- Afrique-Équatoriale française
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Afrique-Équatoriale française
1910 – 1958
Drapeau
Carte mettant en évidence l'Afrique-Équatoriale française (en vert) en Afrique.
Informations générales Statut Gouvernement général de plusieurs colonies françaises Capitale Brazzaville Langue Français Superficie Superficie ~ 2 500 000 km² (1958) Histoire et évènements 15 janvier 1910 Création Septembre 1958 Autonomie des territoires Entités précédentes :
Entités suivantes :
L’Afrique-Équatoriale française (AEF) était un gouvernement général regroupant au sein d'une même fédération plusieurs colonies françaises d'Afrique centrale.
S'étendant du désert du Sahara au fleuve Congo et de l'océan Atlantique aux monts du Darfour, cet ensemble disparate était formé de quatre colonies — ou régions — (Gabon, Moyen-Congo, Tchad, Oubangui-Chari). Au total, sa superficie atteignait 2 500 000 kilomètres carrés, soit environ cinq fois la France.
Son chef-lieu était Brazzaville, résidence du gouverneur général[1].
Sommaire
Histoire
La fondation de la colonie française du Gabon — embryon du vaste domaine appelé à former la future Afrique-Équatoriale française — intervient dès 1842. Son développement doit beaucoup à l'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, qui après plusieurs missions de reconnaissance du bassin du Congo (Gabon, Ogooué puis rive droite du Congo) négocie avec le roi des Tékés Illoy Ier la création d'un établissement commercial à Nkuna, la future Brazzaville. Jusqu'en 1883, les quelques possessions françaises d'Afrique équatoriale sont placées sous l'autorité d'un commandant militaire (chargé des établissements français du golfe de Guinée), avant que leur développement ne détermine le gouvernement à réorganiser la région. En 1886, un décret du ministre des Colonies institue deux territoires, le Congo français et l'Oubangui, administrés chacun par un lieutenant-gouverneur subordonnés à un commissaire général.
Bien vite, les ambitions coloniales de la France se heurtent à celles du sultan Rabah, un aventurier soudanais devenu le dernier « souverain » du Bornou. Une campagne militaire est engagée contre celui-ci. Trois colonnes françaises (Missions Afrique centrale, Mission Gentil, Mission saharienne) placées sous l'autorité du commandant Lamy écrasent l'armée de Rabah à Kousséri (22 avril 1900)[2]. Le Tchad devient un territoire militaire avant d'être réuni à la colonie d'Oubangui-Chari (rebaptisée Oubangui-Chari-Tchad) en 1910 et de devenir une colonie à part entière dix ans plus tard[3]. Le Tchad ne sera pourtant définitivement « pacifié » qu'en 1939.
Le régime des concessions est introduit de façon massive à partir de 1899. De vastes étendues de terre (majoritairement dans les régions fertiles du Moyen-Congo et de l'Oubangui) sont cédées à une quarantaine de sociétés privées. 665 000 kilomètres carrés de terres arables et de plantations d'hévéa (populations comprises) deviennent des zones de non-droit où sont institués impôts (capitation) et travail forcé, toute résistance étant sanctionnée par les pires abus (exécutions sommaires, mauvais traitements, prises d'otages dans les familles). Une enquête conduite par De Brazza en personne confirma ces pratiques, sans qu'aucune mesure concrète ne soit prise[4].
Le 15 janvier 1910 marque la naissance de l'Afrique-Équatoriale française. Cette même année, un décret garantit théoriquement une part du produit des récoltes de caoutchouc aux travailleurs autochtones, mais il demeure largement inappliqué dans les faits. D'hypothétiques droits sont conférés aux travailleurs, mais se heurtent aux mesures arbitraires des grandes sociétés privées. De fait, lors d'un voyage au Congo français en 1925-1926, André Gide témoigne du régime de terreur appliqué aux « indigènes » (assassinats, bastonnades, emprisonnements arbitraires) qu'il consignera dans son ouvrage « Voyage au Congo »[5].
