Béguinages flamands

Béguinages flamands
Béguinages flamands *
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Béguinage de Courtrai
Béguinage de Courtrai
Pays Drapeau de Belgique Belgique
Subdivision Région flamande, Provinces d'Anvers, Limbourg, Flandre orientale, Flandre occidentale et Brabant flamand
Type Culturel
Critères (ii) (iii) (iv)
Numéro
didentification
855
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année dinscription 1998 (22e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Le terme de béguinage peut désigner soit une communauté autonome de religieuses (les béguines), en particulier en Europe du nord, soit un ensemble de bâtiments intégrés, généralement construits autour d'une cour arborée, hébergeant une telle communauté, et comprenant non seulement les installations domestiques et monastiques, mais aussi des ateliers utilisés par la communauté, et une infirmerie.

En Flandreque nous entendons ici au sens moderne, à savoir la moitié nord de la Belgique actuelle ―, à la différence du reste de lEurope, des communautés de béguines ont pu, pour un certain nombre de raisons, se développer très largement et disposer deffectifs suffisants pour construire des cités à part (les béguinages), y vivre et se maintenir, avec des hauts et des bas, au fil des siècles, jusquà lépoque contemporaine. Abstraction faite de trois béguinages aux Pays-Bas, d'un béguinage à Liège[note 1], la Flandre est sera la seule région dEurope de vastes béguinages au sens second, véritables villes en miniature vont se développer. Certains ont été conservés, plus ou moins intacts. Il en subsiste vingt-sept, sur les quelque quatre-vingts qui existaient autrefois, et il est peu de villes flamandes, grandes ou moyennes, qui naient leur begijnhof.

Le béguinisme sest totalement éteint en Flandre, et il ny a plus aujourdhui de communautés de béguines[1] ; les béguinages ont reçu dautres affectations.

Depuis 1998, treize béguinages de Flandre sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Sommaire

Singularité du béguinisme dans les Pays-Bas du sud

Après que les germes en eurent été semés en Principauté de Liège à la fin du XIIe siècle, le béguinisme se développa en Flandre, comme ailleurs en Europe, au début du XIIIe siècle. Le propos des communautés de béguines était doffrir une structure communautaire durable à des groupes nombreux de femmes seules, désireuses, dans lesprit de mysticisme et de frugalité apostolique de cette époque, de mener une vie pieuse et contemplative, et de parvenir, par labnégation et la pénitence, à sunir avec le Sauveur, mais souhaitant en même temps garder une certaine autonomie, ne pas sengager pour la vie par des vœux définitifs, et rester économiquement actives. Les couvents, seule possibilité jusque- de mener une vie contemplative dans un environnement sécurisé, se trouvant saturés [note 2], le béguinisme sera, à partir du XIIIe siècle, la structure apte à répondre à la demande nouvelle et à permettre à des femmes qui, tout dabord, sétaient installées individuellement à proximité dune église, dun couvent ou dun hospice, à se regrouper et à mener une vie commune dans un même immeuble ou ensemble dimmeubles, puis, plus tard, à sorganiser en réseau.

Le mouvement, à mesure quil se répandait en Europe occidentale et centrale, donnait lieu à une suspicion dhérésie et suscita les réserves de léglise, jusquà entraîner linterdiction, lors du concile de Latran de 1215, de toute nouvelle congrégation monastique. Dans quasi toute lEurope, les béguines neurent dès lors dautre choix que dentrer dans un ordre reconnuchez les cisterciens ou les franciscains.

Dans les Pays-Bas méridionaux, le béguinisme apparaît avoir pu se soustraire à cet interdit de léglise. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fait. Contrairement au reste de lEurope, et sans doute sous leffet notamment du haut degré durbanisation du comté de Flandre et du duché de Brabant, les béguines flamandes eurent tôt cessé de mener une vie errante et peu structurée, et tendirent progressivement vers une institutionnalisation de leur mouvement. Ce processus dinstitutionnalisation, qui se matérialisa, à partir de 1230, par le regroupement dans un même lieu, par une hiérarchisation des communautés (avec lélection par chaque groupe de béguines dune responsable), et par la rédaction de statuts, série de règles précises préalablement soumises pour approbation à lévêque, rendait le mouvement béguinal plus acceptable pour léglise, car plus contrôlable. La stade ultime de ce processus est la constitution de cités à part, coupées du reste de la ville par un haut mur denceinte, et érigées en paroisses autonomes ayant leurs propres curés, jouissant de privilèges, et disposant de leurs propres sources de revenus (vide supra).

Dans le diocèse de Liège, pourtant le mouvement béguinal avait pris naissance (à Liège, Nivelles, et Oignies, près de Namur), les béguines, moins nombreuses quen Flandre, continuèrent à vivre éparses dans la ville ou ensemble dans des maisons communautaires près des hôpitaux et des églises, sans réussir à constituer de véritables béguinages, le béguinage de Saint-Christophe à Liège faisant exception.

Article détaillé : Béguinages de Liège.

En outre, contrairement au clergé des Pays-Bas du nord, les évêques appliquèrent avec rigueur les prescriptions du concile de Vienne de 1312, les évêques de Cambrai, de Liège, de Tournai et d'Utrecht sefforcèrent de démontrer lorthodoxie des béguines dans leurs diocèses, notamment en rédigeant en 1320, à lattention du pape Jean XXII, un rapport sur létat de la foi dans les béguinages, dont les conclusions étaient très favorables.

Les béguines flamandes, sédentarisées, nerraient et ne mendiaient pas, contrairement à leurs consœurs rhénanes par exemple, mais travaillaient. La condition pour devenir béguine était dêtre veuve ou non mariée, et dêtre capable de subvenir à ses besoins. Loisiveté était proscrite, y compris pour les béguines fortunées qui navaient pas besoin de travailler pour vivre. La plupart des béguines effectuaient des travaux de tissage, de filage, de couture ou de blanchissage.

Genèse des cités béguinales

Aux Pays-Bas, comme il a été décrit ci-dessus, les béguines finirent par sorganiser dans de petites cités à part, appelées béguinages. Lautorité ecclésiastique en effet poussait à un regroupement plus strict de ces femmes pieuses. Certaines vivaient encore éparpillées dans la ville, séparées du groupe auquel elles voulaient appartenir ; pour y remédier, et pour les préserver en même temps des influences du siècle et des tendances hérétiques, les Dominicains plus particulièrement sefforcèrent de les regrouper, tout dabord dans des maisons de béguines, au départ desquelles elles pouvaient se rendre en commun aux offices et à leurs réunions, ensuite, pour éviter ces déplacements, et pour faire face au nombre croissant de candidates, dans des béguinages, c'est-à-dire dans des cités à part, formant paroisses autonomes, avec église séparée, cimetière propre, curé, et statuts diocésains propres. Cette cité-béguinage, ultime étape dans le développement du béguinisme aux Pays-Bas et en Flandre, naquit au milieu du XIIIe siècle. Souvent, il sagit de cités encloses dun mur denceinte, dotées dune église et dune infirmerie, et auxquelles donnait accès un portail dentrée étroitement surveillé. Elles furent généralement construites hors les murs des villes médiévales; à quelques occasions, elle servirent de point dappui à des armées étrangères venues assaillir ces villes (la crainte que cela ne se produisît incita les défenseurs de la ville dAnvers en 1542, alors que les troupes de Martin van Rossum la menaçaient, à incendier préventivement le béguinage, situé alors en dehors des remparts. Celui-ci fut promptement reconstitué intra muros).

Illustration du caractère clos des béguinages : haut mur et portail d'entrée du béguinage d'Anvers.
Écriteau à l'entrée : « prière aux membres de la gent masculine de ne plus se présenter après 18 h ».
Serrures et verrous du portail.

Organisation hiérarchique des béguinages

À la tête dun béguinage se trouvait la grande-maîtresse (magistra, néerl. grootmeesteresse) ou Grande-Dame (Grootjuffrouw). Élue par les maîtresses, elle était chargée de faire respecter les statuts et de contrôler lorganisation générale. Certains grands béguinages pouvaient en avoir plusieurs[note 3].

La grande-maîtresse se faisait assister par un ou plusieurs mambours[note 4], agents masculins chargés deffectuer les transactions financières en vue de lacquisition de propriétés et, le cas échéant, de mener des affaires en justice au nom du béguinage. Il était en effet interdit aux béguines de poursuivre de telles activités.

Au second rang on trouve la maîtresse de lhôpital. Celle-ci avait notamment dans ses attributions la gestion de la caisse[note 5], appelée aussi table du Saint-Esprit, laquelle était alimentée, outre par les modestes contributions hebdomadaires des béguines, par des donations et des legs, et qui permettait de financer le séjour à linfirmerie des béguines nécessiteuses qui en raison de maladie ou de vieillesse nétaient plus en mesure de subvenir à leurs besoins.

Vient ensuite la maîtresse de léglise, la sacristaine, à qui étaient confiés lentretien et les dépenses de léglise. Elle dirigeait aussi la chorale, destinée à donner du lustre aux offices, et les exercices spirituels.

La concierge du béguinage faisait partie également de ce second rang. Main-courantière du béguinage, son rôle était de surveiller les mouvements dentrée et de sortie des béguines, des livreurs de matériaux et de vivres, des visiteurs et des travailleurs externes.

Au troisième rang se situent les maîtresses des convents : elles étaient responsables du bon ordre général, du respect des règles et du bon fonctionnement dans le convent qui leur a été attribué, et, sil sagissait dun convent de novices, de la formation de celles-ci. Ces règles, qui peuvent avoir été prescrites par le fondateur, comprennent des devoirs de prière ou des exercices religieux en mémoire du fondateur et de sa famille.

Chez les béguines elles-mêmes existaient également des degrés de situation. Il y avait tout dabord les béguines propriétaires de leur propre maison, soit quelles lavaient fait construire par leurs moyens propres, soit quelles avaient acquis une maison existante à loccasion dune vente publique dans le béguinage. Le titre de propriété valait pour la vie ; après le décès de la béguine, la maison revenait à la communauté, qui la remettait en vente. Venaient ensuite les béguines locataires dune chambre dans un des grands immeubles, dont elles devaient assumer elles-mêmes lentretien. Enfin, il y avait les béguines dépourvues de revenus propres et les novices, qui étaient hébergées dans les maisons communes: les convents, et devaient travailler pour subvenir à leurs besoins; néanmoins, elles recevaient des aides pour lachat de nourriture et de bois de chauffage[note 6].

Cette hiérarchie déterminait lordre de préséance dans léglise. Lors des offices, les grandes-maîtresses prenaient place tout à lavant, suivies des maîtresses, des béguines propriétaires, puis des béguines sans fortune et des novices.

Histoire des béguinages de Flandre

Moyen Âge

Le mouvement béguinal ne naquit pas dans le Comté de Flandre, mais dans le diocèse de Liège, lorsquà la fin du XIIe siècle, des femmes mues par le même élan de dévotion se groupèrent autour dune figure charismatique, pour sorganiser et mener une activité communeà Liège dabord, autour de lhôpital Saint-Christophe, puis à Oignies, non loin de Namur, autour de la personne de Marie d'Oignies, à Huy, autour dYvette de Huy, et à Nivelles, autour dIda de Nivelles. Mais il ne sagissait encore que de communautés de béguines, non de véritables béguinages, que lon ne réussit pas à constituer de manière durable dans le diocèse de Liège excepté celui de Saint-Christophe à Liège même.

À la première floraison du béguinisme au XIIIe siècle succéda une période de déclin au XIVe siècle. Lépidémie de peste et le recul démographique quelle provoque, la Guerre de Cent Ans, aux effets délétères sur lactivité économique, en particulier sur lindustrie drapière en Flandre, le climat religieux, affecté par le schisme dOccident, et les toujours présentes suspicions dhérésie à lendroit des béguines, ravivées en Flandre par les accusations de Ruusbroec, expliquent ce déclin. Il ne sera fondé durant cette période quun seul nouveau béguinage, celui de Hoogstraten.

