Galicie

Galicie
Page d'aide sur l'homonymie Ne pas confondre avec la région espagnole de Galice.

Galicie

17721918

Blason

armoiries

Histoire et évènements
1340 Successeur par la Pologne
1772 Rattachement à lAutriche-Hongrie
1921 Rattachement à la Pologne
1939 Annexion par lUnion soviétique
1941 Annexion par lAllemagne
1945 Rattachement à la République socialiste soviétique dUkraine
1991 Oblasts de Lviv, Ivano-Frankivsk, Ternopil et Tchernivtsi (Ukraine)

La Galicie (en allemand Galizien, en polonais Galicja, en hongrois Gácsország, en tchèque Halič, en yiddish גאַליציע - Golicje, en turc Haliç, en roumain Galiţia, en russe Галиция - Galicija, en ukrainien Галичина - Halyczyna) est une région historique de lUnion de Pologne-Lituanie, située au sud de la région aujourdhui ukrainienne de Volhynie. Elle a longtemps été une région tampon, une zone de passages et un carrefour de cultures, entre lempire des Habsbourg et lEmpire russe. Elle est actuellement partagée entre la Pologne et lUkraine.

Il ne faut pas la confondre avec la Galice, qui est une région autonome dEspagne et la Galatie, région d'Anatolie. Si ce dernier nom provient de la racine celtique et indoeuropéenne gall- pour étranger (cf Gaulois et Gallois), il nen est pas de même ni pour la Galice ibérique (dont le nom vient du peuple antique des Kalaikoi) ni pour la Galicie dont le nom vient de celui de la ville de Halytch, ancienne capitale aux XIIe et XIIIe siècles (le h de lukrainien correspond à un g en polonais).

Avant la Première Guerre mondiale, cette province dune superficie denviron 78 000 km2, appartenait à lEmpire austro-hongrois des Habsbourg. Sa capitale Lvov (en français : Léopol, en polonais : Lwów, en allemand : Lemberg, en russe : Lvov, en ukrainien : Lviv, appellation officielle régionale actuelle), a été créée au XIIIe siècle par le souverain de la principauté de Galicie-Volhynie. La ville se trouve désormais sur le territoire ukrainien.

Sommaire

Dates clés

Lugiens (qui comptent également les (H)Arii, les (H)Elveconi, les Naharvali, les Manimes et les (H)Elisiens), associé à la culture de Przeworsk à lépoque de Ptolémée qui les mentionne dans sa Géographie, la région est aussi peuplée par les Vandales (dont les Sillings sont probablement parents avec les Élisiens) et les Goths avant la chute de Rome. Alors quelle est surtout peuplée de Slaves, la région est rattachée en 1340 à la Pologne par le roi Casimir III le Grand (Kazimierz Wielki), que le duc Georges II de Galicie-Volhynie, (Georg II Trojden), avait instauré comme son successeur en échange dune aide contre ses ennemis.

Le royaume de Galicie in 1897

En 1772, lors du premier partage de la Pologne, la Galicie devient autrichienne et le restera jusquen 1914.

En 1914, elle est conquise par larmée impériale russe lors des premières opérations militaires de la Première Guerre mondiale, (batailles de Krasnik et de Lemberg).

En 1915, elle est reprise par larmée austro-allemande.

En 1918, elle est conquise par les Polonais qui se heurtent à des formations nationalistes ukrainiennes.

En 1921, par le traité de Rīga, elle est déclarée terre polonaise et le restera jusquen 1939.

En 1939, après lécrasement de la Pologne, elle est annexée par lUnion soviétique en vertu du pacte germano-soviétique.

En 1941, elle est envahie et occupée par les troupes allemandes. Des unités nazis spécialisés (les SS-Einsatzgruppen) procèdent à une liquidation systématique, sans précédent dans lhistoire, de la nombreuse population juive en la déportant dans des camps de concentration et des camps d'extermination.

En 1943, le Reichsführer SS Heinrich Himmler ordonne de créer une Division de la Waffen SS constituée de volontaires Ukrainiens de Galicie (division SS Galizien).

En 1944, la Galicie est conquise par lArmée rouge, qui reprend Lwów le 28 juillet.

