- Carbonarisme
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Le carbonarisme (pour l'Italie) ou charbonnerie (pour la France) est un mouvement initiatique et secret, à forte connotation politique, qui contribua à l'unification de l'Italie au milieu du XIXe siècle.
Sommaire
Les origines
La Charbonnerie tire son nom des rites d'initiation des forestiers (rituels forestiers) fabriquant le charbon de bois à l'origine dans le Jura et en Franche-Comté[réf. nécessaire].
Ces sociétés de « bons cousins charbonniers » sont très antérieures au phénomène politique du carbonarisme italien et de la charbonnerie française. Issues de l'ancienne corporation du métier de charbonnier, ces associations usaient de signes secrets de reconnaissance et favorisaient l'hospitalité et l'entraide. Chaque section locale d'une société des « bons cousins » s'appelle une « vente » (vendita en italien).
Histoire
Les sociétés secrètes sont à l'origine de la première grande vague d'agitation contre le Congrès de Vienne en Europe au début des années 1820. En raison de la répression, ces sociétés, comme les Carbonari ou la Charbonnerie, constituaient alors le seul moyen d'expression politique.
Le phénomène politique et insurrectionnel de la Charbonnerie fut d'abord italien, avant de connaître par la suite des ramifications en France. C'est le révolutionnaire français Pierre-Joseph Briot, lui-même franc-maçon du rite de Misraïm et « Bon cousin charbonnier » du rite du Grand Alexandre de la confiance, qui importa ce rite à Naples, fin 1809. Il participa sans doute à l'unification secrète des divers groupes italiens sous l'égide de la Carbonaria.
L'inquiétude du pouvoir vis-à-vis de ce mouvement transparaît dans plusieurs passages de Lucien Leuwen de Stendhal. À la revendication d'une monarchie constitutionnelle libérale venait s'ajouter la volonté d'unité et d'indépendance nationale.
Après 1817, le carbonarisme entretint une agitation endémique dans la péninsule. Elle débuta par le soulèvement de Macerata, dans les Marches pontificales (1817), et elle culmina dans la vague révolutionnaire de 1820-1821, à Naples et en Piémont où Charles-Albert de Savoie-Carignan, héritier du trône, avait encouragé les conspirateurs.
En juillet 1820, une insurrection dirigée par le général Guglielmo Pepe fut organisée à Naples par la Carbonaria pour obtenir de Ferdinand IV une constitution.
Ces mouvements furent condamnés par les puissances conservatrices, dans le cadre de la politique des Congrès : congrès de Troppau en octobre 1820 et de Laybach en janvier 1821.
En mars 1821, les Carbonari dirigés par l'officier Santorre di Santarosa orchestrèrent un nouveau soulèvement dans le Piémont qui mena à l'abdication du souverain Victor-Emmanuel Ier et à l'accession au pouvoir du roi libéral Charles-Albert. Dans les deux cas, le souverain accorda une constitution avant que les troupes autrichiennes n'interviennent pour rétablir l'absolutisme. Les constitutions furent ensuite abrogées et la répression féroce.
L’échec de ces mouvements déclencha une réaction des autorités dans les États pontificaux et dans le royaume lombard-vénitien. Les condamnations, puis les souffrances, dans les cachots du Spielberg, de Silvio Pellico et Pietro Maroncelli (1820), de Federico Confalonieri, Andryane et Pallavicino (1823-1824) sensibilisèrent l’opinion européenne à la cause italienne.
C'est du Carbonarisme que sortit le mouvement Giovine Italia (« Jeune Italie »), créé à Marseille en 1831 par des Carbonari en exil, et dirigé par Giuseppe Mazzini.
En France
La Charbonnerie se répandit en France vers 1818. De type politique, rassemblant des républicains, des bonapartistes et, en général tous les mécontents, elle s'opposa à la Restauration, organisant des complots pour la renverser. La police française estima leur nombre à 20 000 pour la seule ville de Paris et ils étaient répandus sur 25 départements.
Le conseil suprême de la société secrète était nommé Haute-Vente. Il se composa d’abord des membres suivants : Bazard, Flottard, Buchez, Dugied, Cariol et Limpérani, fondateurs du la Charbonnerie ; en 1820, ils furent rejoint par La Fayette et son fils, par Dupond de l'Eure, Voyer d'Argenson, Manuel, de Corcelle père, François Mauguin, Barthe, Mérilhon, Beauséjour, Jean-Jacques Koechlin et de Schonen.
Cette Haute-Vente dirigeait les Ventes particulières composaient de vingt membres. Ce mouvement était cloisonné, ceux des ventes inférieures ne connaissaient pas ceux des ventes supérieures et les ventes étaient inconnues les unes aux autres. Chaque membre versait une cotisation mensuelle d'un franc germinal et devait se pourvoir d'un fusil et de cinquante cartouches. Chaque vente devait se tenir prête à obéir sans discussions aux ordres de la vente supérieure.
Très active de 1820 à 1823 mais ne produisant que des coups de mains sans importance, elle se signale notamment lors de l’affaire des quatre sergents de La Rochelle. La conspiration militaire qu'elle préparait finira par échouer. La dispersion de ses chefs en 1822 lui fut fatale ; plusieurs de ses membres influents se rallièrent au gouvernement de Louis-Philippe Ier en 1830 et d'autres fondèrent la Charbonnerie démocratique selon les théories de Babeuf[1].
En Italie
Article détaillé : Carbonari.Notes et références
- « Charbonnerie », in Jules Trousset (dir.), Nouveau dictionnaire encyclopédique universel illustré, t.1 (A-Char), Paris, 1885, p. 798-799.
Bibliographie
- Constitution et Organisation des Carbonari - 1821, M. SAINT-EDME, éditions du Prieuré 1997.(ISBN 2-909672-91-3)
- La Charbonnerie Française 1821-1823, Pierre-Arnaud Lambert, Presses Universitaires de Lyon - 1995.(ISBN 2-7297-0487-6)
La Charbonnerie dans la fiction
- Le Hussard sur le toit de Giono
- Vanina Vanini de Stendhal
- Lucien Leuwen de Stendhal
- Le Décalogue, tome VII, Frank Giroud - Paul Gillon
- Les Enfants du Golo - Le temps des Carbonari de Claude Bourguignon-Frasseto (les Carbonari et la Corse)
- Le Corricolo (1843) d'Alexandre Dumas - Version en ligne
Liens externes
- La Charbonnerie française au début du XIXe siècle
- Charbonnerie
- Compagnonnage et Carbonarisme
- Défense de l'ordre social contre le carbonarisme moderne, par Pierre-Denis Boyer, 1835 (version électronique 1re partie), (2e partie).
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- Maçonnologie générale et sujets connexes
- Histoire de l'Italie
- Histoire de France
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