Le XVe siècle verra un temporaire rétablissement de lordre béguinal. Les béguinages, communautés auto-suffisantes ayant des revenus propres, sont désormais des institutions intégrées dans la société. Chaque béguine était censée subvenir à ses propres besoins, et les communautés de béguines, exonérées dimpôts[note 7], bénéficiaient de donations et de legs. Chaque béguinage était doté dune infirmerie, incarnation de lidéal apostolique de charité et de solidarité, sont prises en charge les béguines malades ou âgées.

Guerres de religion

Les guerres de religion du XVIe siècle furent très néfastes au béguinisme. Nombre de béguinages furent saccagés ou détruits: notamment le Grand Béguinage de Malines en 1578, et celui de Bruxelles lannée suivante.

Dans les Pays-Bas du nord, la diffusion de la Réforme signa quasiment larrêt de mort du béguinisme. Des béguinages du nord ne purent se maintenir que ceux de Bréda et dAmsterdam.

Restauration de lautorité catholique et Contre-réforme

Dans le sud, le mouvement cependant parvint à se redresser, dabord sous limpulsion de Nicolaas[note 8] van Essche, (1507-1578), originaire de Bois-le-Duc et devenu curé de béguinage dans la ville de Diest. Son action, qui prit valeur dexemple dans le reste de la Flandre, consista à édicter de nouveaux statuts, à restaurer le caractère clos de son béguinage et à limiter le commerce avec lextérieur, à rétablir une attitude spirituelle faite de dépouillement et de prière, et à généraliser un habit noir uniforme en remplacement de lhabit gris.

De grande importance furent également les réformes menées par Jean Hauchinus, archevêque de Malines à partir de 1583. Il rédigea un règlement uniforme, applicable dans tous les béguinages de son diocèse, et sera imité en cela par les autres évêques de Flandre. Ce règlement, en plus de préciser des normes et coutumes existantes, comportait quelques nouveautés, comme lobligation faite aux béguines de célébrer toutes les fêtes religieuses importantes[note 9], le devoir dobéissance à la direction du béguinage, et linstauration dun contrôle régulier de chaque béguinage par lévêque ou son représentant.

La Contre-réforme est une période faste pour le béguinisme. Le nouvel essor de la religiosité entraîne une forte augmentation des donations et des adhésions : au Grand Béguinage de Louvain, le nombre de béguines passa du simple au quadruple, pour atteindre 200 personnes. On estimé à cinq pourcent la proportion de femmes qui au milieu du XVIIe siècle avaient adopté le béguinat. Il sensuivit une fébrile activité de construction, les habitations en torchis faisant place à des maisons de pierre, les églises gothiques des béguinages se dotant dornements baroques, et plusieurs béguinages sagrandissant dune parcelle ou ajoutant une rue à leur périmètre. La plupart des maisonnettes de béguines visibles aujourdhui datent de cette époque.

Époque autrichienne

Lépoque autrichienne, ainsi quil est convenu dappeler la période de domination des Habsbourg dans les Pays-Bas du sud entre 1713 et 1794, fut peu propice aux béguines. La propagation des idées des Lumières entraîna une baisse des adhésions et, par conséquent, des donations de la part de béguines fortunées. De surcroît, limpératrice Marie-Thérèse décida de lever un impôt extraordinaire sur les biens de lÉglise, ce qui acheva de ruiner nombre de béguinages, qui furent contraints de louer des immeubles devenus vacants à des non religieux.

La suppression de plusieurs couvents, ordonnée sous Joseph II, profita en retour aux béguinages: les religieuses chassées, contraintes de se reloger ailleurs, vinrent accroître les effectifs de béguines.

Régime français

La victoire de Fleurus en 1794 permit aux républicains français détendre leur domination sur les Pays-Bas autrichiens. En 1795, tous les ordres monastiques furent abolis et la prise en charge des indigents et malades fut confiée aux Commissions des Hospices civils placées sous lautorité communale. En ce qui concerne les béguinages pouvaient alors se produire deux cas de figure: soit le béguinage était considéré comme une communauté religieuse, et il sera donc aboli et ses biens immeubles vendus publiquement; soit il était considéré comme une communauté caritative, composée de femmes menant une vie pieuse certes, mais laïques, et le béguinage pouvait continuer son existence, moyennant il est vrai cession des droits de propriété à la Commission des Hospices civils. Jusquà la prise de pouvoir par Bonaparte, si certains béguinages purent être rachetés par les béguines par le truchement dhommes de paille, des dizaines dautres disparurent durant cette période.

Avec lavènement de Bonaparte, les églises furent rendues au culte, mais les biens confisqués ne furent pas restitués pour autant. Certains béguinages, comme celui de Bruxelles, périclitèrent définitivement, dautres, comme celui dAnvers, furent sévèrement entamés. Souvent, des institutions sociales, telles quorphelinats, hospices pour vieillards etc., étaient installées à demeure dans leurs infirmeries.

Régime hollandais

Après 1815, il ne se produisit guère de changement dans la situation des béguinages en Flandre. Le fait que les Commissions des Hospices civils, dont les droits de propriété furent du reste confirmés, devaient sopposer au recrutement de béguines dans leurs rangs, eut pour effet den diminuer encore le nombre; par cette disposition, le béguinat allait être désormais réservé aux seules femmes nanties.

État belge

Après lindépendance belge (1830), et dans les décennies qui suivirent, les béguinages, comme les autres communautés religieuses, firent les frais de lopposition entre catholiques et libéraux. Ce fut le cas notamment à Gand, , en 1874, la municipalité libérale entendit supprimer le béguinage dans le centre de la ville pour le réaménager en logements pour nécessiteux. En réaction, un mécène catholique fit construire en dehors de la ville un béguinage neuf, de style néogothique, selon des plans de larchitecte Jean-Baptiste Béthune.

Un dernier sursaut eut lieu au milieu du XIXe siècle sous leffet du renouveau catholique animé principalement par larchevêque de Malines Engelbert Sterckx (1792 - 1867). Celui-ci réorganisa complètement l'archidiocèse, en créant des écoles, des collèges, des petits séminaires, et en œuvrant à constituer un clergé de bonne formation et loyal. Ce clergé sappliqua aussi à prêcher dans les béguinages, y suscitant une nouvelle ferveur religieuse et rehaussant le niveau spirituel des béguines, ce qui eut une répercussion positive sur les effectifs. Le culte marial, quavait ranimé la proclamation en 1854 du dogme de limmaculée conception et les apparitions de Lourdes, atteignit aussi les béguinages et conduisit certains à ériger des grottes artificielles au-dedans de leurs murs, qui devinrent des buts de pèlerinage.

Époque contemporaine

Béguinage de Courtrai.

Au XXe siècle, la perte progressive dinfluence et dautorité de lÉglise catholique, associée à lémancipation de la femme qui désormais a accès à toutes les professions, entraîne le déclin du béguinisme en Flandre. Si les béguinages flamands hébergeaient encore 1.500 béguines au début du siècle, il nen restait plus guère que 500 en 1960, puis une cinquantaine au début des années 1980. Après la guerre, il restait douze béguinages actifs en Flandre, et deux aux Pays-Bas. En 2004 ne subsistaient plus en Flandre que 5 béguines actives, à Courtrai et à Gand ; en 2008, lavant-dernière béguine décéda à Gand, à lâge de 99 ans, et la toute dernière vit à Courtrai dans un hospice.

Sur les quatre-vingts béguinages environ que comptait jadis la Flandre, vingt-cinq environ ont été conservés et, devenus vacants par la disparition des béguines, ont reçu, après restauration, dautres destinations, comme musée [note 10], centre culturel (Hasselt), cité estudiantine (Louvain), ou ensemble de logements pour personnes âgées (Diest).

Urbanisme et typologie

Béguinage de Termonde, exemple type de béguinage à cour : maisonnettes disposées autour d'une vaste cour intérieure arborée.

Comme il a été noté ci-haut, les béguinages de Flandre constituent de petites villes en miniature, qui ne se sont pas développées organiquement, comme les villes ordinaires, mais furent créées dun seul mouvement, en tant quensemble, à un moment précis. Presque tous se trouvaient, à lheure de leur fondation dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, un peu en dehors de lenceinte des villes médiévales ; cependant, suite au développement et à lexpansion que connurent la plupart de ces villes dans les siècles suivants, certains béguinages vinrent alors à se retrouver de nouveau intra-muros, comme ce sera le cas des béguinages de Bruges, Gand (le Grand et le Petit), Louvain (idem), Lierre, Hasselt, Diest, Bruxelles, Termonde, Malines (Petit Béguinage) et Tirlemont. Quelques-uns toutefois furent construits demblée au-dedans de lenceinte (Dixmude, Courtrai, Alost et Tongres), tandis que dautres ont toujours été situés extra-muros : Aarschot, Saint-Trond, et aussi les premiers béguinages de Malines et dAnvers, avant leur destructionle premier pendant les guerres de religion, le second lors dune péripétie guerrière en 1542et leur subséquente reconstruction à lintérieur de lenceinte. Enfin, dans les villes ouvertes, telles que Turnhout et Herentals, le béguinage tendait à sétablir à une des extrémités du noyau urbain. Souvent, la proximité dune voie navigable, cours deau ou canal, fut recherché, comme à Bruges, Louvain (Petit et Grand), Bruxelles, Tirlement, Diest, Lierre et Alost, ce qui ajoute à leur caractère pittoresque.

Les béguinages, ensembles planifiés, présentent un plan au sol ordonné et régulier ; quand des irrégularités existent, ce sont les contraintes de leur emplacement qui les ont été déterminées. Tels quels, les béguinages peuvent se ramener à deux configurations de base, selon la façon dont sont agencées les habitations des béguines et autres immeubles.

Dans le premier type, les maisonnettes sont disposées autour dune cour (parfois de deux), plus ou moins grande, souvent arborée et herbue, appelée dries (prononcer driss) ; ce sont les béguinages à cour (ou à plaine, néerl. pleinbegijnhof). Au centre du dries, qui est de forme vaguement triangulaire (Termonde, Dixmude, Herentals, Aarschot) ou rectangulaire (Saint-Trond, Turnhout, Alost, Hoogstraten) ou prend la forme dun L comme à Bruges, se dresse léglise, elle-même généralement entourée dune clôture délimitant un cimetière. Larchétype en pourrait être le biestdorp, phénomène assez caractéristique des terroirs flamand et brabançon, noyau de peuplement les habitations tendent à saligner le long dune route ou autour dune prairie commune. Lexemple classique de ce type de béguinage est celui de Termonde : les maisonnettes bordent toutes une vaste place herbue triangulaire, dont léglise occupe le centre. Appartiennent également à ce type les béguinages de Hoogstraten, Turnhout, Herentals, Hasselt (cas unique de béguinage baroque, agencé autour dune place carrée), Aarschot, Dixmude. Celui de Hoogstraten, singulièrement, possède deux places ; à Audenarde, le dries se limite à une petite cour intérieure pavée.

Les béguinages du deuxième type consistent, à limage dautres cités médiévales concertées, en un réseau de rues parallèles se croisant à angle droit, déterminant des parcelles rectangulaires, dont une, laissée dégagée, sert de placette ou de cimetière, et au milieu de laquelle se dresse léglise ; ce sont les béguinages à rues (néerl. stratenbegijnhof) ou villes-béguinages (stadsbegijnhof). Peuvent être rattachés à ce type les béguinages de Lierre, Malines (Grand Béguinage), Tongres, Diest, et les deux béguinages de Louvain, en particulier le Grand Béguinage, qui en est sans doute la représentation la plus parfaite. Le Petit Béguinage de Malines se réduit à quelques ruelles, celui de Louvain à une seule rue.

Enfin, un troisième type, mixte, réunit les caractéristiques des deux précédents, dordinaire par suite de lextension dun béguinage à cour. Cest le cas dAnvers, le béguinage, construit après 1500 sur le modèle médiéval, sagrandit par lacquisition, vers 1650, dune terrain adjacent, sur lequel une ruelle fut ensuite aménagée. On trouve des béguinages de type mixte à Alost, Audenarde, Gand (les trois béguinages, y compris donc celui de Mont-Saint-Amand, daté de 1880, mais sinspirant de la conception médiévale), Bruges et Courtrai.