En 1945, elle est découpée par la ligne Curzon (proposée par Lord Curzon durant la conférence de paix de Paris le 8 décembre 1919) et adoptée lors des accords de Yalta, qui part de la Lituanie et passe à lest de Przemysl en Pologne et à louest de Lviv (Lwów) en Galicie. La partie à l'est de la ligne Curzon est rattachée à lUkraine, alors lune des républiques composant lUnion soviétique.

Une histoire faite de traumatismes

De province reculée et sans histoire de la Couronne autrichienne, la Galicie fut le théâtre daffrontements déchirants durant et après la Première Guerre mondiale, opposant les communautés polonaise, ukrainienne et juive.

À la chute de lEmpire austro-hongrois se forme, en octobre 1918, une brève République Nationale de lUkraine de lOuest. La toute nouvelle armée ukrainienne affronte les troupes polonaises qui semparent de la capitale, puis de lensemble de la région en juillet 1919. Durant la bataille de Lvov, les soldats polonais se livrent durant trois jours à un pogrom. La Galicie fut ensuite intégrée dans les territoires orientaux de la Pologne fraîchement reconstituée à la faveur de la Révolution russe, formant lune des contrées des kresy, zone frontière ou tampon de la Seconde République, peuplée de minorités. La province perd son nom autrichien et disparaît, avec la Galicie occidentale, sous le nom de Małopolska ("Petite Pologne").

À partir du milieu des années trente, lidéal dune grande Pologne multiethnique de Piłsudski est dépassé par une politique de polonisation agressive, ouvertement antisémite, imposant par la violence la « pacification » des villages ukrainiens. En 1939, en vertu de laccord secret Molotov-Ribbentrop, tandis que lAllemagne envahit la moitié occidentale de la Pologne, lUnion soviétique met la main sur sa partie orientale. Ce territoire est incorporé, à la suite dun référendum truqué, à la République Soviétique dUkraine. LUnion soviétique y mène une politique dukraïnisation, mais aussi de collectivisation forcée et de mise au pas idéologique, assortie dune violente répression (déportations, emprisonnements, exécutions) qui touche dans lordre chronologique les anciennes élites politiques, économiques et intellectuelles polonaises, puis les nationalistes ukrainiens. Fin juin 1941, la région est conquise par la Wehrmacht.

Les nationalistes ukrainiens accueillent les troupes allemandes comme des libérateurs. Pourtant, loin de conférer lindépendance à lUkraine, les nazis y développent très rapidement une politique délimination radicale des communistes, mais aussi de nettoyage ethnique et racial, transformant ce territoire en zone dessai très spécifique de mise à mort sur le terrain et de radicalisation (« brutalisation ») de la violence de guerre, avec une participation importante et volontaire de la population locale. Dès larrivée des Allemands, la population locale ukrainienne se « venge » des persécutions du NKVD par une série de pogroms sauvages, perpétrés contre la population civile juive (24 000 morts). Les nazis intègrent la Galicie au « Gouvernement Général » de la Pologne et mettent progressivement en place la « solution finale » : les 500 000 Juifs (12 % de la population denviron 4 millions), dabord rassemblés dans des ghettos et camps de travail, sont pour la plupart fusillés au bord de fosses communes ou annihilés à Bełżec. Par ailleurs, 350 000 Polonais et Ukrainiens sont déportés en Allemagne comme travailleurs forcés ou déplacés pour créer un espace vital et économique germanisable, dans le cadre dune stratégie militaire et économique qui envisageait délibérément la mort par la faim de dizaines de millions dêtres humains en Union soviétique.

LOUN et lUPA (lArmée dinsurrection ukrainienne), qui passe entre-temps de la collaboration à la résistance contre les Allemands tout en poursuivant sa lutte contre les Soviétiques et les Russes, profitent du chaos dans lequel se trouve plongée la région pour se débarrasser de la population polonaise (50 000 morts dabord en Volhynie, puis en Galicie orientale), la terreur imposée par la guérilla des « bandéristes » ukrainiens (partisans de Stepan Bandera, chef de lOUN) indépendantistes ne sera contrôlée par lUnion soviétique quau début des années 1950. De son côté, Staline met en place dès la fin de la guerre une politique de déportation des populations : entre 1945 et 1956, 800 000 Polonais sont « rapatriés », dont 560 000 de Galicie, tandis quenviron 600 000 Ukrainiens de lautre côté de la frontière (Lemkos) sont déportés vers lUkraine (la plupart vers la Galicie) ou dispersés au cours de lopération Vistule (Akcja Wisła) dans les territoires que la Pologne a récupérés sur lAllemagne.

