Darfour

Darfour
carte du Darfour

Le Darfour (en arabe : دار فور, Dār Fūr, signifiant « maison des Four » ou Fòòra en fūr, ethnie d'environ 1 000 000 personnes[réf. nécessaire]) est une région de l'ouest du Soudan, s'étendant sur le Sahara et le Sahel subsaharien. Sa population est musulmane. Administrativement, le Darfour se compose de trois des vingt-six provinces du Soudan : Gharb Darfour (Darfour occidental, capitale Al-Genaïna), Chamal Darfour (Darfour septentrional, capitale El Fasher) et Janoub Darfour (Darfour méridional, capitale Nyala). Elle est riche en uranium et cuivre.

Cette région est, depuis 2003, le théâtre d'un conflit entre rebelles et armée gouvernementale qui a provoqué une grave crise humanitaire.

Sommaire

Géographie

Le Darfour couvre une surface d'environ 510 000 km2. Sa population est estimée à 6 millions d'habitants. Composée essentiellement d'un plateau aride, des monts Marrah (djebel Marrah), d'une chaîne volcanique culminant à 3 088 m, formant le centre de la région. Le nord est couvert d'un désert de sable, alors que le sud est couvert d'une savane. Le Jebel Marra est le château d'eau de toute la région[1]. Il culmine à 300 mètres d'altitude[2]. Cependant, la sécheresse qui s'est prolongée dans le Sahel a fait 300 000 morts dus à une chute des précipitations jusqu'à 30% en 40 ans et la progression du Sahara.

Histoire

La région du Darfour peut difficilement supporter une importante densité de population, à l'exception des monts Marrah, et de leurs alentours. C'est à partir de là que différents groupes de populations se répandirent pour contrôler la région.

Les royaumes

Les Dajous, habitants du Jebel Marra, semblent avoir été le groupe dominant au Darfour dans les plus anciens récits connus. La durée de leur période de domination est incertaine, étant donné le peu d'informations disponibles sur la chronologie des souverains. Selon la tradition, la dynastie Dajou fut déposée, et l'islam introduit, aux environs du XIVe siècle par les Toundjour (sans certitudes, sans doute d'origine arabe), qui pénétrèrent au Darfour par le Bornou et le Ouaddaï. Le premier roi Toundjour serait Ahmed el-Makour, qui épousa la fille du dernier monarque Dajou. Ahmed soumit de nombreux chefs de tribus, et le pays se développa sous son règne.

Son arrière-petit-fils, le sultan Dali, toujours célébré dans les légendes locales, était d'origine Four de par sa mère. Il ramena la dynastie plus proche des peuples qu'elle dirigeait. Dali divisa le pays en provinces, et établit un code pénal, qui est toujours appliqué, sous le nom de livre de Kitab Dali ou livre de Dali. Il diffère en divers points de la loi coranique traditionnelle. Son petit-fils Soleiman (généralement distingué par le qualificatif Four Solon, arabe ou rouge) régna de 1596 à 1637, et fut un grand guerrier et musulman convaincu. Il est considéré comme le fondateur de la dynastie Keira.

Le petit-fils de Soleiman, Ahmed Bakr (env. 1682-env. 1722), fit de l'islam la religion d'État[réf. nécessaire], et en accrut la prospérité en encourageant l'immigration du Bornou et du Bagirmi. Son pouvoir s'étendait du Nil jusqu'aux rives de l'Atbara. La mort de Bakr déclencha une longue guerre de succession. Sur son lit de mort, Bakr décida que chacun de ses nombreux fils dirigerait à son tour. Une fois sur le trône, chacun de ses fils espéra faire de son propre fils l'héritier, cela conduisant à une guerre civile intermittente qui dura jusque 1785-6. Suite à ces divisions internes, le Darfour perdit de l'importance, en conflit avec les royaumes de Sennar et Ouaddaï.

Un des monarques les plus marquants de cette période fut le sultan Mohammed Terab, un des fils d'Ahmed Bakr. Il dirigea de nombreuses expéditions militaires victorieuses. En 1785-1786, il dirigea une campagne contre les Foundj, mais ne dépassa pas Omdurman. Il fut arrêté par le Nil, et ne put faire traverser le fleuve par son armée. Refusant d'abandonner ses projets de conquête, Terab séjourna à Omdurman pendant des mois et son armée commença à désapprouver son action. Selon certains récits, Terab fut empoisonné par sa femme à l'instigation de ses généraux, et l'armée retourna au Darfour. Alors qu'il tenta de faire monter son fils sur le trône, celui-ci échut finalement à son frère Abd al-Rahman.

Abd-er-Rahman fut surnommé el-Rachid ou le Juste. Ce fut pendant son règne que Napoléon Bonaparte effectua sa campagne en Égypte. En 1799 Abd-er-Rahman écrivit pour féliciter le général français pour sa victoire sur les Mamelouks. Bonaparte lui répondit en demandant au sultan de lui faire parvenir par la prochaine caravane 2 000 esclaves noirs de plus de seize ans, forts et vigoureux. Abd-er-Rahman établit aussi une nouvelle capitale à Al Fachir, la ville royale, en 1791-1792. La capitale précédente était Kobb.