Architecture

Si les béguinages ont presque partout gardé leur plan médiéval dorigine, ils nont gardé que dans quelques rares cas leur église primitive, et il ne subsiste rien, ou peu sen faut, des autres constructions (bâtiments conventuels, maisonnettes, infirmeries, chapelles) érigées au Moyen Âge. Les habitations des béguines, qui façonnent pour une large part laspect caractéristique et pittoresque des béguinages de Flandre, datent en général du XVIIe siècle.

Église et chapelles

En ce qui concerne les églisesdans la plupart des cas lédifice incontestablement le plus éminent du béguinage ―, deux grands groupes peuvent schématiquement être distingués : dune part, celles édifiées avant les guerres de religion, c'est-à-dire au Moyen Âge, et dautre part, celles édifiées lors de la contre-réforme, à lépoque baroque, et, dans une moindre mesure, dans les siècles ultérieurs.

Période médiévale

Léglise de béguinage la plus ancienne, et le prototype des églises de béguinage gothiques, est celle construite aux alentours de 1240 à Liège, aujourd'hui église paroissiale placée sous le vocable de saint Christophe. Cet édifice, de style gothique précoce conservant quelques réminiscences romanes, à plan basilical, assez vaste mais de faible hauteur, servit ensuite de modèle aux églises de béguinage de plusieurs villes flamandes ayant autrefois appartenu à la principauté de Liège. En lespèce, cette église comprend : une nef de huit travées, flanquée de nefs collatérales plus basses, et dotée de fenêtres hautes de forme circulaire ; un transept, aux bras de plan carré, plus bas que la nef centrale ; un chœur, également de plan carré, clos par un mur plat, et dégale hauteur à la nef centrale ; un clocheton sur faîtage, posé en quelque endroit de la toiture, en labsence caractéristique de tout clocher occidental en maçonnerie. Les vaisseaux, le transept et le chœur sont couverts de berceaux en bois ; les arcs formerets, plein-cintre, non profilés, reposent sur des colonnes rondes se terminant par des chapiteaux à volutes ; les baies, hormis les fenêtres-hautes, sont à arc brisé et géminées. Le clocheton de faîtage sera une caractéristique universelle de toutes les églises de béguinage de facture médiévale, y compris en dehors du Limbourg flamand. Les églises situées dans cette dernière province correspondent toutes au prototype liégeois, à quelques différences près : léglise de Tongres, aujourd'hui église des Franciscains, construite vers 1300 (mais avec un chœur plus bas que la nef, et des voûtes en pierre et des fenêtres-hautes ogivales dues à un remaniement effectué dès le début du XIVe ; pour le reste, remaniée à nouveau au début du XVIIIe) ; celle de Tirlemont, datée des environs de 1250 (mais chœur de deux travées se fermant par une abside à cinq pans) ; celle de Saint-Trond, érigée vers 1260, très semblable à la précédente ; celle de Louvain, classée également dans le groupe liégeois, commencée en 1305 (mais de plan strictement rectangulaire, privée de transept, avec une remarquable baie dans la paroi de fermeture du chœur, renvoyant au gothique brabançon tardif) ; enfin, celle de Diest, de la première moitié du XIVe (mais de forme pseudo-basilicale, c'est-à-dire ayant une nef centrale dépourvue de fenêtres-hautes, et un chœur clos par une paroi polygonale).

Ailleurs en Flandre, les églises de béguinage dorigine médiévale présentent un intérêt moindre, et ne sont guère plus que de grosses chapelles : Turnhout (léglise primitive), Termonde (idem, la chapelle actuelle date de lentre-deux-guerres), Dixmude, et Anvers (celle, démolie, de 1532, lactuelle datant du XIXe siècle). Lancienne église du béguinage de Malines, de la seconde moitié du XIIIe, détruite en 1578, comportait, fait exceptionnel, une solide tour occidentale en maçonnerie. Dautres églises de lépoque médiévale ont subi des transformations qui ont peu laissé de leur aspect originel : léglise du Grand Béguinage de Gand (aujourd'hui église paroissiale Sainte-Élisabeth) na gardé de lédifice primitif, lequel remonte probablement à la deuxième moitié du XIIIe siècle, que les arcs formerets et leurs colonnes, le reste résultant pour la plus grande part dun remaniement de 1638 ; léglise du béguinage de Bruges, édifiée dans la deuxième moitié du XIIIe, à lorigine une basilique de seulement trois travées de nef et deux de chœur, a été transformée au XVIIIe en une pseudo-basilique.

En résumé, léglise de béguinage médiévale représente, dans les Pays-Bas du Sud, un type bien particulier dédifice gothique, se caractérisant par 1) des dimensions relativement importantes, 2) le fait quelle ne possède, en fait de clocher, quun simple clocheton de faîtage, disposé en quelque point de la toiture de la nef, en général à la hauteur de la croisée, cela en labsence dun clocher maçonné, 3) une nef assez longue, généralement de six travées au moins, 4) la présence quasi universelle de nefs collatérales, plus basses que la nef centrale, 5) un chœur dégale hauteur à le nef centrale, souvent de plan carré (c'est-à-dire de peu de profondeur) et fermé la plupart du temps par un mur plat, ou parfois par une abside polygonale, 6) un transept soit absent, soit, le plus souvent, présent, mais dune taille moins proéminente, de hauteur inférieure à la nef, et aux bras relativement courts, 7) un éclairage direct de la nef centrale par la voie de fenêtres-hautes, de hauteur cependant assez réduite, et par 8) une couverture intérieure en berceau de charpente. Labsence de clocher est un trait que les églises de béguinage partagent avec les églises dautres ordres de religieuses et celles des ordres mendiants, tandis que lordonnance générale, avec la nef assez allongée et le chœur peu profond, rappelle les églises cisterciennes. Avec ces dernières, les églises de béguinage présentent, outre la substitution dun clocher de faîtage au clocher en dur, un autre point commun encore, savoir que les deux ne devaient servir quaux seuls membres de la communauté religieuse respective, les profanes ny étant pas admis. Telles quelles, les églises de béguinage étaient certes vastes, mais dépourvues de tout caractère monumental, se signalant davantage par leur intimité et leur pittoresque.

Époque baroque

Église Saint-Jean-Baptiste de Bruxelles.

À la différence de léglise de béguinage médiévale, celle de facture baroque ne présente pas une singularité aussi marquée, et se ne différencie guère des églises de Jésuites ou de celles des ordres mendiants conçus à la même époque en Flandre. Elles partagent avec les édifices jésuitiquesoutre le plan au sol basilical, strictement longitudinal, à trois vaisseauxle fait que le chœur se limite à une seule travée, fermée dun paroi de clôture, voire, comme à Malines et Turnhout, à la seule abside. Dun parti pris assez monumental, et se permettant parfois un haut clocher [note 11], elles ont renoncé au caractère intimiste de leurs sœurs du Moyen Âge.

La période de reconstruction et de restauration qui succède aux destructions des guerres de religion, et qui correspond à la contre-réforme, voit certes lhégémonie du style baroque, mais il y a lieu de souligner que maints travaux de réparation, voire de construction neuve, effectués sur des édifices déglise, saccomplissent encore dans le style gothique au cours des premières décennies du XVIIe siècle, et même au-delà. Ainsi, non seulement la reconstruction de léglise du béguinage de Herentals, en 1614, se fit-elle dans le style gothique, mais encore selon la structure traditionnelle de léglise de béguinage médiévale, en gardant même, à lintérieur, les berceaux de charpente.

Possèdent une église baroque les béguinages de Malines, Bruxelles, Gand (Petit Béguinage, et aussi Grand Béguinage, déjà évoqué ci-haut, dans la mesure cette église médiévale a été fortement remaniée dans un sens baroque), Hoogstraten, Lierre, Turnhout et Hasselt. Léglise de béguinage malinoise, commencée en 1629, est un édifice dassez grande envergure, de plan basilical sans transept, comportant six travées et un chœur réduit à une abside semicirculaire. Les nefs, qui reposent sur des piliers plutôt que sur les habituelles colonnes, sont recouvertes de voûtes darêtes, caractéristiques du baroque flamand. La façade occidentale, à trois niveaux, se signale davantage par les effets de relief des moulurations, pilastres, frontons etc. que par une profusion déléments décoratifs. Une niche pratiquée au sommet de la façade contient une sculpture « Dieu le Père », de Luc Fayd'herbe, lequel pourrait avoir dirigé les travaux dans la phase finale de la construction. Pour le reste, léglise est louvrage de larchitecte bruxellois Jacques Francart[note 12], assisté par Pieter Huyssens.

Église du béguinage de Lierre.

Léglise bruxelloise, aujourd'hui église paroissiale Saint-Jean-Baptiste-au-Béguinage, mais mieux connue sous la dénomination déglise du Béguinage, commencée en 1657, possède un plan au sol en forme de croix latine, comportant une nef de six travées, flanquée de collatéraux de hauteur sensiblement plus réduite que la nef centrale mais de largeur égale, dun transept, dun chœur dune seule travée fermé dune abside polygonale, et, se dressant derrière le chevet, dun clocher hexagonal, empreint de verticalisme gothique, mais demeuré inachevé. Lordonnance intérieure est celle ordinaire de léglise baroque flamande, mais dune décoration plus profuse et sen démarquant par certains éléments tels que les voûtes à nervures en étoile et le traitement inusuel des colonnes doriques. Peu habituel est également le fait que les nefs collatérales sont chacune couvertes séparément dune toiture à bâtière, et donc présentent chacune un pignon à part dans la façade occidentale. Lédifice est de paternité incertaine, mais généralement attribué à Luc Faydherbe.

Les églises des béguinages de Gand (Petit Béguinage), Hoogstraten et Lierre, fortement apparentées (surtout celles de Hoogstraten et Lierre, la deuxième ayant servi de modèle à la première), peuvent être traitées ensemble. Ce sont chacune des basiliques de taille assez considérable, sans transept, comprenant une nef de six travées à Lierre , de cinq à Hoogstraten ou de huit à Gand, se terminant par un chœur dune seule travée clos par une abside semicirculaire comme à Lierre et Hoogstraten, ou polygonale à Gand. Les trois édifices reposent sur des colonnes doriques bombées. Les façades sont de conception très semblable, avec trois travées à la base, et une travée au deuxième niveau, sommée dun couronnement. Le clocheton est dans le prolongement du mur de façade à Lierre, sur le faîte au niveau de lamorce du chœur à Hoogstraten, et hors-œuvre, derrière le chevet, à Gand.

Léglise du béguinage de Turnhout apparaît, en comparaison, dallure assez rustique. Quoique construite en 1665, elle adopte encore des traits gothiques : baies ogivales géminées de la nef et du chœur, baies plein-cintre mais très allongées et géminées dans la façade principale. Celle-ci illustre bien le caractère hybride de lédifice : baies et contreforts dallure gothique, mais montants chantournés du pignon, fronton et volutes désignant la facture baroque.

Léglise du Grand Béguinage de Gand, dont laspect actuel est largement à une transformation de 1637, apparaît très peu empreinte de baroque. La façade, qui clôt à louest la nef à trois vaisseaux, est daspect fort sobre et ne comporte que quelques ornements renvoyant au baroque. La façade est en outre cantonnée de tourelles descalier, réminiscence du style gothique local.

Périodes ultérieures

Béguine à Bruges en 2009

À lépoque classique, plus exactement dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, sont édifiées les églises de Hasselt et dAlost. Celle de Hasselt, de dimensions modestes et de facture sobre, construite en 1754, nest guère plus quune grosse chapelle à vaisseau unique. Celle dAlost, commencée en 1783, de faible taille également, est une église-halle de cinq travées, sappuyant sur des colonnes doriques ; fait rare, elle est dotée dun solide clocher occidental.

Le dernière en date des églises de béguinage est celle de Mont-Saint-Amand, dans la lointaine banlieue est de Gand, le plus récent des trois béguinages que compte cette ville. Elle fut édifiée en 1872, dans le style néo-gothique, daprès des plans fournis par Jean-Baptiste Bethune, qui prit pour modèle léglise du béguinage de Louvain.

Chapelles

La plupart des béguinages recèlent une ou plusieurs chapelles de taille diverse. De peu dintérêt au plan architectural, elles ajoutent cependant au caractère pittoresque des béguinages.

