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Adrien de Gasparin
Adrien Étienne Pierre de Gasparin[1] est un agronome, haut fonctionnaire et homme politique français né à Orange (Vaucluse) le 29 juin 1783 et mort dans la même ville le 7 septembre 1862.
Sommaire
Biographie
Issu de la branche protestante d'une famille d'origine corse, fils de Thomas-Augustin de Gasparin (1754-1793), conventionnel et membre du Comité de salut public, et de Marie-Anne Marguerite de Serre, Adrien de Gasparin embrassa, comme son père, la carrière des armes et fut attaché comme officier de cavalerie à l'état-major du maréchal Murat pendant la campagne de Pologne (1806). Une blessure reçue à Eylau le força à quitter le service.
Il rentra dans sa famille et s'adonna à des études d'agronomie. Il adressa de nombreux mémoires aux Sociétés d'agriculture des départements et à l'Académie des sciences, qui établirent sa réputation dans ce domaine. Il donna notamment des travaux sur Le Croisement des races (1810) et sur La Gourme des chevaux (1811) et vit ses mémoires récompensés à Paris et à Lyon. Il publia une étude sur La Culture de la garance (1815), une Histoire de la ville d'Orange et de ses antiquités (1815), un Manuel d'art vétérinaire (1817), appuyé sur les observations qu'il avait faites dans les dépôts de chevaux malades qu'il avait été chargé d'inspecter durant sa carrière militaire, et un Mémoire sur l'éducation des Mérinos (1823). Son mémoire sur Les Maladies contagieuses des bêtes à laine (1821) remporta le prix de la Société royale d'agriculture, qui couronna également, en 1823, le Guide des propriétaires de biens ruraux affermés (publié en 1829).
Après la Révolution de 1830, Gasparin, qui jusque-là s'était plutôt rangé dans l'opposition à la Restauration, se rallia à la Monarchie de Juillet. Ami intime de François Guizot, comme lui protestant du Midi de la France, il fut élu député le 6 novembre 1830 par le 2e collège de Vaucluse (Carpentras) (88 voix sur 152 votants et 208 inscrits) en remplacement de M. Duplessy, démissionnaire. Mais, Guizot, ministre de l'Intérieur jusqu'en novembre 1830, lui donna des fonctions administratives qui ne lui permirent pas de prendre part aux travaux parlementaires.
Gasparin fut successivement préfet de l'Isère (20 septembre 1830), de la Loire (1831), député du Vaucluse et préfet du Rhône (novembre 1833). Il était en poste à Lyon au moment de la révolte des Canuts d'avril 1834. Le 9 avril, il déploya la troupe dans toute la ville et engagea une répression brutale, qui fut aussi l'occasion de frapper les républicains et de démanteler leurs réseaux. Il fut accusé par ces derniers d'avoir laissé grandir l'insurrection pour mieux la réprimer : « On a dit, écrit Louis Blanc dans l’Histoire de Dix ans, et c'est moins contre le lieutenant général Aymard[2] que contre M. de Gasparin que l'inculpation a été dirigée, que, pour ajouter à l'importance de sa victoire, le pouvoir avait prolongé volontairement le combat ; que, dans ce but, il avait renoncé à des positions qui n'étaient point menacées ; que, résolu à terrifier Lyon et la France, il n'avait point empêché, le pouvant, des calamités superflues ; que c'était pour rendre les républicains odieux aux propriétaires qu'il avait déclaré la guerre aux maisons, abusé de l'incendie, imposé aux soldats une prudence féconde en désastres, et donné aux moyens de défense les proportions de sa haine plutôt que celles du péril. »
En récompense de son zèle, Gasparin fut fait pair de France le 19 avril 1834, mais il continua à administrer le département du Rhône jusqu'à sa nomination, le 4 avril 1835, aux fonctions de sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le ministère Broglie. S'il ne fit pas partie du ministère Thiers, dont les doctrinaires avaient été écartés, Guizot le fit ensuite nommer ministre de l'Intérieur dans le ministère Molé le 6 septembre 1836. Il ne se fit guère remarquer par son talent oratoire à la tribune de la Chambre, mais soutint néanmoins la discussion du projet de loi municipale et prépara un projet de loi sur les prisons que la chute du ministère, le 15 avril 1837, ne lui permit pas de mener devant le parlement. Il réalisa toutefois différentes réformes dans l'organisation des hospices, la législation sur les aliénés, et le régime des prisons. Il supprima la chaîne des forçats et décida que le transfert aux bagnes s'effectuerait désormais dans des voitures fermées.
Dans le ministère de transition du 31 mars 1839, Gasparin fut nommé de nouveau ministre de l'Intérieur et chargé de l'intérim du ministère des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce. Le retour aux affaires du maréchal Soult, le 12 mai 1839, en éloigna Gasparin. Il fut admis à l'Académie des sciences (section d'économie rurale) le 29 juin 1840, en remplacement de Turpin dans la section d'économie rurale.