En 1919, l'ancienne colonie allemande du Cameroun est placée sous protectorat français par la Société des Nations. Parfois assimilée à l'Afrique équatoriale française[1], elle jouit en fait d'un statut spécial (commissariat autonome) qui la distingue de la fédération proprement dite[6].
En 1926, André Matswa fonde à Paris l'« Amicale des originaires de l'Afrique-Équatoriale française », qui de simple association d'entraide ne tarde pas à se muer en syndicat parfaitement organisé. De retour à Brazzaville, Matswa supervise les actions de son mouvement, réclamant la fin de la discrimination raciale et du régime de l'indigénat, ainsi que le droit à la citoyenneté française pleine et entière pour les autochtones. Accusé de fomenter de l'agitation, André Matsawa est condamné à trois ans de prison. Parvenant à s'évader, il tente d'entrer en clandestinité mais est finalement repris et condamné à la prison à vie. Il meurt en 1942 au Tchad, et deviendra une figure charismatique — sinon mystique — après l'indépendance des nations africaines[4].
Durant la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant-gouverneur du Tchad, Félix Éboué, est un des premiers à se rallier aux forces françaises libres (août 1940). Relevé de ses fonctions et condamné à mort par le régime de Vichy, il est cependant nommé gouverneur général par le général de Gaulle au mois de novembre 1940[7].
Dans les premiers mois de l'après-guerre, c'est en Afrique-Équatoriale française que sont jetées les bases de l'Union française, discutée lors de la conférence de Brazzaville. Sous la IVe République (1946-1958), la fédération est représentée au parlement français. Le référendum de septembre 1958 transforme les cinq entités constituant la fédération en républiques autonomes (République congolaise ou Congo-Brazzaville, République centrafricaine, République gabonnaise, République du Tchad, République du Cameroun) au sein d'une éphémère Communauté française. En 1959, les nouvelles républiques se groupent en une association intérimaire baptisée Union des républiques de l'Afrique centrale, avant d'accéder à la pleine indépendance en 1960.
Géographie
La plus grande partie de l'Afrique-Équatoriale française s'étendait sur un plateau granitique, encadré par les massifs du Tibesti, de Ouadaï et du Fertit au nord-est, du Darfour à l'est et par les monts de Cristal et du Mayombe au sud-ouest. Deux cuvettes occupaient les parties centrales et méridionales du territoire : la cuvette du Tchad, ancienne mer asséchée dont subsiste encore le lac Tchad, et la cuvette du Congo, parcourue par le fleuve du même nom et ses principaux affluents (Oubangui, Sanga, Alima). Une plaine littorale s'étendait depuis la partie continentale de la Guinée-Espagnole (aujourd'hui Guinée-Équatoriale) jusqu'au fleuve Congo. Le point culminant de l'Afrique équatoriale française était le Mont Emi Koussi (3415 mètres) dans le Tibesti[8].
Du fait même de l'étendue du territoire, le climat était très varié d'un point à l'autre, passant d'un climat saharien particulièrement aride au nord à un climat tropical humide dans la partie méridionale. La végétation se ressentait de ses disparités : au nord, la quasi-absence de pluie rendait presque impossible le développement d'une végétation, en dehors de quelques arbustes épineux ; au centre s'étendait le domaine des savanes, où étaient cultivés millet, arachide et manioc ; au sud enfin se trouvaient les forêts tropicales humides, d'où étaient prélevés diverses essences telles que l'ébène et l'okoumé[8]. Dans les régions littorales étaient cultivés vanilliers, cacaoyers et caféiers[1].
L'Afrique-Équatoriale française était limitée par le Nigeria britannique, l'Afrique-Occidentale française, la Libye italienne, le Soudan anglo-égyptien et le Congo belge. À l'ouest, il était bordé par l'océan Atlantique[8].