Autres édifices

Maisonnettes

Maisons de béguines à Aarschot.

Les maisonnettes de brique, souvent à lucarne, qui servaient dhabitation particulière aux béguines et font le charme des béguinages de Flandre, datent, dans la plupart des béguinages, du XVIIe siècle, c'est-à-dire de la contre-réforme, période de renouveau du mouvement béguinal ; dans ceux de Hasselt, Dixmude, Courtrai et Saint-Trond, elles remontent aussi en partie au XVIIIe. Il ne subsiste quasiment plus aucune maison datant davant cette période. Le style architectural de ces maisons de béguine nest autre que le style local ordinaire, au demeurant encore largement tributaire du style gothique, ce qui explique en grande partie l'allure à la fois médiévale et régionale des béguinages de Flandre. Larchitecture sera donc mosane à Tongres et Saint-Trond, brabançonne à Louvain, Diest, Aarschot, Herentals, Malines, Termonde, Anvers, Alost, et même Gand, brugeoise à Bruges, ouest-flamande à Ypres, et imprégnée de lesprit campinois à Turnhout et Hoogstraten. À lencontre de ce qui est dusage ailleurs en ville au XVIIe siècle en matière de construction résidentielle, laquelle privilégie les alignements de façades à pignon, les maisons de béguines sont disposées en rangées de murs gouttereaux. Dans certains béguinages, les maisons sont pourvues, côté rue ou côté dries, dun jardinet bordé dun mur aveugle ; celui-ci se rehausse un peu il est percé de portes, lesquelles vont parfois par deux, et sont souvent couronnées dune niche à statuette. En règle générale, ces maisons sont dotées dun étage. Dans quelques cas, des alignements entiers ou des rues entières furent construites en ensembles concertés, comme à Lierre (la rue nommée Grachtkant), le Soldatenkwartier à Louvain, et une grande partie du béguinage dAarschot. Celui de Hasselt fut créé en un seul mouvement en 1708. Le cas de Mont-Saint-Amand est singulier : le béguinage dans sa totalité fut créé de toutes pièces en 1872, dans un style néo-gothique teinté de style régional brugeois, selon des plans dArthur Verhaegen.

Convents et autres constructions

Les béguines qui ne souhaitaient pas ou ne pouvaient pas soffrir une maison privative trouvaient à se loger dans des immeubles collectifs appelés convents. Ceux-ci, bien que plus vastes, et présentant parfois une façade richement ornée de cartouches, niches et pierres de parement, offrent un style architectural similaire aux maisonnettes ordinaires. Certains sont dotés dune chapelle.

La grande-maîtresse occupait une maison à part, la groothuis (litt. maison-grande). Beaucoup de béguinages avaient leur hôpital, appelé infirmerie, muni de son propre oratoire ou de sa propre chapelle.

Portail dentrée

Portail d'entrée du béguinage d'Audenarde.

Le portail dentrée, qui, au Moyen Âge, nétait guère plus quun passage sous arche, se voulait, à lépoque baroque, plus représentatif. Des porteries ou des portails-tours voient le jour, tandis que la porte elle-même est ornée dun encadrement richement décoré, surmonté dune niche. Possèdent un portail particulièrement somptueux les béguinages de Gand (Grand Béguinage ; le portail toutefois a été transféré ensuite à lhôtel-Dieu de la Bilocque, aujourd'hui musée), de Diest, de Turnhout (de 1720, style classique), et de Lierre, le portail cependant se réduit à un riche encadrement de porte, sans porterie. Le portail de Bruges, fort simple à lorigine, daté du XVIIe, fut embelli de lactuelle façade ornementale en 1776.

Béguinisme et littérature flamande

Le mouvement béguinal a joué un rôle considérable dans le développement du mysticisme flamand au Moyen Âge et à la Renaissance, et également, dans la mesure certaines béguines ont consigné par écrit leur doctrine ou leurs expériences, dans les lettres flamandes. La riche littérature mystique qui sest développée dans la partie brabançonne des Pays-Bas dès avant 1250, est principalement lœuvre de béguines. Nous évoquerons ci-après les plus importantes, étant entendu que les femmes pieuses ayant appartenu à lorigine à une communauté de béguines, mais ayant ensuite, sous la pression des circonstances, adhéré à une congrégation cistercienne, seront considérées aussi comme des béguines.

Les plus anciens écrits mystiques connus, rédigés en langue néerlandaise, sont dus à Béatrice de Nazareth (1200-1268). Son nom lui vient de labbaye cistercienne Notre-Dame-de-Nazareth à Lierre, dont elle fut prieure et elle passa les dernières années de sa vie. Son père, bourgeois aisé de Tirlemont, était cofondateur de trois abbayes cisterciennes. Orpheline de mère, elle fut confiée par son père dès lâge de huit ans aux béguines de Léau, puis, à lâge de quinze ans, se fit religieuse et entra tour à tour dans les couvents de Bloemendaal près de Wavre, de Maagdendal près dOplinter en 1222, et enfin, à partir de 1236, au couvent de Nazareth nouvellement fondé à Lierre. Delle nous avons gardé, dune part, le Liber Vitae, une façon dautobiographie, ou de journal intime, originellement écrit en néerlandais, mais qui nest parvenu jusquà nous quà travers une adaptation latine, et qui comprend une série de visions et de traités ; ces visions, qui ne sont pas sans rappeler Hadewijch, la montrent rejoignant le chœur des séraphins, et, devenue elle-même esprit séraphin, contemplant la face de Dieu ; les traités, de nature souvent allégorique (les cinq miroirs du cœur, le cloître de lâme, etc), décrivent les qualités de la vie spirituelle, soulignant que les dons nobles (entendement, générosité, dignité etc.) qui nous été donnés par la nature ne doivent pas être oblitérés mais au contraire exaltés, élevés et perfectionnés dans la sainteté ; et dautre part un sermon intitulé Seven manieren van heiligher Minnen (Sept degrés du Saint Amour), le plus ancien texte spirituel connu en langue néerlandaise, qui représente une tentative de décrire en paroles lascension de lâme, par sept étapes ou de sept manières, vers lAmour suprême, et qui en cela annonce la doctrine mystique de Hadewijch (« Ainsi quune jeune femme qui sert son Seigneur par grand amour et sans salaire, et pour qui il est assez quelle soit admise à servir et quIl tolère quelle Le serve, de la même façon lâme aspire à servir lAmour avec amour, sans mesure et avec démesure et par-delà lentendement et lhumaine raison, sous lentier service de fidélité. »)

Une des initiatrices du mysticisme chrétien en occident, et une des grandes figures de la littérature médiévale flamande, Hadewijch (12201260), fut vraisemblement une béguine. On sait fort peu delle, sinon quelle naquit probablement à Anvers, quelle fut sans doute issue dune famille noble, comme semble lattester sa vaste culture littéraire et intellectuelle, quelle sadonna très tôt à lAmour mystique, quelle sentoura de femmes pieuses avec lesquelles elle constitua une communauté vouée au service des malades dun hôtel-dieu ainsi quau mysticisme, et quelle séjourna à Nivelles. Très probablement, elle ne vécut pas dans un béguinage clos, mais vécut à part de la cité, sous quelque règle ou quelque direction, au sein dune petite congrégation, avec laquelle cependant elle paraît sêtre brouillée. Sexprimant en langue néerlandaise, elle laisse une œuvre écrite peu abondante, laquelle comprend des poésies (45 poèmes lyriques et 16 poèmes plus didactiques, de longueur variable, daccès difficile, mais dune grande beauté formelle), de la prose (14 Visions, sachevant par une énumération de Parfaits), et enfin une correspondance, ensemble de lettres sur des sujets liés à lascétisme et au mysticisme, dont certaines sont de véritables essais théoriques. Elle jeta ainsi les fondements du mysticisme flamand, qui culminera un siècle plus tard avec la figure de Ruusbroec.

En 1535 parut de la main dune femme pieuse restée anonyme (Virgo Anonyma), mais que lon suppose être une béguine du béguinage dOisterwijk près de Tilburg, dans les actuels Pays-Bas, un ouvrage de mysticisme intitulé Die Evangelische Peerle (la Perle évangélique), qui fut largement diffusé (une traduction latine en fut éditée par Esschius), et eut une influence considérable. La traduction française, parue en 1602, influença le cardinal de Bérulle, initiateur en France dune spiritualité mystique spécifique.

Il est advenu occasionnellement que lun ou lautre béguinage de Flandre servît de théâtre daction ou décor dans une œuvre littéraire flamande. Ainsi, cest dans le béguinage de Lierre que lécrivain lierrois Felix Timmermans situe laction de son De zeer schone uren van juffrouw Symforosa, Begijntjen, court récit la spiritualité béguine est réorientée dans un sens qui est particulier à cet écrivain. Lintrigue, dapparence assez anodine, met en scène une jeune béguine qui séprend dun jeune homme, lequel cependant se destine à la vie monacale et semble tout à fait incapable de répondre aux sentiments de mademoiselle Symphorose. Mais, ayant aperçu un jour le jeune homme heureux et épanoui dans son monastère, elle sapplique, et parvient, à transcender son amour humain et à le sublimer en une sorte de charité diffuse et à transmuter sa déception en une joie intérieure. Contrairement aux béguines mystiques, elle ne cherche pas à se fondre dans une essence divine extérieure au monde ou abstraite, mais plutôt à sengloutir dans lharmonie universelle de la nature ; on retrouve le panthéisme si invariablement présent dans toute lœuvre de Timmermans, chaque créature glorifie et reflète le Créateur ; à lélévation mystique de lâme s'est ici substituée son expansion horizontale. Un même parti-pris de naïveté populaire, mais plus marqué encore, se retrouve dans son recueil de contes fantastiques intitulé Begijnhofsproken (litt. Contes de béguinage), de 1912, donc de quelques années antérieur au précédent. Largument de ces sept contes est invariablement fourni par lopposition entre quelque vice de la respective béguine protagoniste (orgueil, cupidité, attachement aux choses matérielles, voireindirectementluxure, etc.) et les vertus béguines, qui sont celles, franciscaines, dhumilité, dindigence et de détachement. La candeur apparente, qui peut sembler confiner çà et à la mièvrerie, et le langage populaire de ces contes, dépeignant au quotidien ce monde confiné que constitue le béguinage, peinent parfois à réprimer une impression de touffeur, lorsque le récit fait affleurer des rivalités mesquines ou donne à voir une piété routinière par trop puérile ; on est loin du mysticisme sophistiqué de Hadewijch ou de Béatrice de Nazareth, même si une élévation au ciel, mobilisant toute la doucereuse imagerie traditionnelle, et dans laquelle on peut voir une expérience mystique assez sommaire, se produit dans le septième conte.

