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Art mosan
L'Art mosan est un art roman d'influence carolingienne et ottonienne de la vallée de la Meuse actif aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. La région mosane correspond aux frontières de l'ancien diocèse de Liège, qui s'étendait dans l'actuelle Belgique, plus précisément dans une grande partie de la Wallonie, non pas cependant tout cet espace et le débordant par ailleurs (en Flandre, France et Hollande).
Sommaire
Définition historique plus précise
Le chanoine Lemaire est le premier à définir deux écoles - une scaldienne et une mosane - d'art roman en Belgique, en 1906 [1]. Félix Rousseau écrit à propos de l'art mosan: "Le pays mosan correspond à l'ancien diocèse de Liège. Je dis diocèse et non principauté ecclésiastique - ce sont des choses distinctes qu'il faut se garder de confondre - la principauté étant une création, politique (...) Le diocèse a formé une véritable entité, non seulement au point de vue religieux, mais aussi au point de vue intellectuel et artistique, au point de vue folkorique (en ce qui concerne les croyances et les usages traditionnels) et, de même au point de vue dialectal[2]."
Cet art essentiellement religieux "témoigne de l'apport essentiellement wallon à l'art et à la spiritualité non seulement de la Wallonie, mais aussi du monde occidental. Il tient son universalité de ce qu'il fut capable de donner autant que de recevoir[3]." selon Albert Lemeunier, conservateur du Musée d'Art religieux et d'Art mosan.
Selon Philippe George, conservateur du trésor de la cathédrale de Liège, "La Meuse et tous ses affluents irriguent une région dont la culture et la religion font l'unité et l'identité: le pays mosan. A l'ouest et au sud, le diocèse de Liège ne recouvre pas toute la Wallonie, mais il la dépasse très largement vers le nord." [4]. La région inclut la ville de Maastricht qui était gouvernée à la fois par le duché de Brabant et la principauté de Liège, et elle a en quelque sorte un caractère artistique. Elle fut le cœur de l'empire Carolingiens et a donc été très influencée par la tradition de l'Art carolingien, mais elle est aussi la productrice d'un art spécifique qui tout en débordant de l'actuel territoire de la Wallonie a trouvé en cet espace son plus important rayonnement de même que son ancrage principal.
Architecture
- Collégiale Saint-Jean à Liège
- Saint-Pierre et Saint-Remacle à Stavelot
- Hastière
- Église paroissiale Saint-Martin à Tourinnes-la-Grosse
- Ancienne Collégiale Saint-Ursmer à Lobbes
- Chapelle Sainte-Marguerite à Nadrin (Ollomont)
- Ancienne collégiale Saint-Félix à Sclayn
- Ancienne collégiale Notre-Dame à Huy
- Ancienne collégiale Saint-Feuillen à Fosses-la-Ville
- Ancienne collégiale Saint-Hadelin à Celles
- Ancienne collégiale Saint-Georges et Sainte-Ode à Amay
- Collégiale Saint-Barthélemy à Liège
- Église paroissiale Notre-Dame à Wierde
- Ancienne collégiale Saint-Étienne à Waha
- Église paroissiale à Ocquier
- Église Paroissiale Saint-Pierre à Hamoir (Xhignesse)
- Église paroissiale Saint-Martin à Orp-le-Grand
- Ancienne collégiale Notre-Dame à Dinant
- Église paroissiale Saint-Médard à Jodoigne
- Ancienne abbatiale à Villers-la-Ville
[réf. nécessaire]
Orfèvrerie
Le Triptyque de Stavelot est l'un des chefs d'oeuvre de l'orfèvrerie mosane.
Ivoire
L’Ivoire de Notger autrement appelé évangéliaire de Notger est un évangéliaire du Xe siècle dont les émaux ont été ajoutés au XIIe siècle[5]. À lui seul il redonne le contexte de l'art mosan qui est à la fois d'Empire et d'Église. La politique ottonienne a mis en place un système politique fondé sur les évêques, qui sont comme des préfets de l'Empereur. Jacques Stiennon écrit les origines de l'art mosan dans l'art carolingien : "[Notger] saisit ici dans une attitude d'humilité, agenouillé à la fois devant la divinité entourée du tétramorphe (représentation des quatre évangélistes sous leur symbole animal) et un sanctuaire que l'on peut identifier avec l'église paroissiale Saint-Jean l'Évangéliste de Liège. La comparaison faite par Suzannne Collon-Gevaert avec une miniature représentant l'évêque Berward d'Hildesheim justifie cette interprétation (…) Par l'ample douceur de ses volumes, l'œuvre a tous les caractères du style ottonien ver l'an mil, un style ottonien qui puise largement dans le trésor des formules carolingiennes." [6]
Littérature
Le premier texte littéraire écrit en roman (ancêtre de l'ancien français et du français), est vraisemblablement la Séquence de sainte Eulalie (appelée également Cantilène de sainte Eulalie). Cette séquence est dédiée à sainte Eulalie de Mérida ; elle s'inspire d'une hymne du poète latin Prudence qu'on peut lire dans le Peristephanon. Ce texte est daté de 880 ou 881 et il est inclus dans une compilation de discours en latin de saint Grégoire, en plus de quatre autres poèmes, trois en latin et un en langue tudesque (langue germanique). Une telle séquence, ou poésie rythmique, était chantée lors de la liturgie grégorienne ; probablement à l'abbaye de Saint-Amand (près de Valenciennes) dans ce cas. Avale [7] confirme les travaux de Bischoff qui situe la rédaction de l'œuvre dans une « région vers Liège et Aix-la-Chapelle », ce qui amène les Wallons (l'historien Léopold Genicot par exemple) à considérer que la littérature française a « poussé son premier cri en Wallonie »…
Sculpture
Peinture
Travail du cuivre
(entre 1107 et 1108)
Les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège sont sans conteste le chef-d'œuvre de l'art mosan.
