. Le 16 décembre de retour de Berlin, Frank convoque les gouverneurs de district et les chefs de division et déclare: « nous devons en finir avec les Juifs [...] nous devons détruire les Juifs, partout où nous les rencontrons et partout où c'est possible, pour préserver la structure entière du Reich»[3]. Finalement, en décembre 1941, les SS expérimentent près de Lublin le gazage des individus[4].
Le gouvernement général de la Pologne, destiné à devenir après la guerre une terre de colonisation germanique, est transformé en un vaste réservoir de main-d'œuvre pour l'industrie de guerre du Reich. C'est ici que quatre des six camps d'extermination du système concentrationnaire nazi sont mis en place : Majdanek, Treblinka, Sobibor et Belzec. Auschwitz-Birkenau et Chelmno sont construits, eux, un peu plus à l'ouest, dans les provinces de Haute Silésie Orientale et du Warthegau en Pologne annexée par le Troisième Reich[5].
Hans Frank poursuit trois objectifs majeurs : l'extermination des Juifs, l'élimination des élites polonaises et le pillage économique du pays au profit de l'industrie allemande[6]. Dès 1940, il est responsable de l'assassinat de plusieurs milliers de Polonais. Par ailleurs, il introduit des mesures antijuives, aboutissant, dans une première étape, à la création de ghettos, notamment de celui de Varsovie. Cela lui vaut son surnom de « bourreau de la Pologne ».
Antisémite et partisan de la solution finale, Hans Frank se trouve pourtant isolé à partir de 1942, à la suite d'une rivalité soutenue avec Himmler. Il tombe en disgrâce auprès de Hitler qui le démet de toutes ses fonctions au sein du parti – mais le maintient à la tête du gouvernement général malgré la volonté exprimée de Frank de démissionner.
En mai 1945, Hans Frank est arrêté par les Alliés et tente vainement de se suicider. Lors du procès de Nuremberg, Frank, entre-temps revenu au catholicisme de sa jeunesse, s'avoue coupable. Il est condamné à la peine de mort pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et pendu le 16 octobre 1946.
Son journal de service en 42 volumes, dont l'original se trouve à Varsovie, constitue une source historique importante.
Dans son roman Kaputt, Curzio Malaparte revient longuement sur la personnalité de Frank. Il écrit notamment : « Le malaise que je ressentais toujours en sa présence venait précisément de l'extrême complexité de sa nature, singulier mélange d'intelligence cruelle, de finesse et de vulgarité, de cynisme brutal et de sensibilité raffinée. »[7].
Famille
Hans Michael Frank est né le 23 mai 1900 de Karl Frank (1869 - 1945), juriste et de Magdalena Buchmaier. Il avait un grand frère Karl Frank junior (marié a Amanda Berta Böhmer) qui mourut en 1916 de la guerre et une petite sœur Elisabeth Lilly Frank (plus tard mariée avec le Dr Walter Scheltze). Il se marie le 2 avril 1925 avec Maria Brigitte Herbst (29 décembre 1895 - 9 mars 1959) après s'être rencontrés fin 1924 à Munich. Ils ont eux 5 enfants : Sigrid (13 mars 1927), Norman (3 juin 1928), Brigitte (13 janvier 1935), Michael (15 février 1937) et Niklas ( 9 mars 1939), tous nés à Munich. Niklas Frank a toujours fermement condamné les agissements de son père[8].
Notes et références
- Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, foliohistoire, 2006, p 349
- Raul Hilberg, T.1, p 362
- Cristopher Browning les origines de la solution finale Points/Histoire Seuil 2009 p.862
- Edouard Husson, Solution finale: Qui est responsable? les cahiers de l'Histoire,n°18, p 87
- Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Gallimard, 2006, tome III, p. 1615
- Kunstschutz, en détournant à son profit des œuvres de Rembrandt, de Léonard de Vinci et de Raphaël (l'œuvre de ce dernier n'a pas été retrouvée). il spoliera également des œuvres d'art obéissant en cela au
- Curzio Malaparte, Kaputt, éditions Denoël, 1946 pour la traduction française, p. 172
- [1]article Les Mémoires de la Shoah, Le Monde du 29 avril 1995
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Procès de Hans Frank à Nuremberg sur Trial Watch
Bibliographie
- Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Tomes I, II, III, foliohistoire, 2006
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