Patrimoine mondial

En 1998, treize béguinages de Flandre ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Les trois critères suivants ont justifié leur inscription sur cette liste :

  • spécificités architecturales religieuses et traditionnelles, et planification urbaine et rurale typiques de Flandre ;
  • témoignage exceptionnel de la tradition des femmes religieuses indépendantes en Europe du nord-ouest au Moyen Âge ;
  • ensemble architectural exceptionnel associé à un mouvement religieux caractéristique du Moyen Âge associant valeurs séculières et monastiques.
Identifiant
UNESCO
Nom Situation Coordonnées Superficie
855-001 Béguinage de Hoogstraten Hoogstraten, Anvers 51° 24′ 12″ N 4° 45′ 50″ E / 51.40331667, 4.7638 (Béguinage de Hoogstraten) 1,7 ha
855-002 Béguinage de Lierre Lierre, Anvers 51° 07′ 42″ N 4° 34′ 06″ E / 51.12835278, 4.568263889 (Béguinage de Lierre) 3,4 ha
855-003 Grand béguinage de Malines Malines, Anvers 51° 01′ 54″ N 4° 28′ 26″ E / 51.03165, 4.473927778 (Grand Béguinage de Malines) 5,4 ha
855-004 Béguinage de Turnhout Turnhout, Anvers 51° 19′ 36″ N 4° 56′ 35″ E / 51.32661111, 4.943111111 (Béguinage de Turnhout) 1,5 ha
855-005 Béguinage de Saint-Trond Saint-Trond, Limbourg 50° 49′ 16″ N 5° 11′ 35″ E / 50.82116667, 5.193027778 (Béguinage de Saint-Trond) 22,8 ha
855-006 Béguinage de Tongres Tongres, Limbourg 50° 46′ 44″ N 5° 28′ 09″ E / 50.77897222, 5.469138889 (Béguinage de Tongres) 2,5 ha
855-007 Béguinage de Termonde Termonde, Flandre-Orientale 51° 01′ 38″ N 4° 05′ 49″ E / 51.02725, 4.096972222 (Béguinage de Termonde) 2,5 ha
855-008 Petit béguinage de Gand Gand, Flandre-Orientale 51° 02′ 46″ N 3° 44′ 10″ E / 51.04613889, 3.736083333 (Petit Béguinage de Gand) 4,5 ha
855-009 Béguinage de Mont-Saint-Amand-lez-Gand Mont-Saint-Amand-lez-Gand, Flandre-Orientale 51° 03′ 24″ N 3° 44′ 50″ E / 51.05677778, 3.747361111 (Béguinage de Mont-Saint-Amand-lez-Gand) 5,7 ha
855-010 Béguinage de Diest Diest, Brabant flamand 50° 59′ 16″ N 5° 03′ 42″ E / 50.98780833, 5.061575 (Béguinage de Diest) 4,5 ha
855-011 Grand béguinage de Louvain Louvain, Brabant flamand 50° 52′ 19″ N 4° 41′ 50″ E / 50.87192222, 4.697361111 (Grand Béguinage de Louvain) 4,2 ha
855-012 Béguinage de Bruges Bruges, Flandre-Occidentale 51° 12′ 04″ N 3° 13′ 21″ E / 51.20122222, 3.222555556 (Béguinage de Bruges) 0,55 ha
855-013 Béguinage de Courtrai Courtrai, Flandre-Occidentale 50° 49′ 42″ N 3° 16′ 04″ E / 50.82833889, 3.267772222 (Béguinage de Courtrai) 0,7 ha
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Localisation des béguinages inscrits sur la liste du patrimoine mondial.

Liste des béguinages flamands

Par province

Par ordre alphabétique, avec brève description

Aarschot
Fondé en 1259, grâce notamment à une donation de terrains par le duc Henri III de Brabant, le béguinage dAarschot, qui répond à un plan centré autour dune place trapézoïdale, atteignit assez rapidement une certaine prospérité, possédant même quelques métairies dans les villages avoisinants. Plusieurs coups du sort le frappèrent, en part. lincendie de 1543, et la destruction de la ville en 1578, sous Charles le Téméraire, laquelle népargna pas le béguinage ; celui-ci put cependant se rétablir, et même sétendre, dans la première moitié du XVIIe siècle. Cette expansion, qui se poursuivit tout au long du XVIIIe, lui faisant atteindre des effectifs dune centaine de béguines, fut stoppée par larrivée des républicains français, qui abolirent le béguinage en 1797. Après le décès de la dernière béguine en 1856, le béguinage perdit définitivement sa destination religieuse et devint la proie des projets urbanistiques de la municipalité, qui le transforma en logements et le fit percer de part en part, en sacrifiant léglise du début XVIIe et le portail dentrée, par une large avenue pour relier au centre-ville la gare nouvellement construite ; de même, une rangée de maisonnettes bordant le côté nord fut démolie. En 1944, ce qui restait alors du béguinage fut entièrement détruit par un bombardement visant la gare, mais le côté est et sud furent reconstruits à lidentique, hormis le chaulage. Les maisons de la face ouest, en style traditionnel, qui datent du XVIIe et forment la partie la plus pittoresque de ce site fortement amputé, furent restaurées en 2000.

Alost
Il subsiste peu de ce béguinage qui, fondé extra-muros en 1260, compta jusquà 200 béguines au milieu du XVIe siècle. Très endommagé par les protestants lors des guerres de religion, il se rétablit dans le siècle suivant, et prospéra encore au XVIIIe siècle, à telle enseigne quune nouvelle église fut édifiée en 1786. À la période révolutionnaire, qui la vit mettre sous la tutelle de la Commission des Hospices civils, succéda une nouvelle phase dexpansion, le nombre de béguines augmenta jusquà 80. Le béguinage se maintint quelque temps, grâce au mécénat du pieux baron Della Faille, avant dêtre cédé à une congrégation religieuse gantoise. En 1952, le site entra en possession dune société de logements sociaux, laquelle, pour construire du neuf, démolit la quasi-totalité des maisons de béguine. De lancien béguinage, on a gardé seulement : la grandmaison, de style néo-Renaissance flamande, datée de 1787 ; une chapelle, au milieu du dries, datée de 1872, construite sur la tombe de Johanna Dedemaecker, très austère béguine du XVIIe, à qui étaient attribuées des guérisons miraculeuses ; léglise, de style néo-classique, commencée en 1786 ; une portion du mur de clôture construit à linitiative de Della Faille ; deux maisonnettes de béguine, seules préservées ; dautre part, le plan initial du béguinage a été maintenu.

Anderlecht
Ce béguinage est le seul à subsister dans lagglomération bruxelloise (du Grand Béguinage, rasé au XIXe siècle, ne reste que léglise, et le Petit Béguinage fut sacrifié au XVIIIe). Fondé en 1252, il est resté de taille très modeste, et na jamais compté plus de 8 béguines, généralement dextraction pauvre, et logées dans des maisons communes (et non dans des maisonnettes individuelles). Le béguinage neut pas déglise ou de chapelle propre, mais était tributaire de la collégiale Saint-Pierre-et-Saint-Guidon toute proche. Le site consiste en deux bâtiments disposés de part et dautre dune petite cour intérieure ; lun des deux est un convent (maison commune) et date en partie du XIIIe ; lautre fut construit, dans le même style traditionnel, en 1756, après que le bâtiment antérieur eut été détruit par un incendie, et hébergeait la granddame. Bien que le béguinage eût été attribué aux Hospices civils par le pouvoir républicain français, les béguines étaient autorisées à continuer à y séjourner moyennant paiement dun loyer. À la suite de lextinction des béguines anderlechtoises au XIXe, le site servit à loger des femmes âgées, puis, après acquisition par la commune, le musée du Folklore.

Anvers
Le premier béguinage anversois fut fondé en 1240, sur un emplacement situé alors extra-muros. Il connut une longue période de prospérité, jusquau moment , en 1540, la municipalité anversoise décida de lincendier pour empêcher quil ne servît de point dappui à des troupes ennemies. Le béguinage fut reconstruit, cette fois en dedans des murs, sur le site actuel. Sous le régime calviniste, institué en 1576, les béguines furent sommées de quitter les lieux, les nouvelles autorités projetant de faire du béguinage un cimetière. Après la prise dAnvers par les troupes (catholiques) de Farnèse, les béguines purent réintégrer leurs bâtiments. Le béguinage fut rénové et agrandi dans les deux siècles qui suivirent, et compta jusquà 150 béguines à la fin du XVIIIe siècle. Les troupes républicaines françaises, sétant emparés des Pays-Bas autrichiens en 1794, y tinrent garnison. Les nouvelles autorités confisquèrent léglise, datée du XVIe, puis la vendirent comme bien public ; elle fut finalement, après avoir servi de source de matériaux, démolie par la municipalité anversoise en 1819, en même temps que plusieurs dizaines de maisonnettes. Le reste, mis à lencan, ne put être recouvré quen partie par les béguines ; le béguinage fut ainsi amputé de son tiers nord. Cependant, le béguinage périclite lentement, et la dernière béguine séteignit en 1986. Les maisonnettes de béguine ont aujourd'hui été réaménagées en logements. Le site actuel appartient au type mixte, c'est-à-dire combinant un plan centré autour dune cour et un petit réseau de rues (consécutif à une expansion vers 1650), et comprend : un portail dentrée baroque de 1711 ; un presbytère, avec porte baroque, des environs de 1700 ; des maisonnettes de brique et grès, de style traditionnel, généralement du XVIIe siècle, mais en partie aussi[note 13] des reconstitutions dix-neuviémistes ; léglise, construction néo-classique et néo-gothique de 1830 de l'architecte Pierre Bourla, mais intégrant le chœur préservé du XVIe et un portail du XVIIe ; le dries, aménagé en jardins privé, réservé aux habitants, hébergeant des statues, notamment deux statues du XVIe ayant appartenu au mobilier de lancienne église et une fontaine du XVIIe.

Audenarde
Les béguines nacquirent le site actuel quau milieu du XVe siècle. Jusque-, elles avaient été hébergées dans le couvent cistercien près de léglise Sainte-Walburge, puis, au XIVe siècle, dans une maison leur appartenant en propre, laquelle finit par échoir au couvent. Une chapelle fut ajoutée au nouveau site au XVIe. Après les vicissitudes des guerres de religion, le béguinage connut au XVIIe siècle une période de prospérité et dexpansion ; cest alors que fut construit le somptueux portail dentrée baroque. Le XIXe, en dépit des retombées de la politique républicaine française et de lanticléricalisme des décennies suivantes, apporta un certain regain, et le béguinage saugmenta même de quelques maisons supplémentaires. Depuis la mort de la dernière béguine dans les années 1960, le béguinage fait office dhospice pour dames âgées. Le site comprend : un portail baroque (1666) ; une quarantaine de maisonnettes datant en majorité du XIXe, quelques-unes du début XXe, le reste du début XVIIe, mais toutes de style traditionnel semblable, disposées autour de deux placettes contiguës et dune ruelle adjacente ; une chapelle, datée de 1516, en gothique tardif, située dans un angle dune des deux placettes ; une petite chapelle néo-gothique (seconde moitié XIXe).

Bruges

Bruges.

Fondé probablement au début du XIIIe siècle, dans un lieu situé alors hors les murs, au sud de la ville, sous légide du couvent de dominicains, le béguinage fut élevé au rang de paroisse vers 1240, et reçut peu après sa propre chapelle. Dans les débuts du béguinage, les béguines ne vivaient pas dans des maisonnettes individuelles, mais dans des convents, maisons collectives ; cela changea peu à peu, un clivage social, entre béguines fortunées et déshéritées, sinstallant progressivement au XVe siècle. Sil fut peu visé par les iconoclastes, le béguinage fut évacué en 1582 par le pouvoir calviniste ; léglise, qui servit alors dentrepôt, vit sa toiture détruite par un incendie. Après la restauration catholique intervint une période de floraison au XVIIe siècle : rénovation du bâti, embellissement de léglise réparée, mais aussi changement des statuts, réservant de fait le séjour au béguinage à des dames de la haute société. Sous le gouvernement républicain, le béguinage subit les mesures habituelles, dont il ne se remettra que médiocrement après le Concordat ; des 150 béguines quil avait compté au XVe, il nen resta plus quune vingtaine au début du XIXe ; cette décadence se doublait d'un dépérissement de la spiritualité béguine. Pour remédier à la baisse des effectifs, et sopposer au délabrement des bâtiments, le curé du béguinage eut lidée en 1927 dy attirer des bénédictines françaises ; ce sont aujourd'hui encore des sœurs bénédictines qui logent dans plusieurs des maisonnettes. Le béguinage de Bruges, qui passe pour être le plus beau des béguinages de Flandre, comprend : un portail dentrée de style néo-classique daté de 1776, au bout dun pont de la même époque ; un dries grosso modo rectangulaire, planté de peupliers, bordé de maisons de béguine quasiment toutes dans un style traditionnel semblable, datant pour beaucoup dentre elles du XVIIe, pour dautres du XVIIIe, pour quelques-unes du XIXe ou même du XXe, quelques rares maisonnettes sont du XVIe ; léglise, remontant au milieu du XIIIe, mais remaniée au XVIIIe, lon entreprit de faire de cette basilique gothique une pseudo-basilique baroque (élévation des collatéraux, baies à arc surbaissé, mobilier baroque etc.) ; une ruelle débouchant sur le dries au sud, qui est le résultat dune expansion au XVIe, et qui fait appartenir ce béguinage au type mixte.