Après la Révolution de 1848, il se retira définitivement de la vie publique et reprit ses travaux agronomiques. Le ministre de l'Agriculture Charles Gilbert Tourret lui offrit la direction du nouvel Institut national agronomique de Versailles, qu'il refusa d'abord, puis finit par accepter sur les instances de M. Schneider (1851) ; mais cette institution fut bientôt supprimée par un décret du 29 décembre 1852.
Au début de 1852, Napoléon III pressentit Adrien de Gasparin pour entrer au Sénat, mais il refusa après le décret du 22 janvier 1852 sur les biens de la maison d'Orléans. Il vécut retiré dans sa ville natale et mourut en 1862.
Il était membre de la Société centrale et du Conseil central d'agriculture, et président du Comité historique des arts et monuments.
Sa statue de bronze fut élevée par souscription nationale et inaugurée le 11 septembre 1864 à Orange sur le cours Saint-Martin (actuel cours Aristide Briand), où la famille de Gasparin avait son château, construit en 1787 et démoli vers 1910 par la ville, qui l'avait acheté. Transférée dans le parc en 1931, cette statue fut enlevée en mai 1942, pour être fondue.
Adrien de Gasparin est le père d'Agénor de Gasparin (1810-1871), qui fut maître des requêtes au Conseil d'État et député de la Corse en 1842.
Œuvres
- Le Croisement des races, 1810
- La Gourme des chevaux, 1811
- La Culture de la garance, 1815
- Histoire de la ville d'Orange et de ses antiquités, Orange : J. Bouchony, 1815, in-12
- Manuel d’art vétérinaire, à l’usage des officiers de cavalerie, des agriculteurs et des artistes vétérinaires, Paris : Jean-Jacques Paschoud, et Genève : même maison de commerce, 1817, in-8°, XXIV-519-48 p
- Des Petites propriétés considérées dans leurs rapports avec le sort des ouvriers, la prospérité de l'agriculture et la destinée des États, Paris : P. Mongie aîné, 1820, in-8°
- Les Maladies contagieuses des bêtes à laine, Paris : Mme Huzard, 1821, in-8°
- Mémoire sur l'éducation des Mérinos, 1823
- Guide des Propriétaires de biens ruraux affermés, Paris : Mme Huzard, 1828, 471 p. ; Paris : Impr. de E. Duverger, Librairie agricole de la Maison rustique, 1844, 471 p. ; 2e éd., Paris : Dusacq, 1851, in-18, 383 p., et 1853, in-18, 162 p. ; 3e éd., Paris, Dusacq, 1862, in-16, 216 p.[3]
- Observations sur l'ouvrage de M. Mathieu de Dombasle intitulé : ″des Impôts dans leurs rapports avec la production agricole″, Paris, Mme Huzard, 1829 (Extrait des Annales administratives et scientifiques de l'agriculture française, tome III, 3e série), in-8°
- Recueil de mémoires d'agriculture et d'économie rurale, Paris : Mme Huzard, 1829-1841, 3 vol. in-8°
- Mémoire sur le métayage, Lyon : Impr. de J.-M. Barret, 1832, in-8°
- Considérations sur l'extension de la culture des mûriers, Lyon : Impr. de J.-M. Barret, 1833, in-8°
- Mémoire sur la valeur des engrais, Paris : Impr. de la Veuve Bouchard-Huzard, 1842, in-8° (extrait des Mémoires de la Société royale et centrale d'agriculture)
- Cours d'agriculture, Paris : au bureau de la Maison rustique, 1843-1848, 6 vol. in-8° ; 2e éd., Paris, 1846-1860, 6 vol. in-8° ; 3e éd., Paris, 1850-1863
- Considérations sur les subsistances, Paris : Dusacq (extrait du Journal d'agriculture pratique et de jardinage, mai 1847), in-8°)
- Guide des propriétaires des biens soumis au métayage, Paris : Dusacq, 1853, in-18
- Principes de l'agronomie, Paris : Dusacq, 1854, in-8°
Références
Sources
- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, Paris, Dourloton, 1889
- Antonio Saltini, Storia delle scienze agrarie, t. III, L'età dei concimi industriali e della macchina a vapore, Edagricole, Bologna 1987, 173-277
Notes
- ↑ Il se dit « comte » après son élévation à la pairie (1834), mais sans avoir pour autant été anobli.
- ↑ gouverneur militaire de Lyon
- ↑ Florian Reynaud, Les bêtes à cornes (ou l'élevage bovin) dans la littérature agronomique de 1700 à 1850, Caen, thèse de doctorat en histoire, 2009, annexe 2 (4. 1828)
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