Giotto di Bondone

Giotto di Bondone
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Giotto di Bondone
Sa statue au piazzale des Offices à Florence
Sa statue au piazzale des Offices à Florence

Naissance 1267
Vespignano
Décès 8 janvier 1337
Florence
Activité(s) Peinture, sculpture, architecture
Maître Cimabue
Élèves Taddeo Gaddi, Bernardo Daddi
Mouvement artistique Gothique
Œuvres réputées Fresques de la vie de saint François à Assise, Campanile

Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone (1267 à Vespignano ou Romignano - 8 janvier 1337 à Florence) est un peintre, un sculpteur et un architecte italien du Trecento, dont les œuvres sont à l'origine du renouveau de la peinture occidentale. C'est l'influence de sa peinture qui va provoquer le vaste mouvement de la Renaissance à partir du siècle suivant.

Giotto se rattache au courant artistique de la Pré-Renaissance, dont il est l'un des maîtres, qui se manifeste en Italie, au début du XIVe siècle. En cette fin du Moyen Âge, Giotto est le premier artiste dont la pensée et la nouvelle vision du monde aidèrent à construire ce mouvement, l'humanisme, qui place l'homme à la place centrale de l'univers et le rend maître de son propre destin.

Les fresques que Giotto a peintes à Florence (Basilique Santa Croce de Florence), à Assise (basilique Saint-François d'Assise) et à Padoue (chapelle des Scrovegni dans l'église de l'Arena de Padoue) figurent parmi les sommets de l'art chrétien.

Son influence sur les générations d'artistes qui le suivirent est immense à tel point qu'on a pu parler d'« écoles giottesques » à propos de certaines écoles de peinture regroupant des peintres dont l'œuvre a été marquée par celle du maître toscan. Des peintres comme ceux de l'école de Rimini (Giovanni Baronzio, Neri da Rimini, Pietro da Rimini) figurent parmi ses héritiers[1] à la suite du passage de Giotto, difficile à dater (vraisemblablement entre 1303 et 1309) dans leur ville, où, entre ses séjours à Padoue et Assise, il était venu peindre un cycle de fresques (aujourd'hui perdues) pour l'église San Francesco.

Sommaire

Biographie

Plaque commémorative à Vespignano
Plaque commémorative sur le pont de Cimabue
Vierge à l'enfant, Peinture sur bois, (v. 1320), National Gallery of Art, Washington D.C.
Portrait de Dante Alighieri par Giotto

Giotto naît dans une famille paysanne de Colle di Vespignano (ou à Romignano), un village près de Vicchio di Mugello, dans le nord-est de Florence, en Toscane.

Dans sa technique, Giotto marque une rupture avec l'art gothique italien du Trecento. Passant d'une conception hiératique de la peinture - c’est-à-dire symbolique de la représentation des personnages dans une conception plutôt figée de la stature - il lui insuffle un certain naturalisme. Ainsi, il représente des scènes dans lesquelles l'accent est mis sur la communication entre les personnages et la perspective à un point de fuite, quoique l'espace représenté y soit parfois ambigu étant donné l'emplacement des personnages qui cachent les vecteurs. Tout en laissant de côté la représentation française délicate des personnages pour en accentuer la solidité, il continue tout de même à puiser dans le répertoire des motifs gothiques tels que les quadrilobes.

Il eut Taddeo Gaddi comme élève.

Giotto mourut à Florence le 8 janvier 1337 et fut enseveli avec pompe dans la cathédrale dont il avait été l'architecte. De sa femme, Ciuta di Lapo di Pela, il avait eu huit enfants, dont l'aîné, Francesco, fut inscrit en 1311 dans la compagnie des peintres de Florence.

Ses peintures sont d'inspiration religieuse : nombreux retables, grandes surfaces couvertes de fresques à Padoue (scènes de la Bible à la chapelle de l'Annunziata ou des Scrovegni) et à Assise (basilique inférieure et, surtout, scènes de la vie de François d'Assise dans la basilique supérieure, fresques du Palazzo della Ragione de Padoue, détruites en 1420).

De nombreux artistes modernes ont trouvé l'inspiration dans l'œuvre de Giotto, - où ils puisaient à la source d'un humanisme qui reste valable à toutes les époques.

La rencontre avec Cimabue

D'après la légende, recueillie par Lorenzo Ghiberti et Giorgio Vasari, « Giotto enfant aurait commencé par garder les chèvres de son père Bondone, et le peintre Cimabue, le surprenant à dessiner sur une pierre avec un charbon près d'un cours d'eau, émerveillé de son génie précoce, aurait emmené le jeune berger, âgé d'une douzaine d'années, dans son atelier ». On peut voir la pierre commémorative près du pont relatant cette rencontre hypothétique.

D'autres textes plus récents affirment qu'ils se seraient rencontrés à Florence. Quoi qu'il en soit, c'est bien Cimabue qui assura la formation de ce jeune garçon au talent prometteur.