Courtrai
Lun des mieux préservés de Flandre, ce béguinage a la particularité de sêtre trouvé demblée, dès laménagement du site au milieu du XIIIe siècle, en dedans des murailles denceinte de la ville (les premières béguines apparurent autour de 1200, mais avaient jusque- trouvé à se loger dans une maison ordinaire). Doté dune infirmerie, puis dune chapelle (1284), elle eut à souffrir du conflit qui au XIVe siècle opposa les villes flamandes au roi de France. Les siècles qui suivirent furent une période de prospérité, en part. le XVIIe, le béguinage sagrandit sensiblement pour héberger ses plus de 130 membres. Vers 1700, le béguinage servit de lieu de casernement, puis une nouvelle fois un siècle plus tard, après la victoire républicaine française. Il eut de la peine, même après le Concordat, à se rétablir de sa mise sous tutelle de la Commission des Hospices civils, de la spoliation et de linterdiction qui lui fut faite davoir des revenus propres. Au milieu du XIXe, une granddame énergique obtint que cessât lusage militaire du béguinage, consolida le mur de clôture et fit adopter de nouveaux statuts. De la cinquantaine de maisons de béguine, dix furent sacrifiées en 1855 pour élargir une rue adjacente, mais dautres furent construites en compensation. Tel quel, grâce aussi à la municipalité courtraisienne dominée par le parti catholique, le béguinage est bien conservé et comprend : deux cours triangulaires (celle du nord, herbue, résulte de lexpansion du XVIIe), bordées de maisonnettes, pour la plupart du XVIIe, presque toutes chaulées et précédées dun jardinet muré ; les cours se prolongent de deux petites impasses, qui font ranger le béguinage dans le type mixte ; une chapelle gothique du XVe, profondément remaniée au XVIIe et XVIIIe ; la GrandSalle, anc. infirmerie, avec portail dentrée baroque, de 1682 ; la GrandMaison, de 1649 ; une porterie du XVIIe, à ornementation baroque.

Diest
Fondé en 1245 et situé à lorigine extra-muros, mais englobé dans les nouveaux remparts dans la deuxième moitié du XIVe, ce béguinage est néanmoins très excentré dans la ville. Déjà doté dune église et dune infirmerie, il connut au XVIe siècle, sous limpulsion dEsschius, en plus dune restauration spirituelle, une importante expansion vers le sud, sous la forme dune petite cité à rues perpendiculaires, en même temps quun renforcement du mur de clôture. À la fin du XVIIe, le béguinage comptait une centaine de maisons et quelque 400 béguines. Les républicains français, comme ailleurs, mirent le béguinage sous tutelle de la Commission des Hospices civils, laquelle donna les maisons en location à la population civile ordinaire. Les nombre de béguines ne cessa de reculer, jusquà ne plus y en avoir aucune vers 1930. Outre une série de maisons des XVIe et XVIIe, situées dans la petite cité au sud, et qui ont pu être conservées plus ou moins intactes en dépit des destructions de la guerre, des démolitions et des remaniements, le béguinage garde plusieurs édifices dintérêt, en particulier : la porterie, avec portail baroque, érigée en 1671, sans doute transformation dune porterie plus réduite, de 1526 ; la sobre église Sainte-Catherine, à trois vaisseaux, de 1320 dont le transept vers 1400, dans le style gothique local (usage de grès ferrugineux) ; linfirmerie (XVe, agrandi aux XVIe et XVIIe), bâtisse de vastes dimensions, avec chapelle gothique ; le convent des Apôtres, logement collectif pour béguines moins fortunées (XVIe et XVIIe) ; le convent du Saint-Esprit (sorte de bureau de charité), fondé par Esschius (XVIe) ; le convent du Calvaire (1540), également fondé par Esschius.

Dixmude

Dixmude.

Aujourd'hui de très faible étendue, ne consistant quen une petite cour, il fut sans doute plus grand autrefois. Dans le document le plus ancien qui le mentionne, de 1273, il est question dune infirmerie. Léglise gothique, dans un des angles de la cour, est le résultat de lagrandissement en 1434 dune chapelle antérieure, laquelle correspond probablement au chœur actuel. Épargné par les iconoclastes, le béguinage fut malmené par les républicains français, qui permirent à la gendarmerie dy prendre ses quartiers. La Première Guerre mondiale réduisit le béguinage, ainsi que la ville, en un champ de ruines, mais il sera reconstruit à lidentique. Les maisonnettes de béguine se caractérisent par un style traditionnel sobre, avec lucarnes et jardinets murés.

Gand
La ville de Gand compte trois béguinages. Le plus ancien, le béguinage Saint-Élisabeth ou Vieux Béguinage, vit le jour lorsque les femmes pieuses de Gand, à létroit sur leur ancien terrain jouxtant labbaye de la Bilocque, sen furent, vers 1240, sinstaller sur un autre terrain plus au nord, près de la Lys. Le nouveau béguinage, cerné dune douve, se dota rapidement dune chapelle, puis dune infirmerie. Composé dabord surtout de logements collectifs, il acquit ensuite un nombre grandissant de maisonnettes individuellesle nombre total de bâtiments atteignant la centaine au début du XIVe. Le béguinage ne fut pas épargné par les guerres de religion : saccages des iconoclastes, et à partir de 1577, attitude intolérante des dirigeants calvinistes de la ville, qui interdirent le catholicisme. La contre-réforme qui suivit fut une période faste pour le béguinage : sa population crût jusquà 800 membres, tandis que la plupart des bâtiments furent reconstruits, que léglise gothique fut remaniée dans un sens baroque, et que fut érigé un portail dentrée monumental. Les républicains français mirent fin à cette prospérité en plaçant le béguinage sous tutelle des Hospices civils. Après la restauration, ni le pouvoir central hollandais, ni, après 1830, la municipalité gantoise (libérale) ne se montra favorable aux béguines ; la municipalité en particulier voyait dans le béguinage un obstacle à ses projets durbanisme, et avait déjà entrepris délargir les rues et den aménager de nouvelles. En 1874, les 700 béguines quittèrent le béguinage Sainte-Élisabeth pour sétablir dans le béguinage néo-gothique nouvellement construit à Mont-Saint-Amand, dans la lointaine banlieue nord-est de Gand. Lancien béguinage fut achevé daménager en logements, sans plus cependant de défigurations majeures. Le portail fut, après dépose, reconstitué près de la Bilocque. Le béguinage consiste en un dries central, autour duquel sorganise une petite cité à rues se croisant perpendiculairement. Malgré les transformations, nombre de maisons datant des XVIIe et XVIIIe siècles ont été préservées. Léglise Sainte-Élisabeth, conçue à lorigine (milieu XIIIe) comme un édifice gothique à plan basilical, est dans sa forme actuelle le résultat de plusieurs remaniements, qui, après lavoir transformée en église-halle vers 1640, en firent de nouveau, vers 1700, par rehaussement du vaisseau central, une basilique, le clocher occidental étant dans le même temps remplacé par lactuel campanile sur le faîte. Sont à signaler également linfirmerie avec sa chapelle et plusieurs convents du XVIIe.

Le Petit Béguinage, construit intra-muros et raccordé aux remparts dans le sud-est de la ville, est un peu plus tardif que le béguinage Sainte-Élisabeth. Il se dota dune chapelle en 1262, peu après remplacée par une église gothique, et dune infirmerie. Très endommagé par les calvinistes en 1578, il fut reconstruit dans le siècle suivant et connut alors sa plus grande floraison ; de plan centré autour de son dries quil était au départ, il devint, après quune ruelle eut été ajoutée pour héberger ses plus de 170 membres, du type mixte. Une nouvelle église, basilique de style baroque, fut érigée en 1658. Larrivée des républicains français apporta ici aussi son lot de déboires. Dans la première moitié du XIXe, le béguinage vit de nouveau saccroître ses effectifs (350 env. en 1830), mais se heurtait aux desseins de la municipalité, qui voulait y héberger des familles nécessiteuses. En 1862, un pieux mécène, le duc allemand Englebert dArenberg, en fit lacquisition, et permit aux béguines dy demeurer en exclusivité, moyennant loyer. Tel quel, le béguinage, quoique exempt de béguines depuis plusieurs décennies, est excellemment préservé. On y trouve : un portail dentrée néo-classique ; un dries bordé de maisons et de convents (une centaine en tout dans le béguinage), en majorité du XVIIe, précédées dun jardinet avec mur peint en blanc ; une église baroque, déjà évoquée ; une grandmaison, de 1661, mais rénovée dans le sens néo-classique en 1738; plusieurs chapelles, dont la chapelle Sainte-Godelieve, datée de 1638 mais remaniée en 1723 ; une ruelle au nord, extension du XVIIe, avec des maisonnettes individuelles du XVIIe ou du XIXe.

Enfin, le béguinage de Mont-Saint-Amand ou Grand Béguinage, qui doit son existence aux brimades que la municipalité gantoise (libérale, donc anticléricale) faisait endurer, surtout à partir de 1858, aux béguines du béguinage Sainte-Élisabeth dans le centre-ville. En 1872, alors que les béguines étaient menacées dexpulsion, le pieux duc allemand Englebert dArenberg soffrit à faire construire à Mont-Saint-Amand, dans la banlieue nord-est de Gand, un nouveau béguinage, qui fut inauguré en 1874. Ce béguinage est unique en ce quil fut planifié et aménagé de toutes pièces et en un seul mouvement, même si le tracé des rues (présentant souvent des coudes ou faisant un retour déquerre) et la disposition générale imitant le plan médiéval (en lespèce appartenant au type mixte) tentent de susciter limpression dun développement organique. Le projet fut confié à Jean-Baptiste Bethune, grand chantre de larchitecture néo-gothique en Belgique, qui tint à fournir lui-même les plans de léglise, mais délégua la mise en œuvre du reste du béguinage à son disciple Arthur Verhaegen. Le site, entouré dun mur denceinte couronné dune frise denticulée et percé de deux portails dentrée, comprend : 80 maisons et 14 convents, construits en brique brune, situés autour du dries central ou bordant lun des sept rues adjacentes ; une église néo-gothique, à verticalité affirmée, mais de facture sobre, y compris à lintérieur ; plusieurs placettes et une chapelle.

Hasselt
Il reste peu de chose de ce béguinage construit intra-muros à partir de 1571, après que le béguinage extra-muros, fondé dans la première moitié du XIIIe siècle à proximité de labbaye cistercienne de Herkenrode[note 14], eut été détruit lors des guerres de religion en 1567. Le béguinage connut une expansion au début du XVIIIe, mais périclita rapidement au XIXe siècle. La dernière béguine disparut en 1866 ; la municipalité utilisa une partie des maisons à loger les nécessiteux, le restant des maisons, souvent encore construites en argile et bois, continuant de se délabrer. Léglise fut détruite par un bombardement en 1944, et seuls quelques vestiges au sol trahissent son emplacement. Après la guerre, deux rangées de maisons, formant langle nord-est de la place, furent restaurées ; datées du XVIIIe (de 1707 pour les plus anciennes), elles sont dans le style mosan traditionnel. A également été conservée la porterie, dans langle sud-ouest.

Herentals
Le béguinage actuel, du reste fortement amputé, remplace en fait, depuis la restauration catholique de 1585, celui qui avait été construit en 1260 un peu plus au nord et qui avait compté jusquà 75 maisons, mais quen 1578 les Calvinistes au pouvoir avaient fait détruire, de peur quil ne servît de point dappui à lennemi espagnol. Ce nouveau béguinage prit forme progressivement à la fin du XVIe siècle, eut un curé, et se dota en 1614 dune nouvelle église. Les effectifs saccrurent jusquà 235, pour décliner ensuite régulièrementdéclin qui saccéléra à larrivée des Français qui placèrent le béguinage sous tutelle de la Commission des Hospices civils. Au XIXe, confronté à létiolement du béguinisme, et donc à linoccupation des maisons de béguine, lassistance publique, propriétaire du site, résolut de vendre la face ouest du dries triangulaire pour y construire une école, et, en 1966, à faire démolir toute la partie nord, en vue dédification de logements pour personnes âgées ; ne subsistent donc plus aujourd'hui que la rangée de maisons correspondant au côté sud-est, légèrement incurvé, du dries, ainsi que léglise et deux portails dentrée (de 1640 et 1622). Parmi les maisons, attirent en particulier lattention un convent du XVIIe (actuellement sous enduit blanc) et linfirmerie, devenue musée, avec sa lucarne à gradins et sa porte baroque. La seule maison préservée sur le côté ouest, accotée au bâtiment scolaire, maison dite de fondation, de 1647, est sans doute la plus ancienne du béguinage. Léglise est une pseudo-basilique de 1614, construite en brique avec bandeaux de grès en strates horizontales alternées ; voûtée en berceau de style baroque, elle héberge un mobilier du XVIIe.