Administration
L'AEF était divisée en quatre régions (colonies), elles-mêmes subdivisées en districts. On distinguait ainsi :
- Le Gabon (chef-lieu Libreville)
- Le Moyen-Congo (chef-lieu Brazzaville); devenu la république du Congo
- Le Tchad (chef-lieu Fort-Lamy — aujourd'hui N'Djamena)
- L'Oubangui-Chari (chef-lieu Bangui); devenu la République centrafricaine
Le gouverneur général résidait à Brazzaville. Aujourd’hui, l'ancien siège du gouvernement général de l'Afrique-Équatoriale française existe toujours, presque intact : c'est le palais du Peuple, siège de la présidence de la République du Congo
À partir de 1946, le territoire fut incorporé, avec la métropole, dans une Union française gouvernée depuis Paris, assistée d'un haut-conseil et d'une assemblée de l'union où chaque territoire était représenté.
Administrateurs coloniaux
Article détaillé : Liste des dirigeants de l'Afrique-Équatoriale française.Notes et références
- L'Afrique équatoriale française, in La Géographie par l'image et la carte, Librairie générale, 1927, pp.242-243
- Tchad 1998, Marcel Bourdette Donon, études africaines, p.26
- L'Afrique équatoriale française (AEF)
- Robert W July, Histoire des Peuples d'Afrique, Tome 3, Nouveaux Horizons, pp.211-220
- André Gide, Voyage au Congo, Folio
- La France au Cameroun
- Biographie de Félix Éboué
- La France d'Outre-Mer, in Memento Larousse, 1946, pp.408 et 415
Voir aussi
Liens internes
Bibliographie
- (fr) Paule Brasseur et Jean-François Maurel, Les sources biblíographiques de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique équatoriale d'expression française, Bibliothèque de l'Université de Dakar, Dakar, 1970, 87 p.
- (fr) Georges Bruel, L'Afrique équatoriale française : le pays, les habitants, la colonisation, les pouvoirs publics, Larose, Paris, 1918, VII-558 p.
- (fr) Maurice Delafosse et Léon Eugène Joseph Poutrin, Enquête coloniale dans l'Afrique française occidentale et équatoriale, sur l'organisation de la famille indigène, les fiançailles, le mariage, avec une esquisse générale des langues de l'Afrique, par M. Maurice Delafosse, et une Esquisse ethnologique des principales populations de l'Afrique française équatoriale par le Dr. Poutrin, Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, Paris, 1930, XXXVI-582 p. + 3 f. de pl.
- (fr) Maurice-Eugène Denis, Histoire militaire de l'Afrique Équatoriale française, publiée selon les instructions de la direction des troupes coloniales au Ministère de le guerre, rédigée sous la direction du Général Desclaux par M. le Commandant M. Denis en collaboration avec M. le Lieutenant-Colonel Viraud, Impr. nationale, Paris, 1931, 516 p. + XXXVIII p. de pl.
- (fr) Armand Megglé, L'Afrique équatoriale française, Société Française d'Éditions, coll. des "Terres françaises", 1931 (ill. Paul Welsch)
- (fr) Félix Éboué, La nouvelle politique indigène pour l'Afrique Equatoriale Française, Office français d'édition, Paris, 1945, 61 p.
- (fr) Eugène Guernier (dir.), L'encyclopédie coloniale et maritime. Afrique équatoriale française, Encyclopédie coloniale et maritime, Paris, 1950, X-590-VII p. +pl.
- (fr) Maria Lancerotto, Voyageurs français dans l'entre-deux-guerres en Afrique équatoriale française, Université de la Sorbonne nouvelle, Paris 3, 2007 (thèe de doctorat de Littérature générale et comparée)
- (fr) René Paul Sousatte, L' A.E.F. : berceau de l'Union Française, La voix de l'AEF, 1953, 143 p
- (en) Virginia Thompson et Richard Adloff, The emerging states of French Equatorial Africa, Stanford University Press, Stanford (Calif.), 1960, 595 p.
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