Citations à propos de Giotto

Plusieurs témoignages littéraires, qui ne nous apprennent pas grand chose sur la vie de Giotto, marquent l'impact de l'œuvre de Giotto sur ses contemporains parmi lesquels le chant XI du Purgatoire de Dante - qui fut son ami - la nouvelle VI,5 Décaméron de Boccace et Le Vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori de Vasari.

Boccace, dans une nouvelle du Décaméron, écrite vers 1350, se montre particulièrement enthousiaste au sujet de la peinture de Giotto :

« Il possédait un génie si puissant, que la Nature, mère et créatrice de toutes choses, ne produit rien, sous les éternelles évolutions célestes, qu'il ne fût capable de reproduire avec le stylet, la plume ou le pinceau : reproduction si parfaite que, pour les yeux, ce n'était plus une copie, mais le modèle lui-même. Très souvent ses œuvres ont trompé le sens visuel, et l'on a pris pour la réalité ce qui est une peinture  »

— Boccace, le Décaméron, Sixième Journée, Cinquième Nouvelle, Classiques Garnier, 1952, p. 413)

Giorgio Vasari montre dans son œuvre l'espièglerie de Giotto :

« On rapporte que Giotto, dans sa jeunesse, peignit un jour d'une manière si frappante une mouche sur le nez d'une figure commencée par Cimabue que ce maître, en se remettant à son travail, essaya plusieurs fois de la chasser avec la main avant de s'apercevoir de sa méprise. »

— Giorgio Vasari, Le Vite

Anecdotes

Le pape Benoît XII, via un de ses émissaires, pressa Giotto de lui donner la plus pure preuve de son talent. Ce dernier traça alors sur une feuille destinée au souverain pontife un cercle parfait à main levée. L'ancien berger démontrant son génie put alors voyager à Rome pour y réaliser plusieurs œuvres.

Les fresques de la basilique Saint-François d'Assise

Un habitant d'Assise étend son manteau sous les pas de François devant le Temple de Minerve

Les murs de l'église supérieure de la basilique Saint-François d'Assise, à une seule nef avec abside et vitraux raffinés du XIIIe siècle, sont couverts des extraordinaires fresques allégoriques de Giotto sur la vie du saint, réalisées dans la dernière décennie du XIIIe siècle.

Elles y côtoient des œuvres de Simone Martini (v. 1280-1344) - les Épisodes de la vie et de la passion du Christ, et d'Ambrogio Lorenzetti (v. 1290-1348), La Madone et les saints et les Stigmates. On s'accorde généralement à reconnaître aujourd'hui que les vingt-huit fresques de la Vie de saint François, peintes sur les deux murs de la nef et au revers de la façade, sont toutes de la main de Giotto.

Ces fresques, qui inauguraient une manière de peindre neuve et vivante, tout appuyée sur l'observation de la nature, la précision expressive des attitudes et des traits, durent exciter l'enthousiasme des contemporains. C'était la première fois que l'on rompait aussi ouvertement avec la tradition byzantine, avec les thèmes de convention éternellement reproduits selon les mêmes règles, pour s'inspirer des récits populaires et des usages du temps.

En 1298, ayant probablement achevé les fresques d'Assise, il se rend à Rome à l'appel du cardinal Jacopo Gaetani dei Stefaneschi, neveu du pape Boniface VIII.

Œuvres réalisées à Rome

À Rome, Giotto exécuta un certain nombre d'ouvrages dont plusieurs sont perdus ou ruinés, entre autres un Crucifix peint à la détrempe pour l' église de Santa Maria sopra Minerva, et les fresques de San Giorgio in Velabro, dont Stefaneschi avait été créé cardinal-diacre en 1295.

Plus importantes sont les œuvres laissées par Giotto dans la basilique Saint-Pierre, la célèbre mosaïque monumentale de La Navicella, qui orne maintenant le vestibule de l'immense église - primitivement elle en décorait la façade -, et le retable du maître-autel, conservé, depuis le XVIe siècle, dans la sacristie des chanoines. Ce retable, qui a la finesse d'une miniature, est peint à la détrempe sur fond d'or. Il se compose de trois panneaux gothiques, terminés par des pinacles, et d'un gradin, également en trois parties. Les grands panneaux sont peints sur les deux faces. Au centre de la face principale, le Christ bénissant trône au milieu de huit anges ; sur les panneaux latéraux sont représentés la Crucifixion de l'apôtre Pierre et la Décollation de Paul de Tarse. Au revers du panneau central on voit Pierre en costume pontifical, trônant entre deux anges : au pied du trône, le cardinal Stefaneschi, en vêtement de diacre, assisté de ses deux patrons, saint Jacques et saint Gaëtan, est conduit par Georges de Lydda devant le prince des apôtres, auquel il offre à genoux un triptyque, figure abrégée du retable de Giotto ; sur les panneaux latéraux sont figurés en pied les apôtres André et Jean, Jacques de Zébédée et Paul. Enfin, sur le gradin, la Vierge Marie, trônant entre deux anges, a pour cortège les douze apôtres, debout en des attitudes variées.