Hoogstraten
Fondé assez tardivement, en 1380 (mais on peut supposer quil y eut des béguines avant cette date), ce béguinage comprend deux plaines, celle au sud étant le résultat dune extension effectuée en 1636, lorsque les effectifs du béguinage, après avoir été au plus bas pendant les guerres de religion, saugmentaient rapidement par larrivée de béguines de Hollande. Lapogée se situe au début du XVIIIe, lon compte une soixantaine de maisonnettes et deux centaines de béguines. Le déclin sinstaura ensuite, accéléré par larrivée des Français à la fin du XVIIIe, et parachevé par la disparition de la dernière béguine en 1972. Les maisons quavait épargnées la pioche des démolisseurs, au dernier stade du délabrement, furent in extremis sauvées par une association. Vers le nord du béguinage, une de ces maisons, un convent, et deux maisons attenantes, forment aujourd'hui un musée [note 15]. Léglise, édifiée de 1679 à 1687, sur le modèle de léglise du béguinage de Lierre, est de style baroque, mais dune facture plutôt sobre, hormis le portail dentrée ; les vastes baies dans lélévation du vaisseau central expliquent la luminosité de lintérieur. La deuxième plaine forme la moitié sud du béguinage ; sur son côté sud salignent des maisons du XVIIe, tandis que sa face orientale, constituée dun simple mur et non dune rangée de maisons, traduit la limite atteinte par lextension du béguinage au XVIIe.

Lierre
Ce béguinage, que popularisa lécrivain Felix Timmermans, est constitué dun quadrillage de rues, et passe pour être le plus ancien de Flandre : en effet, quoique fondé seulement en 1258, il remonte en fait à une communauté hébergée dans un convent signalée depuis le début du XIIIe siècle. En 1259, il fut reconnu comme paroisse, et eut peu après sa propre chapelle, puis son infirmerie et sa table du Saint-Esprit (maison de nécessiteux) en plus de trois convents. Construit dabord hors les murs, il fut inclus à la fin du XIVe, lors dune expansion de la ville, au-dedans de la nouvelle enceinte. Passée la période des guerres de religion, le béguinage fut pillé, il connut une période de floraison ; la construction dune nouvelle église, décidée alors, fut retardée par la peste et par la crise économique qui frappèrent la ville dans la deuxième moitié du XVIIe. Cependant, vers 1700, le béguinage comptait plus de 300 béguines, et il fallut donc sétendre, ce qui fut fait par la construction du Grachtkant, rangée de maisons identiques construites dune seule traite dans lest du béguinage en 1721. Une nouvelle infirmerie fut construite vers 1750, mélange de style classique et traditionnel, qui servit ensuite dorphelinat, avant dêtre aménagée en logements en 1970. Après larrivée des Français en 1794, linfirmerie et les maisons passèrent aux mains des Hospices civils ; léglise échappa de justesse à la démolition. Ici comme ailleurs, le nombre de béguines décline peu à peu, et en 1925, c'est-à-dire à lépoque de Timmermans, le béguinage ne compte plus que 67 membres. À lheure actuelle, le site comprend : une dizaine de rues et ruelles orthogonales ; trois portails dentrée, dont le plus élaboré, portique de style baroque, situé au nord-ouest, est daté de la fin du XVIIe ; une vaste infirmerie, du milieu XVIIIe, déjà décrite ; une église baroque, commencée en 1664, au parement de façade mêlant des pierres de tonalités différentes, et dont le clocher, de date plus tardive, tend vers le classicisme (riche mobilier des XVIIe et XVIIIe siècles) ; maisonnettes et convents du XVIIe et XVIIIe.

Looz
Vers 1200, des béguines vinrent sétablir autour de la chapelle de lhôpital des Johannites, situé un peu en dehors des remparts, à louest du bourg, et obtinrent, en 1258 ou 1259, la fondation officielle dun béguinage, sous légide de labbaye de Villers ; ladite chapelle fut alors transférée au béguinage. En 1654, les neuf maisonnettes, occupées par autant de béguines, furent détruites par les troupes lorraines lors du siège de la ville, mais furent reconstruites. En 1797, le béguinage, ne résidaient plus alors que quatre béguines, passa à lAssistance publique, qui décida en 1802 den faire un hospice de vieillards, tandis que la chapelle devint en 1814 une église paroissiale ordinaire. Un nouvel hospice fut bâti plus à louest en 1836 ; il semblerait que les bâtiments du béguinage aient été démolis à cette occasion. Quoi quil en soit, la chapelle, appelée aujourd'hui chapelle de Graethem[note 16], est tout ce qui subsiste de lancien béguinage ; elle se compose de deux parties, lune romane de trois travées orientales et un chœur du premier quart du XIIe siècle, lautre gothique [note 17], de fin XIIIe ; elle subit dautres remaniements début XVIe (démolition des collatéraux), puis en 1654, après quelle eut été endommagée par les Lorrains. La nef est couverte de plafonds de bois et présente des peintures murales des XIVe, XVe et XVIe siècles. La chapelle a été convertie en salle dexposition.

Louvain

Grand Béguinage de Louvain.

On admet généralement que le Grand Béguinage, situé primitivement hors les murs, fut fondé en 1232 ; auparavant, des femmes pieuses sétaient regroupées autour de léglise Saint-Quentin proche (aujourd'hui église gothique un peu à lest du béguinage). Les béguines eurent aussitôt leur chapelle, et constituèrent une paroisse à part dès 1250. Le Moyen Âge est marqué par une grande prospérité pour le béguinage, et jusquà quatre grandmaîtresses, de rang égal, le dirigeaient, conjointement avec un curé, lui-même assisté de trois chapelains. Au XVIe siècle, le béguinage eut à souffrir dune part dune désastreuse inondation, et dautre part des retombées des guerres de religion, le site servant notamment de lieu de casernement aux troupes espagnoles. Le XVIIe siècle en revanche fut une période faste : le béguinage, qui comptait alors une centaine de maisons, était la congrégation religieuse la plus riche de la ville. La politique des républicains français à la fin du XVIIIe, cédant le béguinage aux Hospices civils, et le reflux des vocations dans le siècle suivant firent que le béguinage se convertit progressivement en cité prolétaire, pour se délabrer ensuite peu à peu. En 1962, luniversité de Louvain décida de lacquérir et engagea une judicieuse campagne de restauration, comblant çà et les endroits ruinés par des constructions neuves conçues dans un style semblable. Ce béguinage, environ 120 familles et des étudiants ont aujourd'hui trouvé à se loger, renferme : une église gothique de plan basilical, à trois vaisseaux sans transept, de facture sobre, commencé en 1305 et achevé au cours de ce même XIVe siècle, sauf le mobilier qui est baroque; plusieurs grandes demeures remarquables, dont le Kerckecaemer (de 1698), avaient coutume de se réunir le curé et les grand'maîtresses, et, parmi les nombreux convents dispersés dans le béguinage, la maison dite de Chièvres, de 1651, qui faisait office de convent pour béguines peu fortunées ; le dit quartier espagnol, extension du XVIIe, formant protubérance à louest du béguinage, par ailleurs de forme trapézoïdale ; un portail de style néo-classique, tranchant avec le reste ; un mur denceinte en grande partie préservé. La rivière la Dyle, et ses ramifications, traverse le site.

Situé dans le nord de Louvain, le Petit Béguinage est antérieur au Grand Béguinage, puisquil remonte au début du XIIIe siècle. Il ne comprend quune seule rue dune centaine de mètres de longueur et une petite impasse adjacente. Sa genèse est liée à labbaye Sainte-Gertrude proche, qui était réservée à laristocratie, et dont les dames auxiliaires décidèrent de se réunir dans une congrégation et de fonder, sous légide de labbaye, tutelle qui durera jusquen 1631, un béguinage. Celui-ci se dota dune infirmerie, dune table du Saint-Esprit, et, en 1369, dune chapelle. Passées les vicissitudes des guerres de religion, le béguinage sépanouit, et va compter jusquà 25 maisons et 5 convents ; le béguinage ayant obtenu le statut de paroisse à part entière en 1631, lancienne chapelle gothique fut remplacée par une nouvelle église. Cependant, le béguinage ne se remettra pas des mesures de confiscation et dinterdiction prises par les autorités françaises. Après le décès de la dernière béguine en 1855, le site perdit définitivement sa destination religieuse, et se trouva graduellement absorbé par la ville environnante. Furent ainsi démolis léglise et le portail, puis en 1954, linfirmerie, pour permettre lagrandissement dune brasserie industrielle. Néanmoins, 27 maisons, sur les 32 originelles, dont beaucoup datées du XVIIe, se sont conservées, et furent restaurées à partir de 1980.

Malines
Comme Louvain, Malines compte deux béguinages, situés à peu de distance lun de lautre, dans le nord-ouest de la ville. Les premières béguines malinoises apparaissent au début du XIIIe siècle ; dabord fixées dans le centre, elles sétablirent ensuite à la lisière nord de la ville, puis, en 1259, sur un site plus au nord encore. Sur ce site se développera le plus grand béguinage jamais créé, tant en superficie, de vingt hectares, quen nombre de constructions et en effectifs [note 18]. En 1279 fut édifiée une église, précédant de peu la reconnaissance comme paroisse. Son infirmerie était fort réputée, à telle enseigne que cest par des béguines malinoises que fut fondé lHôtel-Dieu de Beaune. En 1578, la municipalité calviniste fit délibérément détruire le béguinage, craignant quil pût servir de point dappui à larmée espagnole. Après la restauration catholique, les béguines sétablirent cette fois en dedans des murs, et acquirent à cet effet deux grands immeubles au milieu du site actuel, notamment le refuge de labbaye de Hemiksem, appelé à devenir la nouvelle infirmerie ; ensuite, cest le quartier tout entier qui fut graduellement acquis et intégré au béguinage, lequel dès lors prit laspect dun béguinage à rues. Une nouvelle et grande église, de style baroque, fut érigée entre 1629 et 1647. Les effectifs sélevèrent à 700 environ en 1700, après quoi ils ne cessèrent de décliner. Les gouvernants français supprimèrent le béguinage, mirent léglise en vente, et démolirent les trois portails dentrée[note 19], mettant ainsi fin au caractère clos du site et hâtant son absorption dans le tissu urbain environnant. Toutefois, des efforts sont entrepris aujourd'hui pour en sauvegarder la spécificité. Tel quel, le site renferme : une majestueuse église baroque, construite sous la direction des archit. Franquart et Faydherbe, à façade richement décorée ; les vestiges de lancien couvent des Alexiens, intégré dans le béguinage en 1614; nombre de convents de la première moitié du XVIIe, de style Renaissance flamande ou traditionnel, bordant une douzaine de rues et ruelles.

Non loin de se trouve le Petit Béguinage, vestige du tout premier béguinage, abandonnéhormis par quelques béguines malades ou trop âgéeslorsque les béguines sen furent plus au nord en 1259. Lunique ruelle tortueuse est bordée de maisonnettes datant du XVIe ou XVIIe siècle. Lancienne chapelle, située en bordure du béguinage, et présentement intégrée à lécole voisine, date de 1588, et vint remplacer la chapelle de 1305 détruite par les protestants en 1580.