La Galicie, terre démigration et berceau de célébrités

La Galicie a été depuis le milieu du XIXe siècle une terre démigration. Une proportion considérable des « Galiciens » se trouvent aujourdhui hors de Galicie. Près dun million de Galiciens ukrainiens, dits « Ruthènes », ont émigré au début du siècle aux États-Unis, au Canada et en Europe occidentale, tout comme de nombreux galiciens polonais. Chicago, Milwaukee, Philadelphie, New York sont devenus de grands centres démigration galicienne. Des 800 000 Juifs galiciens davant la Première Guerre mondiale, 200 000 à 300 000 ont fui pogroms et guerres vers les capitales occidentales et les États-Unis entre 1880 et 1914.

En raison des possibilités déducation et de promotion sociale offertes par la monarchie autrichienne à lensemble de ses minorités, la renommée de la Galicie sest aussi fondée sur le fait quelle fut le terreau fertile de la constitution dune intelligentsia nationale (autrichienne, polonaise, russo-ukrainienne ou juive) de premier plan. La Galicie fut le laboratoire de mouvements nationaux modernes, polonais, ukrainiens et juifs. Au regard des persécutions ultérieures, la période de lEmpire austro-hongrois fait figure rétrospectivement dère de liberté.

La Galicie a également bénéficié de la notoriété de ses figures de proue, qui lont dailleurs souvent quittée dans leur ascension sociale et culturelle, ou sont devenus des symboles phares dans leurs cultures nationales respectives : les germanophones Joseph Roth, Martin Buber et Emil-Edwin Reinert, les polonophones Gerda Taro, Joseph Wittlin et Bruno Schulz, les ukrainophones Ivan Franko, Vassyl Stefanik et Martovitch, auxquels il faut ajouter les écrivains de langue hébraïque Shmuel Yosef Agnon ou Aharon Appelfeld, et les écrivains yiddish Moyshe Leyb Halpern, Melekh Ravitsh et Uri Tsi Grinberg, sans parler de la pléiade de lécole yiddish galicienne du début du siècle.

On dénombre également des figures plus exotiques comme des hommes politiques (Karl Radek, Isaac Deutscher, ou Maximilien Rubel), ou bien des auteurs qui ont fait lobjet dune « re-découverte » plus récente, comme les chantres germanophones de la Galicie multiethnique (certes germanocentrée) Karl Emil Franzos et Leopold von Sacher-Masoch, et pour laprès-guerre, les mémorialistes Soma Morgenstern et Manès Sperber, tout comme les romanciers polonais Andrzej Kusniewicz et Julian Stryjkowski.

Ces Galiciens ont porté à travers le monde le nom de leur « petite patrie », tout en en chantant le multiculturalisme avant la lettre, le pluralisme religieux, culturel et ethnique, vus à travers le prisme de la communauté disparue. Ainsi, le shtetl juif, la grande propriété foncière aristocratique polonaise, la colonie ou bien lîlot linguistique germanophone ou polonophone dans la « mer » ukrainienne, ou encore la splendeur passée des métropoles régionales quétaient Cracovie ou Lvov incarnent une Arcadie perdue de lenfance ou une Atlantide submergée par le déferlement du mal (guerre, communisme, occupation hitlérienne).

Bien que nayant pas subi, comme les Juifs, une tentative dannihilation totale, les organisations démigrants ukrainiens aux États-unis et au Canada perpétuent une mémoire centrée autour de la persécution des Ukrainiens par les Polonais puis par le régime Soviétique. En Union soviétique, la Galicie orientale, divisée en trois oblast (Lvov, Ternopol et Ivano-Frankovsk), forma avec la Transcarpathie l’« Ukraine occidentale ». Reléguée dans un coin excentré du territoire national de lURSS elle subit une forte soviètisation.

Voir aussi

Sources

  • Delphine Bechtel, « Le mythe de la Galicie, de la disparition à la résurrection virtuelle », dans Cultures dEurope centrale, no 4, Paris, CIRCE (université Paris-IV Sorbonne), 2003.
  • La Galicie au temps des Habsbourg (1772-1918). Histoire, société, cultures en contact, éd. par Jacques Le Rider et Heinz Raschel, Tours, Presses Universitaires François Rabelais, 2010.

Liens externes


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