Mohammed-el-Fadhl, son fils, fut un temps sous le contrôle d'un eunuque, Mohammed Kourra, mais s'en rendit finalement indépendant, et son règne dura jusqu'en 1838, lorsqu'il mourut de lèpre. Il se consacra à soumettre les tribus arabes semi-indépendantes qui vivaient dans le pays, dont les plus connus, les Rizeigat. En 1821, il perdit la province de Kordofan, qui fut conquise dans l'année par les Égyptiens, Mehemet Ali ayant ordonné la conquête du Soudan. Les Keira montèrent une armée, mais ils furent vaincus par les Égyptiens près de Bara le 19 août 1821. Les Égyptiens avaient l'intention de conquérir la totalité du Darfour, mais leur difficulté à consolider leurs positions sur la région du Nil les forcent à abandonner leur projet.

El-Fadhl mourut en 1838 et son troisième fils, Mohammed Hassan, fut nommé en tant que successeur. Hassan était connu pour être un homme religieux et avare. En 1856, il devint aveugle et pour le reste de son règne, sa sœur Zamzam, la iiry bassi, fut de facto la dirigeante du royaume.

Au début 1856, un homme d'affaires de Khartoum, az-Zoubayr Rahman, commença à mener des affaires dans le sud du Darfour. Il installa un réseau de comptoirs commerciaux armés et contrôla rapidement un territoire étendu. Cette région, connue sous le nom de Bahr al-Ghazal, était depuis longtemps la source de biens qu'exploitait le Darfour lui-même vers l'Égypte et l'Afrique du Nord, en particulier l'ivoire et les esclaves. Les habitants du Bahr el-Ghazal payaient tribut au Darfour. Ces marchandises étaient les articles principaux vendus par les habitants du Darfour aux marchands égyptiens le long de la route vers Assiout. Az-Zoubayr redirigea ce flux de biens vers Khartoum et le Nil.

Hassan mourut en 1873 et la succession passa à son fils cadet Ibrahim, qui se trouva rapidement engagé dans une guerre avec az-Zoubayr. Az-Zoubayr, après un premier conflit contre les égyptiens, s'allia avec eux et coopéra en vue de la conquête du Darfour. La guerre conduisit à la destruction du royaume. Ibrahim fut tué à la guerre à l'automne 1874, et son oncle Hassan Alla, qui tâchait de maintenir l'indépendance du pays, fut capturé en 1875 par les troupes du khédive, et déporté au Caire avec sa famille.

La domination égyptienne

Rudolf Slatin

Les habitants du Darfour étaient réticents à l'occupation égyptienne. Plusieurs révoltes furent réprimées, mais en 1879, le général Gordon (alors gouverneur-général du Soudan) suggéra la remise sur le trône de l'ancienne famille royale. Cela ne se fit pas, et en 1881, le bey Slatin (Sir Rudolf von Slatin) fut désigné gouverneur de la province. Slatin fit la guerre contre les troupes du Mahdi autoproclamé Mohammed Ahmad, qui étaient dirigées par un cheik rizeigat appelé Madibbo, mais il fut obligé de se rendre (décembre 1883), et le Darfour fut incorporé aux dominions du Mahdi. Les habitants du Darfour trouvèrent sa façon de gouverner aussi déplaisante que ce qu'avait été celle des Égyptiens, et une constante résistance aboutit au retrait progressif des forces du Mahdi de la région. Après l'éviction du successeur du Mahdi à Omdurman en 1898, le nouveau gouvernement anglo-égyptien du Soudan reconnut Ali Dinar en 1899, un petit-fils de Mohammed-el-Fadhl, comme sultan du Darfour, sous condition de paiement d'un tribut annuel. Sous Ali Dinar, qui avait été emprisonné à Omburman durant l'ère du Mahdi, le Darfour put jouir d'une période de paix et d'un retour à une indépendance effective.

La domination britannique et l'indépendance

En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, Ali Dinar s'allia avec l'Empire ottoman et déclara la guerre à la Grande-Bretagne. La rébellion fut vaincue à la bataille de Beringia le 22 mai 1916, Ali Dinar poursuivi et tué le 6 novembre suivant et le pays incorporé au Soudan britannique. Le Darfour fut intégré à la République du Soudan lors de l'indépendance du pays en 1956. Après l'indépendance, le Darfour servit de base au parti Oumma, dirigé par Sadeq al-Mahdi. En 1994, le Darfour fut divisé en trois États fédéraux au sein de la République du Soudan : Nord (Chamal), Sud (Janoub), et Ouest (Gharb) Darfour. La capitale du Nord-Darfour est Al-Fachir, Nyala pour le Sud-Darfour et Al-Djounaïnah pour le Darfour.

Catastrophe politique du début du XXIe siècle

Article détaillé : Guerre civile au Darfour.

La crise du Darfour a fait l'objet de 22 résolutions de l'ONU, et de 3 résolutions du Parlement européen.

Le 4 mars 2009, la Cour pénale internationale délivre un mandat d'arrêt international contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité[3].

Depuis 2005, des négociations de paix se déroulent entre les groupes rebelles et le gouvernement soudanais.

Notes et références

  1. Richard Rossin, Du Darfour au Soudan, revue outre-terre, 2007/3. p 29-40.
  2. Lavergne, Darfour : une guerre ville campagne ?, révue géographie de l'est, vol 49/4, 2009.
  3. France-Diplomatie - Soudan, Ministère des Affaires étrangères et européennes, dernière consultation le 14 avril 2010.

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