Saint-Trond
Lhistoire primitive de ce béguinage est liée à labbaye bénédictine de la même ville, dont labbé offrit aux béguines, alors dispersées, un terrain situé hors les murs (et qui le restera) au nord de la ville en 1258. De ce vaste terrain, seule une moitié était bâtie, le reste étant occupé par un verger et par un pré de blanchiment. Le béguinage, conçu dabord comme un quadrillage de rues, se ceintura dun mur et se dota dune infirmerie, dune table du Saint-Esprit, et, fait exceptionnel, de sa propre ferme. Léglise, sobre pseudobasilique commencée en 1270, fut construite en trois campagnes, perceptibles dans la structure de lédifice : une partie occidentale de quatre travées, encore partiellement romane et gothique ; une partie médiane de quatre travées, du début XIVe ; enfin le chœur, gothique, de deux travées, fermé par une abside pentagonale, du XVe ; la voûte en berceau de bois et les arcs formerets datent de cette dernière phase. Durant les guerres de religion, le béguinage fut pillé par les protestants. Le béguinage subit un profond réaménagement en 1780 : les maisons situées devant léglise furent abattues pour créer une place bordée au sud-est dune nouvelle rangée de convents, ce qui fit appartenir ce béguinage désormais au type mixte. Les mesures républicaines prises à son encontre après 1794 lui furent funestes, et la dernière béguine séteignit en 1860. Entre 1957 et 1972, toute la partie nord-est et nord-ouest fut jetée bas et remplacée par des maisons individuelles modernes de banale apparence. Tel quel, le site, protégé depuis 1974, comprend aujourd'hui : léglise, préservée dans son état médiéval ; une ferme typement hesbignonne, du milieu XVIIIe ; plusieurs maisons et convents, la plupart du XVIIe et XVIIIe, quelques-unes (en pans de bois) du XVIe, dans le style mosan traditionnel local ; le Torenhuis, prob. maison principale, avec tour à escalier, 1619 ; linfirmerie.

Termonde
Cest un béguinage typiquement à plaine, les maisonnettes de béguine et autres constructions sont disposées en bordure dune grande étendue herbue et arborée de forme trapézoïdale. Les béguines, qui sétaient constituées en communauté vers 1260, et regroupées dans un premier béguinage près dune abbaye cistercienne, sétablirent en 1288 sur lemplacement actuel, qui était entièrement cerné de remparts et dun fossé rempli deau. Le béguinage, qui sétait doté dune chapelle, connut une période de prospérité jusquaux guerres de religion. Après la prise de pouvoir calviniste, le béguinage fut pillé et endommagé, et léglise (XIIIe siècle) incendiée. Lautorité catholique rétablie, le béguinage se reconstruisit, et les effectifs saccrurent jusquà 250 env. vers 1700, pour baisser ensuite. Avec larrivée des Français, le béguinage, qui ne comptait plus que quelque 80 béguines, devint propriété des Hospices civils. Au milieu du XIXe, les béguines ayant échoué à récupérer leurs biens-fonds, et incapables de toute manière, vu notamment la forte baisse des vocations, dentretenir les maisons, la municipalité libérale sapprêta en 1866 à vendre le béguinage, lorsque celui-ci fut sauvé par un pieux mécène, le baron Van der Brugghen-De Naeyer, qui acquit le site entier et le donna en location aux béguines. Pendant la Première Guerre mondiale, léglise fut détruite, et la quasi-totalité des maisons endommagées, lorsque Termonde, ville de garnison, fut prise pour cible par lartillerie allemande. En 1924, les héritiers de Van der Brugghen-De Naeyer, désireux de se dessaisir du béguinage, vendirent tout le côté ouest[note 20] et firent don du reste aux béguines. Une nouvelle église, plus réduite, néo-gothique, fut édifiée en 1929. La dernière béguine disparut en 1975 ; le béguinage fut progressivement remis en état à partir de cette date. La plupart des maisonnettes, précédées ou non dun jardinet, sont du XVIIe siècle, linfirmerie du XVIe et XVIIe. On y trouve plusieurs convents du XVIIe, ainsi quun presbytère du XVIe, bordant la longue ruelle menant du portail dentrée sur la rue vers le béguinage (la porterie, avec pont, dressée à lentrée du béguinage proprement dit, a été démolie en 1833).

Tirlemont
Fondé en 1242 par des béguines regroupées autour dune chapelle[note 21], ce béguinage, du type mixte, se dota dune église dès 1250. Les effectifs de béguines, qui saccrurent à 250 vers 1400, sont le reflet de sa prospérité dalors. Au début du XVIIe, ces effectifs étaient retombés à 50, en raison notamment des guerres de religion et dune épidémie de peste. Le rétablissement subséquent de lautorité catholique créa les conditions dun renouveau, les constructions furent remises en état ou reconstruites en dur. Comme ailleurs, le XVIIIe voit une régression des vocations, processus brutalement aggravé par les mesures républicaines, impliquant en part. la cession aux Hospices civils. Le portail ainsi que le presbytère furent détruits, et une parcelle dans le sud du béguinage fut dégagée pour faire place à un hôpital aujourd'hui disparu, une autre pour construire une école primaire. Le couvent des Dominicains en fit lacquisition en 1854, et procéda à des remaniements et restaurations, sous la direction de Bethune ; mais le site perdit tout à fait sa destination religieuse première en 1857, lorsque mourut la dernière béguine. Cependant, le classement du couvent et de léglise du béguinage en 1946 mit en branle une campagne de réhabilitation, contrecarrée malheureusement par lincendie qui dévora léglise en 1976. Celle-ci, basilique de style gothique, dotée dun chœur à sept pans, jadis voûtée en berceau de bois, décorée sous Bethune de vitraux néo-gothiques, demeure aujourd'hui à létat de ruines, certes consolidées. La plupart des maisonnettes de béguine, datées du XVIIe et XVIIIe, ont été fortement transformées et sont souvent méconnaissables ; ont seulement été préservés une demeure du XVIIIe, ainsi que deux convents juxtaposés, situés derrière le chevet de léglise, que Bethune réunit en un seul édifice et fit précéder dune galerie néo-gothique devant simuler un cloître en 1854.

Tongres
Le premier béguinage tongrois est de 1243, et consistait en une maison située hors les murs à louest de la ville. Les béguines se fixèrent à lemplacement actuel en 1257. Autour de léglise se groupèrent des masures de pisé et à colombage, servant de maisons collectives: les convents. Le béguinage, composé dune grille de ruelles, se développa ensuite, avec la construction dune infirmerie, qui aura plus tard sa propre chapelle avec chapelain, et dun mur de clôture. Dirigé par quatre granddames, il atteint au milieu du XVIe un premier pic de ses effectifs, avec 265 béguines. Après un recul à la fin du XVIe, le béguinage connut, comme beaucoup dautres, une courbe ascendante[note 22], interrompue seulement par les dévastations commises par les troupes de Louis XIV, courbe ascendante suivie dune courbe descendante au XVIIIe, accentuée par la politique des républicains après 1794. Au XIXe, la municipalité de Tongres, dans le dessein dabsorber le béguinage dans le tissu urbain, démantela le portail, convertit linfirmerie en école (1822), aménagea un abattoir dans le béguinage, traça de nouvelles rues, et jeta bas une partie du mur de clôture ; des transformations et des constructions neuves continuèrent à dénaturer le site jusque bien avant dans le XXe siècle, le béguinage nayant été protégé comme paysage urbain que depuis 1981. Ont néanmoins gardé un caractère dauthenticité : léglise gothique Sainte-Catherine (vaisseau central et chœur de fin XIIIe, collatéraux un peu postérieurs, transept du milieu XIVe, voûtement du vaisseau central mi-XVe, pour remplacer les plafonds de bois ; sacristie néo-gothique du XIXe ; mobilier et peinture XVIIe et XVIIIe) ; linfirmerie de 1659, en brique avec chambranle de pierre blanche (typique du style mosan), et sa chapelle baroque (1701) ; lHôtel-Dieu, devenu plus tard noviciat, de 1731 ; devant léglise, placette typique bordée de maisons du XVIIe et début XVIIIe ; autre placette, Onder de Linde, aménagée au milieu XVIIe, avec quelques maisons préservées de cette époque ; le Lakemakerstoren, tour de défense de la muraille denceinte de la ville, à laquelle le béguinage était adossé au sud ; la brasserie du béguinage, de 1644.

Turnhout

Turnhout.

Ce béguinage, qui appartient au type du béguinage à plaine, se signale par sa forme très alongée (350x50m) ; les 2/3 ouest sont une extension de 1618. Il doit sa fondation, dont la date demeure incertaine, et son développement aux faveurs et aux privilèges accordés par les ducs de Brabant, une forteresse en possession desquels se trouve à proximité. Au XVe, il atteignit un effectif de 50 béguines vivant dans une vingtaine de maisons. Après un incendie en 1562 et les dévastations (en part. de léglise) des iconoclastes, il se rétablit au siècle suivant, étendit son domaine vers louest et fit construire une nouvelle église en 1665. Le nombre de béguines, en forte croissance, passa dune centaine en 1660 à 350 vers 1700. À cette montée en puissance succéda le déclin au XVIIIe, aggravé par la politique républicaine, qui, certes, permit aux béguines de résider sur le site, mais supprima les privilèges, par exemple lexonération fiscale, et exigea le paiement dun loyer. Lattitude conciliante des Hospices civils et labsence de projets durbanisme menaçant le béguinage ne purent cependant empêcher, en dépit dune ultime flambée des vocations au milieu du XIXe, liée au dit renouveau catholique, le béguinisme de séteindre tout à fait à Turnhout. Le site, assez bien préservé, renferme : un portail néo-classique, dallure massive, de 1700 ; une église de 1665, à trois vaisseaux et à pignon chantourné, mêlant les éléments baroques et gothiques ; un presbytère, de 1648, exceptionnellement localisé à lintérieur du béguinage ; le convent Saint-Jean, XVIIe, mais à façade rémodelée au XIXe, hébergeant aujourd'hui un musée ; diverses maisons du XVIe et XVIIIe, et aussi maisons néo-traditionnelles de fin XIXe ou début XXe; linfirmerie de 1614, refaçonnée au XIXe; la chapelle néo-classique de la Sainte-Face, 1887.

Bibliographie

(nl) HEIRMAN Michiel, Langs Vlaamse begijnhoven, Davidsfonds éd., Louvain 2001.
(fr) VAN AERSCHOT Suzanne, les Béguinages de Flandre. Un patrimoine mondial. Lannoo éd., 2001.
(nl) TISSEGHEM Renaat & DAEMEN Jos, Begijnhoven, vroeger en nu. Globe/Fontein éd., Groot-Bijgaarden 1994.
(nl) De Begijnhoven. Sous la dir. du prof. Stan LEURS. Série Steden en Landschappen. Éd. De Sikkel, Anvers 1931 (intéressant chap. sur l'architecture).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. vide les béguinages de Liège
  2. lentrée dans un couvent était par ailleurs conditionnée par lapport dune importante somme dargent
  3. Le béguinage de Liège était dirigé par quatre "prieures"
  4. 'tuteurs', néerlandais: momboor
  5. en néerlandais de kiste
  6. les frais dentretien dun convent étaient couverts par le fondateur pour une longue période
  7. au dam, du reste, des corporations de métier
  8. ou Klaas, ou Claes van Esch, ou encore, de son nom latin, Esschius,
  9. en particulier du saint patron du béguinage
  10. par exemple le musée dart religieux à Saint-Trond
  11. Alost, Petit Béguinage de Gand, Bruxelles
  12. On trouve aussi les graphies Franquart et Franckaert.
  13. notamment linfirmerie et le noviciat
  14. à 5 km, à vol doiseau, à louest-nord-ouest de Hasselt
  15. qui expose aussi des œuvres dAlfred Ost
  16. On trouve aussi les graphies Gratem et Graetem.
  17. deux travées, primitivement avec collatéraux
  18. probablement quelque 1500 béguines au milieu du XVIe, réparties dans une centaine de convents
  19. lactuel et unique portail est de 1960
  20. une vingtaine de maisons, aujourd'hui séparées du dries par un mur
  21. la chapelle Sainte-Agathe, qui fut jusquen 1815, date de sa démolition, le bâtiment le plus ancien du site
  22. 300 béguines vers 1700, maisons reconstruites en dur

Références

  1. Selon un article du quotidien belge Grenz-Echo du 28 mai 2008, la dernière béguine serait décédée à Gand à l'âge de 99 ans.

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