Description de la cuve
Les fonts ont la forme d'une cuve cylindrique, dont le bord et la base sont profilés. Les parois représentent cinq scènes qui sont liées entre elles par le même sol ondulé. Au centre le baptême du Christ dans le Jourdain, avec saint Jean-Baptiste, deux anges, la colombe du Saint-Esprit et la Main de Dieu. Vers la droite, le baptême du centurion Corneille par saint Pierre[8], le baptême légendaire du philosophe Craton par saint Jean l'Évangéliste, tous deux plongés dans une cuve cylindrique pareille à celle-ci. Suit la prédication de saint Jean dans le désert, devant quatre auditeurs dont un soldat. La dernière scène montre le baptême du publicain. Un arbuste sépare ce groupe de deux personnes qui assistent à l'évènement. Le centre de toutes les scènes est formé par le baptême du Christ. Les douze bœufs sont ceux qui portaient la Mer d'airain du Temple de Salomon et peuvent aussi figurer les douze apôtres. La Mer d'airain est également présentée comme préfiguration du baptême par Nicolas de Verdun sur l'ambon de Klosterneuburg. Le couvercle a disparu lors de la Révolution française.
L'art et la composition des figures entre art carolingien et roman
Les figures sont traitées dans un style extrêmement plastique comme si elles évoluaient sur la scène d'un théâtre. Le fond est uniquement constitué par la paroi lisse de la cuve, ce qui accentue considérablement l'effet de profondeur. Par ce procédé les fonts de Liège se situent entre la conception illusionniste de l'art carolingien et la conception de l'art roman, conception qui distingue nettement l'action des personnages et l'arrière-plan uni devant lequel ils évoluent. C'est une tendance qu'on perçoit aussi dans la sculpture antique, notamment l’arc de triomphe de Septime Sévère. D'autres influences antiques jouent : liberté des mouvements et des gestes, le rapport des vêtements et du corps. Ces éléments stylistiques se trouvent déjà dans la sculpture de l'art ottonien, dans certain ivoire de Liège aux petites figures qui est reconnu comme un des jalons précurseurs du style de Renier de Huy. Cela vaut pour les vêtements. La structure de leurs plis sera déterminante pour l'évolution des différents courants stylistiques dans la région Meuse-Rhin au XIIe siècle.
Chef-d'œuvre et développement technique en pays mosan
Cette cuve monumentale est sans antécédents directs au moment où son apparition va susciter un nouvel épanouissement des arts du métal au pays mosan, un pays qui est à la pointe de la technologie des métaux (voir Histoire des techniques en Wallonie (900-1800), au centre d'une vie intellectuelle et artistique intense durant la période.
Bibliographie
- Félix Rousseau, La Meuse et le pays mosan. Leur importance historique avant le XIIIe siècle (Annales de la Société archéologique de Namur, XXXIX, 1930, réédité en 1977.
- Catalogue de l'exposition Rhin-Meuse, Bruxelles, Liège, Cologne, 1972
- D.A.S Avalle, Alle origini della litteratura francese, Torino, G.Giappichelli, 1966.
- Catalogue de l'exposition Rhin-Meuse, Cologne et Bruxelles, 1972
- L'art mosan. Liège et son pays à l'époque romane du XIe au XIIIe siècle, collectif sous la direction de Benoît Van den Bossche (avec la collaboration de Jacques Barlet), Editions du Perron, Liège, 2007, ISBN 978-2-87114-217-1.
Voir aussi
Liens internes
Notes
- ↑ page 25 du livre "L'art roman en Belgique" de André Courtens et Jean Roubier aux éditions Vokaer
- ↑ Félix Rousseau, La Wallonie, terre romane suivi de L'Art mosan, IJD, Charleroi, 1993 pp. 128-129
- ↑ 'L'Art mosan, reflet de la pensée chrétienne en Wallonie, Tome II, op. cit., pp. 45-67 voyez la conclusion, p. 67
- ↑ Les arts au Moyen Âge in Bruno Demoulin et Jean-Louis Kupper (directeurs), Histoire de la Wallonie, Privat Toulouse, 2004, pp. 126-163.
- ↑ art de Liège
- ↑ Jacques Stiennon, l'art mosan, in La Wallonie, le pays et les hommes, tome I, Lettres, arts, culture, Bruxelles, 1977
- ↑ D.A.S Avalle, Alle origini della litteratura francese, Torino, G.Giappichelli, 1966.
- ↑ Ac 10
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