Passage à Rimini

La présence de Giotto à Rimini est difficilement datable avec précision et il y est probablement passé dans ses voyages entre Assise et Padoue, avant ou après son séjour à Padoue pour les fresques de l'Arena.

Malgré cette imprécision, son influence sur les artistes de l'école de Rimini (Giovanni Baronzio, Pietro da Rimini, Neri da Rimini) est incontestable, à tel point qu'on a pu parler à leur sujet d'« école giottesque de Rimini. »

Les fresques de l'église de l'Arena

Article détaillé : Église de l'Arena de Padoue.
Fresques de l'église de l'Arena - L'Ascension du Christ.

De 1303 à 1306, Giotto est à Padoue où il peint les cinquante-trois fresques de la chapelle Scrovegni ou chapelle Santa Maria dell'Arena dans l'église de l'Arena, qui sont considérées comme son chef-d'œuvre et l'un des tournants de l'histoire de la peinture européenne. Il avait probablement autour de quarante ans quand il a commencé la décoration de la chapelle, où il peint des fresques relatant la vie du Christ, qui sont un des sommets de l'art chrétien.

La réalisation du cycle complet a pris environ deux années - un temps étonnamment court - et cela ne peut s'expliquer que par la totale maîtrise technique à laquelle était parvenu Giotto et une organisation radicalement nouvelle de son travail. Il semble qu'il ait pleinement tiré profit de son expérience précédente à Assise pour mener à bien la décoration de la chapelle Scrovegni.

Une tradition fort sérieuse considère que Dante - exilé de Florence en 1302 - se trouvait à Padoue en même temps que Giotto y effectuait ce travail et attribue à son influence le choix d'une partie des compositions dont Giotto décora la chapelle de Santa Maria dell’Arena. Dans l’Enfer de Dante se retrouvaient certains des contemporains que le poète jugeait indignes du salut mais qu'il ne nommait pas expressément, se contentant de les désigner symboliquement par leurs armoiries. Il avait ainsi précipité en enfer, au chant dix-septième de la Divine Comédie, Reginaldo Scrovegni, usurier célèbre de Padoue, en évoquant les armoiries de la famille figurées par « une grosse truie d'azur ».

Giotto architecte : le campanile de Giotto

Article détaillé : Campanile de Giotto.
Campanile de la cathédrale de Florence (1334-1357)

Comme architecte et comme sculpteur, Giotto a laissé à Florence un monument d'une élégance et d'une harmonie incomparables, le campanile de la cathédrale. Ce fut le 12 avril 1334 que la commune de Florence honora Giotto du titre de « Magnus magister (Grand maître) et le nomma architecte en chef (capomaestro) de Santa Maria del Fiore, appelée alors Santa Reparata. Cette cathédrale, commencée par Arnolfo di Cambio, n'avait pas encore de façade, de coupole ni de campanile. Il est probable que Giotto éleva les premières assises de la façade, et c'est à lui sans doute qu'il faut attribuer le dessin si délicat des fenêtres dans les nefs latérales.

Mais son œuvre incontestable est le campanile, tour carrée à trois étages de fenêtres, qui s'élève, sur la droite de la façade, à 84 mètres de hauteur. Décoré jusqu'au sommet d'incrustations de marbres de couleur, rehaussé de bas-reliefs et de statues, ce campanile est une merveille de grâce et de légèreté. Les fenêtres, qui vont s'agrandissant d'étage en étage, ajoutent à sa sveltesse aérienne ; avec le travail infini de leurs colonnettes, avec leur dentelle de marbres variés, elles sont peut-être, comme l'observe justement l'historien suisse Jacob Christoph Burckhardt, la plus belle œuvre de détail de tout le gothique italien, mais sa mort en 1337 marquera l'arrêt de sa contribution à cet édifice.

Le campanile, dans la pensée de Giotto, devait se terminer par une flèche élancée, à laquelle renoncèrent les successeurs du maître, Andrea Pisano et Francesco Talenti jusqu'en 1357. Des deux guirlandes de bas-reliefs qui s'enroulent à sa base, la première est due, pour la composition, en partie même pour l'exécution, à Giotto. Il a voulu y résumer philosophiquement toute la vie et toutes les inventions humaines.

Autres œuvres

Vie de Saint François, dans la chapelle Bardi
de la Basilique Santa Croce de Florence
Scène : L'apparition des stigmates du Christ, (détail)
  • Basilique Santa Croce de Florence :
    • La Vie de saint François dans la chapelle Bardi, (voir ci-contre) ;
    • Cycle de la vie de saint Sylvestre avec son élève Maso di Banco ;
    • Fresques de Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste dans la chapelle de la famille Peruzzi

Galerie d'images

Notes et références

  1. Luciano Bellosi, Giotto et son héritage artistique (voir bibliographie)
  2. Voir en ligne

Sources

  • Article « Giotto » de « La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts », réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus [et al.] Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, Société anonyme de « La grande encyclopédie », [191-?], tome XVIII, pages 953 et suiv.

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

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